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Entretien avec François Sauvagnat sur les hallucinations par Damien Guyonnet
A Radio Lacan Enregistré le 29 mars 2014.
François Sauvagnat nous parle ici des hallucinations verbales, thème sur lequel il a écrit une cinquantaine d’articles traduits en plusieurs langues. C’est avec rigueur et une très grande érudition qu’il en déplie la logique, démontrant en quoi les apports de Lacan sont décisifs en la matière. Il évoque enfin les hallucinations chez l’enfant, en repérant trois spécificités qui, sans nul doute, ouvrent un champ de recherche encore peu exploré. François Sauvagnat est psychanalyste à Paris et à Rennes. Doctorat Paris 7. Professeur de psychopathologie à l'Université de Rennes 2, chargé de cours à l’Université de Paris 7, enseignant à la Section Clinique de Rennes. Il anime actuellement un séminaire à l’Ecole normale supérieure sur la question de l’hallucination. Membre de l'ECF de la New Lacanian School et de l'Association Mondiale de Psychanalyse. Il a dirigé ou co-dirigé en particulier les ouvrages suivants : "Destins de l'adolescence" PUR, mars 1992, "Divisions subjectives et personnalités multiples", Presses Universitaires de Rennes, mars 2001, "Le trauma psychique" L’Harmattan, février 2008, « La Voix », Lysimaque, 1989, Fundamentos de psicopatologia psicoanalitica, editorial Sintesis, 2004. Damien Guyonnet est psychanalyste à Paris, membre de l'ECF et de l'Association Mondiale de Psychanalyse. Correspondant de Radio Lacan à Paris. ESPAÑOL François Sauvagnat nos habla de las alucinaciones verbales, tema sobre el cual él ha publicado mas de cincuenta articulos en varios idiomas. Es con rigor y una gran erudiccion que François Sauvagnat explica la logica de las alucinaciones y demuestra que los aportes de Lacan sobre este tema han sido decisivos. Al final, él evoca las alucinaciones infantiles, puntuando tres aspectos precisos que, sin ninguna duda, abren a un campo aun poco explorado. François Sauvagnat es psicoanalista en Paris y en Rennes. Doctorado en Paris 7. Profesor de psicopatologia de la Universidad de Rennes 2. Docente de la Universidad Paris 7 y de la Seccion Clinica de Rennes, miembro de la ECF y de la Asociacion Mundial de Psicoanalisis. Anima actualmente un seminario en l'Ecole Normale Supérieur sobre la alucinacion. Es el autor de "Destins de l'adolescence" PUR, mars 1992, "Divisions subjectives et personnalités multiples", Presses Universitaires de Rennes, mars 2001, "Le trauma psychique" L’Harmattan, février 2008, « La Voix », Lysimaque, 1989 y de Fundamentos de psicopatologia psicoanalitica, editorial Sintesis, 2004. Damien Guyonnet es psicoanalista en Paris, miembro de la ECF y de la Asociacion Mundial de Psicoanalisis. Corresponsal de Radio Lacan en Paris. Damien Guyonnet : Le terme d’hallucination verbale remplace, dans le vocabulaire lacanien, celui d’hallucination auditive, tant la référence au langage est fondamentale. Cela renvoie, comme vous l’avez noté à plusieurs reprises, à une volonté chez Lacan de « désensorialiser » le phénomène (voie ouverte au préalable par Baillarger et Séglas). Pouvez-vous nous dire quelques mots sur la perspective nouvelle dégagée par Lacan. En quoi est-elle si importante ? François Sauvagnat : Je crois qu’il existe un consensus assez large, dans le domaine psychiatrique, concernant la notion que la majorité des hallucinations psychotiques sont auditives. Vous savez ce qu’il y a derrière cette notion de sensorialisation, encore actuellement, beaucoup de cliniciens sont persuadés qu’une hallucination verbale « vraie » doit être nettement « sensorialisée », j’ai simplement montré que cette notion a en principe été enterrée au tournant du XXe siècle ; le constat en est fait peu après par Henri Ey, qui, voulant remettre au goût du jour les conceptions d’Esquirol déplore que les « pseudohallucinations » (c’est-à-dire en réalité les hallucinations verbales) aient tout envahi. Je crois qu’il est intéressant de comparer ce que J. Lacan a fait par rapport aux psychiatres de sa génération. Reprenons un peu les choses. Esquirol insistait sur l’idée que l’hallucination était « sans objet » ; Baillarger, avec sa notion d’hallucination psychique, désensorialisait effectivement l’hallucination, la pensait en continuité avec l’idée délirante ; Séglas, de son côté, porté par les travaux sur l’aphasie, la pense comme prise dans une continuité, qui va de la pensée à peine proférée à l’impulsion verbale extériorisée, et se trouve hésiter entre l’idée qu’on va pouvoir trouver quelque lésion qui la cause, puis à la fin de son oeuvre des explications de plus en plus psychologiques. Henri Ey, qui a fait préfacer son premier ouvrage par Séglas, se trouve rapidement pris dans une méthodologie en extension : il faut décrire tout le champ du possible, dans une sorte de « symphonie » de plus en plus dévorée par les références multiples, où les tentatives d’explications se réduisent de plus en plus à des troubles de la conscience et où les descriptions jouent un rôle de plus en plus incontrôlé, bref, la question de la cause finit par disparaître. Pour Ey, la question de la spécificité de l’hallucination doit passer par la notion d’erreur, d’obscurcissement de la conscience, et pour cette raison, il finit par se retourner contre la prévalence des « pseudohallucinations » dans les réflexions sur la nature des hallucinations -- et donc contre Séglas. Il faut voir que Lacan a été assez précautionneux concernant l’usage de la notion ; à l’exception de la note de lecture qu’il rédige sur un congrès suisse consacré à ce thème, il ne commence vraiment à lui donner une place centrale dans sa théorie que dans les années cinquante, lorsque le sujet est articulé fondamentalement au langage et non plus extrait, déduit des phénomènes imaginaires. Il a par exemple, défini le sujet de la certitude comme « anticipé », en fonction de la mutation qu’il propose à la théorie des jeux (avec le paradoxe des prisonniers, où le savoir de chacun des protagonistes ne repose plus sur une « collaboration », où aucun ne sait ce qu’il porte dans le dos (c’est ce qu’il s’agit de découvrir), où la stratégie est en quelque sorte imposée par les mouvements de chacun, mais alors imposée totalement : il n’y a plus de choix, plus de probabilité ce qui est une hérésie par rapport à la théorie des jeux, où la question de l’intersubjectivité, du dialogue est toujours en arrière-fond (le fameux Ich und Du de Martin Buber, contre lequel Rosenzweig, puis Lévinas ont tant protesté). ça calcule en lui sans que le sujet n’y puisse rien ; ce sont des mouvements de foule qui provoquent sa certitude anticipée (expression reprise du stade du miroir), dans une temporalité qui est déterminée par les mouvements des autres, du savoir qui se constitue fragmentairement et successivement (chacun des deux autres prisonniers reconnaît que les deux autres n’ont pas de rond noir dans le dos). Finalement il faut qu’il se précipite vers la sortie en criant « je sais », de peur que la précipitation des autres ne le laisse sur le carreau. Il faut voir que ce genre de temporalité, que découvre Lacan, n’a rien à voir avec ce que le bergsonisme (chez Pichon) ou la phénoménologie de l’époque promeut, c’est-à-dire l’opposition entre une temporalité « intérieure » et « extérieure » (« immanente » versus « transcendante » selon les termes de Husserl), et la notion d’une « décentration progressive » de l’enfant. C’est de l’Autre que la précipitation s’impose au sujet, un Autre qui est « source d’existence » et qui à tout instant le rejette (rejet imposé par des petits autres qui l’excluent, lui, comme conscience de soi). Un autre moment est évidemment dans la Causalité psychique, où l’os se trouve avec la notion que les phénomènes délirants, dans leur variété, ce qui leur est commun est la désignation : ils désignent le sujet, c’est une autre façon de dire que la sensorialisation ne compte pas, que le vrai critère, c’est la désignation du sujet. Puis Lacan trouve dans la structure du langage, avec les pronoms personnels, quelque chose de similaire. Lacan, qui a lu Pichon contre Jakobson, note que les shifters nous collent le langage sur le dos, mais que tout le problème est de savoir comment nous pouvons arriver à les assumer. Ce que j’ai reformulé en disant que les pronoms personnels sont à l’opposé de la nomination ; d’une certaine façon, tout pronom personnel est une insulte, voire pire. A partir de là, la question de la sensorialisation devient non seulement, comme il l’écrit, contingente, mais en quelque sorte caduque. L’affaire n’est vraiment pliée qu’avec l’article D’Une question préliminaire, où la « localisation » du discours intérieur, son « attribution » en des voix hallucinées est présentée dans une dialectique temporelle, comme la façon dont la distribution des personnes se fige. J’ai consacré une partie de mon séminaire de l’an dernier (Insulte, nomination, diffamation) à cette affaire, en montrant d’ailleurs les traces de cet effet chez les linguistes qui ont de près ou de loin fréquenté Lacan. Mais on peut également repérer que les différents « styles » de phénomènes élémentaires que j’ai décrits dans Secrétaire de l’aliéné aujourd’hui sont également pris dans cette sorte de dialectique – le plus nettement, d’une certaine façon, avec les phénomènes maniaco-dépressifs d’impossibilité de coupure de la chaîne signifiante (« non-fonction d’objet a » dans le séminaire l’angoisse), ce qui permet de mieux saisir ce que Minkowski avait entrevu comme « pathologie du temps vécu » ou Cottard avec la notion d’un sentiment délirant d’éternité mélancolique. Damien Guyonnet –Ainsi, la référence au langage, à la chaîne signifiante est essentielle. Et le corps dans tout cela ? Quelle place tient-il au sein du phénomène hallucinatoire ? François Sauvagnat. Je crois que les choses sont claires dès le départ, le phénomène hallucinatoire se présente au minimum comme intrusion dans le corps, ou bien plutôt comme perte des limites du corps, c’est à mon avis d’ailleurs ce qui donne à la topologie de Lacan sa pertinence – je suppose qu’après la publication du séminaire sur l’identification, il en sera beaucoup question. Du côté de la clinique des phénomènes élémentaires, on peut opposer les « styles » où la structure du corps reste partiellement refermable –la paranoia, sauf que dans ce cas, il n’est pas rare que les sujets en question présentent des troubles hypocondriaques, bien décrits par Benedict Morel, ou encore, ce que l’Ecole de Bonn par exemple appelait les « troubles basaux » -- et les autres cas où le corps est plus brutalement affecté, vécus télépathiques, échos, discordance schizoprénique (qui est à mon avis le modèle de base de la notion de dénouage des différentes dimensions chez Lacan), carapace autistique, délire de négation ou vécu de toute-puissance dans les troubles maniaco-dépressifs. En fait, la clinique des phénomènes élémentaires, telle qu’elle est décrite par les différents cliniciens qui s’en sont occupés, oscille perpétuellement entre quelque chose de verbal, signifiant, idéatif, et quelque chose de corporel. Un exemple fameux est ce que K. Jaspers décrit comme Wahnbewusstheit, qui est une sorte d’intuition envahissant le sujet « globalement » dans son corps. Il ne faut pas oublier que chez Lacan le signifiant s’oppose à l’objet, dont le point d’origine est l’ »objet transitionnel » de Winnicott. Celui-ci se présente comme un objet non consommable, séparateur, qui fournit une logique à l’objet pulsionnel, en le situant dans une faille de l’Autre, mais aussi comme compensation de cette faille. Du coup, on a en quelque sorte une double articulation, bien éloignée il est vrai de ce qui est décrit en linguistique : le phénomène élémentaire porte sur un certain mouvement du signifiant, oscillant entre le vide de signification et la désignation, mais également il qualifie le type d’objet en cause, non-séparateur. Damien Guyonnet :Selon vous, existe-t-il chez Lacan plusieurs théories du phénomène hallucinatoire ? Ou devons-nous plutôt parler de différents abords ? François Sauvagnat : Il est évident que selon les époques de son enseignement il les envisage en fonction de ce qu’il est en train de développer ; je ne suis pas sûr qu’il y ait à vrai dire une « théorie lacanienne des hallucinations », il y a plutôt une série d’efforts pour en rendre compte, et je serais d’accord pour parler par exemple d’abords, de points de vues successifs ; il est certain que le fameux point d’entrée par la paranoia ne met pas au premier plan l’hallucination ; Lacan joue alors Kretschmer contre les organicistes, dans une configuration institutionnelle où les premiers dispensaires de santé mentale, issus d’expérimentations réalisées pendant la première guerre mondiale (voir la thèse de Suzanne Yang), sont mis en place ; Kretschmer est important parce que malgré le caractère un peu baroque de ses constructions théoriques, il travaille sur les mécanismes de déclenchement et de stabilisation ; il faut bien noter qu’il était un des seuls germanophones à continuer de parler de paranoia après 1918, la paranoia étant comprise comme une psychose particulièrement « curable ». A partir de ce point de départ, Lacan va explorer toute une série d’aspects, dont on peut se demander s’il vaut mieux les considérer comme liés à des « changements de paradigmes », ou plutôt à des aspects complémentaires. Je serais à vrai dire tenté d’insister sur le deuxième aspect, qui a été mal exploré à cause d’une part du caractère un peu ingrat de la littérature psychiatrique (et pas seulement en allemand), et d’autre part parce que les citations de psychiatres par Lacan se font beaucoup plus rares après les années 1940. D’où un certain nombre de malentendus, certains croyant que par exemple la notion de phénomène élémentaire n’était plus opérante après les années 1950, d’autres que les phénomènes élémentaires n’apparaîtraient qu’au moment de la décompensation, ou encore que les phénomènes élémentaires ne seraient pas corporels, etc. Globalement, je pense que ce que j’ai décrit dans « Secrétaire de l’aliéné aujourd’hui » constitue une sorte de stock implicite pour Lacan, où il puise sans avoir à référer à ses sources – il faut voir qu’il n’a jamais arrêté sa pratique psychiatrique, qui pour lui allait de soi. Ceci dit, on a effectivement toute une période où il est particulièrement préoccupé de questions de nomination (les phénomènes élémentaires, et en particulier les hallucinations interrompues et les insultes, sont le signe de l’échec de la nomination), puis toute une période où il élabore l’objet a comme « deuxième pôle » permettant de discriminer des styles différents de décompensations et de stabilisations, puis l’époque où le problème principal devient le serrage de l’objet a à partir des différentes dimensions. Damien Guyonnet –Dans vos travaux sur les hallucinations verbales, vous avez beaucoup insisté sur la notion d’énonciation. Pourquoi ? Lacan disant du sujet psychotique qu’il se suffit de l’Autre préalable, celui du premier étage du graphe, on a tout simplement l’idée que la question de l’énonciation, inscrite sur le 2ème étage du graphe, est évacuée dans la psychose. Dès lors, en quoi cette question de l’énonciation serait-elle concernée et convoquée par le phénomène hallucinatoire ? Comment la situez-vous au regard de la problématique hallucinatoire ? François Sauvagnat : Il y a quelque chose de paradoxal dans cette notion lacanienne d’énonciation : elle saisit d’un seul bloc deux versants contradictoires. D’un côté, elle vient de la linguistique francophone et est donnée comme devant caractériser la « parole en acte» opposée à la langue, ce qui est habituellement compris comme renvoyant finalement à une sorte de psychologie du locuteur qui ne voudrait pas dire son nom ; c’est beaucoup plus vague que ce que Lacan essaie de faire. De l’autre, on la trouve aussi souvent confondue avec la notion de performatif, dont on connaît l’immense popularité, avec la philosophie dite « analytique » avec les applications qu’en ont réalisé les mouvements LGBT, « coming out », les prises de positions queer, etc. Il n’y a toujours pas de terme correspondant en anglais, personnellement j’oscille entre « enunciation », qui est un terme en usage depuis le XVIe siècle, et veut dire soit « prononcer » (au sens phonétique de « bien prononcer », et assez souvent « parler distinctement pour être bien compris») soit proclamer publiquement, et donc, il faut immédiatement expliquer que Lacan donne au terme un sens tout à fait différent, et parfois je propose « énonciation », en jouant sur le fait que la frontière entre le français et l’anglais ne s’est jamais totalement refermée – par exemple, s’agissant d’escrime (fencing) une épée se dit en anglais (c’est-à-dire en anglo-normand) « épée » (prononcé /ipi/), alors qu’ailleurs elle se dit sword. D’un autre côté, il y a quelque chose que Lacan maintient de part en part, c’est la notion que l’énonciation, fondamentalement, vient de l’Autre. Ma thèse est que quand Lacan parle d’énonciation, ce à quoi il se réfère, ce sont les démêlés du sujet avec le surmoi (au sens évidement de surmoi sadique, dont le cas extrême est l’Autre persécuteur) ; le « style », « dire », « qu’on dise » de l’Etourdit en sont des variantes, tout autant me semble-t-il que ce qu’il appelle l’ »acte ». Il y a en fait une sorte d’oscillation : dans certains textes, l’énonciation est carrément référée au surmoi (Kant avec Sade) ou à une hallucination ; dans d’autres, il s’agit de situer ce qui peut faire qu’un sujet puisse « prendre la parole » (séminaire sur les psychoses), ce qui autorise sa séparation d’avec l’Autre. Ceci est particulièrement le cas dans Subversion du sujet. Quand on regarde bien, ce versant est tout entier articulé à des formes de négation par rapport à l’Autre surmoïque : bien entendu il y a un « qu’il ne sache pas !» fondamental (ou encore, comme disait J-A Miller dans son J. Lacan et la voix, que j’ai publié il y a une vingtaine d’années, « tais-toi ! ») il y a l’opposition pichonnienne entre forclusif et discordantiel, et également une étonnante articulation entre le discordantiel (je crains qu’il ne…) et la structure du fantasme du névrosé, ce qui fait que quelque chose l’autorise à dire « moi je » (personnaison étoffée de Damourette et Pichon) et donc à passer d’un statut « non-nominant » du pronom personnel à quelque chose qui autorise une certaine substance au fantasme, un « tissu », et par là au sujet. Alors que le psychotique en reste, indique Lacan à un « Autre complet », indécrochable, dont la structure a d’ailleurs été décrite par le cross-cap. Du coup, la fonction des pronoms personnels se réduit à la « personnaison ténue » pichonnienne, le sujet n’ »échappe pas » à l’Autre. Phénoménologiquement, cette impossibilité d’échapper au « savoir de l’Autre » peut se signaler au sujet par toutes sortes de signes, certains pouvant être sensorialisés, allant de sifflements d’oreilles à « une certaine intonation », ou encore « un certain regard », ou encore telle ou telle autre circonstance qui lui fait signe, qui lui montre que dorénavant, il n’a plus aucune possibilité d’échapper au savoir de l’Autre. Un patient, dont je me suis occupé alors qu’il avait vingt ans, me racontait que le moment clé pour lui avait été quand il avait cinq ans, il voulait empêcher un chat de « faire du mal à une chatte » ; le chat se retourne, lui lance un regard qui le transperce. Un-Chat en quelque sorte. Depuis ça, il était schizophrène. Si on prend la chose de cette façon, on peut également y réintégrer ce que Lacan fait avec la fonction séparatrice de l’objet a, particulièrement dans les troubles maniaco-dépressifs. Implicitement, Lacan fait référence à la fuite des idées qui est aussi une fuite du discours. Si on essaie de reconstruire ce qu’il propose en disant qu’il y a une « non-fonction de l’objet a », on peut considérer que pour lui, le « négativisme » décrit par Cotard est une façon de parler de cette non-fonction ; à partir de là, on a plusieurs cas de figure : dans les « intervalles libres » le sujet est arrivé à reconstituer quelque chose qui lui sert en quelque sorte d’objet a, mais qui n’en a évidemment pas toutes les caractéristiques (par exemple, dans les travaux de l’Ecole de Heidelberg, les auteurs décrivent une « hyperidentification »), qui lorsqu’il fait défaut, provoque la décompensation, j’en ai donné quelques exemples dans le petit ouvrage sur CF Meyer publié chez Anthropos ; ce rejet pouvant se faire dans deux grandes directions, soit mélancolique, soit maniaque. Le noeud borroméen, lui, est décrit comme « je te demande de refuser ce que je te donne, parce que c’est pas ça », où on a donc deux négations, c’est évidemment autre chose que « tu es celui qui me suivra(s) », mais il faut tenir compte du fait que « tu es celui qui me suivra(s) » forme « naïve » de la nomination (empruntée à Pichon) avait été corrigé par Lacan avec « il ne savait pas qu’il était mort » ; le noeud borroméen insiste évidemment sur les modes de construction et de déconstruction de l’objet a, l’ombilic du sujet. Damien Guyonnet –Interrogeons-nous maintenant sur la question de la prise en charge thérapeutique des hallucinations. Est-elle possible ? Et si oui, en quoi consiste-t-elle ? François Sauvagnat : Je crois que toutes ces élaborations par Lacan sont des pistes intéressantes, qu’il faut toutes considérer. Si les hallucinations sont toutes le signe qu’une certaine forme de nomination a échoué, reste à penser la multiplicité des modes de parade à cela. Premier point, jusqu’à quel point est-il souhaitable de chercher à éliminer le vécu hallucinatoire (le risque étant des modes de laisser tomber peu souhaitables), l’hallucination ne réalise-t-elle pas un mode fort désagréable de nomination, de vocation, mais qui peut être mitigé – par exemple, dans le cas de Schreber, il est certes appelé à devenir une femme, mais… dans plusieurs siècles ! concernant des possibilités de mise en place d’un équivalent d’objet séparateur. Je crois que nous avons à considérer ce qui pourrait marcher comme effet séparateur au regard de l’exigence de nomination. Damien Guyonnet –Pour finir, j’aimerais que l’on aborde la question des hallucinations verbales chez l’enfant. Vous avez pu distinguer plusieurs types d’hallucination et vous intéresser à leur repérage, en en soulignant la nécessité. Pouvez-vous nous dire en quoi ce repérage est si important, et pourquoi bon nombre de cliniciens peinent à l’effectuer ? FS : Il est évident que tout le monde répugne à envisager les phénomènes hallucinatoires chez les enfants. Il faut aussi tenir compte du fait que l’enfance, c’est le monde du secret. Les prises en comptes de l’enfance oscillent entre des hyperboles : l’enfance divine et quelque peu gothique des poètes des lacs (Lake poets : Wordsworth, Coleridge, etc.), l’enfance comme « développement », l’enfance comme piraterie (Barrie), l’enfance comme humanité idéale chez un certain nombre de pédagogues, l’enfance comme diabolique (Lord of the Flies) ; Freud, assez largement, identifiait l’enfance comme l’âge du comique. On pourrait proposer, en remplacement de l’ »in-fans » (l’enfant sans paroles) l’enfance comme âge du secret, l’enfance comme l’époque où l’énonciation reste une affaire tout à fait problématique -- le langage reste d’ailleurs une affaire tout à fait mystérieuse --; Monique Wittig, dans l’Opoponax, identifie en quelque sorte l’enfance comme l’âge du « on », de la non-personne, qui est une forme grammaticale commune au français et à l’allemand. L’On-fance, en quelque sorte. Je constate néanmoins que la répugnance des cliniciens – je pense par exemple à Misès – repose sur l’idée qu’il faut éviter d’avoir la main trop lourde, qu’il faut ménager les possibilités d’évolution, etc. par rapport aux déterminations sociales. Ce qui est autre chose que la notion classique selon laquelle, l’enfant n’étant pas doué de raison, délire et hallucinations seraient des questions qui ne se posent pas (position de Pichon ou d’Henri Ey, mais aussi de Lacan jusqu’aux années 1940). C’est aussi différent de la position développée par les tenants du « tout-autisme » : il n’existe que des troubles du développement, mais pas de folie. Néanmoins, on constate que de plus en plus d’études font état de l’existence d’hallucinations chez des enfants, certainement pour des raisons pas très rassurantes, en particulier les nouvelles techniques de traitement par stimulations corticales. Pour ma part, je me suis intéressé aux types d’hallucinations qui pourraient être spécifiques chez les enfants (stéréotypies, écholalies), en tentant de les comparer aux styles d’hallucinations décrits par Lacan (hallucinations désignatrices et/ou interrompues ; néologismes). Il me semble que cette comparaison tient toujours, même si on trouve également toute la série que j’ai décrite. Damien Guyonnet –Finalement, considérez-vous qu’il existe une spécificité du phénomène hallucinatoire chez l’enfant ? François Sauvagnat : Je crois qu’il y a plusieurs particularités en effet. D’un côté, il y a toute une variété liée aux types de réponses que l’entourage a pu faire à l’enfant lorsqu’il a manifesté ses phénomènes hallucinatoires ; il y a des moments où le vécu délirant de l’enfant ne peut faire autrement que s’exprimer assez brutalement, mais il y a également toute une série de réponses, ce que Freud appelait tout à fait classiquement symptômes secondaires, qui vont permettre ce que j’ai appelé un certain camouflage des hallucinations, notamment par des phénomènes d’attributions (qui parle ? Quelqu’un d’autre ? Un monstre, un organe, une machine ?), qui auront tendance à se mouler plus ou moins sur ce que l’enfant perçoit comme acceptable par l’entourage. Deuxièmement, il y a tout un espace qui est celui du jeu, reconnu comme zone autorisée pour toutes sortes de possibles, et d’autant plus avec l’introduction assez massive dans le domaine occidental de jeux d’origine japonaise depuis les années 1970, où les monstres les plus variés ont cours, ce qui a largement renforc�� l’espace de l’enfance, l’ « au-delà du miroir » de Lewis Carroll, le monde de l’enfance de Barrie ou encore les personnages magiques dans la tradition anglaise. A partir de là, on peut avoir toutes sortes de descriptions, avec au contraire une certaine dose d’exagération fabuleuse, qui fournit évidemment un texte, notamment sur les événements de corps, sur lequel nous pouvons intervenir. Troisièmement, il faut voir que l’enfance, c’est une zone de traductions. C’est le passage d’une langue à l’autre… rappelons-nous l’idée des stades pulsionnels, compris au départ quasiment comme des langues, ou des juridictions différentes (Freud s’appuyait sur les traditions espagnoles des « fueros », privilèges locaux octroyés lors de la reconquista.) Tout se passe comme si l’enfant était sans arrêt en train de passer d’un code à l’autre, ces codes étant marqués par une certaine plasticité, justement propre à l’enfance, au moins pendant un certain temps. Il y a certes des moments traumatiques -- les phénomènes élémentaires sont également des moments traumatiques, avec les menaces de déclenchements, voire les déclenchements effectifs -- mais le réel dont ils témoignent garde quelque chose de relatif, tend à être lost in translation, qui a pu faire penser par exemple qu’il n’y aurait pas de véritables dépressions dans l’enfance. Quatrièmement, il y a ce moment de butée qu’est l’adolescence. Jusqu’à l’adolescence, d’une certaine façon, l’enfant peut avoir le sentiment que son statut, ce qu’il peut expérimenter comme être (ce que Lacan appelle « être pour le sexe » dans l’Introduction à l’édition allemande des Ecrits) reste pris dans les royaumes du phallus maternel ; avec l’adolescence, on entre dans le fonctionnel, le désir ne peut plus méconnaître ses buts, l’appel au père devient radical, le sujet se retrouve seul, la question est alors : quelles sont ses armes ? Et le sentiment qu’on peut avoir, notamment vis-à-vis de sujets qui passent à l’acte évidemment, c’est que l’adolescence, par rapport à l’enfance, peut être un moment d’épuisement des possibles, le moment par exemple où la fonction paternelle se réduit à la figure de l’homme masqué (der vermummte Herr de Wedekind). Ce qui fait que les interventions que nous sommes amenés à faire, avec des enfants qui sont au seuil du déclenchement, apparaissent particulièrement efficaces, par rapport à ce que nous pouvons constater avec des adultes, chez qui les phénomènes peuvent apparaître beaucoup plus figés. On a souvent l’impression que chez les enfants, il y a des capacités d’irréalisation qui permettent, une fois les vécus hallucinatoires ou désignateurs exprimés, de trouver d’autres solutions à la forclusion, d’autres domaines de possibilités… il n’est pas rare qu’un enfant puisse en dire après coup que ça ne fait plus rien, voire qu’il en s’en souvient plus… jusqu’au prochain épisode. Le dernier point concerne la question de la structuration du sujet vis-à-vis des phénomènes élémentaires. Il est important de différencier : Les cas où la structure de la psychose infantile schizophréniforme s’est nettement imposée, l’envahissement est massif, les limites du corps sont à reconstruire à chaque instant, ce qui n’empêche pas qu’il existe la plupart du temps des zones où le contact à autrui est préservé, comme dans le cas Schreber (dans ce cas j’ai montré que deux zones pouvaient être repérées, une zone composée à partir de la notion du « semblable », quelqu’un à qui « la même chose pourrait bien arriver », et une deuxième composée à partir de la relation à l’idéal). Les cas « à la Ernst Federn » où au contraire les phénomènes élémentaires se sont imposés à certains moments mais ont pu être « bloqués » de diverses manières, Les cas de type « carapace autistique », structurés à partir d’un type d’ »écriture » Ce dont je viens de parler concerne plutôt le deuxième cas de figure, dont il ne faut pas néanmoins négliger la variété.
