Tumgik
#l’île des hommes-papillons
bdslab · 4 years
Text
Tumblr media
11 notes · View notes
kawotdlo · 3 years
Text
Guadeloupe en sens, en saveurs, en introspections, en tableaux
Retranscrire un peu de ce morceau de terre, un partage, un battement d’ailes entre deux terres.
Départ d’une anémone de mer* détachée, errante, en mouvement dans l’eau. Mon regard est happé par la danse de ses tentacules et la couleur rose-orangée de son pied en mouvement. Le silence se fait quand mes oreilles plongent dans cette eau salée. Mon corps ballote, mes pensées s’étirent et laissent place aux souvenirs. La mer de mon enfance, les glaces pousse-pousse et les beignets, l’odeur de l’été, l’odeur du passé est revenue dans mon nez. Une fois inspirée, cette odeur ouvre grand ses bras et me berce.
Les couleurs de l’île papillon déroulent sa palette :
LE VERT des quenettes* couleur citron vert, couleur de la prune de cythère*, du jus de mangues vertes, captive ma curiosité. Les quenettes sont vendues au coin des rues, au bord des plages, par des jeunes qui grimpent jusqu’au cœur des quenettiers. Quenette tu te dégustes comme un lichi, suspendu avec tes sœurs aux branches longues et brunes.
Je rêve de fabriquer des bijous de graines. Petit pays, tu es un fruit et je plonge dans la multitude de tes graines.
La zeb a fé*  remonte dans mon palais son goût de coriandre, les piments végétariens à la saveur fraîche et légèrement piquante rehaussent sa saveur.
Je me sens petite fille aux pays des grands arbres, arbres à pain, cocotiers, manguiers. Je marche à leurs côtés, je lève les yeux vers les fruits suspendus.
Içi les herbes de canne sont hautes et très présentes.
Pas une route sans un stand de fruits ou de légumes racines. Les bananes plantains, les pastèques, les christophines, les patates douces et les madères emplissent l’arrière des picks-up rouillés et vieillissants.
Les voitures neuves et rutilantes côtoient des carcasses roulantes. Le sel attaque et rouille. Ces amas de rouille grignotent les carrosseries et les tôles de cases, entourées des jeunes pousses de bananier. La couleur éclatante de ces teintes vertes contraste avec la couleur grise, bois ou rouille de ces cases de fortune. Il se peut qu’une maman d’lo se cache dans le morne à l’eau, entourée de crabes touloulou* et d’arbres aux racines-griffes.
La couleur de la ROUILLE grignote tout ce qu’elle peut, comme le flot de fourmis emportent chaque miette, chaque corps en décomposition. Deux envahisseurs silencieux et omniprésents.
Heureusement, l’eau de coco adoucit l’existence et calme le sel sur mes lèvres. Toujours à l’arrière d’un pick-up, des montagnes de noix de coco jaunes dégringolent. L’homme armé de son coupe-coupe ouvre le fruit en deux, fait couler le jus dans l’entonnoir et remplit peu à peu les bouteilles. Des enfants mangent la crème de coco et des gens attendent en file, le temps que la coco se fende, le temps que l’eau s’écoule…
Içi on attend, on attend, rien ne presse. La pâte à bokit* ou à chichis n’est pas prête, on prend quand même ta commande et on attend. Des gens attendent en file, le temps que la farine se tamise, le temps qu’elle se mélange à l’eau, le temps qu’elle gonfle, le temps qu’elle frit dans l’huile, le temps que le bokit obtenu soit rempli d’ingrédients salés (morue ou jambon  fromage avec sauce créole)
Les grèves sont du même acabit, elles durent et peuvent durer très longtemps.
Et dans cette attente, la feuille de l’arbre à pain éloigne les moustiques, le gros thym apaise les démangeaisons causées par les yens yens* et la fleur d’ylang-ylang embaume notre existence.
Le raisinier longe les plages de sables clairs, ses feuilles rondes et vertes entourent les grappes de raisins vert et couleur prune. Les enfants aux mèches salées, emplissent des cornets de feuilles de raisinier de fruits mûrs, pendant que Jeanette, emplit les cornets de feuilles, d’acras fumants et savoureux .
J’aime ce lieu, un mélange entre l’ambiance du film « Bagdad café » et « Le grand bleu ».
Ces références à mon enfance rejoignent la plénitude de mes bains de mer. Nous nous baignons dans un cul de sac marin, la mangrove longe ses côtes. On peut voir des tortues à c’qui paraît. J’ai vu des œufs pondus près des palétuviers*, près de pièges à mangoustes.
J’ai vu un lambi* vivant et j’ai vu des poissons d’eau douce s’arracher la peau des mangues dans la rivière aux écrevisses. J’ai vu cette vivance, elle m’a saisie et déconcertée.
Le voisin du raisinier, l’amandier, délivre de minuscules amandes, que l’on récupère après avoir broyé les deux enveloppes épaisses du fruit, activité très prisée par les enfants à la plage du souffleur. Ils s’arment de pierres et tentent d’ouvrir leur collection d’amandes peyi !
Entre ces arbres et cette mer, vivent les crabes, les bernards-l’hermite, les mangoustes*, les oiseaux, les mal-finis*.
Je glisse mes pieds dans l’eau et je distingue la vie sous l’eau. A mes pieds s’agitent des poissons aux robes colorées, des anémones, des étoiles de mer, des poissons trompettes et d’autres crabes, BLANCS, cette fois.
Et pour les épices et les aromatiques : bois d’inde, cives, cannelle, herbe à fer, roucou, muscade…
Je n’ai pas fini de citer les fruits : mangues, papaye, ananas, pitaya*, carambole*, corossol*, pomme liane*, maracuja*, surette*, sapotille*, prune de cythère*…
J’écris des lettre le matin, des lettres que je n’envoie pas. Elles me propulse dans mon passé et j’accède à mes mondes engloutis, un squat d’Atlantide mémoriel et sensoriel.
Et l’après-midi j’écris ce que je vis, je vois et j’entends.
J’aimerais à entendre, tellement plus. Des contes, des histoires, des chants, des musiques ! Au lieu de ça, mes oreilles se confinent comme à l’extérieur. Elles sont assoiffées de sonorités, de créolité.
Les petits voisins qui aimaient venir jouer à la maison, restent dans leur cour ou leur maison. Les lieux de rencontre et de culture se ferment le temps qu’un virus passe, le temps qu’il emplisse les cellules des hommes, le temps qu’il emplisse les hôpitaux.
Ces petits d’homme nous livraient leur créolité par leur langage. Nos amis d’île de France, venus s’installer pour une année test, nous ouvrent leurs portes et leurs découvertes langagières ! Le papa travaille comme livreur et les fils sillonnent le village avec des amis guadeloupéens ! Coline a aussi fait de chouettes rencontres ! Eyrel apprend à pêcher et Cédric découvre d’autres espèces de poissons avec d’autres méthodes de pêche, pêche aux leurres, pêche des heures…
içi, je me transforme en carotte de l’eau, kawot dlo, mes imaginaires et mes sens infusent, ils s’assemblent et dansent dans mon âme... le début d’une aventure intérieure, caribéenne se tisse dans mes cellules remplies d’amitiés et de saveurs des cévennes.
A vous mes amies, mes fées, mes tendres et joyeuses compagnes d’aventures.
Petit lexique pour découvrir de nouveaux mots, un autre univers :
anémone: polype mou, de la Famille des Coelentérés, muni de tentacules colorés, fixé aux rochers littoraux.
carambole: baie jaune à côtes saillantes, à pulpe juteuse et astringente, fruit du carambolier.
corossol:
prunies de cyhère : fruits ovales à long pédoncule. Ils ont une peau verte devenant jaune à maturité. A l’intérieur, un noyau fibreux et hérissé d’épine adhère à la pulpe juteuse.
lambi: Grand mollusque gastropode des mers chaudes et des récifs, de la famille des strombidés, à la chair appréciée, appelé lambi aux Antilles. (Sa coquille, très épaisse, servait naguère à fabriquer des sortes de camées.)      
maman d’lo : un personnage issu de l’univers antillais entre une « Yemaya », déesse de l’eau et une sorcière
mangouste: petit mammifère carnivore des régions tropicales de l'Ancien Monde, ayant l'aspect d'une belette, se nourrissant parfois de serpents venimeux.
maracuja : fruit de la grenadille ou fruit de la passion.
prunes de cyhère : fruits ovales à long pédoncule. Ils ont une peau verte devenant jaune à maturité. A l’intérieur, un noyau fibreux et hérissé d’épine adhère à la pulpe juteuse.
pitaya: fruit de différentes espèces de cactus, notamment le Hylocereus undatus, qui le plus consommé, à la chair comestible, généralement blanche ou rouge et parsemée de nombreux pépins noirs.
pomme liane: fruit comestible de la passiflore à tiges grimpantes, plante des régions tropicales.
quenettes : On a donc affaire à un petit fruit à la chair juteuse, enfermée derrière une peau coriace assez rigide. 
sapotille :  fruit du sapotier, de la taille d'un citron et recouvert d'une écorce grise ou brune, dont la chair jaune orangé rappelle celle de l'abricot et qui se consomme presque blet, pelé et débarrassé de ses pépins                                                                                                        
touloulou: crabe touloulou est un petit crabe terrestre originaire des Caraïbes.
yens-yens : petit insecte piqueur, diptère hématophage, qu'on trouve dans les Antilles. Un lieu inhospitalier à fuir lorsque les yen-yens s'amusent à piquer l'épiderme
zeb à fé :  La zeb a fé en créole, ou l'herbe à fer, la coriandre longue, coriandre chinoise, ou bien encore la coriandre mexicaine. herbe amie des femmes.
1 note · View note
carraways-son · 6 years
Photo
Tumblr media Tumblr media
Vendredi
Depuis l’enfance j’associe le magnolia à des lieux et moments privilégiés de ma vie, à des saisons heureuses. C’est en visitant un jour le Jardin des plantes de Montpellier sous la conduite savante de son directeur que j’ai appris que mon arbre favori doit son nom à Pierre Magnol (1638-1715), brillant professeur de botanique à la faculté de médecine de la ville. Quand je ne me perds pas dans les ramures vernissées et l’érudition gênée, je me souviens que la jeune X et moi devons nous rencontrer. Quand ? Un jour ou l’autre. Cette décision partagée témoigne d’une agréable confiance entre inconnus, auxquels le flou de l’échéance préserve toutefois encore une entière liberté. Autrement dit, nous avons gagné en proximité (rien de tel qu’un projet, même bien innocent) sans rien aliéner ; délicieux état suspendu où intensité et légèreté se poursuivent, s’écartent, se frôlent, dans une danse de papillons. Mais, pour rester honnête, tout mon être est actuellement tourné vers l’île d’Hokkaidô, déjà et pour de longs mois sous la neige, et vers mes amours, en particulier le mini-Kid (photo) qui vit paisiblement ses premiers jours sur la Terre. Sur cette photo, on peut admirer la technique japonaise pour emmailloter les bébés qui, à la maternité, les faisait se calmer et s’endormir très vite. Quand je vois (merci Skype) ma fille et mes petits-fils animer l’écran de l’ordi, je me sens le plus chanceux et le plus ému des hommes. Et tant pis si ce n’est pas très Tumblr.
