#foy_limbes
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Alentours d’𝓗𝘶𝘳𝘭𝘦𝘷𝘦𝘯𝘵, il y a quelques matins.
𝐓𝐇𝐄 𝐒𝐖𝐎𝐑𝐃𝐒 𝐎𝐅 𝐎𝐋𝐃 𝐇𝐄𝐑𝐎𝐄𝐒 : ˗ ˏ ˋ 𝓈𝒸𝑒̀𝓃𝑒𝓈 ˎ ˊ ˗
Aux abords de la ville, il est une forêt dense aux sapins frissonnants fouettés par un vent froid venu de l'est. Un garçon marche au côté de son destrier. La chanson qu’il siffle du bout des lèvres résonne pour la lune penchée sur l’horizon, aussi ronde qu’une monnaie d’argent. Elle écoute leur pas cadencé et la mer en contrebas qui lui rugit sa terreur.
Il y a un cimetière non loin de là.
Félix en aperçoit les monolithes immenses lorsqu’il longe la lisière de la sylve. Leurs mornes couleurs se détachent contre le matin qui bleuit à vue de nez. Comme pour confirmer l'intime instinct qui avait guidé son regard vers les monuments, il distingue dans le lointain le clairon des cloches de la cathédrale d’Hurlevent. Elles sonnent cinq fois.
Le garçon s'enfonce au cœur des bois. Il poursuit un sentier ténu jusqu'à percer une plage, le bord d'un lac, dissimulée par le couvert des arbres. Il laisse son cheval s’abreuver, puis s'agenouille à son tour contre les galets frais du rivage.
Il plonge ses deux paumes dans l'eau glacée, et rinçant son visage, tourne ses paupières closes dans la direction du levant. Une prière murmurée échappe ses lèvres gercées.
Son corps bousculé par le manteau froid de la nuit tremble et frissonne, mais toujours brave, toujours droit, Félix reste statuesque jusqu’à la fin du rituel. Le crépuscule mourrant le traverse sans qu'il ne plie.
Quand il rouvre les yeux, une jeune fille nue est accroupie de l’autre côté du lac.
La moitié de son visage est ensanglantée et dans sa mâchoire, elle serre une épée de bronze enroulée de chaînes fines, dont les métaux aux diverses nuances lui sont inconnues. Alors qu’elle crache son tribut dans l’eau pour en retirer la terre, le garçon aperçoit quelques pierres précieuses miroiter.
Elle, vomit une bave rougeâtre et pousse des râles pathétiques ponctués d’injures et de grognements sauvages. Elle tousse parfois des touffes de poils noirs.
Il veut le trésor pour lui. Et la fille, aussi.
Ses cheveux si sales qu’ils paraissent bruns traînent dans l’eau claire. Elle observe les environs en reprenant son souffle. Felix porte une oeillade inquiète à son camp de fortune, puis juge inconfortablement qu'il n'a rien à craindre. Le bosquet qu'il a choisit est assez dense et éloigné pour l’abriter de son regard inhospitalier.
Les gestes décisifs mais lents de la fille trahissent un épuisement qu'il observe avec curiosité. Et pourtant ces mains pâles n’ont que des manières précises et agiles. Les manières rodées d'une femme de chambre rinçant les bijoux de sa reine tous les jours, d'une lavandière habituée à la rare pureté d'un linge propre, d'une mère caressant la peau délicate d'un nouveau-né.
Elle ramasse son butin et l’enroule dans un large pan de tissu brun qu'il n'avait pas encore vu.
Quand elle entre dans l’onde pour s’y baigner, Félix détourne son visage, pudique.
(…)
Goran suit le garçon du coin de l’œil depuis l’autre côté de la berge. Il parcoure à pas de loup la distance qui les sépare. Il doit se congratuler intérieurement pour sa discrétion.
