#jean querlier

[merzbow-derek]

POST-SCRIPTUM 881

DHARMA QUINTET, Archipel, SouffleContinu Records

« Do your own music! » conseillait Albert Ayler, message clairement reçu en France ! Cohelmec Ensemble, Workshop de Lyon et Dharma Quintet, trois formations proches dans l'esprit, en ont illustré chacune à leur manière le principal précepte local : prendre ses distances d'avec le free jazz américain. Encore qu'en ce qui concerne le Dharma, l’approche, voulue communautaire afin (dixit) d’échapper à tout académisme (les musiciens habitent ensemble, répètent inlassablement, achètent collectivement le matériel nécessaire), évoque celle de l’A.A.C.M. avec lequel le groupe se sent des affinités, mais revues et corrigées par Gong malgré une profonde admiration pour Anthony Braxton rencontré à Paris au début des années 1970 ! Mai 68 est passé par là, et l'heure est encore aux remises en question contestataires : aucun leadership n'est envisageable et le personnel est susceptible d'être modifié au gré des enregistrements (sur Archipel, un nouveau batteur fait ainsi son apparition ; cependant, aucun disque ne témoigne à ce jour de la formation avec Jean Querlier et François Méchali).

Tout comme le précédent  End Starting, Archipel est un disque construit, mêlant free rock et free jazz à l'européenne dans d'incessantes explosions collectives basées sur des improvisations abruptes et contrastées. La plupart du temps, piano, guitare et saxophone s'entrelacent sur des rythmiques d'enfer, tandis que l’électricité fait feu de tous bois. Rétrospectivement, d’aussi saisissantes combinaisons de timbres, évoquant par endroits les passages free de Cinemascope de Joachim Kühn avec Toto Blanke, font regretter l’avortement prématuré du Dharma en 1974, sa modernité n'ayant déjà rien à envier aux avancées ultérieures des groupes de Paul Bley avec guitare (Pat Metheny, John Scofield), ou de Om sur Rautionaha (pour les alliages Urs Leimgruber / Christy Doran), le piano électrique de Patricio Villaroel apportant toutefois au Dharma une touche étonnamment singulière bien qu'héritée des recherches de Chick Corea chez Miles Davis. Sans compter çà et là, quand les choses s'accélèrent, une certaine violence incisive propre au Dharma Quintet, et un son aussi dense que celui de On The Corner de Miles Davis, ou Stark Reality, la formation de John Abercrombie à la même époque grosso modo. Quoi d'autre pourrait être approximativement proche du Dharma Quintet au même moment ? Emergency, quintette ayant lui aussi sévi et enregistré en France, entre autres composé de Glenn Spearman au saxophone, Boulou Ferré à la guitare et Takashi Kako au piano électrique. Voire Masabumi Kikuchi au Japon.

Au même titre que le Cohelmec Ensemble, le Workshop de Lyon, le Full Moon Ensemble, Perception, Armonicord ou le Michel Portal Unit, le Dharma Quintet s'est imposé comme une des plus importantes formations du free jazz tel qu'il se pratiquait en France au début des années 1970.

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“Do your own music!” was Albert Ayler’s advice, received loud and clear in France! Cohelmec Ensemble, Workshop de Lyon and the Dharma Quintet, three groups close in spirit, which would each illustrate in their own way a local principle: to get some distance from American free jazz. As far as Dharma is concerned, the community-based approach was put in place to escape (they stated) from any academism (the musicians lived together, rehearsed endlessly together, and collectively purchased the necessary material together). This may draw comparisons with the l’A.A.C.M. with whom the group felt a certain affinity, but they were also influenced by Gong, in spite of a deep admiration for Anthony Braxton who they met in Paris at the beginning of the 1970s! The events of May 68 were fresh, and protest was still in the air: no leadership structure was possible, and personnel could change with each recording (on Archipel, a new drummer makes an appearance; however, there is no recorded trace of the group with Jean Querlier and François Méchali).

