#laNocheVivelaPlaza
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dehabitantesahabituados · 6 years ago
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Fiche récap. #2 - Pausa Urbana.
Je les évoque depuis un moment. Le teasing a été long. Il est maintenant grand temps d’apporter une vision plus complète de cette mystérieuse structure avec qui j’ai travaillé pendant presque deux mois. Les voici enfin dévoilés, décrits, scrutés, examinés sous de nombreuses coutures. Mesdames et messieurs, depuis le petit café de quartier bogotanais « Don Honorio » où résonne la salsa et se disputent la prédominance olfactive café et guaro (aguardiente), où la décoration de Noël vient d’être installée, j’ai enfin complété la fiche récapitulative de Pausa Urbana ! (Bon la rédaction sous forme d’article a nécessité du rab depuis le hamac du salon des copains, le bus pour Medellín, et l’hostal où j’habite/travaille à Medellín je reconnais.)
Mario et Elliot, deux architectes costaricains, joséfiens plus particulièrement (non, ils ne font pas partie d’une branche chrétienne honorant Sainte-Joséphine patronne d’une quelconque cause perdue. Pour autant catholique que soit effectivement le nom de la ville et que l’est toujours le pays, le terme de joséfien ne renvoie ici à rien d’autre qu’aux habitant.es de San José, la capitale du Costa Rica, dont je vous ai parlé là, et là, entre-autre.), ont un jour voulu mettre en évidence les absurdités, les inadaptations de l’espace public aux usages auquel il est destiné. Au cours d’une de ces discussions entre ami.es qui nous amènent à refaire le monde (ou, dans ce cas précis, la ville, ce qui est déjà pas mal), ils ont eu l’idée d’un happening. Comment rendre évident les dysfonctionnements d’une place ? Comment amener les passant.es, le temps de quelques minutes, d’un instant, d’un regard, à observer leur ville dans toutes ses incohérences, ses imperfections pourtant si simples à perfectionner ? Et voilà qu’en décembre 2009, ils réunissent 80 personnes sur la Place de la Démocratie de San José et les « congèlent » pendant une heure dans des situations quotidiennes. Leur immobilité dans ces postures met l’espace sur pause, et révèle les difficultés que chacun.e peut y rencontrer dans son usage, dans sa mobilité à travers lui, etc. « Faites une pause et observez votre ville », c’était le cri de naissance de Pausa Urbana qui n’en avait pas encore le nom (mais dont on comprend maintenant d’où il vient), ni la prétention d’arriver à ce qu’ils sont aujourd'hui.
9 ans et beaucoup d’aventures plus tard, une française débarque la fleur aux dents en leur disant qu’ils ont quand même l’air vachement chouettes et que si c’était possible elle voudrait bien bosser avec eux quelques semaines, histoire d’apprendre en pratiquant. (Remerciez mon beau-père pour m’avoir fait baigner dans le meilleur de la chanson française et faire de moi la seule personne née après les années 70 utilisant l’expression « la fleur aux dents ». Jojo dans nos cœurs.) Et comme ce sont des gens bien, figurez-vous qu’ils ont dit oui. (Je reconnais que l’effet de surprise est limité, la réponse était dans la toute première phrase de l’article et dans plusieurs articles précédemment publiés). Et après une petite immersion au sein de Pausa Urbana, P.U. pour les intimes, complétée par quelques questions autour d’un café, me voici en mesure d’en faire une présentation globale.
Nom de la structure
Pausa Urbana (Pause urbaine)
San José/Grande Aire Métropolitaine, Costa Rica
Principes défendus
. Le « droit à la ville », selon les principes d’Henri Lefebvre ; . L’occupation libre et sereine de l’espace public. P.U. est comme un jeu, mais un jeu très sérieux. Une expérimentation, une recherche ludique en réaction (pas en réponse, puisque la recherche est continue) à la question « Que se passerait-il si… ? ».
Objectifs
. Encourager et faciliter l’usage de l’espace public de manière spontanée et sûre. . Capacitation de la population à s’approprier l’espace et sa gestion. Ces deux éléments se retrouvent dans la notion « d’activation » d’espace public utilisée par Pausa Urbana et définie comme « le processus de construire, donner un sens et consolider le lien vital et quotidien entre les gens et leurs espaces publics ». . Expérimenter d’autres formes de faire que les « voies formelles de gestion » [de l’espace public et des projets relatifs à celui-ci] qui ne fonctionnent pas, n’aboutissent pas. Avec lesquelles « rien ne se faisait ».