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questions concernant l’ouvrage “Le trauma psychique, aspects cliniques, éthiques et politiques.”
François Sauvagnat répond à quelques questions concernant son ouvrage Le trauma psychique, aspects cliniques, éthiques et politiques. Anthropos 2007. Question: Dans l' ouvrage que vous avez dirigé, Le trauma psychique, aspects cliniques, éthiques et politiques, vous semblez vous fixer un pari impossible: rendre compte de l'ensemble des paradigmes du trauma actuels; or nous sommes actuellement envahis par cette notion de trauma, il n'est pas un homme politique qui ne revendique d'"être du côté des victimes" , les mass-medias sont tissés de rhétorique du trauma. F. Sauvagnat: Je n'ai pas prétendu rendre compte de l'ensemble des paradigmes actuels; je souhaitais plutôt dessiner les grandes articulations de cette thématique, qui comme vous le soulignez, a tendance à tout envahir. Jaspers écrivait déjà, en 1913, en citant le Michael Kohlhaas de Kleist, que ce qui est le plus compréhensible, c'est le préjudice. Ce que j'ai souhaité, c'est décrire l'hétérogénéité des situations, des événements, des discours sur le trauma, et montrer comment on passe subrepticement, grâce à ce mot magique, d'une forme de discours à une autre. Mon point de départ était la constatation d'une confusion beaucoup trop fréquente entre les domaines; on peut dire que cet ouvrage est à situer dans un "après l'affaire d'Outreau", non pas pour prendre parti (qui est allé trop loin: les accusateurs des "parents abuseurs" ou les accusateurs de la justice?), mais pour montrer à quel point des logiques différentes -- contradictoires, mais qui ont tendance à se chevaucher, voire à se confondre -- sont à l'oeuvre. C'est de cette façon que les auteurs ont été sélectionnés: par les éclairages qu'ils pouvaient donner soit sur une distinction, une définition de telle ou telle forme de trauma; soit par le déploiement d'une stratégie, d'une revendication; soit par l'explicitation d'un processus thérapeutique. Question: Votre choix de présenter ces trois aspects, clinique, éthique, politique est-il à comprendre dans cette perspective? F. Sauvagnat: Ce choix s'est imposé de lui-même; la clinique, telle que nous la concevons du point de vue psychanalytique, implique d'emblée, et de part en part, la notion de trauma (c'est le sens du chapitre confié à Zvi Lothane sur les différences occurrences de la notion de trauma chez Freud); restait bien sûr à en décrire les différents versants, qui sont incontestablement contradictoires. Question: Qu'en est-il de l'éthique? Y a-t-il un rapport avec ce que vous avez développé dans les années 1980 et 90 comme spécificité historique de l'éthique freudienne? F. Sauvagnat: Vous savez que Lacan a su retrouver chez Freud une inspiration anti-kantienne (dans son Kant avec Sade où il montre que Das Ding, dans l’Esquisse d’une psychologie scientifique de Freud doit être lue comme une sorte de grimace sadienne faite à l'impératif catégorique kantien); ce que j'ai mis en valeur il y a près de trente ans est la façon dont Freud se situe lui-même dans une objection à l'éthique "évolutionniste", éthique dont nous ne connaissons, dans l'espace francophone actuel, que des échos atténués. En revanche, dans l'espace anglo-saxon, ce type de notion est beaucoup plus brutal et a fonctionné sous des formes diverses depuis un siècle et demi, notamment sous la forme du "darwinisme social", toujours très actif d'ailleurs. Ce qui est intéressant est que cette notion d'un Autre radicalement susceptible de produire du trauma est certainement fondamentale chez Freud, et qu'elle dépasse de loin la question de la "neurotica", c'est à dire de savoir si le sujet a ou non été abusé "réellement " dans son enfance; Freud hésite constamment entre la notion que oui, il y a eu une mauvaise rencontre, et celle selon laquelle le sujet a en quelque sorte composé sa propre traumatisation à son insu; d'ailleurs, dans la première esquisse du fantasme fondamental, il oppose l'hystérique, toujours traumatisée, et l'obsessionnel, toujours traumatisateur dans sa "pensée magique". Mais il y a aussi chez Freud la notion du trauma inévitable, assez proche de ce qu'il dit de l'anankè, en s'appuyant sur Multatuli – le premier militant anticolonialiste hollandais. D'où la notion que l'éthique se présente toujours chez Freud à partir du trauma, et le fait que chez lui, le terme renonce en quelque sorte à correspondre à une victimisation, en particulier lorsqu'il le reprend pour décrire la pulsion de mort. On a donc toute une série de possibilités, allant de la "victimisation" à la notion selon laquelle la vie n'est qu'un atermoiement d'une tendance plus fondamentale vers la mort. Question: Du coup, vous décrivez huit paradigmes propres à la psychanalyse . F.Sauvagnat : Effectivement, on peut montrer qu’il y a au moins un tel nombre de paradigmes du trauma distincts en psychanalyse – distincts voulant dire qu’ils peuvent être contradictoires -- tout un arc en ciel, qui est assez indépendant des implications juridiques du préjudice. Question : Les aspects politiques ne sont qu’esquissés dans votre ouvrage…. F. Sauvagnat : En effet, nous avons dû nous résoudre à insister sur trois aspects seulement : la question de la « reconnaissance de génocide » (J. S. Manoukian a présenté de façon détaillée l’exemple arménien), celle de la médiation (, qui est rès souvent invoquée comme pouvant indirectement "résoudre" des problématiques traumatiques), celle de la reconnaissance socio-psychologique d’une persécution, d'une véritable volonté d'annihilation (F. Erõs concernant la situation des Juifs en Hongrie après 1945). J'ai bien conscience par ailleurs que les débats religieux, par exemple, représentent une source particulièrement importante dans les discussions et les vécus du trauma. Il est certain qu’il y a eu d’énormes modifications dans la façon dont la victimisation est comprise politiquement et juridiquement, par exemple entre le début et la fin du XXe siècle. Prenons par exemple la notion de génocide. Avant le 20e siècle, dans un contexte colonial par exemple, des éradications d'ethnies entières ont été organisées, par exemple en Tasmanie, de façon méthodique et surtout sans vraie protestation -- alors même que les Britanniques ont été les premiers à abolir l'esclavage. A partir du moment où la notion de génocide était thématisée, juridiquement définie par Raphael Lemkin dans les années 1940 ses conséquences sont apparues tellement effrayantes qu'on a jugé nécessaire de l'élargir (en "mordant" sur les crimes de guerre) à des massacres ne visant pas la disparition de populations entières. A partir du moment où la chose est nommée, on est devant un point d'horreur qui fait reculer à en donner une mesure précise, si bien que le résultat est une impossibilité factuelle à différencier les crimes de guerre et les génocides, à définir une limite entre les deux -- le jugement récent du massacre de Srebrenica en témoigne assez bien. Question: Vous consacrez un chapitre à la notion de stress, en la situant historiquement, et vous avez même traduit un article de Hans Selye. FS: C'était particulièrement indispensable; cette notion n'a jamais été vraiment explicitée, et elle est omniprésente: elle constitue un contrepoint constant par rapport aux travaux psychanalytiques sur le trauma, et il était indispensable d'en montrer les grandes articulations.Le premier point est que, grâce à la découverte de l'épinéphrine par Jokichi Takemine en 1894, on en arrive à penser un mode de fonctionnement corporel qui, au contraire de ce qui avait été formulé auparavant, ne relève pas du système nerveux central, mais du système hormonal, activant directement le système sympathique, responsable d'un fonctionnant favorisant la musculature aux dépens des zones viscérales, le sujet , en situation de danger, devenant instantanément capable de répondre à l'alternative "fight or flight". La première phase est constituée par les travaux de Cannon, un médecin militaire qui expérimente pendant la guerre de 14-18 sur des chats mis en situation de danger, ce qui provoque la fameuse "décharge d'adrénaline" boostant en quelques secondes le système sympathique; puis viennent les travaux de Selye, qui impose véritablement la notion de stress, en insistant non plus sur l'augmentation de la capacité combative, mais sur son effondrement, c'est à dire que chez Selye, le "stress" est surtout compris dans la perspective du "distress". On est là dans une perspective assez éloignée des travaux européens -- que ce soit la variété des travaux psychanalytiques ou même la "réaction catastrophique" de Kurt Goldstein, que Lacan évoque par exemple dans son séminaire sur l'Angoisse --. La question est posée sur le plan d'un évolutionnisme très marqué par Mc Dougal: pour eux le véritable sujet moderne est un soldat, dont le corps est en quelque sorte libéré de sa partie viscérale, réduit à un comportement guerrier et la question est de savoir combien de temps la "décharge d'adrénaline" va lui permettre de tenir avant la décompensation. C'est bien Selye qui a rendu le terme stress si populaire, il l'assume explicitement, il prétend en fait fonder le sujet moderne sur cette notion, présentée comme physiologique. Question: Du coup, on a une contradiction maximale entre la notion de stress et celle de trauma? FS: Effectivement, le sujet du trauma est incontestablement le sujet Freudien, nourri par des auteurs comme Conrad-Ferdinand Meyer, Wedekind, Dostoievski, mais aussi Nestroy, un auteur comique, qui est par exemple cité en contrepoint de Hoffmann dans l'Inquiétante étrangeté -- c'est le sujet du sublime, mais au sens très particulier qu'avait donné Vischer à ce terme. Le sujet selyen, c'est celui de la lutte pour la vie, et on se préoccupe du moment où il va craquer; c'est une figure faulknerienne au mieux, mais plus généralement c'est le sujet "mis sous tension" de la performance. En même temps, il y a eu des lectures psychanalytiques du stress: Lacan dans son article sur les migraines a critiqué le caractère non-déterminant de la théorie, Spitz utilise le terme pour discuter l'hospitalisme, Devereux qui en fait une des composantes de la symptomatologie névrotique. Un moment curieusement déterminant aux USA a été la critique faite par George Engel, de l'Ecole de Rochester, un spécialiste de psychosomatique qui reprenant les travaux de Spitz, distingue le stress déterminé par une "attaque extérieure"("hyperarousal") et le stress déterminé par un manque de soutien("hypoarousal"), dans des cas de troubles psychosomatiques majeurs chez l'enfant, ce qu'il a appelé "helplessness /hopelessness". On a donc un double mouvement: on suppose que le vrai sujet, celui qui compte vraiment, c'est le sujet de la "décharge d'adrénaline"; et d'autre part, la théorie du désespoir acquis vient donner une réponse à la question de la limite de ce sujet "surpuissant" , qui a été formulée localement en termes de "théorie de l'apprentissage". Le résultat a été double: d'une part, un nommé Martin Seligman, qui a précisément importé la notion de désespoir acquis dans les" théories de l'apprentissage" en psychologie, a développé une "psychologie positive" qui consiste à lutter par tous les moyens contre le risque de l'"apprentissage du désespoir" et à "apprendre l'optimisme" grâce à des "valeurs" -- une thématique qui, culturellement, ne pouvait que plaire, et garantit à Seligman sa popularité locale; d'autre part cela a eu deux conséquences dans les techniques militaires. D'abord les techniques dites SERE d'endurcissement des troupes d'élite utilisent des renforcements de "points fragiles" pour aider les soldats placés dans des conditions extrêmes, mais en outre, lorsqu'il s'est agi, dans le cadre de la "lutte contre le terrorisme" de créer de nouvelles formes de manipulations psychologiques pour "retourner" des prisonniers, leur faire avouer quels attentats terroristes allaient être commis,etc. on a utilisé cette théorie en s'appuyant sur des données religieuses, anthropologiques, pour détruire les "modèles initiaux" des "ennemis combattants" (en plus des techniques de tortures "ne laissant pas de traces"), et cela a donné Abou Ghraib: l'idée était de provoquer une "impuissance acquise", selon des techniques mises au point par un élève de Seligman. Question: On passe donc d'une théorie du stress à une psychologie positive ... pour arriver à des techniques militaires d'endurcissement ou de torture? FS: Il y a eu d'autres applications, par exemple en relations humaines, lorsqu'il s'agissait de modifier la "culture d'entreprise" (en l'occurence, changer une entreprise publique en une entreprise privée) ; ce processus de changement est conçu par certains de ces praticiens comme devant procéder d'une renonciation à des modèles supposés routiniers "appris" antérieurement avant que le sujet "apprenne" des modèles "performants". Et pour cela, apparemment sans qu'ils se rendent bien compte de ce qu'ils faisaient -- ce sont des milieux où on est très anxieux d'imiter de modèles étatsuniens et où le niveau d'information est souvent parcellaire --, il leur paraissait apparemment nécessaire de provoquer une "impuissance acquise",dont certains résultats catastrophiques, notamment des suicides sur le lieu de travail, ont été médiatisés en France. Question: Vous évoquez également certains syndromes psychopathologiques où la notion de trauma est prévalente. FS: Oui, il se trouve que j'ai particulièrement exploré une des grandes "épidémies" facilitées par le DSM IV, le Munchausen par procuration. Au moins trois autres épidémies ont été suspectées d'avoir été provoquées par les insuffisances du DSM IV: le "spectre autistique", les troubles bipolaires, les troubles de l'attention-hyperactivité, semblent avoir été assez simplement déterminées par un élargissement des critères par rapport au DSM III (qui de son côté, avait provoqué la formidable "épidémie de personnalités multiples"), et on pourrait probablement y ajouter les troubles des conduites. Dans le cas du Munchausen par procuration, la catégorie évoquée est "trouble factice"; alors que le Munchausen est une lésion provoquée et entretenue secrètement par le sujet, le Munchausen par procuration est une traumatisation "réelle", une mère provoquant secrètement, par empoisonnement, manipulations diverses, etc. une maladie apparemment inexplicable chez son enfant.Or, on se trouve là dans un domaine qui conjoint trois difficultés: il attaque la notion de la "bonne mère"; il vise des zones où le savoir médical est, par définition, mis en cause (par exemple dans les cas de mort subite du nourrisson); il tend aussi à mettre en cause la compétence des soignants. D'où des phénomènes de panique: non seulement deux femmes nommées "mère de l'année" à cause de la façon héroïque dont elles avaient soigné leur enfant porteur d'une maladie qu'on estimait particulièrement grave, félicitées pour cela par la "première dame" aux USA, se sont retrouvées l'année suivante derrière les barreaux suite à une accusation de Munchausen par procuration, mais c'est aussi, en Angleterre, plusieurs milliers de cas qui ont été condamnés (avec peines de prisons et placement des enfants), jusqu'au moment où l'"expert" local le plus honoré, après avoir eu l'imprudence de faire condamner une avocate pour Munchausen par procuration, s'est vu demander des comptes sur les justifications de son diagnostic. Ses conceptions sont alors, brutalement, apparues tellement courtes et la tentative de "profil psychologique" proposé parallèlement par des auteurs étatsuniens tellement baroque qu'il a été publiquement désavoué, ce qui a provoqué un énorme scandale, plusieurs centaines de cas devant être rejugés, avec des compensations, etc. Sans compter les cas où on a des accusations croisées: l'hôpital accuse une mère, la mère accuse l'hôpital, celui-ci se retourne contre le praticien, etc. Question: On en a peu entendu parler en France, pourquoi à votre avis? FS: C'est -- en tant qu'"épidémie" -- essentiellement un phénomène propre au domaine anglo-américain, avec des prolongements en Australie, en Nouvelle-Zélande, etc. La criminalité féminine, la notion d'une volonté mauvaise féminine y est une notion beaucoup plus familière et acceptable qu'en France, la statistique comparée des peines de prison ne laisse aucun doute là-dessus. D'un autre côté la psychanalyse sous sa version francophone tend à considérer que le vrai sujet est un sujet féminin -- hystérique -- ce qui reste tout de même très exotique en territoire anglo-saxon, malgré tous les efforts des "cultural studies". Du point de vue chronologique, cette épidémie a succédé à l'épidémie de personnalités multiples, décapitée en quelque sorte par décision judiciaire, cette notion devenant un "diagnostic contesté" dans le DSM IV en 1994. Question: Le trauma est, à la fin du XIXe siècle, un phénomène essentiellement associé aux accidents ou à la guerre, avant que Freud ne s'en occupe. La plupart des travaux historiques insistent sur l'importance des travaux d'Oppenheim, sur les débats autour des névroses de guerre. Plusieurs chapitres de l'ouvrage que vous avez dirigé concernent cet aspect. FS: Effectivement, c'est un gros point de focalisation de la recherche en histoire de la psychiatrie, qui est lié à la question de l'expertise: les débats sont simulation VS "vrai trauma", ou encore "névrose de rente" VS hystérie VS "lésion minimale" avec diverses tentatives de trouver enfin un fondement biologique qui permette de justifier une pension , comme récemment le "syndrome de la guerre du golfe". Il y a là-dessus une littérature considérable, mais je préférais que notre approche reste clinique; trois chapitres présentent des cas cliniques particulièrement remarquables, dont ceux de D. Cremniter et D. Vallet. L'idée était de prendre quelque champ par rapport à la notion classique de victimisation, inclue dans le "syndrome de stress post-traumatique" (qui comme on sait prescrit en quelque sorte les pratiques de "debriefing" standardisé, voire d'"abréaction immédiate" dont les résultats sont plus que questionnables), pour laisser la place à la complexité des cas, et en particulier, poser la question de la place exacte de la logique du fantasme, des types de temporalités en cause, qui sont bien plus multiples qu'on ne le pensait à partir de la distinction classique entre amnésie et "flashbacks". Question: Vous suggérez qu'il y a une différence essentielle entre les vécus individuels du trauma et leur reprise collective.Pourquoi? FS: Il faut savoir que du point de vue international, la grande majorité des pratiques thérapeutiques tendent à être collectives. Je ne dis pas que ce soit forcément une mauvaise idée; il y a des cultures où parler de soi-même dans un cadre non standardisé, et seul, est absolument inenvisageable, surtout pour des militaires; des pratiques de groupe, habilement menées, ont certainement prouvé leur intérêt (voire le chapitre réalisé par un psychiatre de Split, en Croatie), notamment lorsqu'il s'agit d'évoquer des aspects particulièrement embarrassants comme par exemple des impulsions meurtrières envahissantes, beaucoup plus fréquentes qu'on l'imagine (et non indiquées par les descriptions standard du PTSD) comme cela a été rappelé récemment suite à des témoignages de "pilotes" de drones assistant en direct aux effets de leurs bombardements. Par ailleurs, une tendance lourde actuellement consiste dans l'usage de jeux vidéos spécialisés, remettant le sujet en situation de combat, dont les résultats semblent des plus hasardeux. Il existait classiquement des applications des théories kleiniennes aux vécus collectifs de guerre; on pense à Money-Kyrle, certains psychiatres militaires français, ou encore assez récemment Volkan, dans le cadre de la fondation de Jimmy Carter. Un des enjeux actuels consiste à mon sens à ne rien céder sur la complexité du trauma, et à montrer la variété, l'inventivité corrélative du sujet que l'expérience analytique est susceptible de mettre en oeuvre. A cet égard, il existe toute une tradition du stress, du désespoir acquis, qui n'est rien d'autre qu'un rabattement forcé sur le discours du maître; la question est de continuer à faire exister les potentialités ouvertes par le discours analytique. Copyright F Sauvagnat 2017
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ON THE SPECIFICITY OF ELEMENTARY PHENOMENA
Cultural differences and clinical definitions by François Sauvagnat From PsychoanalyticalNotebooks, Issue 4, Psychiatry and Psychoanalysis, Spring 2000.
