#j’étais morte de rire en la découvrant
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L’an dernier pour célébrer les un an de RPZ @artpoppy999 a organisé un challenge où on dessinait/écrivait une scène du canon et on la postait à l’heure où l’évènement s’était déroulé et @princessesaphi refait la même chose cette année donc je vais partager mes anciennes participations et celles de cette année ici
#lindsay walker#miguel rodriguez#NCIS#1 an RPZ#gta rpz#fanfic#gtarpz#rpz#prise d’otage#cette scène est incroyable#j’étais morte de rire en la découvrant#RPZ fanfic
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Le mois dernier, Bruno THIEVET a publié un double album ainsi qu’une compilation rétrospective. Après douze années d’absence, il prévoit un retour sur scène dès cette année.
La chanson « Marine » qui ouvre judicieusement votre compilation «Totems» a tout d’un tube, d’un classique immédiat. Pourtant ce titre qui date de 2006 n’est jamais sorti en radio ?
A l’époque où j’avais réalisé «Salouna», (l’album qui contient ce titre), la troupe de musiciens que j’avais constituée pour mon projet choisit de quitter le navire peu de temps avant la finalisation du disque. J’ai dû achever le travail en solitaire. Une fois la tâche honorée j’étais trop blême, trop amer pour défendre mon premier album solo.. L’un des musiciens prétendait que la proposition n’était pas assez vendeuse. Pourtant, à peine deux mois plus tard une tournée m’était proposée..
Sur votre site, vous expliquez que, malgré un répertoire de deux cents titres, vous n’avez encore jamais interprété vos propres chansons sur scène.
Effectivement. J’ai joué dans pas mal de groupes durant ma vingtaine, mais j’étais derrière la batterie et non devant le micro. C’est en début de trentaine qu’on m’a proposé de chanter des classiques de la chanson française et le trip s’est prolongé outre-Atlantique. Puis mes amis musiciens se sont consacrés à leur cocon familial plutôt qu’à la musique; je me suis alors tourné vers la photo, qui est une de mes grandes passions avec le cinéma.
Vos morceaux, justement, ont souvent une dimension cinématographique. Votre plaisir à amplifier les ambiances et les émotions transparait dans votre façon d’utiliser des images de films ainsi que d’autres, plus abstraites, pour réaliser vos vidéoclips.
En cinéma comme en poésie, j’ai une préférence pour les Symbolistes: ce n’est jamais parce qu’une allégorie est déroutante qu’elle perd en éloquence, c’est souvent l’inverse. J’apprécie cette sensorialité exacerbée qui tend vers une forme de transcendance. Et je songe autant à David Lynch qu’à Arthur Rimbaud. C’est pourquoi j’aime tant mettre en musique mes poèmes et décupler leur pouvoir d’évocation en convoquant les cinéastes qui m’inspirent.
Certaines de vos créations s’aventurent sur les terres du «dark ambient» et même de la musique concrète, je songe au triptyque «Panthères/in the mood for hell/Sempiternel» qui a captivé la rédaction.
J’ai été à bonne école dès ma plus tendre enfance en découvrant ‘’Dark Side of the moon’’ des Pink Floyd. Je parle très souvent de ce disque et de l’impact déterminant qu’il a eu sur moi. C’est l’audace inouïe spécifique à cette oeuvre qui m’a ouvert l’esprit, provoquant le premier vrai déclic. Je me suis dit que je voulais faire partie de cette tribu qui explore le champs des possibles. Dès la maternelle j’aimais tenter des happenings dans la cours de récréation, utiliser les bancs, y agrafer du papier crépon pour créer des tunnels métaphysiques, des labyrinthes existentiels (rires).
On retrouve votre goût pour les chemins de traverse avec des textes surréalistes comme «Panthères», ou votre morceau de bravoure, le foisonnant «Minotaurus Inest». On songe à Paul Eluard et effectivement à Rimbaud. D’où vous est venu ce goût pour les collisions d’images ?
C’est vraiment Brigitte Fontaine qui m’a fait comprendre que notre subjectivité, dans un certain sens, pouvait surpasser le monde objectif, du moins le rendre parfois plus intéressant qu’il n’est. Ses textes sont des épopées fantasques tout à fait uniques. Elle n’écrit pas que la nuit est le siège des visions étranges propres aux artistes, elle préfère chanter que «la nuit est une femme à barbe». J’adore !
On devine que les titres de vos albums sont également allégoriques…
«Totems» évoque le gage d’éternité qui caractérise la cristallisation d’une œuvre. J’avance parfois aux élèves à qui je dispense des cours de Lettres et de Philo que l’âme des écrivains et des artistes s’incarne dans leur œuvre globale, puis perdure et fructifie après leur mort, contrairement à la plupart des influenceurs et youtubeurs (rires). Par ailleurs, nommer l’album «Totems» laisse entendre que les titres choisis pour le disque représentent les piliers délimitant mon petit univers et que je leur attribue une certaine aura..
«Terra Cotta» suggère davantage de choses encore. A savoir le retour à une approche artisanale de la musique, plus brute, la terre cuite évoquant le matériau de base par excellence. J’ai voulu retrouver la spontanéité de mes jeunes années, lorsque je reliais clavier et walkman sur la radiocassette de mon père pour créer des sons un peu revêches, un peu âpres. Je faisais gentiment riper les bandes.. J’ai lu des articles dernièrement ou des artistes se plaignaient de la propreté excessive des productions actuelles, qu’ils rendaient responsables du déclin des ventes de CD.
Durant le mois de Juillet, je n’ai pas hésité à débuter mon projet alors que je venais d’attraper le Covid. J’ai enregistré certains morceaux alors que j’avais quarante degrés de fièvre. Par ailleurs, c’était la canicule dehors. Je me sentais cuit à l’intérieur et au dehors, la terre n’était pas moins cuite (rires). C’est durant un bref séjour à Ibiza que j’ai fini par adopter ce titre, en constatant de visu que ma peau brûlait douloureusement au soleil tout en songeant que mes chansons racontaient leurs lots de brûlures existentielles.. En Juillet dernier, c’est en découvrant une peinture de Syd Barrett qui s’intitulait «Terra Cotta » que le nom s’est retrouvé à stagner dans un coin de mon esprit.
Je me suis revenu à l’été, lorsque j’étais collégien, j’enregistrais ma voix sur les microphones incrustés au radiocassette de mon père. Et c’est ainsi que j’ai décidé de débuter le projet en m’enregistrant sur le microphone de mon Iphone. La plupart des gens n’y vois que du feu, bien que la voix soit bien évidemment moins dense, moins texturée, moins ajustée, spacialisée, que dans un vrai studio d’enregistrement. Je voulais que le disque soit comme un carnet de croquis en vue de réaliser la toile sur scène avec des musiciens. Le disque a ainsi les défauts de ses qualités : c’est spontané mais parfois un peu trop chevrotant. Les disques semblent avoir de moins en moins d’identité. C’est très propre, très ample mais malheureusement très industriel.. Des albums avec un son singulier et véritablement personnel comme «to bring you my love» de PJ Harvey, c’est rarissime de nos jours.
A propos de terres brûlées, on peut dire que vos chansons sont parfois assez chaudes ! Il faut dire que votre timbre de voix s’y prête bien.
J’avoue qu’interpréter des chansons sensuelles est vraiment ce que je préfère ! Quand j’étais adolescent, j’étais épaté par l’audace de Serge Gainsbourg. Peu de chanteur s’aventurent sur ce terrain et c’est dommage. La plupart de mes chanteurs préférés ont des timbres de voix particulièrement sexy, comme David Sylvian ou Mark Lanegan à qui je fais de gros clins d’œil sur Terra Cotta..
On sent davantage vos influences sur ce double album que sur la compilation «Totems» très hybride dans sa forme.
Je n’aime rien tant que malaxer des ingrédients qui semblent incompatibles aux premiers abords pour mieux créer une éloquence, une évidence, in fine. J’utilise la même approche pour mes poèmes, c’est pourquoi l’adaptation musicale se fait souvent très naturellement. Je suis assez fier d’un titre comme la mise à mort pour son mélange improbable de Métal, Flamenco, percussions tribales, charley disco et surf guitare. Pour un artiste, c’est presque une question d’hygiène de l’âme que de se frotter à des approches un peu neuves, un peu singulières. La musique plébiscitée actuellement recycle les mêmes ingrédients jusqu’à l’écoeurement. En particulier le rap et l’afrobeat urbain. Pour me consoler, je regarde sur Youtube tous ces jeunes américains qui se filment en train de découvrir les Pink Floyd, Led Zeppelin ou The Doors. Les adolescents français sont beaucoup moins curieux en comparaison. Il est tout de même assez loin le temps où la France était considérée comme la capitale culturelle du monde.
Vous avez poussé l’audace assez loin avec «A cœur ouvert ». Vous exprimez -explorez- sans aucun filet une sensibilité masculine qui vient d’être éborgnée. Le mélange de messages vocaux, de sonnets déclamés et de visuels abstraits aboutit à un cocktail tout à fait inédit, à la fois déroutant, émouvant et assez détonnant.
Je me suis lancé dans ces enregistrements dans un état second. Pour reprendre l’expression de Baudelaire, j’ai fait mon petit ‘’alchimiste de la douleur’’. Sur le moment, je n’ai pas songé à changer la boue en or sinon à m’extirper du goudron sur un arc-en-ciel (sourire). J’ai horreur qu’on m’impose une situation laide, et si j’ai un peu de latitude, je m’efforce d’en tirer quelque chose de créatif. Je suis du signe de la Balance, celui de la justice, et lorsque je ressens une profonde injustice, je deviens extrêmement destructeur. Le recours artistique me permet de tempérer mes mauvaises ardeurs. C’est une façon de reprendre la main in fine.
J’ai ajouté des morceaux à cet album jusqu’à plus soif. Sans doute en réponse à l’omniprésence du néo-féministe contemporain. Ces dames demandent aux hommes de se réinventer sans pour leur part se remettre en question. En toute objectivité, les moments de ma vie les plus brutaux, les plus violents psychiquement, les plus laids et humiliants, je les dois invariablement à des femmes. Cela ne m’a pas empêché de leur consacrer quantité de poèmes, de chansons et de shootings. Quand j’y réfléchis à deux fois, j’aurais tendance à penser qu’un poète raconte davantage les qualités de sa sensibilité que celles de sa muse. C’est pourquoi lorsque nous entendons de magnifiques chansons d’amour nous cherchons rarement qui les a inspirées; nous sommes avant tout épatés par l’artiste de qui jaillit l’inspiration. Ma chanson « Grand Amour » évoque une femme qui n’existe pas. C’est une chanson d’amour sincère dédiée à une personne que je n’ai pas encore rencontrée, et que je ne rencontrerai peut-être jamais. Je suis plutôt un garçon optimiste. La persévérance est pour moi la vertu suprême..
Vous évoquez cette persévérance à l’échelle cosmique, dans plusieurs chansons dédiées à l’astronomie.
Depuis ma plus tendre enfance, j’ai la même philosophie existentielle. La nécessité de cheminer coûte que coûte. J’ai toujours été soucieux que l’homme survive au devenir de l’univers sous quelque forme évolutive que ce soit. Si y avait un Dieu pour les hommes, il aspirait nécessairement à être transcendé par ses créatures. Un peu comme des parents qui souhaitent à leurs enfants une meilleure vie que la leur. Quel intérêt de vouloir créer des créatures au potentiel décevant ? Aucun.
Pour l’heure, vous pourriez déjà créer votre petit univers sur scène: certaines de vos chansons (je pense au «Coyote», très funky) sont diablement efficaces et donnent idéalement le change aux morceaux plus atmosphériques..
J’ai mis du temps à attribuer une valeur objective à mon répertoire. C’est à force d’entendre les abominables merdouilles plébiscitées par les médias que je me suis dit qu’il fallait que je mette davantage mon travail en avant; c’est vraiment récent.
L’envie de refaire de la scène a surgi l’année dernière et j’ai envie de garder la flamme allumée, de peur qu’elle ne s’éteigne à tout jamais. Si le destin n’entrave pas mes intentions, je ferai en sorte de porter mon répertoire sur scène. J’ai l’intention de proposer un véritable show, de m’inspirer de mes expériences diverses et variées en matière de mise en scène, de créations textiles ou de prestations scéniques.
Vous avez fait des études de cinéma, réalisé des courts-métrages. Pourquoi ne tournez-vous pas davantage de clips par vous-même ?
Au même titre que j’adore réaliser des morceaux à base de samples pour m’emparer au plus vite d’un feeling passager, il en va de même pour le visuel. En général, je bricole le clip dans la foulée, pour rester dans la vibration du moment. Je n’aime pas trop lorsque les choses traînent indéfiniment. Le seul album studio que j’ai réalisé avec une équipe de musiciens et un ingé son, a nécessité deux années de travail pour une quinzaine de titres. Le dernier que j’ai goupillé seul comporte une quarantaine de morceaux réalisés en quatre mois et demi seulement. En enregistrant Salouna, je songeais au disque, pour Terra Cotta à la scène. La vraie finalisation des morceaux se fera avec un groupe et devant un public.
Avez-vous surpris votre entourage en publiant deux disques dans la même semaine ?
Pour être tout à fait honnête, je me suis contenté de publier une annonce sur mes pages Facebook et Instagram et personne ne m’a envoyé de message, n’a réagi d’une quelconque façon. Personne ne m’a écrit le moindre mot encourageant ou enthousiaste en réaction à ces publications. Et le pire c’est que cela ne m’a absolument pas étonné. Lorsque je lis le courrier international, les français sont souvent décrits comme froids et individualistes et c’est tout à fait vrai. On vous félicite uniquement lorsque vous vous trouvez dans la lumière et qu’il n’y a pas d’autre choix, et encore, sans roulement de tambour.
Fut une époque où je devais trouver des stratagèmes pour ne pas être entrainé en permanence hors de chez moi par des bandes d’amis. Aujourd’hui, c’est une toute autre ambiance. Je refuse de céder au climat délétère qui plombe l’époque, c’est pourquoi la perspective de refaire de la scène me motive et que je réponds à des interviews pour la première fois depuis une vingtaine d’années !
Vous avez évoqué le désir de proposer un show avec costumes et décors ; envisagez-vous également à des petits showcases en solitaire ?
Je compte reprendre des cours de guitare et de piano pour pouvoir aussi interpréter mes chansons seul. Le véritable enjeu dépasse le cadre des concerts. J’aimerais un jour jouer suffisamment bien des instruments de base pour orchestrer un vrai grand projet musical. Je ne me vois pas réussir un grand disque seul. David Gilmour et Roger Waters n’ont plus enregistré de grands disques depuis qu’ils ne travaillent plus ensemble. Il est absolument fondamental de s’isoler pour accoucher de bonnes idées. Néanmoins, concernant la musique, j’estime que l’isolement a trop duré. J’ai joué en groupe durant quinze ans, puis me suis cloitré quinze années durant. Il est temps de revenir au collectif. Le collectif, c’est aussi les lieux, le public…
Songez-vous à faire quelques concerts hors de la France ?
Il y a pas mal d’artistes suisses, canadiens et belges que j’adore, donc je serais ravi d’avoir à nouveau cette opportunité. J’ai chanté au Canada et mon séjour fut un très beau souvenir. Je serais ravi de vivre une expérience similaire en Suisse !
Le message est passé; cela ne saurait tarder ! A très bientôt !
A très bientôt, merci !
Propos recueillis par Géraldine Jadou
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Poème
- Mais c’est moi qui ai écrit ça ? Non, je ne te crois pas !
- C’est pourtant la vérité, murmurai-je.
Je récupérai la caméra déposée sur la commode et, après l’avoir branchée sur la télévision, je démarrai le film. Elle resta muette, attentive. Soudain, elle garda la bouche grande ouverte en se découvrant sur l’écran. J’avais filmé juste après qu’elle se soit levée du lit. Elle était en sous-vêtements, petite culotte en coton et t-shirt moulant. On distinguait la pointe de ses seins à travers le tissu.
Elle se vit marcher tel un robot dans le couloir. Elle ouvrit le tiroir de mon bureau et sortit un cahier. D’ailleurs, elle m’avait surprise car personne ne savait que j’avais encore des cahiers vierges dans ce tiroir. Il faut dire que je ne l’ouvre plus depuis que j’utilise un ordinateur pour écrire. On pouvait entendre ma voix l’appeler. Je n’aime m’entendre parler, cependant, elle ne porta pas attention à mes appels et continua de s’observer. Elle entra dans la salle à manger, prit un stylo à côté du téléphone fixe et commença à écrire.
Tout en gardant un œil sur l’écran, elle détailla ses mots sur le papier qu’elle tenait toujours dans la main. En fait, elle ne reconnaissait pas son écriture ni même la langue dans laquelle elle avait écrit. C’était du latin ; j’avais reconnu certains mots tels que « quoque » ou « amo». Néanmoins, ses vers étaient incompréhensibles et je regrettais avoir arrêté l’étude de cette langue dès la cinquième, préférant le grec, plus compliqué et plus noble.
J’avais posé la caméra pour me recoucher. Elle continua de tourner, ainsi on pouvait la voir écrire entièrement jusqu‘à ce qu’elle s’effondre brutalement. Sa tête tomba sur la table. Elle garda le stylo dans la main. Elle restait endormie, j’accélérai le visionnage. Puis, tout s’arrêta subitement. Elle ne sut pas comment elle a fait pour retourner dormir.
- Je… je ne sais pas quoi dire, soupira-t-elle.
Un sanglot envahit le timbre de sa voix. C’était une telle évidence qu’elle voulait pleurer de honte car elle ne contrôlait rien de son propre corps. Je la pris dans les bras, je la rassurai. Elle inspira fortement pour retenir ses larmes. Dès lors, je demandai si elle n’avait pas de douleurs.
- Si, mal aux cervicales et à la tête quand je me réveille, répondit-elle.