Elle l’attend. Ses muscles bandés brûlent sans discontinuer depuis sa transformation. Son souffle rauque, ses mains tendues mais tremblantes, les larmes qui s’écoulent de ses yeux comme si elle avait été frappée au nez, sont autant de signes qu’elle a appris à reconnaître : elle est épuisée.
Fuir aurait été la solution la plus sage. Mais elle ne l’avait repéré que quelques minutes plus tard, alors qu’il avait déjà vu l’épée et, surtout, son petit manège autour de l’arbre lui servant de cache. Elle était nue et vulnérable. Aucune de ses favorites flagellations mentales ne lui rendaient pas sa force.
Il aurait fallut étrangler le garçon pendant sa prière, tout de suite, à la manière de cette sirène gargantuesque dont elle avait entendu parler dans les contes.
Si elle n’avait pas mis autant de temps à retrouver cette tombe, elle dormirait déjà sur l’une des branches de l’arbre. Son butin serait secret. Son avenir serait sauf. Elle n’aurait pas à s’imaginer le tuer.
Ses cheveux s’étendent autour de son visage à moitié immergé, comme une épaisse toile d’araignée dans laquelle elle serait empêtrée.
La marque pourpre que Félix avait aperçu de loin ne disparaît pas tout à fait sous l’eau. Le soleil levant apparaît entre les troncs et ricoche, accusateur, sur sa joue tatouée. Je te vois. Je sais ce que tu as fais.
Goran admet qu’elle a repéré le garçon, qu’elle fixe effrontément — lui, prétend encore se cacher derrière son arbre. Trop proche de ses possessions. Un gargouillement sauvage étreint son estomac. Elle lui crache dessus un long filet d’eau teinté par son sang.
« — Va-t-en! »
Son regard évite précisément le trou entre les racines qui abrite ses affaires. Peut-être qu’il n’a pas vu.
« — Les hommes ne sont pas autorisés dans ces bois, » ment-elle sans ciller, « Un pas de plus et je devrais te tuer. »
Le mythe se glisse sous sa peau. Être une nymphe sanguinaire vaut mieux qu’être… elle-même. Faible, maigrichonne, Goran. Elle sent tous ses muscles contractés par l’eau glaciale. Ses lèvres sont à présent plus bleues que rosées, donnant à sa peau des reflets métalliques qui ne lui appartiennent pas.
à continuer?
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Félix Foy
Félix vit dans une ferme fortifiée à un peu plus d’un kilomètre des limites d’Hurlevent. Depuis la disparition de sa grande sœur il y a deux ans, il y réside avec sa tante ainsi qu’une famille de trois qui aide à la gestion du domaine. Celui-ci appartient à sa mère, chevaleresse anoblie après la Première Grande Guerre afin d'honorer ses exploits sur le champ de bataille. Elle s'est exilée hors des limites d’Hurlevent suite à l’affaire de la Guilde des Maçons.
Félix hérite de son titre de noblesse et décide de suivre ses pas. Il est donc écuyer : chaque matin il se rend aux écuries d’Hurlevent afin de remplir ce rôle, autrefois attribué à sa sœur aînée.
Félix doit faire preuve de piété s'il souhaite devenir chevalier. Il connaît par coeur le rythme cadencé des prières nocturnales et matinales, qu'il accomplit avec la précision d'un sagittaire. Le regard vers le ciel, sa volonté bandée, et sa cible toujours juste.
Son maître et les autres sirs attendent des miracles d'un jeune homme si pieu.
A déjà quatorze ans, Félix ne montre aucune prédisposition à la chasse ni au combat. Il rechigne à monter son propre cheval qu'il préfère panser. Son affection se porte sur les animaux car les autres créatures lui sont — sinon inconnues — aliènes.
Il ne comprends pas grand chose aux nuances politiques de sa cité et aux relations interpersonnelles qui sont pourtant au cœur de la vie de tout grand paladin. Et s’il a longtemps considéré ce rôle admirable, il craint de plus en plus les vicissitudes de la cour militaire hurleventine.
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