#l’immanence des vérités
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« L’Amérique n’est ni un rêve, ni une réalité, c’est une hyperréalité. C’est une hyperréalité parce que c’est une utopie qui dès le début s’est vécue comme réalisée. Tout ici est réel, pragmatique, et tout vous laisse rêveur. Il se peut que la vérité de l’Amérique ne puisse apparaître qu’à un Européen, puisque lui seul trouve ici le simulacre parfait, celui de l’immanence et de la transcription matérielle de toutes les valeurs. »
Jean Baudrillard, Amérique (1986)
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Dans la sexualité, l'objet de l'homme n'est rien d'autre que le fantasme lui-même, auquel aucune femme réelle ne peut correspondre, chaque femme dans son unicité s'en trouvant de facto annihilée, car précisément trop réelle…
La sexualité est une tentative désespérée de maintenir à flot le monde infernal des fantasmes, qui n'est en vérité rien d'interdit ou d'insensé, mais simplement une réponse immédiate à l'enfer de l'existence elle-même: être vivant et être incapable de savoir comment répondre autrement à l'énigme que c'est d'être en vie...
Si les religions s'opposent pour la plupart à la sexualité, ce n'est pas parce qu'elle fait exploser en nous les impulsions les plus basses, mais parce qu'une sexualité épanouie représente pour la religion une concurrence directe sur le plan métaphysique primordial: les amoureux n'ont nul besoin de dieux pour éprouver la transcendance au sein même de l’immanence...
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Il m’a toujours semblé absurde de prétendre que Descartes commençait par le doute radical. Dans le livre, Méditations métaphysiques, certes ! Mais dans le processus réel de construction de ses concepts, il est évident qu’il a commencé par acquérir une connaissance intime des opérations mentales de la mathématique contemporaine, qu’il a discuté dès son plus jeune âge l’enseignement scolastique et les preuves traditionnelles de l’existence de Dieu, qu’il connaît les courants libertins et sceptiques, et ainsi de suite. C’est par là qu’il commence à philosopher. L’ordre dit « des raisons » que nous connaissons et apprécions relève de la mise en forme singulière du système, tel qu’il émerge peu à peu d’un désordre inaugural fécond, où se mêlent toutes sortes de conditions de pensée liées à l’époque. Il est tout à fait certain qu’un naïf, qui croirait que « commencer par le doute », en ignorant tout le reste, est non pas un artifice didactique, mais une épreuve inaugurale auto-suffisante, stagnerait dans ledit doute indéfiniment. Fort peu cartésien quant aux procédures fictives du commencement, ce livre – dont le but est d’établir l’immanence de l’absolu dans la guise de vérités singulières – débute, au plus loin du doute, par la nécessité, plutôt hégélienne, d’assumer l’existence pour la pensée d’un référent dont il sera raisonnable d’assumer qu’il est absolu.
Badiou, Immanence des verites
This is the best description of the worst method imaginable (Badiou’s epistemological stagflationary research program).
17/4/23
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Keith Green - Create in me a clean heart (with subtitles)
L'Esprit de vérité met l'accent sur la pureté et la droiture afin que nous marchions tous dans la vraie sainteté et crainte de l'Éternel.
« C'est pourquoi, Sortez du milieu d'eux, Et séparez-vous, dit le Seigneur ; Ne touchez pas à ce qui est impur, Et je vous accueillerai. Je serai pour vous un père, et vous serez pour moi des fils et des filles, dit le Seigneur tout-puissant. Ayant donc de telles promesses, bien-aimés, purifions-nous de toute souillure de la chair et de l'esprit, en achevant notre sanctification dans la crainte de Dieu. » (2 Corinthiens 6:17-18 et 7:1)
♥ ♥ ♥
(Psaume 51 : Psaume de retour à Elohim) Confession et restauration de David
Au chef de musique. Psaume de David. Lorsque le prophète Nathan vint à lui après que David fut allé vers Bath-Shéba.