Introduction
The expression ‘elementary phenomena’, as it is used in contemporary French psychopathology and psychoanalysis(phénomènes élémentaires), has been coined by J. Lacan1in his doctoral dissertation (1932) to designate minimal delusional phenomena, which, at least for a certain time, the patient can conceal or ignore, until they develop (if they ever do) into a full-blown delusional or hallucinatory experience. According to Lacan, these phenomena include the same structure as the delusional system which can develop out of them, and this is why, of course, the study of elementary phenomena has developed so strongly, as it became clear that they could express the core conflict the patient was besieged with. As we shall see, the Lacanian concept of ‘foreclosure of the father’s name’ is very strongly related to this clinical concept. Another noteworthy point is that this concept is strongly embedded in the continental psychiatric traditions, which can be opposed in this respect to the American or British psychiatric tradition, although Anglo-Saxon practitioners and researchers have made laudable efforts to integrate some French and German clinical research in the recent decades. An excellent indicator of this is the way eponymy functions. To French clinicians, le syndrome (d’automatisme mental) de Clérambault and le syndrome de Sérieux et Capgras, are classical designations of two sorts of elementary phenomena, respectively: 1. Auditory (but also sensory, motor, ideational) hallucinations. 2. Delusional misinterpretations that tend to be logically structured. According to Clérambault himself, the syndrome to which he vowed to give his name, had been previously described by Wernicke, a German psychiatrist from Breslau (now Wroclaw in Poland) under the name of Halluzinose, but he considered that his own description and etiological hypotheses were much more appropriate. In Eastern Europe, Polish and Russian psychiatrists traditionally refer to this syndrome as ‘Kandinsky-Clérambault syndrome’, considering that the Russian psychiatrist Viktor Chrysantevich Kandinsky (1849-1889) has been an important forerunner of Clérambault in describing this syndrome. Likewise, le syndrome de Sérieux et Capgras is a continental elaboration which was first inspired by one of Wernicke’s followers, C. Neisser. Neisser particularised the krankhafte Eigenbeziehungsymptom, which he considered as characteristic of paranoia (he called it the Kardinalsymptom der Paranoia), and in which the patient felt that he was being designated, pointed at, etc. Sérieux & Capgras added to this that the development of delusions, in this sort of case, followed usually a logical course, as the patient produced coherent and even rational interpretations about what he felt was happening to him, until he constituted a huge system encompassing all the prominent issues he was confronted with. Both syndromes refer quite clearly to what Lacan has called ‘elementary phenomena’: a clinical disorder of reduced dimensions that gradually overcomes a huge part of the patient’s personality, and of which it is the main symptom. Now, if we ask what the names ‘Clérambault’ and ‘Capgras’ refer to in the Anglo-Saxon linguistic area, we will find that Clérambault is famous for having described the ‘erotomania syndrome’, better known as ‘stalking’, which happens to be one of the most fascinating plagues of Hollywood, and Capgras is associated with what is presented as a ‘schizophrenic disorder’ consisting in the misrecognition of relatives, a condition which allows local clinicians to develop cognitive research programmes on perception disorders. Automatism mental does not seem to have attracted the attention of Anglo-Saxon clinicians, and the closest known syndrome is probably Kurt Schneider’s (from Heidelberg) ‘First rank symptoms’, elaborated at the end of the 1930s, which provides empirical criteria to detect schizophrenic conditions, and has been integrated in psychiatric manuals in Great Britain in the 60s, and in the USA in the 80s. If, on the other hand, you ask French clinicians how they feel about l’érotomanie de Clérambault, they will usually admit that it is a somewhat ill-constructed description of an unquestionably preoccupying disorder. As to the illusion des sosies de Capgras et Reboul-Lachaux, which is the exact designation of what is in English called ‘Capgras syndrome’, it is usually considered as a quaint patient observation of limited interest, which, according to its inventors, had nothing to do with schizophrenia as the patient was actually diagnosed psychose hallucinatoire. As it may prove useful to be aware of such historical determinations I shall: 1. Produce a sketch of the historical developments that have lead to the theory of elementary phenomena. 2. Describe the main types of elementary phenomena. Defining psychosis As elementary phenomena are supposed to be pathognomonic of psychoses, we cannot avoid a few reflections on the nature of the latter. The term ‘psychosis’ was first used by a German physician, Feuchtersleben,2in 1856, to describe an acute condition in which patients suffered from intense delusions and hallucinations, a definition which is still currently considered as the best possible by some clinicians.3As such, the term was opposed to neurosis, that is, the irritation of nerves. In the second half of the XIX century, psychosis was to be equated with madness, but what Feuchtersleben described would no longer be the only variety of it. On the whole, Feuchtersleben’s predominantly acute concept of madness was shared by most of the clinicians of the time. This was in particular the case of the French, who under the influence of Pinel and Esquirol, tended to consider that aliénation mentale was generally caused by the disappointment of passions, and that the disorder could manifest itself in several manners, such as mélancolie, manie, démence and idiotie; it was generally admitted that the same patient could show these derangements either separately or one after the other, but not necessarily in this order (that is, from the lightest to the more severe), this uncertainty corresponding to the very nature of passions. Another crucial point was that madness was thought to be curable through moral treatment, a liberal procedure applied under various names by that time throughout Europe and New England, which combined consolation, discussions, healthy food, lukewarm baths and more invigorating methods such as the administration of cold showers and even in extreme cases, superficial branding. Nevertheless, by the same period, in France, there was a lively debate over a curious phenomenon called monomania, defined as folie partielle, that is, partial —or part-time —craziness, which appeared to be much more frequent than the other mental disorders. This was especially at issue when unlawful acts came before a court, as psychiatric experts claimed that some of the culprits, although they displayed few or even no apparent symptoms during the trial, had actually suffered from delusions at the time they had committed their crimes. Of course the right-wing prosecutors and the relatives of the victim held that this was sheer nonsense: you could not be a madman just for a few instants, they contended. Madness had to be obvious and constant, otherwise the person should rather be considered as one of these blood-thirsty monsters who heartily operated the guillotine during the French revolution; no sensible being should pity them, and allthey deserved was a death penalty.4 Over the decades, the concept of monomania was more and more criticised, not only on forensic grounds, but also because it was dependent on the more general assumption that madness was a substantially continuous disorder, of which you could only sketch clinical pictures determined by the delusional themes that came to the fore. Under the influence of Antoine Bayle’s (1799-1858) ‘general paralysis’ model, the idea, inspired by Sydenham’s theory of medical diseases, that there should exist several separate mental conditions, and that they should have a specific course, from the prodromes to a particular final state, began to gain ground. One of its most prominent defenders was Jean-Pierre Falret, who, in his Leçons cliniques sur les maladies mentales (1850-1851), tried to promote a scientific programme to define separate maladies mentales. This is for us an important moment as Lacan, one century later, was to take the opposite view to Falret’s, as he wrote that the analyst should ‘make himself the secretary of the insane’.5 Jean-Pierre Falret and the prohibition to ‘make oneself the secretary of the insane’ J.-P. Falret began his investigation by criticising the current nosographic methods. The first method in use, which was especially characteristic of the founders of modern psychiatry, Philippe Pinel or Etienne Esquirol, was a ‘literary’ one, that is, it aimed at describing cases without much consideration for the actual circumstances of the disease, focusing mainly on the content of the delusions, and the result, he claimed, had only been the multiplication of unnecessary entities, like the dozen of monoamines described by Esquirol or his followers. Another method, trying to focus on different ‘types of diseases’, had notproved to be fruitful, for lack of clear principles on which it could rest. In Germany, two antagonist schools were confronted to each other, the Psychiker (contending that all mental diseases had an exclusively moral cause) and the Organiker (who elaborated exclusively physiological theories of mental conditions in spite of the paucity of actual knowledge in this domain), doing little more than adding to the reigning confusion. Obviously instructed by the debate over monomania, Falret proposed to envisage mental diseases as long-lasting processes, which could remain hidden for years, until diverse symptoms came to the fore —but even then, he contended, the symptoms were not necessarily a faithful image of the nature of this morbid process. The role of the clinician, he insisted, should not only be to portray faithfully what was before his eyes, but to trace out the nature of this inner process, no matter what its outer results could be. “We therefore declare, he wrote, that if you wish to discover the general states on which delusional ideas thrive and develop; if you want to know the tendencies, the directions of mind, the dispositions of feelings which are the source of all manifestations, do not reduce your duty of observers to the passive role of the insane’s secretary, of the stenographer of their speeches, or narrator of their actions: be convinced that if you do not intervene actively, if you write your observations under the dictation of the insane (aliénés), the inner state of these patients will be distorted as it passes through the prism of their illusions and delusions (délire)”. What Falret insists on is that ordinarily mental patients are deceiving themselves and deceiving others, in a manner that is not very different from the narcissistic misrecognition that can be observed in normal persons: ‘man never knows oneself’, he wrote. Falret proposes the example of the melancholic who, overwhelmed with sadness because he believes that he has committed the most heinous crimes or lost all his fortune, believes that his sadness is determined by these imaginary disasters. “Instead of subordinating these painful preoccupations to the general feeling of sadness which pre-existed under a vague form”.6 Hence, three major principlesare to be followed, according to Falret: 1. The clinician should pass from the role of observer to an active role, allowing the patient to manifest what he would not spontaneously express. 2. The clinician should study and characterise the individuality of the disease, so as to “subtract oneself from dangerous influences and arbitrary classifications”.7 3. The clinician should never separate a fact from its setting, from the conditions in which it has arisen, for “disease is nothing else than a series ofmore or less complex events, which the observer must present under their true colour, in their natural order of succession and filiation, and surrounded with all the circumstances in the middle of which they have occurred”.8 This led Falret to privilege the study of what he called ‘general states’ or ‘inner states’, which, alone, can permit a ‘scientific study’ of madness, in so much as they have been separated from the prism of subjectivity, and are ‘independent from the delusional ideas’. The result of this is that 1) the patient’s testimony should be taken as strongly biased, and 2) there is no regular relationship between what the patient actually utters and the underlying process. One of the main benefits of J.-P. Falret’s positions was the delineation, in the next decade, of two different disorders, folie des persécutionsand folie maniaco-dépressive, which could readily be viewed as having a specific course of their own. Nevertheless, what Falret could not foresee was the rapid evolution of neurology, and especially the research on aphasias, which allowed to relate, in the 1870s and 1880s, motor and sensory aphasias to specific neurological lesions. It was rapidly assumed that whereas lesions could provoke obvious deficits in speech performances, local irritations of the brain were likely to cause delusional disorders. This paved the way for the study of what was rapidly coined mécanismes de formation du délire, as it became clear that discrete mechanisms, like hallucinations, could be the motor cause for the constitution of a delusional world. The mental hallucinations and Séglas’ syndrome The first type of ‘mechanism’ that was described was the verbal hallucinatory mechanism. Hallucinations had first been defined by Jean-Etienne Esquirol in 1938 as ‘perceptions without an object’: “A man who is thoroughly convinced that one of his sensations corresponds to an actual perception, while no object capable of triggering such sensation is within the reach of his senses, is in a state of hallucination: heis a visionary”,9and it was clear for Esquirol that this applied mostly to visual hallucinations. But at the beginning of the 1850s, a discussion came to the fore among Parisian psychiatrists as to whether this definition was appropriate outside a ratherlimited range of pathological phenomena. Baillarger reported several cases in which patients had the feeling of being invaded by thoughts which at certain moments were described as hallucinations without any sensory quality. This he called hallucinations psychiques (mental hallucinations), and discussed whether they should be entirely separated from delusional misinterpretations (interprétations délirantes). Even though the debates failed to reach a satisfactory conclusion, hallucinations psychiques becamea classical issue, and as research on aphasia progressed, Jules Séglas,10at the beginning of the 1880s, proposed to consider that this delusional experience, which was also called ‘pseudohallucination’, to discriminate it from the official Esquirolian ‘perception without an object’, should be understood as ‘motor hallucination’, that is, as the autonomisation of the production of speech. Empirical evidence was soon to corroborate the idea that verbal hallucinations were generally not mere ‘sensory disorders’, but motor disorders, as it was shown that in most cases patients were actually pronouncing in undertones the hallucinations they claimed to be hearing. This led gradually to the idea that in a significant number of cases, the ‘motor hallucinatory mechanism’ was responsible for the formation of a psychotic syndrome, which became extremely famous in France under the name of psychose hallucinatoire chronique. As the hopes to discover a specific neurological lesion responsible for this gradually decreased, the idea arose that it could be caused by some psychological determination, and the debate between these two hypotheses continued as the psychoanalytic movement gained ground in France. In the 1920s, G. G. de Clérambault presented himself as a faithful follower of Séglas, and claimed that most of the psychoses (not including schizophrenia and the ‘passional psychoses’) were actually determined by what he termed automatisme mental, which he suspected to be caused by a superficial ‘serpiginous lesion of thebrain’; his theory was immediately challenged by Henri Ey, who in his Traité des hallucinationsadvocated that the explanation could not be that simple, as according to him the syndrome showed the double neurological modification described by Hughlings Jackson (liberation and deficit), but also the influence of ‘psychological complexes’ described by Eugen Bleuler. A few decades later,11Lacan will present himself as another follower of Séglas, especially when commenting on the patient who hallucinated theinsult ‘swine’ as she thought to herself “I have just been to the porkbutcher’s”, or on Schreber’s interrupted hallucinations. But of course his point of view was entirely distinct from that of Clérambault or Henri Ey, as he considered that this phenomenon was the manifestation of a ‘signifier in the real’, determined by the absence of a fundamental signifier allowing the subject to formulate a call and justifying his own separate existence. As a result, the basic Lacanian model of psychosis was not so much the Freudian concept of ‘loss of reality’ than the Schreberian Brüllenwunder, a phenomenon in which D. P. Schreber, when he refused to respond to the unceasing questions coming from God, felt that an unbearable yelling was coming out of his own throat, as he felt that the deity was abandoning him. Clemens Neisser, the ‘personal signification’ and its therapeutic applications Another sort of ‘mechanism’ was described by Clemens Neisser (from Leubus, Silesia) in 1892, at a time when German psychiatrists were attempting to reduce paranoia, and all-pervading category which was supposed to account for no less than 70% of the psychopathology, to more reasonable proportions —this dilemma was about to be solved by borrowing from the French their délire des persécutionsand identifying paranoia to this sole syndrome. Neisser considered that krankhafte Eigenbeziehungwas a constant phenomenon during the acute and stable phases of paranoia.12Patients with this symptom were certain that they were being pointed at, designated, etc. but claimed that they had no idea why this was done nor what it meant. By the same period, Meynert (Vienna) described what he called Beobachtungswahn, delusion of being observed, and most of the contemporary clinicians considered both syndromes as identical.13 Neisser set up a sort of a therapeutic programme in which incoming patients were to stay in bed for several days (Bettbehandlung) —a rather uncommon practice in mental institutions of that time —so that the ‘clinical picture’ should simmer down, as exterior solicitations were reduced to a minimum. Then in most cases, Neisser wrote, krankhafte Eigenbeziehungcame to the fore, and it appeared that most of the patient’s agitation had been nothing but an uncoordinated attempt to protecthimself from it. As soon as the Cardinalsymptomehad been confessed, the psychiatrist could get into therapeutic action, that is, show the patient that all his disorders could be reduced to the same symptom, and that it was some sort of an illusion. Although Neisser gives no indication as to the results, this method has become extremely popular in Germany at the beginning of the XX century, to such a point that when the promoter of activere Therapie, Hermann Simon, who was to become one of the main models of the French psychothérapie institutionnelle, tried to conceptualise his practice and find examples of what one should not do, all he could think of was the Neisserian Bettbehandlung, which he criticised for not being invigorating enough. When Eigenbeziehungwas incorporated into French psychiatry, it underwent a curious change: while Neisser said little of the delusional elaborations what were facilitated by the phenomenon, Sérieux et Capgras, in their book Les folies raisonnantes, considered that as a rule, Eigenbeziehung, which they translated by signification personnelle, was the core phenomenon of interprétation délirante(delusional misinterpretation), a mechanism in which the laws of logic were duly respected while the premise was false, and the rigorous construction through which the patient tried to explain why he was being designated led to an all-pervasive delusional system, taking much of the patient’s time and preventing him to become dangerous before long. A third type of mechanism, the mécanisme imaginatif, was proposed by Dupré, as the main way to constitute a délire d’imagination—what continental clinicians were to call paraphrenia after Kraepelin proposed this term in 1913. But it soon appeared that this mechanism was in fact a compound one, that could not be presented as a ‘primary’ elementary phenomenon. In fact the only elementary phenomena which can be claimed to have been sorted out later on are those of manic-depressive psychosis, schizophrenia and autism, as we shall see. What canwe expect from elementary phenomena? Lacan has given to the expression ‘elementary phenomenon’ at least four sorts of meanings: 1. The possibility to isolate discrete pathognomonic symptoms. 2. The possibility to sort out in non-triggered psychotic cases minimal symptoms which can sum up most of the following delusional developments, in a way quite similar to the ‘fundamental fantasy’ in the neurotic cases. 3. The possibility to find hints of the modes of stabilisation’s that can be foreseen in a givenpatient. 4. Most of the elementary phenomena imply some sort of a ‘subject supposed to know’, which characterise the structure of the Other. These phenomena can be dissimulated for a certain time, masked behind acting-out behaviours, personality traits,reluctance, etc. What is at stake in the enquiry about elementary phenomena is to find out what is the implicit structure of the Other, and how the subject tries to calculate his own existence; it is alsoclear that elementary phenomena are predominantly linguistic phenomena. Two sides can be differentiated: 1. Elementary phenomena as questions: this is evidenced by a perplexity, the feeling that one is confronted by an enigma, in a direct confrontation with the foreclosure of the Name-of-the-father. 2. Elementary phenomena as attempts to answer to the foreclosure of the Name-of-the-father (‘personal signification’, hallucinations, etc.). Most of the therapeutic manoeuvres that have been proposed are actually using these two sides, for instance in showing that the certainty about a delusional idea is in fact an attempt to respond to the perception of an enigma. Four main types of elementary phenomena have been described, which seem to be characteristic of paranoia, schizophrenia, manic-depressive psychosis and autism. Paranoia As we have seen, the elementary phenomenon of paranoia was the first to be described. It can be characterised as an essai de rigueur, as Lacan put it, or, if we use Frege’s (1892) differentiation between Sinn(meaning) and Bedeutung(denoting, designation), as an attempt to propose a hypothesis allowing to harmonise the discrepancy between the total lack of meaning experience by the psychotic confronted with perplexity (not only in his relationship to the outside world, as it can also manifest itself in bodily feelings in the case of hypochondriasis), and the unbearable designation he feels submitted to. S1....................S2 | Subject S1=Bedeutung, S2=Sinn Paranoia can be seen as a specificinstance of Lacan’s definition of signifiers, i.e., “a signifier is what represents the subject for another signifier” —which in its turn represents the persecutor. These patients have usually a particular talent to articulate a relatively systematised problematic, that can go as far as the ‘loss of contingency’ (E. Minkowski, P. Berner). The articulation between S1and S2allows a certain localisation of the jouissance of the Other (in a persecutor for instance), whichmakes paranoid delusions sound ‘understandable’ in a number of cases, and this in turn is susceptible to generate a so-called folie à deux. As we have shown, the analyst’s position should be one that allows to show the relativity of the link between S1and S2, in order to allow the patient some doubt about his ideas of reference; a classical manoeuvre consists in showing that the analyst does not know anything about the persecution, even if he is personally interested in the patient’s fate. Schizophrenia While in the German and in the Anglo-Saxon linguistic domains, the term schizophrenia tends to encompass several sorts of psychoses, in the French tradition, it only designates cases in which the delusional experience includes a notable degree of disorganisation and inadequateness. The RSI problematic, proposed by Lacan in the 1970s, was an attempt to elucidate this clinical issue. In his RSI seminar, Lacan considers the possibility that the real, the symbolic and the imaginary should not be articulated toeach other; this is obviously an attempt to address the issue of ‘discordance’, such as it was described by Philippe Chaslin (1857-1923),14a Parisian logician and psychiatrist. In this case, the question is not that of the articulation and separation ofS1and S2, but the point is that the subject is not submitted to a S1that allows him to be identified, and the S2lacks a sufficient consistency to localise the jouissance of the Other. The lack of articulation between R (the real), S (the symbolic) and I (the imaginary) has several consequences: 1. Lack of articulation between S and I, especially the incapacity to articulate the mirror image with the ego-ideal, and, as a result, the feeling of ‘identity’ will be artificial (‘as if personalities’ in the best cases, or various types of disorganisation of the body-image). 2. Lack of articulation between I and R, and the impossibility to localise the jouissance of the Other. We would be inclined to think that the so-called ‘paraphrenic’ phenomena (délire d’imagination in Dupré’s terminology, or psychotic mythomania, such as in the illusion des Sosies or illusion de Frégoli) are, above all, attempts to designate this lack of articulation. 3. Lack of articulation between R and S, determining an absence of articulation of the phallic jouissance and the capacity of separation. What is particularly striking in these cases is the variety of results of these lacks in articulation; while some patients will be able to stick to artificial ‘false selves’, others will tend to ‘let themselves go’, showing a predominantly ‘negative’ or ‘deficitary’ clinical picture. In other cases, the patient will manifest what has been termed ‘schizophrenic irony’, manifesting or acting out what he feels to be the total inconsistency ofthe Other. Among the reliable therapeutic manoeuvres that have been proposed for this lack of articulation, it seems that attempts to give the Other some sort of structure through a specific ‘knotting’ can be recommended. Manic-depressive psychosis There have been major variations within the psychiatric literature on whether specific mechanisms of manic-depressive psychosis are to be found; it seems clear that the predominantly ‘affective’ approach which has been advocated by a number of clinicians, as well as most of contemporary biological approaches, rule out the very possibility to find any. We have shown that it might be useful, as German psychiatric phenomenology advocates, to consider the question from the viewpoint of the ‘flight of ideas’ (Ideenflucht), and consider that melancholia (psychotic depression) is nothing else than a reversal of the flight of ideas, that is, the patient finds no sort of limitation to his guilt-feelings. In this case, the most obvious elementary phenomenon is an impossibility that the real should interrupt the chain of signifiers (R/S), and this is probably what Lacan means when he speaks about the ‘touch of the real’ in Television, or what he alludes to in the seminar on Anxiety, where he presents the flight of ideas as resulting from the fact that the subject is not ballasted any more by the object a. This would explain why, in the case of the mathematician Georg Cantor, who has been diagnosed manic-depressive, his main preoccupation was to construct several types of infinite, each of which is the limit of the previous one. In a recent book, I have shown that a Swiss writer, C. F. Meyer, who was hospitalised twice for melancholia, presented in his youth some elementary phenomena exhibiting the impossibility to give somelimits to the chains of signifiers he was confronted by; later in his life, he invented a special style of historical narratives (récits encadrés, i.e., ‘framed narratives’) which limited the expansion of the signifiers, and his psychosis was triggered again when he gave this method up.15 Autism It might seem surprising to envisage autistic elementary phenomena, since the obviousness of the disorders, in most cases, seems to leave little interest to the research of hidden elementary phenomena. However, the evolution of autistic children towards less pathological presentations is not seldom, and one should remember that Leo Kanner himself described cases in which patients, after years of evolution, could be presented as ‘pseudoneurotic’; besides, there hasbeen a growing interest in the last decades for ‘Asperger’ cases, in which the Kannerian symptoms were not always easy to retrieve. The impossibility to bear designation —be it by calling the person’s name, by touching his shoulders, or by eye-contact —is certainly a good candidate to be an elementary phenomenon of autism. But we must also remember that this impossible designation also refers to a second signifier, whose effects of meaning are usually experienced as totally disorganising, and autistics usually try to respond to it through stereotypes, in an infinite series of S1which are designed to avoid an unpredictable S2. In fact, two sides of the symptomatology are often to be observed: on one side, the subject attempts, through his stereotypes, tostop the hole of the Other, in a parody of ‘transitional object’; on the other side, he arranges a series of objects in an immutable order, in which he is in no way involved. This refusal to be involved is also manifested by the refusal to use properly personal pronouns of the first person. What is at stake is not the ‘absence of a theory of mind’ —as many autistic persons show that they accept indirect contact, and even use echolalia to ensure some sort of communication —but the structure of the Other, an Other which seems to be experienced as extremely threatening. It seems that in the case of autism, some ameliorations can be expected if the subject manages to elaborate differently the hole in the Other (i.e., the jouissance of the Other), by building up trajectories or objects that allow him to have a different relationship to this perplexing lack.16 Conclusion We have seen that the first attempt to consider psychosis beyond its obvious pathological manifestations had led J.-P. Falret to advise his colleagues ‘not to be the secretary of the insane’. We have tried to show that the consideration of elementary phenomena could help us to go one step farther, in so much as discrete elementary phenomena can give us hints on the structure of the Other by which psychotic patients are confronted. This leads us to a concept of ‘elementary phenomena’ which is quite different from what is usually suspected. While it has been upheld that the Lacanian concept of elementary phenomena derived directly from Clérambault’s theory of phénomènes basaux(indicative of a brain lesion), we have seen that this could not be the case. Lacan’s concept of elementary phenomena is mainly based on the assumption that the subject acquires a sense of being through his representation, orhis supposition, in language; a direct consequence of this is that elementary phenomena always have some sort of relationship to transference —even if it is a heavily delusional one —and this is not without consequences as to the position we should holdwith these patients. Notes:
Although the same expression has been used separately by Henri Ey in his Traité des hallucinations (Paris, 1934) to designate sensory phenomena related to localised lesions of the nervous system, as opposed to primary delusional experiences, it is quite clear that Henri Ey and Lacan are using the same phrase for entirely different phenomena; it is also clear that Henri Ey’s notion of elementary phenomena is in fact exclusive of psychotic cases.