16 notes · View notes
elesbaan · 6 years
Quote
I Après que Balboa menant son bon cheval Par les bois non frayés, droit, d’amont en aval, Eut, sur l’autre versant des Cordillères hautes, Foulé le chaud limon des insalubres côtes De l’Isthme qui partage avec ses monts géants La glauque immensité des deux grands Océans, Et qu’il eut, s’y jetant tout armé de la berge, Planté son étendard dans l’écume encor vierge, Tous les aventuriers, dont l’esprit s’enflamma, Rêvaient, en arrivant au port de Panama, De retrouver, espoir cupide et magnifique, Aux rivages dorés de la mer Pacifique, El Dorado promis qui fuyait devant eux, Et, mêlant avec l’or des songes monstrueux, De forcer jusqu’au fond de ces torrides zones L’âpre virginité des rudes Amazones Que n’avait pu dompter la race des héros, De renverser des dieux à têtes de taureaux Et de vaincre, vrais fils de leur ancêtre Hercule, Les peuples de l’Aurore et ceux du Crépuscule. Ils savaient que, bravant ces illustres périls, Ils atteindraient les bords où germent les béryls Et Doboyba qui comble, en ses riches ravines, Du vaste écroulement des temples en ruines, La nécropole d’or des princes de Zenu ; Et que, suivant toujours le chemin inconnu Des Indes, par delà les îles des Épices Et la terre où bouillonne au fond des précipices Sur un lit d’argent fin la Source de Santé, Ils verraient, se dressant en un ciel enchanté Jusqu’au zénith brûlé du feu des pierreries, Resplendir au soleil les vivantes féeries Des sierras d’émeraude et des pics de saphir Qui recèlent l’antique et fabuleux Ophir. Et quand Vasco Nuñez eut payé de sa tête L’orgueil d’avoir tenté cette grande conquête, Poursuivant après lui ce mirage éclatant, Malgré sa mort, la fleur des Cavaliers, portant Le pennon de Castille écartelé d’Autriche, Pénétra jusqu’au fond des bois de Côte-Riche À travers la montagne horrible, ou navigua Le long des noirs récifs qui cernent Veragua, Et vers l’Est atteignit, malgré de grands naufrages, Les bords où l’Orénoque, enflé par les orages, Inondant de sa vase un immense horizon, Sous le fiévreux éclat d’un ciel lourd de poison, Se jette dans la mer par ses cinquante bouches. Enfin cent compagnons, tous gens de bonnes souches, S’embarquèrent avec Pascual d’Andagoya Qui, poussant encor plus sa course, côtoya Le golfe où l’Océan Pacifique déferle, Mit le cap vers le Sud, doubla l’île de Perle, Et cingla devant lui toutes voiles dehors, Ayant ainsi, parmi les Conquérants d’alors, L’heur d’avoir le premier fendu les mers nouvelles Avec les éperons des lourdes caravelles. Mais quand, dix mois plus tard, malade et déconfit, Après avoir très loin navigué sans profit Vers cet El Dorado qui n’était qu’un vain mythe, Bravé cent fois la mort, dépassé la limite Du monde, ayant perdu quinze soldats sur vingt, Dans ses vaisseaux brisés Andagoya revint, Pedrarias d’Avila se mit fort en colère ; Et ceux qui, sur la foi du récit populaire, Hidalgos et routiers, s’étaient tous rassemblés Dans Panama, du coup demeurèrent troublés. Or les seigneurs, voyant qu’ils ne pouvaient plus guère Employer leur personne en actions de guerre, Partaient pour Mexico ; mais ceux qui, n’ayant rien, Étaient venus tenter aux plages de Darien, Désireux de tromper la misère importune, Ce que vaut un grand cœur à vaincre la fortune, S’entretenant à jeun des rêves les plus beaux, Restaient, l’épée oisive et la cape en lambeaux, Quoique tous bons marins ou vieux batteurs d’estrade, À regarder le flot moutonner dans la rade, En attendant qu’un chef hardi les commandât. II Deux ans étaient passés, lorsqu’un obscur soldat Qui fut depuis titré Marquis pour sa conquête, François Pizarre, osa présenter la requête D’armer un galion pour courir par-delà Puerto Pinas. Alors Pedrarias d’Avila Lui fit représenter qu’en cette conjoncture Il n’était pas prudent de tenter l’aventure Et ses dangers sans nombre et sans profit ; d’ailleurs, Qu’il ne lui plaisait point de voir que les meilleurs De tous ses gens de guerre, en entreprises folles, Prodiguassent le sang des veines espagnoles, Et que nul avant lui, de tant de Cavaliers, N’avait pu triompher des bois de mangliers Qui croisent sur ces bords leurs nœuds inextricables ; Que, la tempête ayant rompu vergues et câbles À leurs vaisseaux en vain si loin aventurés, Ils étaient revenus mourants, désemparés, Et trop heureux encor d’avoir sauvé la vie. Mais ce conseil ne fit qu’échauffer son envie. Si bien qu’avec Diego d’Almagro, par contrats, Ayant mis en commun leur fortune et leurs bras, Et don Fernan de Luque ayant fourni les sommes, En l’an mil et cinq cent vingt-quatre, avec cent hommes, Pizarre le premier, par un brumeux matin De novembre, montant un mauvais brigantin, Prit la mer, et lâchant au vent toute sa toile, Se fia bravement en son heureuse étoile. Mais tout sembla d’abord démentir son espoir. Le vent devint bourrasque, et jusqu’au ciel très noir La mer terrible, enflant ses houles couleur d’encre, Défonça les sabords, rompit les mâts et l’ancre, Et fit la triste nef plus rase qu’un radeau. Enfin après dix jours d’angoisse, manquant d’eau Et de vivres, sa troupe étant d’ailleurs fort lasse, Pizarre débarqua sur une côte basse. Au bord, les mangliers formaient un long treillis ; Plus haut, impénétrable et splendide fouillis De lianes en fleur et de vignes grimpantes, La berge s’élevait par d’insensibles pentes Vers la ligne lointaine et sombre des forêts. Et ce pays n’était qu’un très vaste marais. Il pleuvait. Les soldats, devenus frénétiques Par le harcèlement venimeux des moustiques Qui noircissaient le ciel de bourdonnants essaims, Foulaient avec horreur, en ces bas-fonds malsains, Des reptiles nouveaux et d’étranges insectes Ou voyaient émerger des lagunes infectes, Sur leur ventre écaillé se traînant d’un pied tors, Ces lézards monstrueux qu’on nomme alligators. Et quand venait la nuit, sur la terre trempée, Dans leurs manteaux, auprès de l’inutile épée, Lorsqu’ils s’étaient couchés, n’ayant pour aliment Que la racine amère ou le rouge piment, Sur le groupe endormi de ces chercheurs d’empires Flottait, crêpe vivant, le vol mou des vampires, Et ceux-là qu’ils marquaient de leurs baisers velus Dormaient d’un tel sommeil qu’ils ne s’éveillaient plus. C’est pourquoi les soldats, par force et par prière, Contraignirent leur chef à tourner en arrière, Et, malgré lui, disant un éternel adieu Au triste campement du port de Saint-Mathieu, Pizarre, par la mer nouvellement ouverte, Avec Bartolomé suivant la découverte, Sur un seul brigantin d’un faible tirant d’eau Repartit, et, doublant Punta de Pasado, Le bon pilote Ruiz eut la fortune insigne, Le premier des marins, d’avoir franchi la Ligne Et poussé plus au sud du monde occidental. La côte s’abaissait, et les bois de santal Exhalaient sur la mer leurs brises parfumées. De toutes parts montaient de légères fumées, Et les marins joyeux, accoudés aux haubans, Voyaient les fleuves luire en tortueux rubans À travers la campagne, et tout le long des plages Fuir des champs cultivés et passer des villages. Ensuite, ayant serré la côte de plus près, À leurs yeux étonnés parurent les forêts. Au pied des volcans morts, sous la zone des cendres, L’ébénier, le gayac et les durs palissandres, Jusques aux confins bleus des derniers horizons Roulant le flot obscur des vertes frondaisons, Variés de feuillage et variés d’essence, Déployaient la grandeur de leur magnificence ; Et du nord au midi, du levant au ponent, Couvrant tout le rivage et tout le continent, Partout où l’œil pouvait s’étendre, la ramure Se prolongeait avec un éternel murmure Pareil au bruit des mers. Seul, en ce cadre noir, Étincelait un lac, immobile miroir Où le soleil, plongeant au milieu de cette ombre, Faisait un grand trou d’or dans la verdure sombre. Sur le sable marneux, d’énormes caïmans Guettaient le tapir noir ou les roses flamants. Les majas argentés et les boas superbes Sous leurs pesants anneaux broyaient les hautes herbes, Ou, s’enroulant autour des troncs d’arbres pourris, Attendaient l’heure où vont boire les pécaris. Et sur les bords du lac horriblement fertile Où tout batracien pullule et tout reptile, Alors que le soleil décline, on pouvait voir Les fauves par troupeaux descendre à l’abreuvoir : Le puma, l’ocelot et les chats-tigres souples, Et le beau carnassier qui ne va que par couples Et qui par-dessus tous les félins est cité Pour sa grâce terrible et sa férocité, Le jaguar. Et partout dans l’air multicolore Flottait la végétale et la vivante flore ; Tandis que des cactus aux hampes d’aloès, Les perroquets divers et les kakatoès Et les aras, parmi d’assourdissants ramages, Lustraient au soleil clair leurs splendides plumages, Dans un pétillement d’ailes et de rayons, Les frêles oiseaux-mouche et les grands papillons, D’un vol vibrant, avec des jets de pierreries, Irradiaient autour des lianes fleuries. Plus loin, de toutes parts élancés, des halliers, Des gorges, des ravins, des taillis, par milliers, Pillant les monbins mûrs et les buissons d’icaques, Les singes de tout poil, ouistitis et macaques, Sakis noirs, capucins, trembleurs et carcajous Par les figuiers géants et les hauts acajous, Sautant de branche en branche ou pendus par leurs queues, Innombrables, de l’aube au soir, durant des lieues, Avec des gestes fous hurlant et gambadant, Tout le long de la mer les suivaient.                                                 