#la comédie ça dénonce
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THE NAKED GUN (2025) dir. Akiva Schaffer
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SAMEDI 22 AOUT 2020 – (Billet 1 / 4)
« THE PERFECT CANDIDATE »
Une comédie dramatique germano-saoudienne d'Haifaa Al-Mansour, avec Mila Alzahrani, Dae Al Hilali, Khalid Abdulrhim… 1h45.
Une fois n’est pas coutume, on vous dit d’abord ce que nous en avons pensé et ensuite on vous donne à lire une critique « pro », celle qui se rapproche le plus des réactions que nous avons ressenties lorsque nous avons vu ce film.
On vote pour «The Perfect Candidate», Maryam dans cette histoire.
Nous avions prévu de prendre un « happy hour » à Montparnasse puis d’aller au cinéma dans le quartier à la séance de 18 heures (moments d’autant plus appréciés que nous venions de lire presque coup sur coup 4 ou 5 mails de membres de la famille et amis qui recevaient enfants et petit-enfants, partagés qu’ils étaient entre l’amour pour les leurs et l’envie par moments d’avoir un peu moins de mouvements et de cris chez eux).
Le plaisir que nous avons pris à boire tous les deux une bière blanche bien glacée, dans le plus grand anonymat d’une terrasse parisienne… en a été décuplé. Certes nous n’avons pas contribué en temps et en heure à la continuité de la race humaine mais on peut vous dire qu’à ce moment très précis, ça a bien été le dernier de nos soucis !
Et, cerise sur le gâteau, les bons films en cette période « covidienne » étant une denrée rarissime, nous avons beaucoup aimé le film d'Haifaa Al-Mansour.
Marina, dès que les lumières se sont rallumées (les quelques rares spectateurs s’étant enfuis dès la première seconde du générique de fin, comme si c’était pour eux une question de vie ou de mort – entre parenthèses, quel manque de décence et de respect quand on aime le cinéma de réagir ainsi��!), a dit : « Je lui donne ♥♥♥♥,5. » Et JM d’ajouter : « Moi, ♥♥♥♥. »
Ci-dessous l’avis du Parisien. C’est un film que nous recommandons à TOUS nos lecteurs/abonnés.
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En racontant le combat de Maryam, une Saoudienne qui décide de se présenter aux élections municipales, la réalisatrice Haifaa Al-Mansour signe une comédie dramatique engagée, intelligente et rythmée.
Sept ans après le remarqué « Wadjda », l'histoire d'une pré-ado saoudienne qui rêve de s'acheter un vélo, et après plusieurs films réalisés en Occident, Haifaa Al-Mansour retourne dans son pays d'origine pour raconter à nouveau le combat d'une femme dans une nation où leurs droits sont régulièrement bafoués. Cette fois, la seule réalisatrice d'Arabie saoudite suit le parcours de Maryam, une jeune médecin célibataire qui, quand on lui refuse un voyage en avion parce qu'elle n'a pas l'autorisation paternelle, et lassée de voir les infrastructures de sa clinique laissées à l'abandon, décide de se présenter aux élections municipales.
Haifaa Al-Mansour choisit de traiter des différents problèmes auxquels sont confrontées les Saoudiennes sans pathos. Maryam est victime de sa condition, certes, mais elle ne la subit pas. Elle conduit sa propre voiture, répond avec véhémence aux hommes qui refusent de se faire soigner par une femme et ne se démontera pas quand tous autour d'elle riront de sa nouvelle lubie : se présenter aux élections municipales.
Il souffle comme un vent de fraîcheur sur cette comédie dramatique engagée et très actuelle qui nous plonge au cœur du quotidien du pays et ses absurdités, que le scénario dénonce souvent sur le ton de l'humour. Les liens entre les personnages sont très justes, comme leurs interprètes, à commencer par Mila Alzahrani dans le rôle-titre, drôle et attachante.
Avec ce film, comme avec « Wadjda », Haifaa Al-Mansour ambitionne de changer les mentalités et réaffirme son combat féministe. Un mois avant la présentation du film en compétition à Venise en 2019, on apprenait que les Saoudiennes avaient désormais le droit de prendre l'avion sans l'autorisation de leur tuteur.
(Source : « leparisien.fr »)
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Mon top cinéma 2017
1-PATERSON de Jim Jarmush

"Durant une semaine, dans une petite ville du New Jersey, la routine réglée au quart de tour d'un chauffeur d'autobus, poète à ses heures."
Le film parfait. C'est doux, mesuré, rien ne dépasse. Comme ces poèmes aux mots bien pesés par Patersen. Comme ce couple formé par les persos d'Adam Driver et de Golshifteh Farahani où l'harmonie semble régner d'un équilibre entre ce qui n'est pas dit, et ce qui est exprimé. Toute la simplicité de ce film vient de cette mesure subtile entre « taire l'inutile » et « exprimer le nécessaire ».
Ce film, c'est le calme absolu. Mais un calme qui réussi à te captiver par la menace sourde qu'il fait forcément exister, celle où un malheur hypothétique viendrait saboter ce ballet du quotidien. Du lundi au lundi, le week-end prend ici la valeur d'un doux climax. C'est la barre de métal prise dans l'engrenage du véhicule de ce chauffeur d'autobus la semaine. C'est le moment où tout s'arrête, où tout est possible, ou rien n'est possible. 2-SONG TO SONG de Terrence Malick

"Une guitariste d'Austin, qui a cédé aux avances de son producteur par opportunisme, tombe amoureuse du séduisant auteur-compositeur que celui-ci vient de prendre sous son aile." Encore une fois, Terrence Malick m'émeut. Après l’errance somnambulesque dans l'Hollywood de Knight of Cups, Song to Song s'intéresse de façon halluciné à l'univers du rock et à ses personnages désireux de toucher la flamme, hachant le temps d'un désir à un autre comme l'on passe d'une chanson à une autre, comme si rien à part les désirs consommés n'avait d'importance. On étouffe souvent de suivre cette caméra témoigner d'autant de vide, radotant la vie circulaire de victimes consentantes et de gens de pouvoirs manipulateurs. Mais le film finit par trouver grâce après une suffocation nécessaire en cohérence avec le propos.
3-THE SQUARE de Ruben Östlund

"Alors qu'il prépare une exposition sur le thème de l'altruisme, un conservateur de musée subit un vol qui l'amène à prendre des décisions regrettables et à poser des gestes égoïstes." Dans ce film de Ruben Östlund, le Square fait parti d'une installation d'un Musée de Stockholm qui propose aux clients d'expérimenter une zone délimité par un carré blanc lumineux à l'intérieur duquel toute personne serait en paix, protégé du monde extérieur. Ruben Östlund utilise ce concept et l'applique au cinéma lui-même en recréant ce carré de sécurité entre le spectateur et l'écran. Sauf qu'il prend un malin plaisir à le briser dans chacune des scènes, jusqu'à créer l'inconfort. C'est un film résolument pervers qui s'amuse avec nous. Ça tire d'ailleurs dans tous les sens. Toutes les frontières sont brisés ; celle de l'art, des classes sociales, des médias, de la morale bien-pensante. L'exploit du film est de réussir à garder une direction assurée malgré les tirs disparates. Car tout est ramené à une chose, l'hypocrisie de nos rapports, autant entre humains qu'avec nos créations. Ces rapports sans cesse ballottés entre le désir de confort et celui d'être ébranlé. Qu'est-ce qui fait une œuvre d'art ? À qui l'art s'adresse ? L'art doit-il se faire plus grand que son peuple, ou bien doit-il rester à sa hauteur? Est-ce que l'art doit porter un message ? À quel moment l'art devient condescendant ou, à l'inverse, trop naïf? The Square à le courage de tenter d'y répondre tout en s'en amusant. Car le film se piégeait lui-même dès le départ en scrutant à la loupe ce qui motive la création. Il aurait pu paraître aussi prétentieux et racoleur que ce qu'il dénonce. Mais le film, tout en étant méchant, choquant et cynique, n'oublie jamais d'être humain et tendre. C'est cette parcelle d'humanité que The Square semble chercher dans ses personnages, piégés dans ce carré qui génère autant le confort que le chaos. Au fond, derrière sa posture parfois rebelle, The Square est plein d'espoir.