- C’est peut-être lié, ne crois-tu pas ?
- Peut-être… surement !
Cela faisait plusieurs jours que ce problème durait. Elle se levait en pleine nuit, très souvent vers trois heures du matin. Elle partait écrire des poèmes dans différentes langues. Je reconnus du vieux français, de l’anglais mais aussi de l’allemand. Ensuite, elle s’endormait subitement avant de retourner se coucher. Elle se levait toujours à moitié perdue, persuadée avoir rêvée… et avec un atroce mal de crâne.
Quelques jours plus tard, elle prit rendez-vous chez son médecin traitant. Ce dernier lui conseilla un psychanalyste. Il suspecta un burnout ou au moins, une dépression liée à un quelconque évènement. Par précaution, ma compagne fit quelques tests et prises de sang qui n’apportèrent aucune réponse.
Lorsque le psychologue regarda les vidéos prises, il ne montra rien de sa surprise. En fait, il avait face à lui, un cas extrêmement intéressant. Il lut les poèmes, fit quelques recherches et grâce à ses contacts, il découvrit des ressemblances avec des auteurs célèbres. Il y avait du Esope dans certains poèmes, du Victor Hugo dans d’autres, il y avait aussi le style de Goethe. Un nom retint particulièrement son esprit car il était présent sur certaines feuilles, posées comme s’il s’agissait de l’auteur des poèmes.
- Qui est exactement Ann Finch ?
- Justement, je ne sais pas, répondit-elle.
- C’est étonnant que vous ne sachiez pas qu’Ann Finch était une poétesse anglaise. Ce qui me surprend, c’est que vous signez son nom et les poèmes sont en français. Un peu vieillot mais en français tout de même.
Elle ne répondit pas à sa réflexion. Elle sentit une certaine hostilité, se demandant si elle avait inventée tout ça. Aussi, il proposa d’organiser une séance d’hypnose. Il ne savait pas ce que cela donnerait, alors, il invita un collègue spécialisé dans cette méthode. Mon amie accepta à condition que je sois présent. La séance fut riche et me stupéfia.
Elle était assise dans le canapé de travail, le psychiatre face à elle laissait pendre un pendule qu’elle suivait du regard tout en écoutant ses mots. Il annonça qu’il arrêterait, puis il compta jusqu’à trois l’obligeant à fermer les yeux. Le silence ambiançait le cabinet. Tout en prenant des notes, l’autre psy suivait à côté de moi la séance. Il avait posé un magnétophone sur une table basse, à gauche de mon amie, ainsi qu’une caméra sur le bureau pour filmer l’hypnotiseur et sa patiente.
Elle demeurait assise, les genoux collés, les mains sur les cuisses. Le médecin proposa revivre cette nuit. Soudain, son visage perdit son calme tout en gardant les yeux fermés. Elle respira fortement par coups saccadés, elle se mit à parler dans une voix bien plus grave:
- J’ai besoin d’écrire, j’ai besoin d’écrire ! J’ai besoin d’une plume ! Je tuerais pour une plume !
- Qui êtes-vous ? demanda le psychanaliste.
- Et toi, qui es-tu pour poser la question ?
L’homme se présenta, annonça ses qualifications, faisant rire mon amie qui gardait toujours les paupières fermées. Je déglutis à l’annonce du nom qu’elle prononça.
- Je m’appelle François Villon.
- Vraiment ? Alors vous pouvez nous réciter la ballade des pendus ?
Dans un français parfait, elle entreprit un long monologue, prenant aussi la forme, et l’expression nécessaire lorsqu’elle dit : « Mais priez dieu que tous nous veuille absoudre ! ». J’entendis le psychiatre racler sa gorge avant de susurrer à mon oreille qu’elle n’oublia aucune strophe, surtout que le poème est long. Encore plus surprenant, elle ajouta un passage inconnu à la ballade.
L’hypnotiseur mit fin à la discussion en avançant le temps d’une semaine. A ce moment, mon amie se présenta comme un poète portugais totalement inconnu. Puis, elle devint Charles d’Orléans avant de prononcer le nom d’Ann Finch pour la première fois. Toutefois, ses discussions n’apportèrent rien d’intéressant. Le spécialiste continua à remonter dans le temps de mon amie. Il y avait au moins un poète par jour. Et enfin, nous eûmes la réponse à ses possessions.
- Je suis chez Amélie, dit-elle.
Je me souvenais de cette soirée. Je n’y avais pas été car j’étais invité à voir un match de football avec des amis dont le frère d’Amélie.
- On boit, on rit énormément. Et nous discutons sur la mort, l’au-delà et la vie après la mort… Oui ? Une partie de ouija ? (un sourire marqua soudainement son visage) Je suis d’accord, c’est excitant ! … Nous nous installons autour de la table, Mélanie revient avec un tableau qu’elle pose devant nous. On se tient par la main. C’est Christelle à ma droite et Léa à ma gauche. Nous commençons la séance dirigée par Amélie… Je ne sais pas, j’ai comme un souffle derrière mon oreille. Je me sens faillir pourtant je ne m’endors pas. Je crois que c’est l’alcool. Et…
Je retins mon souffle, écoutant ses explications avec attention. Elle garda le silence pendant quelques secondes avant d’affirmer :
- Je peux enfin réécrire. Quel bonheur ! Quel bonheur de me sentir vivante !
- Qui êtes-vous ?
- Mary Finch, dit-elle.
- Pourquoi êtes-vous en elle ? demanda-t-il avec le plus grand calme.
- Parce que son esprit a laissé la porte ouverte.
- Je vais vous demander de ne plus la déranger.
- Je comprends, dit-elle. Mais à une condition. Je voudrais écrire un dernier poème.
Il tendit un crayon et un carnet. Elle se mit tout-à-coup à griffonner, raturant, corrigeant. Elle prit son temps. Puis, elle signa de son nom avant de quitter sans prévenir. Mon amie tomba brusquement sur le côté. Toutefois, elle se réveilla lorsque le psychiatre lui ordonna d’ouvrir les yeux. Elle ne comprit pas pourquoi elle tenait un crayon dans une main et un carnet dans l’autre. Elle me regarda avec de gros yeux hagards avant de se lever et de réaliser qu’elle avait mal au cou. Elle comprit que cela avait recommencé.
Nous quittâmes le cabinet après avoir remercié les deux psychanalystes. Depuis ce jour, elle ne se lève plus la nuit pour écrire. Par contre, j’ai engueulé Amélie pour lui dire ce que je pensais de ces conneries de « ouija ».
Alex@r60 – août 2021
Photo: Auteur inconnu
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League of Legends, l'histoire d'une vie
13 ans. J’avais 13 ans lorsque j’ai découvert ce jeu. Je rentrais de cours, comme à l’accoutumé et allumais mon ordinateur – un vieux Mac qui marchait décemment. Je me connectais sur Discord, discutant sur un serveur. Je rentrais dans un vocal, puis, deux de mes amis commencèrent à parler d’un jeu. Curieux, j’allai sur mon navigateur de recherche, téléchargeai le jeu. Une fois téléchargé, je ne me doutais pas de ce qu’il m’apporterait durant les cinq années à venir… Et si on parlait un peu de League of Legends ?
13 ans, donc. Tout juste initié au monde du jeu-vidéo sur PC, je découvrais ce jeu. Il avait tout juste sept ans quand je l’ai lancé pour la première fois. Les longs tutoriels finis, les parties contre des robots enchaîné, me voilà fin prêt à arpenter la Faille de l’invocateur. J’avais commencé le jeu avec Tristana, le personnage que je connais par cœur désormais. Première partie lancée, une victoire emportée. Deuxième partie lancée, une défaite subie. Un quotidien de victoire et de défaite, voilà comment je définirais mon expérience en tant que néophyte. Parfois, il s’en retrouvait rythmé par des parties entre amis où les rires abondaient, où le sel faisait son office, où les victoires s’enchaînaient, pareillement aux défaites. J’avançais à mon rythme, découvrant par moment la toxicité de la communauté, apprenant les mécaniques de nouveaux personnages. Tout ça, je pense que c’est le quotidien d’un joueur lambda. Jouer, découvrir, apprendre, évoluer : monter. Mais si la classé ne m’a pas intéressée, c’est bien le compétitif qui a su titiller ma curiosité.
Nous sommes en fin 2018. J’ai troqué mon Mac défaillant pour un laptop tout aussi dégueulasse. Les performances ne volaient pas très haut. J’étais contraint à 20 FPS maximum. Vous en conviendrez, pour un joueur, c’est vraiment immonde. Imaginez vous un monde au ralenti, où vos actions auraient des répercussions que vous ne pouvez qu’entrevoir dans un bouilli de pixels informes. Ouais, c’était pas mal frustrant… Si bien que je due me restreindre à ne plus toucher au jeu, les parties devenant un calvaire plus qu’un plaisir. Seul mon téléphone rassasiait ma soif de joueur. Mais les jeux sur mobile ne me procuraient ni satisfaction post-victoire ni déception post-défaite. J’étais comme un enfant à qui on avait enlevé ses jouets, forcé à étudier et dessiner les mêmes formes dans sa chambre fermée à double tour. Puis, un nouveau monde s’était ouvert à moi. Un monde où la compétition faisait rage. Un monde où des joueurs donnaient de leur temps pour un trophée. Ce trophée aux couleurs argent, couvert de motifs et artifices à l’effigie des monstres de la Faille. Nous sommes en fin 2018, et les Worlds de League of Legends venait tout juste de débuter.
Les Worlds. Compétition qui réunissait les plus fortes équipes de chaque région. Un tournois divisé en trois phases :
· Play-ins
· Phase de groupe
· Playoff
Respectivement, phase d’entrée où les équipes mineures doivent prouver leur valeur, phase de groupe où les grandes équipes jouent pour accéder à la phase finale. Là, un arbre se dessine jusqu’à la coupe de l’invocateur. J’étais arrivé en début de phase de groupe. Je regardais les matchs s’enchaîner sans réel conviction. J’admirais les belles actions des joueurs coréens. Ces joueurs dont je connaissais la domination sans égale par le biais de mes potes. Même à mes débuts, je reconnaissais la supériorité de Séoul face aux couleurs de l’Europe. J’avais déjà reconnu Faker en tant que Dieu tout-puissant. Pourtant, lors de ces Mondiaux, elle sera mise à rude épreuve. Déjà par la Chine, le dragon ayant élevé son niveau cette année. Puis, par les européens. Une équipe européenne avait déjà déjoué les plans de Afreeca Freecs, seconde meilleure écurie des favoris. Mais ce n’est pas ce match qui m’avait le plus marqué. C’est une autre équipe qui réussira à me surprendre. Une équipe française, espoir de l’Europe : Vitality.
Même si elle n’est plus aussi belle, Vitality avait connu son âge d’or lors de ces Worlds. Pourtant, l’histoire avait commencé par de la malchance. Lors des tirages, ils ont été mis dans le groupe de la mort, comme les casteurs aimaient l’appeler. Groupe de la mort, ce n’était pas si bien dire, car il se retrouvait à devoir affronter Royal Never Give Up, vainqueur de la ligue chinoise et en lice pour le Grand Chelem ainsi que Generation Gaming, champion en titre des Worlds de 2017. C’est contre ces derniers que l’écurie française débuterait dans la compétition. Tout le monde les voyait déjà vaincu. Tout le monde les voyait hors-course. Tout le monde les voyait se faire écraser contre leur ennemi : une histoire biblique. Après plus de quarante minutes de jeu interminable, Vitality vaincra les Gen.G, toujours avec leur ancien style similaire au rugby. Mes yeux brillèrent de passion lorsque David souleva la tête de Goliath. Les imbattables furent vaincus. Ainsi s’éveilla ma curiosité pour le jeu. Et si Vitality n’arrivera pas à se qualifier pour la suite du tournois, c’est bien grâce à eux que j’ai commencé à m’investir dans le compétitif. Eux et une autre équipe présente dans le tournoi.
G2 ESports. Si vous me connaissez, vous savez à quel point je peux être chiant avec cette équipe. Si bien que j’en deviens lourd, bombant le torse fièrement tandis que je porte leur maillot. Et tout commence par de la malchance, encore une fois. En 2018, l’écurie n’était pas dans sa grande forme qu’on lui connaissait. Après plusieurs changements de joueurs loin d’être conséquent, ils cèdent leur trône européen à leurs rivaux de toujours. Ils se qualifient difficilement aux Worlds, passe les play-ins non sans peur et continuent leur chemin jusqu’en playoff. Puis, la poisse arrive. Au tirage, ils tombent contre RNG. Les RNG, ogres chinois qui écrasent leurs ennemis sur leur passage. G2 n’était qu’un obstacle qui les ralentissaient dans l’acquisition de la coupe. Ce best-off five, tout le monde avait pronostiqué un 3-0 pour les chinois. Personne ne voyait G2 triompher. Pardon, personne n’osait imaginer G2 triompher. Même-moi je regardais les manches s’enchaîner sans réel espoir. J’étais con. Très con. Parce que cette journée avait débuté avec la chute de l’empire coréen, et elle se finira sur l’ascension européenne.
1-0. Tout commence normalement pour les RNG. Une nette domination chinoise durant le premier jeu. Les G2 n’arrive pas à s’exprimer. Puis advient l’égalisation. À la surprise générale, les joueurs arrivent à se démarquer par des exploits mécaniques, des déplacements sur la carte, ingénieux, ainsi que des compositions plus que fortes. Rien que par cette égalisation, G2 défont les pronostics, pareils aux paris. 2-1 pour RNG. Sans doute que la victoire précédente n’était qu’une exception. Une petite déconcentration des chinois fugaces pour enfin continuer leur chemin vers le titre. 2-2. G2 concrétise avec une victoire convaincante. RNG sont forts, certes, mais les européens avaient, eux aussi, élever leur niveau de jeu. Ils étaient prêts à affronter la Chine. Ils étaient prêts à surprendre le monde. Ils étaient prêts à devenir la Légende européenne. Le match se conclut par un 3-2 des G2 ESports. Boom. Ainsi l’histoire fut écrite. Une histoire à faire rêver de jeunes joueurs. J’étais l’un de ces jeunes joueurs. Ils m’ont en mis pleins les yeux. Si bien que, encore aujourd’hui, je suis un fan inconditionnel de cette écurie, prêt à les défendre à la moindre objection. Si bien que, si je vous écris aujourd’hui, je pense que c’est grâce à eux. Car c’est eux qui m’ont rendu aussi passionné de ce jeu. Eux seuls.
Ils avaient beau ne pas avoir gagné les Worlds, se faisant détruire par les futurs champions du monde (Invictus Gaming), ils m’avaient déjà conquis. Même si j’ai encore la déroute en final de Fnatic en travers de la gorge, cela ne m’a pas empêché de m’intéresser à cette nouvelle discipline sportive – oui, sportive. De scroller des heures durant ma fil Twitter à la recherche d’infos sur le mercato. De m’informer autant que je pouvais sur les rumeurs, sur la future ligue franchisée européenne. À défaut de pouvoir jouer, je regardais en replay ces mêmes matchs qui m’avaient fait vibrer auparavant. Puis 2019 arrive avec la nouvelle super team G2 ESports. L’équipe dont je vais tomber amoureux. Littéralement. J’aime la manière dont il joue, l’air je-m’en-foutiste et si sûr d’eux. On dit souvent qu’il est facile de supporter les meilleurs. Qu’il est facile de supporter une équipe qui gagne. Mais j’étais là lors de la déroute contre la Chine. J’étais là durant les rares défaites. Et j’ai passé ces moments dans le dur pour voir leur apogée en 2019.
L'apogée G2
Champion d’Europe. Champion du MSI. À nouveau champion d’Europe puis favoris des Mondiaux. Je ne jouais que très rarement au jeu. Cependant, je ne manquais jamais un de leur match. Jamais. Même dans la maladie, croupi au fond de mon lit avec trente-huit degré de fièvre, j’ai pu fêter leur victoire contre les triples champions du monde SKT T1. Puis les Worlds arrivèrent. Grands favoris, en route pour le Grand Chelem, ils jouaient leur jeu. Ils ont démoli Damwon Gaming, troisième équipe coréenne. Ils ont oblitéré encore une fois Faker et ses équipiers, le faisant trembler des mains alors que le match touchait son apothéose. Ce qu’il n’avait pas fait avant, ils l’ont accompli cette année. Et, comme toujours, j’étais là. J’étais là à beugler dans mon micro, devant mon téléphone alors qu’ils saluaient leur public.
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Une marche. Il y avait une seule marche qui les séparait de la coupe de l’Invocateur. Mais cette marche semblait infranchissable. Ils ont posé le genou face à l’adversité. 0-3 contre FPX. La déroute la plus totale. J’ai eu la haine. J’ai eu la rage. Je me sentais trahi. Tant trahi que je m’en retrouvais à pleurer devant mon écran alors que mes potes me vannaient. J’avais cette impression que, pour eux, c’était qu’un jeu. Pour moi, c’est la passion d’une vie. Ma passion. Ce qui me faisait vivre. Ceux qui me faisait vivre. Ils étaient si près de la coupe, si près de l’exploit. Presque roi mais si loin du niveau chinois. J’ai mis du temps à m’en remettre. La cicatrice n’a pas été complètement pansée, mais cela suffisait pour que je réussisse à en rire. Et je pense que c’est là que j’ai compris. Que j’ai compris ce que je voulais. Que j’étais bien nul sur les jeux, mais que j’avais un talent qui pourrait me faire vivre dans ce milieu. Adolescent perdu hier qui voulait devenir psychologue. Adolescent rêveur d’une carrière de journaliste e-sportif aujourd’hui. Demain, sur le plateau des Worlds, en train d’interviewer un joueur après qu’il ait soulevé la coupe.