Origine et évolutions
« Jouer à refaire le monde » P.U. a donc commencé par un happening en décembre 2009 (9 ans cette année !). Mario et Elliot en ont été les initiateurs et en sont depuis restés le "cœur". Si celui-ci a vu des variations, avec des membres qui s’y sont intégré.es puis qui en sont ressorti.es pour différentes raisons, la structure n’a jamais été structurellement beaucoup plus grosse. Il ne me semble pas que le "cœur" de P.U. ait dépassé les 3 personnes. Il s’agit plutôt d’un duo qui s’étend occasionnellement à un trio pendant une période plus ou moins longue. Pour autant, en plus d’eux deux, il y a toujours d’autres gens qui interviennent ponctuellement sur les projets, le but étant de travailler au plus possible, voire systématiquement, en réseau.
Type de structure
Partisans de la simplicité, des principes d’auto-gestion et peu enclins à la bureaucratie, ils ont donc non-naturellement finis par être une structure à deux têtes : une fondation ET une entreprise. Comme prévu, c’est pratique, mais très pesant administrativement parlant. L’entreprise a 7-8 ans, alors que la fondation n’a été formée qu’il y a 3 ans. L’intérêt d’avoir les deux figures administratives est de pouvoir travailler de manière plus efficace sur différents types de projets, selon les besoins et caractéristiques de chacun. L’entreprise permet de recevoir des honoraires de prestations par exemple, alors que la fondation offre la possibilité de répondre à des appels à candidatures qui ne sont pas ouverts aux entreprises, et est plus légère en bureaucratie.
Méthodologie
Une des forces de P.U. est d’avoir toujours en réserve des idées, des brouillons de projets, qui ont émergés de discussions par exemple. Ils sont alors pré-rédigés et gardés sous le coude, au cas où l’occasion de les mettre en pratique se présenterait. Une « banque de projets » qui leur permet d’être réactifs. Ça a été le cas par exemple pour les TAU, ou l’atelier de sensibilisation de la police à l’art de rue : des idées qu’ils avaient depuis un moment et qui ont pu se concrétiser à la faveur des circonstances. Dans le premier cas, s’ils avaient pensé à un format de ce type depuis environ un an, il a pu se réaliser par la volonté d’étudiant.es de réaliser un happening. Ceux-ci demandent à P.U. de les aider dans l’organisation, qui leur propose le TAU comme outil pour construire cet happening. Dans le deuxième cas, ce fût grâce à un appel à idée du ministère de la culture dont les conditions correspondaient à leur projet d’atelier de sensibilisation et qu’ils ont remporté. Ainsi, il n’y a pas de méthode particulière pour lancer un projet. Les circonstances, connaissances, opportunités sont ce qui amènent à une intervention de Pausa Urbana. Mais ils n’interviennent pas seuls. L’accent est mis sur une complémentarité des compétences, d’où un fort appel à des partenaires issu.es de sciences-humaines, anthropologues ou sociologues notamment, mais aussi à des artistes, qu’ils soient plasticien.nes comme des arts du spectacle. Outre la discipline, la bonne entente est primordiale dans ces partenariats : la cohésion d’équipe est un fondamentale pour garantir une bonne écoute entre « facilitateurs.trices » au cours des ateliers. Le terme de « facilitateurs.trices » est aussi un élément révélateur de la logique et de la méthodologie de Pausa Urbana. Les membres de P.U. envisagent leur position comme étant à la disposition, au service de la communauté. Leur rôle est de faciliter, par leurs connaissances professionnelles, l’expression, la prise en compte, et la concrétisation des savoirs et désirs des habitué.es. Une fois sur le terrain, c’est une logique de processus qui guide l’intervention, beaucoup plus qu’une logique de produit. La vision de P.U. est qu’un produit ne peut être réalisé, fonctionner sur le long terme, sans tout un processus, alors qu’un processus n’appelle pas nécessairement un produit précis, défini et définitif. Un des principes méthodologiques est donc l’adaptabilité, que ce soit très concrètement dans le déroulement des ateliers comme de manière plus macro dans les réalisations, les produits issus d’un projet. « Dessiner au travers de la discussion » Cela s’apparente au triptyque « écouter, observer pour pouvoir agir »  érigé en règle de conduite par TUBogotá
Pour autant, Mario et Elliot se basent certaines règles basiques à ne pas enfreindre : 1. Ne pas aller où on ne nous veut pas ; 2. Ne pas déconstruire ce qui fonctionne ; 3. Ne pas inventer des problèmes qui n’existent pas. (Vous savez, l’histoire du singe qui se balade en forêt et, voyant les poissons dans l’eau, les sauve de la noyade en les mettant sur la rive. Bon ben ça du coup, non.)