4-STAR WARS: THE LAST JEDI de Rian Johnson

"Pendant que la Résistance se prépare à une nouvelle attaque de l'Empire, la jeune rebelle Rey, bien qu'attirée par le sombre Kylo Ren, part quérir l'aide du maître Jedi Luke Skywalker." La critique de Panorama Cinéma par Mathieu-Li Goyette est parfaite. Elle dit mieux que je ne l'aurais fait tout ce que je pense de ce Star Wars absolument stimulant. « "Le résultat est audacieux, à la fois choquant par sa nouveauté et émouvant dans son évidence ; Johnson nous explique patiemment qu’il faut savoir exister en dehors de ce qui nous aurait toujours défini (la famille, la religion, le genre, le style), qu’il faut non plus chercher la différence dans la répétition mais qu’il faut embrasser cette différence comme une force d’auto-détermination dans un monde nécrosé par la nostalgie. Il s’agit du premier Star Wars qui nous apprenne à vieillir plutôt qu’à grandir, le premier à intégrer les fans à son récit afin de leur montrer leurs tares et à faire de leurs obsessions des éléments réflexifs qui discourent à la fois sur la série et sur l’état actuel de la culture. Si The Last Jedi est le premier épisode à en accomplir autant, c’est justement parce qu’il sait agir et que, dans l’acte, il parvient à filmer la réunion du public et d’un récit, d’un héritage et de son avenir." http://www.panorama-cinema.com/V2/critique.php?id=1417
5-LA RÉSURRECTION D'HASSAN de Carlo Guillermo Proto

"Gagnant leur vie en chantant dans le métro de Montréal, un couple et leur fille, tous trois aveugles, suivent les enseignements d'un mystique russe, dans l'espoir de ressusciter le fils voyant de la famille, qui s'est noyé il y a 13 ans." Ce documentaire est weird! Mais c'est aussi l'une des belles curiosités de l'année 2016. Mon film choc. Par son dispositif de caméra direct filmant dans l'intimité des sujets marginaux qui ne peuvent percevoir du regard les caméras qui les suivent (ils sont aveugles), ce film nous montre paradoxalement une famille dans ce qu'elle a de plus naturelle (alors qu'au départ, elle nous apparaît rebutante et bizarre). Il faut dire aussi que les thèmes du film tournant autour de la foi et du deuil touchent à l'universalité. Ce qui rend le film si particulier, c'est que la foi y est abordée d'une façon très légitime à travers des personnages qui ne peuvent voir et qui par conséquent n'ont pas le choix de croire et de développer sans limites leur intellect et leur imaginaire, s'accrochant à la musique, mais aussi à l'idée de la résurrection, (poussés par l'incapacité d'accepter la mort d'un fils qu'ils n'ont pas vu mourir concrètement). Ce qui choque pour un voyant qui regarde ce film, c'est qu'il nous pousse à observer les limites de notre propre faculté de voir toutes choses (et ainsi de douter de tout).
6-LADY MACBETH de William Oldroyd

"Dans l'Angleterre rurale du 19e siècle, une jeune femme mal mariée commet l'irréparable afin de pouvoir vivre librement sa liaison avec un palefrenier." Il s'agit peut-être ici d'une des meilleures « premiere oeuvre de réalisateur » que j'ai vu. « La caméra dans Lady Macbeth présente à plusieurs reprises des corps sans tête, le cadre coupant à hauteur du cou, insistant sur les postures (souvent raides) des personnages. Tout, qu'il s'agisse du décor, de l'intrigue ou de l'héroïne, rappelle le cinéma d'horreur - et pourtant Lady Macbeth n'est jamais traité comme tel. Dans cet univers froid comme un tombeau naissent pourtant un désir viscéral, une ouverture vers le romanesque avec la liaison passionnée de l'héroïne et d'un jeune homme bien plus avenant que son croque mort de mari. Encore une fois, Oldroyd a plus d'un tour dans son sac. L'une des grandes réussites du scénario écrit par Alice Birch est son habileté à jouer d'une part avec les attentes comme on l'a évoqué, mais aussi avec les ruptures de ton. C'est un film d'horreur qui n'en est jamais un ; c'est un drame costumé... qui ressemble de plus en plus à une comédie noirissime au très mauvais esprit. Car la méchanceté de Lady Macbeth semble sans limite. Elle n'est pas en roue libre pour autant: plus le film est méchant, plus son héroïne est ambiguë, et plus on s'attache à elle. Voilà un tour de passe-passe pas évident: le récit est à la fois glaçant et jubilatoire et, à partir de personnages enfermés dans leur condition, ne se limite jamais à une seule note - à l'image du dénouement où à la haine misogyne succède le mépris de classe. Porté par une jeune actrice épatante (Florence Pugh), Lady Macbeth est une belle révélation. » -Nicolas Bardot (filmdeculte) 7-LA PETITE FILLE QUI AIMAIT TROP LES ALLUMETTES de Simon Lavoie

"Tu sais, notre père, il nous a façonné de ses mains dans l'argile." Extrait de ce monumental morceau de cinéma qu'est La Petite fille qui aimait trop les allumettes, adaptation libre de l'oeuvre de Gaétan Soucy par Simon Lavoie qu'on pourrait presque méprendre pour un conte des frères Grimm dans la ruralité québécoise d'antan, une sorte d'affabulation métaphorique de cette époque où on ne semblait reconnaître l'importance d'une mère au sein d'une société patriarcale . Au programme; une monstrueuse bête attachée dans le hangar à bois, des oiseaux enflammés, de l'inceste, de la répression teintée de religion, une illumination sexuelle à dos de cheval sur des chants mystiques, de l'esthétisme en noir et blanc flirtant avec l'expressionnisme allemand et le cinéma de Bergman. Tout de ce film est absolument enthousiasmant. J'en suis ressorti sur les fesses après plusieurs rebonds. Et Simon Lavoie est à partir de maintenant l'un des cinéastes québécois les plus importants à mes yeux. 8-YOUR NAME de Makoto Shinkai

"Mitsuha est une étudiante qui vit à la campagne et rêve de Tokyo. Taki est lui un étudiant de Tokyo qui travaille à temps partiel dans un restaurant mais s'intéresse à l'architecture et aux arts. Un beau jour (ou peut-être une nuit), Mitsuha rêve qu'elle est un jeune homme tandis que Taki rêve qu'il est une jeune étudiante vivant à la campagne. Quels secrets se cachent derrière leurs rêves ?" YOUR NAME, le nouveau japanimation de Makoto Shinkaï, peut aisément se glisser dans la liste des meilleurs films d'animation jamais produits (aux côtés des oeuvres les plus complexes de Miyazaki). De plus, ce film prouve une fois de plus que Shinkaï est un auteur à part entière avec ses broderies soigneusement reliés aux thèmes de ses films précédents, 5 Centimeters Per Second, Children who Chase Lost Voices et The Place Promised by Our Early Days. "Les cordes tressées que nous fabriquons sont l'art du dieu et représentent le flux du temps lui-même. Ils convergent et se forment. Ils se tordent, s'emboîtent, se démêlent parfois, se cassent, puis se relient. C'est le temps lui-même." 9-CEUX QUI FONT LES RÉVOLUTIONS À MOITIÉ N'ONT FAIT QUE SE CREUSER UN TOMBEAU de Simon Lavoie et Mathieu Denis

"Au lendemain du printemps érable, quatre jeunes poursuivent à leur manière la lutte contre l'ordre établi et le néolibéralisme." À mon avis CEUX QUI FONT LES RÉVOLUTIONS À MOITIÉ N'ONT FAIT QUE SE CREUSER UN TOMBEAU de Mathieu Denis et Simon Lavoie percute en siouplaît! C'est comme un genre de péplum contemporain se déroulant au Québec après le printemps érable. On a les mêmes éléments que dans le péplum: le prologue musical de 5 minutes sur fond noir, la musique classique, la théâtralité de certaines séquences, l'esthétisme orgiaque, l'intermission. Tout ça à la sauce contemporaine: caméra portée, photo naturaliste. Ça dure 3 heures comme Spartacus, mais tu ne sens pas le temps passer tellement c'est intense et fascinant esthétiquement. Les acteurs, tous de nouveaux visages (dont une actrice transgenre), se donnent à corps déployé. C'est un film mal élevé, lucide, ambiguë, dur, qui a le mérite de ne pas prendre position et d'observer les révolutions de l'extérieur (au point où la production du film a dû essuyer le vandalisme d'anciens partisans du printemps érable qui aurait lu le propos du film à leur désavantage).
