#internationaldayofruralwomen
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Supporting rural women, sustaining traditions. Rural roots, global reach with GIGOODS. https://youtu.be/M-EO1iSVsws
#geographicalindications#Women#rural#sustainability#vocalforlocal#madeinindia#InternationalDayofRuralWomen
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Empowering Woman to Enable Change on #Internationaldayofruralwomen
Vedanta Aluminium Largest Aluminium Manufacturer organised Rural womenâs involvement in #sustainabledevelopmentgoals will be crucial to alleviating poverty and ending hunger. Today, #Vedanta #Aluminium is enabling more than 13,000 rural women with #skills, #financialliteracy, access to resources, #technology & market, and #welfare schemes, through our #womenempowerment programs. On the #InternationalDayofRuralWomen, we recommit to a world with #NoPoverty, #ZeroHunger and #GenderEquality.
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It's October 15th, âïž International Day of Rural Women. Since 2008, the United Nations has been sponsoring this annual event as part of its overall commitment to eradicating poverty, hunger, and inequality all over this world. The UN believes that improving the lives of Rural Women is the key to making this happen.
Women make up more than 40% of the agricultural labor force in developing countries, ranging from 20% in Latin America to 50% and more in parts of Africa and Asia. Yet these women face significant discrimination when it comes to pay, land and livestock ownership, and access to the credit, resources, markets, and decision-making processes that could help their farms succeed and flourish. Giving women the same opportunities as men could raise agricultural production by 2.5 to 4% in the poorest regions and reduce malnourishment by 12 to 17%.
The theme for this year's Rural Women's Day is "Rural Women Cultivating Good Food for All." Let's recognize the work these heroines perform within our world's food systems and support the efforts of those who are fighting to establish equal opportunities for all rural women. âźïž Peace⊠Jamiese of Pixoplanet
#Jamiese#Pixoplanet#RedBubble#TeePublic#PODd#PrintOnDemand#InternationalDayOfRuralWomen#DayOfRuralWomen#RuralWomensDay#InternationalRuralWomensDay#WorldRuralWomensDay#NationalRuralWomensDay#WorldDayOfRuralWomen#UnitedNations#UN#UNWomen#FAO#FoodAndAgricultureOrganization#ReduceRuralPoverty#WomenInAgriculture#LandRightsGenderGap#LatinAmerica#Asia#Africa#Discrimination#PayInequality#Malnourishment#Hunger#Poverty#ExtremePoverty
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International Day of Rural Women - 15 October The crucial role that women and girls play in ensuring the sustainability of rural households and communities, improving rural livelihoods and overall wellbeing, has been increasingly recognized. Women account for a substantial proportion of the agricultural labour force, including informal work, and perform the bulk of unpaid care and domestic work within families and households in rural areas. They make significant contributions to agricultural production, food security and nutrition, land and natural resource management, and building climate resilience. The theme for 2019 is Rural Women and Girls Building Climate Resilience As the world faces a critical need to act against #ClimateChange , this yearâs theme highlights the important role that rural women and girls play in building resilience to face the climate crisis. Globally, one in three employed women works in agriculture. Women collect biomass fuels, manually process foodstuffs, and pump water â 80% of households without piped water rely on women and girls for water collection. Rural women are at the forefront of the battle lines when natural resources and agriculture are threatened. Source: https://www.un.org/en/events/ruralwomenday/ #InternationalDayOfRuralWomen # InternationalDayOfRuralWomen2019 ______________________________________________________ At #JoselynDumasFoundation (Formerly known as #JCDFoundation ), it is our commitment to support existing efforts at enhancing the lives of #Children of #Ghana and #Africa at large. A responsibility and contribution towards making a great and strong haven for the future of #NeedyChildren . (Visit our website in bio for more information) #ClimateInaction #ClimateChange #UNFCCC #GlobalGoals #ClimateAmbitions #UNEnvironment #Environment #UnitedNations #ClimateFriendly #ClimateAction #SustainableWorld #SustainableEconomy #SaveTheEarth #SaveThePlanet #SDG13 #ThinkLandscape #RightsInTheLandscape #EnvironmentalPreservation #JoselynDumas https://www.instagram.com/p/B3qGeNQprJS/?igshid=24miqus0twuo
#climatechange#internationaldayofruralwomen#joselyndumasfoundation#jcdfoundation#children#ghana#africa#needychildren#climateinaction#unfccc#globalgoals#climateambitions#unenvironment#environment#unitednations#climatefriendly#climateaction#sustainableworld#sustainableeconomy#savetheearth#savetheplanet#sdg13#thinklandscape#rightsinthelandscape#environmentalpreservation#joselyndumas
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Thomas Sankara - La libération de la femme : une exigence du future
8 mars 1987
Il nâest pas courant quâun homme ait Ă sâadresser Ă tant et tant de femmes Ă la fois. Il nâest pas courant non plus quâun homme ait Ă suggĂ©rer Ă tant et tant de femmes Ă la fois, les nouvelles batailles Ă engager.
La premiĂšre timiditĂ© de lâhomme lui vient dĂšs le moment oĂč il a conscience quâil regarde une femme. Aussi, camarades militantes, vous comprendrez que malgrĂ© la joie et le plaisir que jâai Ă mâadresser Ă vous, je reste quand mĂȘme un homme qui regarde en chacune de vous, la mĂšre, la soeur ou lâĂ©pouse. Je voudrais Ă©galement que nos soeurs ici prĂ©sentes, venues du Kadiogo, et qui ne comprennent pas la langue française Ă©trangĂšre dans laquelle je vais prononcer mon discours soient indulgentes Ă notre Ă©gard comme elles lâont toujours Ă©tĂ©, elles qui, comme nos mĂšres, ont acceptĂ© de nous porter pendant neuf mois sans rechigner. ( Intervention en langue nationale moorĂ© pour assurer les femmes quâune traduction suivra, d leur intention.)
Camarades, la nuit de 4 aoĂ»t a accouchĂ© de lâoeuvre la plus salutaire pour le peuple burkinabĂš. Elle a donnĂ© Ă notre peuple un nom et Ă notre pays un horizon.
IrradiĂ©s de la sĂšve vivifiante de la libertĂ©, les hommes burkinabĂš, humiliĂ©s et proscrits dâhier, ont reçu le sceau de ce quâil y a de plus cher au monde : la dignitĂ© et lâhonneur. DĂšs lors, le bonheur est devenu accessible et chaque jour nous marchons vers lui, embaumĂ©s par les luttes, prĂ©mices qui tĂ©moignent des grands pas que nous avons dĂ©jĂ rĂ©alisĂ©s. Mais le bonheur Ă©goĂŻste nâest quâillusion et nous avons une grande absente : la femme. Elle a Ă©tĂ© exclue de cette procession heureuse.
Si des hommes sont dĂ©jĂ Ă lâorĂ©e du grand jardin de la rĂ©volution, les femmes elles, sont encore confinĂ©es dans leur obscuritĂ© dĂ©personnalisante, devisant bruyamment ou sourdement sur les expĂ©riences qui ont embrassĂ© le Burkina Faso et qui ne sont chez elles pour lâinstant que clameurs.
Les promesses de la rĂ©volution sont dĂ©jĂ rĂ©alitĂ©s chez les hommes. Chez les femmes par contre, elles ne sont encore que rumeurs. Et pourtant câest dâelles que dĂ©pendent la vĂ©ritĂ© et lâavenir de notre rĂ©volution : questions vitales, questions essentielles puisque rien de complet, rien de dĂ©cisif, rien de durable ne pourra se faire dans notre pays tant que cette importante partie de nous-mĂȘmes sera maintenue dans cet assujettissement imposĂ© durant des siĂšcles par les diffĂ©rents systĂšmes dâexploitation. Les hommes et les femmes du Burkina Faso doivent dorĂ©navant modifier en profondeur lâimage quâils se font dâeux-mĂȘmes Ă lâintĂ©rieur dâune sociĂ©tĂ© qui, non seulement, dĂ©termine de nouveaux rapports sociaux mais provoque une mutation culturelle en bouleversant les relations de pouvoir entre hommes et femmes, et en condamnant lâun et lâautre Ă repenser la nature de chacun. Câest une tĂąche redoutable mais nĂ©cessaire, puisquâil sâagit de permettre Ă notre rĂ©volution de donner toute sa mesure, de libĂ©rer toutes ses possibilitĂ©s et de rĂ©vĂ©ler son authentique signification dans ces rapports immĂ©diats, naturels, nĂ©cessaires, de lâhomme et de la femme, qui sont les rapports les plus naturels de lâĂȘtre humain Ă lâĂȘtre humain.
Voici donc jusquâĂ quel point le comportement naturel de lâhomme est devenu humain et jusquâĂ quel point sa nature humaine est devenue sa nature.
Cet ĂȘtre humain, vaste et complexe conglomĂ©rat de douleurs et de joies, de solitude dans lâabandon, et cependant berceau crĂ©ateur de lâimmense humanitĂ©, cet ĂȘtre de souffrance, de frustration et dâhumiliation, et pourtant, source intarissable de fĂ©licitĂ© pour chacun de nous ; lieu incomparable de toute affection, aiguillon des courages mĂȘme les plus inattendus ; cet ĂȘtre dit faible mais incroyable force inspiratrice des voies qui mĂšnent Ă lâhonneur ; cet ĂȘtre, vĂ©ritĂ© chamelle et certitude spirituelle, cet ĂȘtre-lĂ , femmes, câest vous ! Vous, berceuses et compagnes de notre vie, camarades de notre lutte, et qui de ce fait, en toute justice, devez vous imposer comme partenaires Ă©gales dans la convivialitĂ© des festins des victoires de la rĂ©volution.
Câest sous cet Ă©clairage que tous, hommes et femmes, nous nous devons de dĂ©finir et dâaffirmer le rĂŽle et la place de la femme dans la sociĂ©tĂ©.
Il sâagit donc de restituer Ă lâhomme sa vraie image en faisant triompher le rĂšgne de la libertĂ© par-delĂ les diffĂ©renciations naturelles, grĂące Ă la liquidation de tous les systĂšmes dâhypocrisie qui consolident lâexploitation cynique de la femme.
En dâautres termes, poser la question de la femme dans la sociĂ©tĂ© burkinabĂš dâaujourdâhui, câest vouloir abolir le systĂšme dâesclavage dans lequel elle a Ă©tĂ© maintenue pendant des millĂ©naires. Câest dâabord vouloir comprendre ce systĂšme dans son fonctionnement, en saisir la vraie nature et toutes ses subtilitĂ©s pour rĂ©ussir Ă dĂ©gager une action susceptible de conduire Ă un affranchissement total de la femme.
Autrement dit, pour gagner un combat qui est commun Ă la femme et Ă lâhomme, il importe de connaĂźtre tous les contours de la question fĂ©minine tant Ă lâĂ©chelle nationale quâuniverselle et de comprendre comment, aujourdâhui, le combat de la femme, burkinabĂš rejoint le combat universel de toutes les femmes, et au-delĂ , le combat pour la rĂ©habilitation totale de notre continent.
La condition de la femme est par conséquent le noeud de toute la question humaine, ici, là -bas, partout. Elle a donc un caractÚre universel.
La lutte de classes et la question de la femme.
Nous devons assurĂ©ment au matĂ©rialisme dialectique dâavoir projetĂ© sur les problĂšmes de la condition fĂ©minine la lumiĂšre la plus forte, celle qui nous permet de cerner le problĂšme de lâexploitation de la femme Ă lâintĂ©rieur dâun systĂšme gĂ©nĂ©ralisĂ© dâexploitation. Celle aussi qui dĂ©finit la sociĂ©tĂ© humaine non plus comme un fait naturel immuable mais comme une antiphysis.
LâhumanitĂ© ne subit pas passivement la puissance de la nature. Elle la prend Ă son compte. Cette prise en compte nâest pas une opĂ©ration intĂ©rieure et subjective. Elle sâeffectue objectivement dans la pratique, si la femme cesse dâĂȘtre considĂ©rĂ©e comme un simple organisme sexuĂ©, pour prendre conscience au-delĂ des donnĂ©es biologiques, de sa valeur dans lâaction.
En outre, la conscience que la femme prend dâelle-mĂȘme nâest pas dĂ©finie par sa seule sexualitĂ©. Elle reflĂšte une situation qui dĂ©pend de la structure Ă©conomique de la sociĂ©tĂ©, structure qui traduit le degrĂ© de lâĂ©volution technique et des rapports entre classes auquel est parvenue lâhumanitĂ©.
Lâimportance du matĂ©rialisme dialectique est dâavoir dĂ©passĂ© les limites essentielles de la biologie, dâavoir Ă©chappĂ© aux thĂšses simplistes de lâasservissement Ă lâespĂšce, pour introduire tous les faits dans le contexte Ă©conomique et social. Aussi loin que remonte lâhistoire humaine, lâemprise de lâhomme sur la nature ne sâest jamais rĂ©alisĂ©e directement, le corps nu. La main avec son pouce prĂ©hensif dĂ©jĂ se prolonge vers lâinstrument qui multiplie son pouvoir. Ce ne sont donc pas les seules donnĂ©es physiques, la musculature, la parturition par exemple, qui ont consacrĂ© lâinĂ©galitĂ© de statut entre lâhomme et la femme. Ce nâest pas non plus lâĂ©volution technique en tant que telle qui lâa confirmĂ©e. Dans certains cas, et dans certaines parties du globe, la femme a pu annuler la diffĂ©rence physique qui la sĂ©pare de lâhomme.
Câest le passage dâune forme de sociĂ©tĂ© Ă une autre qui justifie lâinstitutionnalisation de cette inĂ©galitĂ©. Une inĂ©galitĂ© sĂ©crĂ©tĂ©e par lâesprit et par notre intelligence pour rĂ©aliser la domination et lâexploitation concrĂ©tisĂ©es, reprĂ©sentĂ©es et vĂ©cues dĂ©sormais par les fonctions et les rĂŽles auxquels nous avons soumis la femme.