Cependant, Poussé par une tiède et balsamique haleine, Le navire, doublant le cap de Sainte-Hélène, Glissa paisiblement dans le golfe d’azur Où, sous l’éclat d’un jour éternellement pur, La mer de Guayaquil, sans colère et sans lutte, Arrondissant au loin son immense volute, Frange les sables d’or d’une écume d’argent. Et l’horizon s’ouvrit magnifique et changeant. Les montagnes, dressant les neiges de leur crête, Coupaient le ciel foncé d’une brillante arête D’où s’élançaient tout droits au haut de l’éther bleu Le Prince du Tonnerre et le Seigneur du Feu : Le mont Chimborazo dont la sommité ronde, Dôme prodigieux sous qui la foudre gronde, Dépasse, gigantesque et formidable aussi, Le cône incandescent du vieux Cotopaxi. Attentif aux gabiers en vigie à la hune, Dans le pressentiment de sa haute fortune, Pizarre, sur le pont avec les Conquérants, Jetait sur ces splendeurs des yeux indifférents, Quand, soudain, au détour du dernier promontoire, L’équipage, poussant un long cri de victoire, Dans le repli du golfe où tremblent les reflets Des temples couverts d’or et des riches palais, Avec ses quais noircis d’une innombrable foule, Entre l’azur du ciel et celui de la houle, Au bord de l’Océan vit émerger Tumbez. Alors, se recordant ses compagnons tombés À ses côtés, ou morts de soif et de famine, Et voyant que le peu qui restait avait mine De gens plus disposés à se ravitailler Qu’à reprendre leur course, errer et batailler, Pizarre comprit bien que ce serait démence Que de s’aventurer dans cet empire immense ; Et jugeant sagement qu’en ce dernier effort Il fallait à tout prix qu’il restât le plus fort, Il prit langue parmi ces nations étranges, Rassembla beaucoup d’or par dons et par échanges, Et, gagnant Panama sur son vieux brigantin Plein des fruits de la terre et lourd de son butin, Il mouilla dans le port après trois ans de courses. Là, se trouvant à bout d’hommes et de ressources, Bien que fort malhabile aux manières des cours, Il résolut d’user d’un suprême recours Avant que de tenter sa dernière campagne, Et de Nombre de Dios s’embarqua pour l’Espagne. III Or, lorsqu’il toucha terre au port de San-Lucar, Il retrouva l’Espagne en allégresse, car L’Impératrice-Reine, en un jour très prospère, Comblant les vœux du prince et les désirs du père, Avait heureusement mis au monde l’Infant Don Philippe — que Dieu conserve triomphant ! Et l’Empereur joyeux le fêtait dans Tolède. Là, Pizarre, accouru pour implorer son aide, Conta ses longs travaux et, ployant le genou, Lui fit en bon sujet hommage du Pérou. Puis ayant présenté, non sans quelque vergogne D’offrir si peu, de l’or, des laines de vigogne Et deux lamas vivants avec un alpaca, Il exposa ses droits. Don Carlos remarqua Ces moutons singuliers et de nouvelle espèce Dont la taille était haute et la toison épaisse ; Même, il daigna peser entre ses doigts royaux, Fort gracieusement, la lourdeur des joyaux ; Mais quand il dut traiter l’objet de la demande, Il répondit avec sa rudesse flamande : Qu’il trouvait, à son gré, que le vaillant Marquis Don Hernando Cortès avait assez conquis En subjuguant le vaste empire des Aztèques ; Et que lui-même ainsi que les saints Archevêques Et le Conseil étaient fermement résolus À ne rien entreprendre et ne protéger plus, Dans ses possessions des mers occidentales, Ceux qui s’entêteraient à ces courses fatales Où s’abîma jadis Diego de Nicuessa. Mais, à ce dernier mot, Pizarre se dressa Et lui dit : Que c’était chose qui scandalise Que d’ainsi rejeter du giron de l’Église, Pour quelques onces d’or, autant d’infortunés, Qui, dans l’idolâtrie et l’ignorance nés, Ne demandaient, voués au céleste anathème, Qu’à laver leurs péchés dans l’eau du saint baptême. Ensuite il lui peignit en termes éloquents La Cordillère énorme avec ses vieux volcans D’où le feu souverain, qui fait trembler la terre Et fondre le métal au creuset du cratère, Précipite le flux brûlant des laves d’or Que garde l’oiseau Rock qu’ils ont nommé condor. Il lui dit la nature enrichissant la fable ; D’innombrables torrents qui roulent dans leur sable Des pierres d’émeraude en guise de galets ; La chicha fermentant aux celliers des palais Dans des vases d’or pur pareils aux vastes jarres Où l’on conserve l’huile au fond des Alpujarres ; Les temples du Soleil couvrant tout le pays, Revêtus d’or, bordés de leurs champs de maïs Dont les épis sont d’or aussi bien que la tige Et que broutent, miracle à donner le vertige Et fait pour rendre même un Empereur pensif, Des moutons d’or avec leurs bergers d’or massif. Ce discours étonna Don Carlos, et l’Altesse, Daignant enfin peser avec la petitesse Des secours implorés l’honneur du résultat, Voulut que sans tarder Don François répétât, Par-devant Nosseigneurs du Grand Conseil, ses offres De dilater l’Église et de remplir les coffres. Après quoi, lui passant l’habit de chevalier De Saint-Jacques, il lui mit au cou son bon collier. Et Pizarre jura sur les saintes reliques Qu’il resterait fidèle aux rois Très-Catholiques, Et qu’il demeurerait le plus ferme soutien De l’Église Romaine et du beau nom chrétien. Puis l’Empereur dicta les augustes cédules Qui faisaient assavoir, même aux plus incrédules, Que, sauf les droits anciens des hoirs de l’Amiral, Don François Pizarro, lieutenant général De Son Altesse, était sans conteste et sans terme Seigneur de tous pays, îles et terre ferme, Qu’il avait découverts ou qu’il découvrirait. La minute étant lue et quand l’acte fut prêt À recevoir les seings au bas des protocoles, Pizarre, ayant jadis peu hanté les écoles, Car en Estremadure il gardait les pourceaux, Sur le vélin royal d’où pendaient les grands sceaux Fit sa croix, déclarant ne savoir pas écrire, Mais d’un ton si hautain que nul ne put en rire. Enfin, sur un carreau brodé, le bâton d’or Qui distingue l’Alcade et l’Alguazil Mayor Lui fut remis par Juan de Fonseca. La chose Ainsi dûment réglée et sa patente close, L’Adelantade, avant de reprendre la mer, Et bien qu’il n’en gardât qu’un souvenir amer, Visita ses parents dans Truxillo, leur ville, Puis, joyeux, s’embarqua du havre de Séville Avec les trois vaisseaux qu’il avait nolisés. Il reconnut Gomère, et les vents alizés, Gonflant d’un souffle frais leur voilure plus ronde, Entraînèrent ses nefs sur la route du monde Qui fit l’Espagne grande et Colomb immortel. IV Or donc, un mois plus tard, au pied du maître-autel, Dans Panama, le jour du noble Évangéliste Saint Jean, fray Juan Vargas lut au prône la liste De tous ceux qui montaient la nouvelle Armada Sous Don François Pizarre, et les recommanda. Puis, les deux chefs ayant entre eux rompu l’hostie, Voici de quelle sorte on fit la départie. Lorsque l’Adelantade eut de tous pris congé, Ce jour même, après vêpre, en tête du clergé, L’Évêque ayant béni l’armée avec la flotte, Don Bartolomé Ruiz, comme royal pilote, En pompeux apparat, tout vêtu de brocart, Le porte-voix au poing, montant au banc de quart, Commanda de rentrer l’ancre en la capitane Et de mettre la barre au vent de tramontane. Alors, parmi les pleurs, les cris et les adieux, Les soldats inquiets et les marins joyeux, Debout sur les haubans ou montés sur les vergues D’où flottait un pavois de drapeaux et d’exergues, Quand le coup de canon de partance roula, Entonnèrent en chœur l’Ave maris stella ; Et les vaisseaux, penchant leurs mâts aux mille flammes, Plongèrent à la fois dans l’écume des lames. La mer étant fort belle et le nord des plus frais, Leur voyage fut prompt, et sans souffrir d’arrêts Ou pour cause d’aiguade ou pour raison d’escale, Courant allègrement par la mer tropicale, Pizarre saluait avec un mâle orgueil, Comme d’anciens amis, chaque anse et chaque écueil. Bientôt il vit, vainqueur des courants et des calmes, Monter à l’horizon les verts bouquets de palmes Qui signalent de loin le golfe, et débarquant, Aux portes de Tumbez il vint planter son camp. Là, s’abouchant avec les Caciques des villes, Il apprit que l’horreur des discordes civiles Avait ensanglanté l’Empire du Soleil ; Que l’orgueilleux bâtard Atahuallpa, pareil À la foudre, rasant villes et territoires, Avait conquis, après de rapides victoires, Cuzco, nombril du monde, où les Rois, ses aïeux, Dieux eux-mêmes, siégeaient parmi les anciens Dieux, Et qu’il avait courbé sous le joug de l’épée La terre de Manco sur son frère usurpée. Aussitôt, s’éloignant de la côte à grands pas, À travers le désert sablonneux des pampas, Tout joyeux de mener au but ses vieilles bandes, Pizarre commença d’escalader les Andes. De plateaux en plateaux, de talus en talus, De l’aube au soir allant jusqu’à n’en pouvoir plus, Ils montaient, assaillis de funèbres présages. Rien n’animait l’ennui des mornes paysages. Seul, parfois, ils voyaient miroiter au lointain Dans sa vasque de pierre un lac couleur d’étain. Sous un ciel tour à tour glacial et torride, Harassés et tirant leurs chevaux par la bride, Ils plongeaient aux ravins ou grimpaient aux sommets ; La montagne semblait prolonger à jamais, Comme pour épuiser leur marche errante et lasse, Ses gorges de granit et ses crêtes de glace. Une étrange terreur planait sur la sierra Et plus d’un vieux routier dont le cœur se serra Pour la première fois y connut l’épouvante. La terre sous leurs pas, convulsive et mouvante, Avec un sourd fracas se fendait, et le vent, Au milieu des éclats de foudre, soulevant Des tourmentes de neige et des trombes de grêles, Se lamentait avec des voix surnaturelles. Et roidis, aveuglés, éperdus, les soldats, Cramponnés aux rebords à pic des quebradas, Sentaient sous leurs pieds lourds fuir le chemin qui glisse. Sur leurs fronts la montagne était abrupte et lisse, Et plus bas, ils voyaient, dans leurs lits trop étroits, Rebondissant le long des bruyantes parois, Aux pointes des rochers qu’un rouge éclair allume, Se briser les torrents en poussière d’écume. Le vertige, plus haut, les gagna. Leurs poumons Saignaient en aspirant l’air trop subtil des monts, Et le froid de la nuit gelait la triste troupe. Tandis que les chevaux, tournant en rond leur croupe, L’un sur l’autre appuyés, broutaient un chaume ras, Les soldats, violant les tombeaux Aymaras, En arrachaient les morts cousus dans leurs suaires Et faisaient de grands feux avec ces ossuaires. Pizarre seul n’était pas même fatigué. Après avoir passé vingt rivières à gué, Traversé des pays sans hameaux ni peuplade, Souffert le froid, la faim, et tenté l’escalade Des monts les plus affreux que l’homme ait mesurés, D’un regard, d’une voix et d’un geste assurés, Au cœur des moins hardis il soufflait son courage ; Car il voyait, terrible et somptueux mirage, Au feu de son désir briller Caxamarca. Enfin, cinq mois après le jour qu’il débarqua, Les pics de la sierra lui tenant lieu de phare, Il entra, les clairons sonnant tous leur fanfare, À grand bruit de tambours et la bannière au vent, Sur les derniers plateaux, et poussant en avant, Sans laisser aux soldats le temps de prendre haleine, En hâte, il dévala le chemin de la plaine. V Au nombre de cent six marchaient les gens de pied. L’histoire a dédaigné ces braves, mais il sied De nommer par leur nom, qu’il soit noble ou vulgaire, Tous ceux qui furent chefs en cette illustre guerre Et de dire la race et le poil des chevaux, Ne pouvant, au récit de leurs communs travaux, Ranger en même lieu que des bêtes de somme Ces vaillants serviteurs de tout bon gentilhomme. Voici. Soixante et deux cavaliers hidalgos Chevauchent, par le sang et la bravoure égaux, Autour des plis d’azur de la royale enseigne Où près du château d’or le pal de gueules saigne Et que brandit, suivant le chroniqueur Xerez, Le fougueux Gabriel de