On Feuchtersleben, see Hofmann, W.: Einleitung, in Hofmann, W. & Schmitt, W. Hrsgb.(1992): Phänomen, Struktur, Psychose, S. Roderer Verlag, Regensburg, p. 3.
The discussion on the ‘visibility’ of psychoses (psychosis understood as an acute state vs. psychosis as a process or a vulnerability) has been in constant debate since then. We shall see that the hypothesis of the ‘foreclosure of the father’s name’ has the advantage of being rooted in something else than the ambiguous notion of ‘loss of reality’ which is at the basis of the orthodox Freudian concept of psychosis.
In spite of what Ian Goldstein writes in her book Console and classify, International University Press 1981, monomania was not just an instrument used by alienists to acquire an official professional position; it was also a real clinical issue! For more details on the controversies over monomania, see F. Sauvagnat, Le clinicien saisi par le passage à l’acte in Revue Actualités psychiatriques, 18e année (Janvier 1988), No 1, p. 36-45.
J. Lacan, Le séminaire III: Les psychoses, Seuil, Paris 1981.
J.-P. Falret, Leçons cliniques de médecine mentale faites à la Salpêtrière par M. Falret. Extract from La Gazette des Hôpitaux, 1850-1851. p. 21.
J.-P. Falret, ibid. p. 22.
Ibid.
E. Esquirol, Des maladies mentales, Paris, 1838, t. I, p. 159.
J. Seglas, Leçons cliniques sur les maladies mentales et nerveuses, Asselin et Houzeau, Paris 1895.
J. Lacan, D’une question préliminaire à tout traitement de la psychose in Ecrits, Seuil, Paris 1966.
For more details, see our article: Histoire des phénomènes
élémentaires in Ornicar, No 44, 1988. This was constantly the case in Freud’s first papers on paranoia, between 1894 and 1896.
Chaslin (1912): Eléments de sémiologie et clinique mentales, Asselin et Houzeau, Paris, p. 176.
For more details, see our paper: Conrad Ferdinand Meyer ou le dévoilement mélancolique, post-face to Conrad-Ferdinand Meyer: Les souffrances d’un enfant, Editions Anthropos, 1997, p. 55-110.
For a comparison between current cognitivist views and Lacanian approach of autism, see our paper L’autisme à la lettre: quels types de changements sont-ils proposés aux sujets autistes aujourd’hui? in Du changement dans l’autisme,Actes de la Journée d’Etudes de l’Association Cause Freudienne-VLB, et du CEREDA, Rennes 1999, p.9-43.
Copyright © Francois Sauvagnat 2003
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Text
Psychotic elementary phenomena and ordinary psychosis.
François Sauvagnat (Paru en danois: Sauvagnat F: Psykotiske elementær- fænomener og ordinær psykose. Drift; Tidsskrift for psykoanalyse, 1-2, 2013, p 27-44.)
Introduction
The phrase" ordinary psychosis" is currently extremely popular in Lacanian psychoanalysis, in spite of the translation problems that have occured: in South American Spanish, "ordinario" is frankly derogatory, to such an extent that some colleagues have preferred "psychosis actuales", on the basis of the Freudian idea of "actual neuroses" (neuroses in which no symptom formation is obvious). In the following lines, we will discuss three points. 1) The difference between "ordinary/extraordinary" psychoses 2)The relationship between "ordinary psychoses" and elementary phenomena 3) The advantages and limitations of the notion. From extraordinary psychoses... The phrase “ordinary psychosis” was coined around 1997-2000 (Conversation d'Arcachon and Conciliabule d’Antibes) to designate forms of psychosis that did not have the “extraordinary” quality of cases like Pierre Rivière, DP Schreber, Georg Cantor, Otto Gross, V Kandinsky, Attila Jozsef, Ernst Wagner, John Nash or Aimée, which have to some extent become "classical" cases. If we try to specify what has made them such, we find that they: 1) Displayed unequivocally and publicly psychotic pathology 2) Were able to bear witness of their mental functioning, most of the time by writing their memoirs and sometimes with such precisions that they were able to criticize the accuracy of psychiatric knowledge of their time. Most of them have been the starting-point or have been paradigmatic of psychopathological and/or psychoanalytic elaborations: Pierre Rivière has represented an extreme case of monomania, by his capacity to dispaly alternatively common sense, full-blown delusions, and lies; DP Schreber , in his memoir, writes a full blown critique of Kraepelin’s theory and demonstrates his capacities to stabilize his psychotic experiences by transforming them into a religion; Georg Cantor has not only magistrally contributed to set theory, but made it plain that his pathology played a major role in that; Otto Gross has been a major contributor to the concept of schizophrenia; V Kandinsky, thanks to his auto-observations, has been at the origin of the Kandinsky-Clérambault syndrome;Attila Jozsef has personally contributed to psychoanalytic theory, Ernst Wagner has described at length his delusions of relation, written theatre plays, and been cited as a living example of paranoia, John Nash has claimed that his delusions appeared to have the same accuracy as the probabilistic formulas he has created and Aimée has contributed ample documentation, not only of the various moments of her delusional experiences, but also of her poetic talents. 3) They caused to a large extent some stirring or even scandal by exposing their pathology, mainly because their mental abilities did not allow to think of them in terms of mental deficit as they showed exceptional creativity. 4) All of them have been considered as exemplarily demonstrative cases and used as such by prominent clinicians, who were able to underscore the unique qualities of these individuals. In other words, the reception of their subjective experiences was not less important in making them look “extraordinary”, than their own message. Pierre Riviere‘s case was discussed by alienists of the 1830ies long before Michel Foucault exhumed it; DP Schreber has been a major occasion of psychopathological debates, not only by his own psychiatrists, but also by S Freud and a whole array of major psychoanalysts including J Lacan; Georg Cantor’s case has allowed Imre Hermann to elaborate his mathematical phenomenological and psychoanalytic theory of manic-depressive states, and J Lacan to complete his theory of object a as a “frame”; Attila Jozsef’s case has been used as an argument in the discussions on psychotic transference, schizophrenia and psychotic borderline states; Ernst Wagner’s testimony has been used by Gaupp and Kretschmer to implement their idea that paranoia could be curable, and he was presented in several psychiatric congresses as the living proof of the existence of paranoia as a discrete entity; Aimée’s case has been amply used by J Lacan to justify his psychoanalytic and kretschmerian theory of personality. Although psychiatrists and psychoanalysts have not been very prolific on John Nash's case, a few remarkable publications have nevertheless underlined the specificities of his delusional style (Sergio Laia; Alain Cochet's doctoral dissertation). ...to low-profile "ordinary psychoses" Whereas these cases can be said to be exemplary in all these respects and in some way, heroic, there is little doubt that the great majority of persons with psychotic symptoms present a much lower profile. They are bound to appear much more “normal” to the man in the street, even if that term traditionally inspires some diffidence in Lacanian psychoanalysts; they would not elicit much more than a highly ambiguous diagnosis of “borderline personality” from psychiatrists and mental health personnel;to the outside observer, they would not show a clear-cut “triggering” or breakdown from a previous "apparently normal" state. In other words, they are not bound to inspire special interest, sympathy or passion to clinicians; and they are also bound to be misunderstood as neurotic or even perverse cases. In spite of all that, whenever they have the opportunity - or the willingness - to express what’s really on their mind, they would mention psychotic elementary phenomena. These cases have been termed, since the publication of the volume entitled “La psychose ordinaire”, ordinary psychotics. They are currently considered much more difficult to diagnose than “triggered psychosis”, and of course they also have opened a wide field of interrogations about what we really know concerning the mechanisms of stabilization or defences a psychotic subject is able to display. Among these interrogations: 1) Is this really a new paradigm, ie are these cases different from “classical psychoses”? 2) To what extent does the classical lacanian theory remain appropriate to understand such cases? 3) Should the theory of elementary phenomena be modified? Insomuch as the Lacanian theory of psychoses rests mainly on the notion of elementary phenomena, we will start with the 3rd question , and then try to answer the two others. What are psychotic elementary phenomena? The phrase “psychotic elementary phenomena” is still not familiar to clinicians belonging to the Anglo-saxon cultural domain, in spite of several publications that attempted to clarify what was at stakes. It is essential to the Lacanian diagnosis of psychosis, but has been widely misunderstood even in some French-speaking circles. As I have devoted a number of papers to this theme, I will try to summarize the main features of this notion. Its origin can be traced back to German and French psychiatry at the end of the XIXth century – mainly in the circles that tried to make the best of the new neurological knowledge gained in the study of aphasic syndromes after 1870. The general idea was of course that if neurological lesions could be proven in the various forms of aphasia, the same was likely to be found in psychotic symptoms since language pathology was conspicuous in them. In fact, although the phrase “elementary symptoms” is to be found in Kraepelin or Wernicke, "basic phenomena" in Clerambault, “elementary phenomenon” proper is much more characteristic of Lacan himself, and as we shall see, he gave it a special quality which was hardly to be found before him. To make a long story short, the failure to find neurological lesions univocally responsible for psychotic symptoms had lead most French clinicians to fall back on the notion of “psychological mechanisms” constituent of delusional states. The notion supposed that in a given clinical case, what the French called a "tableau clinique", by tactfully questioning the patient, you could trace out the different layers of the delirium, constituted by the action of these mechanisms; sometimes, these mechanisms appeared to function in a pure manner, other times they were mixted, some of them appearing more "primary" and others more "secundary". For instance, a psychotic individual attempting to murder a political leader could have experienced verbal hallucinations, and secondarily tried to explain them as the result of the evil deeds from the politician’s party, to finally arrive at the conclusion that he had to destroy this man in order to restore the laws of the universe. This was for instance the kind of explanation favoured by the followers of Magnan. However, Régis, who studied at length this sort of case (which he termed “regicides”) found that in a majority of cases, the primal phenomenon was delusional interpretation, ie a delusional insight, a sort of revelation in which the person found that he had a mission to save humankind, and from which he gradually deduced the necessity to uproot the current sovereign. Another example: in their classical description of the "illusion des Sosies" (what is currently called "Capgras syndrome"),Capgras and Reboul-Lachaux expose the case of a female patient who showed a combination of hallucinatory, interpretive and imaginary mechanisms; while some of the imaginary phenomena (she feels that she should save detained babies) represented on one side an attempt to explain auditory hallucinations, some others (the belief that her relatives were being modified) were influenced by interpretive mechanisms. In fact, the examination of the various kinds of elementary components of madness and their combinations became characteristic of French – and to some extent of German psychiatry (especially Carl Wernicke’s Breslau school) at the turn of the XXth century. By then, a number of mechanisms had been differenciated: - various forms of verbal hallucinations, ranging from very sensorialized to “silent hallucinations” that were practically indistinguishable from delusional interpretations, - delusional interpretations, ranging from mere intuitions to highly rationalized explanations - imaginary mechanisms, believed by some clinicians followers of Dupré to be at the root of psychotic mythomania and megalomania - discordance, a mechanism described by Philippe Chaslin as being fundamental in schizophrenia - delusional negation, a mechanism proposed by Cottard as being at the root of psychotic forms of depression (“mélancolie délirante”). Whereas these mechanisms enjoyed overall consensual recognition, other mechanisms remained more controversial, like “pathological passion”, a mechanism Clérambault presented as constituent of “pure erotomania” and other “psychoses passionnelles” ; and there was some uncertainty over the mechanisms underlying manic-depressive disorders. Besides, if these mechanisms appeared as mainly intellectual, they were understood as being paralleled by corresponding bodily experiences. For instance a persecutive idea determined by a delusional interpretation could, at times, be replaced by delusional hypochondria; mental or verbal discordance could also be expressed by bizarre motor antics and/or by disorders in body structuration; delusional negation was described by Cottard as a discreet state of mind, a sort of constant pessimism which could convert itself into the idea that the environment did not really exist anymore, and that the patient's own body was rotten, destroyed and immortal. Nevertheless, it was understood that in paranoia, the subjective experience of body structure remained relatively intact, whereas the distortions were maximal in schizophrenia. It was clear to everybody was that these mechanisms were intimate, “primary”, and that they usually were not easy to express. Most of the time, patients displayed secondary symptoms, some of them direct defences against the mechanisms, some of them negotiated with the environment, as Arnaud and Clérambault had demonstrated in some cases of délire à deux, called délires imposés where a frankly delusional patient practically negotiated the recognition and justification of some aspects of his delusional experiences with a significant other, this latter person being a neurotic ready to admit a banal and readily understandable persecutory claim, but nothing more. Now what were the main changes brought about by Lacan? To make a long story short once again, at least three things. Lacan seems to have, from the start, considered that the basic phenomena (as Clerambault for instance called them) should be called “phénomènes élémentaires” and considered as constituents of what he called “personnalité”. He did not deny that some biological causality might be involved to some extent, but considered that the Freudian “psychogénèse”, the “causalité psychique” had a crucial importance in the shaping of elementary phenomena, because elementary phenomena appeared as extreme forms of meaning. He subsequently described it as an imaginary phenomenon of defence (mirror stage), but later (in his “return to Freud”) portrayed it as directly related to the intimate structure of subjectivity. Another essential aspect is the relationship between transference and elementary phenomena. I have shown that in his seminal description of the “primary symptom” of paranoia, August Neisser claimed that these patients constantly insisted that their interlocutor "would know" why they were besieged by feelings of relation – Neisser was Serieux & Capgras’ main inspiration to describe the délire d’interprétation, a crucial reference in Lacan’s theory of paranoia. In other words, elementary phenomena implied a "subject supposed to know." A third point concerns the analogy between elementary phenomena and the structure of neurotic fundamental fantasy. There is at least one common point, the designation of the subject, obvious in the case of paranoia. Paranoiacs are beset by the feeling that they are being designated, looked at, spied on. Now what Freud has shown about neurotic fantasy in “A child is being beaten", is that in his most repressed fantasy, the neurotic represents himself as an object. This implied that there is a clear continuum from paranoia to neurosis. Schizophrenia might seem to be excluded from this, but in fact, most of them can be shown to be oscillating between moments when they are “bodyless”, “nameless”, and disorganized, etc, and moments when they manage to build up some paranoiac traits, for instance some delusional vocation. This is crucial for what follows. In fact, one can find in Lacan two streams that present a certain antagonism: 1) On one side, there is the idea that elementary phenomena are embedded in or even constituent of personality, ie, as I have written, that elementary phenomena are analogous to the neurotic fundamental fantasy; that is, neurosis should be considered as an -- extreme -- variety of psychosis. This notion is frankly expressed in the 1970ies with the RSI model, but it was also there previously, as we shall see. 2) On the other side, the idea, initially influenced by Edouard Pichon, that the difference between neurosis and psychosis rests on the fact that a certain loss has been accepted in neurosis, which has been denied in psychosis; this supposes a sort of a qualitative difference between neurosis and psychosis. One of the main reasons why the notion of "ordinary psychosis" was promoted is because some clinicians have tended to believe that the second aspect, ie, maximizing the differences between neuroses and psychoses, was the most important part of Lacan's teaching on the subject. I will contend that the notion of “ordinary psychosis” is important because it corrects several imprudent assumption: that Lacan’s concept of psychosis implied that psychosis had practically nothing in common with neurosis; or that elementary phenomena appeared exclusively a short time before the triggering of manifest psychotic disorders, and should be considered as belonging to an outdated part of Lacan's teaching. In fact, it is this viewpoint that should be seen as outdated, as it mainly rests on the notion that Lacan's concept of psychosis was processual, that is, followed a regular course. Here, I must quote a previous text, in which I tried to delineate what was at stakes with elementary phenomena : "Lacan has given to the expression ‘elementary phenomenon’ at least four sorts of meanings: 1. The possibility to isolate discrete pathognomonic symptoms. 2. The possibility to sort out in non-triggered psychotic cases minimal symptoms which can sum up most of the following delusional developments, in a way quite similar to the ‘fundamental fantasy’ in the neurotic cases. 3. The possibility to find hints of the modes of stabilisation’s that can be foreseen in a given patient. 4. Most of the elementary phenomena imply some sort of a ‘subject supposed to know’, which characterise the structure of the Other." Now it is quite clear that elementary phenomena are excellent candidates to account for discreet “ordinary psychoses”. Advantages and limits of the notion of "ordinary psychosis In non-Lacanian environments, cases that would currently be termed "ordinary pschosis" are usually diagnosed “borderline”. But of course, the problem is that “borderline” designates at least five different clinical issues (Sauvagnat 2004): - non-discernible psychoses - sexual orientation issues - “attachment problems” - acting out problems - character defense problems (what North Americans call “personality disorders”) To put it roughly, ordinary psychoses could roughly correspond to the first, ie the “psychotic borderline”; but the problem is that when one says “borderline”, one tends to think of the fifth, the Kernbergian “borderline personality syndrome”, which is an attempt to group these five distinct issues under the heading of personality disorders. In spite of that, one can consider that ordinary psychoses do correspond to pseudoneurotic schizophrenia cases, ambulatory schizophrenia, monomanias (XIXth century), abortive paranoias, psychotic as if personalities, and also of course the (true) bipolar before they are diagnosed as such. But it also invites us to think of the many other cases that have not been coined yet… because they are so ordinary. One thing is certain: "ordinary psychoses" cannot be considered as a specific or new entity; the phrase designates above all a clinical issue: the difference between what we know about psychoses and the quasi infinite variety of mental mechanisms a psychotic person can exert. Although one of the most frequently cited clinical examples given at the Conversation d'Arcachon concerned a schizophrenic subject whose functioning remained a mystery to his analyst (the patient felt "misty", in his own terms and finally displayed a full-blown negative therapeutic reaction), it is clear that one of the most inspiring cases was probably the one presented by JP Deffieux. This patient, who would in other times have been depicted as having an "as if" personality, was able to exert the most disparate callings, ranging from monk to prostitute, without ever seeming to be anchored to a minimally stable fundamental fantasy. But it is clear what is required here is to take seriously the last model Lacan has left us, the model of knotting, which implies that we should take as a starting point the type of difficult relationship schizophrenics have with their body - to them, "having", "possessing" a body is not an obvious phenomenon - but also the construction of the symptom. Many cases presented as exhibiting "ordinary psychosis" do not complain about a precise symptom, and obviously find it difficult to suppose a knowledge of the analyst concerning their difficulties; this makes them all the more ordinary, as ordinary citizens do not (or at least pretend not to) take their symptoms seriously. In this respect, they can be opposed to artists, of whom Aristotle claimed that their genius is always accompanied by "melancholia". If there is something the catch-phrase "ordinary psychosis" should invite us to do, it is certainly to study how these patients can, in effect, become more artistic. ------------------------------- References:
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Secrétaire de l'aliéné aujourd'hui par François Sauvagnat (Paris, Rennes)
Ornicar? -Digital n°77, 78, 79, 80, 81, 1999. Si ce syntagme, " secrétaire de l'aliéné ", semble aujourd'hui pour beaucoup parfaitement figé, c'est au prix d'un certain nombre de malentendus qui en atténuent, voire en déforment selon nous la portée. Une chose est entendue : il concentre en lui une bonne partie de l'apport de J. Lacan sur les psychoses, ne serait-ce que le traitement particulier qu'il a de tout temps donné à la question de l'écriture, tranchant par rapport aux options globalistes de la "Bildnerei der Geisteskranken" dès son article de 1931 sur la schizographie, même s'il en retenait probablement la perspective optimiste (1). Mais à croire que Lacan lui-même aurait forgé ce syntagme, ou à s'imaginer qu'il aurait simplement prolongé un de ses prédécesseurs, on risque de ne pas voir qu'il proposait là un véritable renversement par rapport à un certain nombre de débats psychiatriques fort précis, et donc de dévaloriser la pertinence de ce qu'il a tenté de promouvoir, tant dans le traitement des psychoses à proprement parler, que dans l'application à la cure des névrosés de concepts issus de la clinique des psychoses (2). Un certain nombre de malentendus circulaient à l'École freudienne sur les présentations de malades, lieu par excellence de présentification didactique de cette position du " secrétaire de l'aliéné ". On en disait volontiers trois choses, comme me l'a rappelé récemment un collègue formé par une célèbre section clinique à la fin des années 70 : la présentation de malades devait permettre aux analysants de constater qu'ils n'étaient pas psychotiques ; elle devait mettre à jour un automatisme mental avant toute chose ; on ne pouvait rien pour ces pauvres gens, dont on sentait bien à quel point ils sont différents de nous, et on devait donc se contenter de se laisser " enseigner " des choses bien intéressantes mais " sans espoir " (autre syntagme figé). Où l'on remarque bien à quel point toute orientation clinique s'avère déterminée par une certaine lecture des leçons du passé et les identifications tant héroïques que sulfureuses qu'elle supposait. Que de tels propos nous paraissent maintenant caricaturaux devrait nous encourager à y voir de plus près : que fait-on, que répète-t-on lorsqu'on se veut aujourd'hui secrétaire de l'aliéné ? Nous nous contenterons ici de rappeler un certain nombre de références indispensables à qui souhaite fonctionner sous le signe d'un tel secrétariat. I. Précurseurs et débats historiques Jean-Pierre Falret et l'interdiction de se faire " secrétaire de l'aliéné " Le premier auteur qu'il est indispensable d'évoquer est J.P. Falret. Il est utile d'y insister dans la mesure où c'est bien cet auteur qui est fondateur de la pratique de la " présentation de malades ", avec notamment l'idée d'actionner de façon instantanée certains mécanismes permettant un déplacement de la perspective, rendant observables des troubles cachés. Or précisément, la façon dont Lacan envisage l'abord des psychoses à partir de 1930 est largement opposée à celle de Falret. Ce dernier, dans ses leçons des années 1850-51, mettait en garde contre les méthodes nosographiques adoptées par ses prédécesseurs : la méthode " littéraire " caractéristique de Pinel ou d’Esquirol avait conduit à multiplier inutilement les entités " monomaniaques ", c'est-à-dire des délires partiels non spécifiques ; la méthode des types, plus prometteuse, n'avait pas encore procuré de fruits tangibles ; enfin, les organicistes et les psychologistes tendaient à imposer des idéologies inutilement réductrices. C'est ainsi que Falret formule sa recommandation classique : " Nous vous disons donc : si vous voulez arriver à découvrir les états généraux sur lesquels germent et se développent les idées délirantes ; si vous voulez connaître les tendances, les directions d'esprit, et les dispositions de sentiments, qui sont la source de toutes les manifestations, ne réduisez pas votre devoir d'observateur au rôle passif de secrétaire des malades, de sténographe de leurs paroles, ou de narrateur de leurs actions : soyez convaincus que, si vous n'intervenez pas activement, si vous prenez en quelque sorte vos observations sous la dictée des aliénés, tout l'état intérieur de ces malades se trouve défiguré en passant à travers le prisme de leurs illusions et de leur délire. " Mais en quoi consiste ce prisme ? En une tromperie que réalise le malade, par laquelle il transforme sa " situation mentale ", pour tromper soit autrui, soit lui-même. Il en est de même à cet égard des aliénés et des normaux : " L'homme ne se connaît jamais lui-même. " L'exemple que propose alors J.P. Falret est celui du mélancolique, qui, plongé dans la tristesse parce qu'il croit avoir commis les plus grands crimes ou perdu toute sa fortune, attribue sa tristesse à ces maux imaginaires, " au lieu de subordonner ces préoccupations pénibles au sentiment général de tristesse qui existait déjà (auparavant) chez lui à l'état vague ". Trois principes sont dès lors à suivre selon Falret : 1) que le clinicien passe du rôle d'observateur à un rôle actif, faisant jaillir des manifestations qui ne surgiraient pas spontanément ; 