#et les gens peuvent pas s’empêcher de se mêler de la vie des autres
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“À Paris l’air est plus pollué mais au moins là bas je respire” soo true
#not Paris for me but#qu’est-ce que j’en ai ras le cul des petits villages où tout le monde sait tout sur tout le monde#et les gens peuvent pas s’empêcher de se mêler de la vie des autres#I mean technically the town I live in now is way smaller than the city where I used to be#but here less people are aware of my existence
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Pour le politologue russe Konstantin von Eggert, la victoire du maître du Kremlin présage la poursuite d’un système basé sur l’immobilisme. Mais, à 65 ans, il lui reste à préparer sa succession afin d’anticiper toute trahison de sa jeune garde et de continuer à tirer les ficelles.
«Je n'exclus pas le départ prématuré de Vladimir Poutine»
Comme prévu, Vladimir Poutine a remporté l’élection à sa propre succession, dimanche. 76 % de voix, avec 67 % de taux de participation. C’est moins joli que les «70-70» prévus par le Kremlin, mais les résultats en chiasme ont quand même des allures de raz-de-marée et de plébiscite. Pour son dernier mandat présidentiel, il avait besoin d’une méga-victoire, explique le politologue Konstantin von Eggert, présentateur et chroniqueur politique de la seule chaîne indépendante du pays, Dojd, qui voit en cette réélection programmée une reconduction de la stagnation poutinienne.
Comment analysez-vous ce plébiscite de Vladimir Poutine ? Les Russes le soutiennent-ils réellement à ce point ?
C’était une autoreconduction de Vladimir Poutine. On l’a vu, beaucoup de gens ont voté par obligation. Le phénomène essentiel de la gouvernance de Poutine consiste dans le fait que son soutien est peut-être large, mais il n’est pas profond. En cas de crise politique dans le pays, si le pouvoir de Poutine était en danger, tous ces gens auxquels on a forcé la main ne sortiront pas dans la rue de leur plein gré. Les partisans de Navalny, les nationalistes, les communistes, les démocrates, oui. Mais ceux qui soutiennent Poutine sont surtout des gens – et ce n’est pas de leur faute – qui dépendent de l’Etat, ils sont plutôt indifférents à la politique. Et c’est sur cette indifférence, y compris à la destinée du pays, que s’érige l’autorité du régime politique actuel.
Les autorités ne peuvent s’empêcher de frauder pendant les scrutins, même si les résultats sont prévisibles…
Les chiffres doivent être bons, à usage interne, mais aussi externe. Poutine va utiliser ces élections dans ses contacts avec les leaders occidentaux. Il pourra leur dire : «On ne peut pas falsifier l’ensemble des 76 % que j’ai obtenus. Je suis populaire comme aucun d’entre vous.» Et les partisans du compromis avec le Kremlin, en Occident, en France, vont saisir au vol cette idée. Un grand nombre de politiques, d’hommes d’affaires, de personnalités publiques, la moitié de l’émigration russe, vont insister sur le fait qu’il faut dealer avec Poutine, tandis que les Russes ont besoin d’un tsar… En plus, le résultat terriblement faible du communiste Groudinine va être interprété par les droites européennes comme la preuve que Poutine a enfin vaincu le communisme.
Dans quel état est l’opposition aujourd’hui ?
Piteux. Dans une forme plus ou moins organisée, il n’y a que le Parti du progrès d’Alexeï Navalny. Mais le Kremlin a choisi une tactique perfide : Navalny est cantonné à une sorte de ghetto, un enclos, dans lequel il continue de se présenter comme le dénonciateur de la corruption en Russie. Ces dénonciations ne mènent nulle part, car il n’y a pas de mécanisme pour y remédier. Navalny ne peut pas participer légalement à la vie politique, le Kremlin se fixe l’objectif d’assécher sa base de soutien. Objectivement, c’est très difficile pour l’opposition de travailler dans les conditions d’une société dépolitisée, paternaliste et soumise au pouvoir. Mais Navalny lui-même est incapable pour l’heure de formuler une plateforme politique inspirante, qui en ferait un véritable leader d’envergure nationale. Il a d’abord besoin d’asseoir sa base de soutien dans les grandes villes, qui représentent potentiellement 10 % à 20 % de l’électorat, puis d’attirer le reste du pays.
Peut-on tout de même parler de l’émergence d’une nouvelle génération de politiques et d’électeurs ?
Je pense que les politiques de la nouvelle vague ont des perspectives. Parce que la génération qui est descendue dans la rue avec Navalny, et qui continuera de le faire, les 15-25 ans, ce sont des gens qui ont vécu toute leur vie sous Poutine. Pour eux, la stabilité et la grandeur impériale sont surtout synonymes de stagnation et d’hypocrisie. C’est à eux qu’il faut proposer des choses. Je vois, parmi les jeunes, deux tendances qui vont s’accentuer dans les années à venir. Il y a d’un côté une nouvelle gauche, dans le genre d’Occupy Wall Street, altermondialiste, partisane de la démocratie directe… et de l’autre, les «libertariens», qui voudront avoir le moins de relations possible avec l’Etat, gagner eux-mêmes leur vie, sans que l’Etat ne s’en mêle, qui seront prêts à renoncer à des tas de choses dont ils ne se servent déjà pas, comme le système de santé gratuit…
Quels sont les enjeux de ce mandat ?
