#fleur du chemin - la petite bergère
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venustapolis · 2 years ago
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Roadside Flowers, The Little Shepherdess (Jules Bastien-Lepage, 1882)
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ludivinedesaintleger · 5 years ago
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Lundi 23 mars 2020
La journée a été magnifique, en ce deuxième lundi de confinement.
La plage était là, en contrebas, qui nous tendait les bras. Si pure, si belle. Comment refuser à nos enfants d’aller courir sur cette immense étendue de sable, d’aller tremper leurs bottes dans l’écume des vaguelettes, et d’aller chasser les mouettes en riant ?
Nous avons tenté de les raisonner, de leur expliquer posément pourquoi nous sommes contraints de rester sous les verrous, mais leurs grands yeux tristes ont eu raison de notre détermination.
Je n'ai aucun doute sur le fait que, dans quelques mois, lorsque – comme je l'espère, comme je le crois, comme je le sais – nous aurons franchi cette étape et nous aurons terrassé ce virus, certains diront “aller à la plage, c’était irresponsable”. Toutes ces polémiques, toutes ces contestations, je les connais, et je suis prête à en discuter. Mais Victor et moi sommes les chefs de famille, et nous assumons absolument toutes les décisions que nous prenons en famille.
Donc nous avons pris nos responsabilités et nos bottes, notre perche à selfie, nos enfants, leurs pelles et leurs seaux, et avons descendu la colline de Trouville jusqu’à la plage.
Déserte.
C’était de toute beauté. La plage de Trouville – tous les gens de bon goût le savent – est bien plus belle que celle de Deauville (sa prétentieuse voisine), où ne se rendent que les m’as-tu-vus. Aujourd’hui il n’y avait personne à part nous.
Cela m’a rendue un peu mélancolique. Me sont revenus à l’esprit tous mes compatriotes un peu trop dociles, qui n’osent pas sortir de chez eux à cause de la peur du gendarme, et j’ai eu de la peine pour eux. Mais il ne faut pas que je me laisse abattre par le malheur des autres : j’ai bien assez du mien.
C’est cela, d’être une empathe.
J’ai vite chassé cette triste pensée en me lançant dans une course folle vers l’océan, le vent indécis emportait mes cheveux dans une valse endiablée, et mes poumons se gonflaient, puissants, pleins de vie, de l’air pur du bord de mer. 
Mes enfants couraient derrière moi en poussant des cris de joie. Maman court ! Maman court, riaient-ils. Lorsque je me suis arrêtée, ils m’ont sauté dans les bras, et nos cheveux blonds se sont mêlés les uns aux autres. Victor est arrivé, essoufflé, pour immortaliser ce moment. Je crois que je ne l’aime jamais autant que lorsqu’il me prend en photo.
Comme c’était bon de se sentir en vie ! Comme c’était bon d’être seule avec ma famille sur cette plage immense et magnifique. Était-ce cette ambiance d’un calme étrange qui y régnait à la veille du débarquement de Normandie ? Ce devait être agréable, d’habiter sur cette côte, à l’époque. Sans doute le seul lieu tolérable dans cette France occupée.
Quoique.
Paris aussi, devait être de toute beauté.
Paris la belle.
Paris l’indomptable.
Fluctuat nec mergitur.
On le voit bien, d’ailleurs, dans les films de guerre. À Paris, sous l'Occupation, il y avait une forme de légèreté. On chantait la liberté, on dansait la liberté, on riait la liberté dans les robes à fleurs des jeunes femmes et sous les bérets bancals des titis, alors qu'on n'était en fait pas totalement libre ! Mais pour moi c'est ça, Paris. C'est là où tout est possible.
Paris est une fête.
Paris me manque. Paris.
Ville lumière.
Bergère, ô Tour Eiffel, le troupeau des ponts bêle ce matin, chantait le grand Guillaume, lui aussi emporté par une pandémie, en 1918, dans le VIIème arrondissement de Paris, lorsque la grippe espagnole a eu raison de son génie.
Je m’impose une minute de silence cérébral pour Apollinaire. Je m’assois sur le sable et je médite.
La méditation est devenue une composante vitale de ma vie. Je suis une personne à fleur de peau. Je me laisse souvent trop déborder par les divers sentiments de révolte, de colère et de consternation que fait naître en moi la médiocrité du monde.
Et je le sais bien. Je le sais bien, que ma colère est toujours saine et légitime. Mais ma colère, c’est moi, qu’elle empoisonne. Bien plus que les autres. Hier, par exemple, avec mes innombrables obligations, j’ai oublié de méditer, et je me rends compte a posteriori que j’aurais dû faire abstraction de la visite de cette “voisine”.
De toute façon, je ne pouvais pas l’empêcher d’avoir lieu, alors à quoi bon laisser la colère me ronger de l’intérieur ?
La méditation, c’est cela, aussi. C’est savoir prendre du recul par rapport à soi, et tirer les leçons de ses erreurs. Faire un petit pas de côté. Respirer. Et grandir, grandir sans cesse, devenir chaque jour une meilleure personne. Dans la certitude sereine d’être sur le bon chemin.
Il m’arrive plus souvent qu’à mon tour de voir des personnes se quereller. Je souris en écrivant ces mots. Bien souvent, j’ai très envie de m’approcher d’eux et de leur dire, apaisée, de prendre un moment pour respirer et regarder le ciel. Un moment pour méditer. Tous les jours. Et ils me regarderaient et à mon regard ils comprendraient, comme touchés par l’Esprit Saint.