Je ne vais pas vous faire l’affront de vous décrire 2020. Vous connaissez l’histoire je pense. Confinement à cause de la Covid-19. Les audiences grimpent du côté de l’eSports, seule milieu peu impactée. League of Legendsaccueille de nouveaux joueurs et G2 continue d’enchaîner les victoires. De mon côté, j’ai passé mon confinement à suivre les diverses ligues que le globe me proposait. J’ai eu un nouvel ordinateur – celui sur lequel j’écris actuellement – qui faisait tourner League of Legends à 60 FPS. Enfin je pouvais rejouer à ce jeu que je regardais sans cesse depuis un an. Enfin je pouvais m’amuser à imiter les pros. J’avais beau être puant, je continuais à m’amuser sur le jeu. La Faille avait pris une place importante dans ma vie. J’en parlais sans cesse avec mes potes d’internet. J’y jouais avec eux, discutait de l’actualité Twitch avec eux, débattait autour des décisions douteuses de Riot Games, rigolait jusqu’à pas d’heure. Puis la période estivale se finissait sur une nouvelle victoire G2. Les cours reprennent après six mois sans instructions. Avec eux, le temps redevint chronophage. Mais fin de période estivale signifiait une chose : le retour des Mondiaux.
Cette fois-ci, je ne vous décrirais rien de ces Mondiaux. Si vous êtes curieux, vous trouverez des replays de cette compétition de haute-voltige. Non, je vais plutôt m’intéresser à la communauté. Cette même communauté toxique que je fuie comme je l’admire. J’admire le travail de ces artistes qui poussent le jeu au-delà de ces frontières numériques. J’admire le travail de ces cosplayeurs qui font vivre mes persos favoris au travers de leur corps. J’admire le travail de ces streamers, prêts à subir la toxicité de la communauté pour nous proposer du contenue divertissant. Ça me tue de le dire, mais j’admire le travail de Riot Games. Imparfait, certes, mais qui font de leur mieux pour ajouter du contenue afin de ne pas nous lasser. Quatre ans que je vis dans cette communauté, et je ne me suis jamais senti aussi vivant que durant ces quatre ans. Ce n’est pas que grâce à ce jeu que je me porte mieux, mais il m’a aidé. Poussé à bout durant certains temps, mais aidé tout de même.
Et maintenant ?
Aujourd’hui, ça donne quoi ? Et bien, un intérêt pour la compétition française grâce à la Karmine Corp, de nouveaux joueurs qui s’amusent avec leur groupe de pote et moi qui vous écris. Le jeu a dix ans, et pourtant, il n’a jamais été aussi actif qu’en 2021. J’en constate les effets dans mon entourage. Plus personne ne peut jouer les aveugles, feindre son inexistence, parce qu’il est partout. Que ce soit le partenariat avec Louis Vuitton en 2019, les diverses musiques composées, les nombreux streamers qui s’y sont essayés, le jeu est omniprésent. Pour un initié, il est impossible de ne pas en avoir entendu parler. Et, si vous me connaissez, je pense que vous savez à quel point je peux être saoulant avec ce jeu. (Désolé par ailleurs)
Dix ans. Le jeu a dix ans, et j’ai beau en avoir écumé que trois, j’ai l’impression d’avoir grandi avec. Si bien que je vous en parle à cœur ouvert. C’est le jeu dont je suis tombé amoureux. Malgré ses défauts, malgré son studio probl��matique, malgré les polémiques, je ne peux que l’aimer. Parce qu’il m’a redonné un second souffle. Parce qu’il m’offre un avenir que je n’aurais jamais imaginé. Parce qu’il m’offre une passion grâce à laquelle je vis. Beaucoup d’entre vous attendent sûrement mon article sur le rap – que je devais sortir initialement pour ce mois. Mais que voulez-vous ? Quand la passion est trop forte, je pense que je ne peux que céder…
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Un article très personnel, je vous le conçois. Mais j’avais vraiment envie une bonne fois pour toute de partager cet amour du jeu que je ressens jour après jour. Promis, l’article sur le rap sortira très prochainement :) Sur ce, c’était Ryry de Ry-reviews, pour vous servir !
Pour approfondir le sujet :
Vidéos :
https://www.youtube.com/channel/UCRGzD_7Qgdf7C_JCPk68RjQ
https://www.youtube.com/user/gbay99
https://www.youtube.com/channel/UCUbsiCjXynjpKU64L65Gu-A
https://www.youtube.com/channel/UC0RalGf69iYVBFteHInyJJg
https://www.youtube.com/watch?v=0D6E-BfGFiE&list=PL5aiD_mmsFohT_dlzLRV55P_sJJuIDILY
Source (À venir) :
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L’inconnue
« À mon futur moi,
Je t’écris pour que tu n’oublies pas. Les souvenirs sont souvent trompeurs, et je veux que tu te souviennes de ton passé, du mien, du nôtre. Voici quelques scènes que j’ai trouvées dignes de te raconter.
Je l’observai : son visage étonné, ses sourcils légèrement froncés, ses yeux bleus plus clairs que les miens… Était-il fâché ? Ou simplement perplexe ? Peut-être frustré… Il parlait, ses lèvres remuant au rythme de ses paroles. Je distinguais avec peine ce qu’il disait…Quelque chose à propos des bonnes manières. Je riais aux éclats comme une folle, une démente possédée par le démon. Le monde n’avait plus d’importance. Si la neige avait brûlé devant moi, je ne lui aurais porté aucune sorte d’attention. C’était bien plus drôle de s’imaginer la destruction du monde. Pensive, je m’étais tu. Il pensait que son discours m’avait poussé à la réflexion. Mais je m’en fichais royalement de ses « belles » paroles. L’unicorne, voilà un animal bien étrange. Son mythe viendrait d’une confusion entre un rhinocéros d’Asie –ne possédant qu’une seule corne- et un cheval. D’ailleurs, l’hippopotame veut dire « cheval des eaux ». Pourquoi je pensais ça, moi ? Je ne sais plus, j’oublie la raison de mes pensées. En faut-il une ? Je me souviens que je m’étais remise à rire après m’être imaginé un unicorne géant en train de détruire la Terre. Je me tournai vers lui. J’avais l’impression qu’il attendait… une réponse ? Puis, je me remis à l’observer : d’abord sa tête avec ses quelques cheveux gris se noyant dans une marée de cheveux brun et noir, son nez fracassé quatre fois, ses oreilles ni trop grandes ni trop petites qui n’écoutaient que ce qu’elles voulaient, sa bouche qui avait connu tant d’autres. Après, son corps ; il s’affaissait d’année en année. Je lui avais déjà dit mais la magie de ses oreilles avait effacé mes paroles. Chaque fois que je parlais, criais, chantais, cette magie s’opérait. Comme une malédiction, le dialogue entre nous deux était impossible. Bon à vrai dire, j’avais abandonné l’essai après cinq ans. Parfois, je rêvais qu’enfin il m’écoutait, respectait mes décisions. Mais mon rêve était devenu plus morbide : un accident d’avion, de voiture, une bombe qui explosait et me délivrait de sa tyrannie. Même si je savais qu’il ne le faisait pas exprès, vu qu’il ne se rendait pas compte de son arrogance, voilé par les louanges de ses amis, sincères…-je ne le dis pas sur un ton ironique car ses amis le respectaient réellement. Son problème était qu’il changeait d’attitude selon la personne devant lui et celles autour. Mais tous les Hommes le font. Je l’ai appris à mes dépens. Ce qui me fascinait le plus, et qui me fascine encore, c’était cette capacité à changer l’histoire, le passé, le vécu de manière à ce qu’il ait toujours raison et moi tort… je l’aimais et le haïssais en même temps. Il déformait mes mots, les sortait hors contexte. Alors je devenais furieuse, comme une tempête, soufflant des insultes, mes vrais opinions, mes doutes du futur ainsi que ceux d’un passé s’évanouissant de plus en plus, ma rage, ma tristesse, mes moqueries sur ma santé, mes désirs d’un monde voué à la destruction. J’étais impuissante et je le savais. Je me calmais, me moquais de moi-même et de ma faiblesse, riant. Au début, je finissais toujours par pleurer, les années passèrent, et je riais simplement. Une démence folle me prenait. Un diable caché sortait mais personne n’était là pour le voir. Invisible, ombre de mon véritable moi.
Je sais que je n’ai plus écrit depuis un bon moment, mais je ne savais pas quoi dire… L’inspiration est un oiseau s’envolant, découvrant une nouvelle réalité et revenant dans le nid de la pensée. Enfin, je ne m’attarderai pas longtemps dans ces mini-discours futiles.
Je ne voulais pas vraiment l’écouter car je savais qu’il allait me sortir le même discours. Mais cette fois-ci, quelque chose dans ses yeux, dans son attitude, était différent. Il avait l’air accablé, chargé de tristesse. Il commença alors à parler. Pour une fois, je voulais simplement écouter, sans commenter. Je fus fort surprise de ses paroles. Il, pour une fois, avait accepté ma décision ! Non, ce n’est pas vrai. Il acceptait mes décisions lorsqu’il s’agissait de choses inutiles, courantes, simples à décider. La nouveauté de cet évènement résidait dans le fait que cette décision était d’une importance majeure. Le cours de ma vie changeait. Je me réjouis grandement de cette victoire, à laquelle j’attachais de l’importance. Après le « j’y ai longuement réfléchit et si c’est ce que tu veux, je comprends », vint une succession de « n’oublie pas que je t’aiderais toujours », « tu es cruelle, pense à mes sacrifices ! », « y as-tu vraiment songé? Et toutes les conséquences ? » et de « tu n’as pas de cœur, mais je t’aime quand même ». Les dernières paroles n’étant pas importantes, j’écoutais de la musique sous son regard plein de reproches. Je me sentais enfin libre, maître de mon futur. Je sentais bien qu’il y avait anguille sous roche mais je voulais y croire. Pour une fraction de seconde, je me sentais réellement heureuse. Puis revint la routine et avec elle mes sentiments pessimistes.
Ce court chapitre de mon existence avait été une réelle bénédiction et malédiction à la fois. J’avais regagné confiance en quelqu’un qui m’était cher et je croyais en sa sincérité sur le coup. Je voyais le futur sous un autre angle, un peu moins pessimiste qu’habituellement. Je me maudis encore d’avoir été si naïve. Je me hais plus que je hais les autres et il le savait. Il m’a utilisée sans remord. Mais je vais détailler un peu la scène qui brisa mon cœur.
Il m’avait appelée au salon. Je crus d’abords qu’il voulait parler de nos plans de voyage. Comme je me trompais ! Il parlait du futur. Encore et toujours, le futur. Ce sujet maudit pour moi était une vraie source de discussion chez lui. Ne se souvenait-il donc pas de ce qu’il avait dit quelques semaines auparavant ? Il m’avoua alors qu’il m’avait menti pour baisser ma garde. J’étais outrée. Etais-je si insignifiante à ses yeux ? Ne pouvait-il pas s’empêcher de me mentir ? Je criais, je le menaçais même en sachant que cela n’aurait aucun effet. Malgré le nombre d’années que je le connaissais, je tombais à chaque fois dans ses pièges. Je m’enfermai dans ma chambre. Je me mis à écrire. Puis, j’effaçai tout. Mes sentiments ne valent pas la peine d'être écoutés ou lus. Ma haine commençait à grandir et lentement surpasser mon amour pour lui. Mon désespoir était un puits sans fond. Mes démons se réjouissaient de mon malheur. Je n’arrivais pas à pleurer ; mes larmes n’avaient plus coulé depuis des années. Je mis ma musique à fond. Je sortis de la chambre avec un faux sourire collé aux lèvres. Il m’observa du coin de l’œil. Nous sortîmes de l’appartement. Les rues me paraissaient trop petites pour apaiser ma soif de liberté. Aux côtés de cet homme, tout me parait être une cage. L’esprit essaie de s’envoler du corps maudit. Mes pas se faisaient lourds. Un début de migraine se montra. J’en avais marre. Marre de lui, marre de ma vie, marre de mon passé encré en moi, marre du présent trop lent, marre de mon future déjà écrit par autre que moi. Une légère brise souffla un peu de vie en moi. Je regardai les passants. J’essayais d’imaginer leur vie mais je n’y arrivais pas. Je ne sais pas juger les autres de premier abord. C’est un de mes défauts. Nous arrivâmes près d’une rivière. Le courant n’était pas très fort. Quelques ponts gris unissaient les deux rives. Les reflets de lumière brillaient sur l’eau bleue et verte. Je n’ai jamais été une grande admiratrice de la nature ; j’envie trop la liberté de celle-ci pour l’apprécier.
J’ai voulu tout effacer. Je sais que j’écris pour me maintenir vivante. La mort m’a souvent appelée. Je suis trop lâche pour la rejoindre. Elle est douloureuse et je crains la douleur. Les jours passent, je ne suis plus moi, et le monde change.
Je regardais tranquillement la télévision, quand soudain je reçus des messages de sa part. Il avait surement bu. D’abord il me demandait comment j’allais. Puis il commença à me menacer, pour terminer avec des émoticônes souriant me souhaitant bonne nuit. Je commençai à rire nerveusement. Je pris contact avec mes amis les plus proches. Aucun ne savait réellement que dire. Je devins furieuse contre lui mais ne répondis à aucun de ses messages. Comment réagir ? Ce fut la goutte qui fît déborder le vase. Je n’en pouvais plus. J’étais fatiguée. Je regardai un film après l’autre, m’empêchant de penser. Je ne voulais surtout pas y penser. De toutes manières, je ne pouvais pas changer grand-chose. Je me dis à ce moment que si je devais mourir, je choisirais de voler avant.
L’appel de la mort m’engloutis de plus en plus. Je suis perdue dans le labyrinthe. Je ne retrouve plus mon chemin. Mon cœur saigne au quotidien. Il m’empoisonne. Il veut me faire sa prisonnière, sans voir les damages qu’il provoque. Les faits s’empilent. Je n’ai pas parlé de la fois où il est entré dans ma chambre pour m’enlever la couette, me voir, attendre et repartir ; des choses aussi illogiques et bizarres se passent continuellement. Il nourrit ma haine des autres, ma violence, mes pensées noires. La lecture et la musique ont été mes seules vraies bouées. Mais la bouée perd de l’air, et je me noie. Je n’ai pas appris à nager dans le bon sens : je vais à contre-courant et, au lieu de remonter, je descends plus profondément dans les abysses noires de la pensé et de la vie. Malgré les personnes présentes dans ma vie, je n’ose leur dire tout et je me sens seule. Ma famille perd ses membres. Si je dois un jour écrire une lettre d'adieux, je commencerais par dire au revoir à celle-ci. Puis viendrais le tour de mes amis; sûrement quelque chose comme “j'espère que je ne vous manquerai pas trop”. Et enfin un petit message pour lui. Si je vole un jour, je ne le blâmerai pas. Après tout, même s'il m'a emmenée au bord du précipice, ce sera moi qui aura pris la décision de “voler”. Je l’aimerai et haïrai éternellement.
J’ai déménagé sans le prévenir. Je me suis enfuie comme un criminel. Je ne regrette pas. Je suis hors de sa portée, de son étreinte douloureuse. Mais sans lui, je suis vide, aussi vide que les pièces autours de moi.
Quant à toi, futur moi, je sais que tu ne liras jamais ceci. Je le savais depuis le début. »
L’inspecteur V. termina de lire la lettre trouvée sur le bureau de la jeune femme. On l’avait réveillé à cinq heures du matin pour une drôle d’affaire. Il n’avait pas eu le temps de se raser, ni de se coiffer ; ses cheveux bruns partaient dans tous les sens. Des cernes soulignaient ses yeux noirs. Le café bu en vitesse ne le réveilla à peine. La jeune femme avait été retrouvée écrasée au bas d’une tour. Ses vêtements relevaient un certain chic, et elle n’avait qu’une note avec une adresse dessus. L’appartement était petit ; le salon avec un fauteuil, le reste était vide ou plein de papiers vierges. Les murs peints en rouge contrastaient avec le plafond bleu et le sol vert. « Quels goûts ! », se dit l’inspecteur en entrant. Il préférait l’ordre ; cet appartement le fit presque changer d’avis. Il s'était assis dans le fauteuil. Celui-ci était en cuir noir. Autour de lui s'effaraient les “poulets” cherchant des pistes. Rien. Seule cette lettre pouvait les informer. La lecture de celle-ci ne fit que le perturber encore plus. Qui était donc ce “il” ? Mais plus important, qui était-elle ? Car personne dans l'immeuble ne la connaissait et on n'avait pas retrouvé de pièce d'identité. Cette mystérieuse inconnue avait piqué l'intérêt de l'inspecteur. Racontait-elle la vérité dans la lettre? Était-ce réellement elle qui l'avait écrite? Un million de questions se bousculaient dans son esprit. Il sourit ; cela faisait des années qu'un cas n'était si intéressant. Mais il connaissait l'avenir de l'enquête : après quelques semaines, l'affaire serait classée comme “impossible”. De toutes manières, il n'avait plus le temps de s'en occuper ; déjà, quelque part ailleurs dans la ville, un cas similaire s'était produit. “Il” avait sauté du précipice.
well this a “short” story I’ve written some years ago… I’ll try to translate it in English but I can’t promise anything….^w^’
please tell me what you think about it!
ps; I know, I know it’s way too long ^-^”
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Les notes du Rapace
A Forgotten Hollow, les Vatore s’étaient décidés à réagencer un peu leur demeure, les rangements disponibles ayant tous été pris – la majorité du temps, c’était parce que Caleb achetait des trucs sur un coup de tête et que ça prenait de la place inutilement – et certains meubles ayant mal supporté le passage du temps – il fallait préciser qu’à une époque, ils avaient eu des oiseaux avec eux, faisant que ceux-ci avaient laissés des traces de leur passage. L’arrivée de Dimitri Markoff au sein de leur communauté leur donna l’occasion de faire un peu de vide et ainsi se séparer des habits de leur défunt père, Louis Vatore, et aussi faire quelques découvertes sur leur parent…
—Mais pourquoi avait-il caché cette bibliothèque derrière la vieille armoire ? Tu as une idée Lilith ?