Rojas, l’alferez, Dont le pourpoint de cuir bordé de cannetilles Est gaufré du royal écu des deux Castilles, Et qui porte à sa toque en velours d’Aragon Un saint Michel d’argent terrassant le dragon. Sa main ferme retient ce fameux cheval pie Qui s’illustra depuis sous Carbajal l’Impie ; Cet andalou de race arabe, et mal dompté, Qui mâche en se cabrant son mors ensanglanté Et de son dur sabot fait jaillir l’étincelle, Peut dépasser, ayant son cavalier en selle, Le trait le plus vibrant que saurait décocher Du nerf le mieux tendu le plus vaillant archer. À l’entour de l’enseigne en bon ordre se groupe, Poudroyant au soleil, tout le gros de la troupe : C’est Juan de la Torre ; Cristobal Peralta, Dont la devise est fière : Ad summum per alta ; Le borgne Domingo de Serra-Luce ; Alonze De Molina, très brun sous son casque de bronze ; Et François de Cuellar, gentilhomme andalous, Qui chassait les Indiens comme on force des loups ; Et Mena qui, parmi les seigneurs de Valence, Était en haut renom pour manier la lance. Ils s’alignent, réglant le pas de leurs chevaux D’après le train suivi par leurs deux chefs rivaux, Del Barco qui, fameux chercheur de terres neuves, Avec Orellana descendit les grands fleuves, Et Juan de Salcedo qui, fils d’un noble sang, Quoique sans barbe encor, galope au premier rang. Sur un bravo étalon cap de more qui fume Et piaffe, en secouant son frein blanchi d’écume. Derrière, tout marris de marcher sur leurs pieds, Viennent les démontés et les estropiés. Juan Forès pique en vain d’un carreau d’arbalète Un vieux rouan fourbu qui bronche et qui halète ; Ribera l’accompagne, et laisse à l’abandon Errer distraitement la bride et le bridon Au col de son bai brun qui boite d’un air morne, S’étant, faute de fers, usé toute la corne. Avec ces pauvres gens marche don Pèdre Alcon, Lequel en son écu porte d’or au faucon De sable, grilleté, chaperonné de gueules ; Ce vieux seigneur jadis avait tourné les meules Dans Grenade, du temps qu’il était prisonnier Des mécréants. Ce fut un bon pertuisanier. Ainsi bien escortés, à l’amble de leurs deux mules Fort pacifiquement s’en vont les deux émules : Requelme, le premier, comme bon Contador, Reste silencieux, car le silence est d’or ; Quant au licencié Gil Tellez, le Notaire, Il dresse en son esprit le futur inventaire, Tout prêt à prélever, au taux juste et légal, La part des Cavaliers après le Quint Royal. Or, quelques fourrageurs restés sur les derrières, Pour rejoindre leurs rangs, malgré les fondrières, À leurs chevaux lancés ayant rendu la main, Et bravant le vertige et brûlant le chemin, Par la montagne à pic descendaient ventre à terre. Leur galop furieux fait un bruit de tonnerre. Les voici : bride aux dents, le sang aux éperons, Dans la foule effarée, au milieu des jurons, Du tumulte, des cris, des appels à l’Alcade, Ils débouchent. Le chef de cette cavalcade, Qui, d’aspect arrogant et vêtu de brocart, Tandis que son cheval fait un terrible écart, Salue Alvar de Paz qui devant lui se range, En balayant la terre avec sa plume orange, N’est autre que Fernan, l’aîné, le plus hautain Des Pizarre, suivi de Juan, et de Martin Qu’on dit d’Alcantara, leur frère par le ventre. Briceño qui, depuis, se fit clerc et fut chantre À Lima, n’étant pas très habile écuyer, Dans cette course folle a perdu l’étrier, Et, voyant ses amis déjà loin, se dépêche Et pique sa jument couleur de fleur de pêche. Le brave Antonio galope à son côté ; Il porte avec orgueil sa noble pauvreté, Car, s’il a pour tout bien l’épée et la rondache, Son cimier héraldique est ceint des feuilles d’ache Qui couronnent l’écu des ducs de Carrion. Ils passent, soulevant un poudreux tourbillon. À leurs cris, un seigneur, de ceux de l’avant-garde, S’arrête, et, retournant son cheval, les regarde. Il monte un genet blanc dont le caparaçon Est rouge, et pour mieux voir se penche sur l’arçon. C’est le futur vainqueur de Popayan. Sa taille Est faite pour vêtir le harnois de bataille. Beau comme un Galaor et fier comme un César, Il marche en tête, ayant pour nom Benalcazar. Près d’Oreste voici venir le bon Pylade : Très basané, le chef coiffé de la salade, Il rêve, enveloppé dans son large manteau ; C’est le vaillant soldat Hernando de Soto Qui, rude explorateur de la zone torride, Découvrira plus tard l’éclatante Floride Et le père des eaux, le vieux Meschacébé. Cet autre qui, casqué d’un morion bombé, Boucle au cuir du jambard la lourde pertuisane En flattant de la voix sa jument alezane, C’est l’aventurier grec Pedro de Candia, Lequel ayant brûlé dix villes, dédia, Pour expier ces feux, dix lampes à la Vierge. Il regarde, au sommet dangereux de la berge, Caracoler l’ardent Gonzalo Pizarro, Qui depuis, à Lima, par la main du bourreau, Ainsi que Carbajal, eut la tête branchée Sur le gibet, après qu’elle eut été tranchée Aux yeux des Cavaliers qui, séduits par son nom, Dans Cuzco révolté haussèrent son pennon. Mais lui, bien qu’à son roi déloyal et rebelle, Étant bon hidalgo, fit une mort très belle. À quelques pas, l’épée et le rosaire au flanc, Portant sur les longs plis de son vêtement blanc Un scapulaire noir par-dessus le cilice Dont il meurtrit sa chair et dompte sa malice, Chevauche saintement l’ennemi des faux dieux, Le très savant et très miséricordieux Moine dominicain fray Vincent de Valverde Qui, tremblant qu’à jamais leur âme ne se perde Et pour l’éternité ne brûle dans l’Enfer, Fit périr des milliers de païens par le fer Et les auto-da-fés et la hache et la corde, Confiant que Jésus, en sa miséricorde, Doux rémunérateur de son pieux dessein, Recevrait ces martyrs ignorants dans son sein. Enfin, les précédant de dix longueurs de vare, Et le premier de tous, marche François Pizarre. Sa cape, dont le vent a dérangé les plis, Laisse entrevoir la cotte et les brassards polis ; Car, seul parmi ces gens, pourtant de forte race, Qui tous avaient quitté l’acier pour la cuirasse De coton, il gardait, sous l’ardeur du Cancer, Sans en paraître las, son vêtement de fer. Son barbe cordouan, rétif, faisait des voltes Et hennissait ; et lui, châtiant ces révoltes, Laissait parfois sonner contre ses flancs trop prompts Les molettes d’argent de ses lourds éperons, Mais sans plus s’émouvoir qu’un cavalier de pierre, Immobile, et dardant de sa sombre paupière L’insoutenable éclat de ses yeux de gerfaut. Son cœur aussi portait l’armure sans défaut Qui sied aux conquérants, et, simple capitaine, Il caressait déjà dans son âme hautaine L’espoir vertigineux de faire, tôt ou tard, Un manteau d’Empereur des langes du bâtard. VI Ainsi précipitant leur rapide descente Par cette route étroite, encaissée et glissante, Depuis longtemps, suivant leur chef, et, sans broncher, Faisant rouler sous eux le sable et le rocher, Les hardis cavaliers couraient dans les ténèbres Des défilés en pente et des gorges funèbres Qu’éclairait par en haut un jour terne et douteux ; Lorsque, subitement, s’effondrant devant eux, La montagne s’ouvrit sur le ciel comme une arche Gigantesque, et, surpris au milieu de leur marche Et comme s’ils sortaient d’une noire prison, Dans leurs yeux aveuglés l’espace, l’horizon, L’immensité du vide et la grandeur du gouffre Se mêlèrent, abîme éblouissant. Le soufre, L’eau bouillante, la lave et les feux souterrains, Soulevant son échine et crevassant ses reins, Avaient ouvert, après des siècles de bataille, Au flanc du mont obscur cette splendide entaille. Et, la terre manquant sous eux, les Conquérants Sur la corniche étroite ayant serré leurs rangs, Chevaux et cavaliers brusquement firent halte. Les Andes étageaient leurs gradins de basalte, De porphyre, de grès, d’ardoise et de granit, Jusqu’à l’ultime assise où le roc qui finit Sous le linceul neigeux n’apparaît que par place. Plus haut, l’âpre forêt des aiguilles de glace Fait vibrer le ciel bleu par son scintillement ; On dirait d’un terrible et clair fourmillement De guerriers cuirassés d’argent, vêtus d’hermine, Qui campent aux confins du monde, et que domine De loin en loin, colosse incandescent et noir, Un volcan qui, dressé dans la splendeur du soir, Hausse, porte-étendard de l’hivernal cortège, Sa bannière de feu sur un peuple de neige. Mais tous fixaient leurs yeux sur les premiers gradins Où, près des cours d’eau chaude, au milieu des jardins, Ils avaient vu, dans l’or du couchant éclatantes, Blanchir à l’infini, les innombrables tentes De l’Inca, dont le vent enflait les pavillons ; Et de la solfatare en de tels tourbillons Montaient confusément d’épaisses fumerolles, Que dans cette vapeur, couverts de banderoles, La plaine, les coteaux et le premier versant De la montagne avaient un aspect très puissant. Et tous les Conquérants, dans un morne silence, Sur le col des chevaux laissant pendre la lance, Ayant considéré mélancoliquement Et le peu qu’ils étaient et ce grand armement, Pâlirent. Mais Pizarre, arrachant la bannière Des mains de Gabriel Rojas, d’une voix fière : Pour Don Carlos, mon maître, et dans son Nom Royal, Moi, François Pizarro, son serviteur loyal, En la forme requise et par-devant Notaire, Je prends possession de toute cette terre ; Et je prétends de plus que si quelque rival Osait y contredire, à pied comme à cheval, Je maintiendrai mon droit et laverai l’injure ; Et par mon saint patron, Don François, je le jure ! — Et ce disant, d’un bras furieux, dans le sol Qui frémit, il planta l’étendard espagnol Dont le vent des hauteurs qui soufflait par rafales Tordit superbement les franges triomphales. Cependant les soldats restaient silencieux, Éblouis par la pompe imposante des cieux. Car derrière eux, vers l’ouest, où sans fin se déroule Sur des sables lointains la Pacifique houle, En une brume d’or et de pourpre, linceul Rougi du sang d’un Dieu, sombrait l’antique Aïeul De Celui qui régnait sur ces tentes sans nombre. En face, la sierra se dressait haute et sombre. Mais quand l’astre royal dans les flots se noya, D’un seul coup, la montagne entière flamboya De la base au sommet, et les ombres des Andes, Gagnant Caxamarca, s’allongèrent plus grandes. Et tandis que la nuit, rasant d’abord le sol, De gradins en gradins haussait son large vol, La mourante clarté, fuyant de cime en cime, Fit resplendir enfin la crête plus sublime ; Mais l’ombre couvrit tout de son aile. Et voilà Que le dernier sommet des pics étincela, Puis s’éteignit.                      Alors, formidable, enflammée D’un haut pressentiment, tout entière, l’armée, Brandissant ses drapeaux sur l’occident vermeil, Salua d’un grand cri la chute du Soleil.