La maternitĂ©, lâobligation sociale dâĂȘtre conforme aux canons de ce que les hommes dĂ©sirent comme Ă©lĂ©gance, empĂȘchent la femme qui le dĂ©sirerait de se forger une musculature dite dâhomme.
Pendant des millĂ©naires, du palĂ©olithique Ă lâĂąge du bronze, les relations entre les sexes furent considĂ©rĂ©es par les palĂ©ontologues les plus qualifiĂ©s de complĂ©mentaritĂ© positive. Ces rapports demeurĂšrent pendant huit millĂ©naires sous lâangle de la collaboration et de lâinterfĂ©rence, et non sous celui de lâexclusion propre au patriarcat absolu Ă peu prĂšs gĂ©nĂ©ralisĂ© Ă lâĂ©poque historique !
Engels a fait lâĂ©tat de lâĂ©volution des techniques mais aussi de lâasservissement historique de la femme qui naquit avec lâapparition de la propriĂ©tĂ© privĂ©e, Ă la faveur du passage dâun mode de production Ă un autre, dâune organisation sociale Ă une autre.
Avec le travail intensif exigĂ© pour dĂ©fricher la forĂȘt, faire fructifier les champs, tirer au maximum parti de la nature, intervient la parcellisation des tĂąches. LâĂ©goĂŻsme, la paresse, la facilitĂ©, bref le plus grand profit pour le plus petit effort Ă©mergent des profondeurs de lâhomme et sâĂ©rigent en principes. La tendresse protectrice de la femme Ă lâĂ©gard de la famille et du clan devient le piĂšge qui la livre Ă la domination du mĂąle. Lâinnocence et la gĂ©nĂ©rositĂ© sont victimes de la dissimulation et des calculs crapuleux. Lâamour est bafouĂ©. La dignitĂ© est Ă©claboussĂ©e. Tous les vrais sentiments se transforment en objets de marchandage. DĂšs lors, le sens de lâhospitalitĂ© et du partage des femmes succombe Ă la ruse des fourbes.
Quoique consciente de cette fourberie qui rĂ©git la rĂ©partition inĂ©gale des tĂąches, elle, la femme, suit lâhomme pour soigner et Ă©lever tout ce quâelle aime. Lui, lâhomme, surexploite tant de don de soi. Plus tard, le germe de lâexploitation coupable installe des rĂšgles atroces, dĂ©passant les concessions conscientes de la femme historiquement trahie.
LâhumanitĂ© connaĂźt lâesclavage avec la propriĂ©tĂ© privĂ©e. Lâhomme maĂźtre de ses esclaves et de la terre devient aussi propriĂ©taire de la femme. Câest lĂ la grande dĂ©faite historique du sexe fĂ©minin. Elle sâexplique par le bouleversement survenu dans la division du travail, du fait de nouveaux modes de production et dâune rĂ©volution dans les moyens de production.
Alors le droit paternel se substitue au droit maternel ; la transmission du domaine se fait de pĂšre en fils et non plus de la femme Ă son clan. Câest lâapparition de la famille patriarcale fondĂ©e sur la propriĂ©tĂ© personnelle et unique du pĂšre, devenu chef de famille. Dans cette famille, la femme est opprimĂ©e. RĂ©gnant en souverain, lâhomme assouvit ses caprices sexuels, sâaccouple avec les esclaves ou hĂ©taĂŻres. Les femmes deviennent son butin et ses conquĂȘtes de marchĂ©. Il tire profit de leur force de travail et jouit de la diversitĂ© du plaisir quâelles lui procurent.
De son cĂŽtĂ© dĂšs que les maĂźtres rendent la rĂ©ciproque possible, la femme se venge par lâinfidĂ©litĂ©. Ainsi le mariage se complĂšte naturellement par lâadultĂšre. Câest la seule dĂ©fense de la femme contre lâesclavage domestique oĂč elle est tenue. Lâoppression sociale est ici lâexpression de lâoppression Ă©conomique.
Dans un tel cycle de violence, lâinĂ©galitĂ© ne prendra fin quâavec lâavĂšnement dâune sociĂ©tĂ© nouvelle, câest-Ă -dire lorsque hommes et femmes jouiront de droits sociaux Ă©gaux, issus de bouleversements intervenus dans les moyens de production ainsi que dans tous les rapports sociaux. Aussi le sort de la femme ne sâamĂ©liorera-t-il quâavec la liquidation du systĂšme qui lâexploite.
De fait, Ă travers les Ăąges et partout oĂč triomphait le patriarcat, il y a eu un parallĂ©lisme Ă©troit entre lâexploitation des classes et la domination des femmes ; Certes, avec des pĂ©riodes dâĂ©claircies oĂč des femmes, prĂȘtresses ou guerriĂšres ont crevĂ© la voĂ»te oppressive. Mais lâessentiel, tant au niveau de la pratique quotidienne que dans la rĂ©pression intellectuelle et morale, a survĂ©cu et sâest consolidĂ©. DĂ©trĂŽnĂ©e par la propriĂ©tĂ© privĂ©e, expulsĂ©e dâelle-mĂȘme, ravalĂ©e au rang de nourrice et de servante, rendue inessentielle par les philosophies Aristote, Pythagore et autres et les religions les plus installĂ©es, dĂ©valorisĂ©e par les mythes, la femme partageait le sort de lâesclave qui dans la sociĂ©tĂ© esclavagiste nâĂ©tait quâune bĂȘte de somme Ă face humaine.
Rien dâĂ©tonnant alors que, dans sa phase conquĂ©rante, le capitalisme, pour lequel les ĂȘtres humains nâĂ©taient que des chiffres, ait Ă©tĂ© le systĂšme Ă©conomique qui a exploitĂ© la femme avec le plus de cynisme et le plus de raffinement. CâĂ©tait le cas, rapporte-t-on, chez ce fabricant de lâĂ©poque, qui nâemployait que des femmes Ă ses mĂ©tiers Ă tisser mĂ©caniques. Il donnait la prĂ©fĂ©rence aux femmes mariĂ©es et parmi elles, Ă celles qui avaient Ă la maison de la famille Ă entretenir, parce quâelles montraient beaucoup plus dâattention et de docilitĂ© que les cĂ©libataires. Elles travaillaient jusquâĂ lâĂ©puisement de leurs forces pour procurer aux leurs les moyen subsistance indispensables.
Câest ainsi que les qualitĂ©s propres de la femme sont faussĂ©es Ă son dĂ©triment, et tous les Ă©lĂ©ments moraux et dĂ©licats de sa nature deviennent des moyens de lâasservir. Sa tendresse, lâamour de la famille, la mĂ©ticulositĂ© quâelle apporte Ă son oeuvre sont utilisĂ©s contre elle, tout en se parant contre les dĂ©fauts quâelle peut avoir.
Ainsi, Ă travers les Ăąges et Ă travers les types de sociĂ©tĂ©s, la femme a connu un triste sort : celui de lâinĂ©galitĂ© toujours confirmĂ©e par rapport Ă lâhomme. Que les manifestations de cette inĂ©galitĂ© aient pris des tours et contours divers, cette inĂ©galitĂ© nâen est pas moins restĂ©e la mĂȘme.
Dans la sociĂ©tĂ© esclavagiste, lâhomme esclave Ă©tait considĂ©rĂ© comme un animal, un moyen de production de biens et de services. La femme, quel que fĂ»t son rang, Ă©tait Ă©crasĂ©e Ă lâintĂ©rieur de sa propre classe, et hors de cette classe mĂȘme pour celles qui appartenaient aux classes exploiteuses.
Dans la sociĂ©tĂ© fĂ©odale, se basant sur la prĂ©tendue faiblesse physique ou psychologique des femmes, les hommes les ont confinĂ©es dans une dĂ©pendance absolue de lâhomme. Souvent considĂ©rĂ©e comme objet de souillure ou principal agent dâindiscrĂ©tion, la femme, Ă de rares exceptions prĂšs, Ă©tait Ă©cartĂ©e des lieux de culte.
Dans la sociĂ©tĂ© capitaliste, la femme, dĂ©jĂ moralement et socialement persĂ©cutĂ©e, est Ă©galement Ă©conomiquement dominĂ©e. Entretenue par lâhomme lorsquâelle ne travaille pas, elle lâest encore lorsquâelle se tue Ă travailler. On ne saurait jeter assez de lumiĂšre vive sur la misĂšre des femmes, dĂ©montrer avec assez de force quâelle est solidaire de celle des prolĂ©taires.
De la spécificité du fait féminin.
Solidaire de lâhomme exploitĂ©, la femme lâest.
Toutefois, cette solidaritĂ© dans lâexploitation sociale dont hommes et femmes sont victimes et qui lie le sort de lâun et de lâautre Ă lâHistoire, ne doit pas faire perdre de vue le fait spĂ©cifique de la condition fĂ©minine. La condition de la femme dĂ©borde les entitĂ©s Ă©conomiques en singularisant lâoppression dont elle est victime. Cette singularitĂ© nous interdit dâĂ©tablir des Ă©quations en nous abĂźmant dans les rĂ©ductions faciles et infantiles. Sans doute, dans lâexploitation, la femme et lâouvrier sont-ils tenus au silence. Mais dans le systĂšme mis en place, la femme de lâouvrier doit un autre silence Ă son ouvrier de mari. En dâautres termes, Ă lâexploitation de classe qui leur est commune, sâajoutent pour les femmes, des relations singuliĂšres avec lâhomme, relations dâopposition et dâagression qui prennent prĂ©texte des diffĂ©rences physiques pour sâimposer.
Il faut admettre que lâasymĂ©trie entre les sexes est ce qui caractĂ©rise la sociĂ©tĂ© humaine, et que cette asymĂ©trie dĂ©finit des rapports souverains qui ne nous autorisent pas Ă voir dâemblĂ©e dans la femme, mĂȘme au sein de la production Ă©conomique, une simple travailleuse. Rapports privilĂ©giĂ©s, rapports pĂ©rilleux qui font que la question de la condition de la femme se pose toujours comme un problĂšme.
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Lâhomme prend donc prĂ©texte la complexitĂ© de ces rapports pour semer la confusion au sein des femmes et tirer profit de toutes les astuces de lâexploitation de classe pour maintenir sa domination sur les femmes. De cette mĂȘme façon, ailleurs, des hommes ont dominĂ© dâautres hommes parce quâils ont rĂ©ussi Ă imposer lâidĂ©e selon laquelle au nom de lâorigine de la famille et de la naissance, du  « droit divin », certains hommes Ă©taient supĂ©rieurs Ă dâautres. DâoĂč le rĂšgne fĂ©odal. De cette mĂȘme maniĂšre, ailleurs, dâautres hommes ont rĂ©ussi Ă asservir des peuples entiers, parce que lâorigine et lâexplication de la couleur de leur peau ont Ă©tĂ© une justification quâils ont voulue « scientifique » pour dominer ceux qui avaient le malheur dâĂȘtre dâune autre couleur. Câest le rĂšgne colonial. Câest lâapartheid.
Nous ne pouvons pas ne pas ĂȘtre attentifs Ă cette situation des femmes, car câest elle qui pousse les meilleures dâentre elles Ă parler de guerre des sexes alors quâil sâagit dâune guerre de clans et de classes Ă mener ensemble dans la complĂ©mentaritĂ© tout simplement. Mais il faut admettre que câest bien lâattitude des hommes qui rend possible une telle oblitĂ©ration des significations et autorise par lĂ toutes les audaces sĂ©mantiques du fĂ©minisme dont certaines nâont pas Ă©tĂ© inutiles dans le combat quâhommes et femmes mĂšnent contre lâoppression. Un combat que nous pouvons gagner, que nous allons gagner si nous retrouvons notre complĂ©mentaritĂ©, si nous nous savons nĂ©cessaires et complĂ©mentaires, si nous savons enfin que nous sommes condamnĂ©s Ă la complĂ©mentaritĂ©.
Pour lâheure, force est de reconnaĂźtre que le comportement masculin, fait de vanitĂ©s, dâirresponsabilitĂ©s, dâarrogances et de violences de toutes sortes Ă lâendroit de la femme, ne peut guĂšre dĂ©boucher sur une action coordonnĂ©e contre lâoppression de celle-ci. Et que dire de ces attitudes qui vont jusquâĂ la bĂȘtise et qui ne sont en rĂ©alitĂ© quâexutoires des mĂąles opprimĂ©s espĂ©rants, par leurs brutalitĂ©s contre leur femme, rĂ©cupĂ©rer pour leur seul compte une humanitĂ© que le systĂšme dâexploitation leur dĂ©nie.
La bĂȘtise masculine sâappelle sexisme ou machisme, toute forme dâindigence intellectuelle et morale, voire dâimpuissance physique plus ou moins dĂ©clarĂ©e qui oblige souvent les femmes politiquement conscientes Ă considĂ©rer comme un devoir la nĂ©cessitĂ© de lutter sur deux fronts.
Pour lutter et vaincre, les femmes doivent sâidentifier aux couches et classes sociales opprimĂ©es : les ouvriers, les paysansâŠ
Un homme, si opprimĂ© soit-il, trouve un ĂȘtre Ă opprimer : sa femme. Câest lĂ assurĂ©ment affirmer une terrible rĂ©alitĂ©. Lorsque nous parlons de lâignoble systĂšme de lâapartheid, câest vers les Noirs exploitĂ©s et opprimĂ©s que se tournent et notre pensĂ©e et notre Ă©motion. Mais nous oublions hĂ©las la femme noire qui subit son homme, cet homme qui, muni de son passbook (laisser-passer), sâautorise des dĂ©tours coupables avant dâaller retrouver celle qui lâa attendu dignement, dans la souffrance et dans le dĂ©nuement.