J’aimerais pouvoir leur enseigner tout ce que je sais.
Mais là n’est pas mon rôle, et il est important aussi de savoir lâcher prise. Si je m’écoutais, je passerais ma vie à aider les gens. Je serais en permanence dans le don, jusqu’à l’oubli de soi. Mais j’ai deux enfants, et ce sont eux, ma priorité. Alors je laisse ces gens à leurs situations et je trace ma route, en les regardant de loin, comme un père bienveillant contemple sans intervenir ses enfants qui se chamaillent en pensant “cela aussi, passera”.
En remontant de la plage, nous avons fait un détour par la pharmacie du port pour prendre des antihistaminiques. J’ai été étonnée du nombre de promeneurs sur les trottoirs, et du nombre de joggeurs. Ce n’était pas la cohue, mais tout de même, nous avons bien croisé trente personnes !
J’angoisse à l’idée que ces gens n’aient pas pris conscience de la situation grave dans laquelle nous nous trouvons. En éternuant dans mon coude à cause de mes allergies, je suis passée à moins d’un mètre d’une vieille dame avec un sac de provisions. Elle ne portait même pas de masque ! Elle aurait tout à fait pu me contaminer avec ce virus qui, paraît-il, touche principalement les personnes âgées. Les gens sont si égoïstes ! Si inconscients !
J’ai beau tout faire, tout ce qu’il est humainement possible de faire pour être dans le non-jugement et dans le pardon, j’ai un mal fou à ne pas en vouloir à cette personne âgée inconsciente.
De retour à la maison, j’ai reçu un coup de fil d’Esther, ma belle-mère que j’adore. Quand j’ai vu son nom s’afficher sur le téléphone, j’ai demandé à Dolores de décrocher pour moi parce que j’étais en train de lire un article dans le Huffington Post et que je voulais le finir.
J’y apprends que des cliniques privées demandent à être réquisitionnées pour la crise du Covid-19.
Il y a tellement de choses à dire sur cette information, tellement !
Cela montre bien que l’État est incapable de gérer ses hôpitaux, que ces fonctionnaires sont des incapables, et qu’il faudrait tout privatiser.
Et puis surtout : non. Même si j’apprécie à sa juste valeur la générosité et l’abnégation qu’il faut pour proposer un tel don de soi, les cliniques privées tiennent grâce à l’argent d’investisseurs, et comment feraient-ils, pour vivre, avec ce manque à gagner ? Où serait la justice ?
Je prends le combiné des mains de Dolores – elle n’avait pas fini sa phrase, mais de toute façon ma belle-mère ne comprend rien à son accent sud-américain – et je raconte cela, scandalisée, à ma belle-mère, qui s’inquiète, à raison :
– Comment ferai-je, me demande-t-elle, si j’ai besoin d’aller à l’Hôpital Américain, dont je suis une généreuse donatrice, s’ils n’ont plus le moindre lit de disponible pour m’accueillir ? Pourquoi croient-ils que je leur envoie un chèque chaque année ?
Je comprends sa révolte, et renchéris :
– Et puis je pense à Victor et à sa clinique de chirurgie. Et s’ils venaient à la réquisitionner ? Et s’ils allaient lui voler ses appareils à stériliser, et les respirateurs qu’il conserve en cas d’urgence ? Ce pays vire au rouge, Esther. Il vire au rouge.
– On marche sur des œufs.
– Oui. Ou bientôt sur des faucilles et des marteaux.
Puis Esther m’a demandé des nouvelles des enfants, alors j'ai rendu mon téléphone à Dolores – comme elle avait passé la matinée avec eux, elle était plus à même de lui répondre. Et je ne sais pas pourquoi, pour la deuxième fois, Dolores a esquissé un mouvement de recul lorsque je lui ai passé mon téléphone. Elle l’a repris du bout des doigts, l’a gardé en permanence à cinq centimètres de son visage, et après avoir raccroché, elle est allée se laver les mains avec application.
Assise dans le grand Chesterfield du salon, j’ai pris mon visage dans mes mains. Fatiguée.
Fatiguée des frasques du petit personnel que je dois gérer en permanence.
Fatiguée rien qu’à l’idée de tout ce qu’il me restait à faire dans la journée.
Si fatiguée !
J’ai passé l’après-midi à dormir, sans doute aussi fatiguée que déprimée par le triste déjeuner que Dolores nous avait préparé – du poulet rôti avec une purée aux trois légumes. Le dénuement, c’est bien, ça a son charme, mais à force, non, c’est trop. Je n’en peux plus de cette simplicité. L’omelette norvégienne qu’elle avait préparée pour le dessert ne fut qu’une menue consolation...
Pourtant, avec un prénom pareil, “Dolores”, elle devrait cuisiner mille-et-une saveurs ! Quoi de plus exotique qu’une jeune femme colombienne ? Je rêverais de la voir de temps en temps dans un costume traditionnel colombien, plein de couleurs et de plumes, de clochettes et de tissus à froufrous, et surtout, je rêverais que sa cuisine soit l’équivalent gustatif de cette vision épicée !
Ah, Dolores.
Dolores. La douleur de mes papilles, La douleur de mes pupilles. Jeune fille, Face à ta paresse, En bas, mes pauvres papilles En haut, mes pauvres pupilles Se languissent, jeune fille, De ta culturelle adresse.
—Ludivine de Saint Léger
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