Use de grâce envers moi, ô Dieu, selon ta bont�� ! Selon la grandeur de tes compassions, Efface mes transgressions ! Lave-moi pleinement de mon iniquité
Et purifie-moi de mon péché ! Car moi, je reconnais mes transgressions Et mon péché est continuellement devant moi. Contre Toi, contre Toi seul, j'ai péché Et j'ai fait ce qui est mal à tes yeux, De sorte que tu seras justifié quand tu parles, Trouvé irréprochable quand tu juges. Voici, je suis né dans l'iniquité et ma mère m'a conçu dans le péché. Voici, tu veux la vérité dans l'homme intérieur Et tu me feras comprendre la sagesse dans le secret [de mon cœur]. Purifie-moi du péché avec de l'hysope et je serai pur ! Lave-moi et je serai plus blanc que la neige ! Fais-moi entendre l'allégresse et la joie, Et les os que tu as brisés se réjouiront. Cache ta face loin de mes péchés et efface toutes mes iniquités ! Crée en moi un cœur pur, ô Dieu, Et renouvelle au-dedans de moi un esprit affermi ! Ne me renvoie pas loin de ta face et ne m'ôte pas ton Esprit saint ! Rends-moi la joie de ton salut Et qu'un esprit de bonne volonté me soutienne !
J'enseignerai tes voies aux transgresseurs Et des pécheurs reviendront à toi. Délivre-moi de la culpabilité du sang versé, Ô Dieu, Dieu de mon salut ! Ma langue acclamera ta justice.
Seigneur, ouvre mes lèvres et ma bouche annoncera ta louange !
Car tu ne prends pas plaisir aux sacrifices, autrement j'en donnerais ; L’holocauste ne t'est pas agréable. Les sacrifices de Dieu sont un esprit brisé. Ô Dieu, tu ne mépriseras pas un cœur brisé et humilié !
Dans ta faveur, fais du bien à Sion ! Construis les murs de Jérusalem ! Alors tu prendras plaisir aux sacrifices de justice, A l'holocauste et au sacrifice [qu'on brûle] tout entier. Alors, on offrira des taureaux sur ton autel. “
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Create In Me by Margaret Becker
Dans toute la Bible, Dieu appelle ceux qui lui appartiennent. Déjà dans la Genèse, après la faute d’Adam, Il lui disait :
“Où es-tu ?” (Genèse 3:9)
On a parfois de la difficulté à croire que Dieu nous appelle :
“ Qu'est-ce que l'homme, pour que tu fasses tant de cas de lui, pour que tu lui portes tant d’attention ? “ (Job 7:17 et Psaume 8:4)
Le défi spirituel de l’homme est non seulement d’entendre Son Appel, mais d’y répondre : connexion entre la transcendance et l’immanence.
Revenons à Lui pendant qu’il est encore temps.
“Revenez à YHWH, votre Elohim; Car il est plein de grâce et miséricordieux, Lent à la colère et grand en bonté.” (Joël 2:13)
“Je ne ferai pas peser sur vous un visage irrité, car je suis bon, dit YHWH ; Je ne garderai pas ma colère à toujours.” (Jérémie 3:12)
“Revenez à moi de tout votre cœur.” (Joël 2:12)
“REVENEZ DONC et VIVEZ” (Ézéchiel 18:32)
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“Thought is here under the sole protection of the future that it invents.”
