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#ebdo magazine
thebusylilbee · 3 years
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[...] L’histoire a commencé en juin 1997. Pascale Mitterrand, 19 ans, était une toute jeune photographe stagiaire de l’agence de presse Sipa. Nicolas Hulot, 42 ans, était un présentateur célèbre de l’émission Ushuaïa, sur TF1. Il venait d’acheter une grande maison en Corse et proposa à l’agence l’exclusivité des clichés de la demeure. La jeune femme s’y rendit seule en reportage pendant une semaine. À la suite de ce séjour, la jeune femme, bouleversée par ce qui s’y était passé, abandonna le photojournalisme et changea de vie.
Le 11 juillet 2008, Pascale Mitterrand poussait la porte d’une gendarmerie des Landes pour porter plainte. Elle souhaitait raconter ce qui s’était passé onze ans plus tôt dans la maison corse. Les gendarmes qui écoutèrent son récit évoquèrent une scène de viol. Mais les faits étaient prescrits selon la loi de l’époque [1]. Il était impossible de poursuivre Nicolas Hulot qui, informé du dépôt de cette plainte, fut toutefois entendu à sa demande le 29 août 2008 par les gendarmes de Saint-Malo (Ille-et-Vilaine). Il convint alors d’une relation sexuelle lors du séjour, mais nia toute contrainte.
9 février 2018. Le jeune journal Ebdo révéla l’histoire, qui entraîna sa chute. Car Nicolas Hulot avait lancé un efficace contre-feu. La veille de la parution de l’article, Hulot, qui était alors ministre de la Transition écologique, accorda un entretien à Jean-Jacques Bourdin, sur RMC. Face au journaliste, il nia les faits, évoqua « un cauchemar » pour lui et sa famille. Il reçut un soutien immédiat du Premier ministre, Édouard Philippe, puis de Marlène Schiappa, alors secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, et enfin du porte-parole du Président de la République.
Dans la presse, un épais silence tomba, les médias ne rebondirent pas, aucun journaliste ne reprit l’enquête, pour la confirmer ou pour l’infirmer. Une « absence de curiosité rare, exceptionnelle », observe Jean-Michel Aphatie, qui a repris les faits. « Choqué », comme il le dit à Reporterre, par l’indifférence totale à la parole de la jeune femme, il apporte dans son livre un élément nouveau : il s’est procuré l’enregistrement d’une conférence donnée par la journaliste Bérengère Bonte, autrice d’une biographie sur Nicolas Hulot (Sain Nicolas, éditions du Moment, 2010). Durant cet événement, en mars 2018, elle livre le témoignage de Gökşin Sipahioğlu, le directeur de l’agence photographique Sipa, qui a envoyé Pascale Mitterrand en Corse.
Voici un extrait que nous publions ici, et qui éclaire d’un nouveau jour cette affaire, le chapitre « Rire jaune », pages 223 à 229 des Amateurs :
Rire jaune
Bérengère Bonte est journaliste. Elle a effectué toute sa carrière à Europe 1. En 2010, elle publie la première biographie de Nicolas Hulot, aux éditions du Moment, qu’elle intitule Sain Nicolas. Elle consacre un chapitre du livre aux conquêtes féminines de son sujet. Elle le justifie ainsi :
« Quand le dictaphone s’éteint, l’immense majorité des interlocuteurs finit toujours par lâcher : “Vous ne pouvez pas faire une biographie de Nicolas sans évoquer cet aspect du personnage.” Ils ou elles parlent de jeunes anonymes, assistantes d’émission, stagiaires ou de jeunes femmes issues de la sphère publique : une petite-fille de François Mitterrand, apprentie photographe, qui passe une semaine chez lui sans ramener un seul cliché, et aussi une fille de ministre courtisée à la limite du harcèlement, et d’autres, impossibles à citer ici. »
Il faut noter deux points.
Huit ans avant l’enquête d’Ebdo, qui paraît donc en 2018, le nom de la jeune photographe qui s’est rendue dans la maison de Nicolas Hulot en Corse est cité publiquement par Bérengère Bonte dans son livre. Ce qu’ignore la journaliste au moment où elle écrit son livre, en 2010, c’est que deux ans plutôt, en 2008, Pascale Mitterrand a porté plainte contre le militant écologiste.
Par ailleurs, cette évocation en deux lignes d’une « fille de ministre courtisée à la limite du harcèlement », qui n’a rien à voir avec la précédente, agite la coulisse politique depuis longtemps. Le nom est connu, s’échange sous le manteau, mais rien n’a été dit publiquement.
Dans ce chapitre singulier et audacieux, Bérengère Bonte cite l’épouse de Nicolas Hulot, Florence Lasserre, qu’elle confronte aux actes de son mari : « Au début, je l’ai mal vécu. Maintenant, je relativise, ou je fais l’autruche. » Lors de la sortie d’Ebdo, la journaliste d’Europe 1 est sollicitée par plusieurs journaux. Que pense-t-elle du récit, et de l’accusation qu’il porte ? Sa réponse est spontanée :
« Nicolas Hulot a une petite collection de nanas, plein de conquêtes, rien de plus. Je ne crois pas à cette enquête. C’est un séducteur. Il n’est pas violent. »
Les jours passent. Bérengère Bonte réfléchit.