2) étudier et caractériser l'individualité maladive, de façon à se " soustraire aux influences dangereuses des classifications arbitraires (3) " ; on se méfiera donc des clichés, et on évitera par exemple de faire la description du maniaque en général pour s'attacher à dresser un tableau exact du patient agité qu'on aura devant les yeux ; 3) ne jamais séparer un fait de son entourage, des conditions dans lesquelles il a pris naissance (4), car la maladie " n'est qu'une série d'événements plus ou moins complexes, que l'observateur doit présenter sous leur véritable jour, dans leur ordre de succession et de filiation naturel, et entourés de toutes les circonstances au milieu desquelles ils se sont produits ". Ceci conduit Falret à privilégier, plutôt que l'étude des idées, celle de l'" état général " seul capable de servir de base à un " type naturel et vraiment scientifique ". Ces " états généraux " sont donc, J.P. Falret en pose le principe, " indépendants des idées délirantes " ; c'est l'étude de ces " dispositions générales ", de cet " état intérieur (5) " qui permettra d'arriver à une étude scientifique de la folie. En fait, quel que soit le bien-fondé de ces principes méthodologiques, le modèle de base de Falret est celui, organiciste, de la paralysie générale ; il prohibe dans les faits l'idée qu'un phénomène élémentaire ayant une valeur largement causale soit descriptible - et c'est précisément ce que lui reprochait Lacan dans son Séminaire sur "Les psychoses". Clemens Neisser : la signification personnelle et la présentation de malades généralisée Cet auteur, que nous avons traduit pour la première fois en français, doit probablement être considéré comme le premier �� avoir décrit de façon systématique un phénomène élémentaire simple de la paranoïa, ayant en quelque sorte une valeur causale, qui a, au début, été nettement privilégié par J. Lacan. Cette notion fut proposée en 1892, au moment de la fameuse discussion sur le démembrement de la paranoïa, où, d'autre part, la question des hallucinations était enlisée dans des considérations étroitement organicistes. J'ai détaillé à plusieurs reprises(6) comment Neisser a caractérisé le phénomène de "Krankhafte Eigenbeziehung", comme un phénomène pratiquement constant durant les phases aiguës et d'état de la paranoïa - ce qu'il appelle paranoïa inclurait en fait ce que nous appelons schizophrénie. Le phénomène se caractérise par la contradiction entre la certitude du patient d'être désigné, promouvant un " sujet supposé savoir " sans limites, mais parfaitement énigmatique, du fait de l'incertitude complète concernant la raison, le sens de cette désignation. La traduction française par " signification personnelle " (au sens augustinien de " faire signe " de quelque chose) rend bien le caractère de " message personnel " de la chose, au-delà du " délire d'observation " auquel Meynert avait prétendu le réduire (à l'époque, par exemple chez Freud, les deux expressions sont données comme équivalentes), sans rendre le "krankhafte", c'est-à-dire le caractère morbide de la chose. En réalité, il y avait une sorte de contradiction entre les descriptions très fines de Neisser et ses théories neurologiques un peu fluctuantes, quoiqu'il se soit voulu au départ élève direct de Wernicke ; l'important est semble-t-il qu'il ait voulu reconstruire un " symptôme cardinal de la paranoïa ". L'idée de Neisser était de " restituer à la psychiatrie sa dimension vraiment clinique ", et en un sens c'est ce qu'il a réalisé littéralement : la "Bettbehandlung", c'est-à-dire littéralement le traitement au lit. Pour obtenir un tableau clinique de bonne qualité, estimait Neisser, il était indispensable de forcer le patient à rester alité un certain temps avant de l'envoyer à quelque activité thérapeutique, pour réduire l'intensité de la symptomatologie à un minimum. Après quelques jours d'observation patiente, on pouvait mettre en évidence la " signification personnelle " ; le patient pouvait raconter son sentiment que tout le monde parlait de lui sans qu'il comprenne pourquoi, comment les numéros des chambres étaient des allusions à sa vie privée, comment ses pensées influençaient autrui, etc. Neisser expliquait que si le patient se plaignait de cette situation, s'il n'était pas trop méfiant ni mégalomane, le dialogue avec le médecin restait possible, et ceci pouvait faciliter une relativisation de la certitude délirante, et même préparer une stabilisation. Mais ce recentrement sur le phénomène élémentaire devait être critiqué par un autre clinicien contemporain, estimant que la focalisation sur un symptôme risquait de faire du clinicien l'allié objectif de la maladie, entamant une série de critiques des pratiques de présentations de malades qui sera ininterrompue jusqu'à nos jours. Notes : 1 - Sur le lien de ce courant précurseur de l'art brut avec les courants suisses et allemands proclamant à la fin des années 20 que la " schizophrénie " (c'est-à-dire la psychose) est guérissable, voir notre article " Max Müller et la guérison des psychoses ", "Cahiers Cliniques", Université de Rennes-II, 1993. 2 - Un exemple parmi cent : l'" inconscient interprète " dégagé par J.A. Miller à partir de la " signification personnelle " psychotique et de son rôle de levier dans la lecture par J. Lacan des théories analytiques de l'interprétation. 3 - Falret (J.P.), "id.", p. 21. 4 - "Ibid.", p. 22. 5 - Cette expression n'est probablement pas sans lien de parenté avec la notion de " milieu intérieur " fondatrice de la physiologie selon Claude Bernard. 6 - Sauvagnat F:"Histoire des phénomènes élémentaires. A propos de la "signification personnelle", Ornicar? N°44, 1988, p.19-27 ; Sauvagnat F:"De quoi les phénomènes élémentaires psychotiques sont-ils l'indice?" in Psychose naissante, psychose unique, sous la direction de H. Grivois, ed. Masson 1991 ; Sauvagnat F: "La liberté du psychotique. Automatisme et libération", actes du colloque Autonomie et automatisme dans les psychoses , sous la direction de H. Grivois (Hôtel-Dieu), Masson, Paris 1992 ; Sauvagnat F:Bedeutungseffekte in den Psychosen, in Hofmann, W. & Schmitt, W. Hrsgb.(1992) : Phänomen, Struktur, Psychose, S. Roderer Verlag, Regensburg (1992), p. 103-116 ; Sauvagnat F:L'entrée dans la psychose à l'adolescence: aspects cliniques et enjeux théoriques, L'accident à l'adolescence, Actes du colloque de la Société Française de Psychologie, avril1992 (paru janvier 1993), p. 38-60.,Sauvagnat F: "La question des hallucinations verbales chez J. Lacan«, in Cahier de l'ACF-VLB, n°5, automne 1995, p.31-41 ; Sauvagnat F:« Phénomènes élémentaires psychotiques et travail institutionnel« , in Cahier de l'ACF-VLB, n°8, été 1997, p. 101-117 ; Sauvagnat F:"Phénomènes élémentaires et fonction de l'écrit", in Quarto, Revue Freudienne de Belgique n°68, Octobre 1999, p. 39-44. (À suivre) ___________________________________________________________________ Secrétaire de l'aliéné aujourd'hui, Ornicar?-Digital n°77, 78, 79, 80, 81, par François Sauvagnat (Paris, Rennes) (Suite) Hermann Simon (1867-1947) : le refus de la mise en évidence des phénomènes élémentaires et la suppression du symptôme par le travail Le célèbre fondateur de la " thérapie plus activante " (selon la traduction d'"aktivere Therapie" proposée par le Suisse A. Répond) commença à devenir célèbre à la fin de la première guerre mondiale à l'hôpital de Gütersloh (en Westphalie), et son action thérapeutique fut une source d'inspiration pour les courants de la thérapie active suisse et la psychothérapie institutionnelle française - son ouvrage ainsi que la thèse de Lacan étaient des sources d'inspiration affichées de ce dernier courant, même si la traduction de l'ouvrage de Simon était approximative, et ses rapports avec l'oeuvre de Lacan des plus improbables, puisque ce dernier, en matière d'organisation institutionnelle, affirmait sa préférence pour les travaux de Wilfrid Bion. Hermann Simon répétait volontiers qu'il n'avait aucune théorie personnelle, et jugeait inutiles les nombreuses théories du délire développées par les courants germanophones ; il leur opposait sa propre pratique : détruire les symptômes. La chose n'était pas vraiment nouvelle, comme nous l'avons vu, et une organisation thérapeutique des hôpitaux avait déjà été proposée en Allemagne par Griesinger ; ce qui était nouveau était l'énergie organisatrice déployée par Simon. Sa technique, qui allait devenir une des principales sources d'inspiration de la psychothérapie institutionnelle française, permettait de rendre actifs les patients psychiatriques apparemment les plus apragmatiques, et de calmer efficacement ceux qui semblaient irrémédiablement agités. À chaque patient était affectée une tâche, en fonction de son état, de ses capacités, et les tâches devaient varier en fonction de l’augmentation de ses capacités, jusqu’à une éventuelle sortie. Mais était-ce vraiment à une organisation particulière des activités des malades que les succès thérapeutiques devaient être attribués - ou à une particularité mystérieuse de son " inventeur " ? Cette méthode était si active, disait-on à l’époque, qu’elle se voulait " a-théorique ", et reposait en grande partie, nous expliquera un biographe de H. Simon, sur l’énergie propre à son génial inventeur - qui admettait, lui, ne pas l’avoir créée de toutes pièces, certains établissements appliquant déjà avant lui des principes semblables (7). Or, si l’ouvrage de Simon se présentait au départ comme une méthode " a-théorique " d’organisation du travail - il devra d’ailleurs protester contre la tentation de certains de ses collègues, ou de certaines administrations hospitalières, à " faire du rendement " -, il était néanmoins une conception contre laquelle il protestait avec véhémence dans la première communication publique qu’il fit de sa méthode : le " traitement au lit " lancé par le psychiatre silésien Clemens Neisser (8). Neisser était un élève de Wernicke - lequel était probablement le clinicien le plus perfectionniste de son époque -, et il attendait beaucoup, au contraire de Kraepelin, de l'examen minutieux des recoins les plus obscurs du tableau clinique. D'autre part, Neisser souhaitait transformer les établissements psychiatriques en établissements médicaux, et il lui avait semblé que sa méthode réalisait pratiquement cette transformation tant attendue : un vrai retour à la clinique - au sens littéral du terme ! Pourquoi Hermann Simon critiquait-il Neisser ? Parce que, selon lui, la clinothérapie, qui partait d'intentions louables, et qui, au départ, ne fut pas sans efficacité dans un certain nombre de cas, a été appliquée sans discernement dans la plupart des établissements psychiatriques, et sans que l'on comprenne le principe du traitement. " L'invention bienfaisante, expliquait Simon (9), dégénéra en système rigide : c'est ainsi que, pendant quelque temps, les publications de beaucoup d'établissements rivalisèrent en présentant le pourcentage le plus haut possible de malades couchés (on alla parfois jusqu'à mettre au lit de façon permanente 60%, et même davantage, de la population de l'asile !). Ce n'était pas du tout ce qu'avaient préconisé les fondateurs et protagonistes du traitement au lit, Cl. Neisser avait déjà noté dans ses premières publications sur cette question que ce traitement ne convenait pas à tous les malades et ne devait pas se prolonger trop longtemps, mais qu'il fallait le remplacer en temps utile par une thérapeutique consciente par le travail. " La systématisation abusive des principes neisseriens donnait des résultats baroques ; ainsi Simon décrivait-il dans les termes suivants un service d'observation d'un " grand établissement à proximité de la capitale " : " L'isolement était rigoureusement prohibé. À mesure qu'avec le collègue qui me guidait nous approchions du service des femmes agitées, nous entendîmes un grand bruit, des rires sonores, des exclamations, des cris. À l'entrée de la salle (exclusivement clinothérapique) s'offrit à nous le spectacle d'un paysage d'hiver avec tourbillons de neige. Plusieurs malades agités assez jeunes avaient entrepris une bataille rangée avec des oreillers et les plumes s'étaient répandues un peu partout. On peut se représenter le reste de l'image visuelle. Il est facile de compléter l'image auditive. La bagarre s'accompagnait de cris, de rires et d'un tumulte général (…) Les infirmières assistaient impuissantes à cette scène. Immédiatement à côté de la salle se trouvait le bain permanent (…) Là aussi s'était engagée une bataille, mais à la différence du précédent tumulte, il s'agissait d'un combat naval (…) Au centre, revêtue d'une vaste blouse cirée et d'un bonnet de bain, trônait impuissante l'infirmière (…) Si j'avais été plus jeune, je me serais volontiers mis de la partie. " Il faut donc, conclut Simon, loin d'imposer un repos forcé dont le résultat apparaît catastrophique, promouvoir une organisation générale de l'établissement, dans laquelle l'accent est mis sur l'activité, la création d'habitudes, sources de la " véritable adaptation à l'existence (10) ", la responsabilisation des malades, utilisant au départ les activités désordonnées pour les canaliser, et leur donnant de plus en plus d'initiative à mesure qu’ils faisaient preuve d'une autonomie accrue. Les activités proposées doivent donc être organisées selon une progression en cinq stades, allant d'un " travail simple sans attention ni indépendance " à un " travail égal à celui d'un ouvrier normal, le malade se voyant confier des responsabilités, des postes de confiance ". Ainsi le modèle de Simon proposait-il une résorption totale des phénomènes délirants dans l'activité laborieuse, non sans une certaine dose d'invigoration prussienne, selon le témoignage que nous en a laissé M. Müller. Notes : 7 - Le psychiatre suisse Max Müller, dans ses "Mémoires", la présentera comme reposant essentiellement sur la suggestion et la " psychologie des masses ", en remarquant au passage que si Simon n'était lui-même que d'une rigidité prussienne ordinaire pour l'époque, certains membres de son personnel ne cachaient pas leur adhésion à l'idéologie nazie, selon laquelle les troubles mentaux se divisaient en deux parties : ceux qui sont accessibles à une thérapie et ceux qui ne le sont pas, montrant que les sujets dont ils sont le siège ne vivent qu'une " existence de ballast " dont il serait raisonnable de délivrer la société. Certains psychiatres libéraux, comme Kretschmer, accuseront dès le départ Hermann Simon de faire de ses patients des " machines " … 8 - Neisser (Cl.), " Discussion sur la paranoÏa " (1892), traduit et présenté par F. Sauvagnat in "Psychose naissante, psychose unique" (1991), sous la direction de Grivois, Masson ed. 9 - Simon (H.), "Une thérapie plus active à l'hôpital psychiatrique" (1929), Walter de Gruyter, Berlin & Leipzig, traduction Hôpital psychiatrique de St Alban, photocopies Bibliothèque H. Ey, Hôpital Ste-Anne. 10- "Ibid.", p. 86. (À suivre) ___________________________________________________________________ Secrétaire de l'aliéné aujourd'hui Ornicar?-Digital n°77, 78, 79, 80, 81, par François Sauvagnat (Paris, Rennes) (Suite) De Clérambault : phénomène basal et nihilisme thérapeutique Si Hermann Simon avait connu Clérambault, il lui aurait sans doute fait le même type de critique qu'à Neisser, sinon pire. La position de Clérambault était la suivante : le mécanisme déterminant des délires chroniques, notamment de la psychose hallucinatoire chronique, mais surtout pas de l'érotomanie, était selon lui l'automatisme mental, causé probablement par une lésion serpigineuse, c'est-à-dire qu'elle devait avoir la forme des traces laissées par un serpent sur le sable. Le syndrome décrit par Clérambault était essentiellement un syndrome " sensori-moteur " selon la tradition de Cramer ou de Séglas, c'est-à-dire qu'on le supposait être causé par une irritation de la zone du langage. Il en résultait notamment qu'il ne faisait guère de différence entre interprétation délirante et hallucination, comme Lacan à ses débuts, suivant en cela la plupart des auteurs de l'époque ; néanmoins, à la différence de Lacan, il estimait généralement qu'il ne pouvait y avoir aucune espèce de rapport entre les phénomènes de base, c'est-à-dire d'un côté le petit automatisme " neutre " (11) (les phénomènes de passivité), et le grand automatisme (écho, triple et même quadruple automatisme, moteur, idéique, idéo-verbal et sensitif), et de l'autre les phénomènes délirants à proprement parler, qu'il qualifiait de superstructure. Notre collègue Mazzuca (12) a fait remarquer que Clérambault, à la fin de son oeuvre, dans son article " Psychoses basées sur l'automatisme ", suppose néanmoins une continuité entre le phénomène élémentaire et les constructions idéiques : " En 1920, écrivait-il, nous l’appelions basal ; aujourd'hui nous l'appellerions plutôt nucléaire. En effet, nous voyons une continuité entre les phénomènes parcellaires du début et les constructions idéiques de la période d'état, tous résultent du même processus. " Néanmoins, il ne semblait pas penser qu'une continuité sémantique ait été de la sorte assurée dans tous les cas, et il y a une certaine distance entre le sentiment d'énigme ou de perplexité décrit par le courant dont s'inspire Lacan au premier chef, et le sentiment d'une production " neutre ", parce qu'"indistinguable d'une lésion neurologique" décrite par Clérambault. Quoi qu'il en soit, le résultat au niveau thérapeutique était particulièrement problématique : Clérambault reconnaissait que les phénomènes basaux pouvaient se maintenir à un niveau quasi asymptomatique pendant un certain temps, mais, à partir de cela, il ne concluait guère que quelque chose pouvait être fait pour aider les patients, sinon les hospitaliser. Au départ, la critique que Lacan faisait de Clérambault reposait surtout sur l'idée que la conception de l'automatisme qu'il proposait était inacceptable (c'était aussi la position de Henri Ey), dans la mesure où elle ne tenait pas compte de la spécificité du phénomène psychotique. Mais lorsque Lacan se mit à développer sa théorie du signifiant appuyée sur la cybernétique, il effectua un relatif retour à Clérambault, tout en continuant à le critiquer en même temps qu'il se séparait plus franchement de H. Ey (13), si bien qu'il faut selon nous considérer que l'expression employée à son propos de " mon seul maître en psychiatrie " était au total plus de l'ordre de la provocation que d'un hommage profondément ressenti. Ce qui précède ne fait évidemment que rappeler à quel point il paraîtrait curieux qu'une conception lacanienne des présentations de malades se réclame exclusivement de Clérambault, même si on laisse de côté la brutalité avec laquelle ce dernier pratiquait cet exercice. II. Position actuelle de la question des phénomènes élémentaires Que la formule de J. Lacan renverse celle de J.P. Falret nous incite maintenant à en repérer les effets : en quoi le mot d'ordre qu'il a lancé a-t-il été fructueux, en quoi les recherches récentes nous confirment-elles que la prise en compte minutieuse des phénomènes élémentaires nous donne une prise sur le diagnostic et l'évolution possible des patients ? J. Lacan a donné à l'expression " phénomènes élémentaires " (14) au moins trois connotations : 1) La possibilité d'isoler des symptômes qui soient pathognomoniques, même s'ils sont éventuellement assez discrets. 2) La mise en évidence de symptômes minimaux qui, d'une certaine façon, résument l'ensemble de la problématique délirante ultérieure. 3) Ces symptômes minimaux seraient également capables de donner des indications concernant les modes de stabilisations qui sont envisageables pour un patient donné. Nous n'insisterons pas sur l'importance de cette problématique dans notre champ, puisqu'elle est fondatrice de la conception lacanienne du traitement des psychoses. Notes : 11 - Et non pas énigmatique, ce qui remettrait en question la thèse organiciste, comme le remarquait déjà Henri Ey ! 12 - Dans "Clínica de las alucinaciones", ouvrage collectif, EOL, Buenos Aires, 1995. 13 - Voir à ce propos notre mise au point : " De quoi les phénomènes élémentaires sont-ils le signe ? ", "Autonomie et automatisme dans la psychose", Masson ed., 1992. 14 - Cet usage de l'expression chez Lacan n'a évidemment rien à voir avec celle que l'on trouve dans le "Traité des hallucinations" de Henri Ey, pour qui il s'agit uniquement d'acouphènes de causalité organique. (À suivre) ___________________________________________________________________ Secrétaire de l'aliéné aujourd'hui Ornicar?-Digital n°77, 78, 79, 80, 81, par François Sauvagnat (Paris, Rennes) (Suite) Enfin, et ceci était déjà sous-entendu par la notion d'" état général intérieur " selon J.P. Falret, ces phénomènes peuvent en règle générale être dissimulés pendant un certain temps, ou masqués derrière des réactions caractérielles, des traits de personnalité, une réticence, etc., d'une façon souvent subtile et dépendant évidemment des particularités de chaque cas. Ils ne sont donc pas forcément, contrairement à une croyance populaire chez certains cliniciens, liés à la question du " déclenchement ". Il est évident que l'enjeu, à partir de l'étude de ces phénomènes élémentaires, est de repérer la structure de l'Autre à partir de quoi le sujet situe, calcule sa propre existence, structure qu'il faut concevoir comme homologique au phénomène lui-même. On doit en outre constater que dès les premiers travaux psychiatriques sur ces questions (et donc bien avant Lacan), ces phénomènes ont été envisagés de façon privilégiée comme ayant un rapport avec le langage et la signification, même si ces termes n'étaient guère employés. Les phénomènes élémentaires se manifestent de deux façons : - comme questions (perplexité, sentiments énigmatiques), conséquences directes de la forclusion du Nom-du-Père ; - comme tentatives de réponses (signification personnelle, hallucinations, etc.). Les diverses manoeuvres qui ont été décrites sont généralement en rapport avec ces deux aspects : par exemple, relativiser la certitude d'une construction délirante en utilisant certains aspects de la perplexité initiale (15), ou au contraire permettre une certaine construction délirante là où cette donnée apparaissait rigoureusement exclue. Il me semble que l'on peut actuellement décrire quatre types de formes de phénomènes élémentaires psychotiques, en fonction notamment du phénomène lui-même, du type de position subjective du sujet, et de l'organisation subséquente des troubles. a. Paranoïa Les phénomènes élémentaires de la paranoïa ont été les premiers à être individualisés en psychiatrie, comme nous l'avons montré. Ils peuvent d'une certaine façon être caractérisés comme étant un " essai de rigueur " (Lacan), ou, si nous utilisons la différence entre "Sinn" et "Bedeutung", telle qu'elle est proposée par G. Frege dans son article de 1892, comme une tentative d'articuler une hypothèse qui permette d'harmoniser l'indétermination totale au niveau du sens ("Sinn" de Frege), la perplexité (et ses équivalents corporels comme l'hypocondrie), avec la désignation insupportable du sujet au niveau de la "Bedeutung" (Frege). S1 .......... S2 Sujet où S1 = "Bedeutung" ; S2 = "Sinn" Ces patients ont une capacité particulière à articuler une problématique relativement systématisée - pouvant aller jusqu'à une " perte de la contingence " (E. Minkowski, P. Berner) -, à partir de laquelle peut être envisagée une manoeuvre thérapeutique. L'articulation S1-S2 permet de fixer la jouissance de l'Autre et jusqu'à un certain point l'image dans le miroir, rendant la thématique délirante " vraisemblable ", " compréhensible " (R. Gaupp), et peut, de ce fait, facilement engendrer des délires à deux (ou collectifs) au sens de Lasègue et Falret. La réunion totale de S1 et S2 correspondrait à la réalisation de la jouissance de l'Autre comme savoir. Le délire est une tentative de calculer cette jouissance, et parfois de la contrôler. On a pu considérer qu'une élaboration délirante réussie serait une élaboration dans laquelle la coalescence de S1 et S2 serait située à l'infini. La position du thérapeute doit permettre au sujet de se séparer de l'effet de désignation ; il doit permettre une relativisation de ce lien, et montrer notamment qu'il peut y avoir du S1 sans savoir ; une manoeuvre lacanienne classique consiste à " refuser de savoir ", montrer que le thérapeute n'entend rien à la persécution, même s'il s'intéresse personnellement au patient. Une manoeuvre classique du courant du contre-transfert était de montrer que le thérapeute pouvait être affligé par la jouissance de l'Autre autant que le patient (Fromm-Reichmann). Je n'insisterai pas sur la fréquence avec laquelle ces phénomènes élémentaires peuvent donner lieu à des réactions " caractérielles ", et d'autant plus que dans la tradition française cet aspect a été, pour des raisons historiques, très lourdement privilégié. b. Schizophrénie Il importe de considérer que la problématique RSI, développée par J. Lacan à partir de 1973, était une tentative de traiter la question de la schizophrénie ; ceci rend évidemment insuffisantes les pratiques s'appuyant uniquement sur la notion de " hors-discours " (" L'étourdit ") ou d'impossibilité de fonder un manque symbolique (" Réponse à Jean Hyppolite "), même si ces notations peuvent avoir leur utilité pour saisir l'extrême de certains destins. À partir du séminaire " RSI ", Lacan prend en considération la possibilité d'une absence d'articulation entre les dimensions symbolique, imaginaire et réelle ; ceci constitue une élaboration nouvelle de la problématique de la discordance élaborée par Philippe Chaslin (1912). La question n'est plus alors l'articulation et la séparation d'un S1 et d'un S2, mais de ce que cette articulation apparaît incapable de réguler la jouissance de l'Autre, et naturellement l'image dans le miroir. En conséquence, si Lacan pouvait prétendre dans les années trente parler d'"un" phénomène élémentaire de la paranoïa, cela ne peut aucunement être le cas dans la schizophrénie, où la multiplicité peut être considérée comme une caractéristique essentielle. On peut relever ainsi, en plus de la désorganisation " indépendante " de chaque dimension : - non-articulation S//I, tout particulièrement dans l'incapacité d'articuler l'image spéculaire avec un idéal du moi ; - non-articulation I//R, avec, par exemple, envahissement par la jouissance de l'Autre (notamment dans le syndrome d'influence) ; - non-articulation R//S, avec une non-articulation au niveau de la jouissance phallique, rendant la " séparation " dans son sens névrotique inopérante. --------------------------------------------------------- Note : 15 - Voir en particulier notre article " Phénomènes élémentaires psychotiques et manoeuvre thérapeutique ", "Revue Française de Psychiatrie", Janvier 1990. (À suivre ___________________________________________________________________ Secrétaire de l'aliéné aujourd'hui Ornicar?