Pensons aussi Ă la femme blanche dâAfrique du Sud, aristocrate, matĂ©riellement comblĂ©e sĂ»rement, mais malheureusement machine de plaisir de ces hommes blancs lubriques qui nâont plus pour oublier leurs forfaits contre les Noirs que leur enivrement dĂ©sordonnĂ© et pervers de rapports sexuels bestiaux.
En outre, les exemples ne manquent pas dâhommes pourtant progressistes, vivant allĂšgrement dâadultĂšre, mais qui seraient prĂȘts Ă assassiner leur femme rien que pour un soupçon dâinfidĂ©litĂ©. Ils sont nombreux chez nous, ces hommes qui vont chercher des soi-disant consolations dans les bras de prostituĂ©es et de courtisanes de toutes sortes ! Sans oublier les maris irresponsables dont les salaires ne servent quâĂ entretenir des maĂźtresses et enrichir des dĂ©bits de boisson. Et que dire de ces petits hommes eux aussi progressistes qui se retrouvent souvent dans une ambiance lascive pour parler des femmes dont ils ont abusĂ©. Ils croient ainsi se mesurer Ă leurs semblables hommes, voire les humilier quand ils ravissent des femmes mariĂ©es.
En fait, il ne sâagit lĂ que de lamentables mineurs dont nous nous serions mĂȘme abstenus de parler si leur comportement de dĂ©linquants ne mettait en cause et la vertu et la morale de femmes de grande valeur qui auraient Ă©tĂ© hautement utiles Ă notre rĂ©volution.
Et puis tous ces militants plus ou moins rĂ©volutionnaires, beaucoup moins rĂ©volutionnaires que plus, qui nâacceptent pas que leurs Ă©pouses militent ou ne lâacceptent que pour le militantisme de jour et seulement de jour ; qui battent leurs femmes parce quâelles se sont absentĂ©es pour des rĂ©unions ou des manifestations de nuit. Ah ! ces soupçonneux, ces jaloux ! Quelle pauvretĂ© dâesprit et quel engagement conditionnel, limitĂ© ! Car nây aurait-il que la nuit quâune femme déçue et dĂ©cidĂ©e puisse tromper son mari ? Et quel est cet engagement qui veut que le militantisme sâarrĂȘte avec la tombĂ©e de la nuit, pour ne reprendre ses droits et ses exigences que seulement au lever du jour !
Et que penser enfin de tous ces propos dans la bouche des militants plus rĂ©volutionnaires, les uns que les autres sur les femmes ? Des propos comme « bassement matĂ©rialistes, profiteuses, comĂ©diennes, menteuses cancaniĂšres, intrigantes, jalouses etc, etc⊠» Tout cela est peut-ĂȘtre vrai des femmes mais sĂ»rement aussi vrai pour les hommes ! Notre sociĂ©tĂ© pourrait-elle pervertir moins que cela lorsque avec mĂ©thode, elle accable les femmes, les Ă©carte de tout ce qui est censĂ© ĂȘtre sĂ©rieux, dĂ©terminant, câest-Ă -dire au-dessus des relations subalternes et mesquines !
Lorsque lâon est condamnĂ© comme les femmes le sont Ă attendre son maĂźtre de mari pour lui donner Ă manger, et recevoir de lui lâautorisation de parler et de vivre, on nâa plus, pour sâoccuper et se crĂ©er une illusion dâutilitĂ© ou dâimportance, que les regards, les reportages, les papotages, les jeux de ferraille, les regards obliques et envieux suivis de mĂ©disance sur la coquetterie des autres et leur vie privĂ©e. Les mĂȘmes attitudes se retrouvent chez les mĂąles placĂ©s dans les mĂȘmes conditions.
Des femmes, nous disons Ă©galement, hĂ©las quâelles sont oublieuses. On les qualifie mĂȘme de tĂȘtes de linottes. Nâoublions jamais cependant quâaccaparĂ©e, voire tourmentĂ©e par lâĂ©poux lĂ©ger, le mari infidĂšle et irresponsable, lâenfant et ses problĂšmes, accablĂ©e enfin par lâintendance de toute la famille, la femme, dans ces conditions, ne peut avoir que des yeux hagards qui reflĂštent lâabsence, et la distraction de lâesprit. Lâoubli, pour elle, devient un antidote Ă la peine, une attĂ©nuation des rigueurs de lâexistence, une protection vitale.
Mais des hommes oublieux, il y en a aussi, et beaucoup ; les uns dans lâalcool et les stupĂ©fiants, les autres dans diverses formes de perversitĂ© auxquelles ils sâadonnent dans la course de la vie. Cependant, personne ne dit jamais que ces hommes-lĂ sont oublieux. Quelle vanitĂ©, quelles banalitĂ©s !
BanalitĂ©s dont ils se gargarisent pour marquer ces infirmitĂ©s de lâunivers masculin. Car lâunivers masculin dans une sociĂ©tĂ© dâexploitation a besoin de femmes prostituĂ©es ; Celles que lâon souille et que lâon sacrifie aprĂšs usage sur lâautel de la prospĂ©ritĂ© dâun systĂšme de mensonges et de rapines, ne sont que des boucs Ă©missaires.
La prostitution nâest que la quintessence dâune sociĂ©tĂ© oĂč lâexploitation est Ă©rigĂ©e en rĂšgle. Elle symbolise le mĂ©pris que lâhomme a de la femme. De cette femme qui nâest autre que la figure douloureuse de la mĂšre, de la soeur ou de lâĂ©pouse dâautres hommes, donc de chacun de nous. Câest en dĂ©finitive, le mĂ©pris inconscient que nous avons de nous-mĂȘmes. Il nây a de prostituĂ©es que lĂ oĂč existent des « prostitueurs » et des proxĂ©nĂštes.
Mais qui donc va chez la prostituée ?
Il y a dâabord des maris qui vouent leurs Ă©pouses Ă la chastetĂ© pour dĂ©charger sur la prostituĂ©e leur turpitude et leurs dĂ©sirs de stupres. Cela leur permet dâaccorder un respect apparent Ă leurs Ă©pouses tout en rĂ©vĂ©lant leur vraie nature dans le giron de la fille dite de joie. Ainsi sur le plan moral, on fait de la prostitution le symĂ©trique du mariage. On semble sâen accommoder, dans les rites et coutumes, les religions et les morales. Câest ce que les pĂšres de lâĂglise exprimaient en disant qu « il faut des Ă©gouts pour garantir la salubritĂ© des palais ».
Il y a ensuite les jouisseurs impĂ©nitents et intempĂ©rants qui ont peur dâassumer la responsabilitĂ© dâun foyer avec ses turbulences et qui fuient les charges morales et matĂ©rielles dâune paternitĂ©. Ils exploitent alors lâadresse discrĂšte dâune maison close comme le filon prĂ©cieux dâune liaison sans consĂ©quences.
Il y a aussi la cohorte de tous ceux qui, publiquement du moins et dans les lieux bien pensants, vouent la femme aux gĂ©monies. Soit par un dĂ©pit quâils nâont pas eu le courage de transcender, perdant confiance ainsi en toute femme dĂ©clarĂ©e alors instrumentum diabolicum, soit Ă©galement par hypocrisie pour avoir trop souvent et pĂ©remptoirement proclamĂ© contre le sexe fĂ©minin un mĂ©pris quâils sâefforcent dâassumer aux yeux de la sociĂ©tĂ© dont ils ont extorquĂ© lâadmiration par la fausse vertu. Tous nuitamment Ă©chouent dans les lupanars de maniĂšre rĂ©pĂ©tĂ©e jusquâĂ ce que parfois leur tartufferie soit dĂ©couverte.
Il y a encore cette faiblesse de lâhomme que lâon retrouve dans sa recherche de situations polyandriques. Loin de nous, toute idĂ©e de jugement de valeur sur la polyandrie, cette forme de rapport entre lâhomme et la femme que certaines civilisations ont privilĂ©giĂ©e. Mais dans les cas que nous dĂ©nonçons, retenons ces parcs de gigolos cupides et fainĂ©ants quâentretiennent grassement de riches dames.
Dans ce mĂȘme systĂšme, au plan Ă©conomique la prostitution peut confondre prostituĂ©e et femme mariĂ©e  « matĂ©rialiste ». Entre celle qui vend son corps par la prostitution et celle qui se vend dans le mariage, la seule diffĂ©rence consiste dans le prix et la durĂ©e du contrat.
Ainsi en tolĂ©rant lâexistence de la prostitution, nous ravalons toutes nos femmes au mĂȘme rang : prostituĂ©es ou mariĂ©es. La seule diffĂ©rence est que la femme lĂ©gitime tout en Ă©tant opprimĂ©e en tant quâĂ©pouse bĂ©nĂ©ficie au moins du sceau de lâhonorabilitĂ© que confĂšre le mariage. Quant Ă la prostituĂ©e, il ne reste plus que lâapprĂ©ciation marchande de son corps, apprĂ©ciation fluctuant au grĂ© des valeurs des bourses phallocratiques.
Nâest-elle quâun article qui se valorise ou se dĂ©valorise en fonction du degrĂ© de flĂ©trissement de ses charmes ? Nâest-elle pas rĂ©gie par la loi de lâoffre et de la demande ? La prostitution est un raccourci tragique et douloureux de toutes les formes de lâesclavage fĂ©minin. Nous devons par consĂ©quent voir dans chaque prostituĂ©e le regard accusateur braquĂ© sur la sociĂ©tĂ© tout entiĂšre. Chaque proxĂ©nĂšte, chaque partenaire de prostituĂ©e remue un couteau dans cette plaie purulente et bĂ©ante qui enlaidit le monde des hommes et le conduit Ă sa perte. Aussi, en combattant la prostitution, en tendant une main secourable Ă la prostituĂ©e, nous sauvons nos mĂšres, nos soeurs et nos femmes de cette lĂšpre sociale. Nous nous sauvons nous-mĂȘmes. Nous sauvons le monde.
La condition de la femme au Burkina.
Si dans lâentendement de la sociĂ©tĂ©, le garçon qui naĂźt est un  « don de Dieu », la naissance dâune fille est accueillie, sinon comme une fatalitĂ©, au mieux comme un prĂ©sent qui servira Ă produire des aliments et Ă reproduire le genre humain.
Au petit homme lâon apprendra Ă vouloir et Ă obtenir, Ă dire et ĂȘtre servi, Ă dĂ©sirer et prendre, Ă dĂ©cider sans appel. A la future femme, la sociĂ©tĂ©, comme un seul homme et câest bien le lieu de le dire assĂšne, inculque des normes sans issue. Des corsets psychiques appelĂ©s vertus crĂ©ent en elle un esprit dâaliĂ©nation personnelle, dĂ©veloppent dans cette enfant la prĂ©occupation de protection et la prĂ©disposition aux alliances tutĂ©laires et aux tractations matrimoniales. Quelle fraude mentale monstrueuse !
Ainsi, enfant sans enfance, la petite fille, dĂšs lâĂąge de 3 ans, devra rĂ©pondre Ă sa raison dâĂȘtre : servir, ĂȘtre utile. Pendant que son frĂšre de 4, 5 ou 6 ans jouera jusquâĂ lâĂ©puisement ou lâennui, elle entrera, sans mĂ©nagement, dans le processus de production. Elle aura, dĂ©jĂ , un mĂ©tier : assistante-mĂ©nagĂšre. Occupation sans rĂ©munĂ©ration bien sĂ»r car ne dit-on pas gĂ©nĂ©ralement dâune femme Ă la maison quâelle « ne fait rien ? ». Nâinscrit-on pas sur les documents dâidentitĂ© des femmes non rĂ©munĂ©rĂ©es la mention « mĂ©nagĂšre » pour dire que celles-ci nâont pas dâemploi ? Quâelles « ne travaillent pas ? ».
Les rites et les obligations de soumission aidant, nos soeurs grandissent, de plus en plus dépendantes, de plus en plus dominées, de plus en plus exploitées avec de moins en moins de loisirs et de temps libre.
Alors que le jeune homme trouvera sur son chemin les occasions de sâĂ©panouir et de sâassumer, la camisole de force sociale enserrera davantage la jeune fille, Ă chaque Ă©tape de sa vie. Pour ĂȘtre nĂ©e fille, elle paiera un lourd tribut, sa vie durant, jusquâĂ ce que le poids du labeur et les effets de lâoubli de soi physiquement et mentalement la conduisent au jour du Grand repos. Facteur de production aux cĂŽtĂ©s de sa mĂšre dĂšs ce moment, plus sa patronne que sa maman elle ne sera jamais assise Ă ne rien faire, jamais laissĂ©e, oubliĂ©e Ă ses jeux et Ă ses jouets comme lui, son frĂšre.
De quelque cĂŽtĂ© que lâon se tourne, du Plateau central au Nord-Est oĂč les sociĂ©tĂ©s Ă pouvoir fortement centralisĂ© prĂ©dominent, Ă lâOuest oĂč vivent des communautĂ©s villageoises au pouvoir non centralisĂ© ou au Sud-Ouest, terroir des collectivitĂ©s dites segmentaires, lâorganisation sociale traditionnelle prĂ©sente au moins un point commun : la subordination des femmes. Dans ce domaine, nos 8 000 villages, nos 600 000 concessions et notre million et plus de mĂ©nages, observent des comportements identiques ou similaires. Ici et lĂ , lâimpĂ©ratif de la cohĂ©sion sociale dĂ©finie par les hommes est la soumission des femmes et la subordination des cadets.