—Probablement à cause de Straud pour ne pas qu’il mette la main sur ces carnets. Souviens-toi que père le haïssait depuis que ce cachet d’aspirine ambulant lui a dérobé cet espèce de coffret glauque que nous avions interdiction de toucher.
Cet évènement datait du siècle ayant suivi la fondation de Forgotten Hollow, à l’époque où tous deux avaient fraichement atteint l’âge adulte et où les chasseurs de vampires avaient contraient leur espèce à revoir ses habitudes – l’un d’eux avait tué leur mère quelques années auparavant alors que celle-ci se nourrissait sur un humain qu’elle avait surpris en train de jeter des pierres à leurs deux chats de l’époque, Perle et Cannelle. Leur père et Vladislaus Straud étaient en perpétuel désaccord sur les méthodes à adopter pour la survie de leur espèce et ils devinrent ennemi juré quand le comte Straud pénétra chez eux par effraction, volant ce coffret ainsi que, de ce qu’ils surent plus tard, des objets pour la pratique de la magie. Quand Louis Vatore tenta de récupérer ce coffret, il apprit que celui-ci avait été détruit, Straud ayant jugé son contenu dangereux pour leur communauté, mais échoua à récupérer le reste.
Quinze ans après, leur père fut tué par des chasseurs de vampires ayant trouvé leur refuge et Lilith ainsi que Caleb se retrouvèrent livrés à eux-mêmes ainsi que privés de leur vengeance, Straud ayant éliminé ceux leur ayant pris leur dernier parent.
—Personnellement, je n’avais pas de problèmes avec, souligna Caleb en se grattant l’arrière de la nuque. Seulement, je reconnais que la réaction qu’avaient eue Perle, Cannelle et Serre quand ils m’ont suivi dans le grenier était… troublante, comme s’ils sentaient un danger proche.
Durant leur enfance, ils avaient eu quelques animaux, notamment des oiseaux, leur père étant un passionné d’ornithologie, plus particulièrement des rapaces qu’il arrivait à dresser pour diverses petites choses – leur défunt parent usait de ses compétences de fauconnier lorsqu’il était encore un humain afin de faciliter son travail d’espionnage. Pour les seize ans de la jeune femme, ils avaient reçus deux chatons que quelqu’un avait tenté de noyer dans une rivière et ils avaient réussi à les habituer à leur vieux hibou qui dormait sous leur toiture.
Piqué par la curiosité, Caleb prit un carnet au hasard et l’ouvrit, découvrant des notes accompagnées de dates et de lieux écrits dans la marge…
—On dirait que ce sont ses notes de quand il était espion à… commença la jeune femme en lisant par-dessus l’épaule de son frère avant d’avoir un blanc. Mince. Comment ça s’appelait déjà ?
—Avalon, compléta son cadet en poursuivant sa lecture. Semblerait que j’écoutais mieux que toi en histoire sœurette.
Pour la peine, elle donna un coup de coude à son frère qui lâcha un « Aïe ! » sonore avant de reprendre sa lecture. Lilith, quant à elle, regarda les autres carnets avant d’en repérer certains qui étaient plus récents – ce n’était pas qu’elle n’était pas intéressée de savoir ce que son père avait fait du temps d’Avalon mais elle avait un peu peur que cela égratigne l’image qu’elle avait gardé de lui et puis elle faisait confiance à son cadet pour lui faire un résumé détaillé de tout ça — puis prit l’un d’eux qu’elle donna à son frère.
—Et ça, c’est quoi ? demanda-t-elle tandis que Caleb feuilletait l’ouvrage. Ca ne me semble pas dater d’Avalon vu la couverture.
—Effectivement… confirma son cadet en tournant les pages avant de s’arrêter, étonné. Ca date de l’année où notre mère est morte. Père tenait donc un journal ?
—Apparemment… Il y a le jour de notre anniversaire dedans ?
—Attends… Oui ! Tu veux que j-
—S’il te plait…
D’un signe de tête, Caleb lui indiqua qu’il avait compris puis il s’éclaircit la gorge avant de commencer sa lecture.
« Aujourd’hui était un grand jour dans notre demeure : Elisabeth, mon aînée, allait fêter ses seize ans. Quand je pense qu’il y a quelques années encore, elle était haute comme trois pommes et s’endormait sur mes genoux… Le temps passe décidément bien trop vite quand l’on est un immortel car pour moi, hier encore, elle était une adorable petite fille. Cela me fait drôle de me dire qu’à présent, elle était une magnifique jeune fille dont la beauté rivalisait avec celle de sa mère…
—Lilith ! Tu es enfin prête ?!
—Une minute Caleb !
Adolescente, elle était devenue plus coquette, prenant exemple sur Camilla pour savoir comment s’habiller, se coiffer ou se tenir en société. Si j’étais toujours maître espion en Avalon, je suis certain que je n’aurais pas pu la voir grandir comme cela a été le cas ces dernières années.
—Les minutes durent des heures ave- Non mais tu te maquilles sans voir ton reflet ?!
—Ce n’est pas si compliqué tu sais petit frère. Après tout, tu te coiffes bien à l’aveuglette toi aussi ?
—Admets plutôt que mère t’as aidée à faire ton chignon ! J’ai entendu ses pas sortir de ta chambre.
Caleb, mon fils, était plus jeune d’à peine une année. Normalement, nous fêtions d’abord son anniversaire avant celui de sa sœur mais cette année, nous avons préférer les fêter en même temps, cela bien que nous nous doutions que cela provoquerait quelques chamailleries entre eux. Cependant, je faisais confiance à mon fils pour ne pas nous faire une scène de jalousie avant l’arrivée des cadeaux, surtout que cette fois-ci, ce ne serait pas un livre ou une babiole comme les autres fois car il était en train de développer une tendance un peu fâcheuse à l’accumulation… »
En entendant cela, Lilith ne put retenir un rire face au fait que leur père avait très bien cerné le côté matérialiste de Caleb.
—Merci père… fit son cadet entre ses dents.
—Je pense que tes collections de cailloux, fossiles et autres l’ont beaucoup marqué, se rappela la jeune femme, ayant encore en mémoire la chambre pleine à ras-bord de ces objets et qu’ils avaient finalement revendus pour faire de la place. Le pauvre Serre avait causé un éboulement chez toi en se posant sur un tas de fossiles qui n’était pas très stable…
—Oui bon…
Son petit frère rougit de honte à ce souvenir, ce qui était logique vu que le vieux hibou l’avait regardé de travers pendant des jours jusqu’à ce qu’il finisse par ranger sa chambre. Après cela, l’oiseau avait accepté d’y revenir pour faire sa sieste quotidienne puis, plus tard, veiller à ce que Perle et Cannelle ne soient pas victimes d’une mésaventure similaire.
« Même si Caleb est parfois jaloux de sa sœur, je l’aime autant qu’Elisabeth et j’ignore s’il en aura conscience un jour. Plus le temps passe et plus Camilla trouve qu’il me ressemble, un point sur lequel je ne peux pas lui donner tort…
—J’ai fini petit frère !
—Pas trop tôt…
—Toi t’as ta tête des mauvais jours… Tu veux en parler ?
—… D’accord.
Elisabeth aimait beaucoup son frère et le fait qu’ils aient peu d’écart d’âge a certainement contribué à leur bonne entente. Camilla et moi faisions de notre mieux pour leur faire faire des activités ensemble et, bien que chacun avait ses préférences, ils restaient proches et cela me rassurait de les voir ainsi, surtout après avoir pu constater à Avalon les effets néfastes que la séparation avec sa sœur ainée Teresa avaient pu avoir sur Viktor dans sa jeunesse. Jamais je n’aurais osé faire cela à mes enfants, surtout à Caleb qui assumait mal son absence de forme sombre et qui souffrait d’un manque de confiance en lui à cause de cela. Heureusement, j’avais réussi à dérober une partie des recherches de Viktor en quittant Avalon et ce qu’il avait découvert avait réussi à apaiser mes inquiétudes sur l’avenir de mon fils…
—On s’est encore moqué de toi ?
—Non je… Tu crois que je n’aurais jamais de forme sombre ? Normale-
—Arrête, tu es très bien comme tu es ! Ce n’est pas un drame et puis je suis sure que les autres sont jaloux car du coup, tu restes beau en toutes circonstances !
—Ouais… Ou bien il y a problème avec moi…
—Caleb, si c’était le cas, mère et père s’inquièteraient beaucoup plus pour toi ! Or, tu l’as bien vu : ils nous traitent sur un pied d’égalité depuis notre plus tendre enfance. Laisse-les autres jaser si ça les amuse et, s’ils te croient faible, je viendrai t’aider à leur botter les fesses !
—… Merci sœurette.
—C’est toujours un plaisir petit frère.
A Avalon, Viktor faisait des recherches sur les alignements rares, certainement parce qu’il en possédait lui-même un. Ses notes étaient précises et nombreuses, me permettant ainsi de savoir que Caleb avait certainement obtenu l’alignement de Cœur Vaillant, soit un équilibre parfait entre sa part de Lumière et celle de Ténèbres. Souvent, ceux possédant cet alignement devenaient de célèbres héros comme Héraclès qui était le héros favori de Joshua le Téméraire, Shéhérazade qui avait usé de ses talents de conteuse pour mettre fin à la terrible sentence qu’un ancien roi d’Heaven infligeait à ses jeunes épouses, le chevalier Galaad le Pur qui a côtoyé les premiers rois d’Avalon… J’avoue que cette découverte m’avait un temps fait avoir de grandes ambitions pour Caleb mais en me remémorant que Xanthe, le père de Viktor, avait forcé son fils à devenir un grand magicien sans se soucier de ce qu’il voulait vraiment, j’ai jugé préférable de ne pas lui faire cela, un point sur lequel j’eu le soutien de Camilla.
—Les enfants ? Votre père et moi vous attendons en bas.
—Nous arrivons tout de suite mère !
Lorsque j’ai dû quitter Avalon avec ce coffret, j’avais décidé de retourner dans cette vallée étrange que j’avais trouvée en quittant les frontières de Midgard. Quelle n’a pas été ma surprise de découvrir que des démons venaient y trouver refuge quand le jour menaçait de les tuer. J’ai un temps craint pour ma vie mais ce coffret que Margaux m’avait confié ne leur plaisait pas et les dissuadaient de m’attaquer, faisant que je me demandais ce que la Ténébreuse d’Avalon avait pu faire avant de disparaitre. Lorsque j’ai envisagé de cacher cet objet dans une grotte, quelqu’un m’en empêcha en m’avertissant que cela serait désastreux pour la vallée si je le faisais. Cette personne, c’était Camilla, la première vampire que j’eu rencontré de toute ma vie… et aussi celle qui allait faire de moi un immortel puis m’offrir une vie à laquelle, en temps que maître espion, je n’osais rêver. Jamais je ne pourrais lui être assez reconnaissant pour tout ce qu’elle m’a apporté…
—Ah ! Voilà enfin la reine de la soirée ! Bon anniversaire Elisabeth !
—Merci père ! Vous êtes toujours aussi élégant.
—Et toi, tu es resplendissante ma fille. Tu es plus belle que n’importe quel joyau à mes yeux.
S’il y a une chose dont j’étais convaincu, c’était que vampire ou non, mes enfants n’auraient jamais pu être aussi heureux s’ils avaient vécu en Avalon où je me sentais parfois comme étouffé par les mœurs imposées par l’Eglise, faisant que quitter mon royaume d’origine était toujours comme une vraie bouffée d’oxygène à mes yeux. Heureusement, Joshua le Téméraire comprenait mon malaise, ayant lui-même des démêlés par les autorités religieuses de son pays dont ils trouvaient les idées rétrogrades. Même si feu mon roi ne disait rien publiquement sur ce qu’il pensait de la façon dont l’Eglise traitait ceux qui avaient le malheur de ne pas aimer les personnes qu’ils devaient aimer, il ne cachait pas son mécontentement quand nous étions seuls lui et moi, surtout concernant la noblesse qui cautionnait cela – l’exception la plus notable était Richard Desade qui, avec un père qui était membre du Clergé, était en conflit permanent avec lui et pour cause, j’avais aperçu plusieurs fois le jeune seigneur Desade dans une taverne où, je le savais, se réfugiaient ceux voulant pouvoir garder leurs préférences de partenaires loin des yeux de l’Eglise. Ce qui me dégoutait le plus était l’attitude de Gaston Huntington que je savais avoir une attirance pour les deux sexes : en échange de diverses richesses dont il faisait don au Clergé, celui-ci fermait les yeux sur ce qu’il faisait avec ses serviteurs… mais exécutaient ceux-ci lorsque leur maître se laissait d’eux.
Autant être clair : si mes enfants avaient grandis en Avalon, Gaston Huntington serait mort de ma main avant d’avoir ne serait-ce qu’adressé la parole à Caleb. Jamais je n’aurais toléré que ce scélérat s’approche de mon fils et le fasse souffrir comme d’autres avant lui.
—Caleb ! Bon anniversaire à toi aussi mon fils !
—Merci père… Je… hum…
—Caleb a un petit problème de confiance en lui.
—Lilith !
—Si c’est encore ta forme sombre qui te tracasse mon fils, tu n’as pas à t’en faire. Je suis certain que c’est même une bonne chose pour toi.
—… Merci père.
Il y a quand même des choses d’Avalon qui me manquaient, à commencer par Joshua le Téméraire avec qui Elisabeth aurait eu quelques affinités puis Margaux la Ténébreuse avec qui il m’arrivait de passer mes nuits à observer les hiboux car cette pauvre jeune femme faisait souvent d’atroces cauchemars qui l’empêchaient de trouver le sommeil une fois que le soleil n’était plus visible. J’aurais aimé les voir en ce jour pour célébrer l’anniversaire de mes enfants, cela loin des regards de la noblesse qui était si encline à juger son entourage pour le moindre battement de cils – quel n’avait pas été mon plaisir quand j’ai déclenché un tollé en dévoilant les petits secrets de ces nobles en public, me créant des ennemis mais me faisant gagner le titre de seigneur que le Téméraire me décerna dès le lendemain tout en m’offrant sa plus sincère amitié. Pour eux qui n’avaient pas pu avoir le bonheur qu’ils désiraient, je me devais de savourer chaque instant en leur hommage.
—Les enfants, vous êtres prêts pour vos cadeaux ?
—Oui mère ! Qu’est-ce que c’est ?
—J’espère que ce n’est pas des robes pour Lilith car autrement, elle va en- AIE ! Hey !
—Je n’ai rien dit quand tu as reçu je ne sais combien de livres l’année précédente !
—On se calme ! Surtout que cette fois-ci, je n’accepterai pas que cassiez vos affaires !
Il était déjà plusieurs fois arrivé que, lors d’une dispute, ils abîment leurs affaires en représailles et lorsque cela se produisait, je me montrais très sévère, forçant l’autre à remplacer ce qu’il avait dégradé afin d’expier sa faute. Seulement là, s’ils s’y amusaient, je serais sans pitié car là, je leur confiai une grande responsabilité et cela, uniquement parce que Camilla avait su me convaincre que l’on devait garder ces deux petits chats alors qu’elle savait bien que je préférai les oiseaux.
—Miaou !
—Les cadeaux sont arrivés !
Voir leurs regards agrandis d’étonnement face à ce chaton avait été une pure joie pour Camilla et moi-même, un signe évident que nous avions réussi à garder la surprise intacte jusqu’au bout, surtout avec cette petite bête qui était très curieuse comparée à sa comparse qui était plus peureuse. Je n’avais aucun doute sur le fait qu’Elisabeth allait les adorer, surtout vu depuis quand elle nous réclamait un chat pour chasser les souris qui s’attaquaient à ses vêtements. J’étais plus sceptique pour Caleb car même si je connaissais son amour des animaux, j’ignorais ce qu’il penserait de deux chats dans notre foyer, surtout vu le temps qu’il passait avec Serre – vu son empathie pour les oiseaux, je n’avais aucun doute sur le fait qu’il allait devenir meilleur fauconnier que je ne le suis.
—Oh mais qu’ils sont mignons ! Je les adore ! Merci merci !
—Ce sont des femelles. Je les aie sauvées de la noyade et nourries en cachette pour que vous ne vous rendiez compte de rien.
—Fini les souris chez nous ! Serre va avoir une sacrée concurrence avec vous les filles !
—Miaou ! Miaou !
Ces petites créatures auront une vie bien brève à côté de la notre mais j’étais certain qu’elles allaient se plaire chez nous avec Elisabeth qui serait toujours prête à leur faire des câlins dès que l’occasion se présenterait. En cela, elle me rappelait dame Helena Villareal qui recueillait souvent des animaux errants au sein du château, cela depuis le jour où Viktor, la mort dans l’âme, lui avait confié son chat Merlin dont il était contraint de se séparer car son père Xanthe avait cherché à le noyer pour avoir tenté de le faire tomber – je suspecte l’animal d’avoir voulu sauver son maître de son tyran car ce vieux chat était un excellent juge de caractère, ce dernier ayant déjà mordu avec force le mollet d’un homme ayant voulu emmener une jeune Helena à l’insu de son père, sauvant celle-ci d’un enlèvement qui aurait certainement brisé le seigneur Villareal.
—Ron ron…
—Elles sont toutes douces. Je peux les prendre avec moi cette nuit ?
—Eh ! Moi d’abord !
—Les enfants, elles sont deux donc ne vous battez pas.
—Oui mère. Celle-ci, je l’appellerai bien Cannelle. Tu es d’accord Lilith ?
—Oui ! Et l’autre, tu es d’accord pour Perle ?
—Parfaitement ! Je garde Cannelle cette nuit et on échange la nuit suivante ?
—Ca me va !