Les Conquérants de l’Or - Les trophées -  José-Maria de Heredia
0 notes
Text
L'homme de la colline
Un très joli conte pour enfants mais triste avec une belle moralité derriere.
Sur une île lourde d’un passé douloureux du nom de Kéa, au sommet de la colline Hélvère, se trouvait un vieil homme sans âge.
Je l’ai rencontré lorsque j’avais huit ans.
Je lui rends toujours régulièrement visite dès que je le peux, mais mes parents prétendent connaître cet homme depuis fort longtemps et n’apprécient pas nos entrevues, trop fréquentes à leur goût.
Les villageois se moquent de lui et racontent toutes sortes de sombres histoires à son sujet. La rumeur laisse croire que le vieil homme aurait la faculté de dompter les espèces sauvages de la région, comme les loups et les renards. Certains racontent même que « l’homme de la colline » était là bien avant les premières maisons bâties sur l’île, il y a de cela 150 ans...
<!--more-->
Il ne descend presque jamais au village afin d’éviter les railleries qui irritent ses oreilles fatiguées. Cet homme vit en autarcie complète, grâce à son élevage de volailles, aux légumes géants qu’il cultive dans son jardin et au poisson qu’il pêche lorsque les marins dorment encore, enivrés par des soirées sans fin, dans les bouges sordides des îles voisines.
Pourtant, j’aime aller lui rendre visite lorsque mes parents sont couchés. Il m’apporte l’affection d’un grand-père que je n’ai jamais eu.
Cet homme est profondément gentil et attentif à mon égard. Il a le visage bruni par le soleil et sa peau est tannée comme la veste en daim que je lui ai toujours vue.
Ses cheveux blancs comme la neige, parcourent son dos pour s’arrêter au bas de ses reins. Ses longs doigts fins qui me font penser à des baguettes noueuses de peuplier, sont maltraités par les intempéries et son pantalon bien trop large laisse deviner une maigreur incroyable.
Il vit dans une petite cabane de bois qu’il a entièrement construite. Son intérieur est très humble, mais tellement chaleureux ! La décoration se limite à quelques filets de pêche troués, et à un tableau représentant une femme entourée de bébés loups. Dans un bocal ébréché, des pinceaux aux poils rabougris reposent patiemment, dans l’attente d’une incertaine utilisation.
Je m’y sens bien, dans la demeure du vieil homme.
Personne ne lui a rendu visite, depuis des printemps évaporés dans les calendriers. Ses yeux sans teint ont oublié le relief des beautés qui l’entourent, depuis son accident de cheval. Cependant, je ne l’ai jamais vu triste. Aucune larme ne semble jamais avoir perlé sur la sécheresse de ces joues maigres.
Pour mon quinzième anniversaire, « l’homme des sommets » m’a offert une canne à pêche fabriquée par ses mains habiles. Elle est faite d’un manche sculpté de petits poissons ailés, c’est un objet magnifique.
Il m’a confié l’avoir fabriquée avec des bois rares et précieux dont il tient la provenance soigneusement secrète. Il m’a fait boire un élixir aux saveurs insolites, à base de lait chaud de sa brebis et du miel de sa ruche. Il y a même ajouté, m’a-t-il dit, des épices aux pouvoirs magiques. Dans l'après-midi, nous sommes allés à la rencontre des poissons au bord d’une rivière cachée dans la clairière. Je n’en avais jamais attrapé d’aussi gros. Alors, avec son air malicieux, il m’a raconté que la canne avait elle aussi un certain pouvoir.
Et je riais des histoires extraordinaires qu’il me contait.
Lorsque je suis rentré chez moi, à une heure jugée tardive, mes parents étaient furieux.
Sans explication, mon père cassa sur ses genoux le cadeau offert par le vieil homme aux yeux délavés.
J’étais désemparé. Je me mis à pleurer, et mes sanglots durèrent une bonne partie de la nuit dans ma chambre.
Je suis quand même retourné voir mon ami le lendemain, pour lui raconter ce qu’avait fait mon père. Attendri, il me donna son arc pour me faire oublier ma peine.
Nous partîmes chasser les oiseaux non loin de chez lui, dans la « forêt aux murmures ». Amusé par mon inexpérience et percevant mes maladresses, il me proposa de retourner chez lui pour que je me repose.
Nous étions assis devant sa cabane et dégustions un breuvage face au bleu turquoise de la mer. Je profitai de ces instants de calme et de douceur pour me hasarder à lui poser quelques questions qui m’intriguaient depuis un certain temps.
« Est-ce vrai ce que l’on raconte au sujet des loups que vous apprivoisez ? »
Il me répondit sur un ton réconfortant : « Non, mon garçon, je ne les apprivoise pas. C’est eux qui m’ont adopté dans leur grande famille qui se trouve de l’autre côté de la colline, à cinq jours de marche. Mais tu sais, les biches et les écureuils aussi nous ont ouvert la porte de leur coeur, à moi ainsi qu’à la solitude qui me tient compagnie chaque jour. Je leur parle de mes journées fragiles qui se ressemblent, et ils me comprennent, répondant par de petits cris tendres et affectueux. Même le ciel me prévient à l’avance de ne pas sortir de chez moi en se manifestant par de sourds grondements, quand la tempête menace.
« De quoi vous souvenez-vous avant...
- L’accident ?… dit-il en finissant ma phrase avant moi. Je chevauchais un bel étalon gris. Nous étions dans la forêt aux murmures avec ma compagne, lorsque le cheval s’est emballé tout à coup. En tombant, ma tête a heurté violemment une pierre, et depuis je suis devenu ce que tu peux voir. Un vieil homme aux cinq sens endoloris. Désormais, mes rêves sont hantés de souvenirs angoissants, et d’autres choses aux contours imprécis. Cependant, j’ai en mémoire les vastes étendues de verdure qui entouraient ma demeure. Mais hélas, ces immenses prairies où vivaient en parfaite harmonie une multitude d’espèces animales ne sont plus, depuis l’arrivée des « hommes du bas ».
Ce sont ces mêmes gens qui interdirent à leurs enfants de me rendre visite les jours de fête, en leur racontant toutes sortes de légendes amères pour les effrayer. Je ne me baigne plus dans la rivière, de crainte d’être emporté par le courant et de ne pas retrouver mes repères. J’ai une image assez floue des couleurs extraordinaires de certains papillons rares, isolée dans un recoin caché de mon esprit. Heureusement qu’il me reste les odeurs pour ne pas oublier... Par contre, j’ai l’impérissable souvenir d’une jeune femme très belle que j’ai tant aimée... Avec elle, j’ai connu un immense bonheur pendant des années dans ce lieu. Puis un jour elle est partie, afin de fuir la cruauté et les récits imaginaires que ceux d’en bas prennent un malin plaisir à raconter à mon sujet. »
J’exprimai l’émotion qui m’avait envahi par de lourds sanglots. Le vieil homme était aussi touché, mais aucune larme ne sortait de ses yeux transparents.
Le coucher de soleil à l’horizon m’indiqua qu’il était temps pour moi de descendre retrouver ma famille pour le dîner. Je pris soin de cacher l’arc que mon ami m’avait offert.
- Sur la table de la salle à manger, mes parents m’avaient laissé un mot dans lequel ils me demandaient de les rejoindre à L’Alcôve, le bar du village. Arrivé au lieu dit, je pus percevoir avant même d’avoir franchi la porte, l’excitation malsaine des habitants. Je pénétrai timidement dans un univers hostile et enfumé, impregné de relents d’alcool. Des bouteilles vides jonchaient les tables sales.
Une poussière lourde recouvrait le sol. Les rideaux jaunis aux fenêtres interdisaient à la lumière de pénétrer.
« Y’en a marre ! Faut en terminer ! C’est la huitième depuis le début de l’année ! »
« Ouais ! T’as raison, ça peut plus continuer ! »
« Assez parlé ! Allons-y ! »
Je demandai à mes parents la raison de cette révolte.
« Des vaches et des brebis ont été retrouvées égorgées par des loups, dans l’enclos de la ferme de Jo », me répondit mon père d’une voix agacée.
« C’est la faute de ce fou et de ses bêtes, je l’ai vu s’en aller de l’autre côté de la colline, il y a une semaine ! » éructait mademoiselle Léane, fidèle dévouée à notre sainte paroisse de Kéa. « C’est lui qui les a envoyés pour nous punir ! Il faut qu’il parte ! »
« Ouais ! elle a raison, faut en finir ! » répondirent-ils tous ensemble.
Je réalisai que le vieil homme courait un grand danger, et je partis immédiatement en haut de la colline pour le prévenir de ce qui se préparait contre lui au village. Essoufflé par une folle course, je cognai de toutes mes forces contre la porte de son cabanon.
« C’est moi ! Ouvrez vite ! » criais-je, « La colère gronde en bas, ils veulent vous chasser ! Comme jadis ils ont chassé votre bien aimée !»
Seul le silence répondit à mes cris aigus. Soudain, un léger doute m’envahit lorsque je repensai aux accusations de mademoiselle Léane...
Mais déjà, j’entendais au loin des bruits de pas sourds, accompagnés d’aboiements féroces. Les ombres vives se faisaient de plus en plus précises.
Les hommes forts du village arrivaient !
Dans la plus grande des fureurs, ils défoncèrent la porte à l’aide de leurs larges épaules. Nous constatâmes dans un silence pesant, que le vieil homme avait disparu, emportant avec lui ses modestes affaires.
Très peiné, je retournai chez moi, avec pour seul réconfort le souvenir des instants merveilleux et secrets passés en sa compagnie.
Des souvenirs agréables, d’une rare intensité, remontaient à la surface, m’inondant d’un bonheur apaisant.
Je ne revis le vieil homme que quinze jours plus tard, au hasard d’une balade en forêt. J’étais si heureux et tellement surpris de le retrouver, que je lui sautai maladroitement au cou, et l’étouffai de tendresse.
« Où étiez-vous parti ? balbutiai-je. Savez-vous que les habitants veulent vous chasser d’ici ?
- Du calme mon garçon, je vais bien, rassure-toi. Je suis juste fatigué de mon voyage. »
Il me caressa affectueusement le visage, puis me serra très fort dans ses bras pendant un long moment.