Notre sociĂ©tĂ©, encore par trop primitivement agraire, patriarcale et polygamique, faite de la femme un objet dâexploitation pour sa force de travail et de consommation, pour sa fonction de reproduction biologique.
Comment la femme vit-elle cette curieuse double identitĂ© : celle dâĂȘtre le noeud vital qui soude tous les membres de la famille, qui garantit par sa prĂ©sence et son attention lâunitĂ© fondamentale et celle dâĂȘtre marginalisĂ©e, ignorĂ©e ? Une condition hybride sâil en est, dont lâostracisme imposĂ© nâa dâĂ©gal que le stoĂŻcisme de la femme. Pour vivre en harmonie avec la sociĂ©tĂ© des hommes, pour se conformer au diktat des hommes, la femme sâenferrera dans une ataraxie avilissante, nĂ©gativiste, par le don de soi.
Femme-source de vie mais femme-objet. MĂšre mais servile domestique. Femme-nourriciĂšre mais femme-alibi. Taillable aux champs et corvĂ©able au mĂ©nage, cependant figurante sans visage et sans voix. Femme-charniĂšre, femme-confluent mais femme en chaĂźnes, femme-ombre Ă lâombre masculine.
Pilier du bien-ĂȘtre familial, elle est accoucheuse, laveuse, balayeuse, cuisiniĂšre, messagĂšre, matrone, cultivatrice, guĂ©risseuse, maraĂźchĂšre, pileuse, vendeuse, ouvriĂšre. Elle est une force de travail Ă lâoutil dĂ©suet, cumulant des centaines de milliers dâheures pour des rendements dĂ©sespĂ©rants.
DĂ©jĂ aux quatre fronts du combat contre la maladie, la faim, le dĂ©nuement, la dĂ©gĂ©nĂ©rescence, nos soeurs subissent chaque jour la pression des changements sur lesquels elles nâont point de prise. Lorsque chacun de nos 800 000 Ă©migrants mĂąles sâen va, une femme assume un surcroĂźt de travail. Ainsi, les deux millions de BurkinabĂ© rĂ©sidant hors du territoire national ont contribuĂ© Ă aggraver le dĂ©sĂ©quilibre de la sex-ratio qui, aujourdâhui, fait que les femmes constituent 51,7 pour cent de la population totale. De la population rĂ©sidante potentiellement active, elles sont 52,1 pour cent.
Trop occupĂ©e pour accorder lâattention voulue Ă ses enfants, trop Ă©puisĂ©e pour penser Ă elle-mĂȘme, la femme continuera de trimer : roue de fortune, roue de friction, roue motrice, roue de secours, grande roue.
RouĂ©es et brimĂ©es, les femmes, nos soeurs et nos Ă©pouses, paient pour avoir donnĂ© la vie. Socialement relĂ©guĂ©es au troisiĂšme rang, aprĂšs lâhomme et lâenfant, elles paient pour entretenir la vie. Ici aussi, un Tiers Monde est arbitrairement arrĂȘtĂ© pour dominer, pour exploiter.
DominĂ©e et transfĂ©rĂ©e dâune tutelle protectrice exploiteuse Ă une tutelle dominatrice et davantage exploiteuse, premiĂšre Ă la tĂąche et derniĂšre au repos, premiĂšre au puits et au bois, au feu du foyer mais derniĂšre Ă Ă©tancher ses soifs, autorisĂ©e Ă manger que seulement quand il en reste ; et aprĂšs lâhomme, clĂ© de voĂ»te de la famille, tenant sur ses Ă©paules, dans ses mains et par son ventre cette famille et la sociĂ©tĂ©, la femme est payĂ©e en retour dâidĂ©ologie nataliste oppressive, de tabous et dâinterdits alimentaires, de surcroĂźt de travail, de malnutrition, de grossesses dangereuses, de dĂ©personnalisation et dâinnombrables autres maux qui font de la mortalitĂ© maternelle une des tares les plus intolĂ©rables, les plus indicibles, les plus honteuses de notre sociĂ©tĂ©.
Sur ce substrat aliĂ©nant, lâintrusion des rapaces venus de loin a contribuĂ© Ă fermenter la solitude des femmes et Ă empirer la prĂ©caritĂ© de leur condition.
Lâeuphorie de lâindĂ©pendance a oubliĂ© la femme dans le lit des espoirs chĂątrĂ©s. SĂ©grĂ©guĂ©e dans les dĂ©libĂ©rations, absente des dĂ©cisions, vulnĂ©rable donc victime de choix, elle a continuĂ© de subir la famille et la sociĂ©tĂ©. Le capital et la bureaucratie ont Ă©tĂ© de la partie pour maintenir la femme subjuguĂ©e. LâimpĂ©rialisme a fait le reste.
ScolarisĂ©es deux fois moins que les hommes, analphabĂštes Ă 99 pour cent, peu formĂ©es aux mĂ©tiers, discriminĂ©es dans lâemploi, limitĂ©es aux fonctions subalternes, harcelĂ©es et congĂ©diĂ©es les premiĂšres, les femmes, sous les poids de cent traditions et de mille excuses ont continuĂ© de relever les dĂ©fis successifs. Elles devaient rester actives, coĂ»te que coĂ»te, pour les enfants, pour la famille et pour la sociĂ©tĂ©. Au travers de mille nuits sans aurores.
Le capitalisme avait besoin de coton, de karitĂ©, de sĂ©same pour ses industries et câest la femme, ce sont nos mĂšres qui en plus de ce quâelles faisaient dĂ©jĂ se sont retrouvĂ©es chargĂ©es dâen rĂ©aliser la cueillette. Dans les villes, lĂ oĂč Ă©tait censĂ©e ĂȘtre la civilisation Ă©mancipatrice de la femme, celle-ci sâest retrouvĂ©e obligĂ©e de dĂ©corer les salons de bourgeois, de vendre son corps pour vivre ou de servir dâappĂąt commercial dans les productions publicitaires.
Les femmes de la petite-bourgeoisie des villes vivent sans doute mieux que les femmes de nos campagnes sur le plan matĂ©riel. Mais sont-elles plus libres, plus Ă©mancipĂ©es, plus respectĂ©es, plus responsabilisĂ©es ? Il y a plus quâune question Ă poser, il y a une affirmation Ă avancer. De nombreux problĂšmes demeurent, quâil sâagisse de lâemploi ou de lâaccĂšs Ă lâĂ©ducation, quâil sâagisse du statut de la femme dans les textes lĂ©gislatifs ou dans la vie concrĂšte de tous les jours, la femme burkinabĂš demeure encore celle qui vient aprĂšs lâhomme et non en mĂȘme temps.
Les rĂ©gimes politiques nĂ©o-coloniaux qui se sont succĂ©dĂ©s au Burkina nâont eu de la question de lâĂ©mancipation de la femme que son approche bourgeoise qui nâest que lâillusion de libertĂ© et de dignitĂ©. Seules les quelques femmes de la petite-bourgeoisie des villes Ă©taient concernĂ©es par la politique Ă la mode de la « condition fĂ©minine » ou plutĂŽt du fĂ©minisme primaire qui revendique pour la femme le droit dâĂȘtre masculine. Ainsi la crĂ©ation du ministĂšre de la Condition fĂ©minine, dirigĂ©e par une femme fut-elle chantĂ©e comme une victoire.
Mais avait-on vraiment conscience de cette condition fĂ©minine ? Avait-on conscience que la condition fĂ©minine câest la condition de 52 pour cent de la population burkinabĂš ? Savait-on que cette condition Ă©tait dĂ©terminĂ©e par les structures sociales, politiques, Ă©conomiques et par les conceptions rĂ©trogrades dominantes et que par consĂ©quent la transformation de cette condition ne saurait incomber Ă un seul ministĂšre, fĂ»t-il dirigĂ© par une femme ?
Cela est si vrai que les femmes du Burkina ont pu constater aprĂšs plusieurs annĂ©es dâexistence de ce ministĂšre que rien nâavait changĂ© dans leur condition. Et il ne pouvait en ĂȘtre autrement dans la mesure oĂč lâapproche de la question de lâĂ©mancipation des femmes qui a conduit Ă la crĂ©ation dâun tel ministĂšre-alibi, refusait de voir et de mettre en Ă©vidence afin dâen tenir compte les vĂ©ritables causes de la domination et de lâexploitation de la femme. Aussi ne doit-on pas sâĂ©tonner que malgrĂ© lâexistence de ce ministĂšre, la prostitution se soit dĂ©veloppĂ©e, que lâaccĂšs des femmes Ă lâĂ©ducation et Ă lâemploi ne se soit pas amĂ©liorĂ©, que les droits civiques et politiques des femmes soient restĂ©s ignorĂ©s, que les conditions dâexistence des femmes en ville comme en campagne ne se soient nullement amĂ©liorĂ©es.
Femme-bijou, femme-alibi politique au gouvernement, femme-sirĂšne clientĂ©liste aux Ă©lections, femme-robot Ă la cuisine, femme frustrĂ©e par la rĂ©signation et les inhibitions imposĂ©es malgrĂ© son ouverture dâesprit ! Quelle que soit sa place dans le spectre de la douleur, quelle que soit sa façon urbaine ou rurale de souffrir, elle souffre toujours.
Mais une seule nuit a portĂ© la femme au coeur de lâessor familial et au centre de la solidaritĂ© nationale.
Porteuse de libertĂ©, lâaurore consĂ©cutive du 4 aoĂ»t 1983 lui a fait Ă©cho pour quâensemble, Ă©gaux, solidaires et complĂ©mentaires, nous marchions cĂŽte Ă cĂŽte, en un seul peuple.
La rĂ©volution dâaoĂ»t a trouvĂ© la femme burkinabĂš dans sa condition dâĂȘtre assujettie et exploitĂ© par une sociĂ©tĂ© nĂ©o-coloniale fortement influencĂ©e par lâidĂ©ologie des forces rĂ©trogrades. Elle se devait de rompre avec la politique rĂ©actionnaire, prĂŽnĂ©e et suivie jusque-lĂ en matiĂšre dâĂ©mancipation de la femme, en dĂ©finissant de façon claire un politique nouveau, juste et rĂ©volutionnaire.
Notre rĂ©volution et lâĂ©mancipation de la femme
Le 2 octobre 1983, le Conseil national de la rĂ©volution a clairement Ă©noncĂ© dans son Discours dâorientation politique lâaxe principal du combat de libĂ©ration de la femme. Il sây est engagĂ© Ă travailler Ă la mobilisation, Ă lâorganisation et Ă lâunion de toutes les forces vives de la nation, et de la femme en particulier. Le Discours dâorientation politique prĂ©cisait Ă propos de la femme : « Elle sera associĂ©e d tous les combats que nous aurons Ă entreprendre contre les diverses entraves de la sociĂ©tĂ© nĂ©o-coloniale et pour lâĂ©dification dâune sociĂ©tĂ© nouvelle. Elle sera associĂ©e Ă tous les niveaux de conception, de dĂ©cision et dâexĂ©cution dans lâorganisation de la vie de la nation tout entiĂšre ».
Le but de cette grandiose entreprise, câest de construire une sociĂ©tĂ© libre et prospĂšre oĂč la femme sera lâĂ©gale de lâhomme dans tous les domaines. Il ne peut y avoir de façon plus claire de concevoir et dâĂ©noncer la question de la femme et la lutte Ă©mancipatrice qui nous attend.
« La vraie Ă©mancipation de la femme câest celle qui responsabilise la femme, qui lâassocie aux activitĂ©s productrices, aux diffĂ©rents combats auxquels est confrontĂ© le peuple. La vraie Ă©mancipation de la femme, câest celle qui force la considĂ©ration et le respect de lâhomme ».
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Cela indique clairement, camarades militantes, que le combat pour la libĂ©ration de la femme est avant tout votre combat pour le renforcement de la RĂ©volution dĂ©mocratique et populaire. Cette rĂ©volution qui vous donne dĂ©sormais la parole et le pouvoir de dire et dâagir pour lâĂ©dification dâune sociĂ©tĂ© de justice et dâĂ©galitĂ©, oĂč la femme et lâhomme ont les mĂȘmes droits et les mĂȘmes devoirs. La RĂ©volution dĂ©mocratique et populaire a crĂ©Ă© les conditions dâun tel combat libĂ©rateur. Il vous appartient dĂ©sormais dâagir en toute responsabilitĂ© pour, dâune part, briser toutes les chaĂźnes et entraves qui asservissent la femme dans les sociĂ©tĂ©s arriĂ©rĂ©es comme la nĂŽtre, et pour, dâautre part, assumer la part de responsabilitĂ© qui est la vĂŽtre dans la politique dâĂ©dification de la sociĂ©tĂ© nouvelle au profit de lâAfrique et au profit de toute lâhumanitĂ©.
Aux premiĂšres heures de la RĂ©volution dĂ©mocratique et populaire, nous le disions dĂ©jĂ : « lâĂ©mancipation tout comme la libertĂ© ne sâoctroie pas, elle se conquiert. Et il incombe aux femmes elles-mĂȘmes dâavancer leurs revendications et de se mobiliser pour les faire aboutir ». Ainsi notre rĂ©volution a non seulement prĂ©cisĂ© lâobjectif Ă atteindre dans la question de la lutte dâĂ©mancipation de la femme, mais elle a Ă©galement indiquĂ© ta voie Ă suivre, les moyens Ă mettre en oeuvre et les principaux acteurs de ce combat. VoilĂ bientĂŽt quatre ans que nous oeuvrons ensemble, hommes et femmes, pour remporter des victoires et avancer vers lâobjectif final.
Il nous faut avoir conscience des batailles livrĂ©es, des succĂšs remportĂ©s, des Ă©checs subis et des difficultĂ©s rencontrĂ©es pour davantage prĂ©parer et diriger les futurs combats. Quelle oeuvre a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e par la RĂ©volution dĂ©mocratique et populaire dans lâĂ©mancipation de la femme ?