10-MOTHER! de Darren Aronovsky

"L'existence tranquille à la campagne d'un poète en panne d'inspiration et de sa jeune femme enceinte est perturbée par un afflux d'étrangers aux motifs divers." Ce film réalisé par Darren Aronovsky et interprété par sa femme Jennifer Lawrence synthétise de façon plutôt honnête tout ce qui peut lier pour le pire un créateur à sa muse. S'agit-il de l'aveu d'échec de la collaboration passée entre Aronovsky et son ancienne muse Rachel Weisz? Nous n'en saurons rien. "mother!" est-il un moyen pour Aronovsky de se dédouaner de quelques démons passés à l'aube d'un nouveau cycle créatif avec Lawrence ? Nous n'en saurons rien non plus. Mais ces questions troublantes planent certainement au long de ce film et le rendent aussi douteux que fascinant. J'ai trouvé très marrante et juste la critique de Sylvain Lavallée pour Panorama Cinéma : « Jennifer Lawrence, par sa manière de s’emparer des rôles qu’on lui présente, nous inspire et nous émeut par sa résistance extraordinaire à la médiocrité qui l’entoure (y compris la médiocrité de la grande majorité des films auxquels elle participe), et se dresse ainsi comme la représentante d’un nouveau monde qui s’oppose à la médiocrité de celui qui l’a vu naître : en se substituant à la mère absente/manquée, elle enfante notre devenir, et il en revient à nous de s’en montrer dignes. mother!, en ce sens, inverse très exactement tout ce que Jennifer Lawrence représente, en la montrant passive, incapable de résister à ce que le Poète lui impose, incapable de protéger son enfant, incapable d’opposer un projet d’existence personnel à celui, médiocre et vain, que le Poète suggère, alors la médiocrité s’empare du monde, dégénère et débouche sur un cataclysme cauchemardesque ne laissant aucune place à l’avenir, sauf à une vaine répétition du même cycle de destruction. En somme, mother! nous présente ce qu’il advient d’un monde qui ne sait pas reconnaître Jennifer Lawrence. » Les oubliés de mon top qui valent le détour: -TUKTUQ de Robin Aubert -THE SENIOR CLASS de Hong Deok-pyo -BABY DRIVER de Edgar Wright -THE SHAPE OF WATER de Guillermo Del Toro -ALIEN: COVENANT de Ridley Scott -PETIT PAYSAN de Hubert Charuel -AMERICAN MADE de Doug Liman -THE KILLING OF THE SACRED DEER de Yorgos Lanthimos -MA LOUTE de Bruno Dumont -THE DISASTER ARTIST de James Franco -LOGAN de James Mangold -NAPPING PRINCESS de Kenji Kamiyama -LA TORTUE ROUGE de Michaël Dudok de Wit
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L’humour pour les nuls
Sauvegarde du site Égalitariste.net. Date du post d’origine : 07 Mars 2014.
Depuis quelque temps, à force de l’ouvrir au sujet de l’humour, mes amis militants et moi, on a fini par atteindre certaines oreilles. Et, comme on pouvait s’y attendre, nos propos et nos revendications n’ont pas été du goût de tout le monde. Il faut dire que le sujet est délicat dans une société où il est de bon ton de dire « qu’on peut rire de tout mais pas avec tout le monde » et ce sans même se demander pourquoi et dans quel contexte Desproges a bien pu dire ça.
Bref, captain obvious to the rescue, les gens veulent rire de tout. Ou plutôt, ils veulent rire de ce qu’ils veulent sans se prendre la tête et surtout, sans réfléchir. Il est souvent amusant de constater que les grands défenseurs du droit au rire de tout sont les premiers à se moquer des femmes (ou autre groupe de personnes opprimées) en les renvoyant à la cuisine (ou autre cliché puant) pour ensuite crier à la misandrie (ou autre intolérance inversée qui n’est que de l’égo de privilégié bafoué) quand on ose se foutre de la gueule des machos (ou autres intolérants notoires) alors que s’ils n’étaient pas machos, ils ne se sentiraient pas visés, mais passons. Je ne suis pas ici pour enfoncer publiquement ces personnes au second degré opportuniste. Encore que. D’une manière plus générale, les gens ne veulent pas réfléchir à ce que leur comportement implique. Et c’est la raison pour laquelle le Cynico-fataliste est si à la mode : ça permet de se donner un genre, un charisme alors qu’il s’agit purement et simplement de paresse, pour ne pas dire de lâcheté.
Les gens veulent rire de tout donc, et craignent pour leur droit à continuer de dire « oogah boogah » devant un noir quand on dénonce leur humour intolérant. Alors pour commencer, j’aimerais rappeler un détail simple (puisqu’on nous a souvent traité de fachos désireux de brider la liberté d’expression, aha) : on ne cherche pas à vous empêcher d’être intolérant, légalement parlant. Je vous en prie, soyez-le. Vous êtes libres de l’être. C’est la loi qui le dit. Cette loi qui a été façonnée par une majorité d’hommes blancs cis et hétéros aisés, soit dit en passant. Vous êtes libres d’être des imbéciles irrespectueux qui perpétuent l’oppression. Tout comme nous, nous sommes libres de dire que vous êtes intolérants, que votre humour est un outil qui vous permet de perpétuer une oppression qui favorise la perpétuation de vos privilèges et que ce n’est pas normal. Parce que, désolée de vous l’apprendre, mais la liberté d’expression, ça marche dans les deux sens. Et je suis au regret de vous annoncer que si ce qu’on dit vous dérange, c’est exactement le but recherché.
Mais qu’à cela ne tienne, si j’ai créé ce blog, c’est parce que je ne crois pas qu’il existe de causes perdues. Ou plus simplement, je crois que tout changement est possible, pourvu qu’on s’en donne les moyens. Je ne suis donc pas avare d’engagement et d’efforts et c’est la raison pour laquelle j’ai décidé de répondre à la grande question que le Cynico-fataliste se pose quand il nous entend, nous autres défenseurs des droits des opprimés, mugir dans ses campagnes :
« Mais si on ne se moque plus des opprimés, de quoi allons-nous rire ? »
Je passerai sur le fait que cette « question » démontre à quel point le Cynico-fataliste de base n’est rien d’autre qu’un citoyen sans imagination embourbé dans une culture du je-parle-avant-de-réfléchir et je vais me contenter de donner aussi bien des outils que des idées pour démontrer à ce pauvre hère que si, même sans rire des opprimés, on peut encore s’amuser, rire et exprimer sa joie de vivre.
L’humour facile Pour commencer, il faut noter que l’humour est un art qui n’est pas facile à maîtriser. Comme a pu le dire Desproges (encore lui !) : « Mais elle est immense, mon cher, la prétention de faire rire ! » Car oui, faire rire n’est pas facile, surtout si on se pique de le faire en professionnel. Amuser quelques copains est bien plus aisé que de faire rire un parterre d’inconnus prêts à vous mettre au tapis pour peu que votre humour ne les touche pas. Toutes les personnes qui ont un jour essayé de s’attirer les faveurs du public par l’humour le savent. Et c’est pourquoi, certaines personnes, cédant à la peur et à la facilité, vont décider de rester le cul au chaud dans des valeurs sûres, sans avoir à se mouiller.