On ne peut pas parler de développement dans un pays où la stabilité est érigée au rang d’idée nationale. Changer une économie dans laquelle 70 % du PIB provient des corporations d’Etat et des structures qui en dépendent ? Pour Poutine, la libéralisation économique mènera tôt ou tard à l’apparition de ces mêmes classes moyennes qui ont protesté contre lui en 2011-2012, qui vont exiger des droits politiques. Et réformer un système politique totalement exsangue ? Mais tous ces gens qui dépendent du pouvoir risquent de découvrir qu’il y a une alternative au candidat du Kremlin. Améliorer les relations avec l’Occident, alors que toute l’autorité de Poutine est bâtie sur la confrontation ? Il se sent bien en commandant de garnison de la forteresse assiégée qu’est devenue la Russie. Qui plus est, pour infléchir la diplomatie, il faudra reconnaître des erreurs, peut-être même battre en retraite. Mais pour le Kremlin, tout recul est considéré comme une défaite et une humiliation. Les moindres changements dans le pays ne signifient qu’une seule chose : il y aura un «Maidan» russe. Poutine en est profondément convaincu.
Tout ce qu’il a annoncé – le relèvement des campagnes, la santé –, ce sont de vaines paroles ?
Mais on ne voit pas pourquoi il ferait aujourd’hui des réformes qu’il n’a pas faites durant ces dix-huit dernières années…
Un nouveau point culminant semble être atteint dans les tensions avec l’Occident, avec l’affaire Skripal. Quel est l’horizon de ces relations ?
Actuellement, l’élite politique russe n’est intéressée que par une seule chose : que les pays occidentaux ne touchent pas à ses actifs à l’étranger. Pour cela, le Kremlin est prêt à aller très loin. Dans le même temps, l’autorité et la légitimité du régime repose en grande partie sur la confrontation avec l’Occident. Je pense que nous sommes au seuil d’une nouvelle vague de confrontation, dans laquelle Poutine a des chances sérieuses d’avoir du succès, pour l’instant. Il voit que les élites occidentales sont divisées, absorbées par leurs propres affaires. Tactiquement, Poutine a enregistré un certain nombre de victoires. Mais stratégiquement, il enchaîne les défaites. Rétrospectivement, si on laisse la Crimée de côté, qu’avons-nous dans le Donbass ? Les restes d’une tentative infructueuse de mainmise sur l’Ukraine de l’Est. Ces territoires sont devenus pour le Kremlin comme une valise sans poignée : on n’a pas envie de la jeter, mais elle n’est pas pratique à porter. L’ingérence dans les élections américaines ? Une erreur gigantesque qui nous a prouvé qu’au Kremlin, personne ne comprend comment fonctionnent les systèmes politiques occidentaux en général, et américain en particulier. Résultat : Trump n’influence aucunement les décisions à l’encontre de la Russie, qui sont prises par le Congrès et divers généraux, que l’on ne peut certainement pas qualifier de russophiles.
Et la Syrie ?
Les forces armées russes ne cessent d’en être retirées, définitivement. Moscou a sauvé Al-Assad, pour l’instant, mais au prix d’une ingérence dans une région complètement transformée, à la suite des printemps arabes. Le Proche-Orient, qui a été créé à la sortie de la Première Guerre mondiale, a cessé d’exister. Les dictatures militaires relativement laïques et autoritaires, avec lesquelles le Kremlin a toujours le mieux coopéré, se sont toutes effondrées. L’Irak, la Libye, le Yémen et la Syrie. La Russie n’est pas le joueur le plus fort dans la région, elle n’y a pas d’intérêts nationaux importants. Pourquoi se mêler au conflit ? Pour faire un bras d’honneur aux Etats-Unis ? Sauf que désormais, et pour longtemps, toutes les administrations américaines, démocrates ou républicaines, vont considérer la Russie comme l’ennemi principal.
Comment se profile la succession ?
Poutine a des choses pour lui, mais pas son âge. Lui et son cercle rapproché sont proches de la retraite. Le décalage entre eux et la jeune Russie ne fera que croître. Ils vivent déjà dans une autre dimension. Les six années à venir vont être des années de crise politique intérieure. La question de la succession va occuper une grande partie de l’élite politique. Une nouvelle génération de bureaucrates poutiniens arrive sur scène. Ils ont 35-45 ans et sont nommés ministres, gouverneurs de régions moyennes. Poutine compte sur leur loyauté, mais comme nous le montre l’histoire des régimes autoritaires, ce calcul n’est pas toujours fiable. Si Poutine et son entourage décident de trop s’attarder sur la scène politique, ces mêmes jeunes gens qui leur font allégeance aujourd’hui peuvent les trahir. L’un des enjeux de ce mandat est d’assurer le renouvellement de la structure politique qui soutient le régime. Il va falloir trouver un nouveau rôle pour Poutine, former une nouvelle équipe. Cette élection était comme une première étape dans la préparation de ce processus. Par exemple, c’était un test-drive pour Ksenia Sobtchak. La prochaine étape sera la création d’un parti démocratique de poche qui pourrait passer avec 5 % à la Douma. Une poignée de députés aura alors la possibilité d’y imiter l’opposition, que l’on pourra exhiber comme preuve que la Russie est une démocratie.
Poutine ira-t-il au bout de son mandat ?
Je n’exclus pas son départ prématuré du poste de président, quand personne ne s’y attendra. Il dira par exemple : «J’ai 70 ans, l’âge de la retraite pour les fonctionnaires, donc je m’en vais, en laissant le pays entre les mains sûres d’X ou Y.» Son successeur pourrait être soit un ancien agent du KGB, comme lui, compréhensible et fiable. Ou alors Poutine pourrait prendre un gros risque et nommer quelqu’un de totalement différent. Mais il ne quittera le pouvoir qu’une fois qu’il aura garanti sa propre sécurité et celle d’un cercle rapproché, et qu’il s’assurera une place pour continuer de contrôler les processus politiques.
Veronika Dorman
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