Quels atouts et quels handicaps ?
Lâun des principaux acquis de notre rĂ©volution dans la lutte pour lâĂ©mancipation de la femme a Ă©tĂ© sans conteste la crĂ©ation de lâUnion des femmes du Burkina, (UFB). La crĂ©ation de cette organisation constitue un acquit majeur parce quâelle a permis de donner aux femmes de notre pays un cadre et des moyens sĂ»rs pour victorieusement mener le combat. La crĂ©ation de lâUFB est une grande victoire parce quâelle permet le ralliement de lâensemble des femmes militantes autour dâobjectifs prĂ©cis, justes, pour le combat libĂ©rateur sous la direction du Conseil national de la rĂ©volution. LâUFB est lâorganisation des femmes militantes et responsables, dĂ©terminĂ©es Ă travailler pour transformer [la rĂ©alitĂ©], Ă se battre pour gagner, Ă tomber et retomber, mais Ă se relever chaque fois pour avancer sans reculer.
Câest lĂ une conscience nouvelle qui a germĂ© chez les femmes du Burkina, et nous devons tous en ĂȘtre fiers. Camarades militantes, lâUnion des femmes du Burkina est votre organisation de combat. Il vous appartient de lâaffĂ»ter davantage pour que ses coups soient plus tranchants et vous permettent de remporter toujours et toujours des victoires. Les diffĂ©rentes initiatives que le Gouvernement a pu entreprendre depuis un peu plus de trois ans pour lâĂ©mancipation de la femme sont certainement insuffisantes, mais elles ont permis de faire un bout du chemin au point que notre pays peut se prĂ©senter aujourdâhui Ă lâavant-garde du combat libĂ©rateur de la femme. Nos femmes participent de plus en plus aux prises de dĂ©cision, Ă lâexercice effectif du pouvoir populaire.
Les femmes du Burkina sont partout oĂč se construit le pays, elles sont sur les chantiers : le Sourou (vallĂ©e irriguĂ©e), le reboisement, la vaccination-commando, les opĂ©rations « Villes propres », la bataille du rail, etc. Progressivement, les femmes du Burkina prennent pied et sâimposent, battant ainsi en brĂšche toutes les conceptions phallocratiques et passĂ©ĂŻstes des hommes. Et il en sera ainsi jusquâĂ ce que la femme au Burkina soit partout prĂ©sente dans le tissu social et professionnel. Notre rĂ©volution, durant les trois ans et demi, a oeuvrĂ© Ă lâĂ©limination progressive des pratiques dĂ©valorisantes de la femme, comme la prostitution et les pratiques avoisinantes comme le vagabondage 3t la dĂ©linquance des jeunes filles, le mariage forcĂ©, lâexcision et les conditions de vie particuliĂšrement difficiles de la femme.
En contribuant Ă rĂ©soudre partout le problĂšme de lâeau, en contribuant aussi Ă lâinstallation des moulins dans les villages, en vulgarisant les foyers amĂ©liorĂ©s, en crĂ©ant des garderies populaires, en pratiquant la vaccination au quotidien, en incitant Ă lâalimentation saine, abondante et variĂ©e, la rĂ©volution contribue sans nul doute Ă amĂ©liorer les conditions de vie de la femme burkinabĂš.
Aussi, celle-ci doit-elle sâengager davantage dans lâapplication des mots dâordre anti-impĂ©rialistes, Ă produire et consommer burkinabĂš, en sâaffirmant toujours comme un agent Ă©conomique de premier plan, producteur comme consommateur des produits locaux.
La rĂ©volution dâaoĂ»t a sans doute beaucoup fait pour lâĂ©mancipation de la femme, mais cela est pourtant loin dâĂȘtre satisfaisant. Il nous reste beaucoup Ă faire.
Pour mieux rĂ©aliser ce quâil nous reste Ă faire, il nous faut dâavantage ĂȘtre conscients des difficultĂ©s Ă vaincre. Les obstacles et les difficultĂ©s sont nombreux. Et en tout premier lieu lâanalphabĂ©tisme et le faible niveau de conscience politique, toutes choses accentuĂ©es encore par lâinfluence trop grande des forces rĂ©trogrades dans nos sociĂ©tĂ©s arriĂ©rĂ©es.
Ces deux principaux obstacles, nous devons travailler avec persĂ©vĂ©rance Ă les vaincre. Car tant que les femmes nâauront pas une conscience claire de la justesse du combat politique Ă mener et des moyens Ă mettre en oeuvre, nous risquons de piĂ©tiner et finalement de rĂ©gresser.
Câest pourquoi, lâUnion des femmes du Burkina devra pleinement jouer le rĂŽle qui est le sien. Les femmes de lâUFB doivent travailler Ă surmonter leurs propres insuffisances, Ă rompre avec les pratiques et le comportement quâon a toujours dit propres aux femmes et que malheureusement nous pouvons vĂ©rifier encore chaque jour par les propos et comportements de nombreuses femmes. Il sâagit de toutes ces mesquineries comme la jalousie, lâexhibitionnisme, les critiques incessantes et gratuites, nĂ©gatives et sans principes, le dĂ©nigrement des unes par les autres, le subjectivisme Ă fleur de peau, les rivalitĂ©s, etc⊠Une femme rĂ©volutionnaire doit vaincre de tels comportements qui sont particuliĂšrement accentuĂ©s chez celles de la petite-bourgeoisie. Ils sont de nature Ă compromettre tout travail de groupe, alors mĂȘme que le combat pour la libĂ©ration de la femme est un travail organisĂ© qui a besoin par consĂ©quent de la contribution de lâensemble des femmes.
Ensemble nous devons toujours veiller Ă lâaccĂšs de la femme au travail. Ce travail Ă©mancipateur et libĂ©rateur qui garantira Ă la femme lâindĂ©pendance Ă©conomique, un plus grand rĂŽle social et une connaissance plus juste et plus complĂšte du monde.
Notre entendement du pouvoir Ă©conomique de la femme doit se dĂ©partir de la cupiditĂ© vulgaire et de la crasse aviditĂ© matĂ©rialiste qui font de certaines femmes des bourses de valeurs-spĂ©culatrices, des coffres-forts ambulants. Il sâagit de ces femmes qui perdent toute dignitĂ©, tout contrĂŽle et tout principe dĂšs lors que le clinquant des bijoux se manifeste ou que le craquant des billets se fait entendre. De ces femmes, il y en a malheureusement qui conduisent des hommes aux excĂšs dâendettement, voire de concussion, de corruption. Ces femmes sont de dangereuses boues gluantes, fĂ©tides, qui nuisent Ă la flamme rĂ©volutionnaire de leurs Ă©poux ou compagnons militants. De tristes cas existent oĂč des ardeurs rĂ©volutionnaires ont Ă©tĂ© Ă©teintes et oĂč lâengagement du mari a Ă©tĂ© dĂ©tournĂ© de la cause du peuple par une femme Ă©goĂŻste et acariĂątre, jalouse et envieuse.
LâĂ©ducation et lâĂ©mancipation Ă©conomique, si elles ne sont pas bien comprises et utilement orientĂ©es, peuvent ĂȘtre sources de malheur pour la femme, donc pour la sociĂ©tĂ©. RecherchĂ©es comme amantes, Ă©pousĂ©es pour le meilleur, elles sont abandonnĂ©es dĂšs que survient le pire. Le jugement rĂ©pandu est impitoyable pour elles : lâintellectuelle se « place mal » et la richissime est suspecte. Toutes sont condamnĂ©es Ă un cĂ©libat qui ne serait pas grave sâil nâĂ©tait pas lâexpression mĂȘme dâun ostracisme diffus de toute une sociĂ©tĂ© contre des personnes, victimes innocentes parce quâelles ignorent tout de « leur crime et de leur tare », frustrĂ©es parce que chaque jour est un Ă©teignoir Ă une affectivitĂ© qui se mue en acariĂątrie ou en hypochondrie. Chez beaucoup de femmes le grand savoir a provoquĂ© des dĂ©boires et la grande fortune a nourri bien des infortunes.
La solution Ă ces paradoxes apparents rĂ©side dans la capacitĂ© des malheureuses instruites ou riches Ă mettre au service de leur peuple leur grande instruction, leurs grandes richesses. Elles nâen seront que plus apprĂ©ciĂ©es, voire adulĂ©es par tant et tant de personnes Ă qui elles auront apportĂ© un peu de joie. Comment alors pourraient-elles se sentir seules dans ces conditions ? Comment ne pas connaĂźtre la plĂ©nitude sentimentale lorsque lâon a su faire de lâamour de soi et de lâamour pour soi, lâamour de lâautre et lâamour des autres ?
Nos femmes ne doivent pas reculer devant les combats multiformes qui conduisent une femme Ă sâassumer pleinement, courageusement et fiĂšrement afin de vivre le bonheur dâĂȘtre elle-mĂȘme, et non pas la domestication dâelle par lui.
Aujourdâhui encore, et pour beaucoup de nos femmes, sâinscrire sous le couvert dâun homme demeure le quitus le plus sĂ»r contre le quâen-dira-t-on oppressant. Elles se marient sans amour et sans joie de vivre, au seul profit dâun goujat, dâun falot dĂ©marquĂ© de la vie et des luttes du peuple. Bien souvent, des femmes exigent une indĂ©pendance sourcilleuse, rĂ©clamant en mĂȘme temps dâĂȘtre protĂ©gĂ©es, pire, dâĂȘtre sous le protectorat colonial dâun mĂąle. Elles ne croient pas pouvoir vivre autrement.
Non ! il nous faut redire Ă nos soeurs que le mariage, sâil nâapporte rien Ă la sociĂ©tĂ© et sâil ne les rend pas heureuses, nâest pas indispensable, et doit mĂȘme ĂȘtre Ă©vitĂ©. Au contraire, montrons-leur chaque jour les exemples de pionniĂšres hardies et intrĂ©pides qui dans leur cĂ©libat, avec ou sans enfants, sont Ă©panouies et radieuses pour elles, dĂ©bordantes de richesses et de disponibilitĂ© pour les autres. Elles sont mĂȘme enviĂ©es par les mariĂ©es malheureuses pour les sympathies quâelles soulĂšvent, le bonheur quâelles tirent de leur libertĂ©, de leur dignitĂ© et de leur serviabilitĂ©.
Les femmes ont suffisamment fait la preuve de leurs capacitĂ©s Ă entretenir une famille, Ă Ă©lever des enfants, Ă ĂȘtre en un mot responsables sans lâassujettissement tutĂ©laire dâun homme. La sociĂ©tĂ© a suffisamment Ă©voluĂ© pour que cesse le bannissement injuste de la femme sans mari. RĂ©volutionnaires, nous devons faire en sorte que le mariage soit un choix valorisant et non pas cette loterie oĂč lâon sait ce que lâon dĂ©pense au dĂ©part mais rien de ce que lâon va gagner. Les sentiments sont trop nobles pour tomber sous le coup du ludisme.
Une autre difficultĂ© rĂ©side aussi sans aucun doute dans lâattitude fĂ©odale, rĂ©actionnaire et passive de nombreux hommes qui continuent de par leur comportement, Ă tirer en arriĂšre. Ils nâentendent pas voir remettre en cause des dominations absolues sur la femme au foyer ou dans la sociĂ©tĂ© en gĂ©nĂ©ral. Dans le combat pour lâĂ©dification de la sociĂ©tĂ© nouvelle qui est un combat rĂ©volutionnaire, ces hommes de par leurs pratiques, se placent du cĂŽtĂ© de la rĂ©action et de la contre-rĂ©volution. Car la rĂ©volution ne saurait aboutir sans lâĂ©mancipation vĂ©ritable des femmes.
Nous devons donc, camarades militantes, avoir clairement conscience de toutes ces difficultés pour mieux affronter les combats à venir.
La femme tout comme lâhomme possĂšde des qualitĂ©s mais aussi des dĂ©fauts et câest lĂ sans doute la preuve que la femme est lâĂ©gale de lâhomme. En mettant dĂ©libĂ©rĂ©ment lâaccent sur les qualitĂ©s de la femme, nous nâavons pas dâelle une vision idĂ©aliste. Nous tenons simplement Ă mettre en relief ses qualitĂ©s et ses compĂ©tences que lâhomme et la sociĂ©tĂ© ont toujours occultĂ©es pour justifier lâexploitation et la domination de la femme.
Comment allons-nous nous organiser pour accĂ©lĂ©rer la marche en avant vers lâĂ©mancipation ?
Nos moyens sont dĂ©risoires, mais notre ambition, elle, est grande. Notre volontĂ© et notre conviction fermes dâaller de lâavant ne suffisent pas pour rĂ©aliser notre pari. II nous faut rassembler nos forces, toutes nos forces, les agencer, les coordonner dans le sens du succĂšs de notre lutte. Depuis plus de deux dĂ©cennies lâon a beaucoup parlĂ© dâĂ©mancipation dans notre pays, lâon sâest beaucoup Ă©mu. II sâagit aujourdâhui dâaborder la question de lâĂ©mancipation de façon globale, en Ă©vitant les fuites des responsabilitĂ©s qui ont conduit Ă ne pas engager toutes les forces dans la lutte et Ă faire de cette question centrale une question marginale, en Ă©vitant Ă©galement les fuites en avant qui laisseraient loin derriĂšre, ceux et surtout celles qui doivent tue en premiĂšre ligne.