Selon moi, il existe trois valeurs sûres en terme d’humour : le caca (et tout ce qui est très très sale d’un point de vue social ; ne niez pas, rien qu’en lisant le mot « caca » vous souriez), le sexe (et tous les tabous qui tournent autour) et ce qui n’est pas la « norme » (ou ces connards d’extrémistes qui veulent changer le monde et/ou sont trop différents de l’homme cishet blanc). Bref, comme je l’ai dit dans mon précédent article sur l’humour, on rit de ce qui dérange, de ce qui est différent et de ce qui est tabou. En règle générale, les mauvais humoristes en manque d’inspiration vont donc faire un gloubi-boulga de ces trois « valeurs sûres » de la manière la plus plate et la plus convenue possible. Combien d’humoristes masculins se sont déguisés en femmes pour faire rire, par exemple ? Parce que oui, convenons-en la féminité c’est tellement ridicule qu’il n’y a que les femmes (ces êtres soumis) pour bien la porter. Parmi ces trois valeurs sûres, certains humoristes ont su malgré tout tirer leur épingle du jeu en faisant passer un message plus profond à travers un écran de vulgarité volontairement outrancière. Je pense par exemple à Reiser et ses dessins humoristiques sur la sexualité au travers desquels il caricaturait une société pudibonde et hypocrite. (Cependant, qu’on ne me fasse pas dire ce que je n’ai pas dit, Reiser aussi a eu son lot d’humour oppressif et n’était pas parfait à tous les niveaux.) Ici, la valeur sûre qui m’intéresse est la troisième. Ce qui n’est pas la norme. Il est extrêmement facile de faire rire un public avec quelques blagues sexistes, racistes, validistes ou transphobes (liste non exhaustive). On fait appel aux bas instincts de son public et on se pique de faire de l’humour anticonformiste, et paf, le tour est joué : sans s’assurer le panthéon, on se créé un noyau de fans.
J’insiste sur le fait que c’est à la portée de n’importe qui. Un peu d’aisance en matière de comédie, une blague sur les homos qui sont vraiment des pédales, et un peu de mauvaise foi (« je suis subversif moâ, madame ») et hop, c’est parti. C’est tellement courant que c’en est navrant : la majorité des web-humoristes, des nouveaux artistes de stand-up ou des chroniqueurs de radio le font. Et tous se targuent d’être anticonformistes. Si bien que leur prétendue subversivité en devient étrangement conforme. Parce que soyons honnêtes : ces « artistes » qui auront sombré dans l’oubli dans une dizaine d’années ont deux problèmes. Le premier (et le moins grave) c’est qu’ils ne renouvellent absolument pas leur art (l’humour) et que donc, ils ne lui apportent rien. Et le second c’est que dans l’espoir de gagner le plus rapidement possible la notoriété ils empruntent sans se poser de questions les sentiers battus les plus célèbres – y compris ceux qui sont problématiques – et passent là où leurs aînés sont déjà passés mille fois. Alors subversive leur intolérance ? Que nenni. On ne saurait faire plus conforme et plus facile, en réalité.
Rire de tout Tous ces artistes qui s’insurgent quand on dénonce leur humour intolérant usent donc du prétexte « je veux rire de tout ». Me concernant, je trouve quand-même étrange que ces personnes souhaitant rire de tout se cantonnent uniquement à des sujets qui ont déjà été utilisés mille fois au lieu d’expérimenter et de créer du neuf. C’est pourtant simple, quand on y pense : pourquoi rire des trans quand vous pouvez rire des transphobes ? Pourquoi rire des Noirs quand vous pouvez rire des racistes ? Ces grands rigolos auraient-ils peur de se mettre la masse dominante à dos ? Pour des gens subversifs, ils font preuve de bien peu de courage.
Parce que soyons clairs, il est facile de rire des plus faibles, des plus moqués, des plus démunis. C’est enfantin : il n’y aura que peu de monde pour les défendre et beaucoup pour en rire. En revanche, rire de la majorité haineuse, celle qui a du pouvoir, celle qui peut vous faire taire si elle le souhaite pour pouvoir continuer d’utiliser le mot « pédé » comme insulte, de renvoyer les femmes à la cuisine et de traiter Taubira de singe, ça demande un peu plus de gonades. Rire en dénonçant les travers de la société plutôt que de les renforcer est tout un art complexe et qui n’est pas à la portée du premier venu (surtout si ce dit premier venu a la flemme de réfléchir). Parce que ça demande du talent, mais également de la réflexion, de l’introspection et de la culture. Pour faire de l’humour de haute volée, il faudra apprendre à faire autre chose que pointer du doigt des minorités en faisant la grimace d’un air entendu en se faisant lécher les bottes par un parterre de fans lobotomisés.
Selon moi, au même titre que tous les autres Arts, l’humour est un moyen de façonner le monde dans lequel on vit. Là encore, je l’avais dit dans mon précédent article sur le sujet, on rit de ce qui n’est pas la norme, donc on la définit. En riant de l’intolérance, en la présentant comme quelque chose d’anormal, vous redéfinissez la norme et ce, pour un monde de tolérance et de respect. D’ailleurs, notons que les artistes qui ont connu une postérité sont ceux qui se sont montrés avant-gardistes et qui ont contribué à révolutionner notre société, que ce soit d’un point de vu artistique, moral ou les deux. Les génies sont ceux qui ont su modifier les goûts du public et non pas ceux qui ont modifié leur art en fonction du public. Autrement dit, en encourageant une intolérance qui existe déjà, les artistes comiques n’encouragent aucune réflexion et donc aucun changement. C’est ce qui me fait dire qu’ils sont voués à l’oubli malgré le fait qu’en attendant, ils ralentissent les progrès sociaux en matière d’égalité.
Tous ces humours non-intolérants possibles Nous en venons donc au nerf de la guerre : mais de quoi rire alors ? Quels types d’humour sont possibles si on doit arrêter de taper sur les femmes, les pédés et les Noirs ? Comment les manier sans tomber dans les bras menteurs de la facilité ? La liste des différents types d’humour est longue : humour par l’absurde, l’auto-dérision, le comique de situation, la création de personnages humoristiques, les jeux de mots, l’humour noir (le vrai), la satire (ou cynisme), le méta humour (l’humour sur l’humour), le comique d’observation, l’humour de référence, l’anti-joke etc. Analysons-en quelques uns pour que vous ne tombiez pas en panne sèche de blague, des fois que vous décidiez (ça va, on peut rêver) d’arrêter d’être des humoristes qui encouragent l’exclusion sociale des minorités.
Commençons par l’humour par l’absurde. Ce type d’humour fonctionne sur la base du décalage entre les attentes et les habitudes du public et la logique qui sera présentée lors du sketch ou de la blague. En règle générale, c’est amené à l’aide de syllogismes, c’est à dire une logique qui, mal utilisée, peut amener à des paradoxes ; paradoxes cependant non démontables si on a habilement amené le public à accepter la logique du syllogisme au préalable. Plus exactement, on entraîne le spectateur vers un raisonnement illogique en lui faisant admettre des choses qui lui paraîtront logiques. En le piégeant ainsi, on crée le décalage, la gêne et donc le rire. Exemple d’humour absurde : Tout ce qui est rare est cher. Un cheval bon marché est rare. Donc un cheval bon marché est cher.
Concernant l’auto-dérision, c’est une forme d’humour qu’il est facile d’utiliser de travers. En effet, le principe de l’auto-dérision est de se moquer de soi-même. L’exercice peut sembler cool et démontrer que la personne le pratiquant est parfaitement décomplexée, mais il faut mesurer à quel moment on rigole réellement de soi (uniquement) et à quel moment on implique d’autres personnes dans la moquerie. Par exemple, il y a une différence entre dire « aha, j’ai encore embouti la voiture, je sais vraiment pas conduire ! » et « aha j’ai encore embouti la voiture, les femmes savent vraiment pas conduire ! » Dans le premier cas, je me moque de moi. Dans le deuxième je me moque des femmes : ce n’est plus de l’auto-dérision, mais bien de l’humour intolérant qui vise à discréditer les femmes et leurs capacités à utiliser une voiture et ce de manière parfaitement arbitraire et injuste. Le fait que je sois une femme ne justifie en rien cette blague : ce n’est pas parce que je suis maladroite au volant que toutes les femmes le sont. L’auto-dérision, la vraie, est celle qui permet au spectateur de rire sans se sentir jugé même s’il se retrouve dans le ridicule de celui qui fait la blague. On s’accorde sur le fait que c’est ridicule mais que ce n’est finalement pas bien grave. Ici, le rire permet de dédramatiser et de prendre du recul sur la culpabilité que beaucoup de gens vont avoir face à l’échec. Si je rigole en disant que tous ceux qui ont le même genre / couleur de peau / orientation sexuelle sont ridicules, je suis dans le jugement et dans la moquerie intolérante. Ce n’est donc plus de l’auto-dérision et j’empêche une partie de mes spectateurs de dédramatiser une situation anodine parce que je les catalogue dans un stéréotype qui ne leur conviendra peut-être pas. Exemple d’auto-dérision : Boulet et son blog BD dans lequel il se met souvent en scène, comme par exemple dans cette note. Le comique de situation, c’est un peu l’une des plus vieilles formes d’humour. L’arroseur arrosé, tout ça, tout ça. En gros c’est l’effet comique produit par la situation d’un personnage dans l’histoire ou l’anecdote qui est racontée (surprises, rebondissements, coïncidences, retournements, quiproquos, etc). Le principe est donc de rire d’un personnage parce qu’il fait quelque chose de travers. Quel meilleur exemple à citer dans ce genre de cas que celui de Charlot ? Les Charlots sont remplis de comique de situation. Chaplin a créé un personnage dont on peut rire tout en passant des messages positifs. Les Lumières de la ville, film dans lequel Charlot vient en aide à une aveugle alors qu’il n’a pas un sou en poche, est sans doute l’un des meilleurs exemples. On rit, mais Chaplin passe également un message d’espoir et d’empathie. Malheureusement, tout comme l’auto-dérision, il est facile de se planter et de faire un comique de situation où, au lieu de rire d’un événement absurde, on va rire du personnage parce qu’il représente un cliché intolérant (sexiste, raciste etc). Il est donc important de garder à l’esprit que le comique de situation, comme son nom l’indique, doit amener à rire d’une situation, et non pas d’un stéréotype incarné par un personnage. Exemple de comique de situation : Le dîner de con, film dans lequel on rit de quiproquos et de la cruauté d’un personnage qui se retourne contre lui.