L’immanence des vérités
Alain Badiou
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[...] As usual, the question which arises here is that of knowing why Hegel rules out a further dialectical twist, which would be the abolition of this abolition in a new form whereby art would constitute the total deployment of its already existing resources, in a figure of representation whose content would gradually accumulate the henceforth timeless destiny of a more or less absolute art. This new art would then be the final art, not because the absolute would only manifest itself here negatively, but, on the contrary, because it would manifest itself in the total mobilization of the registers of representation. It would be at one and the same time architecture, sculpture, painting, and dramatic poetry, drawing the history of art to a close not through the negative pirouettes of comedy, but with the attendant anxiety and seriousness of a redemptive totalization. [...] This in no way means that we should not take into account the unprecedented historical context surrounding cinema. The age of cinema—our age—is, after all, simultaneously that of the global rise and provisional triumph of capitalism, and of the invention and the very first experimentations with its opposite, communism. Speaking partly in my own language, Hegel would say that the historical index of our era lies in all the signs it exhibits which indicate that its unique truth is to be found in the communist promise it confers, more or less liberally, according to the sequences of its troubled history. To this end, I would argue that cinema is an art of the age of a fundamental contradiction between capitalism and communism. This is the contradiction of which Hegel, who died just before Marx declared it to be constitutive of our historical world, remained unaware. And doubtless it is what limited every aspect of his thought that touched on History. It is also what compelled the great dialectician Marx to “overturn” Hegel, even while continuing his work. Is cinema and its digital offshoots, an artistic-industrial complex of capitalism? Yes, most assuredly. But it is also a question of what, in the absolute movement of art—in the artistic truth-procedure that is cinema—subjectively overcomes its industrial essence, and will eventually destroy once and for all, in the order of politics, that for which Hollywood stands as the divided emblem. [...] Let us conclude with a formula: the index of every eternal cinematographic work today is the visual communism it possesses, perhaps unwittingly, perhaps, even, spitefully.
Badiou, “L’immanence des vérités.”
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« We commonly write today: ‘the Frenchman think...’ and we call upon the consequences of the expressed democratic thought, only because a survey establishes that 51% of the said Frenchman have the same opinion on a determined subject. The most striking is that none seem to realize the double ridicule of this formula. First, ‘Frenchman’ does not constitute any Subject, and so ‘Frenchman’ does not think anything. Second, in no domain of true thought can we settle a question on the majority. We see that what is underlied is a finite conception of political determination, under the law according to which the only just ‘politics’ is the one that regulates a complete relativism. In these conditions, ‘political’ consciousness is nothing but the waste left by the supposed death of all absoluity, that is relativism itself. » Badiou, L’immanence des vérités, 98-99)
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Compte rendu de L'IMMANENCE DES VÉRITÉS 
Compte rendu de L’IMMANENCE DES VÉRITÉS 
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« L’Amérique n’est ni un rêve, ni une réalité, c’est une hyperréalité. C’est une hyperréalité parce que c’est une utopie qui dès le début s’est vécue comme réalisée. Tout ici est réel, pragmatique, et tout vous laisse rêveur. Il se peut que la vérité de l’Amérique ne puisse apparaître qu’à un Européen, puisque lui seul trouve ici le simulacre parfait, celui de l’immanence et de la transcription matérielle de toutes les valeurs. »
Jean Baudrillard, Amérique (1986)
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Compte rendu de L'IMMANENCE DES VÉRITÉS 
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«JE SUIS SHINGO», CŒUR ARTIFICIEL
Ce monument du manga signé Kazuo Umezu met en scène l’éveil à la conscience d’un bras mécanique, incarnation de la passion de deux enfants.
Que se passe-t-il lorsqu’un grille-pain veut voir le monde ? Quand à force de le féliciter pour la manière qu’il a de si bien dorer les toasts, il accède à l’immanence, cet état par lequel la conscience fait un retour sur elle-même et se sait exister. Quand le grille-pain se prend pour un «je» et pense un «maintenant». C’est à cet examen que se livre Kazuo Umezu lorsqu’il imagine un toaster en quête de sensations ou, plus précisément, un ordinateur chez qui naît un désir transcendantal d’être au monde et de retrouver ses parents. Chef-d’œuvre de la BD japonaise récemment adapté en comédie musicale par Philippe Découflé ,
Je suis Shingo paraît en 1982, et trente-cinq ans plus tard en France, alors que l’informatique personnelle n’en est qu’à ses balbutiements et devient un symbole de modernité accessible. Tron arrive sur les écrans, bientôt suivi de Wargames. Dans chacune de ces fictions, l’écran aliène ou devient un nouveau théâtre guerrier. Umezu, lui, fait le choix inverse et cherche les bribes d’humanité dans les boulons, le «ghost» dans la machine. «Je suis Shingo se termine par les lettres A et I, soit les initiales de l’intelligence artificielle, mais aussi le mot ai qui, en japonais, veut dire "amour"»,expliquait-il en avril au magazine Atom.
