#j'ai saccagé mon eyeliner avec ce que je ressens de rage
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Est-ce qu'il y a de bonnes raisons d'avoir des enfants ?
Pour moi, non. Pour moi, il n'y a même que de mauvaises raisons. Je marque la différence entre "concevoir véritablement" un enfant, et "élever" l'enfant de quelqu'un d'autre.
Quel avenir donner à un gosse dans le monde qui à priori nous attend ? Devant la guerre de l'eau à venir, la précarité des rapports géopolitique et la montée des conflits larvés, la montée croissante de l'insécurité alimentaire (250 millions d'individus... pour l'instant ! ). Je connais mon recours au pessimisme mais peu de faits peuvent légitimer d'endiguer cette vision d'une entropie prochaine. Ce sont des raisons sociales. Je n'ai pas envie d'être responsable du malheur d'un individu supplémentaire. C'est l'argument social le plus couramment avancé, mais j'y adhère bien que ce ne soit pas l'unique.
J'ai tellement peu de foi en la bonté de la vie, au fond, pour le peu de bonheur qu'elle m'a in fine apportée que je ne souhaite ça à quiconque. Je ne veux pas non plus que mon tempérament mélancolique déteigne sur un individu à la capacité d'absorption digne d'une éponge. Je ne me sens pas capable de le quitter absolument et les enfants sentent les secrets.
Si j'ai une relation vraiment stable, investie, fusionnelle avec quelqu'un... Je veux que ce soit lui ma priorité. Pas un tiers. J'veux une relation amoureuse transcendante, une aventure romanesque à deux.
ça n'a aucun sens pour moi. Je n'accorde aucune valeur à la piété filiale. On n'aime pas une femme parce que "c'est ma mère". On aime une femme d'abord ou non, et ensuite on peut se réjouir du lien de sang. D'autre part, je n'ai pas ce besoin (que je trouve au demeurant complètement con) de laisser un vestige de moi-même par la médiation de la parentalité. Je ne comprends pas non plus cette envie qu'ont d'aucuns de voir ici une consécration de leur amour ? Un enfant est une consécration ? Et on trouve absurde que je veuille me marier. Chacun son truc. Je ne veux pas être responsable de quelqu'un à ce point.
Je trouve ça infatué que de se croire capable de rendre un adulte en puissance heureux.
Je ne veux pas de ce truc dans mon corps. Je trouve ça dégueulasse. Du dégout violent. Et d'ailleurs en y réfléchissant, je préférerais me faire violer que d'accoucher. C'est dégueulasse pour moi, y'a pas d'autre mot et je me fous du fait que ça semble contre intuitif ou inhérent à la pulsion de mort. Je m'en fous comme de l'an quarante. J'ai d'ailleurs du mépris pour les bébés. C'est injuste à leur encontre, ils ne m'ont rien fait et pourtant je les mets tous dans le même sac. Mais je les déteste. Quand j'en vois un, ça m'emplit de rage. Leur existence me révolte, je m'en insurge. Les enfants, c'est différent. A partir de 5 ou 6 ans, je les apprécie assez. Sans chercher du tout à vouloir modifier mon avis sur la question, j'aimerais quand même comprendre la raison de mes affects à ce sujet. Certains éprouvent de l'indifférence envers les bébés... mais je les abhorre, les exècre, les tient en horreur. Je les hais. Je ne hais personne... sauf les bébés, mais tous à la fois. Ce qui est d'autant plus illégitime qu'un bébé est un futur adulte. Oui mais non. Je ne les aime pas et c'est tout. Peut-être que c'est le choix de ma mère que je réprouve à travers cette agressivité ? C'est possible. Comment une femme du monde a-t-elle pu faire une bêtise pareille ? Ma naissance est mon plus grand grief envers toi, maman. Ma naissance, les fois où on m'a fait tomber alors que j'étais bébé puis enfant. Et puis presque tout ce qui s'en est suivi. Tes réactions tantôt chaleureuses, tantôt glaciales: pour aucune raison apparente. Je te pardonne, parce que je ne sais pas comment était ta vie. Je te pardonne mais j'ai toujours mal de toi. La cigarette que tu avais toujours à la main, qui m'empêchait de te tenir (comportement que je reproduis allègrement). Cette fois où tu m'as baffé à noël sans que je ne comprenne vraiment pourquoi. Ma défense, que tu ne prenais pas vraiment, devant mon père jusqu'à ce que j'explose en sanglots. Je fais de mon mieux pour lui faire porter tout ce que je ressens de désespoir, de désillusion, de mélancolie, d'indifférence... de résignation enfin. Mais tu m'as brisée aussi, tu étais complice de mon effondrement précoce. Ta réticence à ce que je consulte un psy. Les commentaires sur ce que je mangeais. Les commentaires sur ce que je ressentais de tristesse individuelle et de colère légitime contre toi. Ta colère quand je ne comprenais pas les maths. Ta colère quant à mes scarification alors que c'était d'amour que j'avais besoin. Et y'avait pas de place pour ma colère à moi, y'en a jamais eu. Tu ne l'as jamais accueillie. Aussi ne suis-je aujourd'hui pas capable d'accueillir la colère des autres. Je ne peux pas reproduire quelque chose qu'on ne m'a pas appris. C'est peut-être la raison principale de mon anxiété sociale. Accueillir la colère de quelqu'un m'est possible dès lors que je n'en suis pas la cause.
Et il y a des cas où j'ai su le faire, lorsque je me séparais de Louis. J'étais tellement en colère que la sienne, j'en avais plus rien à carrer. Mais il a fallu que j'arrive à un point de rage inédit pour passer outre la sienne... Qui ensuite a régressé en mélancolie pure. T'es bon pour ça, hein. Pas pour me consoler, mais pour aggraver ma situation à ta faveur. Toi non plus, tu n'as jamais reconnu la légitimité de ma colère.
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Elever l'enfant de quelqu'un d'autre m'est une idée déjà un peu moins désagréable. L'enfant est là, il faut s'en occuper. Et il me semble facile de lui apporter une meilleure vie que celle qu'il aurait pu avoir en orphelinat de toutes façons.
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