La création de personnages humoristiques est un procédé très utilisé par les artistes de scène. C’est un moyen de créer un discours, un échange tout en étant seul durant la représentation. Le Blond de Gad Elmaleh est un bon exemple sans intolérance : c’est un personnage caricatural dans sa perfection qui réussit tout, même les choses les plus anodines (comme manger un sandwich sans que les tomates ne se fassent la malle) et qui sert à mettre en relief le côté humain de Gad Elmaleh dans un humour auto-dérisoire. Le Blond n’est pas un cliché puisqu’il ne fait référence à aucun type d’homme qui suscite le mépris, mais qui renvoie davantage à cette tendance que chacun possède à voir chez son voisin une personne qui réussit toujours mieux que soi. Avec ce personnage Gad Elmaleh dédramatise le manque de confiance en soi que beaucoup de spectateurs peuvent avoir en riant du fait que les petits échecs de la vie quotidienne ne sont pas dramatiques et même plutôt rigolos. À travers ce personnage, il arrive à faire rire de la jalousie qu’on peut ressentir et à la rendre moins difficile à vivre. Malheureusement, comme d’autres types d’humour, la création de personnages humoristiques peut vite tomber dans les clichés à partir du moment où on crée un personnage stéréotypé qui renvoie à une vérité biaisée. Ça peut être le personnage féminin égocentrique et coquet, le noir qui parle avec un accent très prononcé et ne comprend rien à la technologie, l’homosexuel efféminé, etc, etc. Toutes ces caricatures excluent parce qu’elles encouragent des clichés qui ne représentent que très peu de personnes concernées. Exemple de création de personnages humoristiques : les persos de Salut les Geeks ! Le mafieux-pervers, le gamin pas sûr de lui, le panda, et le junkie.
Bien sûr, dans les différents types d’humour, il y a les jeux de mots. Avec celui-là, il est difficile de faire de l’humour intolérant, à moins de vraiment le vouloir (malheureusement, parfois certains le veulent vraiment). Faire des jeux de mots consiste à détourner le sens premier d’un terme, créant ainsi ce fameux décalage qui surprend et amène le rire. En règle générale, le jeu de mot à lui seul ne suffit pas, il faut également le placer au bon moment et avec la bonne tonalité. C’est ce qui fait qu’un tel verra sa blague qualifiée « d’humour de merde » quand un autre – usant du même calembour – fera rire l’assemblée du premier coup. Dans le genre maître des jeux de mots on ne peut pas ne pas citer Desproges (« car nos avis divergent, et dix verges c’est énorme pour un seul homme »). Il était capable de placer ses jeux de mots au milieu de ses discours avec un tel naturel que le décalage créé était toujours suffisamment important pour déclencher le rire. Parce que Desproges maniait la rhétorique avec brio et possédait suffisamment de vocabulaire pour se renouveler sans cesse, il lui était possible, en plus de faire d’autres types d’humour pendant ses sketchs, de placer des jeux de mots au moment où on s’y attend le moins. Bref, avec ce type d’humour, tout est question de dosage, de feeling et de timing. Exemple de jeu de mots : « Rraquette avec deux r ? – Ouais ! – Ya qu’un r sur raquette. – Ya plusieurs nerfs sur une raquette, vous connaissez pas l’tennis ! » – François Pérusse
Dans le cas de l’humour noir, il s’agit de dire des choses volontairement horribles. Tellement horribles qu’elles vont mettre les spectateurs mal à l’aise et les faire rire (on rit de ce qui gêne, de ce qui n’est pas la norme, toussa). C’est ce qu’a fait Desproges avec son fameux « on me dit que des Juifs… ». Avec ce sketch, il est allé à l’encontre de ce qui était communément admis, à savoir que les juifs ont été victimes des nazis. En agissant ainsi, à l’inverse de Dieudonné qui se moque simplement des juifs, lui ne riait non pas des juifs mais des nazis et des néo-nazis (encore présents à l’époque et même aujourd’hui) et ce, en démontrant l’absurde du raisonnement qui est le leur (en le poussant éventuellement à l’extrême). Wikipédia parle d’ailleurs de ce type d’humour en ces termes : « L’humour noir est une forme d’humour qui souligne avec cruauté, amertume et parfois désespoir l’absurdité du monde, face à laquelle il constitue quelquefois une forme de défense. » Bref, il s’agit de s’amuser de l’horreur. Mais pour s’en amuser, encore faut-il qu’il soit communément admis par le public de ce qu’est l’horreur. Si je tente de faire de l’humour noir sur la transphobie alors que peu de gens y sont sensibilisés, j’ai toutes les chances du monde de simplement tomber dans l’humour transphobe. L’humour noir demande de prendre en compte les qualités morales du public, et c’est en ça qu’il est extrêmement difficile à maîtriser. Exemple d’humour noir : « Tu aimes bien ta mère ? Alors reprends un bout. » – Pierre Doris (Ici, le tabou et l’horreur utilisés sont le cannibalisme.)
La satire est une forme de (vrai) cynisme qui consiste à parodier une personne, un groupe ou un gouvernement afin de démontrer à quel point leur comportement est absurde, dans le but de provoquer un changement. En règle générale, ceux qui sont parodiés sont des personnalités puissantes et au pouvoir important qu’il soit politique, social ou économique. Le journal HaraKiri était, par exemple, un journal satirique qui dénonçait les inégalités sociales avec des phrases mordantes du type « si vous ne pouvez pas l’acheter, volez-le ». À l’instar de l’humour noir, c’est une forme d’humour complexe à maîtriser car elle demande une culture de la politique et du social certaine qui empêcherait de tomber dans les rumeurs infondées et les stéréotypes nauséabonds. En effet, tout comme le cynisme – tel que Diogène le concevait – était censé apprendre « l’humilité aux puissants », la satire est censée dénoncer les injustices et encourager le peuple à réclamer ce qui lui revient de droit. La satire peut employer divers procédés : la diminution de quelque chose en vue de le faire paraître ridicule, l’exagération afin de démontrer à quel point un comportement est grotesque (caricature), la juxtaposition de choses d’importance inégales (ce qui met l’ensemble à un niveau de moindre importance) et la parodie qui consiste à imiter un comportement dans le but de montrer à quel point il est ridicule. Exemple de satire : Candide de Voltaire, qui parodie la société de l’époque et tous les conseils qui étaient donnés par l’autorité en place pour être quelqu’un de bon et de bien.