Je suis Shingo met en images la rencontre entre un garçon d’une dizaine d’années, Satoru, et le robot que l’entreprise de son père installe sur ses chaînes de montage. Tout à ses rêves de fulguropoing, le gamin est atrocement déçu en ne découvrant qu’une triviale boîte métallique munie de pinces, destinée à usiner des pièces de moteur. Le choc devrait anéantir ses illusions mais renforce au contraire sa fascination, au point qu’au contact de son père, chargé de surveiller la bête, Satoru apprend à découvrir sa logique et pose les bribes d’un langage commun, nommant pour lui les formes du monde sensible. Lors de ses excursions à l’usine, le garçon rencontre Marine, venue en visite scolaire, tout aussi fascinée par Shingo le robot. Ils tomberont éperdument amoureux et couveront la machine comme des parents le font avec un enfant, au point qu’elle finira par devenir un totem de leur passion.
La naissance de Shingo, son basculement du savoir cognitif (on le nourrit de connaissances) vers une conscience phénoménale (elle apprend à se nourrir seule) s’opère par contamination, Umezu laissant une voix à la première personne pirater le récit afin de témoigner de l’apparition de cette chambre d’écho subjective. La machine pense alors : «C’était en 1982, un jour du début de l’ét��, et de l’autre côté de la fenêtre les feuilles vertes sur les arbres frémissaient au vent.» Un éveil phénoménologique tout japonais dans son ineffable fragilité mais surprenant pour qui connaît Umezu, dans la mesure où l’auteur appartient plutôt au Japon frondeur et populaire qui préfère les larmes, les fantômes et la farce à la quête de sens.
A mesure que se tisse un lien intime entre Satoru et Shingo, l’auteur insère dans les bulles de pensée du garçon une trame en forme de labyrinthe. Motif que l’on retrouvera à l’identique lorsqu’il représente le cheminement intérieur de l’esprit de l’unité centrale. Via ce goutte-à-goutte pictural s’immisce l’idée qu’une transcendance est possible, que, même privé de jambes, le grille-pain courra bientôt le monde. Umezu organise une porosité entre organique et numérique qui culmine dans ce tome (la série en compte six) lors du premier baiser entre Satoru et Marine, la scène étant donnée à voir depuis le balcon de la chambre du garçon, à travers le cadre d’une moustiquaire qui pixellise l’image.
C’est la vue du lecteur omniscient qui se trouble, en écho au «Je suis Shingo» proclamé dans le titre comme on disait «Je suis Charlie». Dans cet effondrement des frontières de l’artificialité, les émotions deviennent de subtiles lignes de code qui appellent un déchiffrement, et la destruction d’une machine par un ouvrier rendu inutile prend l’aspect d’un meurtre brutal où l’unité centrale se vide de sa connectique comme Steve Buscemi perd son sang dans Reservoir Dogs.
Si Shingo fait figure d’accalmie dans la carrière du vieil auteur (Umezu a 80 ans), on y observe des retours viciés à l’horreur, dont il a fait les beaux jours avec l’Ecole emportée .Une fois encore, le mal se niche au cœur de la famille, entre-soi despotique qui étouffe la flamme de Satoru et Marine, leur passion étant jugée trop dévorante pour être convenable. Tandis que le père de Satoru est dépeint comme macho, alcoolo et flemmard, sa mère ne se soucie guère de son enfant. Chaque action rapproche un peu plus le gamin de la vérité : le cocon va s’effondrer sur lui-même et révéler le vrai visage de la cellule familiale : une prison.
Formidable créateur d’images, dont l’impact a été décisif sur des cinéastes comme Kiyoshi Kurosawa, Umezu glisse dans les interstices de Shingo des planches sans rapport direct avec la narration. Un garçon et une fillette anonymes s’y promènent gaiement le long de lignes de chemin de fer tordues tandis qu’une supernova dévore les cieux ; ils se croisent et se tendent la main le long des escalators d’un centre commercial désert ou sont convertis en lignes géométriques évoquant les mondes carrelés du plasticien Jean-Pierre Raynaud… Des visions de ruines autant que des tableaux d’un amour que les enfants auraient gardé rien que pour eux, substitué au regard prédateur des adultes.