Like its predecessor End Starting, Archipel is a constructed album, mixing free rock and European free jazz in a series of collective explosions based on abrupt and contrasting improvisations. For much of the time, piano, guitar and saxophone intertwine over intense rhythms, with everything and anything being electrified. Retrospectively, such remarkable timbral combinations, evoking sometimes the freer passages of Cinemascope by Joachim Kühn with Toto Blanke, make the demise of Dharma in 1974, even more regrettable. Their modernity has nothing to envy of the later advances of Paul Bley with guitar (Pat Metheny, John Scofield), or of Om on Rautionaha (for the alliance of Urs Leimgruber/Christy Doran), Patricio Villarroel’s electric piano adding a nonetheless surprisingly singular touch to Dharma, inherited of course from Chick Corea’s work with Miles Davis. This is without mentioning a kind of incisive violence when things speeded up, which was unique to the Dharma Quintet, or a sound as dense as that of On The Corner by Miles Davis, or Stark Reality, John Abercrombie’s group from around the same period. Who else could seem approximately close to the Dharma Quintet at the same time? Emergency, a quintet which had played and recorded in France, including, among others, Glenn Spearman on saxophone, Boulou Ferré on guitar and Takashi Kako on electric piano. Masabumi Kikuchi in Japan also deserves a mention.

Along with the Cohelmec Ensemble, the Workshop de Lyon, the Full Moon Ensemble, Perception, Armonicord or the Michel Portal Unit, the Dharma Quintet stand out as one of the most important examples of free jazz as it was played in France at the beginning of the 1970s.

( Agitation Frite 1, 2 & 3, par là )

[radiominus]

OUT NOW:

CHEVANCE (etc.) - Outremusique pour enfants / 1974-1985 Born Bad records - BB112 - LP / CD / Digital

CHEVANCE (etc.) - Outremusique pour enfants 1974-1985 by various

"France, carrefour des années 1970: la collection Chevance dynamite les codes de la musique pour enfants. Mêlant folk prospectif et jazz à l'avant-garde, portée par un esprit littéraire affirmé, elle bâtit son catalogue hors-normes sous la conduite du producteur Philippe Gavardin, dans la lignée des expériences du label Saravah ou de l'éditeur iconoclaste Harlin Quist. Anti-fabliers, chansons de pays mystérieux, bestiaires chimériques.... Elle embarque à son bord toute une bande de musiciens classieux d'inspiration free, et propulse ses chanteurs en orbite en exploitant tout le potentiel fantasque des textes de Jean Tardieu, Robert Desnos, Jacqueline Held et bien d'autres. Plus strictement instrumentale, sa petite sœur la collection Sonoriage parachève l'entreprise, se dédiant à l'exploration acousmatique de l'environnement familier des plus jeunes."

Avec: Cristine Combe / Anne et Gilles / Steve Waring et le Workshop de Lyon / Jean-Louis Méchali / Jacques Cassard / Jean-François Gaël / Bernard Baschet / Alain Savouret / Anne H. Bustarret / Jean Querlier / François Méchali / Le Groupe Organon / Jean-Louis Bucchi / Jean-François Canape / Jean-Charles Capon / Christian Rollet / Alain Gibert / Louis Sclavis / Naomi Moody...

Produit par Born Bad / Compilé par Radio Minus

INFOS / ORDERS: https://shop.bornbadrecords.net/album/chevance-etc-outremusique-pour-enfants-1974-1985

[jbgravereaux]

Jacques Marchais - L'Air du voyageur (Gilles Vigneault).                                                                                                                                               DominiqueHMG : En 1973, Jacques Marchais enregistrait un disque de treize chansons de Gilles Vigneault pour le label "L'Escargot". Au début de la face B, cette très belle complainte, "L'Air du voyageur", qui convient parfaitement à ce grand interprète que fut Jacques Marchais (1935-2006). Les orchestrations de Michel Devy sont d'une grande musicalité, avec notamment Nino Gema à la guitare et Jean Querlier au hautbois. Ce disque de référence n'a hélas jamais réédité. Les photos utilisées pour ce montage sont d'origines et de dates très diverses, allant de l'arrêt de bus de la Place de la Contrescarpe dans les années 50 jusqu'aux années 90 (photos Lise Médini, qu'elle nous a aimablement communiquées), en passant par des photos extraites de pochettes de disque des années 60 et 70.

[thejazzspot]

Yves Hasselmann - Soleil Noir (1984, Y.H. 002, Fra)

I believe there are no major doubts about the crucial role that the Jazz made in France has had in the development of various styles linked to this genre. If sometimes it contributed the various partnerships with American musicians living in France, there were others who were able to go their way independently.