« J’ai entrepris une longue route pendant dix jours... »
Je marquai un court instant de réflexion et me défis brusquement de son étreinte. Il continuait de me parler, mais je ne l’entendais plus. Le doute, de nouveau s’insinuait dans les méandres de mon cerveau et s’y installait pernicieusement, faisant écho aux accusations des villageois qui résonnaient de plus en plus en moi.
Dans une colère incontrôlée, je lui jetai :
« Dix jours ! Mais ... c’est le temps qu’il vous a fallu pour aller et revenir de l’autre côté de la colline, là où précisément vivent les loups ! ... Alors c’est donc vrai ce que l’on raconte en bas, c’est bien vous qui avez ordonné à ces animaux d’attaquer le bétail de la ferme de Jo !
- Mais non mon garçon, comment peux-tu croire pareille sottise, je me suis absenté pour te ramener quelque... »
Son visage grimaçant et sa voix posée comme celle d’un acteur de théâtre jouant à la perfection un rôle machiavélique, me rebutaient.
« N’en dites pas plus ! Vous m’avez menti ! Menti depuis toujours ! Vous avez abusé de ma naïveté, joué avec mes sentiments ! Vous m’avez trompé ! C’est eux qui ont raison… Je ne peux plus avoir confiance en vous ! Adieu ! »
« Attends... Reviens... Ne pars pas !... »
Précipitamment, je me mis à courir en direction du village. J’entendais de plus en plus faiblement le bruit sec de sa canne frapper la terre, comme s’il essayait de me poursuivre de son pas inégal.
J’avertis mes parents du retour de « l’homme aux loups ». Ma mère s’empressa de prévenir le voisinage de la nouvelle, et en moins d’une heure, tous les habitants emplis de haine étaient rassemblés au pied de la colline, décidés à bannir « l’homme des cimes » de son territoire.
Lorsque nous arrivâmes au sommet de la colline, « les hommes d’en bas » lui ordonnèrent de partir sur-le-champ. Sans contestation, le vieil homme rangea d’une main tremblante ses habits et quelques babioles poussiéreuses dans un vieux sac de peau. Puis me tournant le dos, il partit dans la direction opposée au mont Hélvère, là où personne ne s’était jamais aventuré jusqu’alors, de crainte d’être attaqué par les prédateurs, ses amis.
J’étais resté éloigné de lui. Pourtant il marqua une pause, et son visage se tourna vers moi. J’avais l’impression qu’il me fixait. Pendant ces longues secondes, il me sembla voir une larme couler de ses yeux, glissant entre les sillons des joues ridées.
Une semaine s’est écoulée depuis son départ. Nostalgique de l’ambiance qui régnait chez « l’homme de la forêt », j’ai voulu retourner une dernière fois dans sa demeure, encore tiède des événements bouleversants dont elle fut le théâtre.
Je poussai la vieille porte qui avait été défoncée.  
L’unique pièce était déserte. Il n’y avait plus d’effets, plus rien, à l’exception d’un colis sur sa table, accompagné d’une lettre, probablement oubliés dans la hâte de son départ. Curieux, je pris la liberté d’ouvrir l’enveloppe et d’en lire le contenu :
« Je suis désolé mon petit, que ton père ait cassé la canne à pêche le jour de tes 15 ans. Si tu ne m’as pas vu ces derniers temps, c’est que je suis allé loin dans la forêt, chercher ces bois rares dont elle était faite. Le mal est réparé, je t’en ai fabriqué une autre. J’espère qu’elle te plaira. Joyeux anniversaire mon garçon. »
La terre bascula sous mes pieds. En un instant je venais de comprendre ma terrible erreur. Je crois n’avoir jamais autant pleuré de ma vie d’adolescent.
Seize longues années ont passé depuis que j’ai été séparé de « l’homme de la colline». Il m’arrive de temps à autre d’être pris de remords lorsque je repense à celui qui fut mon unique ami. Cependant ces sombres pensées se dissipent rapidement devant le sourire de mon fils, qui a cinq ans aujourd’hui. Je vais souvent à la pêche avec lui. Il est heureusement trop jeune pour analyser les sentiments des grands, car il ne comprendrait pas pourquoi son père verse des larmes, chaque fois qu’il prend un gros poisson.
0 notes
alexcorzoma · 7 years
Text
Le Vacarme. Chapitre 3. Sur l’île de Paragorod.
Tumblr media
        Usé par le monde, il arriva sur l'île de Paragorod. C'était un charmant coin de terre, tout baigné d'ombre, et d'un peu de soleil. Là se trouvaient trois villes, disposées autours du Grand Palais où le roi avait ses appartements. Au Nord, Bahri. Au Sud-Est, Narseye. Au Sud-Ouest, Louhouse. Elles se ressemblaient toutes si bien que certains, se pensant à Bahri, se trouvaient à Narseye, d'autres, se pensant à Louhouse, se trouvaient à Bahri, et d'autres encore, se pensant à Narseye, se trouvaient à Louhouse. On raconte même qu'un homme avait vécu toute sa vie dans la maison d'un malheureux qui s'était lui-même trompé de maison.
Ce qui n'aidait pas à se rendre compte de son erreur, c'est qu'on sortait rarement, voire jamais. Ainsi, sur l'île de Paragorod, il était d'usage de s'enfermer chez soi. C'était ce qu'avait préconisé Spt Ier, le roi fondateur de la Policité, également à l'origine du principe de confidentialité de l'intention de vote. Les Paragorodiens vouaient un culte à la tranquilité privé, et aux quatre murs du logis. Leur logis n'avaient que quatre murs. Pas de fenêtres, et une porte que l'on ouvrait au cas où, pour pisser, s'acheter à manger ou fumer une clope. Leur seule ambition, avoir un bon salaire et un chez-soi plus ou moins agréable.
Une autre occasion d'ouvrir la porte, c'était pendant les élections. Occasion de s'intéresser momentanément à la politique, en temps normal ils n'aimaient pas ça, d'avoir une opinion. On se faisait savant, voulait ou non rompre avec des institutions dont on pouvait alors longtemps disserter. Et les uns de rêver d'une république tsaresque, les autres d'une monarchie drosophilesque. D'autres encore, c'était ni patrie ni patron, entre deux pintes de bière. Tous se disaient révolutionnaires, contre le système. Leurs ancêtres l'avaient été, ils fallait bien qu'ils le fussent, par hérédité. Ils finissaient par garder le même roi.
La devise de l'île de Paragorod, c'était: Tant que je parlerai tu parleras, même si je ne suis pas d'accord. On était libre de penser ce qu'on voulait, et personne ne pouvait nous contredire: toute pensée était légitime et raisonnable. Alex Corzoma fut invité à la cour du roi Derick12345, le successeur de Spt XX, où il eut une illustration de ce principe. Kykoos, le fou du roi, se donnait en spectacle: dans un dialogue avec le roi, il produisait de la pensée.
              DERICK12345, à Alex Corzoma - Dans notre pays, nous pensons qu'on ne peut être ici et ailleurs en même temps, mais toujours à un endroit à la fois. Quand nous changeons d'endroit, il nous faut nous déplacer. C'est logique, me direz-vous, et pourtant…
KYKOOS - Pourtant, un accident est si vite arrivé. Avant même que les poules aient des dents. Et quand le feu bat le fer, il se brûle, ouille ouille ouille.
DERICK12345, lançant une cacahuette à Kykoos - Je ne suis pas d'accord, mais comme le dit si bien la sagesse populaire, tant que je parlerai tu parleras. Et à ce propos, mon grand-père, qui était un homme fort modeste, et qui est mort je ne sais plus quand, me racontait qu'une fois, à la guerre, il s'était fait mal à l'orteil. Une infirmière a dû soigner son bobo. Depuis, il va mieux.
KYKOOS - Mais à la guerre comme à naguère, les glaires de ma mère, je claque des doigts et hop, je chie un petit papi-papillon de derrière mon oreille. Et je pense que je suis le mieux placé pour vous en commérer un p'tit prout pas piqué des hannetons. Justement, connaissez-vous la différence entre un Youtuber et un retournement de veste?
ALEX CORZOMA - Que nenni!
KYKOOS - Moi non plus!
DERICK12345, lançant une cacahuette à Kykoos - Je ne suis pas d'accord, mais comme le dit si bien la sagesse populaire, vous connaissez la suite. Un jour, je marchais en tutoyant les petits oiseaux. Cuicui, dis-je. Cuicuicui, me répondirent-ils. Cuicui, répliquai-je. Cui, cuicui, conclurent-ils. Nous partîmes, bons camarades. Là, je vois un homme, il avait un nez.
ALEX CORZOMA - C'est pas vrai!
DERICK12345 - Si, je jure.
KYKOOS - Mais un homme qui a un nez a t-il forcément du flair? Il peut avoir une tanière, le seum ou affaire à quelques charlatans.
DERICK12345 - Je m'insurge! Je n'ai jamais prétendu quoi que ce soit. Je suis apolitique, je n'ai pas d'avis sur la question.
KYKOOS - Vous vous méprenez sur mes intentions. C'est aux lecteurs de ce récit que je m'adresse. Ils ne savent rien à la vie, ils pensent des foutaises.
DERICK12345 - De nos jours, tout se perd, ma bonne dame.
      A.Corzoma
0 notes
Text
Des maisons d’édition, il y en a des TAS ! Mais des éditeurs passionnés comme ceux qui travaillent aux éditions Charleston. J’en connais peu. Vous le savez probablement, j’ai découvert cette maison d’édition grâce à ma nomination “Lectrice Charleston 2015”. Les éditons étaient alors toutes jeunes et pas encore très connues. J’ai tout de suite accroché à leur style, leur caractère et surtout aux romans qu’ils publient. Enfin “ils”… je devrais plutôt dire “elles”. Car les éditions Charleston, c’est avant-tout une affaire de filles. Des filles qui lisent, qui écrivent, qui éditent, qui encouragent… et qui swinguent !
Je suis devenue accros à leur manière de faire : lectrices charlestons passionnées et contacts réguliers avec elles, édition d’auteurs locaux et de romans traduits magistraux, présence sur les médias sociaux… Elles savent comment se faire adorer du public ! Et puis, elles ont découvert des talents que l’on n’oubliera pas d’aussitôt : Marie Vareille et  Clarisse Sabard qui était aussi copines lectrices Charleston en même temps que moi et puis Amy Wane en 2016 grâce au concours Downton Abbey. Sans oublie la talentueuse Alia Cardyn (très sympa!) qui vient de remporter le prix Club ! Il n’y a pas à dire, c’est une maison d’édition aux talents rares.
Voilà pourquoi j’avais envie de vous reparler d’elles. Elles, les éditrices. Elles, les romancières. Elles, les héroïnes de leurs romans. Il faut le savoir, les romans Charleston, ce sont des romans de filles. Certes. Mais aussi et surtout de femmes. Des grands romans, des grandes romances. Un butin sacré pour une lectrice telle que moi qui adore les livres bien ficelés, qui me font trembler. Et il est extrêmement rare qu’un roman Charleston ne me fasse pas trembler.