Au niveau gouvernemental, guidĂ© par les directives du Conseil national de la rĂ©volution, un Plan dâaction cohĂ©rent en faveur des femmes, impliquant lâensemble des dĂ©partements ministĂ©riels, sera mis en place afin de situer les responsabilitĂ©s de chacun dans des missions Ă court et moyen termes. Ce plan dâaction, loin dâĂȘtre un catalogue de voeux pieux et autres apitoiements devra ĂȘtre le fil directeur de lâintensification de lâaction rĂ©volutionnaire. Câest dans le feu de la lutte que les victoires importantes et dĂ©cisives seront remportĂ©es.
Ce plan dâaction devra ĂȘtre conçu par nous et pour nous. De nos larges et dĂ©mocratiques dĂ©bats devront sortir les audacieuses rĂ©solutions pour rĂ©aliser notre foi en la femme. Que veulent les hommes et les femmes pour les femmes ? Câest ce que nous dirons dans notre Plan dâaction.
Le Plan dâaction, de par lâimplication de tous les dĂ©partements ministĂ©riels, se dĂ©marquera rĂ©solument de lâattitude qui consiste Ă marginaliser la question de la femme et Ă dĂ©responsabiliser des responsables qui, dans leurs actions quotidiennes, auraient dĂ» et auraient pu contribuer de façon significative Ă la rĂ©solution de la question. Cette nouvelle approche multidimensionnelle de la question de la femme dĂ©coule de notre analyse scientifique, de son origine, de ses causes et de son importance dans le cadre de notre projet dâune sociĂ©tĂ© nouvelle, dĂ©barrassĂ©e de toutes formes dâexploitation et dâoppression. II ne sâagit point ici dâimplorer la condescendance de qui que ce soit en faveur de la femme. II sâagit dâexiger au nom de la rĂ©volution qui est venue pour donner et non pour prendre, que justice soit faite aux femmes.
DĂ©sormais lâaction de chaque ministĂšre, de chaque comitĂ© dâadministration ministĂ©riel sera jugĂ©e en fonction des rĂ©sultats atteints dans le cadre de la mise en oeuvre du Plan dâaction, au-delĂ des rĂ©sultats globaux usuels. Ă cet effet, les rĂ©sultats statistiques comporteront nĂ©cessairement la part de lâaction entreprise qui a bĂ©nĂ©ficiĂ© aux femmes ou qui les a concernĂ©es. La question de la femme devra ĂȘtre prĂ©sente Ă lâesprit de tous les dĂ©cideurs Ă tout instant, Ă toutes les phases de la conception, de lâexĂ©cution des actions de dĂ©veloppement. Car concevoir un projet de dĂ©veloppement sans la participation de la femme, câest ne se servir que de quatre doigts, quand on en a dix. Câest donc courir Ă lâĂ©chec.
Au niveau des ministĂšres chargĂ©s de lâĂ©ducation, on veillera tout particuliĂšrement Ă ce que lâaccĂšs des femmes Ă lâĂ©ducation soit une rĂ©alitĂ©, cette rĂ©alitĂ© qui constituera un pas qualitatif vers lâĂ©mancipation. Tant il est vrai que partout oĂč les femmes ont accĂšs Ă lâĂ©ducation, la marche vers lâĂ©mancipation sâest trouvĂ©e accĂ©lĂ©rĂ©e. La sortie de la nuit de lâignorance permet en effet aux femmes dâexprimer, et dâutiliser les armes du savoir, pour se mettre Ă la disposition de la sociĂ©tĂ©. Du Burkina Faso, devraient disparaĂźtre toutes les formes ridicules et rĂ©trogrades qui faisaient que seule la scolarisation des garçons Ă©tait perçue comme importante et rentable, alors que celle de la fille nâĂ©tait quâune prodigalitĂ©.
Lâattention des parents pour les filles Ă lâĂ©cole devra ĂȘtre Ă©gale Ă celle accordĂ©e aux garçons qui font toute leur fiertĂ©. Car, non seulement les femmes ont prouvĂ© quâelles Ă©taient Ă©gales Ă lâhomme Ă lâĂ©cole quand elles nâĂ©taient pas tout simplement meilleures, mais surtout elles ont droit Ă lâĂ©cole pour apprendre et savoir, pour ĂȘtre libres.
Dans les futures campagnes dâalphabĂ©tisation, les taux de participation des femmes devront ĂȘtre relevĂ©s pour correspondre Ă leur importance numĂ©rique dans la population, car ce serait une trop grande injustice que de maintenir une si importante fraction de la population, la moitiĂ© de celle-ci, dans lâignorance.
Au niveau des ministĂšres chargĂ©s du travail et de la justice, les textes devront sâadapter constamment Ă la mutation que connaĂźt notre sociĂ©tĂ© depuis le 4 aoĂ»t 1983, afin que lâĂ©galitĂ© en droits entre lâhomme et la femme soit une rĂ©alitĂ© tangible. Le nouveau code du travail, en cours de confection et de dĂ©bat devra ĂȘtre lâexpression des aspirations profondes de notre peuple Ă la justice sociale et marquer une Ă©tape importante dans lâoeuvre de destruction de lâappareil nĂ©o-colonial. Un appareil de classe, qui a Ă©tĂ© façonnĂ© et modelĂ© par les rĂ©gimes rĂ©actionnaires pour pĂ©renniser le systĂšme dâoppression des masses populaires et notamment des femmes. Comment pouvons-nous continuer dâadmettre quâĂ travail Ă©gal, la femme gagne moins que lâhomme ? Pouvons-nous admettre le lĂ©virat et la dot rĂ©duisant nos soeurs et nos mĂšres au statut de biens vulgaires qui font lâobjet de tractations ? II y a tant et tant de choses que les lois moyenĂągeuses continuent encore dâimposer Ă notre peuple, aux femmes de notre peuple. Câest juste, quâenfin, justice soit rendue.
Au niveau des ministĂšres chargĂ©s de la culture et de la famille, un accent particulier sera mis sur lâavĂšnement dâune mentalitĂ© nouvelle dans les rapports sociaux, en collaboration Ă©troite avec lâUnion des femmes du Burkina. La mĂšre et lâĂ©pouse sous la rĂ©volution ont des rĂŽles spĂ©cifiques importants Ă jouer dans le cadre des transformations rĂ©volutionnaires. LâĂ©ducation des enfants, la gestion correcte des budgets familiaux, la pratique de la planification familiale, la crĂ©ation dâune ambiance familiale, le patriotisme sont autant dâatouts importants devant contribuer efficacement Ă la naissance dâune morale rĂ©volutionnaire et dâun style de vie anti-impĂ©rialiste, prĂ©lude Ă une sociĂ©tĂ© nouvelle.
La femme, dans son foyer, devra mettre un soin particulier Ă participer Ă la progression de la qualitĂ© de la vie. En tant que BurkinabĂ©, bien vivre, câest bien se nourrir, câest bien sâhabiller avec les produits burkinabĂ©. II sâagira dâentretenir un cadre de vie propre et agrĂ©able car lâimpact de ce cadre sur les rapports entre les membres dâune mĂȘme famille est trĂšs important. Un cadre de vie sale et vilain engendre des rapports de mĂȘme nature. II nây a quâĂ observer les porcs pour sâen convaincre.
Et puis la transformation des mentalitĂ©s serait incomplĂšte si la femme de type nouveau devait vivre avec un homme de type ancien. Le rĂ©el complexe de supĂ©rioritĂ© des hommes sur les femmes, oĂč est-il le plus pernicieux mais le plus dĂ©terminant si ce nâest dans le foyer oĂč la mĂšre, complice et coupable, organise sa progĂ©niture dâaprĂšs des rĂšgles sexistes inĂ©galitaires ? Ce sont les femmes qui perpĂ©tuent le complexe des sexes, dĂšs les dĂ©buts de lâĂ©ducation et de la formation du caractĂšre.
Par ailleurs Ă quoi servirait notre activisme pour mobiliser le jour un militant si la nuit, le nĂ©ophyte devait se retrouver aux cĂŽtĂ©s dâune femme rĂ©actionnaire dĂ©mobilisatrice !
Que dire des tùches de ménage, absorbantes et abrutissantes, qui tendent à la robotisation et ne laissent aucun répit pour la réflexion !
Câest pourquoi, des actions doivent ĂȘtre rĂ©solument entreprises en direction des hommes et dans le sens de la mise en place, Ă grande Ă©chelle, dâinfrastructures sociales telles que les crĂšches, les garderies populaires, et les cantines. Elles permettront aux femmes de participer plus facilement au dĂ©bat rĂ©volutionnaire, Ă lâaction rĂ©volutionnaire.
Lâenfant qui est rejetĂ© comme le ratĂ© de sa mĂšre ou monopolisĂ© comme la fiertĂ© de son pĂšre devra ĂȘtre une prĂ©occupation pour toute la sociĂ©tĂ© et bĂ©nĂ©ficier de son attention et de son affection.
Lâhomme et la femme au foyer se partageront dĂ©sormais toutes les tĂąches du foyer.
Le Plan dâaction en faveur des femmes devra ĂȘtre un outil rĂ©volutionnaire pour la mobilisation gĂ©nĂ©rale de toutes les structures politiques et administratives dans le processus de libĂ©ration de la femme.
Camarades militantes, je vous le rĂ©pĂšte, afin quâil corresponde aux besoins rĂ©els des femmes, ce plan fera lâobjet de dĂ©bats dĂ©mocratiques au niveau de toutes les structures de lâUFB.
LâUFB est une organisation rĂ©volutionnaire. Ă ce titre, elle est une Ă©cole de dĂ©mocratie populaire rĂ©gie par les principes organisationnels que sont la critique et lâautocritique, le centralisme dĂ©mocratique. Elle entend se dĂ©marquer des organisations oĂč la mystification a pris le pas sur les objectifs rĂ©els. Mais cette dĂ©marcation ne sera effective et permanente que si les militantes de lâUFB engagent une lutte rĂ©solue contre les tares qui persistent encore, hĂ©las, dans certains milieux fĂ©minins. Car il ne sâagit point de rassembler des femmes pour la galerie ou pour dâautres arriĂšre-pensĂ©es dĂ©magogiques Ă©lectoralistes ou simplement coupables.
II sâagit de rassembler des combattantes pour gagner des victoires ; il sâagit de se battre en ordre et autour des programmes dâactivitĂ©s arrĂȘtĂ©s dĂ©mocratiquement au sein de leurs comitĂ©s dans le cadre de lâexercice bien compris de lâautonomie organisationnelle propre Ă chaque structure rĂ©volutionnaire. Chaque responsable UFB devra ĂȘtre imprĂ©gnĂ©e de son rĂŽle, dans sa structure, afin de pouvoir ĂȘtre efficace dans lâaction. Cela impose Ă lâUnion des femmes du Burkina dâengager de vastes campagnes dâĂ©ducation politique et idĂ©ologique de ses responsables, pour le renforcement sur le plan organisationnel des structures de lâUFB Ă tous les niveaux.
Camarades militantes de lâUFB, votre union, notre union, doit participer pleinement Ă la lutte des classes aux cĂŽtĂ©s des masses populaires. Les millions de consciences endormies, qui se sont rĂ©veillĂ©es Ă lâavĂšnement de la rĂ©volution reprĂ©sentent une force puissante. Nous avons choisi au Burkina Faso, le 4 aoĂ»t 1983, de compter sur nos propres forces, câest-Ă -dire en grande partie sur la force que vous reprĂ©sentez, vous les femmes. Vos Ă©nergies doivent, pour ĂȘtre utiles, ĂȘtre toutes conjuguĂ©es dans le sens de la liquidation des races des exploiteurs, de la domination Ă©conomique de lâimpĂ©rialisme.
En tant que structure de mobilisation, lâUFB devra forger au niveau des militantes une conscience politique aiguĂ« pour un engagement rĂ©volutionnaire total dans lâaccomplissement des diffĂ©rentes actions entreprises par le gouvernement pour lâamĂ©lioration des conditions de la femme. Camarades de lâUFB, ce sont les transformations rĂ©volutionnaires qui vont crĂ©er les conditions favorables Ă votre libĂ©ration. Vous ĂȘtes doublement dominĂ©es par lâimpĂ©rialisme et par lâhomme. En chaque homme somnole un fĂ©odal, un phallocrate quâil faut dĂ©truire. Aussi, est-ce avec empressement que vous devez adhĂ©rer aux mots dâordre rĂ©volutionnaires les plus avancĂ©s pour en accĂ©lĂ©rer la concrĂ©tisation et avancer encore plus vite vers lâĂ©mancipation. Câest pourquoi, le Conseil national de la rĂ©volution note avec joie votre participation intense Ă tous les grands chantiers nationaux et vous incite Ă aller encore plus loin pour un soutien toujours plus grand, Ă la rĂ©volution dâaoĂ»t qui est avant tout la vĂŽtre.
En participant massivement aux grands chantiers, vous vous montrez dâautant plus mĂ©ritantes que lâon a toujours voulu, Ă travers la rĂ©partition des tĂąches au niveau de la sociĂ©tĂ©, vous confiner dans des activitĂ©s secondaires. Alors que votre apparente faiblesse physique nâest rien dâautre que la consĂ©quence des normes de coquetterie et de goĂ»t que cette mĂȘme sociĂ©tĂ© vous impose parce que vous ĂȘtes des femmes.
Chemin faisant, notre sociĂ©tĂ© doit se dĂ©partir des conceptions fĂ©odales qui font que la femme non mariĂ©e est mise au ban de la sociĂ©tĂ©, sans que nous ne percevions clairement que cela est la traduction de la relation dâappropriation qui veut que chaque femme soit la propriĂ©tĂ© dâun homme. Câest ainsi que lâon mĂ©prise les filles-mĂšres comme si elles Ă©taient les seules responsables de leur situation, alors quâil y a toujours un homme coupable. Câest ainsi que les femmes qui nâont pas dâenfants, sont opprimĂ©es du fait de croyances surannĂ©es alors que cela sâexplique scientifiquement et peut ĂȘtre vaincu par la science.