Marius Chapuis
Je suis Shingo (tome 1 sur 6) de Kazuo Umezu, le Lézard noir, 380 pp., 21 €.
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AU-DELÀ DES ÉTOILES – Le paysage mystique de Monet a Kandinsky,
au Musée d’Orsay.
Un parcours riche et pertinent pour faire le récit du message spirituel qui anime tout un pan des motifs de la peinture impressionniste et symboliste, voire abstraite.
Des paysages, des arbres, des vagues, des étoiles dans la nuit, des couchers de soleils, des formes fluides, des contenus très symboliques et des couleurs profondes pour sonder l’âme dans sa phase contemplative et la faire chuchoter avec l’au-delà.
Heidegger parlait d’un art dont l'essence est l'aletheia: le dévoilement d'une certaine vérité, pour des œuvres qui prennent la dimension d’une véritable révélation. Ce terme cher aux symbolistes, devient le fil conducteur qui dit la transversalité de cette scénographie en cinq temps. Il y a quelque chose de l'ordre de la conversation intime avec certains tableaux; tout se passe comme si le projet visait à rétablir la sérénité intérieure du spectateur.
Au XIXe siècle, il n’existait pas d’appareil photo pour fixer à coups de millions de pixels la lumière crépusculaire, encore moins de filtres pour faire ressortir les nuances de la luminosité éblouissante d’un soleil à midi. Pourtant les artistes n’ont cessé de s’attacher à reproduire les éclats de lumière qui illuminent les journées ; tout comme les peintres ont toujours été inspirés par cette «sombre clarté qui tombe des étoiles».
Munch, Van Gogh, Odilon Redon -pour des pièces magnifiques et peu connues-, mais aussi des peintres à découvrir ou à approfondir comme Paul Serusier, Maurice Denis, Émile Bernard et bien d'autres.
L'élévation vers l'infini, l'épreuve de la nuit, la quête de spirituel, la recherche de fusion de l'individu dans le tout, l'expérience des forces transcendantes de la nature : ces situations, à la fois sensibles et très métaphysiques, recherchées ou éprouvées tant par le peintre de paysage que par le spectateur de ses œuvres, s'apparentent aux étapes du cheminement mystique.
Une exposition riche en suggestions et en découvertes, faite de cette matière dont on nourrit les rêves et les espoirs. La cime des montagnes, la forêt, la mer, la brise et la tempête, autant de façon de scruter les profondeurs de l’immanent pour y puiser quelque chose de transcendant.
L'artiste est un prophète, « la nature et les arbres parlent en lui », disait Victor Hugo, cela résonne dans les poèmes de père celui qui consacre Léopoldine, l’écho se prolonge à l’infini et avec une force exceptionnelle dans ces peintures qui sont le paysage et l'horizon de sensibilité de tout le 20ieme siècle.
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http://www.laviedesidees.fr/La-tendre-indifference-du-monde.html
La tendre indifférence du monde À propos de : Laurent Bove, Albert Camus. De la transfiguration – Pour une expérimentation vitale de l’immanence, Publications de la Sorbonne par Marylin Maeso , le 19 février 2015
http://www.laviedesidees.fr/La-tendre-indifference-du-monde.html
Dans une étude novatrice, qui redonne toute leur place aux écrits de la première période, Laurent Bove propose de voir en Camus un penseur de l’immanence et de l’acquiescement à la joie du monde. Cette lecture donne tout son sens à la réflexion de Camus sur l’histoire, mais tend à effacer les ruptures d’une œuvre en perpétuelle tension.
Recensé : Laurent Bove, Albert Camus. De la transfiguration – Pour une expérimentation vitale de l’immanence, Publications de la Sorbonne, collection « La philosophie et l’œuvre », Paris, 2014. 168 p., 19 €.