Especially during the 60's and 70's, many were the french origin musicians achieving a respectful notoriety and that legacy has since had a strong influence on the subsequent generations of artists. However, if some have dared to reach a considerable international success, there were others who did not get much recognition.

Regardless of reasons like globalization and the new forms of communication, we can find several Jazz records of great value that haven't had a proper promotion and a deserved recognition. One of the pearls from the 80’s which I was lucky enough to discover, goes by the name of “Soleil Noir” and belongs to a little-known artist that in addition to musician and composer also develops an interesting work as painter.

Yves Hasselmann, a multi-talentedcontemporary artist, was born in 1948 in Belfort (France) andcontinues to devote himself to his painting activity in the Frenchregion of Franche-Comté where he lives. His early interest in arts began to manifest through the piano which he started playing with the age of six and has further developed over more than ten years of dedication to classical music. Other interests later developed in Blues and Jazz, encouraged him to start composing and in the 70's he formed the pop band "The Point" with which he released his first album.

After studying philosophy, he started to express himself through music and painting in an energetic and passionate way. His tendency on free expression and abstract arts led him to adopt a style influenced by painters Jean Messagier and Ladislas Kijno, of whom he became friend. His brushstrokes reflect his touch on the piano and the two art forms tend to (con)fuse up. The concerts started to interleave the painting exhibitions on a full path of interaction and sharing.

On an approach in which progressive rock played a prominent role, emerged in 1978 "Couleurs Du Temps", co-led by Daniel Haas (former bassist of Ange). In addition to the frequent requests to write music for corporate movies, short films, documentaries and TV series, the 80's were marked by his piano solo albums "Mécanique Mentale" and "Too Jazz or Not Too Jazz".

In 1984 arises "Soleil Noir" that stands out for a difference of an astute combination of Jazz with electronic and progressive rock. This interesting creation by Yves Hasselmann called "Compositions pour bandes magnétiques et Jazz trio", has aimed a piece for tapes (pre-recorded) as background to the action of a group of instrumentalists.

Starring a trio that includes Didier Levallet on bass, Jean Querlier on flute and saxophones and Yves Hasselmann on keyboards, this refreshing work unequivocally reflects the influence of the abstract and colorist painting of his leader.

The A-side with "Partie 1" reveals a tranquil atmosphere, colored by the distinct sound of Querlier's flute and the classical piano (and electrical) by Hasselmann. This track develops itself over 22 minutes with an instrumentally rich tone and a pleasant aesthetic sense. The Psychedelic Rock elements are cooked with a parade of solo interventions (flute, piano, soprano, bass, oboe or alto saxophone) of jazzy nature.

The three parts that make up B side, reach larger contours of the abstract nature of Hasselmann and to that end also contributes the increased use of electronics. The electric piano and the pre-recorded tapes definitely contribute to the most enigmatic and abstract sound of the second part of this record, showing a greater proximity to styles like Free Jazz.

The multi-instrumental aspect allied to the use of electronics, confers a certain film sounding, which may be explained by the past influences of the author. No less important to the final result of this work are the performances of Levallet and Querlier. The last intervention by Querlier on the saxophone is demonstrative of his high skills and the intensity he puts throughout the entire session.

Since its creation, this piece by Yves Hasselmann was projected in view of a record release. Possibly because of that and despite its independent pressing, "Soleil Noir" constitutes a good surprise, not only for its musical content but also for the sound quality. This record was produced by the AS.PRO.JAZZ, with the support of the French Ministry of Culture and the Franche-Comté region.

“Dame Lune masque Soleil... l'éclipse... Apparaît alors, risque de cécité – le Disque noir dont la musique surgit...! Soleil noir... Amour, éternité...” Y.H.

Mister W

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(Portuguese version)

Creio não existirem grandes dúvidas sobre o papel determinante que o Jazz feito em França teve no desenvolvimento de vários estilos ligados a este género músical. Se para tal contribuiram, por vezes, as várias parcerias com músicos norte-americanos radicados em França, outros houve que souberam seguir o seu caminho de forma independente.