Comme j’étais fier de mes enfants… Ce jour-là était certainement un de mes souvenirs les plus chers à mes yeux et cela, personne ne pourrait me l’enlever… »
D’un signe de la main, Lilith avait fais signe à son frère d’arrêter de lire, ayant senti l’émotion lui monter aux yeux et entendu celle-ci grandir dans la voix de son frère. S’ils continuaient, ils allaient fondre en larmes, c’était certain. Caleb ferma le journal de leur père puis leva les yeux vers elle.
—Il me manque, lui dit son cadet dont elle vit la main se serrer sur le carnet. J’ai honte d’avoir pu penser qu’il te préférait à moi alors qu’en fait…
—Il nous a toujours aimé tous les deux, fit-elle, nostalgique de ce qui avait été un de leurs derniers jours de bonheur tous ensemble. Mère aussi il l’aimait profondément…
—Oui… Sa mort l’a brisé et il n’a plus jamais sourit après ça.
C’était compréhensible car elle avait été l’amour de sa vie… Et cela, Straud avait dû bien le comprendre car il avait profité de cette occasion pour leur dérober une partie de leurs biens, s’attirant la haine éternelle de leur père ainsi que la leur lorsque le comte de Forgotten Hollow leur déroba leur dernier parent.
—Quand on sera remis de nos émotions, il faudra inspecter tout ces carnets, déclara Lilith avec fermeté. Visiblement, ils peuvent potentiellement nous aider à savoir ce que Straud a pu voler à père.
—Et une fois que ce sera fait, nous y récupérons comment ? demanda son frère, sceptique.
—Straud a joué les opportunistes en pénétrant chez nous donc nous ferons de même : à la moindre occasion, nous lui rendrons la monnaie de sa pièce.
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Des braqueurs tuent un vigile avant de prendre la fuite avec leur butin, un inspecteur infiltré surveille la maîtresse de l’un deux, mais l’amour entre en jeu, et il est coincé entre gangsters et policiers ; sa vie est alors en danger. Richard Quine réalise ce face à face entre un flic et une femme fatale avec beaucoup d’astuce et aidé par de brillants dialogues d’après une nouvelle de Thomas Walsh et Bill S Ballinger. Kim Novak fait ici ses débuts à l’écran aux côtés de Fred MacMurray, qui dix ans plus tôt tombait tombait dans le piège infernal de Phyllis Dietrichson (Barbara Stanwick) dans Double indemnity (Assurance sur la mort)
Pushover (Du plomb pour l’inspecteur) – Richard Quine (1954) avec Kim Novak, Fred MacMurray
L’histoire : Le gang de Harry Wheeler (Paul Richards) fait un holdup dans une banque, tue un des surveillants et emporte 210.000 dollars. La petite amie de Wheeler, Leona (Kim Novak), rencontre Paul Sheridan (Fred MacMurray) à la sortie d’un cinéma et c’est, pour eux, le début d’une aventure. Elle ne sait pas qu’il est inspecteur de police. Le lieutenant Carl Eckstrom (E. G. Marshall) rapporte à son supérieur l’histoire de son collègue. Paul, Rick Mc Allister (Rick McAllister) et Paddy Dolan (Allen Nourse) sont donc chargés de surveiller l’appartement de Leona au cas où Wheeler viendrait chez elle. Ce soir-là Leona se rend en fait chez Paul qui l’a suivie. Découvrant ainsi qu’il est policier elle lui avoue que cela ne change rien à son amour pour lui. Elle lui suggère de s’arranger pour tuer Wheeler dans le cadre de son service et de partir avec elle en emportant l’argent volé. Paul, dégoûté, la quitte. Entre temps, Rick est séduit par Ann (Dorothy Malone), la voisine de Leona qui semble mener une existence sans histoire. Paul, à son retour, explique que Leona n’a pas cherché à contacter Wheeler. Après quelques jours de séparation, Paul complètement obsédé par Leona qui lui manque physiquement, la rencontre secrètement. Il accepte son plan et met au point tous les détails. Lorsque Leona reçoit un message annonçant l’arrivée imminente de Wheeler, elle entraîne Rick hors de chez elle. Paul tue Wheeler mais Paddy est témoin du meurtre. Ann s’aperçoit alors que Paul lance un signal depuis l’appartement de Leona avant de s’en aller. Rick revient sur les lieux et Eckstrom leur apprend que Wheeler a été aperçu dans les environs. Paul tue Paddy, qui est un témoin trop gênant, et kidnappe Ann pour couvrir sa fuite avec Leona. Mais Eckstrom et Rick ont compris le double jeu de Paul. Ils le pourchassent et finalement tirent sur Paul. Il est gravement blessé tandis qu’Ann est saine et sauve.
Pushover (Du plomb pour l’inspecteur) – Richard Quine (1954) avec Fred MacMurray, Philip Carey
Premier film de Kim Novak mis en scène par Richard Quine qui lui donnera l’un de ses plus beaux rôles six ans plus tard dans Strangers When We Meet (Liaisons secrètes), Pushover (Du plomb pour l’inspecteur) est aussi le premier grand film de Kim Novak, alors âgée de vingt et un ans. Au départ, le film n’était pour la Columbia, qui le produisait, qu’une œuvre de série B, dotée d’un budget de cinq cent mille dollars et destinée avant tout à compléter un double programme. Les contraintes budgétaires interdisaient au producteur Jules Schermer d’avoir recours à une actrice connue, la présence de Fred MacMurray ayant déjà crevé – à hauteur de soixante mille dollars – le budget du film… Dianne Foster, un moment pressentie, fut finalement refusée, et Schermer, après un essai concluant filmé par Quine lui-même, choisit Marilyn Novak, la future Kim… « Ce n’était pas une véritable actrice lorsque nous avons commencé le tournage. Le visage était magnifique. Le corps superbe. Elle était photogénique. Mais elle était incapable de montrer la moindre émotion. Nous avons alors décidé de limiter son dialogue au minimum. Lorsque vous ne jouez pas, vous êtes forcé de réagir et c’est ce sur quoi nous comptions.» Mécontent du scénario de Roy Huggins dont la fin ne le satisfaisait pas, Schermer emprunte à un de ses précédents films – Framed (Traquée) de Richard Wallace dont Glenn Ford et Janis Carter étaient les vedettes – plusieurs détails de l’intrigue, et notamment une partie de la fin. Comme dans Double Indemnity, de Billy Wilder, Fred MacMurray retrouve le rôle d’un homme prêt à abandonner ses principes moraux pour l’amour d’une femme. À l’opposé du couple sympathique formé par Phil Carey et Dorothy Malone, celui que compose Fred MacMurray et Kim Novak symbolise la corruption et la compromission. Paul Sheridan trahit la police et cause la mort d’un de ses collègues, et Lona n’hésite pas à dénoncer son ancien amant (Wheeler) à celui qui l’a remplacé… Richard Quine développe habilement l’ambiguïté de ce couple à la fois attachant et déjà maudit, et on se souvient de la superbe scène où Kim Novak se laisse embrasser par Fred MacMurray après l’avoir giflé. [Le film noir – Patrick Brion – Editions de la La Martinière (2004)]
Pushover (Du plomb pour l’inspecteur) – Richard Quine (1954) avec Kim Novak, Fred MacMurray
Au départ, l’intrigue de Pushover ressemble à celle de Double indemnity : pour se procurer de l’argent une fraîche et belle blonde amène un homme à trahir sa profession et ses collègues. Les héros des deux films sont tous deux vulnérables, apparemment intelligents, mais en fait très imprudents. Ils cachent leur caractère romantique derrière un cynisme de surface et doivent scinder leur personnalité en deux puisqu’ils sont à la fois criminels et enquêteurs. [ Encyclopédie du film Noir – Alain Silver et Elizabeth Ward – Ed Rivages (1979)- Encyclopédie du film Noir – Alain Silver et Elizabeth Ward – Ed Rivages (1979)]
Pushover (Du plomb pour l’inspecteur) – Richard Quine (1954) avec Kim Novak
Dix ans après avoir joué le rôle de Walter Neff dans Double indemnity Fred Mc Murray incarne ici un Paul Sheridan qui lui ressemble, certes, mais que les années n’ont pas épargné. Walter Neff était un homme élégant, séduisant, ambitieux qui réussissait dans son travail et avait de la répartie. Paul est plus lent ; son visage bouffi trahit une vie inactive et peu gratifiante, de même d’ailleurs que son imperméable froissé. Walter était non seulement séduit par Phyllis mais aussi par le jeu excitant qui consistait à escroquer la compagnie d’assurance dont tous les rouages lui étaient connus. Pour Paul, seule Leona compte, et l’argent est une façon de se défendre contre la différence d’âge. Au poste de police, lorsque Rick, le jeune collègue de Paul, assis devant la fenêtre lui dit : « L’argent c’est bien, mais ce n’est pas cela qui fait tourner le monde », Paul réplique avec un léger rire auto-ironique : « Tu crois ?… Quand j’étais gosse je m’étais juré d’avoir plein de fric », Le rêve de l’enfant n’en est pas moins resté dans la tête de l’homme. [ Encyclopédie du film Noir – Alain Silver et Elizabeth Ward – Ed Rivages (1979)- Encyclopédie du film Noir – Alain Silver et Elizabeth Ward – Ed Rivages (1979)]
Comme Phyllis Dietrichson et Walter Neff, Paul et Leona sont sexuellement fascinés l’un par l’autre : les mises en scène de leurs moments d’intimité se ressemblent beaucoup. Pourtant, les scènes d’amour dans Pushover sont beaucoup moins érotiques que celles de Double indemnity malgré, ou peut-être à cause de la sexualité naïve de Leona remplaçant la luxure sophistiquée de Phyllis. En outre, Paul et Leona n’exprimeront pas leur frustration, ou leur rage sexuelle, par la trahison réciproque. Au contraire. Paul prend la richesse pour une garantie de fidélité. Face à la police Leona l’exhorte à oublier l’argent mais c’est en vain ; il a transféré dans le butin son obsession de la femme. Il ne réalisera que trop tard, une fois tombé, le visage contre terre : « Ce n’était pas l’argent qui était important, n’est-ce pas ? ». Bien que Leona soit une véritable femme fatale, au sens noir du terme, ses ambitions se fourvoient et elle souffre de son inexpérience, alors que Phyllis était une meurtrière froide et calculatrice. D’ailleurs, Leona ne manipule pas Paul, bien qu’au début il l’en accuse. Il est évident qu’elle a peu de pouvoir sur lui dans la mesure où il contrôle tous les éléments de leur complot ; elle se contente de suivre sans discuter les quelques directives simples qu’il lui donne et ne fait preuve d’indépendance qu’au moment où Paul lui reproche d’accepter les faveurs de Wheeler. Partant alors en guerre avec véhémence contre la misère, elle se détourne brusquement, puis dit, cadrée dans un plan moyen : «L’argent n’est pas sale, seulement les gens». A l’arrière-plan, le visage de Paul marque son dégoût évident pour Wheeler tout en laissant présager sa rupture prochaine avec la loi et l’ordre social. [ Encyclopédie du film Noir – Alain Silver et Elizabeth Ward – Ed Rivages (1979)- Encyclopédie du film Noir – Alain Silver et Elizabeth Ward – Ed Rivages (1979)]
Pushover (Du plomb pour l’inspecteur) – Richard Quine (1954) avec Fred MacMurray
Si dans Pushover on trouve une opposition entre deux personnages féminins, Leona et Ann, et deux personnages masculins, Paul et Rick, c’est l’attraction progressive et rationnelle d’Ann et de Rick qui fait ressortir l’aspect renégat de Paul. L’amour entre la femme qui travaille et le policier vaillant souligne les aspects positifs des valeurs sociales traditionnelles tout en illustrant l’aliénation croissante de Paul et Leona. Le ton moralisateur est malgré tout légèrement sapé par le voyeurisme dont Rick fait preuve en faisant littéralement du « lèche-vitrine» pour chercher la femme idéale. Quant à Ann, elle ne souffre pas non plus d’une psychologie trop conventionnelle puisque, juste après avoir été sauvée de Paul, qui la menaçait de son arme, elle se précipite non pas dans les bras de Rick, qui vient de tirer deux balles sur son ami, mais vers le blessé. [ Encyclopédie du film Noir – Alain Silver et Elizabeth Ward – Ed Rivages (1979)- Encyclopédie du film Noir – Alain Silver et Elizabeth Ward – Ed Rivages (1979)]
Pushover (Du plomb pour l’inspecteur) – Richard Quine (1954) avec Fred MacMurray, Dorothy Malone, Philip Carey
Les extraits
Promue par Harry Cohn parce que Darryl F. Zanuck ne voulait pas lui prêter Marilyn Monroe ! Même si l’essentiel de sa carrière se déroula après 1955, Kim Novak est l’une des dernières “créatures” de l’ancien système des studios (…). Comme Rita Hayworth, elle fut persécutée par Harry Cohn, qui mobilisa le syndicat du crime pour faire cesser son idylle effrontée avec le génie noir Sammy Davis Jr.! Ses rôles dans Picnic (1955) et Vertigo (Sueurs froides, 1958) ont fait rêver des générations de cinéphiles. Pourtant, ni Joshua Logan, réalisateur du premier, ni Alfred Hitchcock, metteur en scène du second, ne voulaient d’elle. La manière dont la beauté froide de Kim Novak vibre devant la caméra reste probablement un mystère même pour les cinéastes! Mais se sentir mal aimée à Hollywood lui retira bien vite sa joie de vivre et elle subit toujours avec réticence les contraintes liées à son métier, au point qu’elle finit par lui tourner le dos en 1991, à l’âge de 58 ans. [Hollywood, la cité des femmes – Antoine Sire – Ed. Institut Lumière / Actes Sud – 2016]
Pushover (Du plomb pour l’inspecteur) – Richard Quine (1954) avec Kim Novak
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Fiche technique du film
PUSHOVER – Richard Quine (1954) Des braqueurs tuent un vigile avant de prendre la fuite avec leur butin, un inspecteur infiltré surveille la maîtresse de l'un deux, mais l'amour entre en jeu, et il est coincé entre gangsters et policiers ; sa vie est alors en danger.
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L’hôtel particulier (14)
Vous trouverez les chapitres précédents, ici.
Chapitre 14 : Des enchantés
Tatiana arriva peu avant le lever du jour. Comme elle avait la clé, elle ne sonna pas ni ne me réveilla. Elle s’allongea doucement sur le lit, embrassa mon front et s’endormit dans la minute.
Je la laissai se reposer et bien que les travaux reprissent au petit matin, elle ne se réveilla pas malgré les bruits de marteau-piqueur, de perceuses ou de tremblement des murs et j’en passe. Elle dormit toute la matinée sortant de son sommeil vers midi. De mon côté, je partis faire quelques courses et revins préparer le déjeuner.
Lorsqu’elle se leva, elle entra dans la cuisine avec un énorme sourire aux lèvres. Elle m’embrassa tendrement, ravie et heureuse qu’on passe la journée ensemble. Avec sa présence, je me sentis rassuré surtout après avoir passé une partie de la nuit enfermé dans la pseudo-chambre de Diane. D’ailleurs, je ne parlai pas de cette histoire afin de ne pas la terrifier. Elle regarda ensuite le site que je visitais sur la tablette électronique et soupira en fermant les yeux.
- Tu t’es aussi décidé pour l’Australie ? Ça va nous faire un voyage de combien de temps ?
- Le temps qu’on aura envie, répondis-je.
- Mais je travaille toujours.
- Alors, tu démissionnes et je te paierai comme étant mon infirmière particulière.
- T’es con, dit-elle en pouffant de rire.
Elle s’assit à côté de moi après avoir regardé les pommes de terre cuire dans le four ; la table était déjà prête. Pendant ce temps, nous entendîmes les ouvriers discuter par la fenêtre. Ils profitaient d’un bel ensoleillement pour manger dehors. Ils riaient de bon cœur autours d’une table de jardin récemment achetée.
Tatiana se gratta la tête utilisant en même temps ses doigts pour démêler ses longs cheveux bruns. J’aimais la regarder enrouler autour de son index une mèche de sa tempe. Cela voulait dire qu’elle avait envie de parler de choses intimes. Elle toussota avant de raconter son dernier rêve, celui qu’elle venait de faire.
- J’ai rêvé que je dormais ici. C’était ta chambre mais elle ne ressemblait pas à l’actuelle. Tu ne me réveillais pas. Tu déposais simplement un magnifique bouquet de roses à côté de moi et tu murmurais que j’étais enceinte. Quand je me réveillais, tu avais disparu ce qui me troubla au point que tout devint gris dans la chambre. Et puis, j’ai ressentis des coups dans le ventre, comme des petits coups de pied venant de l’intérieur. Et une immense joie.
- D’où ta bonne humeur ! remarquai-je.
Elle sourit, puis elle prit la carafe d’eau sur la table pour remplir son verre. J’observai le four dont la minuterie indiquait encore cinq minutes. L’odeur de patate cuite embauma la cuisine. Tatiana but une gorgée avant de demander :
- Est-ce que tu connais la signification d’une rose bleue dans les rêves ?
Je tressaillis en repensant au tatouage de Diane. Après avoir demandé pourquoi. Elle expliqua que les roses de son rêve étaient bleues. Dès lors, je blêmis et gardai le silence, ne répondant qu’en tournant la tête de la gauche vers la droite. Elle posa le verre et retourna admirer les pommes de terre à travers la vitre du four. Elles étaient dorées avec certains bords caramélisés. Dès lors, elle éteignit le four pour les sortir.
- On mange quoi avec ?
- Il y a du jambonneau. Il est sur le plan de travail.
Elle récupéra ensuite le morceau de viande emballé et ouvrit le papier avant de couper le jambonneau en quatre. Elle déposa une part dans mon assiette, une autre dans la sienne et partagea les potatoes maison. Je gardai le regard ailleurs et repensai à cette rose bleue vue la nuit dernière sur la hanche de Diane et rêvée par Tatiana.