La sociĂ©tĂ© a par ailleurs imposĂ© aux femmes des canons de coquetterie qui portent prĂ©judice Ă son intĂ©gritĂ© physique : lâexcision, les scarifications, les taillages de dents, les perforations des lĂšvres et du nez. Lâapplication de ces normes de coquetterie reste dâun intĂ©rĂȘt douteux. Elle compromet mĂȘme la capacitĂ© de la femme Ă procrĂ©er et sa vie affective dans le cas de lâexcision. Dâautres types de mutilations, pour moins dangereuses quâelles soient, comme le perçage des oreilles et le tatouage nâen sont pas moins une expression du conditionnement de la femme, conditionnement imposĂ© Ă elle par la sociĂ©tĂ© pour pouvoir prĂ©tendre Ă un mari.
Camarades militantes, vous vous soignez pour mĂ©riter un homme. Vous vous percez les oreilles, et vous vous labourez le corps pour ĂȘtre acceptĂ©es par des hommes. Vous vous faites mal pour que le mĂąle vous fasse encore plus mal !
Femmes, mes camarades de luttes, câest Ă vous que je parle : vous qui ĂȘtes malheureuses en ville comme en campagne, vous qui ployez sous le poids des fardeaux divers de lâexploitation ignoble, «justifiĂ©e et expliquĂ©e» en campagne ; vous qui, en ville, ĂȘtes sensĂ©es ĂȘtre des femmes heureuses, mais qui ĂȘtes au fond tous les jours des femmes malheureuses,
accablĂ©es de charges, parce que, tĂŽt levĂ©e la femme tourne en toupie devant sa garde-robe se demandant quoi porter, non pour se vĂȘtir, non pour se couvrir contre les intempĂ©ries mais surtout, quoi porter, pour plaire aux hommes, car elle est tenue, elle est obligĂ©e de chercher Ă plaire aux hommes chaque jour ; vous les femmes Ă lâheure du repos, qui vivez la triste attitude de celle qui nâa pas droit Ă tous les repos, celle qui est obligĂ©e de se rationner, de sâimposer la continence et lâabstinence pour maintenir un corps conforme Ă la ligne que dĂ©sirent les hommes ; vous le soir, avant de vous coucher, recouvertes et maquillĂ©es sous le poids de ces nombreux produits que vous dĂ©testez tant nous le savons mais qui ont pour but de cacher une ride indiscrĂšte, malencontreuse, toujours jugĂ©e prĂ©coce, un Ăąge qui commence Ă se manifester, un embonpoint qui est trop tĂŽt venu ; Vous voilĂ chaque soir obligĂ©es de vous imposer une ou deux heures de rituel pour prĂ©server un atout, mal rĂ©compensĂ© dâailleurs par un mari inattentif, et pour le lendemain recommencer Ă peine Ă lâaube.
Camarades militantes, hier Ă travers les discours, par la Direction de la mobilisation et lâorganisation des femmes (DMOF) et en application du statut gĂ©nĂ©ral des CDR, le SecrĂ©tariat gĂ©nĂ©ral national des CDR a entrepris avec succĂšs la mise en place des comitĂ©s, des sous-sections et des sections de lâUnion des femmes du Burkina.
Le Commissariat politique chargĂ© de lâorganisation et de la planification aura la mission de parachever votre pyramide organisationnelle par la mise en place du Bureau national de lâUFB. Nous nâavons pas besoin dâadministration au fĂ©minin pour gĂ©rer bureaucratiquement la vie des femmes ni pour parler sporadiquement en fonctionnaire cauteleux de la vie des femmes. Nous avons besoin de celles qui se battront parce quâelles savent que sans bataille, il nây aura pas de destruction de lâordre ancien et construction de lâordre nouveau. Nous ne cherchons pas Ă organiser ce qui existe, mais bel et bien Ă le dĂ©truire, Ă le remplacer.
Le Bureau national de lâUFB devra ĂȘtre constituĂ© de militantes convaincues et dĂ©terminĂ©es dont la disponibilitĂ© ne devra jamais faire dĂ©faut, tant lâoeuvre Ă entreprendre est grande. Et la lutte commence dans le foyer. Ces militantes devront avoir conscience quâelles reprĂ©sentent aux yeux des masses lâimage de la femme rĂ©volutionnaire Ă©mancipĂ©e, et elles devront se comporter en consĂ©quence.
Camarades militantes, camarades militants, en changeant lâordre classique des choses, lâexpĂ©rience fait de plus en plus la preuve que seul le peuple organisĂ© est capable dâexercer le pouvoir dĂ©mocratiquement.
La justice et lâĂ©galitĂ© qui en sont les principes de base permettent Ă la femme de dĂ©montrer que les sociĂ©tĂ©s ont tort de ne pas lui faire confiance au plan politique comme au plan Ă©conomique. Ainsi la femme exerçant le pouvoir dont elle sâest emparĂ©e au sein du peuple est Ă mĂȘme de rĂ©habiliter toutes les femmes condamnĂ©es par lâhistoire.
Notre rĂ©volution entreprend un changement qualitatif, profond de notre sociĂ©tĂ©. Ce changement doit nĂ©cessairement prendre en compte les aspirations de la femme burkinabĂš. La libĂ©ration de la femme est une exigence du futur, et le futur, camarades, est partout porteur de rĂ©volutions. Si nous perdons le combat pour la libĂ©ration de la femme, nous aurons perdu tout droit dâespĂ©rer une transformation positive supĂ©rieure de la sociĂ©tĂ©. Notre rĂ©volution nâaura donc plus de sens. Et câest Ă ce noble combat que nous sommes tous conviĂ©s, hommes et femmes.
Que nos femmes montent alors en premiĂšre ligne ! Câest essentiellement de leur capacitĂ©, de leur sagacitĂ© Ă lutter et de leur dĂ©termination Ă vaincre, que dĂ©pendra la victoire finale. Que chaque femme sache entraĂźner un homme pour atteindre les cimes de la plĂ©nitude. Et pour cela que chacune de nos femmes puisse dans lâimmensitĂ© de ses trĂ©sors dâaffection et dâamour trouver la force et le savoir-faire pour nous encourager quand nous avançons et nous redonner du dynamisme quand nous flanchons. Que chaque femme conseille un homme, que chaque femme se comporte en mĂšre auprĂšs de chaque homme. Vous nous avez mis au monde, vous nous avez Ă©duquĂ©s et vous avez fait de nous des hommes.
Que chaque femme, vous nous avez guidĂ©s jusquâau jour oĂč nous sommes continue dâexercer et dâappliquer son rĂŽle de mĂšre, son rĂŽle de guide. Que la femme se souvienne de ce quâelle peut faire, que chaque femme se souvienne quâelle est le centre de la terre, que chaque femme se souvienne quâelle est dans le monde et pour le monde, que chaque femme se souvienne que la premiĂšre Ă pleurer pour un homme, câest une femme. On dit, et vous le retiendrez, camarades, quâau moment de mourir, chaque homme interpelle, avec ses derniers soupirs, une femme : sa mĂšre, sa soeur, ou sa compagne.
Les femmes ont besoin des hommes pour vaincre. Et les hommes ont besoin des victoires des femmes pour vaincre. Car, camarades femmes, aux cĂŽtĂ©s de chaque homme, il y a toujours une femme. Cette main de la femme qui a bercĂ© le petit de lâhomme, câest cette mĂȘme main qui bercera le monde entier.
Nos mĂšres nous donnent la vie. Nos femmes mettent au monde nos enfants, les nourrissent Ă leurs seins, les Ă©lĂšvent et en font des ĂȘtres responsables.
Les femmes assurent la permanence de notre peuple, les femmes assurent le devenir de lâhumanitĂ© ; les femmes assurent la continuation de notre oeuvre ; les femmes assurent la fiertĂ© de chaque homme.
MĂšres, soeurs, compagnes,
II nây a point dâhomme fier tant quâil nây a point de femme Ă cĂŽtĂ© de lui. Tout homme fier, tout homme fort, puise ses Ă©nergies auprĂšs dâune femme ; la source intarissable de la virilitĂ©, câest la fĂ©minitĂ©. La source intarissable, la clĂ© des victoires se trouvent toujours entre les mains de la femme. Câest auprĂšs de la femme, soeur ou compagne que chacun de nous retrouve le sursaut de lâhonneur et de la dignitĂ©.
Câest toujours auprĂšs dâune femme que chacun de nous retourne pour chercher et rechercher la consolation, le courage, lâinspiration pour oser repartir au combat, pour recevoir le conseil qui tempĂ©rera des tĂ©mĂ©ritĂ©s, une irresponsabilitĂ© prĂ©somptueuse. Câest toujours auprĂšs dâune femme que nous redevenons des hommes, et chaque homme est un enfant pour chaque femme. Celui qui nâaime pas la femme, celui qui ne respecte pas la femme, celui qui nâhonore pas la femme, a mĂ©prisĂ© sa propre mĂšre. Par consĂ©quent, celui qui mĂ©prise la femme mĂ©prise et dĂ©truit le lieu focal dâoĂč il est issu, câest-Ă -dire quâil se suicide lui-mĂȘme parce quâil estime nâavoir pas de raison dâexister, dâĂȘtre sorti du sein gĂ©nĂ©reux dâune femme.
Camarades, malheur Ă ceux qui mĂ©prisent les femmes ! Ainsi Ă tous les hommes dâici et dâailleurs, Ă tous les hommes de toutes conditions, de quelque case quâils soient, qui mĂ©prisent la femme, qui ignorent et oublient ce quâest la femme, je dis : « Vous avez frappĂ© un roc, vous serez Ă©crasĂ©s ».
Camarades, aucune rĂ©volution, et Ă commencer par notre rĂ©volution, ne sera victorieuse tant que les femmes ne seront pas dâabord libĂ©rĂ©es. Notre lutte, notre rĂ©volution sera inachevĂ©e tant que nous comprendrons la libĂ©ration comme celle essentiellement des hommes. AprĂšs la libĂ©ration du prolĂ©taire, il reste la libĂ©ration de la femme. Camarades, toute femme est la mĂšre dâun homme. Je mâen voudrais en tant quâhomme, en tant que fils, de conseiller et dâindiquer la voie Ă une femme. La prĂ©tention serait de vouloir conseiller sa mĂšre. Mais nous savons aussi que lâindulgence et lâaffection de la mĂšre, câest dâĂ©couter son enfant, mĂȘme dans les caprices de celui-ci, dans ses rĂȘves, dans ses vanitĂ©s. Et câest ce qui me console et mâautorise Ă mâadresser Ă vous.
Câest pourquoi, Camarades, nous avons besoin de vous pour une vĂ©ritable libĂ©ration de nous tous. Je sais que vous trouverez toujours la force et le temps de nous aider Ă sauver notre sociĂ©tĂ©.
Camarades, il nây a de rĂ©volution sociale vĂ©ritable que lorsque la femme est libĂ©rĂ©e. Que jamais mes yeux ne voient une sociĂ©tĂ©, que jamais, mes pas ne me transportent dans une sociĂ©tĂ© oĂč la moitiĂ© du peuple est maintenue dans le silence. Jâentends le vacarme de ce silence des femmes, je pressens le grondement de leur bourrasque, je sens la furie de leur rĂ©volte. Jâattends et espĂšre lâirruption fĂ©conde de la rĂ©volution dont elles traduiront la force et la rigoureuse justesse sorties de leurs entrailles dâopprimĂ©es.
Camarades, en avant pour la conquĂȘte du futur ; Le futur est rĂ©volutionnaire ; Le futur appartient Ă ceux qui luttent.
La patrie ou la mort, nous vaincrons !