Le méta-humour, qu’on pourrait aussi appeler « humourception » est de l’humour… sur l’humour. Très rarement utilisé au quotidien parce que difficile à mettre en place, il consiste à faire une blague avec une blague à l’intérieur et se retrouve, en revanche, très fréquemment dans au cinéma ou dans les émissions de télé contemporaines comme The Daily Show. Il existe différentes façons de faire du méta-humour : soit on va rire des procédés humoristiques en les nommant exactement, soit on va faire une blague à partir d’une blague déjà rendue célèbre (comme celle de Paf le chien), soit faire une blague dans une blague, etc. Pas toujours du goût de tout le monde, ce type d’humour crée un décalage parce qu’on s’attend à rire et qu’en réalité, c’est davantage analytique que drôle. Exemple de méta-humour : « Un Anglais, un Irlandais et un Écossais entrent dans un bar. Le patron du bar les regarde et dit : « Quoi ? C’est une blague ? » »
Le comique d’observation, lui, consiste à révéler le ridicule ou l’absurdité d’un élément anecdotique qui aurait échappé à la plupart des spectateurs s’il n’avait pas été mis en lumière. Le plus souvent utilisé par les artistes de scène, il permet de prendre du recul sur des événements auxquels on est habitués et de se rendre compte du point auquel ils sont étranges quand on les regarde d’un œil neuf. Commençant souvent par « vous avez remarqué que » il peut être très utile pour dénoncer les intolérances ordinaires et démontrer leur ridicule. Exemple de comique d’observation : le sketch de Florence Foresti « cheffe d’entreprise ».
L’humour de référence est un type d’humour qu’on retrouve très souvent dans les webséries ou les films humoristiques familiaux. Comme son nom l’indique, il consiste à mettre une référence qui, bien souvent, n’a rien à voir avec le film, mais colle avec le sujet du moment. Ce type d’humour marche donc sur deux principes : le premier est de créer un décalage entre l’univers dans lequel le spectateur est plongé et celui qui « s’invite » un peu par surprise, et le second est de flatter le spectateur qui se sentira fier d’avoir reconnu la référence (surtout si cette dernière est un clin d’œil à des gens particulièrement initiés). Un film qui joue très souvent sur cette ficelle est « Astérix et Obélix mission Cléopâtre » dans lequel on retrouve aussi bien des références à Star Wars qu’à des publicités des années 90. Exemple d’humour de référence : les films Disney et Pixar qui font des clins d’œil à des productions antérieures du studio ou encore les films Hitchcock dans lesquels il apparaît systématiquement l’espace de quelques secondes en figurant (dans Les Oiseaux, l’homme qui sort de l’animalerie avec un lévrier en laisse).
Enfin, l’anti-joke consiste à faire de l’humour qui n’en est pas. Un peu dans la même veine que le méta humour, l’anti-joke table sur le fait qu’on s’attende à quelque chose de drôle pour créer le décalage et faire rire. Il s’agit de reprendre des formats d’humour ou de blague classique et de les terminer par une chute logique et descriptive à la place d’une fin absurde. Exemple d’anti-joke : Qu’est-ce qui est petit et vert ? Au vu de la diversité dans l’univers, beaucoup de choses.
Voilà donc une longue liste pleine de formes d’humour possibles et non-intolérantes. Tu vois, cher lecteur qui veux rire de tout, que ce n’était pas si compliqué. Et encore, je suis certaine que si tu cherches davantage, tu peux en trouver bien d’autres. Qui sait, tu pourrais peut-être même en inventer un jour, si ça se trouve ? J’ai confiance en toi.
En conclusion Ai-je besoin de préciser que, finalement, ces gens qui chouinent qu’on ne peut plus rire de rien quand on leur fait remarquer que leur humour est oppressif sont soit des personnes à l’imagination très limitée, soit des paresseux égoïstes qui n’ont pas envie de faire d’efforts pour faciliter la vie de leur prochain ? L’humour est riche. L’humour est vaste. Pourquoi se cantonner à quelques blagues intolérantes quand il est possible d’explorer et de révolutionner toujours un peu plus le genre ? Alors, soyez gentils, faites preuve d’imagination. Et arrêtez de vous faire passer pour plus bêtes que vous ne l’êtes, je sais que vous êtes capable de reconnaître les blagues intolérantes.
Ils ont écrit sur l’humour Une Heure de Peine – L’humour est une chose trop sérieuse… [x] Une Heure de Peine – …pour être laissée à des rigolos. [x] Une Heure de Peine – L’impolitesse du désespoir [x] Une Heure de Peine – Critique de la culture du troll [x] [x] Une Heure de Peine – Apologie de l’humour [x] Une Heure de Peine – Assumer son humour à la con [x] As Clemmie Wonder – Peut-on faire des blagues […] sans être un gros con ? [x] Je suis féministe – Oh ça va… C’est pour rire ! [x] Mauve Veillance – L’humour à propos des minorités sexuelles sans insulter [x] Les notes de Florent Verschelde – Ceci n’est pas du second degré [x] Les notes de Florent Verschelde – Pure provocation [x] A Contrario – Desproges et Coluche : Stop à l’instrumentalisation […] [x] Une sourde – Cher connard cynique [x] Commando Culotte – Pourquoi dire […] fait de vous une/e idiot/e ? [x] Le rire. Essai sur la signification du comique, par Henri Bergson : [x] Les sentiers d’Isatis – Sortir de sa boîte [x]
C’est pas de l’humour intolérant ! (À noter que certaines des personnes citées ont eu des comportements problématiques dans leur humour (ou ailleurs) mais que les liens donnés avec leur travail sont, eux, dépourvus d’humour intolérant, preuve que c’est possible, même si ce n’est malheureusement pas un systématisme pour chacun.) Tina Fey – Georges Carlin – Boulet – Aamer Rahman – Cha – Florence Foresti – Les Inconnus – Louis CK – Sinfest – Oglaf – Les céréales du dimanche matin – Plated Jeans – Salut les Geeks – Usul – Desproges – Coluche – Insolente Veggie – Gad Elmaleh – Hari Kondobalu – Alexandre Astier – Suricate – Wanda Sykes – Chescaleigh – Go get a roomie – François Pérusse [etc].
Merci à tous mes followers pour les liens, les idées, les références et tout et tout. Merci à Ali B. Cannard pour ses conseils sur les différents types d’humour. Et merci à Aries et Stéphanie pour la relecture et les critiques.