Il est commun de situer le point de départ de la philosophie camusienne dans la prise de conscience du non-sens de l’existence (Le mythe de Sisyphe serait en cela son premier texte proprement philosophique, illustré par ses pendants littéraires que sont Caligula et L’étranger), et de voir dans la révolte la thématisation d’un dépassement, d’une sortie hors de l’absurde dont Camus dit qu’il ne peut être qu’un seuil où nul ne saurait demeurer. Telle serait la philosophie camusienne : une fêlure tragique qui se retourne en force, un divorce d’avec le monde qui débouche sur une fraternité universelle rendue manifeste par la révolte. Dans une telle optique, on ne saurait voir dans L’envers et l’endroit et dans Noces, textes qui dépeignent la beauté solaire de l’Algérie et les lieux chéris de l’enfance, autre chose que des essais littéraires où l’auteur s’adonne à la jouissance et la contemplation insouciantes, en-deçà ou au-delà de toute réflexion philosophique. C’est contre une telle interprétation binaire que s’inscrit le livre de Laurent Bove, qui est décisif en ce qu’il dégage un fil conducteur philosophique qui irrigue l’ensemble de l’œuvre de Camus dès les premiers écrits. Il ne s’agit pas pour autant de rajouter une philosophie de jeunesse aux deux grandes étapes (l’absurde et la révolte) que l’on reconnaît ordinairement dans la philosophie de Camus, mais plutôt de dégager un même souffle philosophique qui traverse toute l’œuvre, de L’envers et l’endroit au Premier Homme, et qui nourrit les thématiques centrales de l’œuvre de Camus : l’absurde, la révolte, l’amour.
Camus, penseur de l’immanence
Il y a dans les écrits de Camus, selon Laurent Bove, un « processus subversif de la puissance immanente » (p. 14), subversif en ce qu’il déconstruit les chimères engendrées par le désir asservi à un objet – par exemple, l’amour qui cristallise l’être aimé en un sujet façonné par l’imagination, ou celui qui identifie le corps de l’autre à un objet que l’on peut posséder et exploiter pour sa propre jouissance – pour élaborer une pensée de l’être-au-présent révélant la vérité des corps et de la sympathie qui les unit, vérité charnelle qui, comme eux, « doit pourrir » (p. 49). Cette philosophie de l’immanence, traduisant et célébrant un monde du « c’est ainsi » dont Laurent Bove ne manque pas de relever les accents spinozistes, se trouve déclinée au fil des œuvres à travers le motif d’un Christ déthéologisé qui, « du Christ-Ressuscitant de Piero della Francesca à la transfiguration dans L’Homme révolté, en passant par le personnage de Meursault, ce ‘‘seul Christ que nous méritions’’, expérimente et parcourt le plan d’immanence dynamique que construit, de fait, l’œuvre de Camus » (p. 15). Ce fil d’Ariane mis en évidence par Laurent Bove a non seulement le mérite de faire apparaître une philosophie omniprésente dans tous les écrits de Camus, mais aussi de montrer la nécessité de relire les textes que l’on croit, souvent à tort, bien connaître, à commencer par L’étranger. Contre une interprétation trop unilatérale qui fait de L’étranger le roman de l’absurde et de Meursault l’archétype de l’homme absurde rejetant les codes illusoires imposés par la société au prix d’un naufrage progressif dans un nihilisme passif, Laurent Bove révèle un autre visage du personnage qui s’impose de plus en plus tout au long du roman, celui d’un homme s’abandonnant à « la tendre indifférence du monde », embrassant la vérité des corps mortels et libéré par là de l’espoir et des illusions des autres, étranger non pas au monde mais à l’image déformée et vaine que s’en font les hommes. Comme le souligne Laurent Bove, « le parcours de Meursault va ainsi de l’expérience du vide, de son aptitude à désaffecter l’univers des mythes et des sentiments qui y sont assujettis, à celle de la densité et de la diversité réelle du réel, en lui-même et en dehors de soi » (p. 36), car de même que les visages sans expressions des personnages de Piero della Francesca, « ‘‘témoins’’ d’une vie sans espoir ni consolation » (p. 62) manifestent ce qu’il y a de plus authentiquement humain bien plus fidèlement que les larmes que les concitoyens de Meursault lui reprochent de ne pas avoir versées, de même