Je les dévore et les collectionne depuis 2015 et j’avoue ne pas encore en avoir assez. J’apprécie énormément le partenariat qui s’est installé avec les éditrices et surtout avec Elise des éditions qui est toujours à l’écoute et prête à me faire parvenir les dernières nouveautés lorsque je me laisse tenter. C’est un pure bonheur que de voir un colis Charleston arriver dans ma boite aux lettres et je me régale à chaque fois des histoires de ces auteurs magiques.
Vous l’avez compris, je vous recommande cette maison d’édition à 1000%. Depuis peu, il y a également une collection “Diva” qui se différencie de la collection “Grands romans” que j’affectionne beaucoup. Et les éditions permettent également à certaines oeuvres de vivre un peu plus longtemps dans les rayons grâce à leur collection poche qui ne cesse de grandir.
Si vous cherchez un cadeau, un nouveau roman, un auteur génial… je ne peux que vous recommander un livre Charleston. Je vais même vous refaire un petit topo de toutes mes lectures pour que vous réalisez bien toutes les merveilles qui sont déjà parues :) Oui, je suis le diable parfois. Vous allez voir, la tentation sera trop forte ! A vos âmes et périls… Ci-dessous se trouve donc une présentation de chaque livre que j’ai lu (les résumés sont ceux trouvés sur le net / 4ème couverture) – cliquer sur le titre pour lire la chronique – et tout en bas… ma mini-PAL :) Bonne découverte !
Leur site 
Leur page Facebook 
Leur compte Instagram
This slideshow requires JavaScript.
La colline aux esclaves & Les larmes de la liberté (Kathleen Grissom)
#gallery-0-14 { margin: auto; } #gallery-0-14 .gallery-item { float: left; margin-top: 10px; text-align: center; width: 50%; } #gallery-0-14 img { border: 2px solid #cfcfcf; } #gallery-0-14 .gallery-caption { margin-left: 0; } /* see gallery_shortcode() in wp-includes/media.php */
La colline aux esclaves : États-Unis, 1791. Lavinia, jeune orpheline irlandaise, se retrouve domestique dans une plantation de tabac. Placée avec les esclaves noirs de la cuisine, sous la protection de Belle, la fille illégitime du maître, elle grandit dans la tendresse de cette nouvelle famille.  Cependant, Lavinia ne peut faire oublier la blancheur de sa peau : elle pénètre peu à peu dans l’univers de la grande maison et côtoie deux mondes que tout oppose. Jusqu’au jour où une histoire d’amour fait tout basculer… Le petit monde de la plantation est mis à feu et à sang, de dangereuses vérités sont dévoilées, des vies sont menacées… 
Les larmes de la liberté : 1824. À la mort de ses parents adoptifs, James s’évertue à cacher une partie de son histoire aux gens qui l’entourent, dont Caroline Chardon de qui il est amoureux. Elle porte d’ailleurs leur enfant, fruit d’un amour interdit. Avant que James ne lui dévoile son terrible secret, il apprend que le fils de son fidèle serviteur, envers qui il a une grande dette morale, a été capturé et vendu comme esclave. James décide alors de partir à la recherche du jeune garçon: le retrouvera-t-il à temps? Réussira-t-il à avouer à sa douce promise ce qui le hante depuis tant d’années? À travers les vies et les destins de Sukey, de Pan et de Henry, de Robert et de Kitty, découvrez les États-Unis au temps des plantations et de l’esclavagisme. Un véritable hymne à la liberté et à la richesse du cœur.
Une valse à trois temps (Patricia Gaffney)
L’auteur à succès des Quatre grâces traite à nouveau de la complexité des relations entre femmes, en évoquant cette fois les rapports mère/fille et l’amour qui les unit. Veuve depuis peu, Carrie est submergée par un sentiment de culpabilité : elle sait que son couple était mort bien avant qu’une crise cardiaque n’emporte son mari. Pour sa fille Ruth, encore adolescente, et Dana, sa mère possessive, elle tient bon. Peu à peu, elle émerge de son chagrin et commence à tourner la page. Jess, son premier amour, réapparaît dans sa vie et lui offre la main secourable dont elle a besoin pour sortir la tête de l’eau. Forte d’un nouveau but et d’une passion qu’elle n’aurait osé imaginer, Carrie s’efforce de puiser dans ce nouvel amour la force d’apporter un équilibre précaire à une famille en proie à ses souffrances et ses déceptions. Ce roman émouvant, d’une justesse poignante, aide à mieux comprendre les femmes, leur vision d’elles-mêmes, ainsi de la magie de la vie.
Fleurs sauvages (Kimberley Freeman) 
Glasgow, 1929. Beattie Blaxland avait des rêves de mode et d’étoffes. Ce dont elle n’avait jamais rêvé, c’était de tomber enceinte de son amant, un homme marié. Londres, 2009, Emma Blaxland vivait son rêve de danseuse étoile jusqu’au jour où elle a tout perdu. Des décennies les séparent mais les deux femmes doivent trouver la force de reconstruire leur vie.
Les larmes de Cassidy (Amy Wane)
Paris, 1935. Matthew Alban-Wilson est un jeune et brillant docteur qui exerce dans un hôpital parisien. Il s’intéresse tout particulièrement à une patiente dans le coma, arrivée sept ans plus tôt. Lorsque celle qu’il a prénommée Blanche se réveille miraculeusement, le docteur ne peut refréner sa curiosité. Inspiré par les travaux de sa mère, écrivaine, et de sa grand-mère, psychiatre, Matthew demande à Blanche de lui raconter son histoire. La jeune femme est en réalité Cassidy McMurray, une aristocrate irlandaise. De Clifden à Paris en passant par l’Inde, les mots de Cassidy et la plume de Matthew retracent l’histoire d’une fille de l’Eire, l’histoire d’une femme du xxe siècle. Mais avec près d’une décennie perdue, Cassidy retrouvera-t-elle le goût de vivre ?
Les lettres de Rose (Clarisse Sabard)
Lola a été adoptée à l’âge de trois mois. Près de trente ans plus tard, elle travaille dans le salon de thé de ses parents, en attendant de trouver enfin le métier de ses rêves : libraire. Sa vie va basculer lorsqu’elle apprend que sa grand-mère biologique, qui vient de décéder, lui a légué un étrange héritage : une maison et son histoire dans le petit village d’Aubéry, à travers des lettres et des objets lui apprenant ses origines. Mais tous les habitants ne voient pas d’un bon œil cette étrangère, notamment Vincent, son cousin. Et il y a également le beau Jim, qui éveille en elle plus de sentiments qu’elle ne le voudrait…
L’année du flamant rose (Anne de Kinkelin)
Louise, Ethel, Caroline. Trois amies, joyeuses mais solitaires, partagent tout, leurs peines et leurs bonheurs, leur passion aussi pour les belles choses. Toutes trois sont des créatrices, des faiseuses de rêves, dans leurs ateliers qui se font face dans un passage parisien. Louise, joaillière, crée des bijoux qui réjouissent le coeur et les yeux. Ethel, corsetière, réveille les sentiments et les sens des amoureuses éperdues (et des autres). Caroline, relieuse, redonne vie aux livres anciens, tout en rêvant la sienne. Toutes trois, passionnées, sont amoureuses de l’amour, mais celui-ci leur semble inatteignable… Le jour où Louise s’entiche d’un flamant rose empaillé, superbe et quelque peu étrange, qu’elle installe dans son atelier, son regard sur la vie semble changer. Après sa rupture, elle est face à un défi : se relever, tenir debout, comme le flamant sur une patte, pour sa petite fille, Rose, malgré sa fragilité et les obstacles. Cette année, les trois femmes sauront-elles trouver la force de se reconstruire ?
Le jardin au clair de lune (Corina Bomann)
Après le succès de L’île aux papillons, découvrez le nouveau roman de Corina Bomann… Le jour où un étrange vieil homme lui offre un violon orné d’une rose qui aurait appartenu à sa famille, Lilly Kaiser voit sa vie basculer. Quelle énigme renferment l’instrument et la partition intitulée Le Jardin au clair de lune dissimulée à l’intérieur ? De Berlin à Londres en passant par l’Italie, ses recherches vont mener Lilly jusqu’à Sumatra, une île d’Indonésie intense au riche passé colonial. Des plantations de canne à sucre aux concerts éblouissants, Lilly met ses pas dans ceux de deux violonistes virtuoses, Rose et Helen, qui ont enchanté les foules cent ans plus tôt. Elle est encore bien loin de se douter qu’en pénétrant dans le mystérieux et sublime jardin « au clair de lune », elle a rendez-vous avec sa propre histoire… et avec l’amour.
Bienvenue à Big Stone Gap (Adriana Trigiani)
Des milliers de lecteurs à travers le monde sont tombés amoureux de la ville de Big Stone Gap, nichée dans la chaîne des Blue Mountains de Virginie, et de la vie de cette Ave Maria Mulligan, auto-proclamée la vieille fille de service ! Ava Maria, qui va avoir trente-six ans, se résigne à sa solitude malgré des journées bien remplies par un dur travail, des amis amusants et de bons livres. Puis un jour, le passé d’Ave Maria se découvre pour lui révéler un secret qui va changer le cours de son existance. Du jour au lendemain, elle doit faire face à des demandes en mariage, tout en préparant ce qui doit être le voyage de sa vie en Italie, et qui va bouleverser à jamais sa vision du monde et de la place qu’elle y occupe. Plein de drôlerie et d’émotion, Big Stone Gap est un véritable joyau, et un roman que vous voudrez partager avec vos amis et tous ceux que vous aimez pendant de nombreuses années !
Les septs soeurs 1. Maia 2. Ally (Lucinda Riley)
#gallery-0-15 { margin: auto; } #gallery-0-15 .gallery-item { float: left; margin-top: 10px; text-align: center; width: 50%; } #gallery-0-15 img { border: 2px solid #cfcfcf; } #gallery-0-15 .gallery-caption { margin-left: 0; } /* see gallery_shortcode() in wp-includes/media.php */
Maia : A la mort de leur père, Maia et ses sœurs se retrouvent dans le château de leur enfance, sur les rives du lac de Genève. Toutes ont été adoptées, et chacune a reçu en héritage un indice lui permettant de remonter le fil de ses origines. Maia est ainsi conduite jusqu’à un manoir en ruines, sur les collines de Rio de Janeiro.
Ally : Alors qu’elle s’apprête à participer à l’une des courses en mer les plus exigeantes du monde, Ally apprend la nouvelle de la mort soudaine et mystérieuse de son père adoptif et retourne à la hâte auprès de ses soeurs dans leur maison familiale, une magnifique demeure sur le lac Léman. Elle est aussi, à leur insu, impliquée dans une histoire d’amour passionnée… À la suite des événements douloureux qui en découlent, Ally quitte sa vie sur la mer pour suivre les indices laissés par son père. Ceux-ci la mènent en Norvège où, au coeur de paysages à la beauté glacée, elle découvre peu à peu ses racines – et comment son histoire est inextricablement liée à celle d’une jeune chanteuse inconnue, Anna Landvik, qui vivait là 100 ans plus tôt…
La jeune fille sur la falaise (Lucinda Riley)
Pour échapper à une récente rupture, Grania Ryan quitte New York pour aller se ressourcer en Irlande auprès de sa famille. C’est là, au bord d’une falaise, qu’elle rencontre Aurora Lisle, une petite fille qui va changer sa vie. En trouvant de vieilles lettres datant de 1914, elle se rend compte du lien qui unit leurs deux familles. Les horreurs de la guerre, l’attrait irrésistible du ballet, le destin d’un enfant abandonné, ont fait naître un héritage de chagrin, qui a tour à tour marqué chaque nouvelle génération. C’est finalement l’intuition d’Aurora qui leur permettra de se libérer des chaînes du passé, et d’aller vers un futur où l’amour triomphe sur la perte.