Myroie
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STEAK (2007) Avant le buzz de son étrange et conceptuel RUBBER (2010), le réalisateur/musicien Quentin Dupieux/Mr.Oizo nous avait préparé un certain STEAK, hélas mal annoncé via sa promo de “comédie populaire”, mettant en avant le duo d’humoristes Eric et Ramzy: le public français n’avait, à l’époque, pas du tout saisi le caractère absurde et décalé du long-métrage, s’attendant plus à un format classique qu’à autre chose. En raccord avec l’esprit de son réalisateur, STEAK joue avec les codes, cocasse, bête, et très drôle si vous saisissez ce quinzième degré d’humour, dont le secret réside évidemment dans le “n’importe quoi” pur et dur: attention, le film n’est pas juste couillon, Dupieux se faisant ambassadeur du genre avec une jolie maîtrise du matériau. En plus d’être critique envers les stéréotypes américains -la chirurgie esthétique-, STEAK dénonce l’idiotie de l’effet de groupe, la bande de ces “bad boys” improbables auto-nommés Chivers faisant directement écho à cette culture débile de voyous made in U.S.A., ici traitée avec une déraison finalement logique: ces lycéens stupides portent tous la même veste, boivent du lait -et non de la bière comme convenu-, et ne jurent que par les artifices physiques -préférant les poitrines siliconées aux naturelles-. STEAK diffuse aussi un humour noir, notamment avec le destin horriblement rigolo de Blaise, enfermé pendant sept ans dans un asile psychiatrique, accusé à tort d’un triple meurtre: pas très marrant dit comme ça, mais Dupieux sait y faire pour que le caractère atypique du long-métrage prenne le dessus sur ses situations normalement dramatiques. Ce que l’on peut voir avec STEAK, c’est surtout les talents filmiques de Dupieux, jouant avec habileté sur ses plans: esthétiques, équilibrés, l’homme derrière la caméra se fait plaisir via nombre d’angles de vue agréables à l’oeil, soutenant ce pot-pourri WTF à merveille. Exit donc la “comédie française” à la con du type Dubosc & Co., et adieu aux “vieux classiques” du Splendid, ou à l’humour des Nuls: Quentin Dupieux lorgne plus du côté des MONTY PYTHON (1969-2014), avec cette approche corrosive presque gratuite au premier abord, qui se révèle extrêmement bien faite et plus cérébrale et travaillée qu’à l’accoutumée. Presque visionnaire/avant-gardiste dans sa démarche d’amusement, STEAK ne sera sûrement jamais perçu à sa juste valeur, et même Dupieux en personne relatait à l’époque l’incompréhension des retours sur ce film différent, considéré à tort comme une comédie lambda, alors qu’il s’agit en effet plus d’un “film d’auteur” à teneur déconnante. Décalé tout comme le reste de sa filmographie, le long-métrage STEAK est pourtant ouvertement parodique, génial de par ses thématiques détournées: il suffit d’écouter les quelques pistes électro-zinzin composées pour l’occasion afin de se faire une idée de cet OVNI sorti trop tôt pour les spectateurs “normaux”, pépite d’absurdité pour les esprits plus “ouverts”. Le caméo de Dupieux dans STEAK illustre à la perfection ce film à part, qu’on vous laisse découvrir par vous-même: encore une fois, le libre-arbitre a son mot à dire. Nous, on a aimé. Et vous? TRANCHE DE RIRE /20
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Collective book report (Français) by Manon Garandeau, Laura Griffin, et Bianca Pitre, Traduction de Manon Garandeau
Not That Kind of Girl: A young woman tells you what she’s “learned” LENA DUNHAM, 2014 Random House, New-York, NY 288pp, 978-0-385-68067-7, Joana Avillez (Illustrator), $32 (hardcover)
Sexpowerment: le sexe libère la femme (et l’homme) CAMILLE EMMANUELLE, 2016 Editions Anne Carrière, Paris 240pp, 978-2-843-37768-6, €18 (paperback)
Sex Object JESSICA VALENTI, 2016 Dey Street Books, New York, NY 224pp, 978-0-062-43508-8, $31.99 (hardcover)
« On ne nait pas femme, on le devient » souligne Simone de Beauvoir en 1949 dans Le Deuxième Sexe (267). Soixante-dix ans plus tard, jouissant des acquis de la Révolution Sexuelle tels que l’indépendance financière, la tolérance envers les communautés LGBTQ, la contraception et l’avortement, les femmes semblent avoir le pouvoir sur leur propre vie sexuelle. Cependant, au 21e siècle, trois jeunes femmes, Lena Duham (USA), Camille Emmanuelle (France) et Jessica Valenti (USA) remettent en question l’existence de cette apparente liberté dans « un monde qui méprise les femmes » (Valenti 2). Ces trois féministes pro-sexes s’appuient sur leur vécu et leurs réflexions afin de montrer la façon dont leur vie sexuelle influence la construction de leur identité– des insultes sexistes au slut-shaming [« intimidation des salopes » en français] en passant par la découverte du plaisir clitoridien. En clair, elles revendiquent toutes trois l’importance d’une sexualité libérée afin d’harmoniser les relations homme-femme.
Emmanuelle rappelle que le féminisme pro-sexe est un mouvement né aux Etats-Unis dans les années 1980 qui tente de prouver que « la sexualité n’est pas uniquement pour les femmes une zone à risques, mais un levier d’émancipation et d’autonomisation » (21). Dès lors, comment ce courant féministe peut-il subsister dans une société contemporaine patriarcale qui fait l’éloge d’un corps féminin hypersexualisé et qui rejette le blâme sur des femmes qui assumeraient pleinement leur sexualité ? Relatant les souvenirs glauques de sa vie new-yorkaise – des frotteurs et des exhibitionnistes lors des trajets en métro en passant par des emails accusateurs sur ses pratiques sexuelles – sur un ton des plus satiriques, Valenti révèle l’oppression qu’elle a connue et l’impact que cela a eu quant à la formation de son identité de femme . Elle en vient à se demander : « qui serais-je si je ne vivais pas dans un monde qui méprise les femmes » (Valenti 2). Dunham a un avis similaire à celui de Valenti et dénonce l’enracinement d’attentes liées au genre qui contribuent à la stigmatisation des femmes. Par exemple, ces dernières sont vivement critiquées lorsqu’elles choisissent d’avoir plusieurs partenaires sexuels ou encore lorsqu’elles refusent de rentrer dans le moule de la parfaite femme au foyer. Emmanuelle confirme la présence de cette tendance Outre-Atlantique et déplore également la montée de mouvements politiques et religieux extrêmes (Le Front National, Les Précurseurs, La Manif Pour Tous) dans une France qui a tendance à « se tourner vers des ‘‘valeurs sûres’’ : le couple (hétéro) et la famille » (177). Ces mouvements encouragent dangereusement l’homophobie et entretiennent une image rétrograde de la femme, ce qui n’est pas sans conséquences quant à l’appropriation et l’affirmation du genre, non seulement pour les femmes, mais aussi pour les hommes qui aimeraient fièrement assumer leur part de féminité.
Dans un monde qui mène la vie dure aux femmes, il est attendu de ces dernières qu’elles soient vierges et innocentes. Lorsqu’elles décident d’aller à l’encontre de cette norme, elles sont considérées comme des salopes. Le slut-shaming peut être utilisé comme moyen de pression. Il est donc difficile pour les femmes d’assouvir librement leurs désirs sexuels sans lourdes conséquences. Pourtant, Dunham, Valenti et Emmanuelle expriment cette envie, ce besoin viscéral. Emmanuelle expose les difficultés rencontrées par celles qui cherchent à revendiquer leur liberté sexuelle. « Parfois, pour être honnête, je couche aussi par solitude, ou par besoin de me prouver que je peux encore séduire» (121) confie la journaliste française. Dunham la rejoint sur l’idée que les rapports sexuels peuvent être source de renforcement de l’estime de soi et du pouvoir de séduction. En somme, une femme a de multiples raisons de vouloir faire l’amour mais cela doit-il justifier le slut-shaming ? Emmanuelle évoque la notion de « walk of shame » [« la marche de la honte » en français] (122) : il s’agit du « trajet d’une jeune femme, le matin, entre l’appart du mec avec qui elle a couché la veille et son propre appart » (Emmanuelle 122). La féministe française dénonce non seulement le rejet du blâme sur la femme, et non sur l’homme, mais aussi l’existence du « stigmate de la salope » (Emmanuelle 124) qui traduit la manière dont la société juge l’anticonformiste qui cherche ni plus ni moins à assumer sa sexualité telle un homme, autrement dit coucher sans répercussions sur sa vie sociale. Malheureusement, les femmes paient le prix fort de cette liberté, notamment lorsqu’il est question de leur réputation. Valenti a pu découvrir à ses dépens que le harcèlement sexuel n’arrive pas seulement lors d’une conversation en face-à-face – comme par exemple lorsque Kyle, son plan cul, lui hurle à la figure : « tu n’es qu’une putain de chienne… Je ne veux rien avoir à faire avec des putes ! » (Valenti 104) – mais aussi en ligne, de manière anonyme. Par exemple, en avril 2012, la féministe américaine a reçu des emails injurieux relatant qu’ « elle ne méritait que d’être bâillonnée et que les femmes ne sont bonnes qu’à être baisées et à être jetées après usage puisqu’elles ne sont que des ‘‘ chattes ambulantes’’ » (Valenti 199).