Modèle économique
Il n’y a pas de rentrée d’argent fixe, les membres de P.U. ne vivent pas uniquement de cette activité. Ce n’est pas et n’a jamais été le but. Chaque projet nécessite donc une recherche de fonds propres, de soutiens ponctuels : institutions, appels à projets, entreprise… Mais avec la fondation ou l’entreprise, certains fonds ou honoraires captés peuvent être basculés d’un projet à l’autre. C’est ainsi que les deux premières réunions auxquelles j’ai assisté avaient basiquement pour but de répondre à la question « Comment va-t-on utiliser toute cette thune ? ». C’était plutôt sympa comme ambiance. Et le principe de travail en réseau fonctionne pour la redistribution des fonds aussi : se réunissaient là de nombreux partenaires différents, des collectifs d’artistes en particuliers. « Quand il y a de l’argent, il y en a pour tout le monde. » Mais outre l’aspect monétaire, le réseau permet de faire appel aux uns et aux autres pour les besoins en matériel comme en compétences. « Travailler en réseau permet de dépasser la limitation des ressources [économiques]. »
Partenaires
Institutions, personnes indépendantes ou collectifs, les projets divers et variés menés par P.U. les amènent à travailler avec de très nombreuses personnes et entités. Les principales, classées par types de structure, seraient : . Personnes indépendantes : architectes ; artistes plasticien.nes ou de rue ; anthropologues ; sociologues ; conteur ; etc. . Collectifs : d’art du spectacle (cirque, danses -tango, africaine, salsa, etc) ; d’architecture ; et même de travaux communautaires (Masaya, pour ne pas les citer, un collectif vénézuélien de constructions de communautés très important pour Pausa Urbana : « Ceux de qui nous avons le plus appris. ») ; etc. . Institutions : Université du Costa Rica ; certaines municipalités ; Ministère de la Culture ; Associations de Développement Intégral (dont je parlais déjà ici) ; et très récemment la police. . Entreprise : Garnier&Garnier, un aménageur, constructeur et promoteur immobilier. C’est un cas assez spécifique, la seule entreprise avec laquelle Pausa Urbana a travaillé sur plusieurs projets. Garnier&Garnier a contacté P.U. il y a quelques années pour leurs compétences en médiation urbaine, dans le but de travailler avec eux sur leurs processus de RSE (Responsabilités Sociales et Entrepreneurial, un peu comme fait Semillas). Toutefois, et c’est là que ça devient intéressant, Pausa Urbana a su amener G&G à accepter ses principes, formats et conditions de travail. Ainsi, les projets deviennent menés par P.U. et parrainés par G&G, qui adhère (plus ou moins, combiner logiques classiques d’entreprise et travaux avec des communautés n’est pas toujours ��vident) à la vision de processus de P.U. qui peut alors appliquer ses principes et méthodologies. Si le nom de Garnier&Garnier vous dit quelque chose, ce n’est probablement pas parce que vous suivez de près l’activité immobilière du Costa Rica, mais peut-être avez-vous juste lu cet article sur les projets qui m’ont occupée à San José.
Opposants
. La municipalité de San José. Si d’autres municipalités se montrent relativement neutres ou coopératives, il semblerait que celle de San José soit plutôt opposée aux pratiques de P.U. Loin de leur faciliter la tâche, ils ont au contraire tendance à mettre des bâtons dans les roues de Pausa Urbana. La recherche de spontanéité et d’auto-gestion de l’espace public sont des principes défendus par P.U. que la mairie josefienne ne partage manifestement pas. . De manière plus générique, les figures de pouvoir dans les communautés, les institutions ayant un ou des intérêts politiques ou économiques sur les territoires travaillés et qui craignent pour la stabilité de leur ancrage comme figure de référence communautaire. Ce sont en général les églises ou les administrations locales. « Dans les communautés, il y a toujours un caillou dans la chaussure. » Ces observations empiriques font un écho intéressant à une étude menée par l’école de géographie de l’UCR sur le lien entre existence/accessibilité ou non d’espaces publics dans un territoire et implémentation et emprise d’églises, en particulier évangéliques, sur ces mêmes territoires. D’après cette étude, moins la communauté a accès à des espaces publics, plus l’ancrage et l’emprise sociale de ces églises sont fortes. L’espace de l’église fait office d’espace public, et celle-ci s’érige alors en centralité très forte de la vie sociale et communautaire.
Questions clefs
Projet caractéristique de Pausa Urbana
À cette question, Mario et Elliot répondent à l’unisson que deux projets très différents représentent P.U. : les TAU (Taller d’Activación Urbana, Atelier d’Activation Urbaine) ainsi que la Noche Vive la Plaza (La Place Vit la Nuit).