-Digital n°77, 78, 79, 80, 81, par François Sauvagnat (Paris, Rennes) (Suite et fin) De ce fait, la dimension symbolique souvent ne suffit pas pour stabiliser le patient, et l'on peut considérer que cette impossibilité de modifier le réel par le symbolique serait spécifique à ces patients. D'où, au-delà des tableaux " déficitaires (16) " présentés par certains d'entre eux, la grande facilité de ces patients à présentifier divers " pseudo "-tableaux cliniques (Chaslin évoquait déjà la " pseudo-manie ", la " pseudo-mélancolie " de certains de ces sujets) ; à propos du poète hongrois Attila József, nous avons montré à quel point les psychanalystes contemporains avaient pu être abusés par son aspect pseudo-névrotique (17). Certains tableaux cliniques présentent ces phénomènes de façon évidente (on pense à la catatonie ou l'hébéphrénie), mais il est intéressant de constater que la position du sujet peut très bien, par ailleurs, être masquée derrière des attitudes évoquant au premier abord une tout autre structure. La confrontation du sujet avec une telle inconsistance de l'Autre peut être assumée de différentes façons, soit par l'" ironie schizophrénique ", comme l'a relevé J.A. Miller, retrouvant un paradigme psychiatrique du début du siècle, soit sous la forme d'une reconstruction forcée d'un moi qui apparaîtra la plupart du temps comme extrêmement artificiel - je pense à des cas d'allure psychopathique qui m'ont été soumis récemment. Une manoeuvre thérapeutique devant ce type de cas a été proposée, qui consiste à donner artificiellement une consistance à la jouissance de l'Autre, autorisant en quelque sorte une construction délirante dans laquelle le sujet puisse se représenter. Ce n'est certainement pas la seule possible, un des points importants restant l'inquiétante capacité de ces sujets à présenter des manifestations " incongruentes ", dont le mode d'articulation apparaît hélas fort souvent peu prévisible. c. Psychose maniaco-dépressive La littérature psychiatrique a varié considérablement sur la question de savoir s'il existerait des phénomènes élémentaires maniaco-dépressifs ; il est évident que les traiter comme des troubles " affectifs " raie la question de la carte, comme cela a été remarqué depuis longtemps par l'école phénoménologique. D'autre part, la façon dont les traitements médicamenteux ont été privilégiés ne facilite guère l'investigation. J'ai montré, en revanche, que prendre les choses à partir de la question de la fuite des idées et des troubles de la temporalité, permettait au contraire de penser ce que serait un symptôme minimal de la psychose maniaco-dépressive. Le phénomène élémentaire le plus évident est un ratage massif dans la façon dont la dimension réelle peut venir interrompre, scander la chaîne signifiante (R/S), et c'est probablement ce que Lacan désigne comme " touche du réel " dans "Télévision", ou encore ce à quoi il fait allusion lorsque, dans le séminaire " L'angoisse ", il évoque la fuite des idées comme résultant de ce que le sujet n'est plus lesté par l'objet (a). De fait, parmi les discussions sur la nature de la fuite des idées dans la psychopathologie allemande, plusieurs hypothèses ont été évoquées concernant le manque de certains types de " représentations hiérarchiquement supérieures " dont souffriraient les patients maniaques, ce qui empêcherait un contrôle des associations d'idées. S'il existe des phénomènes élémentaires spécifiques de la psychose maniaco-dépressive, ils concernent certainement cet aspect ; en outre, certains cas plus ou moins réussis de " suppléances " chez des patients maniaques ont été repérés : certains types de signifiants (volontiers idéaux, avec pour envers la passion de la trahison), ou significations limitant la fuite des idées. Ainsi, par exemple, la construction des divers types d'infini par Cantor a été saisie par I. Hermann selon ce modèle. Dans un travail récent, j'ai montré que l'on pouvait relever, à partir des témoignages concernant l'écrivain suisse C.F. Meyer (18), d'une part des phénomènes élémentaires montrant une impossibilité de limiter la chaîne signifiante (perplexité totale devant les fictions qui pouvaient lui être racontées dans son enfance ; angoisse d'être souillé que rien ne pouvait calmer), et d'autre part la mise en place de suppléances littéralement adossées aux particularités de ces phénomènes (notamment l'écriture de récits historiques " encadrés ", et son poème sur la "Porte du ciel"), dont l'échec est saisi par Meyer lui-même en termes de " trahison de soi-même ". d. Autisme Il peut paraître surprenant que soient envisagés des phénomènes élémentaires autistiques, dans la mesure où la massivité des troubles, le plus souvent associés à ce type de position, semble rendre inutile la recherche de " phénomènes élémentaires ". Néanmoins, il n'est pas si rare qu'un sujet, présentant un autisme de départ, évolue vers une présentation plus proche des " psychoses infantiles ", voire des fameuses dysharmonies si chères à l'école française, incluant des tableaux d'arriération, et il ne faut pas oublier que l'observation "princeps" de Leo Kanner incluait des cas chez qui l'évolution a même pris une allure névrotique. Un phénomène élémentaire caractéristique de l'autisme est l'impossibilité absolue de supporter l'effet de S1 (19), en tant que ceci ouvre sur une question, celle du sujet lui-même et sa désignation sous un signifiant dépendant lui-même d'un effet de sens (S2). De façon typique, dans le registre de la " question " des crises d'angoisse massives sont bien attestées, dans le registre de la " réponse " le sujet remplacera la désignation par la stéréotypie, mettant les S1 en file pour éviter que n'apparaisse du S2. On observe régulièrement deux versants. D'une part, des gestes stéréotypés, obturant un orifice corporel, parfois donnés comme ayant la valeur d'expérience " esthétique " par l'école anglaise (Meltzer), avec une variante dans laquelle c'est un trou dans l'Autre qui est ainsi " bouché " par les mouvements stéréotypés (20). De l'autre, l'arrangement d'objets selon un ordre " immuable " dans lequel le sujet ne serait aucunement " impliqué " - l'impossibilité, au niveau de l'énonciation, d'utiliser le pronom personnel de la première personne représentant probablement une forme élaborée de la même position. Il ne s'agit pas là d'une "theory of mind", c'est-à-dire d'une théorie de l'intersubjectivité sur fond de causalité organique, comme le veulent de récents auteurs anglo-saxons (Frith, Happé), mais d'une théorie de la structure de l'Autre, selon laquelle le trou central de celui-ci est radicalement incompatible avec l'existence du sujet, corrélatif d'un laisser-tomber radical souvent joué d'ailleurs, tant dans le lâcher de divers objets que dans les crises d'épilepsie apparaissant si fréquemment lorsque le désir de l'Autre est présentifié de façon inévitable. Qu'un progrès soit à attendre d'un bougé des rapports du sujet au trou dans l'Autre, est inséparable de la constatation que le signifiant quelconque que peut incarner l'interlocuteur institutionnel a certainement son rôle à jouer, dans la mesure où l’on constate un effet de report de l'un à l'autre, si cet interlocuteur arrive à saisir dans quelle position de S2 rejeté il est placé. Conclusion Il existe un large consensus pour considérer que le repérage des phénomènes élémentaires ne doit pas être réservé à des préoccupations diagnostiques, et il est intéressant de noter que la plupart des théories psychiatriques qui ont historiquement essayé de penser ces phénomènes incluaient des thèses thérapeutiques. À cet égard, la référence à Clérambault est certainement un piège, et nous avons tenté de situer la position de cet auteur par rapport à d'autres dont l'importance ne peut certainement pas être considérée comme moindre. Les avancées proposées par J. Lacan sur les diverses formations psychotiques reprenaient en fait les préoccupations exprimées dès le début de son oeuvre à propos des phénomènes élémentaires paranoïaques, en les articulant de façon beaucoup plus variée, avec comme constantes les rapports du sujet au signifiant conditionnant sa venue à l'être, sur le fond énigmatique de l'incomplétude où se déchaîne la jouissance. Il nous semble que c'est par ce biais, celui de l'inclusion d'un sujet supposé savoir dans le phénomène élémentaire psychotique, que se posent les problèmes éthiques : ceux de l'organisation institutionnelle que l'on peut proposer à ces sujets. À cet égard, nous avons certainement à gagner à tenir compte, dans nos pratiques, de la façon dont tel ou tel paradigme nous a été légué tout autant que de l'expérience institutionnelle de nos prédécesseurs. Notes : 16 - Cf. notre article, " Fictions psychiatriques et réalités : à propos des conceptions déficitaristes des troubles schizophréniques ", "Science et Fictions", actes du colloque PERU, à paraître. 17 - " Une passion psychotique du vrai : ironie et déréliction chez Attila József ", "La Cause Freudienne", n° 31, octobre 1995, p. 141-152. 18 - Cf. notre postface aux "Souffrances d'un enfant" de C.F. Meyer, " C.F. Meyer ou le dévoilement mélancolique ", ed. Anthropos, 1997. 19 - Ce que l'école anglaise (notamment Tustin) désigne comme "carapace". 20 - Un cas particulièrement frappant de refus absolu d'une question venant de l'Autre est bien montré dans le livre de T. Grandin, "Ma vie d'autiste", lorsque l'auteur, une autiste remarquablement stabilisée, explique comment elle réussit à téléphoner en prévoyant toutes les réactions de l'interlocuteur ; au cas où une réaction imprévisible se produit, elle est contrainte de répéter intégralement son scénario avant de trouver une nouvelle stratégie pour boucher le trou de l'Autre.
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Fatherhood and naming in J.Lacan's works
François Sauvagnat The symptom, Online Journal for Lacan.com. http://lacan.com/fathernamef.htm, 2003.
Summary: The issue of fatherhood has given rise to multiple elaboration in Freud's works, the most brilliant of which is probably his 'Moses and monotheism'. Curiously enough, while most of Freud's concepts have provoked several conceptualizations in Lacan's research, the latter's re-elaboration on fatherhood can be epitomized under the unique term of 'naming'. We will review the main occurrences of this theme in Lacan's published and unpublished papers: his "name-of-the father" concept, inspired by monotheistic religions, his concept of metaphor, and his discussions of the contributions of logicians: Russel, Gardiner, Hintikka. Lacan's elaboration can be opposed to the classical views on the primitivity of the mother-child relationship, understood as the core of the subject's being insomuch as in his view, this relationship tends to refer to a "third party" substantiated by the "father's name metaphor". On the other hand, 'The woman' is implied as a prerequisite of nomination throughout Lacan's elaboration's and implies a certain "degradation of the father function". We shall show that 1) this implication is not totally determinative, i. e., Lacan's version of psychoanalysis should not be seen only as a gender theory, 2) a concept of the multiplicity of femininity is required. Introduction: retrieving the lost father In Lacan's elaboration on the father issue, one point can be said to be radically orthodox. Freud wrote, in "The future of an illusion", that there is nothing like an archetypal "oceanic feeling" related to the originary relationship to the mother; on the contrary, the most originary feeling, he thought, was the "Fatersehnsucht", the longing for the father, which was so strongly expressed in religions. Now this theme has been lost sight of by most post-freudians for a long time. While most authors have rejected this Freudian thesis - this can be seen, at least partially, as a consequence of the empirical psychological research on infants, focusing heavily on mothers' behavior and failing to differentiate clearly the role of the father function - it has been strongly supported by the Lacanian research since the thirties. A direct consequence of this has been an original elaboration on the issue of nomination, as a means to explore what empirical studies leave in the shade, ad a heavy emphasis on logic to describe the specificity of the father function. Nevertheless, in spite of this, Lacan's positions on the question of the father are somewhat different from Freud's, as can be seen in the seminar on the 'Seamy side of psychoanalysis'. The most striking instance of this is perhaps Lacan's criticism of the "father of the primal horde", such as he is portrayed by Freud in "Totem and taboo": omnipotent, enjoying all women, castrating the young males, etc. If something general can be said about Lacan's position on the question of the father, it is that in his view, the father, insomuch as he is confronted with the mother, can hardly be seen as omnipotent. To put it bluntly, the Freudian "pater semper incertus" (and "mater certissima") is here radicalized by the idea that fundamentally, the master is "impotent"1, insomuch as he is confronted with the enigma of feminine jouissance. Conversely, as we will see, the mother - at least from the child's point of view - is frequently qualified as omnipotent. Lacan2 has constantly contended, against the Kleinian view, that what appears as an omnipotence fantasy in the child is not a narcissistic fantasy, but a reaction to what is felt to be a quality of the Other. There is at least one conclusion we can draw from this: the status of the father function, its effect in the subject's mind, can hardly be separated from the status of femininity. We will try to assess this hypothesis in a short journey through some of Lacan's writings on the subject. As we will see, there has been some misunderstanding - maybe I should say "resistances"- about this issue. A number of authors have proclaimed Lacan's name-of-the father theory to be utterly paternalistic, strongly related to an authoritarian view on society (for instance: Cornelius Castoriadis3), religious, and so forth. Other authors seemed to think that his research on names was merely determined by a personal problem with patronyms; Elisabeth Roudinesco, in her Dictionary of psychoanalysis, bluntly states that Lacan's divorce from his first wife should be regarded as the sole key to his sophisticated elaboration on that matter. In a more academic style, Didier Anzieu has contended that the "name of the father theory" elaborates solely the problematic of the father, leaving in the shade the pregenital aspects of psychosis, namely, the anxieties aroused by the devouring mother. I will attempt to show why these criticisms miss the point, and in particular, fail to understand Lacan's crucial inflexion in favor of the concept of naming. The question of naming in pre-lacanian psychoanalysis Three preliminary remarks should be made if we are to discuss Lacan's research on this matter. First, Lacan was not the first analyst to underscore the import of names; Karl Abraham's famous article on "the determining momentum of names"4 is probably the first in which the issue was clearly raised, stressing the idea that a person's patronym usually had a secret influence on his destiny - of course the term destiny refers here to what Freud calls drives. Second, although Freud never addresses the issue of naming specifically as a separate concept, it cannot be regarded as totally absent in his works. At least two headings of this issue can be distinguished, a theoretical and a practical one. Under the first heading, we can consider his theory of identification5 and his theory of the Totem6. What strikes us is that both of these converge onto the issue of symptom-formation: Both the second type of identification (the identification to a "single trait" of a lost object, exemplified by Dora's coughing like her father) and the third (identification to the "desire of the other", exemplified by the case of epidemic symptoms of sorrow in schoolgirls as they find that one of them has been abandoned by her paramour) are obviously more related to symptom-formation in a divided subject than to the question of "identity" - although the latter was to become an all-pervading theme in the Ego-psychology. Freud's interest in the Totem issue which was an extremely popular question among anthropologists of his time, focuses on the prohibition of incest and the phylogenetic origin of guilt; that is, how traditional classifications try to organize sexual relationships and erect barriers against incestuous temptations, in a way that, at least occasionally, doesn't seem very appropriate and even amounts to heavily inhibiting measures indicative of the "return of the repressed". Freud's elaboration on this theme have been criticized by several authors, especially Mead, Kroeber7 (about the universality of the Oedipus complex), and Lévi-Strauss (about the scientific relevance of the category of Totemism)8. A substantial part of Lacan's elaboration must be situated in this context: he has tried to elaborate a theory of names which could both remain in the Freudian tradition and take in consideration the recent research on the issue of totemism. Let us now address the practical issue of how Freud designated his patients. If we put apart President Schreber, who published his own memoirs and so became publicly a juridical and clinical case, Freud uses three naming procedures: 1- clinical diagnoses ("A case of female homosexuality…", "A case of paranoia in contradiction with psychoanalytic theory") in a manner that is quite classical in medicine and psychiatry ; 2- pseudonyms (The little Hans, Dora), a usage belonging both to the literary tradition of novels and to the practice of clinical ethics9.These can be regarded as connoting some qualities or peculiarities of theses patients: "Hans" may be seen as an allusion to several folk-songs10 or a famous circus-horse of the time in Berlin; "Dora" can allude to the importance of the gifts in the case (dôron means a gift in ancient Greek) or to the myth of Medea, etc.; 3- what we could call the "symptom-names", as in the case of the Rat-man and the Wolf-man, in which the patient is designated by the name of an animal playing a prominent role in the elaboration of his main symptom. The same thing happened with Ferenczi when he wrote his famous case of "The little rooster-man", although it appears as a mixture of the pseudonym and the "symptom-name" procedures. It is obvious that this "symptom-name" had a paramount influence on Lacan's ultimate elaboration on the "name of the father" as symptom, even if this was already present in his previous elaboration. Nevertheless, what we can retrospectively consider as precious hints inside the Freudian doctrine was by no means articulated into a coherent theory; as a result, the vast majority of Freud's followers have elaborated much more on psychosocial issues like that of identity (E. Erikson, J. Stoller, etc.), to such an extent that "identity"(understood as a stable sense of being) has tended to replace the more subtle Freudian concept of identification (implying that such a sense rested, in the last resort, on a necessary illusion. Lacan's thesis of the "unconscious structured as a language"11 certainly had an important influence on his focusing on the issue of naming. But even before this motto was proclaimed, another factor is conspicuously associated with the promotion of this theme: Lacan's observations on the degradation of the paternal authority in modern societies. From the degraded figure of the father to the penniless lady The first paper treating this subject is of course Lacan's article on the Family complexes12 - a paper written for the Encyclopédie française, in which a particularly strong influence of sociology and Marxist research was conspicuous. It, not only did he consider that the image of the modern father is a degraded one, but he also wrote that the oedipal father-image only appeared in a third step, time after the first two imagos (weaning complex, fraternal complex) had taken place, in a late answer to the impasses of the mother-child relationship. We have here a first version of the uncertainty of the father, even if he is said to appear "in the light of astonishment" and inspire a feeling of respect to his child. It seems that the first occurrence of the expression "name of the father" took place in an unpublished seminar, the seminar on the Wolfman (1951), in which Lacan noticed that one should discriminate between the symbolic father, that is the "plain symbolic function", and the degraded imaginary function, the latter determining the obsessive attitude of the patient toward some masculine figures such as his tailors, and also his heaviest symptoms in his love-life. Lacan noted that both resulted from the incapacity of the patient's father to live up to a "full" father function; this compelled the patient to morbid elaboration about the "name of the father" - a complex theory about Jesus Christ and how his sexual organs had permitted his generation. This theme of the degraded image of the father was abundantly developed in "Le mythe individuel du névrosé" (1953)13, a commentary on the case of the Rat-man which focused on the two faults of the patient's father: his failing to reimburse a colleague after the latter had paid for a most embarrassing gambling debt (he had spent the money of his regiment), and his renunciation to marrying a penniless young woman he was infatuated with. Now four aspects must be underscored in the patient's story, which is also the story of his symptoms: 1) The first point is that a dramatic deterioration of his state occurred when he, too, gave up the project of marrying a penniless lady to marry a woman of a higher social status: his story is a repetition of his father's. 2) The father's faults were considered as such because his wife (who came from a more privileged social class) mocked at him because of them: the degradation of the father's image is determined by the mother's desire. 3) The "obsessional trance" the patient is caught is determined, not only by the fact that his captain tells him the "chinese rat-torture" described by Octave Mirbeau in "Le jardin des supplices", but also by the fact that he had previously chased a young female servant in a country inn during military maneuvers: it has to do with the desire for a woman. 4) His "obessional trance", consisting in a curious computation on how to reimburse his new spectacles, is in fact a substitution: the fault concerning the penniless lady is substituted to the fault concerning the reimbursement. What is curious in Lacan's interpretation of the Rat-man's story is that he underscores the inseparability of this figure of the woman from the father's figure, as though the father function could not be realized without the figure of a woman. This gives an interesting solution to the splitting of the object described by Freud in his "Psychology of love life", this curious bigamous tendency determined by an insufficient integration of the tender and sensuous impulses in certain men. Lacan's interpretation suggests that this is not only a matter of drives fixations, but that it is more secretly determined by an attempt of the subject to cover up his father's fault through the obsessional love of a "degraded" woman - I actually found this confirmed in several actual clinical cases. In his original paper, Lacan only referred to Goethe "Dichtung und Wahrheit", and the poet's incapacity to make love to the young Alsacian girl he was infatuated with, due to the curse of her deceived and forlorn sister. Whatsoever, the patient's secret "symptom name" has to do with the fact that the word "Ratte" (rat) refers simultaneously to the rat-torture, to the fact that the father was a "Spielratte", a card games addict, and most of all to the fees (Raten) the patient felt he should have paid to the female post-office clerk who had been so kind to him in having his new spectacles sent over to him before he had paid for them. The figure of the desirable woman appeared as a necessary counterpart of the symptom - Lacan was to put it more bluntly in the 70ies:"The woman is a symptom for the man". The little Hans: the father's kindness, the devouring mother, the horse and sister Hanna If we now turn to the case of the little Hans, which Lacan studied in details in his seminar on The Object Relations, we find his reading of the case extremely different from that of Freud's, and especially concerning the function of the father. Freud has it that Hans became scared of his father because of his own close relationship with the mother, the horse being nothing else that a slight transformation of the father's actual appearance (his moustache, his spectacles, his mouth, etc.). The father's implication in the treatment , Freud writes, allows the child to experience his castration anxieties differently: he comes to the conclusion that a new phallus is being offered to him by the plumber, presented as a father substitute. J.Lacan, on the contrary, has it that the child is anxiety-stricken because he doesn't know where his desire for the mother- confused as it is with the mother's own desire - is going to take him. The kindness of the father, little Hans interpreted as a weakness, Lacan writes, as an incapacity to give some limits to the mother's fancies. While Freud says little about her - she seems to have been one of his patients - Lacan clearly describes her as "quaerens quem devoret", "at the apogy of her feminine voracity", dissatisfied with her relationship with her husband, exhibiting her colorful underwear to her son, taking him into her bed, etc. While Freud considers Hans' castration anxiety as a sort of an independent problem, Lacan, on the contrary, relates it to this priviledged relationship to the mother. It raises a question for which the boy has no answer, not only because it is a mere instinctual phenomenon, but because his desire is in his mother: he doesn't know, Lacan writes, where his sexualexcitement is taking him to. Now the way the symptom is built, according to Lacan (when Freud quotes it, he does not pay much importance to it) is extremely striking: it is underpinned by the structure of the German language. It seems that the child took the German word for "because" (Wegen), and tied it to … a horse, a procedure made possible by the fact that there is only a small phonological difference between "Wagen" and "wegen". W(E/A)GEN--------> PFERD ----------------- ? So the horse is what allows Hans to articulate his question. The horse signifier condenses the possibility to create what Lacan calls a "suppléance", a supplementation to the debased father function. The horse metaphorizes the whole situation, and places it on the ground of the "means of communication", the "three circuits" along which the child tries to disentangle his problematic. Now the case of little Hans provides us with both indications on how the symptom took shape and how it was modified in such a way that the child could be considered as cured. While Freud considers that the child eventually grows more self confident on the castration issue thanks to the "plumber fantasy", and that this is indicative of a final identification with the father function, Lacan thinks that Hans' father, in spite of all his efforts, offers no effective way of guarantying the father function; the final formula proposed by the child is the following: "I will marry my mother and daddy will marry his", which cannot be considered as a classical outcome of the oedipal conflict. Moreover, Lacan insists, in the "plumber's fantasy", there is no hint that the child feels that he will be granted a new phallus. Furthermore, in the various fantasies that Hans produced about his father accompanying him in several train tours, he manifests that the father is not up to the paternal function. According to Lacan, the ways Hans gets out of the horse symptom is through his fantasies about his sister. Hanna was at first only a dangerous character contributing to the uncanny and castrating mother figure, insomuch as the birth of an other child - without a penis - made a disastrous effect on his fantasies of being able to satisfy the mother. But subsequently, Hans develops a series of fantasies in which he proclaims Hanna to be eternal, and eventually to be able to tame the horse. According to Lacan, she is the one who gives a final solution to the whole story; he also suggests that Hans' subsequent occupation14, managing the scenography on opera scenes, probably allowed him to continue in this vein. Lacan shows a characteristic hesitation when he discusses the final psychic structure of the child. On the one hand, he recognizes that he is not a pervert, insomuch as he refuses the fetishist solution; neither can he be said to be psychotic; nevertheless, his position as a neurotic seems to Lacan "atypical", and he compares it with that of Leonardo da Vinci. No matter how surprised Lacan was by the result of his enquiry, he seems to have found