Il est grand temps de redorer le blason de la femme méprisée et de faire l’éloge du féminisme pro-sexe. Dunham, Emmanuelle et Valenti affirment leur volonté de déconstruire les stéréotypes genrés enracinés dans cette société patriarcale et de prouver que « le sexe est émancipateur » (Emmanuelle 15). Selon Dunham et Emmanuelle, la liberté réside dans la capacité à disposer de son corps et de sa sexualité. Comme Emmanuelle le montre si bien, parmi la nébuleuse de pornos existante, les pornos queer et féministes tirent leur épingle du jeu en véhiculant l’image d’une femme forte et indépendante qui maîtrise parfaitement sa vie sexuelle (56). De plus, la sexualité est un terrain qui permet aux femmes de s’émanciper des normes sociales et même de renverser les rapports de pouvoirs traditionnels (Emmanuelle 134). Cela explique notamment pourquoi la liberté sexuelle peut apparaître comme « politiquement incorrect[e] » (Esther Perel cite in Emmanuelle 134). Dunham partage ce point de vue : la liberté sexuelle est le fruit de l’appropriation et de la maîtrise du corps. Lors du tournage de sa série Girls (HBO 2012-2017), dans laquelle elle tient l’un des rôles principaux, l’actrice américaine était enthousiasmée à l’idée de révolutionner la représentation du sexe, aussi bien sur le petit écran que dans les films pornographiques. « Du porno aux comédies à l’eau de rose, nous avons l’impression de faire la chose complétement de travers » (Dunham 103) reconnait la jeune femme. Exposant son corps potelé dans des scènes de sexe, la scénariste et actrice américaine propose non seulement une version plus réaliste de la sexualité mais prouve aussi que son corps lui appartient et qu’elle en connait le fonctionnement : « Si je fais tout ça c’est parce que mon boss me l’a demandé. Et le boss c’est moi. Lorsqu’on se retrouve nue c’est jouissif de maîtriser son corps » (Dunham 103). Valenti est sur la même longueur d’ondes lorsqu’il est question de l’appropriation du corps des femmes. Connue sur le pseudonyme « Valentitty » (53), la féministe américaine utilise sa plantureuse poitrine comme symbole d’empowerment ce qui lui permet, au passage, de dissimuler un sentiment d’insécurité liés aux réactions que suscite son physique. Valenti a longtemps été victime de sexisme et de harcèlement sexuel. C’est pour cela que la mise en valeur de ses attributs féminins peut être perçue comme un pied de nez au patriarcat.
Malgré des améliorations concernant l’acceptation de l’égalité des genres, ces trois auteures sont conscientes du chemin qu’il reste à parcourir avant que les femmes ne jouissent des mêmes droits que les hommes. Lorsqu’il est notamment question de sexualité féminine, la société patriarcale actuelle prend un malin plaisir à faire payer aux femmes le prix fort pour oser vivre librement leur vie sexuelle – qu’elles enchaînent les coups d’un soir ou qu’elles décident de ne pas avoir d’enfants. Le slut-shaming est l’un des nombreux fardeaux sexistes que les femmes doivent supporter et cela peut avoir un sérieux impact sur la construction de leur identité et sur l’estime de soi. Toutefois, les féministes pro-sexes revendiquent la sexualité comme un puissant outil d’empowerment. S’ils prenaient pleine possession de leurs corps, et par conséquent de leur vie sexuelle, les femmes, mais aussi les hommes, tordraient le cou aux stéréotypes sexistes. Ils pourraient ainsi jouer avec les codes du genre et donner naissance à « un ‘‘post-genre’’, féminin et masculin » (Emmanuelle 14). En son temps, Simone de Beauvoir faisait remarquer : « N'oubliez jamais qu'il suffira d'une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant » (cite in Monteil 242). Le combat mené par ces trois féministes pro-sexes (Dunham, Emmanuelle, Valenti) est la preuve que les luttes féministes du passé ont un impact sur les jeunes générations et qu’un jour, la femme sera l’égal de l’homme.
Manon Garandeau, Laura Griffin, and Bianca Pitre (1 202 mots pour l’original) Traduction en Français par Manon Garandeau (1 490 mots)
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Lundi 25 septembre 2017
JLG, d’une révolution l’autre
Jean-Luc Godard aura toujours été un révolutionnaire. Dès ses premiers films et notamment avec A bout de souffle, Pierrot le Fou et Le Mépris, il a par son style cinématographique, par ses dialogues, son travail sur le son, l’image et le montage renouvelé et transformé l’esthétique cinématographique. Puis avant et après La Chinoise, à la fin des années 60, il s’est engagé dans la révolution politique et culturelle maoïste et a épousé Anne Wiazemski, petite fille de François Mauriac.
C’est en s’inspirant librement de deux livres d’Anne Wiazemski publiés plus de 40 ans après leur séparation (Une année studieuse, 2012 et Un an après, 2015) que le cinéaste Michel Hazanavicius a réalisé le film Le Redoutable, toujours sur les écrans. Louis Garrel interprète le Jean-Luc Godard de ces années d’avant et après mai 68 et Stacy Martin Anne Wiazemski. Je ne suis pas critique de cinéma et je n’en ferai pas une critique. Mais je vous incite à aller le voir. Vous pourrez alors ressentir ce film comme la majorité des journalistes de la rubrique spectacles des journaux et médias audiovisuels. Pour illustrer ce prisme, cette lecture, je me référerai à l’édito d’une amie, Dominique Poncet, qui a assumé avec talent et rigueur dans la rubrique culture de France 3 le suivi des spectacles et manifestations culturelles. Elle a créé son blog Grain de Sel que je vous recommande. Elle a vu dans Le Redoutable «un hilarant portrait de Jean-Luc Godard, un pastiche d’un cinéaste intello mythique… un personnage de comédie burlesque», relevant «un ton blagueur et irrévérencieux… la loufoquerie de ce personnage aussi myope que naïf.» Une analyse qui correspond certes à de nombreuses scènes du film et peut-être aux intentions du réalisateur, que Louis Garrel semble de par ses déclarations ne pas totalement partager. J’en ai une autre lecture qui repose notamment sur certaines fulgurances de Godard rapportées par Anne Wiazemski. Je n’en citerai que quelques unes en attendant de pouvoir lire un jour tous ces aphorismes redoutables et étonnants que Jean-Luc Godard nous aura apportés pendant plus de 50 ans. «Tous les artistes devraient mourir à 35 ans pour ne pas devenir de vieux cons» ; «J’ai toujours su qu’elle partirait (au début de sa rencontre avec Anne Wiazemski)» ; «Ce qui m’intéresse, c’est ce que les autres ne font pas» ; «À quoi ça sert d’avoir inventé le cinéma parlant, si c’est pour ne jamais rien dire» ; «Être pour le contre» ; «La France va vouloir marcher pieds nus» ; «La publicité, c’est du fascisme.» Pour être sinon complet, du moins honnête autant qu’on puisse l’être, il y a aussi cette phrase regrettable, odieuse, prononcée en amphi à propos des juifs au nom de la défense des palestiniens. C’est ce qui fait la complexité, la richesse, les contradictions de ce créateur à plusieurs facettes, comme c’est le cas de la plupart des grands cinéastes. Ce n’est pas un hasard si lorsqu’il déclare que Godard n’existe plus, qu’il dénonce ses films précédents, jugés trop bourgeois, il estime qu’il ne faudrait conserver que les films comiques burlesques comme ceux des Marx Brothers et de Laurel et Hardy. On retrouve bien cette attirance pour les personnages de comédie burlesque (comme celui qu’il a joué avec Anna Karina). Mais la comédie vire parfois à la tragi-comédie. Sa tentative de suicide après la rupture avec Anne Wiazemski n’était pas vraiment hilarant. À la fin de son texte dans Grain de Sel, Dominique Poncet indique que Jean-Luc Godard est aujourd’hui catalogué comme «intello chiant». C’est sans doute vrai venant de toutes celles et tous ceux, très nombreux, qui n’ont pas son talent, sa culture, son «génie», pour autant que ce terme puisse encore avoir un sens dans le monde dans lequel nous vivons. Quand l’ai eu la chance, le bonheur de rencontrer Jean-Luc Godard en 1988-1989 lorsque j’étais directeur général de LA SEPT (avant la création d’ARTE), ce n’est pas avec un intellectuel chiant que j’ai pu échanger, dialoguer, projeter. C’était avec l’auteur de son Histoire(s) du Cinéma, œuvre majeure, révolutionnaire non seulement pour la cinéphilie, mais pour toutes celles et ceux qui s’intéressent à l’esthétique du cinéma, au langage, à la musique de la langue, à l’image, à l’imaginaire. Quand je lui avais demandé ce qu’il aimerait faire pour la télévision (en l’espèce la Société Européenne des Programmes de Télévision), il avait évoqué une mise en scène d’une pièce de Racine. Sans doute une des plus belles langues «musicales» des passions et des conflits entre l’amour et le pouvoir. 20 ans avant, il aurait dit si l’on en croit les confidences d’Anne Wiazemski reprises dans Le Redoutable, que pour les histoires d’amour il y avait François Truffaut. On peut évidemment se moquer de Jean-Luc Godard. Mais sans pouvoir atteindre les sommets de son auto-critique, de sa faculté créatrice d’auto-dénigrement, d’auto-destruction.
Jean-Loup ARNAUD
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