1. Les TAU Ce sont des ateliers d’une semaine sur un espace public réunissant sa communauté, le monde académique, des professionnel.les et des artistes. Sont travaillées théorie et pratique à la fois, les participant.es assistant à des conférences et présentations et préparant tout au long de la semaine une activité spécifique, un happening d’activation d’espace public, pour le dernier jour. Les TAU permettent à Pausa Urbana de mettre en pratique ce qui a été expérimenté au cours d’autres projets, ainsi que de renforcer, par des appels à intervenant.es, leur réseau national et international. Bien qu’ils aient lieu sur une semaine, ce sont réellement des étincelles qui allument une dynamique d’activation des espaces travaillés sur le long terme. Il est arrivé plusieurs fois que les TAU se réalisent sur un territoire déjà travaillé quelques années auparavant, ce qui favorise une continuité dans les processus mis en place.
2. La Noche Vive la Plaza Le projet a pris vie un an après le happening de 2009, de manière très organique, spontanée. L’idée est simple : organiser une activité ouverte au public sur un espace... public, plus spécifiquement la Plaza de la Democracia ( « Place de la Démocratie » ) à San José. Mais surtout, organiser cette activité en soirée. Le projet est alors conçu comme un « laboratoire » de l’usage de l’espace public.  « Que se passerait-il si… » ...on organisait des cours de salsa au milieu de la place ? À l’origine organisé tous les 15 jours, l’ampleur que prend La Noche Vive la Plaza et la régularité de l’engagement des collectifs qui s’y investissent permettent depuis 3 ans à Pausa Urbana de faire vivre la Place de la Démocratie une nuit par semaine. C’est 2 de moins que Indochine, mais c’est déjà pas mal. Cette fréquence est assurée par un calendrier régulier prévu à l’année. Mais l’intéressant de l’histoire est que la place vit finalement beaucoup plus de nuits par semaine que cela, puisque d’autres personnes/collectifs/groupes se la sont appropriée aussi ! Par son format, La Noche Vive la Plaza devient un projet très ouvert. Il devient même la fenêtre de Pausa Urbana sur la ville et vers le grand public. C’est un « mélange très inclusif » : beaucoup de gens, d’institutions, de mondes différents se rencontrent à travers les évènements. En particulier, et bien que la relation ne fût/n’est en rien facile, La Noche Vive la Plaza a mis en contact P.U. et des acteurs institutionnels de l’espace public comme le Ministère de la Culture, la police ou, plus localement, le Musée National se trouvant en bordure de la place de la démocratie et qui vertu de quoi la considère plus ou moins comme sienne. La question de la légitimité de cette appropriation de l’espace, et de manière sous-jacente de sa légalité, est un thème crucial dans le projet. C’est même sa raison d’être : revendiquer le droit à l’usage libre et serein de l’espace public. Si vous remontez quelques lignes plus haut, cela fait partie des principes défendus par Pausa Urbana. Ainsi, lorsque Mario mentionne les tensions qu’ils ont pu avoir avec la mairie de San José, il ne nie pas que celle-ci leur a proposé d’accepter leur occupation de la Place de la Démocratie s’ils en faisaient la demande administrative. Mais la ligne du projet est claire : « Demander un permis pour quelque chose que nous considérons comme un droit n’est pas la philosophie. Ce serait plutôt à eux de nous le garantir. » Finalement, c’est à l’usure que P.U. obtient reconnaissance sont plus délogés. La force de l’habitude calme celles de l’ordre. Les activités qui ont lieu sur cette place (type spectacles, cours de danses, etc) sont associées au projet de La Noche Vive la Plaza et rencontrent de moins en moins, voire plus du tout, de difficultés avec la police. Cela lui permet alors de devenir une « plateforme de gestion de projets » : à des collectifs d’artistes qui n’ont pas les capacités (administratives, institutionnelles, bureaucratiques…) de faire les démarches de gestion d’un évènement public, la Noche Vive la Plaza offre un espace accessible pour réaliser leur festival/représentation/évènement de manière plus facile. Et ça tombe bien, parce que « encourager et faciliter l’usage de l’espace public de manière spontanée et sûre », c’est un de leurs objectifs. Bien ouéj les copains.