what he was to consider subsequently as a general solution: an "atypical" symptom structure instead of the Freudian solution of the identification with the idealized father. As we will see, what seemed utterly atypical to him in the mid-fifties was to become a central issue two decades later. The insulted paranoiac Quite simultaneously with the examination of neurotic phobia, Lacan discussed the status of nomination in paranoia. In his seminar on "Psychoses"(1955-1956), he showed that the aggressive relationship in which the paranoiac is absorbed should be understood as the consequence of the lack of a "privileged signifier", which he presented as a superego function. The normal formula of the superego, he said, was something like "tu es celui qui me suivras"15, the "s" at the end of the verb showing that the subject can keep a certain personal initiative (second person singular); on the contrary, in the case of the paranoiac, he is confronted with a formula like "tu es celui qui me suivra" (without a final s), in which the subject is objectified (the third person singular according to French linguist Emile Benveniste is in fact a "non-person"). The most striking clinical phenomenon corresponding to this is the fact that the subject feels he cannot separate himself from God, in spite of his own protests. But the hallucinations DP Schreber suffered from exhibited also what we could call extreme modes of nomination. Lacan16 proposed to use Roman Jakobson's categories to differentiate them. On one side, he wrote, there was an array of hallucinatory phenomena: the patient had either the feeling of being insulted, of felt compelled to respond to interrupted sentences addressed to him (Denkzwang). Lacan proposed to consider that these phenomena consisted in messages focalized on "what represents the message in the code": in Jakobson's theory, the "shifters" are symbolized as "part of the code referring to the enunciation of the message", a function he writes as follows: C/M . Consequently, we could symbolize this first type of hallucinations thus, M= C/M . On the other side, Lacan wrote, we have a new code (which Schreber calls Grundsprache) "reduced to messages about the code": in Jakobson's theory, M/C is the formula of translation. We could symbolize this second sort of hallucinations as follows : C= M/C. Now the most striking peculiarity of the former sort of hallucinations is that they display a quasi-nomination, but under a degraded guise. The hallucinated insults can be analyzed, as I have shown, in the terms developed by the French linguist JC Milner17 in his theory of the "quality nouns". According to Milner, these "quality nouns" are substantives, which have a way of functioning that identifies them to adjectives. This is realized in particular in the case of insults. For example, the French term "espèce" (species) is normally of the feminine gender. But when it is employed with a derogatory or insulting connotation, it functions as an adjective and takes the gender of the noun it is apposed to. One can say for instance," Une espèce de cygne ( a sort of a swan) to designate a particular bird, the indefinite article "une" receiving the feminine -e ending since it is there to determine "espèce", which is of the feminine gender; but when one says, about a man (masculine gender in French) "un espèce d'imbécile", "espèce" takes the masculine gender; it is retrograded to an adjective and fails to behave like a real substantive, like a real noun. The subject is bestowed no "nomination"; all that remains is an insulting designation. While Lacan, in the early fifties, had underscored the relative "namelessness of the neurotic", meaning that for the neurotic, the "symptom-name" took more importance than the debased, patronymic name, the persecuted psychotic can be said to be even more nameless than the neurotic. But here again we find a feminine figure underlying the symptom-formation. Lacan considers that the development of the delusional system, starting from the intuition that "it would be beautiful to be a woman submitted to sexual intercourse" to the final transsexual delusion, in which Schreber is persuaded that his body has acquired objectivable feminine specificity, is underpinned by the foreclosure of a signifier of femininity, which comes back "in the real". Actually, when this transsexual delusion had completed its course, implying that Schreber would accept to be sexually united with God, his mental state was somewhat stabilized by this "delusional metaphor". So, Lacan wrote18, instead of being protected by the metaphor of the name of the father against the desire of the mother, Schreber was simply confronted with the "primary symbolization", caught in the discourse of the mother; failing this metaphor, once the figure of an omnipotent father ("Un-père") comes to the fore in the person of his neurologist (Pr Flechsig), the decompensation occurs, which is only alleviated by the development of the feminine delusional theme. This elaboration of his, Lacan presents as a clear alternative to the current theory according to which paranoia is determined by the repression of homosexual drives (Katan), implying that analysts should not attempt to interpret an "homosexual content" in these cases, but rather try to find how alternative solutions to the metaphor of the father's names can be sorted out. He was to expand on this subject several decades later, but still exploring the issue of femininity. Perversion: the two mothers and the law Lacan was obliged to revise his theory of the "name of the father " normally placed in a phallic position in non-psychotic cases when he studied the case of André Gide19. While in psychotic cases, the figure of the mother "letting the child fall" because the father function did not seem to fulfill her desire and to install a privileged signifier in the structure of the Other appeared to the fore, in Gide's case, the mother's figure appeared split in two, in a manner characteristic of the pervert structure. There was the "mother of the law", who managed the boy's life after the death of his father, and absolutely refused all desire - it is suggested that the mother was in fact sexually fascinated by an other woman. This "mother of the Law" refused all sexual manifestations coming from her son; she threatened to commit suicide when her son told her that he had been to bed with a woman. This aspect, Lacan considers responsible of the solitary masturbation Gide was condemned to for most of his life, without the possibility to link it to an acceptable (lawful) object of desire. On the other side, there is the "mother of desire", an aunt who had tried to seduce André Gide when he was a boy. This determined his pedophilic activity, in which he tried to tie both aspects of the mother, forcing the "mother of the law" - his wife, Madeleine, who was also his cousin and the daughter of his seducer - to be aware of this pedophilic activity. To this "division of the mothers" corresponds the subject's personal division, provoked by the fetish. While in the case of the neurotic, the symptom-name provides a sort of a negative confirmation of the effectiveness of the "name-of-the father", a negative correlation between the desire and the law, in the case of Gide, and probably in the case of many perverts, this regulation has to be built up, insomuch as the basic unconscious assumption is that of a total incompatibility between the desire and the law (this, incidentally, also appears in the case of the young female homosexual discussed by Freud in 1918, who re-creates a sort of a law in her "courtly love" conduct toward a "cocotte", committing suicide when her own infuriated father intervenes to stop her scandalous demeanor). In Gide's biography, this comes up for the first time with the feeling of being "forclosed"20, of suffering from what he called "Schaudern", and it is solely stabilized with complex fetishist constructions in which jouissance is forced into the Other that excludes desire. Thus the use of pseudonyms, like "André Walter", appeared as a solution, combined with the writing of autobiographic essays in which he made a generous usage of the journal he kept faithfully every day. Lacan's elaboration on Gide helped him to separate two figures that tended to be confused until then: the figure of the phallus, and the function of the name of the father. The contradiction between the symbolic and the jouissance then came directly to the fore. Lacan's response to anthropologists' criticism of Totem and Taboo As we have already mentioned, Lévi-Strauss' seminar in 1960 and his subsequent book "Le totémisme aujourd'hui" aimed at destroying what he called the "chimère du totémisme" in anthropology, and accessorily showing that what he called the "affective theories" of it , among which Freud's book, had missed the point that "emotions are not anterior to social organization but determined by it". The classical descriptions of totemism, he wrote, were underpinned by the assumption of an adequacy between three dimensions: clanic organization (implying of course special prohibitions of marital choices), the attribution of names or emblems of animals, vegetables and various other things to these clans, and ultimately the belief of a strict relatedness between clans and their totems, the latter implying a common ancestor to the persons designated by these totems. In his enquiry, Lévi-Strauss found that no regular relatedness existed between the three in the very tribes that had been said to be the most "totemic". He went so far as to contest the very presence of all-organizing totem schemes in the Ojibwa society, one of the most frequently cited as a paradigm of unquestionable totemism, showing that totems meant very little in themselves, if they were not considered together with the theological system of the "manidos". A further famous objection to the theories of totemic organization had been raised by Kroeber: in many instances, babies were not supposed to belong to the same totem as their father or even their mother, but were attributed the totem corresponding to an animal or an event that had struck the mother at a certain moment of her pregnancy. This was commented by Lévi-Strauss with the remark that the attribution of an alien totem did not matter much anyway, since the laws of alliance were as a rule situated on an other level than the affiliation to a specific totem. In "Les structures élémentaires de la parenté", Lévi-Strauss, inspired by the researches of Marcel Mauss on the organization of gifts, had remarked that an oceanian concept like that of "mana" had much more organizational potency as a rule regulating exchanges than the concept of totem. If we now briefly sum up Lacan's reactions to the debate, we can observe that while he considered, in his seminar on anxiety21, that proclaiming the death of the "Totem and taboo" theory was going a little too fast insomuch as Lévi-Strauss seemed to promote a flatly formal view of societies, clinical evidence called for a more dramatized view of the concept of structure, the tragic and theatrical dimension promoted by psychoanalysis which he called the dimension of fantasy. But in other instances, he admitted that Lévi-Strauss' criticism, and even more the instruments he promoted were altogether justified. In "Fonction et champ de la parole en psychanalyse", he proposed to reinterpret the debt theme in the case of the Rat-man in terms of "mana"22. The symbolic aspect of the paternal function he exemplified with Kroeber's objection (the identification of the newborn to a passing-by divinity), allowing a differentiation between the real and the symbolic father. A few aspects of Lacan's use of theological traditions A comprehensive study of naming can hardly escape referring at least minimally to theology. Almost every study of proper names23 insist on the fact that in all traditions, "theophoric" names (with such meanings as "god has given, granted", etc.) are by far the more frequent as compared to secular names, and that names referring to the exaltation of the glory of the tribe, for instance in German traditional cultures, can be considered as a local equivalent of theophoric names. Lacan's focusing on the father's name is of course to be referred to the Monotheistic, and especially Christian tradition, in which not only can God be called by his name and be represented, but also, in the Christian revelation, be called a father, father of a unique son. During the Nicea council (325 AD) organized against the Arian heresy, the doctrine was formulated that the Christ had been begotten by God and not created by a temporary act (as the muslim faith was to put it several centuries later), implying that Jesus was in fact eternal, belonging to the same substance as God himself, pertaining to the same name. There is little doubt that Lacan was inspired by this theological tradition when he elaborated on the "name of the father" as an instance capable of warranting the heteronomic existence of the subject. Nevertheless, when Lacan gave his first seminar on the Name-of-the father, in 1963, he discussed the Old Testament much more than the new one, and especially the sacrifice of Isaac. This allowed him to elaborate more precisely on the names of God, and on one of the most ancient figures of the monotheistic divinity in the Hebrew tradition (El Shaddai), in a very different manner from the Freudian myth of the primal horde. The figure of the original deity appears as an argument to document the function of what he called previously the "real father", capable to separate the subject from an originary undifferentiating jouissance. The two main questions raised by this, for Lacan, were: how can this originary figure be accounted for in logical terms, and complementarily, how the logical generation of a subject, understood as a necessary loss of jouissance, could be described? This is where he summoned the contemporary logical research. Lacan and the logical theories of naming In his seminar on identification - one of the freudian theme implying the naming issue, as we have seen - Lacan discusses Bertrand Russell's theory of names and its critique by Gardiner. Russell24 had upheld the idea that words like "this" or "that" were proper names. Russell's theory was evidently dependent from Gottlob Frege's distinction between Sinn and Bedeutung, and the latter's idea that designation derived from description; for this reason, had it that a proper name was, in common language, an abridged description. But in the logical sense of the term, a "proper name" cannot satisfy this condition; therefore, strictly speaking, only deictic words like "this" or "that" could rightly qualify as "non-descriptive" proper names, devoid of meaning ("words for particulars"). On the contrary, Gardiner25 takes his inspiration from J.Stuart Mill26, for whom what rightly qualifies a proper name is, first, a lack of meaning, and, second, being some sort of a mark. Nevertheless, the latter qualification seems exaggerated to Gardiner, and he prefers to consider that what is particular to proper names is the fact that they are "pure sound", the discriminative quality of sound being devoid of meaning. Therefore, the "purest" proper names are the most arbitrary, those which convey no connotation at all, but this does not in any way justify the Russell's exaggerated solution, considering deictics as a model for names. Lacan criticizes Gardiner for using a psychological explanation, considering that he misses a crucial point, quite surprisingly for a specialist of Egyptian hieroglyphs: the question is not that of "pure sound", he contends, but what he calls the "function of the letter", the fact that a certain mark can be applied to a certain sign so that it will give it a differential value, this differential value which Ferdinand de Saussure has described as specific of signifiers. This movement, this act of erasing a previous "natural" meaning, he explains, drawing on the researches of James Février27, is that of the passage from ideograph modes of writing to syllabic, and then to alphabetic systems. According to Lacan, the same movement is to be found in the originary inscription through which the subject of the "Urverdrängung" is created. It has been remarked by several authors that this theory resembles greatly the theory which Saul Kripke developed by the same time, insomuch as he, too, excludes descriptions in his theory of names as "rigid designators in all possible worlds", in favor of a theory of "baptism" - a mere act. Some ten years later, in his Seminar on the "names of the father"28, Lacan was to discuss J. Hintikka's semantic theory. He remarked that this theory, supposing a subject in possession of the best possible knowledge about a certain truth, could not, in spite of its merit, account for the type of knowledge which is at work in the unconscious, since this knowledge was precisely an "unknown knowledge" (Unbewusste), the determination of which could be best described by the paradox of the "logical time", in which a subject can only become aware of his "truth" through the moves of his partners, who themselves ignore which is their own truth. Only an act could, at the "time for conclusion", and within a limited span of time, determine the subject's secret truth; and this determination of truth could not consist in the communication from one subject to another, but in a first subject finding that a second subject finds that a third does not know a certain conclusive truth.29 If this sort of procedure had to be the result of a father function, then this father function had to include a certain function of ignorance, as is already to be found in the father images described by Freud in his Traumdeutung.30 This theory of "naming against meaning", at the antipodes of the traditional Christian concept of a total fullness of the naming deity, was to be complemented ten years later by a new concept of the feminine counterpart of the father function. The incompleteness of the woman and the symptom Lacan, in the seventies, developed a theory of the Other, not as the other of intersubjectivity, not as the Other of Language, but as the Other of sexual relationship. He proposes a new elaboration on the question of the specificity of feminine jouissance, a classical difficulty in the psychoanalytic treatment, which, as we have seen, also has important consequences on the issue of the father function. In his 1956 article31, he confessed his disappointment with the psychoanalytic theory on this matter: Freud's theory of "feminine masochism", warmly supported by Helene Deutsch, he considered as confusing. He noted that Karen Horney's criticism of Karl Abraham's concept of "feminine donjuanism", ( Abraham pretended to explain penis-envy as an equivalent of the masculine splitting of the object between an idealized part and a debased part) had rightly insisted on the lack of symmetry between the masculine and the feminine position. Nevertheless, Horney's orientation led to a practical impasse: she thought that the insufficiency of the love bestowed by fathers to their daughters could fully account for this penis-envy; this rejection of the fault on the Other quite logically induced her to give up the practice of psychoanalysis. Joan Riviere's theory of masquerade, focusing on the reproaches addressed by women to men (it was also a reproach addressed to her own analyst, Ernest Jones, who contended that men and women had the same type of position - which he called "aphanisis" - toward the castration issue), he considered as an interesting but partial point of view. Lacan proposed to start again from the "primary masochism" described by Freud as basic concept designed to subsume the various forms of masochism under the heading of the "death instinct". His idea was that this concept of "primary masochism" was inaccurate, and should be replaced by the idea that "sexual relationship does not exist", an idea that has been brilliantly illustrated by Leo Tolstoi in his "Sonata for Kreutzer" and popularized by second-rate American movies of the puritan tradition, in which the sexual difference is bluntly equated with the figure of the devil. The sexual relationship, Lacan contended, "does not exist in the unconscious" where it is insufficiently represented by the phallus, the signifier of the gift between the sexes. Men, Lacan writes in Encore32, are dedicated to phallic jouissance, a jouissance of the Oneness, this somewhat autistic satisfaction they are "embarrassed with" which separates them from women and allows them only a part-object access to the feminine body. Women, on the contrary, are on the side of the Other. They are directly confronted to the fact that the Other is incompatible with jouissance, as JA Miller puts it33; if it existed, it would have that jouissance. This has a physiological correlate (paucity of sensitive nerves in the anatomy of the vagina), and also a logical one: the woman, as such, is "not-all"; she is a stranger to herself insomuch as an other woman is always there to show her that she is uncomplete, even if a man can bestow her a phallic equivalent. Freud has accurately explored the dilemmas of this disappointing relationship to the phallus, especially in his article on "Femininity" (1931). This, better that the theories of paternalistic exploitation, can explain why women are supposed in all religions to have a secret relationship to the divinity. This is a reversal of the position of Lacan in his Object relation seminar about Dora, in which he explained that the girl is fascinated by Mrs K as an image of the mysteries of femininity, because of the father's gifts to her. In the seventies (Encore34, L'étourdit)35, Lacan writes that the incompleteness of the woman is what secretly allows the exception of the father metaphor to be. The exception, in its facticity, is ensured by the possibility to distinguish between three feminine positions: a (presenting oneself as an object), Vx (the mystic or "not-all" position) and --->F (the mother position). Very frequently, the second, in psychotic cases, is operationnalized as the sole manner to replace the symbolic castration, the limit allowed by the name of the father in neurotic cases; the result can range from a feeling of persecution to a transsexualist position (being "the woman"). In the case of "artistic sublimation", as in the case of Joyce, art becomes a way to destroy the totalization of meanings (Epiphanies), or create artificially a differentiation between the real and the symbolic (which J. Lacan designates as a "symptom"), the other side being insured by the fact that Nora, Joyce's wife behaved as a "glove" with him. In this case, the logical structure of femininity replaces what the name of the father cannot do; the subject can elaborate something about the structure of the world on the basis that a woman represents the totality of the objects in the world, insomuch as she presents herself as not-all. Several therapeutic maneuvers can be derived from this, especially in psychotic cases. Concluding remarks One of the main issues for psychoanalysis is to take in consideration the uncertainty of the nomination of the subject qua subject of jouissance, in a time when the traditional modes of classification become less effective, and computerized identification and genetic coding threaten to give more and more totalitarian answers to our needs for classification. It may seem paradoxical to envisage the question of naming on the basis of the structure of the symptom. Nevertheless, while behavior therapies have failed to show that symptoms are just a superficial error in the neuronal connections of a person's mental apparatus, experience teaches us analysts that they are more than just the result of a person's weakness; they should also be seen as a creation, the positive side of which we should not be ashamed to utilize for therapeutic goals; ultimately, Freud's message concerning the solidarity of his patients' symptoms with the inadequacies of the father function should teach us to what extent fundamental symptoms should be bestowed some sort of dignity. notes 1. Lacan, J. Le Séminaire XVII: L'envers de la psychanalyse, Seuil, Paris. 2. Especially in the seminar La relation d'objet. 3. Castoriadis, C.:L'institution imaginaire. 4. Abraham, K. Oeuvres, (French translation), Paris, Payot, 1976. 5. Freud, S. :Identifizierung, 1920. 6. Freud, S: Totem und Tabu,1915. 7. Kroeber, A.L. Totem and Taboo: an Ethnologic Psychoanalysis (1920), in The Nature of Culture, Chicago, 1952. See also Kroeber, AL, Totem and Taboo in Retrospect (1939) in The Nature of Culture, Chicago, 1952. 8. See especially Lévi-Strauss C, Les Structuresélémentaires de la parenté, Plon, Paris 1949; Le totémisme aujourd'hui, PUF, Paris1962; La Pensée sauvage, Plon, Paris 1962. 9. For a discussion of this ethical issue, see the introduction of the Dora case. 10. For instance, this German folksong in which the separation from the mother is a crucial issue: " Hanschen klein Ging allein In die weite Welt hinein. Stock und Hut Passt ihm gut Er ist Wohlgemut. Aber Mama weinet sehr Hat sie doch kein Hänschen mehr. Da besinnt Sich das Kind Kehret Heim geschwindt. " 11. Lacan,J: Fonction et champ de la parole et du langage en psychanalyse.Ecrits, Seuil, Paris 1966. 12. Lacan J:Les complexes familiaux (1938, L'encyclopédie française; 1985, Navarin, Paris). 13. Lacan,J:Le mythe individuel du névrosé, Ornicar? n°21, 1983. 14. On Herbert Graf's subsequent career as an opera director, see L. Mansouri: Herbert Graf, 1904-1973 in Opera, XXIV, 1973, p. 702-704. 15. "You are the one who will follow me". This sentence can be translated into French in these two manners. 16. Lacan,J: D'une question préliminaire à tout traitement de la psychose. Ecrits, Seuil Paris 1966. 17. Milner JC: De la syntaxe à l'interprétation, Seuil, Paris 1978. 18. Lacan,J: D'une question préliminaire à tout traitement de la psychose. Ecrits, Seuil Paris 1966. 19. Lacan,J: Jeunesse d'André Gide. Ecrits, Seuil Paris 1966. 20. The term used by Gide is "forclos". 21. Lacan, J: L'angoisse, séminaire 1962-1963 (unpublished). 22. Sauvagnat,F:"Szególny aspekt funkcji slowa: dlug i funkcja ojcowska w nerwicy obsesyjnej albo "Czlowiek ze szczurami" odwiedzony przez J. Lacan" in Pierwsze dni naukowe Skoly Europejskiej Psychoanalizy w Krakowie: wokol tlumaczenia J. Lacan'a Funcja i pole mówienia i mowy w psychoanalizie, Kraków, 1997, p.26-41. 23. See in particular Encyclopaedia Judaica (article:names), L'encyclopédie de l'Islam (article:'Ism), Encyclopaedia Britannica (Macropedia, article:Names). 24. Russell, B:The philosophy of logical atomism. Logic and knowledge. London, Allen and Unwin, 1956. 25. Gardiner, A. The theory of proper names: a controversial essay.2nd Edition, London, Oxford University press, 1954. 26. Mill, J.Stuart, System of Logic, London, 1843. 27. Février, James: Histoire de l'écriture, Payot, Paris 1952. 28. Lacan, J.:Les non-dupes errent, (unpublished seminar, 1973-74) 29. Lacan, J.: Le temps logique, Ecrits, Seuil, Paris 1966. 30. It is noteworthy that while J. Lacan seems to reject bluntly Hintikka's semantic theory of truth (in his 1974 seminar, he quotes Models for modalities: selected essays, Dordrecht, D.Reidel, 1969), his follower JA Miller, in the middle of the eighties (Unpublished seminar: Un, deux, trois, quatre) was to elaborate on van Heijenoort and Hintikka's distinction between "language as a medium" and "language as computation", holding that the anaytic interpretation should be considered as a particular application of the latter. 31. Lacan,J: Propos directifs pour un congrès sur la sexualité féminine, Ecrits, Paris, Seuil 1966. 32. Lacan, J.: Le séminaire XX:Encore, Seuil, Paris1973. 33. Miller, JA: L'orientation lacanienne, séminaire 1998-1999. 34. Lacan, J:Le séminaire XX:Encore, Paris, Seuil, 1973. 35. In Scilicet, N° 1, Paris 1973.