Meursault ne se sera peut-être jamais senti aussi libre que lors de son séjour en prison. Libéré de la fausseté des mythes et des stéréotypes sociaux, le voilà rendu à la vérité essentielle des corps et de leur sympathie silencieuse, celle que partagent, fugacement, la mère et son fils dans la scène du parloir. L’analyse que propose Laurent Bove est d’autant plus importante qu’elle étend son travail de relecture à l’ouvrage qui est probablement le moins compris et qui fut le plus controversé en son temps, à savoir L’Homme révolté. Face aux lectures biaisées d’un Sartre ou d’un Jeanson qui voyaient dans l’essai de 1951 le vain cri du cœur d’une belle âme préférant demeurer en marge de l’histoire au lieu de s’y compromettre, Laurent Bove montre que l’articulation essentielle de la pensée de l’immanence et du consentement au monde avec celle la révolte, loin de rendre celle-ci inefficace et éthérée, constitue le seul fondement solide d’une communauté humaine vivante. Ce n’est en effet que par une identification abusive de l’histoire (comme civilisation) à l’Histoire guidée par les grandes idéologies nihilistes (totalitarisme soviétique, nazisme, franquisme) que l’on peut taxer Camus d’anhistorisme, là où il ne fait que rétablir les droits de la première, proprement humaine et créatrice, sur la seconde, meurtrière et mensongère. En s’opposant au fantasme de la totalité qui, parce qu’il sacrifie les corps sur l’autel d’une hypothétique humanité unifiée par la révolution, rend toute véritable relation impossible, Camus théorise avec la notion de révolte l’idée d’un être-avec ontologiquement ancré dans l’empathie spontanée face à la douleur humaine et aux affects partagés. Aussi ne faut-il pas comprendre le cogito camusien « Je me révolte donc nous sommes » comme un principe moral abstrait, mais bien comme l’affirmation d’une égalité d’être qui fonde la solidarité entre les hommes. C’est cet esprit d’une communauté humaine immanente, débarrassé des illusions dont sont porteuses les idéologies totalitaires, que Camus retrouve dans certains phénomènes historiques qui ont marqué l’écriture de L’Homme révolté : la résistance, la Commune de Paris, le socialisme libertaire et les actions des révolutionnaires russes de 1905. Camus, en dépit des critiques que lui adresse Sartre, ne sacrifie donc pas l’engagement politique à l’exigence morale, l’histoire à la nature, mais réaffirme au contraire la réalité charnelle et immanente de cette histoire, d’une histoire où il s’agit de « sauver les corps » contre les machines idéologiques et étatiques qui les broient au nom d’un messianisme révolutionnaire. La révolte camusienne est celle du « désir sans objet », c’est-à-dire du désir refusant d’élever la révolution ou son aboutissement au rang de fin déterminée, car c’est alors que tous les moyens se trouvent justifiés et que le nihilisme installe son règne. Telle est la transposition qui donne son titre au livre de Laurent Bove : la subversion d’une histoire gangrénée par le nihilisme en renaissance historique via la solidarité des corps.
Transfiguration ou rupture ?
À l’issue de cette lecture de l’essai de Laurent Bove, un certain nombre de questions surgissent cependant, qui méritent d’être posées. La systématicité de l’interprétation, qui lui donne sa force et sa cohérence, n’est pas sans soulever certaines interrogations. Laurent Bove ne cache pas l’arrière-plan spinoziste de sa lecture, qu’il justifie par ailleurs, mais ce cadre est à ce point prégnant que la réserve émise en introduction, précisant que Camus « rejetait certes le principe rationaliste [de la philosophie spinoziste] et aussi son refus du hasard » (p. 12) ne semble pas vraiment prise en compte ; il faudrait se demander s’il ne s’agit là que d’une différence mineure ou bien si elle permet de donner sens à certaines tensions de l’œuvre de Camus qui sont parfois décrites dans l’essai de Laurent Bove comme des contradictions. Ainsi, L. Bove affirme que la méfiance de Camus envers toute métaphysique immanentiste qu’il soupçonne de déboucher inévitablement sur une trahison de l’absurde fait « obstacle, chez lui, à l’accès à une sagesse philosophique de type matérialiste ou naturaliste » (p. 49, note) et