#thomassankara#sankara#internationalwomensday#womensdayiseveryday#womenemancipation#afrofeminism#internationaldayofthegirl#internationaldayofruralwomen
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Journée Internationale de la femme rurale, le 15 octobre.Le saviez-vous ? Les femmes rurales représentent un quart de la population mondiale et travaillent comme agricultrices, entrepreneures ou salariées agricoles. La contribution des femmes à l'économie rurale est largement sous-estimée car leur rÎle dans l'agriculture de subsistance n'est souvent pas rémunéré. #milliontreeshaiti #nyfoh #unmilliondarbres #nyfriendsofhaiti2010 #femmes #ruralwomen #rurallife #JournéeInternationaledelafemmerurale #internationaldayofruralwomen #lesamisdhaiti2010 #Haiti #haitienvironment #lavisitenationalpark #generationrestoration https://www.instagram.com/p/CVEUKlirAlU/?utm_medium=tumblr
#milliontreeshaiti#nyfoh#unmilliondarbres#nyfriendsofhaiti2010#femmes#ruralwomen#rurallife#journéeinternationaledelafemmerurale#internationaldayofruralwomen#lesamisdhaiti2010#haiti#haitienvironment#lavisitenationalpark#generationrestoration
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Journée Internationale de la femme rurale, le 15 octobre.Le saviez-vous ? Les femmes rurales représentent un quart de la population mondiale et travaillent comme agricultrices, entrepreneures ou salariées agricoles. La contribution des femmes à l'économie rurale est largement sous-estimée car leur rÎle dans l'agriculture de subsistance n'est souvent pas rémunéré. #milliontreeshaiti #nyfoh #unmilliondarbres #nyfriendsofhaiti2010 #femmes #ruralwomen #rurallife #JournéeInternationaledelafemmerurale #internationaldayofruralwomen #lesamisdhaiti2010 #Haiti #haitienvironment #lavisitenationalpark https://www.instagram.com/p/CVEGfW3rd34/?utm_medium=tumblr
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#InternationalDayOfRuralWomen #InternationalDayOfRuralWomen2021 (at Creations of Shashikant Sharma) https://www.instagram.com/p/CVDdv3Wv3P_/?utm_medium=tumblr
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International Celebration of Rural Women! YEA! â€ïž đž đ©âđŸ đž â€ïž #waterlandyou #repost #reposting @georgethefarmerau Today is the International Day of Rural Women! The theme this year is âRural Women Cultivating Good Food for All.â đđ» Do you know why we celebrate the International Day of Rural Women? đđ»âŁ ⣠(As noted by the United Nations) âWomen account for a substantial proportion of the agricultural labour force, including informal work, and perform the bulk of unpaid care and domestic work within families and households in rural areas. They make significant contributions to agricultural production, food security and nutrition, land and natural resource management, and building climate resilience."⣠⣠Did you know that women make up nearly 50% of the agricultural workforce? Theyâre talented, organised and extremely hard working just like George's beautiful wife Ruby. Not only does she look after the Farmer family and help George on the farm, she also contributes with an off-farm income as an agronomist AND has also obtained a PhD in science for her studies into the relationship of irrigated crops vs non irrigated crops! Crikey! She is one smart cookie! ⣠⣠#georgethefarmer #makingagcool #farmers4ourfuture #womeninag #ruralwomen #internationaldayofruralwomen #ladiesoftheland #farmer #womeninbusiness #womenempoweringwomen #education https://www.instagram.com/p/CVCP3mDMTy9/?utm_medium=tumblr
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When I was in my 20's I had no idea how much damage I could do to my life spending on credit. That lesson was quickly learned the hard way and by 23 I was thousands of dollars in debt and had to file bankruptcy. As I raised my own children I was diligent about teaching them how credit works and how to use it effectively. I am proud to say none of them made my same mistakes! Today is also
#InternationalDayOfRuralWomen#GetToKnowYourCustomersDay#AestheticianDay#ShawarmaDay#MathsDay#PregnancyAndInfantLossRemembranceDay#MushroomDay#LatinoAIDSAwarenessDay#ILoveLucyDay#GrouchDay#CheeseCurdDay#InternationalShakeOutDay#WorldStudentsDay#ChickenCacciatoreDay#ConflictResolutionDay#WhiteCaneSafetyDay#GlobalHandWashingDay#wendyswisdoms#thismakesmehappy#fundays#teachyourkidsnow#GetSmartAboutCreditDay
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Sretan svjetski dan seoskih ĆŸena #internationaldayofruralwomen #ruralwomen (na lokaciji OPG Kos Darinka) https://www.instagram.com/p/CGYFwGtpZCK/?igshid=9iq5tunab9ot
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It's October 15th, âïž International Day of Rural Women. Since 2008, the United Nations has been sponsoring this annual event as part of its overall commitment to eradicating poverty, hunger, and inequality all over this world. The UN believes that improving the lives of Rural Women is the key to making this happen.
Rural women ensure food security for their communities, build climate resilience, and strengthen economies. Yet, gender inequalities, such as discriminatory laws and social norms, combined with a fast-changing economic, technological and environmental landscape restrict their full potential, leaving them far behind men and their urban counterparts.
Women make up more than 40% of the agricultural labor force in developing countries, ranging from 20% in Latin America to 50% and more in parts of Africa and Asia. Yet these women face significant discrimination when it comes to pay, land and livestock ownership, and access to the credit, resources, markets, and decision-making processes that could help their farms succeed and flourish. Giving women the same opportunities as men could raise agricultural production by 2.5 to 4% in the poorest regions and reduce malnourishment by 12 to 17%.
Let's recognize the work these heroines perform within our world's food systems and support the efforts of those who are fighting to establish equal opportunities for all rural women. âźïž Peace⊠Jamiese of Pixoplanet
#Jamiese#Pixoplanet#InternationalDayOfRuralWomen#RuralWomen#InternationalRuralWomensDay#DayOfRuralWomen#NationalRuralWomensDay#WorldDayOfRuralWomen#ReduceRuralPoverty#ExtremePoverty#WomenInAgriculture#WorldRuralWomensDay#PayInequality#Malnourishment#Hunger#Poverty#empowerment#rural#ruralwomenday#agriculture#foodheroes#mujeresrurales#GenderInequality#Women#niunamenossintierra#diainternacionaldelasmujeresrurales#soberan#nohayfuturosinsoberaniaalimentaria#campesina#ngo
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International Day Of Rural Women
@staff
#INTERNATIONALDAYOFRURALWOMEN#à€
à€à€€à€°à„à€°à€Ÿà€·à„à€à„à€°à„à€Żà€à„à€°à€Ÿà€źà„à€Łà€źà€čà€żà€Čà€Ÿà€Šà€żà€”à€ž#à€à€à€€à€°à€°à€Ÿà€·à„à€à„à€°à„à€Żà€à„à€°à€Ÿà€źà„à€Łà€źà€čà€żà€Čà€Ÿà€Šà€żà€š#tumblr#tumblrindia#tmblr
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ΠαγÎșÏÏÎŒÎčα ÎÎŒÎÏα ÎÎłÏÏÏÎčÏÏÎ±Ï ÏÎźÎŒÎ”Ïα 15/10 Î ÎÎčÎ”ÎžÎœÎźÏ ÎÎŒÎÏα ÏÎ·Ï ÎÎłÏÏÏÎčÏÏÎ±Ï ÏÎżÏ
ÎșαΞÎčΔÏÏΞηÎșΔ ΌΔ αÏÏÏαÏη ÏÎ·Ï ÎΔΜÎčÎșÎźÏ ÎŁÏ
ÎœÎλΔÏ
ÏÎ·Ï ÏÎżÏ
ÎÎÎ ÏÏÎčÏ 18 ÎΔÎșΔΌÎČÏÎŻÎżÏ
2007 ÎșαÎč ÎłÎčÎżÏÏΏζΔÏαÎč ÎșΏΞΔ ÏÏÏÎœÎż ÏÏÎčÏ 15 ÎÎșÏÏÎČÏÎŻÎżÏ
ÎłÎčα Μα Ï
ÏΔΜΞÏ
ÎŒÎŻÎ¶Î”Îč Ïη ÏÏ
ÎŒÎČολΟ ÏÎ·Ï ÎłÏ
ÎœÎ±ÎŻÎșÎ±Ï ÏÏηΜ αγÏÎżÏÎčÎșÎź ÏαÏαγÏγΟ ÎșαÎč ÏηΜ αγÏÎżÏÎčÎșÎź ÎșÎżÎčÎœÏÎœÎŻÎ± ΔΜ ÎłÎΜΔÎč, αλλΏ ÎșαÎč ÏÎčÏ ÏÏÎżÎșλΟÏΔÎčÏ ÏÎčÏ ÎżÏÎżÎŻÎ”Ï Î±ÎœÏÎčΌΔÏÏÏίζΔÎč ÏÎźÎŒÎ”Ïα. ΣΔ ÏαγÎșÏÏÎŒÎčÎż ΔÏÎŻÏΔΎο, ÏÎż 50% ÏÏÎœ ÏαÏαγÏΌΔΜÏÎœ ÏÏÎżÏÎŻÎŒÏÎœ ÎșαλλÎčΔÏγοÏÎœÏαÎč αÏÏ ÎłÏ
ÎœÎ±ÎŻÎșΔÏ, ÏÎżÏÎżÏÏÏ ÏÎż ÎżÏοίο ÏÏηΜ ÎÏÏÎčÎșÎź αΜΔÎČÎ±ÎŻÎœÎ”Îč ÎŒÎÏÏÎč ÎșαÎč ÏÎż 90% ÎșαÎč ÏÏηΜ ÎÏία ÏÏÎż 60%. ΣΔ ÏηΌαΜÏÎčÎșÏ ÎČαΞΌÏ, ÎŒÎŹÎ»ÎčÏÏα, ÎŽÎčαÏηÏÎżÏÎœ ÏÎżÎœ ÏÏλο ÏÎżÏ
ÏÏ
ÎŒÎČοηΞοÏÎœÏÎżÏ ÎŒÎλοÏ
Ï ÏÎ·Ï ÎżÎčÎșογÎΜΔÎčÎ±Ï ÎșαÎč ÎŒÎŹÎ»ÎčÏÏα ÏÏÏÎŻÏ ÎŹÎŒÎ”Ïη Î±ÎŒÎżÎčÎČÎź ÎșαÎč ÏÏ
ΜΔÏÏÏ ÏÏÏÎŻÏ ÎŽÎčÎșαÎčÏΌαÏα ÏαÏÎżÏÏÎœ ÎșÎżÎčÎœÏÎœÎčÎșÎźÏ ÏÏÏÎœÎżÎčαÏ. ÎÎč ÎłÏ
ÎœÎ±ÎŻÎșÎ”Ï ÏÎżÏ
αÏαÏÏολοÏÎœÏαÎč ÏÏÎżÎœ αγÏÎżÏÎčÎșÏ ÏÎżÎŒÎα αΜÏÎčÏÏÎżÎčÏÎżÏÎœ ÏÏÎż 35,1%, ΎηλαΎΟ ÏΔÏÎčÏÏÏÏΔÏÎż αÏÏ ÏÎż 1/3 ÏÎżÏ
ΔΜΔÏÎłÎżÏ ÏληΞÏ
ÏÎŒÎżÏ ÏÎ·Ï ÎÎ. ÎÎč ÎłÏ
ÎœÎ±ÎŻÎșÎ”Ï ÏÏ
ÎœÎčÏÏÎżÏÎœ ÏΔÏÎčÏÏÏÏΔÏÎż αÏÏ ÏÎż 40% ÏÎżÏ
αγÏÎżÏÎčÎșÎżÏ ÏληΞÏ
ÏÎŒÎżÏ ÏΔ ÏÎÎœÏΔ ÎșÏÎŹÏη-ÎŒÎλη ÎșαÎč ÏÏ
ÎłÎșΔÎșÏÎčÎŒÎΜα, ÏÎż 45% ÏÏηΜ ÎÏ
ÏÏÏία, ÏÎż 43% ÏÏη ÎĄÎżÏ
ÎŒÎ±ÎœÎŻÎ±, ÎșαÎč ÏÎż 41% ÏΔ ΠολÏÎœÎŻÎ±, ÎλλΏΎα (ÏÏÎż ÏÏÎœÎżÎ»Îż ÏÎżÏ
11% ÏÏ
ÎœÎżÎ»ÎčÎșÎżÏ Î±ÎłÏÎżÏÎčÎșÎżÏ ÏληΞÏ
ÏÎŒÎżÏ ÏÎ·Ï ÏÏÏαÏ) ÎșαÎč ΣλοÎČÎ”ÎœÎŻÎ±. ÎÎŒÏÏ, ÏÏÎżÎœ αΜÏÎŻÏοΎα ÏÏÎœ ÏÎżÏÎżÏÏÏÎœ ÏÏ
ΌΌΔÏÎżÏÎźÏ ÏÎżÏ
Ï ÏÏηΜ αγÏÎżÏÎčÎșÎź αÏαÏÏÏληÏη, ΌΔ ΔλΏÏÎčÏÏÎ”Ï Î”ÎŸÎ±ÎčÏÎÏΔÎčÏ ÎșÏαÏÏÎœ-ΌΔλÏÎœ, ÎżÎč ÎłÏ
ÎœÎ±ÎŻÎșÎ”Ï ÏΔ ÏÎżÎ»Ï Î»ÎŻÎłÎ”Ï ÏΔÏÎčÏÏÏÏΔÎčÏ Î”ÎŻÎœÎ±Îč ÎčÎŽÎčÎżÎșÏÎźÏÏÎčÎ”Ï ÎŒÎżÎœÎŹÎŽÏÎœ αγÏÎżÏÎčÎșÎźÏ ÏαÏαγÏγΟÏ.ΣΔ ΔÏÎŻÏΔΎο ÎșÏαÏÏÎœ-ΌΔλÏÎœ 28, λÎčÎłÏÏΔÏÎż αÏÏ ÏÎż 1/3 â27,9% ÎșαÏÎŹ ÎŒÎÏÎż ÏÏÎżâÏÏÎœ ÎčÎŽÎčÎżÎșÏηÏÏÎœ αγÏÎżÏÎčÎșÏÎœ ÎŒÎżÎœÎŹÎŽÏÎœ Î”ÎŻÎœÎ±Îč ÎłÏ
ÎœÎ±ÎŻÎșΔÏ. ÎŁÏη ΊÎčÎœÎ»Î±ÎœÎŽÎŻÎ±, ÏÏη ÎΏλÏα, ÏÏη ÎΔÏÎŒÎ±ÎœÎŻÎ±, ÏÏη ÎÎ±ÎœÎŻÎ± ÎșαÎč ÏÏηΜ ÎÎ»Î»Î±ÎœÎŽÎŻÎ± ÏÎż ÏÎżÏÎżÏÏÏ Î±Ï
ÏÏ ÎŽÎ”Îœ ΟΔÏΔÏÎœÎŹ ÏÎż 10%, Î”ÎœÏ ÏÏÏΔÎčÎœÎÏ Î”ÎŸÎ±ÎčÏÎÏΔÎčÏ Î±ÏÎżÏΔλοÏÎœ η ÏÏÏÎ”Ï ÎŒÎ” Ï
ÏηλΏ ÏÎżÏÎżÏÏÎŹ, ÏÏÏÏ Î· ÎÎčΞοÏ
Î±ÎœÎŻÎ± ΌΔ 47,1% ÎșαÎč η ÎΔÏÎżÎœÎŻÎ± ΌΔ 45,2%.#ruralwomen #internationaldayofruralwomen #didyouknowfacts #didyouknowthat #didyouknowfact #followmypage @xereisoti #followmyblog newsbyzeta.blogspot.com for more interesting facts https://www.instagram.com/p/CGXZv6kFMTk/?igshid=yo9smpugtb3j
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