Principalmente durante as décadas de 60 e 70, muitos foram os músicos de origem gaulesa que se destacaram e que já tivémos o prazer de abordar neste espaço. Este legado, desempenhou desde então, uma forte influência nas gerações seguintes. Contudo, se alguns ousaram atingir um considerável sucesso internacional, outros houve que não obtiveram grande reconhecimento além fronteiras.

Não obstante motivos como a globalização e as novas vias de comunicação, podemos encontrar inúmeros trabalhos de inegável valor que não tiveram uma divulgação apropriada e um merecido reconhecimento. Uma das pérolas dos anos 80 com a qual tive a sorte de me cruzar, dá pelo nome de “Soleil Noir” que é um dos álbuns editados por um ilustre desconhecido que para além de músico e compositor desenvolve também um interessante trabalho como pintor.

De seu nome Yves Hasselmann, este multi-talentoso artista contemporâneo, nasceu em 1948 em Belfort (França) e continua a dedicar-se à sua actividade de pintor, na região francesa de Franche-Comté, onde de resto reside. O seu precoce interesse pelas artes começou por se manifestar através do piano que começou a tocar aos seis anos de idade e que desenvolveu ao longo de mais de dez anos de dedicação á música clássica. O interesse que entretanto surgiu por estilos como o Blues e o Jazz, incentivou-o a compor e nos anos 70 formou a banda (Pop) “The Point” com a qual lançou o seu primeiro álbum. 

Depois de ter estudado filosofia, passou a expressar-se por via da música e da pintura de uma forma enérgica e apaixonada. A sua tendência para a expressão livre e para as artes abstractas levaram-no a adoptar um estilo influenciado pelos pintores Jean Messagier e Ladislas Kijno, de quem se tornou amigo. As suas pinceladas reflectem o seu toque nas teclas do piano e as duas formas de arte tendem a (con)fundirem-se. Os concertos sucedem-se ás exposições de pintura num trajecto pleno de interacção e cumplicidade.

Numa abordagem em que o Rock progressivo desempenhava um papel de destaque, surgiu em 1978 “Couleurs Du Temps”, co-liderado por Daniel Haas (ex-baixista dos Ange). Para além das solicitações para escrever música para filmes institucionais, curtas-metragens, séries de televisão e documentários, os anos 80 ficam marcados pelo lançamento dos álbuns de piano a solo “Mécanique Mentale” e “Too Jazz or Not Too Jazz”.

Em 1984 surge “Soleil Noir” que prima pela diferença de uma perspicáz combinação de Jazz com electrónica e rock progressivo. Esta interessante criação que Yves Hasselmann apelidou de “Compositions pour bandes mgnétiques et trio de Jazz” destinou-se a uma peça para fitas (magnéticas) que serviriam de base à actuação de um grupo de instrumentistas.

Protagonizado por um trio que inclui Didier Levallet no contra-baixo, Jean Querlier na flauta e saxofones e Yves Hasselmann nas teclas, este trabalho refrescante, reflecte de forma inequívoca a influência da pintura colorista e abstracta do seu lider.

O lado A com “Partie 1” revela-nos uma atmosfera tranquila, colorida de forma distincta pela flauta de Querlier e pelo piano clássico (e eléctrico) de Hassemann. Este tema desenvolve-se ao longo de 22 minutos, numa toada instrumentalmente rica e um apurado sentido estético. Os elementos de Rock psicadélico são cozinhados com um desfilar de intervenções a solo (flauta, piano, soprano, contra-baixo, oboé ou saxofone alto) de cariz jazzístico.

As 3 partes que integram o lado B, atingem maiores contornos da natureza abstracta de Hasselmann e para tal contribui uma maior utilização da electrónica. O piano eléctrico e os conteúdos pré-gravados (bandas magnéticas) contribuem para a sonoridade mais enigmática e abstracta da segunda parte deste disco e que revela uma maior próximidade de estilos como o Free Jazz.

A vertente multi-instrumental aliada á electrónica remete-nos para um ambiente de cariz cinéfilo, que poderá ser explicado pelas influências passadas do seu autor. Não menos importantes para a sonoridade final deste trabalho, são os desempenhos irreprensíveis de Levallet e Querlier. A última intervenção do saxofone de Querlier é demonstrativa da intensidade que coloca ao longo de toda a sessão.