Les outils qui ont paru le plus efficace
L’art et le jeu, ressortent comme des outils efficaces pour approcher, intéresser et intégrer les individu.es dans les processus communautaires d’appropriation. L’important, dans le discours de Pausa Urbana, restant la construction collective du produit quel qu’il soit, faire en sorte que les gens échangent et partagent. Par exemple, les potagers sont des interfaces qui peuvent très bien fonctionner, mais ils nécessitent, pour s’ancrer, une volonté préexistante de la communauté ainsi que des connaissances, au sein de celle-ci, relatives à l’agriculture. Outre le travail avec la communauté, c’est la force du travail en réseau de la part des « facilitateur.trices » qui est mise en avant comme étant primordiale pour la qualité du travail de médiation. Cela tant pour la capacité de médiation en elle-même (construction des ateliers par des équipes pluridisciplinaires) que pour la capacité à s’adapter aux attentes et besoins qui surgissent au long du processus (appel à des membres du réseau pour répondre à des demandes issues des ateliers et qui n’étaient pas attendues par exemple). Enfin, la gestion de la communication externe est reconnue comme un point clef pour intégrer les habitué.es aux processus en cours, de même que pour visibiliser le travail de P.U. parmi les professionnel.les de l’urbanisme et de l’espace public (oui, c’est vaste). Et pourtant, Mario et Elliot admettent que c’est leur point noir.
Les outils qui ont paru le moins efficace
À l’échelle méthodologique, ce qui ne fonctionne pas, c’est de travailler pour un produit, sans processus. Un produit construit sans processus n’aboutira pas à une activation de l’espace où il est installé, alors qu’un processus sans produit construit peut amener à une activation de l’espace travaillé. De cela découle qu’à l’échelle du projet, il n’y a pas réellement d’outils qui ne fonctionnent pas. Les processus n’étant pas construits sur la recherche d’un produit précis et fixe, l’objectif est bien de s’adapter sur le moment pour coconstruire des activités et solutions qui correspondent aux besoins et attentes de chaque situation. Si un outil ne fonctionne pas, c’est que le processus n’a pas été suffisamment pris en compte.
Les éléments qui permettent d’évaluer qu’un espace est en cours d’activation, ou a été activé
Pausa Urbana n’a pas mis en place d’« évaluation » des processus enclenchés. Cela n’empêche pas que quand elle est lancée, l’activation peut se mesurer de manière empirique. Par exemple, avec la Noche Vive la Plaza, on peut vérifier la réussite du projet en discutant avec les habitué.es : un cuidacaro (personne surveillant les voitures contre une monnaie de la part des conducteurs) de la place disant voir une différence notable dans la dynamique de l’espace depuis qu’a commencé le projet ; ou quand les gens se mettent à défendre elles et eux-mêmes leur accès à l’espace : Elliot raconte avoir été marqué par un participant extérieur à P.U. s’interposant face à des policiers pour réclamer son propre droit à être sur la place et à profiter d’une activité ouverte dans un espace public, y compris de nuit. Quand les habitué.es s’organisent entre elles et eux, sans passer par P.U., pour leurs différentes activités, quand se ressent le « lien vital et quotidien entre les gens et leurs espaces publics », c’est qu’ils ont réussi à engendrer durablement une activation et que l’intervention de Pausa Urbana n’est plus nécessaire. Toutefois, ce sont toujours des processus continus auxquels il faut rester vigilant. « Ce n’est jamais atteint. Ils doivent toujours être entretenus. » (Tiens, on dirait Simone de Beauvoir qui parle du droit des femmes. Comme quoi mes différents intérêts politiques ont leurs - funestes similitudes !)
Que faut-il retenir de cette structure ?
Le concept d’« activation » de l’espace publique. Pour celles et ceux qui ne suivent pas, c’est « le processus de construire, donner un sens et consolider le lien vital et quotidien entre les gens et leurs espaces publics ». La volonté d’agir et travailler de manière organique, spontanée. La transdisciplinarité des personnes impliquées dans les projets. La réussite de la formalisation en deux structures sans perdre le fonctionnement comme collectif.
 Et voilà, c’est l’essentiel de Pausa Urbana ! Il manque sûrement un demi-million de choses et tout pourrait être plus approfondi, mais on avait dit format fiche, alors je m’en tiendrais à ça. Si vous souhaitez aller plus loin, visitez leur page facebook ou leur chaine youtube ! Leur blog n’est pas à jour, mais il y a des articles sur ce qu’ils ont fait il y a quelques années.
En tout cas, mille mercis à Mario et Elliot de m’avoir fait confiance et de m’avoir intégrée aussi vite dans leurs projets, comme à tous ceux que je n’ai pas cité mais à qui je pensais fort en écrivant ces lignes : Ilse, Sylvia, Pamela, Conel… Keur sur vous les copains !
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