Mon amie constata mon absence. Je ne touchai pas à mon assiette. J’avais presqu’envie de quitter la table. Cependant, elle préféra se taire et manger tranquillement. J’entendis les employés se lever pour reprendre le travail. Alors, je pis ceci comme un prétexte et m’excusai tout en allant les rejoindre. Tatiana profita de mon départ pour prendre la tablette et surfer sur le web. Elle chercha la symbolique des roses bleues.
Après avoir discuté avec le chef, je grimpai les escaliers et me dirigeai vers les chambres en travaux. Les pièces étaient méconnaissables, il n’y avait plus de carrelage, plus de papier peint. De plus, un mur fut totalement détruit transformant deux chambres en une grande. De la poussière se déposait un peu partout dans les chambres envahissant aussi le couloir.
Sur le seuil de la chambre de Diane, je me remémorai les positions du mobilier. Je revoyais le lit, l’armoire et la commode. De même, je revoyais aussi le spectre qui tapait la fenêtre. Son aspect terrifiant marquait ma mémoire autant que la beauté de Diane. Pourtant, elle n’avait rien pour elle par rapport à Tatiana qui, elle, était bien réelle. Je ne pouvais pas en dire autant de Diane.
J’entrai dans la chambre pleine de particules fines. Je pouvais les sentir se déposer sur mes épaules et entrer dans mes narines. J’approchai de la fenêtre afin de l’ouvrir et créer un courant d’air lorsque je fus tout à coup saisi d’effroi en découvrant sur le carreau des traces de doigts. Elles reformaient la main du fantôme de la nuit d’avant. Les traces étaient si parfaites que je pus distinguer leurs sillons formant des empreintes. A ce moment, j’appuyai mon avant-bras et à l’aide de la manche de mon sweat, je frottai le carreau pour les effacer. Mais, elles restèrent trop bien visibles.
Mon sang se figea tellement je sentis l’angoisse dominer mon esprit. Je continuai de frotter encore et encore. Seulement les marques ne s’effacèrent pas comme imprégnées dans le verre. Je descendis récupérer un seau et une éponge. Tatiana me regarda d’un œil intrigué. Elle ne dit rien si ce n’est : « Tu ne manges pas ? Ça va refroidir. ».
- Je dois nettoyer quelque-chose et je reviens, affirmai-je.
Après avoir remplir le seau d’eau et de savon, je remontai au grand étonnement des ouvriers qui se demandèrent quelle folie me prenait subitement. Au passage, j’allai si vite que le seau éclaboussa quelques marches. Mais devant la vitre, j’eus beau frotter, les traces demeurèrent toujours visibles. Je frottai durant plusieurs minutes jusqu’à ce qu’un des artisans proposa de s’en occuper. D’ailleurs, il apporta un produit spécial mais en partant j’entendis l’expression de son étonnement face à la trace indélébile.
Tatiana restait toujours assise. Elle avait fini son assiette et continuait de lire sur la tablette numérique. J’aperçus une rapide photo de rose bleue. Je mangeai les pommes de terre légèrement froide et réfléchis sur la trace qui ne s’enlevait pas. De temps en temps, je croisais le regard de mon amie dont l’œil avait une pointe d’humidité. Elle avait aussi un petit rictus en coin mélange de grimace et de sourire retenu.
Même si elle s’en doutait, je ne voulais pas inqui��ter Tatiana au sujet de la maison et de son aspect « hanté ». Dans un sens, cela ne la concernait pas et j’avais plus l’impression que les fantômes de la maison faisaient ressortir des souvenirs perdus ou volontairement oubliés. Je regardai Tatiana lire, elle semblait si belle, son visage avait un aspect si doux qu’on voulait la protéger. Finalement, je me lançai.
- Je dois te raconter ce qui m’est arrivé cette nuit et j’ai l’impression que c’est en lien avec mon passé, chuchotai-je.
A cause des travaux, elle ne m’entendit pas. La tête toujours suspendue au-dessus de l’écran, elle appuyait de temps en temps avec son doigt pour changer de page ou sélectionner un blog.
- Tatiana, tu es là ? Haussai-je la voix.
- Arthur…je dois te dire que j’ai du retard… et je crois que je suis enceinte.
Ses yeux humides pétillèrent de mille étoiles au point de venir exploser dans les miens. Je m’assis encore plus profondément dans la chaise en voyant brusquement l’avenir défiler devant moi. On dit que face à la mort on voit défiler son passé, eh bien je peux affirmer que face à la vie, on voit son avenir !
Alex@r60 – janvier 2021
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L’hôtel particulier (41)
Chapitres précédents
Chapitre 41: A la fenêtre
- Tu m’écoutes ?
Tatiana gardait la tête baissée, le regard fuyant mes commentaires pour s’enfoncer dans les yeux perçants du chat noir. Il était assis sur ses genoux, ronronnant comme toujours. Elle n’entendait rien, absolument rien ! A ce moment, j’intervins en m’approchant si brutalement que l’animal me dévisagea. Toutefois, il continuait de ronronner. Mon amie cligna plusieurs fois avant de répondre.
- Excuse-moi, j’étais perdu dans mes pensées. Tu disais ?
- Je disais que cette sale bête devrait être crevée depuis belle lurette ! marmonnai-je avant de reprendre mes vrais propos : La boite qu’on crée avec Arnold sera officielle bientôt. Il a rendez-vous à la chambre de commerce la semaine prochaine.
- Ah… très bien !
Le chat tourna sur les genoux de Tatiana puis reprit sa position initiale. Je remarquai son œil me surveillant du coin. Il eut raison car je m’assis sur le divan à côté d’elle. Dehors, le ciel présentait une couleur automnale malgré un soleil étincelant en fin de journée. C’est toujours à ce moment que ses rayons transpercent les carreaux éblouissant les salles et les chambres de mille feux. Tatiana caressa les joues du chat qui accéléra son moteur interne. Dès qu’il me regardait, ses crocs sortaient anormalement de sa gueule. Je ne sais pas pourquoi il n’a jamais cherché à se venger.
Plus j’observais ma copine, moins je la reconnaissais. Elle était devenue presqu’une étrangère préférant me fuir de plus en plus. D’ailleurs, elle ne sortait plus, elle s’enfermait dans la lecture, devant la télévision ou carrément dans sa chambre. Nos principaux propos concernaient surtout la bouffe, les courses et une phrase : « Tu veux faire quelque-chose ce soir ? » avec pour réponse : « Rien, je préfère aller me coucher ». Seule la présence de nos amis sortait ma compagne de cette mélancolie de plus en plus terrible. Parler avec elle des fantômes de la maison ne servait à rien. Elle montrait un certain intérêt mais je voyais toujours les pupilles de ses yeux se disperser en milliers d’éclats la rendant finalement complètement perdue. Par contre, elle portait une affection incroyable pour le chat noir jusqu’à passer une journée entière à s’occuper de lui.
Au début, j’acceptai la situation, persuadé qu’elle irait mieux. Seulement son état devenait de plus en plus inquiétant. J’étais prêt à crever l’abcès quand le félin bondit précipitamment sur le dossier du canapé et quitta la grande salle. Elle le regarda partir, se demanda où il allait et se préserva de me reprocher son départ. Puis, elle décida de le chercher. Je restai seul comme un con dans la salle à me demander pourquoi je persistai avec elle. Au fond, je n’avais qu’à lui dire que c’est fini et elle serait obligée de partir de chez moi. Parce qu’on oubliait que c’était d’abord chez moi !
Lors de sa dernière visite, Marc avait oublié un paquet de cigarettes. Alors, j’en grillai une pour la première fois depuis… depuis ma rupture avec Marion ; c’était presque hier ! Ses épaules dénudées pendant qu’elle se détournait de moi, restaient encore dans mes mémoires. A ce moment, j’avais sorti le paquet de la poche de mon jean et découvrant qu’il ne contenait plus qu’une clope, je pris la décision d’arrêter.
Tatiana monta rapidement l’escalier. Ses pas s’éloignèrent ensuite dans un couloir. Je ne sus pas lequel. Je me dirigeai à la fenêtre et après avoir admiré le ciel peint de belles couleurs vives jaune orange sur fond marine, je sortis profiter de la douceur du jardin. Le bruit de la ville ne venait jamais jusqu’à nous. Pourtant, je ne profitais jamais de ce calme tant apprécié d’habitude. D’ailleurs, l’espace vert fut aussi une des raisons de mon achat.
Je marchai ainsi dans le parc. Par moment, je m’arrêtai avec l’inquiétude de me trouver confronté à une entité. Mais il n’en fut rien. Tout était si calme, si serein que je voulus continuer de marcher. Je passai devant la fosse refermée depuis. Avant sa découverte, je voulais y créer un potager, je préférais attendre. Une légère brise frappa les arbres dont les cimes sifflèrent doucement. Les feuilles n’étaient pas encore tombées mais je devinai que cela ne tarderait pas. Je continuai ma promenade, me retournant de temps en temps par peur d’être épié. Personne ne se cachait derrière les troncs.
Le jardin était si grand que j’aurais pu construire un complexe sportif. Il y avait tellement d’arbres que je me décidai à acheter un livre détaillant chacun d’eux. Je marchai de plus en plus doucement. Le soleil disparut presqu’à vue d’œil. Déjà le ciel assombri commençait à jouer des tours. Cela commença avec une balançoire là où il en existait une. Je pris peur, je reculai presque à voir ce portique soudainement apparu mais après quelques secondes, je soupirai de soulagement en découvrant qu’il s’agissait d’une simple illusion créée par des branches. Et l’obscurité associée à ma crainte donna cette apparence glaçante.
Je partis ensuite en direction du portail d’entrée. Sur le chemin, j’entendis quelques voitures circuler sur la route. Une fois devant la grille, je suivis le mur de gauche pour retourner vers la maison. Je voulais profiter de cette ballade pour réfléchir sur un aménagement. Peut-être y planter le potager ; l’endroit semblait intéressant. Là aussi, je devais me renseigner sur le jardinage.
De retour sur le chemin principal, je remarquai avoir oublié d’éteindre la grande salle. De plus, une des chambres du premier étage était allumée. Etonnant car il s’agissait de notre ancienne chambre et Tatiana refusait d’y dormir. Tout en avançant, j’observai la fenêtre qui parut immense par rapport aux autres. Le carreau était ouvert et je fus pris d’énervement en découvrant le chat noir assis sur le bord. Il regardait à l’intérieur de la chambre. Sa queue remuait par moment avant de s’enrouler autour de ses reins. L’éclairage bien que sombre vacillait étrangement. Dès lors, je compris qu’il se passait quelque-chose d’anormal. J’accélérai le pas tout en gardant le regard sur la fenêtre. Soudain, je m’arrêtai brusquement ! Quelle fut mon incompréhension lorsque je vis un lustre de bougies accroché au plafond de la chambre. Je n’avais jamais installé de lustre !
Alors, un peu perturbé par le lampadaire, je regardai la fenêtre assez près pour observer mais pas assez pour entendre. J’attendais sa venue, la présence de Tatiana, parce que si le chat était là, elle était forcément présente. L’animal ne cachait rien de la décoration inexistante. Les murs entièrement blancs ajoutaient à l’effet d’immensité de la fenêtre. Sans sa queue remuante, on pouvait croire que la bestiole était un simple dessin, un jeu d’ombre sur le mur.
Soudain, une silhouette se présenta. Je restai figé devant ce personnage assez grand et loin d’être une femme. Je pensai à Joseph Von Meiderich. Il était revenu d’entre les morts pour travailler dans cette chambre qui fut son laboratoire. Seulement, le lustre ne collait pas aux souvenirs de ma régression ni à l’idée qu’on a d’une salle d’opération. Toujours attentif à la scène, je ne bougeai pas. Alors, elle apparut.
Je reconnus de suite les formes de Tatiana. Elle s’arrêta devant la silhouette. Ils semblèrent discuter sous le regard amusé du chat. Tout à coup, elle s’agenouilla mais il la releva immédiatement. Au même moment, de la musique surgit de la grande salle. Je n’avais pas remarqué les volets brusquement fermés ne laissant rien paraitre de la fête dont les rires fusèrent à grand fracas. A la façon de tenir sa tête, à l’approche de son visage contre le sien, la colère submergea ma raison. Je vis cet homme déposer le plus long des baisers sur les lèvres de ma compagne, de la femme de ma vie.
Dès lors, je rentrai en courant avec une idée en tête, me confronter à cet homme aussi homme qu’il soit ou qu’il pourrait être et tant pis si j’avais à faire avec le pire des démons. Il s’en prenait à Tatiana, il la séduisait avec je ne sais quelle magie et je ne pouvais pas le supporter. J’entrai dans le hall mais je fus vite attrapé par le portier qui réclama mon invitation. C’était la première fois qu’on demandait de justifier ma présence. L’homme portait une queue de pie d’un autre temps. Il me dévisagea tout en réitérant sa demande. Derrière moi, un homme à l’allure tordue, la main sur une canne, le visage masqué tendit une carte que le videur accepta avec un large sourire. Puis, il déposa son manteau sur un présentoir avant de se diriger vers la salle de fête. La porte ouverte permit d’entrevoir la soirée habituelle.
- Je suis venu sur invitation verbale de Diane. Je vous prie de l’appeler ! affirmai-je sur un ton assuré.
L’homme à la peau blanche me dévisagea. Il fit une moue sévère mais ne quitta pas le pupitre servant de bureau d’accueil. Alors, sans avoir son accord, je me précipitai dans la salle. J’entendis un « Monsieur » puis il se tut. La pièce gardait toujours les mêmes dispositions. Plusieurs tables cerclées de chaises permettaient aux filles et à quelques clients de discuter. Un piano ornait le fond et entre eux, une piste de danse proposait aux couples de se distraire. Le bar situé vers la cuisine était toujours le même avec le même serveur.
Le portier m’avait déjà oublié, tout comme Diane qui sourit en croisant mon regard. Elle proposa de lui offrir un verre et comme toujours, elle se présenta.
- Ecoutez Diane, je voudrais qu’on monte à l’étage, dis-je en l’interrompant.
Son visage fut marqué par la surprise. Elle sourit avant de dire :
- Au moins vous êtes direct ! Vous ne voulez pas discuter et vous amuser avant ?
- Je n’ai pas le temps ! Je voudrais rejoindre mon amie à l’étage. Elle est avec un homme et je voudrais…
- Encore un qui est tombé amoureux d’une collègue, soupira-t-elle en levant les yeux. Comment s’appelle-t-elle ?
- Non, elle n’est pas… Elle ne travaille pas ici. Elle est à l’étage avec un homme qui hante les lieux. Je… Vous le connaissez, je crois que c’est votre maitre… Il apporte toujours des roses bleues.
Le regard de Diane changea devenant plus sombre et plus triste. Une larme se présenta. Elle sembla paralysée jusqu’à ce qu’elle dise :
- Suivez-moi !
Alex@r60 – avril 2021
Photo : Budapest, Hongrie
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Une peinture d’exception
Saison, sujet de dissertation. J’ai pratiquement eu le droit à ce sujet durant toute ma scolarité en primaire et même durant le collège. Que pensez-vous du Printemps ? Ecrivez deux pages sur l’hiver, Pourquoi aimez-vous ou détestez-vous l’Automne ? Que faites-vous pendant l’été ? Et toujours, des réponses bateau, impersonnelles tellement elles se répètent :
Les feuilles rousses tombent en automne. L’herbe reverdit au Printemps. Il neige et j’ai froid en hiver. Le soleil brille toujours en été. Quel ramassis de conneries ! Parfois, je m’interroge sur ces rédactions durant lesquelles on devait écrire sans vraiment penser par soi-même. Et quand un élève le faisait, on criait au génie ou au cancre car la frontière est infime. Mais toujours, l’élève était mis au banc de la société parce qu’il n’entrait pas dans ses critères.
En pensant à ces souvenirs, je regardai le ciel bleu. Le ciel bleu, encore un mensonge puisque le bleu n’existe pas. Enfin, la pigmentation bleue est une invention de l’homme. Ce qu’on voit n’est qu’apparence. Le ciel est blanc, il est gris ou jaune, mais il n’est jamais bleu. Toutefois, l’illusion reste belle parce qu’on aime admirer le ciel bleu. Comme la mer mais à ce moment, j’étais en pleine campagne.
Je n’ai immédiatement pas remarqué le soleil déteindre sur le paysage. On ne fait jamais attention à son apparence jusqu’à ce qu’il soit couché. Alors, oui, il est magnifique de son jaune ou rouge flamboyant, il accompagne les champs, harmonie sublime, il rappelle l’œuf et son jaune, il rappelle à nous la naissance et la mort. C’est notre dieu car sans lui, on ne vivrait pas. Alors, je comprends mieux les incas, les aztèques ou les mayas et leurs sacrifices humains.
Mais c’était étrange car le ciel changea de couleur si vite que je ne m’aperçus pas qu’il commençait à faire nuit. Aussi, je repris ma marche en pensant à autre chose. Parce que cela n’allait plus. C’est à cet instant qu’elle apparut. Elle portait un seau et un énorme balai au bout duquel coulait une peinture jaune orangée similaire au ciel. D’ailleurs, elle observait ce ciel, affichant un sourire éblouissant. La peinture dégoulinait dans le champ transformant les tiges de lin en épis de blé. Il y avait de la magie en elle, cela aurait dû me faire peur, pourtant je ne me sentais pas inquiet.
Lorsqu’elle me vit, elle me salua en montrant ses jolies dents blanches et parfaitement alignées. Elle n’osa pas me parler toutefois, je compris par son regard et son insistance à montrer le ciel de la tête qu’elle voulait mon point de vue. J’approchai lentement, évitant d’écraser les épis encore frais. Après quelques échanges sympathiques, elle demanda mon opinion sur son œuvre. Je répondis qu’il était joli mais que je préférais le bleu. Alors, elle reprit mes propos en précisant que le ciel n’a jamais été bleu. J’ai pouffé de rire puis j’ai demandé pourquoi elle avait repeint le ciel. La raison était évidente, elle aimait tout simplement ces couleurs.