Les virevoltants (Leila Meacham)
1979. Catherine Ann est encore une petite fille lorsqu’elle perd ses parents dans un accident de voiture en Californie. Au Texas, chez sa grand-mère Emma, elle fait la connaissance de deux garçons, John et Trey. Ceux-ci sont aussi orphelins et décident de la protéger. Ils formeront un trio remarquable, elle la plus belle fille de la région, eux des champions de football américain adulés par la petite ville du Texas. En grandissant, ils nourrissent le projet de partir tous les trois à l’université. Mais une blague idiote vire à la tragédie à la veille d’un match. Le trio va se déchirer, d’autant plus que l’amour s’en mêle et les trois inséparables vont devoir apprendre à vivre chacun de leur côté. Mais le passé est-il éteint pour toujours ? Une histoire d’amitié et de triangle amoureux pleine de suspense et de rebondissements, une saga émouvante et habilement menée, signée par Leila Meacham.
La mer en hiver (Susanna Kearsley)
Lorsque Carrie McClelland, auteur à succès, visite les ruines du château de Slains, elle est enchantée par ce paysage écossais, à la fois désolé et magnifique. La région lui semble étrangement familière, mais elle met de côté son léger sentiment de malaise afin de commencer son nouveau roman, pour lequel elle utilise le château comme cadre et l’une de ses ancêtres, Sophia, comme héroïne. Puis Carrie se rend compte que ses mots acquièrent une vie propre et que les lignes entre fiction et faits historiques se brouillent de plus en plus. Tandis que les souvenirs de Sophia attirent Carrie encore plus au coeur de l’intrigue de 1708, elle découvre une histoire d’amour fascinante, oubliée avec le temps. Après trois cents ans, le secret de Sophia doit être révélé.
Je peux très bien me passer de toi (Marie Vareille)
Chloé et Constance sont bonnes copines, bien qu’elles n’aient en commun que leurs vies sentimentales catastrophiques. Un soir, les deux jeunes femmes décident de prendre leur vie en main en concluant un pacte. Chloé, séductrice dans l’âme et Parisienne jusqu’au bout des ongles, devra s’exiler en pleine campagne avec l’interdiction d’approcher un homme pendant six mois. Constance, incorrigible romantique, s’engagera à coucher le premier soir avec un parfait inconnu. Des vignobles du Sauternais à Londres en passant par Paris, cet étrange pacte entraînera les deux amies bien plus loin que prévu…
Une vie à t’attendre (Alia Cardyn)
Qui devient-on dans une vie où des parents disparaissent mystérieusement ? Rose a six ans quand la tragédie se produit. Dans ce quotidien bouleversé, elle grandit avec sa version de l’histoire, qui l’étouffe. Qui Rose serait-elle aujourd’hui si elle ne pensait pas qu’ils l’ont abandonnée ? C’est la question que se pose celui qui l’a toujours aimée. À Bali, seize ans après leur disparition, Rose découvre quelques mots sur un carton. Commence alors un périple haletant. Les indices qu’elle va petit à petit accumuler lui permettront-ils de dépasser une enfance brisée ?
Dans la peau de Coventry (Sue Townsend)
Coventry Dakin, femme au foyer sans histoires, décide de s’enfuir à Londres après avoir tué son voisin par accident. Là-bas, elle rencontre une galerie de personnages excentriques : le professeur Willoughby d’Eresby et sa femme Letita, Dodo, une bourgeoise relogée chez les sans-abris, etc. Toutes ces rencontres vont permettre à Coventry de changer, comme elle n’aurait jamais pu l’imaginer…
Au secours j’ai 40 ans (depuis 4 ans) – Gaelle Renard
On dit que 40 ans, c’est le nouveau 30. Certes, mais c’est quoi avoir 40 ans pour une femme aujourd’hui ? Un livre désopilant sur vous, les jeunes quarantenaires, mais aussi un peu sur vos hommes (l’ancien et le nouveau), votre belle-mère (ou ex.), vos copines qui s’appellent toutes Véronique ou Virginie… Sans oublier vos enfants qui grandissent, votre banquier, votre cher patron, votre panier à provisions, votre miroir, votre estime de vous-même, votre crème de jour… Et la question qui taraude l’héroïne : et si je faisais un dernier bébé pour la route ?
La lettre oubliée (Nina George)
Il a toujours un livre en tête pour soulager les maux de l’âme : dans sa « Pharmacie littéraire » installée sur une péniche, le libraire Jean Perdu vend des romans comme on vendrait des remèdes pour vivre mieux. Il sait soigner tout le monde – à l’exception de lui-même. Cela fait vingt-et-un an, déjà, que Manon, la belle Provençale, s’est éclipsée pendant qu’il dormait en lui laissant pour tout adieu une lettre qu’il n’a jamais osé ouvrir. Mais voilà qu’arrive l’été, un été pas comme les autres qui verra Jean Perdu s’échapper de la rue Montagnard pour s’engager dans un voyage au pays des souvenirs, en plein cœur de la Provence, avant de revenir à la vie. Une histoire pleine de chaleur, de réflexion et de drôlerie, racontée avec beaucoup de finesse, qui va tout droit au cœur du lecteur.
Coup de foudre à Austenland (Shannon Hale)
Jane Hayes est une jeune New Yorkaise en apparence tout à fait normale, mais elle a un secret : son obsession secrète pour Mr Darcy, ou plus précisément pour Colin Firth jouant Mr Darcy dans l’adaptation de la BBC de Pride and Prejudice. Résultat, sa vie amoureuse est proche du néant : aucun homme n?est à la hauteur de la comparaison. Quand une riche parente lui laisse en héritage un séjour de 3 semaines dans un centre chic pour les Austen-addicts, les fantasmes de Jane impliquant une rencontre fortuite avec un héros tiré tout droit de l’époque de la Régence deviennent un peu trop réels. Cette immersion dans cet Austenland réussira-t-elle à débarrasser Jane de son obsession pour lui permettre de rencontrer un vrai Mr. Darcy ?
La maison d’hôtes (Debbie Macomber)
Après la mort tragique de son mari, Jo-Marie décide de changer de vie, et reprend une maison d’hôtes à Cedar Cove, la Villa Rose. Un roman feel-good sur les destinées féminines et les nouveaux départs, à lire bien douillettement sous sa couette, avec des personnages qu’on rêverait d’avoir comme amis, dans une ville où l’on aimerait vivre, et une intrigue délicieusement captivante.
Un printemps à la ville rose (Debbie Macomber)
Installée depuis peu à Cedar Cove, Jo Marie commence à s’y sentir chez elle et ses voisins sont devenus ses plus proches amis. Avec l’arrivée du printemps, elle a hâte de réaliser son dernier projet en date, la roseraie qu’elle a conçue en souvenir de Paul, son mari décédé. Tout en continuant à faire son deuil, elle prend plaisir à accueillir ses clients et à les aider sur le chemin de leur propre guérison. Annie Newton est venue en ville pour préparer les noces d’or de ses grands-parents. Quoiqu’excitée à la perspective de cette fête de famille, elle est encore meurtrie par la rupture de ses fiançailles. Pire, Annie est forcée de revoir Oliver Sutton, qui l’a taquinée sans merci tout au long de son enfance. Mais les meilleures fêtes s’achèvent par une surprise, et celle-ci ne fera pas exception. Femme d’affaires, Mary Smith a connu les plus grands succès dans sa carrière. Désormais atteinte d’une grave maladie, elle ne peut plus échapper à un douloureux regret. Près de dix-neuf ans plus tôt, elle a rompu avec son seul véritable amour, George Hudson, et revient à Cedar Cove pour obtenir son pardon. Bonheur et compassion sont au rendez-vous pour Jo Marie, Annie et Mary, alors qu’elles se réconcilient avec leur passé et se tournent résolument vers l’avenir. Ue printemps à la Villa Rose est un des romans les plus chaleureux de Debbie Macomber.
Une lettre en été (Debbie Macomber)
L’été est une saison importante pour la maison d’hôtes de Jo Marie Rose. Mark Taylor et elle ont passé beaucoup de temps ensemble pour aménager au mieux ce lieu paradisiaque. Et même si la jeune femme essaie de se persuader que Mark n’est qu’un ami, elle pense beaucoup à lui ces derniers temps, alors que, finalement, elle se rend compte qu’elle le connaît très peu. Désireuse d’en apprendre plus sur son passé, elle sait aussi qu’il lui faudra affronter d’abord le sien avant d’avancer dans la vie. Mais pour le moment, il est nécessaire d’accueillir trois nouveaux visiteurs. Ellie Reynolds a 23 ans, et arrive à Cedar Cove pour rencontrer Tom, un homme avec qui elle correspond depuis des mois et dont elle pense être tombée amoureuse. Maggie et Roy Porter sont là pour leurs premières vacances seuls sans les enfants. Ils espèrent retrouver la flamme de leur amour et regagner chacun la confiance de l’autre. Mais Maggie a un dernier secret à lui avouer, qui pourrait bien faire éclater son mariage…
Une nouvelle chance (Debbie Macomber)
Times Square, le soir du Nouvel An. Lucie et Aren se rencontrent par hasard. Le coup de foudre est immédiat ! Mais très vite, un coup du sort les sépare, les laissant sans aucun moyen de reprendre contact. Un an plus tard, Lucie est chef d’un nouveau restaurant au succès retentissant et Aren travaille pour un grand quotidien de la ville. Malgré tous les mois qui ont passé, ils n’ont jamais oublié cette belle soirée, et Shirley, Goodness, Mercy et Will, leurs anges gardiens, non plus. Pour aider le jeune couple à se retrouver, ils vont cuisiner un projet fou : mélanger un grand amour, une seconde chance et une bonne pincée d’espièglerie. Un roman romantique et plein d’espoir digne des plus beaux miracle de Noël !
AUSSI DANS MA PAL : 
Constance 
Moloka’i 
Les Quatre Grâces
La femme qui décida de passer une année au lit
La tente rouge
This slideshow requires JavaScript.
Des maisons d'édition, il y en a des TAS ! Mais des éditeurs passionnés comme ceux qui travaillent aux éditions Charleston.
0 notes
bdslab · 4 years
Text
Tumblr media Tumblr media
8 notes · View notes
bdslab · 4 years
Text
Tumblr media
7 notes · View notes
bdslab · 4 years
Text
Tumblr media
7 notes · View notes
bdslab · 4 years
Text
Tumblr media
6 notes · View notes
bdslab · 4 years
Text
Tumblr media
5 notes · View notes
bdslab · 4 years
Text
Tumblr media
5 notes · View notes
bdslab · 4 years
Text
Tumblr media
4 notes · View notes
bdslab · 4 years
Text
Tumblr media
3 notes · View notes