explique les « affirmations philosophiques contradictoires de L’envers et l’endroit (écrit en 1935-1936) et du Mythe de Sisyphe (en chantier depuis 1938 et terminé début 1941) » (ibid.), ce qui a empêché Camus d’embrasser la sagesse immanentiste qui se dégage pourtant de ses œuvres. N’est-ce pas là présupposer que Camus aurait dû l’adopter pleinement et exclusivement, ce qui ne peut être affirmé qu’en évaluant la philosophie de Camus à l’aune d’une autre, ce qui n’est pas sans poser un problème évident ? On pourrait penser que la philosophie camusienne, qui est non pas systématique mais faite de tensions et de questionnements incessants, articule en son sein ces tendances comme autant d’expériences vécues, auquel cas ces contradictions seraient l’expression d’une complexité existentielle. En quoi est-il contradictoire de célébrer l’expérience d’une unité avec le monde dans L’envers et l’endroit et de témoigner de l’expérience de rupture qu’est l’absurde dans Le Mythe de Sisyphe, dans la mesure ou les deux peuvent être vécues à différents moments de l’existence, comme en témoignent les Carnets où des passages de doute et de dépression succèdent à des périodes d’affirmation et de célébration ? À moins de figer l’absurde et la pensée de l’immanence dans des doctrines exclusives (ce qui ne serait pas fidèle à l’esprit de la pensée camusienne), il paraît possible de concevoir une articulation complexe, sans cesse questionnée et retravaillée, entre ces deux dimensions présentes dans l’œuvre de Camus. Le mythe de Sisyphe débute sur le problème du suicide, dont il est difficile de rendre compte exclusivement à partir d’une philosophie de l’acquiescement. Pourrait-on alors se contenter de l’écarter comme faux problème, en partant du principe que ce geste radical est fondé sur une vision illusoire du monde et de l’existence, ôtant par là toute pertinence aux questionnements existentiels ? N’oublions pas que si Le mythe de Sisyphe est effectivement, comme le rappelle l’auteur, postérieur à L’envers et l’endroit, sa genèse et celle de L’étranger, où il décèle les ferments d’une pensée de l’immanence, sont quant à elles simultanées, ce qui nous inciterait à penser que Camus ne renie pas une philosophie au profit de l’autre, mais que les deux cohabitent, pour ainsi dire, dans une tension perpétuelle qui est caractéristique de sa pensée. La philosophie de l’absurde que développe Le mythe de Sisyphe passe au second plan dans le livre de Laurent Bove, qui finit par lui substituer l’absurde compris comme « choc spirituel » face à cette Annonciation déthéologisée esquissée au début de L’étranger, choc qui débouche sur un acquiescement au monde et à sa vérité. Mais peut-on légitimement occulter ou minimiser cette dimension de rupture qui est pourtant centrale dans l’œuvre de Camus ? Peut-on considérer que l’absurde de L’étranger n’a rien à voir avec celui du Mythe de Sisyphe, que le monde de Meursault est simplement celui d’un « étrange amour » qui « distribue tout à la vie et à ses frères vivants » (p. 43) et qui servira de socle ontologique à la révolte, alors même que ce roman met en scène un meurtre et que la révolte débouche sur l’affirmation du caractère injustifiable du meurtre ? Ce sont effectivement par ces aspects, par ces aspérités, que la philosophie de Camus n’est pas purement identifiable à une philosophie de l’immanence de type spinoziste qu’elle inclut pourtant comme l’une de ses facettes essentielles, et il faudrait peut-être, pour prolonger les réflexions fécondes que Laurent Bove propose dans son livre, tâcher de comprendre comment cette dimension s’articule avec les autres, autrement dit, redonner sa place à la philosophie de l’absurde telle que Camus la développe dans Le mythe de Sisyphe afin de voir comment elle peut rencontrer la pensée de la transfiguration qui traverse l’ensemble de l’œuvre sans que l’une annule l’autre et sans que cette confrontation débouche sur une incohérence.
Pour citer cet article : Marylin Maeso, « La tendre indifférence du monde », La Vie des idées , 19 février 2015. ISSN : 2105-3030. URL : http://www.laviedesidees.fr/La-tendre-indifference-du-monde.html
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