Puis elle exprima sa passion pour les tableaux bucoliques, les couchers de soleil. Elle raconta combien elle adore se promener dans un tel paysage ; elle s’y sent bien, elle respire un air frais aux saveurs de fruits, et quand il est chaud, il sent le pain sorti du four. Ses yeux pétillaient à la moindre explication, elle s’enthousiasmait si joliment que je ne pouvais que l’écouter avec attention. Mais avant de partir, elle regretta juste l’absence d’un petit couple en train de se câliner près d’un bosquet. Elle adore baisser les yeux et sourire en découvrant un couple allongé, faisant une sieste ou même l’amour dans l’herbe chaude.
Dès lors, je rougis car je pensais à celle pour qui mon cœur chavire. Elle aussi aime ces endroits isolés et ces moments intimes, seulement, elle les aime avec son compagnon, celui qui n’était pas moi. Je ne pus retenir un soupir et commençai à partir quand je levai la tête pour regarder le ciel. Un nuage passa sans faire de bruit, il apporta une touche de douceur dans ce ciel déjà calme. Tel un morceau de coton, il tamponna entre le jaune et l’orange, créant une étonnante frontière rose. Je fus émerveillé de voir ce magnifique tableau. Ainsi, je préférai m’assoir et l’admirer plutôt que de rentrer.
Surprise de me voir en tailleur, elle demanda si j’avais un souci. J’hésitai à répondre, les yeux toujours fixés sur le décor avant d’avouer qu’il manquait quelque-chose. « Quoi donc ? » questionna-t-elle. La bouche légèrement entrouverte, elle attendait ma réponse comme une révélation. Sa chevelure brillait à l’image du soleil au zénith. Je me suis demandé si elle n’était pas la fille d’Apollon. Après tout, elle venait de peindre le ciel. Alors, je murmurai : « Oui ». Ses yeux grossirent, persuadée n’avoir rien oublié. « Comme vous l’avez dit, il manque un couple pour admirer tout ça et surtout une épaule sur laquelle poser la tête. »
Elle déposa le seau ainsi que le balai qui lui sert de pinceau, et vint ensuite s’assoir à côté de moi. Mon coude effleura le sien. Nous regardâmes gentiment le ciel sans se parler. Je toussai légèrement et voulus briser le silence. Cependant son chut m’empêcha de parler. Puis, doucement, elle déposa sa tête sur mon épaule et nous restâmes ainsi pendant un moment avant que le soleil ne nous quitte définitivement.
Alex@r60 – novembre 2020
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L’hôtel particulier (37)
Chapitre précédents
Chapitre 37 : La chrysalide
Marc était venu avec une table de Ouija. En compagnie de Tatiana et de Sarah, nous posâmes un doigt sur la goutte attendant que celle-ci se déplace. Marc posa quelques questions du genre : « Esprit, es-tu là ? Si oui, déplace le verre en direction du mot oui. » Il expliqua à voix haute l’utilité de l’alphabet. Je restai attentif à cette méthode qui parut toutefois absurde. J’eus même la sensation d’entendre les enfants jouer à l’étage pendant la séance. Autant dire que le spiritisme ne donna rien.
Il proposa de recommencer dans le jardin, là où les restes humains furent trouvés. Sa copine Sarah le dissuada trouvant la méthode de plus en plus ridicule. Ensuite, nous passâmes une soirée agréable entre amis à discuter comme font les amis. Tatiana s’était surpassée pour préparer une vieille recette de famille à base de bœuf.
Après le départ du couple de Marc et Sarah, Ma compagne s’installa dans la bibliothèque afin de lire en toute tranquillité. Malgré la nuit, elle laissa les volets de la pièce ouverts. Elle prit ses aises dans son fauteuil préféré et, à peine la première page tournée, le chat noir sauta sur ses genoux en ronronnant comme un moteur d’avion. Elle accepta l’animal qui s’allongea sur ses cuisses. Dès lors, elle lisait tout en caressant le félin, heureux de devenir l’attraction de la maison.
De mon côté, je m’assis sur un fauteuil opposé et après avoir lu une nouvelle de Maupassant, je surfai sur internet en utilisant mon smartphone. Puis, fatigué, je partis me coucher laissant Tatiana seule. Absorbée dans un silence complet, la maison parut sinistre, notamment les couloirs lorsque les lumières restaient éteintes. Je montai les marches lentement avec un peu de curiosité à l’esprit. Je voulais savoir quelle entité viendrait à ma rencontre ce soir. Les enfants, la fille à la recherche de Joseph ou Diane ? Ou quelqu’un d’autre ?
Comme cela arrivait souvent, Tatiana entra en me réveillant. Je feintai de dormir, ne bougeant pas. Elle s’approcha doucement laissant la chambre dans une obscurité totale avant de se déshabiller et d’entrer dans le lit. Je réalisai que depuis le départ de nos amis, nous n’avions pas discuté. Etrange sensation que de ressentir un malaise alors qu’il n’y en a pas. Tatiana remua sous les draps afin de trouver la meilleure position puis elle s’endormit aussi vite. Peu après son arrivée, la porte grinça. Les pattes du chat toquèrent le sol pendant son déplacement. Il s’arrêta à hauteur de mon amie, mais il repartit aussitôt. La porte se referma derrière lui.
Vers trois heures du matin, Tatiana avait disparu. Je devinai qu’elle était encore partie telle une somnambule dans les recoins cachés de la villa. Toutefois, je préférai ne pas la chercher. J’hésitai à descendre car à ce moment, Diane et la bande de fêtards envahissaient la grande salle. Aussi, je quittai le lit pour me rendre aux toilettes. Le temps d’uriner, de me laver les mains, de regarder mon visage dans la glace et de revenir, Tatiana était de retour.
Elle dormait sur le dos, la bouche entrouverte, la main droite posée sur le ventre tandis que la gauche demeurait contre son flan. Elle ne faisait aucun bruit. Avec la pénombre, elle ressemblait à une image en noir et blanc, une photo d’un temps ancien quand on inventa la photographie. J’approchai d’elle en silence. J’étais encore fatigué cependant j’eus l’envie de la contempler dans son sommeil. Elle était belle, blanche, rayonnante. Puis, je retournai à ma place et réchauffai mon corps à l’aide de la couverture. Il faisait terriblement froid !
Le temps de cligner les yeux, quelque-chose porta mon attention. J’observai en plissant le regard. Bien qu’embrumé, je constatai un changement radical dans la décoration de la maison. Les murs semblèrent soudainement tachés, le plafond écaillé, le lustre en piteux état, la maison semblait s’effondrer. Une fine couche de plâtre et de poussière recouvrait la couverture pourtant propre. Le bois du volet était plus abimé laissant passer les rayons de la lune par un trou dû au manque d’une latte. De même, cette soudaine lumière propice permit de constater l’état catastrophique de la chambre et surtout, l’apparence de Tatiana.
Elle restait toujours allongée sur le dos. Elle ne bougeait pas. Dès lors, j’approchai la tête pour mieux l’observer car je réalisai ne rien entendre venant de sa respiration. J’approchai et fus saisi de terreur en découvrant non pas Tatiana mais Marion. Elle dormait paisiblement. La peau grise et décharnée en certains endroits montra sans équivoque son état de repos éternel. Toutefois, ses cheveux étaient plus longs comme s’ils avaient poussé pendant sa mort. Je reculai devant cette vision d’horreur. Je retins un hurlement, quittai le lit et observai ce corps en partie décomposé. Je m’attendais à voir Marion lever la tête ou chercher à agripper mon bras pour m’emmener vers je ne sais quel enfer.
Cependant, il n’en fut rien ! Malgré la peur, je parvins à reprendre le contrôle de mes émotions en me persuadant être pris dans un délire organisé par la maison ou plutôt, par le satané chat. Marion ne bougea pas d’un pouce. Elle gardait cette position telle Blanche-Neige dans son cercueil de verre. Par contre, je ne voulais pas offrir de baiser. D’ailleurs, une odeur putride mêlant moisissure et rat crevé submergea la chambre.
Soudain, quelque-chose bougea sur sa peau ! Je ne remarquai pas de suite la provenance, mais cela sortait du cadavre par les pores qui grossirent à vue d’œil. Dès lors, une armée d’asticots grouilla dans le lit autours et sur mon ex-copine. La décomposition s’accéléra au point de voir certains vers devenir des mouches. Elles volèrent envahissant la chambre. Elles se déposèrent le long de la fenêtre dont le bois pourrissait et laissait passer un léger courant d’air. Elles quittèrent la chambre en passant sous la porte.
Devant ce spectacle, je sentis mon corps frémir de terreur. Je tressaillis en entendant le sifflement des ailes d’une mouche frôler mon oreille droite. Je reculai jusqu’à coller mon dos contre le mur. Je sentis l’humide poisse qui remplaçait le papier-peint. Je n’osai pas fuir, mes jambes se paralysèrent brutalement et toujours, le cadavre de Marion restait allongé.
Tout-à-coup, la porte de la chambre s’ouvrit doucement faisant un grincement anormal. Personne ne se présenta dans le couloir. Toutefois, j’entendis un appel. A l’autre bout du couloir, la femme cherchait son Joseph. Il y eut des rires, pas ceux des enfants mais des rires d’adultes et un cri qui me terrifia. C’étaient les pleurs d’un bébé et il provenait du corps de Marion.
Malgré les traits décomposés, je pouvais discerner son visage. Il restait fermé. Mais, son ventre gonfla brusquement alors que les cris continuèrent. Je pris peur, me demandant si je devenais fou ou si je faisais un cauchemar. Je voulus m’enfoncer encore plus dans le mur poisseux. Et à l’instant, le plafond s’effondra comme un énorme filet de pêche saisissant une proie. Le corps de Marion reposait sous un linceul de poussière et de toile de d’araignée.
Je gardai encore mes distances, attendant de voir ce qui allait encore se passer. Une expiration sortit brusquement de la bouche du cadavre. Je reconnus, le soupir de Tatiana. Alors, la voyant bouger une main, j’approchai du corps qui reprenait vie. Tatiana tourna le buste afin de se mettre de côté bougeant en même temps l’énorme toile d’araignée qui en fait, s’avéra être le drap du lit. Je m’assis à ma place et observai mon amie dont le ronflement me rassura.
La décoration avait repris ses belles couleurs même si je ne pus les voir dans la nuit. Le froid laissa place à une température ambiante. Une fois installé, j’avançai la tête pour vérifier qu’il s’agissait bien de Tatiana. Aussi, j’embrassai timidement son épaule nue et m’endormis avant de repenser à ce rêve délirant.
Au réveil, Tatiana était assise à sa place, ses jambes voltigeaient dans le vide pendant qu’elle sentait une nouvelle rose bleue apparue pendant notre sommeil. Elle regarda les volets remonter automatiquement. Un rayon de soleil vint jusqu’à éblouir mes yeux. Il me persuada de me lever. Tatiana tourna ensuite la tête pour me souhaiter le bonjour. Elle souriait tout en reniflant la fleur. Mais, l’effroi me saisit lorsque je vis sur ses cheveux longs quelques fils de toiles d’araignée. Après un court instant, je dégageai ces restes de soie collante à l’aide d’un mouchoir. Elle passa la main sur sa chevelure puis nous fûmes soulagé de ne rien trouver d’autre ayant un lien avec les arachnides dans le lit ni autour du lit.
Alex@r60 – mars 2021
Photo par I-got-shot sur deviantart
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La prémonition
Son cri réveilla Marc. Il regarda Lucie assise, le dos droit et raide comme un piquet. Il vit difficilement son visage dans la pénombre, toutefois, il aperçut sa bouche grande ouverte ainsi que ses yeux exorbités. Il calma sa compagne avec quelques mots gentils afin de la rassurer. Puis, sentant son malaise, il alluma la lumière et proposa de parler de son cauchemar. La jeune femme déglutit avant de s’exprimer :
« J’étais en train de me promener entre des maisons abandonnées. Soudain, j’ai été appelée par une voix criarde. Sur le coup, j’ai eu peur mais je sentais que je devais y aller. C’était une étrange sensation parce que je sentais un malaise comme une présence malsaine dans une des ruines. J’étais prise d’angoisse, une petite voix intérieure me disait de ne pas y aller et j’ai fait le contraire. Plus j’avançais vers cet appel, plus la peur prenait le dessus. Cela sortait d’une fenêtre encerclée de graffitis. La plupart étaient illisibles cependant, je savais qu’ils m’invitaient. Ensuite, devant la fenêtre, j’ai entendu de nouveau cet étrange son. Cela ressemblait à un chant, une berceuse assez triste. J’ai demandé s’il y avait quelqu’un, alors la musique s’est arrêtée. J’ai passé la tête pour voir dans la maison. Tout-à-coup des mains sont apparues ! Elles m’ont agrippée par le cou et les cheveux m’obligeant à rester paralysée. J’ai voulu me débattre, sortir de leur emprise mais impossible, à l’inverse, je m’enfonçais de plus en plus dans la maison. Après, j’ai ressenti des griffures sur mon corps, les mains s’enfonçaient terriblement dans ma peau. On me dévorait petit à petit, je sentais leurs langues et leurs dents me grignoter. Mon visage était en sang, Je n’avais plus de nez, ni d’oreille, je me transformais en squelette. C’était si vivant, que j’avais l’impression que cela se passait réellement. »
Les sanglots de Lucie émurent son compagnon. Il prit la jeune femme dans ses bras pour la conforter. Elle se laissa bercer tout en se raisonnant. « Finalement ce n’était qu’un rêve, se disait-elle Il n’y avait vraiment pas de quoi angoisser autant ». Marc partit ensuite chercher un verre d’eau qu’il offrit à sa fiancée. Cette dernière but rapidement le liquide frais, puis elle posa le verre sur la table de nuit et s’allongea sur le côté gauche, vers Marc. Elle ne ferma pas les yeux de suite. D’ailleurs, Marc comprit qu’il devait attendre avant d’éteindre. Il lut un peu jusqu’à ce qu’il constate Lucie enfin endormie. A ce moment, il fit de même. Ni Lucie ni Marc ne reparlèrent du cauchemar. Avec le temps, elle l’oublia.
Deux années passèrent quand Lucie fut invitée à une soirée entre filles. Elles enterrèrent la vie de jeune fille d’une de ses copines d’enfance. Le début commença chez une amie avec repas, strip-tease d’un étudiant payé pour ça puis, ballade dans les rues de la ville afin de finir la soirée en boite de nuit. La future mariée se promena en tenue de bonne sœur sexy, sa robe hyper courte ne cacha rien de ses dessous affriolants, attirant le regard amusé ou lubrique des passants. D’autres profitaient du balcon en zyeutant le sillon de sa poitrine remontée. Par contre, toutes les autres filles dont Lucie étaient particulièrement bien habillées dans un tailleur de bourgeoise dévote. Elles suivaient la fiancée lui faisant la morale lui donnant des ordres, et si elle ne les réalisait pas, elle devait demander au premier homme accompagné d’une femme qu’elle croisait de la fesser.
Le groupe n’eut pas de difficulté à entrer dans la discothèque. Bien qu’elles eussent leur propre table, elles se séparèrent vite, certaines voulant danser, d’autres préférant boire et discuter. Lucie rejoignit la piste de danse et s’amusa avec ses copines. Elle fut vite alpaguée par un charmant inconnu. L’alcool aidant, elle accepta sans arrière-pensée de danser avec lui. Il se montra sympathique, délicat et étonnamment aux petits soins. D’ailleurs, elle se demanda si elle l’avait déjà vu. Après une danse, puis une deuxième, elle accompagna le jeune homme au bar où elle fit la connaissance de ses amis. Elle ne porta pas attention à leurs yeux alcoolisés. Ils buvaient whisky sur whisky, se montrant parfois chaleureux entre eux, parfois agressif envers une personne qui marchait trop près d’eux. Lucie préféra discuter avec l’inconnu. Elle réalisa qu’ils avaient quelques points communs, notamment leur lieu de travail proche. En effet, leurs bureaux se trouvaient dans la même rue, ils prenaient le même bus pour s’y rendre.
Après l’avoir remercié pour un verre offert, Lucie retourna voir ses amies. Seulement, étant trop dispersées, elle rejoignit la table où discutaient celles qui surveillaient la bouteille. La nuit fut une répétition entre parlotes, rires et danses. Cependant, alertées par un videur qu’une de leurs copines vomissait dehors, Lucie décida de la rejoindre. Elle suivit le baraqué, sortit sur le parking et aperçut deux filles du groupe autours d’une troisième assise sur le trottoir. Il était difficile de comprendre leur langage tellement elles avaient bu. Lucie s’approcha pour prendre des nouvelles. Son amie malade la rassura avec un sourire. Puis, sentant l’envie de pisser, elle s’éloigna pour se cacher derrière une voiture. Elle eut à peine le temps de s’accroupir qu’une main la saisit tandis qu’une autre empêcha sa bouche de hurler. Très vite, elle fut embarquée et emprisonnée dans le coffre d’une voiture.
Durant tout le trajet, Lucie hurla, cria en se demandant pourquoi on l’enlevait. Elle entendait des voix d’hommes ainsi qu’une musique techno provenir de l’intérieur de la voiture. Elle tapa sur la portière du coffre, tâta de la main pour trouver un objet qui puisse l’aider. Elle n’avait pas beaucoup de place, aussi cela fut difficile de remuer, surtout avec la roue de secours qui lui rentrait dans le dos. Elle resta longtemps dans le coffre, inquiète, angoissée, rongée par la peur de ce que voulaient ses agresseurs. Elle regretta de ne pas avoir de téléphone sur elle. Et n’avait qu’un seul moyen : taper sur la tôle tout en hurlant avec l’espoir d’être entendue.