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RECENT CHALLENGES OF PSYCHOANALYTIC THERAPIES
a text by François Sauvagnat
Whoever is interested in psychotherapic practices will not fail to hear this fre- quent advice coming from authors claiming to give credit to „evidence-based
techniques”: psychoanalysis is not „in” any more; new techniques have shown greater efficacy at lower cost. As we will see, not only have these assumption proven to be flawed, but also, this kind of viewpoint seems tightly related to the prevalence of recent tendencies in the apprehension of psychopathology. One can wonder whether theses tendencies represent a significant progress.
Until recently, psychopathology kept trying to be an adequate and a consis- tent domain (that is, to give an accurate description of the current knowledge
about symptoms and a fair discussion of the possible aetiologies). But in the last decades, more lateral approaches have prevailed. A common trait of these approaches is that both consistency and adequacy have been discarded: the
subtleties of inner pathological experiences are left aside to the profit of one- sided techniques.
Until recently, most authors accepted to discuss such fundamental theoret- ical frameworks as the classification models, the sydenhamian model, the
process model, the continuist and discontinuist models of psychopathology; the syndromist model and the theory of clinical types; the models opposing a deep structure and phenomena; organicism, sociogenesis and psychogenesis; this is no longer the case. Psychiatric symptoms were classified in function of their severity, and their complexity inspired to clinicians a feeling of humility. Brilliant psychopathological systems, like Kraepelin’s theory, had given little results; Karl Jaspers had proclaimed that it was too presumptuous, only to find that his own principles would prove insufficient to account for disorders like paranoia. Psychoanalysis has from the start accompanied the slow progress of psychopathology; almost all the neuroses and personality disorders have been defined by this discipline, which refused to proclaim the existence of a distinct „normality”, showed humility concerning its results, did not hesitate to discussfailures (including „negative therapeutic reactions”), and encouraged practitioners to envisage their own insufficiencies before charging the patients’resistances. Even if their results were quite comparable to those of organic physicians, analysts generally showed modesty and refrained from pretendingto promote general happiness, conscious that this was too intimate and complex a matter to be measured by usual standards, especially in terms of thecapacity of the patient to accept happiness. Even if frequent references weremade to the sciences (and all of them), psychoanalytic technique was considered to be more an art than a science, a view which in no way seemed derogatory. Seven recent paradigms have attempted to put and end to this, and arecurrently considered as „mainstream”. In the following lines, we shall examine them and discuss their pretensions to account better for the clinician’s task. 1. Psychological symptoms are currently presented as industrial opportunities. What is required is the social identification of a mental suffering or disorder,and the announcement that a certain substance or technique is liable to pro- duce a quasi miraculous healing. It is well-known that some pharmaceutical drugs have benefited from enthusiastic presentations in the US press, even if the research concerning them showed little or no difference from the effect of placebos (as in the case of SSRI antidepressants) (Kirsch) or preoccupying addictive effects (as in the case of attention-deficit disorders „enhancers”) – inFrance some „quick methods” for treating traumatic symptoms have also benefited from a cheerful press promotion in spite of the modesty of their results.The high frequency of these journalistic promotions does not shock anybodyanymore. The only limit drawn to these enterprises is the eventuality of scandals – usually, the death of patients. The peculiarities of these practices havebeen carefully documented by authors like David Healy or Peter Breggin, butcuriously enough, the protests raised have mostly been identified with „partisan” point of views. In fact, this approach of symptoms is currently seen asinevitable; complementarily, patients are often referred to as consumers, even if a wide majority of them (especially the persons with the most severe pathologies (Narrow WE & al. 2000) refuse to be considered as such. The fact that this approach is tolerated for economical reasons should not mean that it is scientifically or even practically justified. 2. Psychological symptoms are considered in terms of risks: this view, initiatedby health insurances specialists, has immensely percolated into public preoccupations. From this point of view, psychopathological symptoms have no kindof specificity, and they are simply envisaged alongside cardiovascular diseases, drug or alcohol consumption, cancer, etc. The only questions asked are how much is this bound to cost, who will take responsibility for the expenses, how it is predictable, and consequently more or less preventable. Although theseissues are quite fascinating, the prevalent view is that the „risk” cannot be anything else than a factor of economical benefit or loss. Consequently, the ideahas prevailed that ready-made comparisons can be done: clinicians were encouraged to promote the techniques promising the fastest and cheapest recovery. A huge proportion of the research on psychotherapies focused on„evidence-based” studies, centered on virtual therapeutic situations assimilated to drug prescriptions, discarding the more demanding investigation on realistic processes in actual psychotherapies. In the meanwhile, „cognitive techniques” drawing on simplified psychoanalytic models (Kandel 1998) had beenpromoted; they were initially classified together with „psychodynamic therapies”, but finally their promoters chose to merge them with behavioral techniques; these techniques included procedures in which patients were persuaded to evaluate their own sufferings according to ready-made scales and toadhere to the values advocated by their „trainers”. In the flow of publications produced along these lines, manualized cognitive-behaviour therapies were presented as doing comparatively better than psychodynamically oriented treatments, until researchers tried to know whether the alleged results wereenduring. Several „fast techniques” have thus been shown to be of modest efficacy. In an extensive 2005 investigation on long-term outcomes of patient withanxiety and psychotic disorders benefiting from BCT, Durham et al (National Health Service, UK) found that the alleged favourable results did not persist in the long run, that the ameliorations were at best modest in anxious cases and practically impalpable in psychotic cases, and that the number of relapses had been heavily underestimated. An increase in the number of sessions brought no overall improvement. On the other hand, research on the outcome of long-term treatments of similar patients with psychodynamic therapies showed favourable results (Leuzinger-Bohleber). 3. Within the framework of the sociological school of Chicago (Erving Goffman), mental symptoms came to be understood in terms of social stigma, characteristic of an extreme class of disadvantaged individuals; stigmatization was understood to be a means of maintaining a sort of „military reserve”, inthe terms of Friedrich Engels. This concept has undergone various modifica- tions as it was inserted in the domain of cognitive psychosociology (Corrigan)and medical sociology (Link & Phelan). Whatever the merits of theses elaborations may be at the service of ailing individuals and disadvantaged groups, itis quite clear that their connection with psychopathology is somewhat loose, as they content themselves with the evaluation of social acceptability or rejection, i.e. the empowerment of stigmatized individuals, usually avoiding to evaluate the respective momentum of social versus purely psychopathological factors, let alone the possible interference between both. The immense popularity of „self-diagnosis” on the basis of so-called „internet information”, inviting surfers to self-label what they may be suffering of, has changed many „self-help groups” into lobbies craving for social recognition. Individuals are publicly invited to join survivors associations, most of the time at the expense of personal privacy and sound psychopathological science.Many of these lobbies have been instrumentalized by commercial and industrial interests, happy to see that the drugs or techniques they propose can thusfind a ready list of consumers. Several controversial labels, such as „multiple personalities” (Sauvagnat 2001), Attention Deficit with hyperactivity, etc.,have thus been operationalized by powerful industrial interests (Breggin), anda growing number of „survivors” nowadays confront clinicians with unwarranted but highly structured demands.4. Diagnosis has become a perilous exercise at a time when the categories of the DSM are publicly voted for or against by assemblies of the American Psychiatric Association influenced by various lobbies (Vedantam), instead ofbeing carefully documented by scrupulous research. As a result, the significance of categories that took decades to be carefully elaborated has been lostsight of and new categories have been hailed inconsiderately. Neuroses havebeen declared inconsistent and sliced into „personality disorders” and „disorders”; some categories, like „pervasive development disorders”, have pervaded into an uncontrollable spectrum, to such a point that it is not unusual to see,in the U.S., judges decide who shall or shall not receive the corresponding diagnosis and financial support. Childhood bipolar disorders have become a frequent diagnosis in the same geographical regions, whereas this category isseen as aberrant in other continents, where the prescription of thymo-regulators before teen age is conceived as a dangerous practice. And most of all, theissue of co-morbidity has been totally underestimated. It is not rare to see most of the DSM categories present a co-morbidity of more than 50%, a figure that can well exceed 80% in the case of ADHD. 5. An important proportion of the historical research in the domain of medical sociology has repetitively followed the „paradigm” of „institutional motives”. Ignoring the fact that clinicians will usually try to heal their patients, and inspired by R Kuhn’s triumphant theories, theses researchers have decidedthat the use of clinical categories or therapeutic techniques is mainly a ques- tion of power. Individual motives were thus considered as being of little rele- vance, as compared to the idea that competition between „scientific groups”and downright ambition will always structure the personal implication of aman, no matter what his scientific engagements may be. As a result the histo- ry of clinical categories, for instance monomania, has been drained of theirpractical significance; the human conflicts have been seen solely as conflicts of power, to such an extent that the succession of concepts has become an inconsistent series, „full of noise and fury”. It doesn’t seem to occur to some of thesehistorians that the original definition of monomania, i.e. partial madness, could have some sort of practical and clinical meaning. The history of clinical research and practices is now seen as an evolutionist domain, and the survival of the fittest is conceived as its only prevailing law. History, at the turn of the 19th century, had become a critical domain, in the sense of the Neo-kantians; a century later, it seems to have become the mere justification of industrial strategies. Amazingly few clinicians (for instance Berrios) dare to counter these unwarranted pretensions. 6. A curious alternative has recently appeared on the scene: as the personal motives of clinicians and researchers were no longer understandable, could they not simply be understood as evil? A curious sect has recently come forth, pompously dubbing themselves „Freud scholars”, who pretended to track down the real motives of the creator of psychoanalysis: Freud simply wanted his patients to get worse. Animated by tenebrous instincts, craving to win social recognition, devoid of minimal human sensitivity, Freud is portrayed as having lied on his results and on the biographies of his patients. The complexity of cases, the complexity of symptoms, could thus be reduced and simplified into an all-pervading doubt. Hasn’t he expressed doubts on his own capacity as a therapist? Hasn’t he declared that he was „like Moses”? Freud’s doubts could then be reduced to a horrible secret, that of a wicked man. Nowhere have the „resistances against psychoanalysis” expressed themselves so crudely as in the recent conspirationist prose of the „Freud bashers”. But the very fact that mostof them come from a precise cultural domain can be taken as a precious indication of the value of their criticism. In a famous book, a Canadian historianof psychiatry, Edward Shorter, remarked that psychoanalysis has never reallybeen welcome in the USA, and that in spite of what has been frequently stated, it has never been deeply accepted outside „Jewish and Feminist circles”.The gross exaggerations that are so frequent in the rhetoric of the Freud-bashers can rightfully be considered as a trademark of a certain form of ethnocentrism, especially in some North-American protestant circles. Freud’s insistenceon the role of sexual drives, the way he valued confession, his attacks on religions, his views on ethics, frontally contradicted this puritan and predestinationist tradition. The very fact that other cultural domains avoided to criticisehis theories too frontally, and even, in the case of West-European liberal Christianity (French Catholic and Reformed and recent German Katholischeand Evangelische Kirche), significant portions have repetitively tried to reconcile their doctrines with Freudianism, can also be seen as a confirmation of this suspicion. 7. Biological research has dramatically developed in the last decades, opening new fields of research but giving little unambiguous results. In a domain that traditionally overlapped psychological and biological research, psychosomaticsymptomatology, it has become usual to consider disorders in terms of neuro-psycho-endocrino-immunology, as the main regulation systems of the humanbody have proven to be deeply connected with each other. But such a complex approach probably sounded discouraging to researchers eager to touch a wide public, and the reductionist approaches, popularized by the mass-media (the „discoveries” of dozens of „candidate genes” have been trumpeted to be the „cause” of mental diseases in the last two decades, with hardly more positive result than ideological discourses encouraging political deciders to pour more funds into biological research) have failed to demonstrate clear-cut causalities in most cases. A notable quantity of biological research has therefore adopted a „lateral” strategy, in their attempts to establish a „forced relationship” between a psychopathological phenomenon and a single biological mechanism. In this kind of reductionist approach, researchers content themselves with establishing a link between the activation or inactivation of a certain cerebral region and a known pathology to declare that they have found the biological cause of this disorder, which should eliminate alternative explanations. This „result” is then „proclaimed” by an opportunistic press campaign. Recently, a researcher has claimed to have discovered that autistic individual showed a characteristic activation of the temporal region, discarding at least four already available alternative explanations, and even considering that her „results”should allow political deciders to fund „ sensory training programmes” of autistic children, and refuse such fundings to psychotherapies aiming at establishingintersubjective relationships and better emotional regulation. In this case, thisresearcher clearly considered that she had a right to „prescribe” certain techniques, even if their evaluations had already proven that they were flawed.We can easily divide these paradigms in two kinds: some are tainted with relativism, others can rightfully be called reductionist. Reductionism has allowedorganic medicine to boast significant results, for instance in the domain of neurology and oncology; but to what extent can it be applied to psychopathology?As long as the neurosciences do not yield more uncontroversial outcome in this latter domain, there is no sound reason to consider that the more realistic„bio-psycho-social” model (Engel), and its psychosomatic correlate, neuro-psycho-socio-immunology, or the Lacanian models integrating the highly individualistic issue of jouissance (intimate, sexual body-structuration) and thepsychopathological effects of social discourses should be discarded. Psychic matters in general resists to reductionism, especially in the psychotherapeutic domains. Rigid prescriptive psychotherapeutic programmes (“trainings”) achieve little success and are frontally confronted to negative therapeutic reactions, as Durham’s groundbreaking research has shown. Nevertheless, they continue to be hailed and prescribed for perfectly cultural reasons. Forinstance, in the case of adolescent psychopathology, North-American practitioners are encouraged to prescribe drugs (generally prohibited in the UK),and to apply behaviour-cognitive programmes of desensitization, self-esteem improvement and aggressivity control, although these have proven to be less effective than antidepressants, which in their turn have shown to produce lessresults than...placebo! The fact that the more versatile psychodynamic psychotherapies have proven to produce better effects (Fonagy & Target 1998) iscuriously not taken in consideration, and it would be difficult not to admit that cultural motives do not play here a predominent role. Such cultural factors are even more striking in the case of Attention Deficit with Hyperactivity. In the US, practitioners have been encouraged to prescribe Ritalin (a substance close to cocaine) to children presenting with this sort of disorders, and even to shift to mood regulators in case of failure, the practice of cognitive-behavioural therapies being presented as optional. In the UK practitioners are discouraged to give attention-regulating drugs to the children and encouraged to send the parents to behavioural „parenting programmes”... (Sauvagnat 2006) To these two current mottoes, relativism and reductionism, we would like to oppose two others: complexity and socio-cultural determination, two traits constantly underscored by European psychoanalysis. A psychopathological theory that does not acknowledge a sufficient degree of complexity in the human psyche simply misses its goals, and does not prove anything else than the narrowness of its own socio-cultural determinations. The stress currently put on „control” in „manualized” psychotherapeutic practices has shown itslimits. The focalization on „social risks” has tended to silence the fact that clinical terminology is nowadays socially determined and prescribed, as F Erõs hasdemonstrated about holocaust trauma, the labelling decisions may have very little to do with the intensity of the ailments (Erõs 2006). The same restrictions have also tried to silence the fact that behind and alleged symptomatology, a huge diversity of subjective fantasies and unconscious positions can be found. As J Lacan (inspired by the founder of the theory of probabilities, Blaise Pascal) has shown in his seminar D’un Autre à l’autre, a subject should be seen as a gambler, as a pawn in the game of the Other, as a stake within his family, as a party in an ordeal trial. This is what unconscious fantasies are about. There is absolutely no reason to consider that patients should be any simpler than poker players. If the use of simplified methods has always been an admissible practice, one should not oversimplify human subjectivity; conscionable clinicians should not pretend that simplifying methods will simplify humans. As Kandel has shown, practically all simplified psychotherapies have been inspired by psychoanalysis – at least for ethically acceptable psychotherapies – in an attempt to respond to social demands. But symptoms are also a protest against social demands. There is no sound reason why conscionable practitioners should not turn to psychoanalytic strategies that have not been manualized. REFERENCES American Psychiatric Association (1994), DSM-IV R. BREGGIN, P.–BREGGIN, G. (1994). Talking Back to Prozac. New York: St. Martin’s Press. DAVIDOFF, F.–HAYNES, B.–SACKETT–SMITH, R. (1995): Evidence-based medicine, British Medical Journal, 310: 1085–1086 (29 April). DURHAM, R. C.–CHAMBERS, J. A.–POWER, K. G.–SHARP, D. M. (2005): Macdonald RR, Major KA, Dow MGT & Gumley A: Long-term outcome of cognitive behaviour therapy clinical trials in Central Scotland, Health Technology Assessment, NHS R&D HTA Programme, November. ERÕS. F. (2006): Effets psychologiques a long terme du trauma de l’holocauste: resultants de recherché et choses vécues, to appear in Psychologie clinique, Numéro thématique Le trauma, aspects cliniques, éthiques et politiques, nov. FONAGY, P.–TARGET, M. 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