Desde a sua criação, esta peça de Yves Hasselmann foi projectada para uma edição discográfica. Talvez por isso e apesar da sua prensagem independente, “Soleil Noir” constitua uma boa surpresa, não só pelo seu conteúdo músical mas também pela qualidade da sua gravação. A produção ficou a cargo da associação AS.PRO.JAZZ, com o apoio do Ministério da Cultura Francesa e da Região de Franche-Comté.

“Dame Lune masque Soleil... l'éclipse... Apparaît alors, risque de cécité – le Disque noir dont la musique surgit...! Soleil noir... Amour, éternité...” Y.H.

Mister W

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ARMONICORD

ESPRITS DE SEL

Bien des possibles se révèlent explorés par Armonicord, singulier quintette aux musiciens venus d’horizons divers : Jouk Minor (saxophone baryton, soprano, clarinette basse, clarinette, flûte, gumbri, piccolo), Jean Querlier (saxophone alto, flûte, hautbois, cor anglais), Josef Traindl (trombone), Odile Bailleux (clavecin) et Christian Lété (percussions).

Si l’inventivité à l’œuvre rappelle Perception et le Dharma Quintet, la couleur du propos s’avère tout autre, reflet d’un instrumetarium original rapprochant Esprits de sel de la version de l’Unit de Michel Portal ayant sévi à Châteauvallon en 1972 (No, No, But It Maybe).

Peu d’amateurs se souviennent aujourd’hui de Jouk Minor que l’on put pourtant écouter en trio, en compagnie du bassiste Peter Warren et du batteur Oliver Johnson. Jouk Minor, dans les seventies, se présentait comme un musicien influencé par le John Surman de The Trio et du disque Alors !, ce qu’accrédite sa pratique du saxophone baryton et de la clarinette basse.

Esprits de sel le disque, quant à lui, célèbre les vertus de l’improvisation collective. C’est aussi l’intitulé d’une collaboration, et, selon Jouk Minor, « d’une phase vivante de la musique contemporaine : un évènement, un concours de circonstances ». Jouk Minor insistait à l’époque sur ce qu’apportait le mariage des timbres des cuivres, des bois, des cordes et des tambours (ajoutons là le clavecin) ; parlait de composition spontanée ; évoquait une « rencontre » plutôt qu’un « assemblage » d’individus et d’instruments.

Sur la pochette signée Horace, Jouk Minor discoure, en appelle à un « espace fluide », à des « heurts sonores », des « explosions expressives », des « déflagrations », des « retombées ». L’improvisation fait la chanson écrit-il. Il s’agirait en gros de dialectique une fois les briques cassées ajoute-t-il. Et dont il resterait cet album, résultat de trois journées d’enregistrement au débotté (la face A s’ouvrant curieusement par le (remarquable) « Deuxième jour (El Sereno / Sur l’erre / La Gomme arabique / Passe océan / Ahora) »).

Esprits de sel se présente au final tel un inventaire de moments en cours d’écriture. Une sorte de répertoire s’y invente dans l’urgence de l’instant présent, véritable succession de climats développés au fil de pertinentes combinaisons, dont on jurerait qu’elles puissent être sans fin tant elles savent se jouer de toutes les embûches et des moindres aléas. Sans compter que la prise de son d’Olivier Bloch-Lainé, par sa précision, en restitue chaque détail.

C’est encore Jouk Minor qui résume le mieux ce qui sous-tend Esprits de sel : « L’improvisation collective et la recherche sonore, en s’articulant sur un répertoire de séquences et de variations, occasionnent la composition. La musique n’est pas insouciante, il faut la faire (plutôt ou mieux que bombes ou cocktails). » Cette musique pacifiste indéniablement habitée casse la baraque et les briques allant avec. Elle sait aussi se saisir de l’idée de composition comme d’une occasion à ne rater sous aucun prétexte, surtout si elle est issue de l’improvisation.

Par un Christian Lété par exemple, d’autres voies seront parallèlement et par la suite empruntées, que ce soit la chanson folk (André Dulamb), le rock progressif (sur le méconnu Fantasmagory du guitariste Claude Engel), ou des ambiances teintées d’influences du monde entier (Confluence avec André Jaume et Didier Levallet).