Sans repère, le temps parait très long. La voiture roula sur plusieurs kilomètres pendant une heure, peut-être deux ou simplement un quart d’heure. Lucie ne sut pas dire. Toutefois, les roues écrasèrent des graviers, la voiture ralentit jusqu’à s’arrêter. La jeune femme retint son souffle. Elle se calma, et certaine de voir le coffre s’ouvrir, elle se prépara à bondir. Elle entendit quelques voix, trois ou quatre hommes parlèrent d’elle. L’un deux s’exprima fortement afin de la conseiller de ne rien faire. Lucie reconnut la voix de l’inconnu de la boite. Le coffre s’ouvrit lentement laissant apparaitre d’abord un filet de jour puis des visages noirs qui cachèrent un ciel blanc comme du lait. Des mains empoignèrent ses vêtements et la relevèrent très vite pour la sortir. Les larmes aux yeux, elle supplia ses ravisseurs. Les quatre hommes l’encerclaient tandis qu’elle était agenouillée. Dès lors, elle comprit qu’elle ne pouvait rien lorsqu’ils baissèrent leur braguette, faisant jaillir leur sexe tout en riant. Elle n’entendit pas les insultes ni les menaces si elle n’acceptait pas.
Son calvaire dura toute la matinée. Lucie ne montra pas de peine, elle s’était résignée à subir les assauts de chacun. Parfois, elle soupirait, cherchant à ne pas jouir, ni montrer le moindre indice de plaisir. Elle décida de ne rien exprimer, de faire le tas de viande. Elle espérait simplement qu’elle resterait en vie. Pendant qu’ils la violaient en levrette sur le capot de la voiture, Lucie leva la tête et découvrit quelques maisons abandonnées. Elle n’avait jamais vu ce lieu si ce n’est en rêve. Elle reconnut la maison en ruine avec les graffitis sous la fenêtre. Par contre, contrairement à son cauchemar, elle put lire le message : Free hug, câlin gratuit. Quelle ironie ! Elle pensa à Marc. elle avait envie qu’il soit là pour la secourir. Elle ferma les yeux pour prier doucement. Seulement, elle n’était plus maitresse de son corps.
A cause de l’alcool, les quatre hommes devinrent de plus en plus agressifs. Ils laissèrent épanouir leur perversion si bien que le viol se transforma en torture. Elle comprit qu’elle ne sortira pas vivante quand elle dût entrer à quatre pattes tirée par les cheveux dans la maison en ruine. Elle ne cria pas, ne dit pas un mot. Son corps fut retrouvé carbonisé trois jours plus tard. Durant le procès, en découvrant sur des photos le lieu du crime, Marc repensa à cette nuit où Lucie fit un cauchemar : Des maisons en ruine, des graffitis, son calvaire puis sa mort…. Il se sentit coupable de ne pas avoir compris qu’il s’agissait d’une prémonition. Mais quand on le découvre, c’est toujours trop tard.
Alex@r60 – juin 2020
Image, artwork by Stefan Koidl
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Chez tante Henriette
Quelques jours après avoir fêté mes sept ans, nous partîmes en vacances au bord de la mer à Pornic. C’était la première fois que j’allais chez tante Henriette. Mes parents avaient récupéré les clés. Quand je vis la bâtisse, je n’y croyais pas. Moi qui adorais les histoires de châteaux et de chevaliers, j’allais passer quinze jours dans une maison bourgeoise aux apparences de manoir. Avec sa vue sur la mer, ce n’était plus un château, c’était un fort construit pour nous défendre des perfides envahisseurs !
Nous arrivâmes les premiers en fin d’après-midi. Mes cousins ainsi que les autres membres de la famille devaient arriver dans la nuit. J’investis immédiatement la plus belle chambre avec un balcon tout en signalant qu’elle était pour moi et mes cousins. D’ailleurs, nos soirées se passaient à surveiller et canarder les bateaux vus avec des jumelles trouvées dans un placard. Pour nous, des vacances dans un château, c’était le paradis ! Ils arrivèrent comme prévu pendant que je dormais. Au réveil, heureux de les voir même endormis, je préférai ne pas les déranger et descendis prendre un chocolat chaud. Mes parents, mes oncles discutaient du programme des vacances. Déjà ma sœur et une cousine se prêtaient leur doudou et jouaient au milieu d’un salon. Toujours en pyjama, je préférai monter et m’amuser à chercher des passages secrets, car peu après m’avoir salué, une de mes tantes demanda si j’avais trouvé un passage secret. Dès lors, je partis à la recherche de ce tunnel dont j’imaginai qu’il déboulait dans une salle secrète gardant un trésor magnifique.
Je fouillai chaque pièce accessible, des chambres, salles bains, salons, des salles dont je ne soupçonnais pas l’existence, mais surtout la bibliothèque. Je fus admirablement surpris en découvrant deux étagères de la hauteur des murs pleines de livres. La plupart était de gros recueils à la reliure d’un véritable cuir dont le parfum continuait d’embaumer. Mais le plus admirable fut de découvrir un escabeau sur roulettes aussi grand qu’une échelle afin d’attraper les livres les plus hauts. Comme tout enfant, je grimpai l’échelle avec la volonté de toucher, ne serait-ce du bout des doigts, le plafond. Seulement, étant trop petit, je ne pus y arriver. Juste après être descendu, je remarquai la présence d’une personne près de la fenêtre. Dans une tenue blanche et élégante, une femme coiffée d’un chignon me regardait en souriant. Elle tenait dans les mains, un livre ouvert qu’elle lisait certainement avant que je n’entrasse. Elle me regarda puis demanda si j’avais bien dormi. Je répondis en hochant la tête. Dès lors, la dame s’approcha pour embrasser ma joue. Bien qu’elle était belle, ses lèvres étaient si glacées que je ressentis parcourir un énorme frisson sur mon visage. Elle se présenta, c’était ma première rencontre avec tante Henriette.
Je pensai qu’elle était plus vieille physiquement, Henriette était une tante éloignée. Dès lors, comme toutes les tantes, je l’imaginai avec une peau ridée mais surtout des cheveux blancs. Seulement, elle ne montrait aucune ride, ses cheveux étaient tous noirs. Si sa bouche n’était pas si froide, avec sa peau blanche, elle pouvait avoir le rôle de Blanche-Neige. Mais quand on a sept ans, tous les vieux sont vieux ; il n’y a aucune différence d’âge entre une mère de trente ans et une cousine de quinze ans. Elles sont vieilles, donc du même âge, c’est comme ça ! J’étais timide au point d’être muet en présence d’Henriette. Elle prononça quelques mots, demanda si j’aimais l’école, si j’adorais sa maison. Je répondais toujours en hochant la tête d’un oui avec de grands yeux ronds et un visage écarlate prêt à éclater. Soudain, j’aperçus un journal sur le guéridon à sa gauche. Mon regard fut attiré par le dessin de la première page. Elle constata mon intérêt pour la couverture du journal et murmura : « Ce n’est peut-être pas pour les enfants ». Toutefois, je n’arrivai pas à détacher mes yeux sur cette image à l’aspect cruelle. Sous un ciel totalement orangé, un squelette costumé d’un linceul noir volait au-dessus d’un groupe d’hommes, tout en les fauchant comme des blés avec une faux En-dessous, un mot : « le choléra ». « C’est quoi ? » demandai-je. Elle toussa dans un mouchoir blanc à taches rouges puis dit : « C’est une terrible maladie qui emporte tous ceux qui l’attrapent.». Après quelques secondes silencieuses, elle ajouta : « Le personnage représente la mort et la maladie, et elle coupe les gens en pleine vie… Mais lis plutôt ceci si tu sais lire ! ». Elle tendit l’ouvrage qu’elle tenait. Je lus facilement le titre : « l’ile mystérieuse ». « C’est de Jules Verne, tu connais ? » demanda-t-elle. Je tournai la tête pour signaler que non. Dès lors, elle proposa que je lise la première page avant de raconter qu’il s’agissait de l’histoire préférée de mon grand-père quand il était enfant. Très difficilement, je décryptai les mots écrits. Toutefois, ils avaient un sens et s’harmonisaient avec mon imagination. J’avais dans la tête la tempête qui emportait le ballon vers cette ile inconnue, loin de tout au milieu d’un océan dangereux. Parfois, je m’arrêtai pour demander à Henriette la définition d’un mot nouveau : « équinoxe, giratoire, nacelle… » Elle répondait toujours en souriant. Je lus trois pages avant d’entendre ma mère m’appeler pour que j’aille me laver.
Je sortis en courant persuadé de revoir Henriette. En tournant la tête, je remarquai, qu’il ne restait que le livre déposé sur le vieux journal du guéridon. Henriette avait disparu. Je devinai qu’elle faisait une blague et empruntait le passage-secret, confirmant ainsi sa présence dans la bibliothèque. De toute façon, comme pour les meurtres, les passages-secrets sont toujours dans la bibliothèque. Si vous ne me croyez pas, jouez au Cluedo ! Je descendis un étage et rejoignis ma mère étonnée que je ne fusse pas avec mes cousins. Je me lavai puis oubliai Henriette en partant avec mes cousins voir la plage. Nous rentrâmes vers midi pour manger. C’est à ce moment, pendant que nous commencions à entamer le repas que je réalisai l’absence de Henriette. Alors, je demandai où elle était. Les adultes me regardèrent avec étonnement, ils se demandaient si j’étais sérieux. Puis, ils éclatèrent de rire quand ma sœur dit : « Oui, on est chez Henriette et on ne l’a pas vue !». Mon père prit la parole afin d’expliquer que c’était le nom de la maison quand ils disent qu’ils vont chez tante Henriette. Il expliqua qu’Henriette était morte de la grippe espagnole en 1919, elle était la tante de mon grand-père. Quand il hérita de la villa de son cousin, il continua à l’appeler ainsi par habitude. Je restai confus et compris qu’il n’était pas dans mon intérêt de raconter ma discussion du matin avec la même Henriette. Cependant, après le repas, je retournai dans la bibliothèque avec mes cousins prétextant chercher le passage secret. Nous ne trouvâmes rien si ce n’est quelques toiles d’araignée poussiéreuses dans les coins. Dès lors, nous préférâmes reprendre le cours de nos vacances avec nos jeux habituels, à savoir la plage, les châteaux de sable, les jeux dans le jardin et la défense du fort le soir quand les pirates anglais attaquaient. Nous n’étions plus au moyen âge mais au temps de Surcouf, de Barbe noire et des corsaires.
Par contre, avant de dormir, j’utilisais une lampe électrique sous les draps pour lire secrètement l’ile mystérieuse. Je faisais cela afin de ne pas être pris en flagrant délit de non-sommeil. Malgré les vacances, il y avait des horaires à respecter. Je m’envolai ainsi toutes les nuits en lisant quelques pages de la nouvelle. Puis, je posai le livre sur le parquet à côté du lit tout en cherchant à ne réveiller personne. Je m’endormais en rêvant de l’ile ; je devenais un colon parmi les personnages imaginés par Jules Verne. Je me vis combattre un crabe géant, découvrir un cochon mort mais aussi utiliser l’ascenseur hydraulique et vivre d’autres étranges aventures.
En préparant mes affaires le matin du départ, ma mère découvrit le livre. Elle posa quelques questions me faisant avouer que je le lisais en cachette. D’abord surprise, je n’arrivai pas à lire un simple Oui-Oui, elle se mit à rire et affirma que je ne pouvais pas le prendre car il ne m’appartenait pas. Elle promit d’acheter un exemplaire neuf pour que je puisse connaitre la fin, estimant que celui-ci était trop poussiéreux. Suivant ses ordres, je retournai dans la bibliothèque pour remettre l’ouvrage à sa place. Henriette était à la fenêtre en train de lire je ne sais quel roman. Je m’arrêtai, la dévisageant de peur. Elle sourit malgré mes yeux écarquillés par la vue de ce fantôme. Elle remarqua le livre et demanda si j’avais aimé. Encore une fois, j’hochai la tête de bas en haut pour dire oui. Puis, je déposai le livre sur le guéridon avant de fuir en courant, laissant la dame blanche baigner dans la lumière du soleil. Nous quittâmes le manoir peu avant midi pour rejoindre Nantes et les grands parents revenus d’un pays exotique. En déballant quelques affaires, ma mère trouva le livre sur mon pyjama. J’expliquai que je n’y étais pour rien. Toutefois, la dispute attira l’attention de mon grand-père. Il demanda la raison du vacarme et remarqua le livre dans la main de mère. Il prit le bouquin, le feuilleta tout en réagissant : « Mais, c’est à moi ! ». Nous le regardâmes entrer dans une bulle de nostalgie, le sourire jusqu’aux oreilles, les yeux pleins d’étoiles humides, Il caressait chaque page jaunie avant d’ajouter : « Je croyais l’avoir perdu. C’est un livre que m’avait offert ma marraine Henriette, son dernier cadeau avant qu’elle ne décède. J’y tenais beaucoup, vous l’avez trouvé où ? ». Je n’ai jamais répondu, j’avais peur qu’on ne me croit pas.
Alex@r60 – mars 2020
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Les tickets gagnants
A ma grande surprise, je reçus par courrier un lot de dix tickets de cinéma utilisables uniquement dans un vieux ciné-club perdu entre le château et la cathédrale de Nantes. Mon amie du moment avait participé à un concours, m’inscrivant aussi afin d’augmenter ses chances d’obtenir un prix. Et c’est tombé sur moi ! Ainsi, nous partîmes ensemble voir un de ces vieux films en noir et blanc.
Le guichetier était un vieil homme, il semblait fatigué et attendait les clients en lisant un livre de poche. Nous présentâmes deux des fameux tickets. Il resta muet quelques instants en les observant puis affirma que nous avions de la chance. Il nous invita, alors, à le suivre. Sa démarche boiteuse de petit homme bossu fit sourire ma copine. Elle ressentit de la compassion pour son handicap, avoua-t-elle plus tard. C’est vrai qu’il marchait sordidement rappelant Igor de Frankenstein Junior, d’autant que le couloir mal éclairé aux murs de velours rouge et poussiéreux apporta une atmosphère lugubre. Quand nous entrâmes dans la salle vide, il nous proposa de s’assoir puis demanda quel film nous voulions voir. Surpris par sa question, je réclamai le programme. « Il n’y en a pas, celui que vous voulez ! » insista-t-il. Il conseilla un romantique comme nous étions un couple. Mon amie réclama donc ‘Grease’ à mon grand regret, la comédie musicale n’était pas pour moi. Il partit en rigolant.
Nous nous installâmes dans de vieux fauteuils en cuir et complètement abimés. J’étais mal à l’aise mais au bout de quelques minutes, mon corps s’habitua à la vétusté du siège. Nous parlâmes un peu, elle raconta sa passion pour ce film depuis toute petite. Ses yeux pétillaient encore malgré sa énième projection. J’étais un peu gêné car finalement, on obligeait les autres clients à regarder notre choix. Cependant il n’y avait personne d’autre. Tout à coup la lumière s’éteignit, le film commençait !
Nous restâmes ébahis en découvrant que ce n’était pas avec John Travolta ni avec Olivia Newtown John, mais avec nous comme acteurs principaux. J’étais médusé en me découvrant habillé d’une veste en cuir et coiffé d’une banane, même la voix était la mienne. J’exprimai un certain plaisir car j’étais un remarquable chanteur. Quant à ma girl-friend, elle était impressionnée de se voir en tenue d’écolière. Elle adorait le film avant, alors à ce moment présent, elle le vivait ! Parfois, je la regardai du coin de l’œil et constatai sa bouche entrouverte montrant à la fois sa stupéfaction et son émerveillement.
A la fin du film, nous restâmes quelques minutes assis, cherchant une explication à notre séance. Puis nous quittâmes la salle pour interroger le guichetier. Ce dernier attendait gentiment devant son guichet. Il n’avait pas de vraie réponse, il ne sut dire que ces billets avaient été envoyés il y a longtemps, accompagnés de bobines vierges. Une notification précisait que seuls les détenteurs des tickets pouvaient voir le film gravé sur les bobines. Nous comprîmes que nous avions encore huit tickets magiques en notre possession.
Nous retournâmes regarder un second film le lendemain. Cette-fois-ci nous avions choisi l’aventure avec « A la poursuite du diamant vert ». Elle était morte de rire en se voyant blonde, je signalai que c’était sa couleur dans le film précédent, seulement elle était trop subjuguée pour le réaliser. Je me sentis fier d’avoir le rôle de Mickaël Douglas notamment pendant les scènes cocasses. Je choisis le troisième film, il s’agissait du « Dernier des mohicans » que nous vîmes quelques jours plus tard. Ce long-métrage nous émoustilla pour son aventure et sa puissante romance. Je semblai encore différent avec les cheveux longs toujours héroïque et elle, juste magnifique à la place de Madeleine Stowe. Pour le quatrième, nous demandâmes la possibilité d’avoir de la grivoiserie. Le vieil homme rigola, il se posait la question quand nous allions le demander. Notre choix alla sur un porno vu en cachette durant mes douze ans. Nous fûmes déconcertés de nous voir nus surtout d’authentifier l’exactitude de nos corps. Elle avait sa petite cicatrice au coin de la joue, je voyais la mienne sur la fesse gauche. De plus, nous jouâmes plusieurs acteurs, ce qui déboussolait encore plus de contempler plusieurs exemplaires de soi sur les mêmes scènes. Elle choisit le dernier film et décida de regarder « Edward aux mains d’argent ». Encore une fois j’étais fasciné d’apercevoir mon visage et mon corps devenu maigre au lieu de celui de Johnny Depp, mais aussi effrayé de me voir maquillé et affublé de couteaux à la place des mains. Par contre, ma copine était ravie, le conte la captiva, elle adora se voir dans le chef d’œuvre de Tim Burton.
En sortant de notre dernière séance offerte. Nous comptions acheter de nouveaux tickets. Hélas, avant même de demander, le guichetier exprima sa déception de ne pouvoir en vendre car nous avions gagné les derniers tickets magiques restant. Alors nous partîmes tristes et déçus mais heureux de savoir que nous étions de bons acteurs.
Alex@r60 – juin 2019
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