Le 26 mars 2018, six semaines après la parution d’Ebdo, elle intervient dans un colloque singulier, intitulé Live Magazine.
Cette initiative est peu connue. On la doit à des amoureux du journalisme qui, depuis 2013, organisent à intervalles réguliers des soirées ouvertes à un large public, dans les grandes villes de France ou de Belgique. Voici le concept, tel que le définissent ses créateurs :
« Live Magazine est un journal vivant, une soirée unique, pendant lequel des journalistes, des photographes, des cinéastes, des artistes se succèdent sur une scène pour raconter — en mots, en sons, en images — une histoire chacun. Des récits intimes et planétaires, fondamentaux pour ceux qui les racontent, inoubliables pour le public qui les écoute. 100 % éphémère, 99 % vrai. »
Pour inciter les intervenants à la plus grande sincérité possible, les organisateurs interdisent au public les enregistrements sonores ou les captations d’images. Sitôt dites, sitôt envolées, les paroles ne seront ensuite reprochées à personne.
Ce soir, 26 mars, un lundi, Live Magazine pose son baluchon au Casino de Paris. Chaque intervenant sur scène dispose de dix minutes pour raconter son histoire. Coincée entre un témoignage sur les fascistes espagnols de ce début de XXIe siècle et les déboires scientifiques de la navette spatiale, Bérengère Bonte livre un récit qu’elle intitule « Rire jaune ».
Pour le mettre au point, elle a fouillé les archives qui lui ont permis d’écrire la biographie de Nicolas Hulot, en 2010. Pour ce travail, elle a rencontré plus de soixante personnes afin, dit-elle, d’être « le plus juste possible » dans la restitution du personnage. Elle précise aussi qu’elle a eu, à cette occasion, trois entretiens avec le responsable écologiste.
L’enquête d’Ebdo a rallumé une petite lumière dans son esprit, elle ne sait pas quoi exactement, mais ça la dérange. Elle réécoute notamment l’enregistrement du dialogue, réalisé en 2009, qu’elle a eu avec Gökşin Sipahioğlu, aujourd’hui décédé. C’est lui qui a envoyé la photographe chez Nicolas Hulot. En le réentendant, des années plus tard, Bérengère Bonte comprend qu’elle est passée à côté de quelque chose.
Voici ce qu’elle dit, à ses auditeurs de Live Magazine, le 26 mars 2018, six semaines après la découverte d’une plainte contre Nicolas Hulot. Précision : son passage a été enregistré par un spectateur, en contradiction avec les consignes des organisateurs. Il existe donc une archive sonore des propos de Bérengère Bonte :
« Je rencontre Sipahioğlu le 26 novembre 2009, chez lui, dans le 15e arrondissement de Paris. C’est une sommité du photojournalisme. Il a quatre-vingt-trois ans. Il m’intéresse parce qu’il a fait travailler Nicolas Hulot dans les années soixante-dix. Tout le monde a oublié le Hulot photographe […]. « Dans la conversation, il revient toujours sur son sujet de prédilection : les femmes. Il me parle de mes yeux. Il me dit : “Fais attention”, et il me parle des yeux d’une autre femme qu’il a lui-même envoyée chez Nicolas Hulot. Sipa me décrit cette apprentie photographe. Elle a dix-neuf ans, elle est jeune et belle. Il me dit : “Elle est belle comme vous”, et il rit. »
Bérengère Bonte s’arrête un instant. Sa voix a changé. Une émotion en modifie la sonorité :
« Dix ans après, il y a donc quelques jours, j’ai fini par aller rechercher cet enregistrement dans un vieux disque dur. Et c’est là que j’entends son rire, et le mien. Parce que je ris, mais je ris jaune. Et voilà ce que me dit Sipa… »
Monte alors de la scène du Casino de Paris, ce 26 mars 2018, la voix pleine, chaude, teintée d’un accent étranger, de Gökşin Sipahioğlu. Il est décédé quelques années plus tôt. Il revit pendant quelques secondes :
« Nicolas Hulot, un jour, voit dans un journal que la petite-fille de Mitterrand est photographe à Sipa Press. Il a vu la photo, il m’a appelé tout de suite : “Est-ce que tu peux m’envoyer cette fille pour faire un reportage ?” »
On entend à nouveau son rire. Bérengère Bonte reprend la parole :
« Donc, Nicolas Hulot voit la photo de la petite-fille de François Mitterrand, il appelle Sipa et il lui dit : tu me l’envoies. C’est Nicolas Hulot qui l’a choisie. Elle, elle ne veut pas y aller. Elle veut être accompagnée. Ce que Sipa dit à Hulot, mais Hulot lui dit : “Non, non, elle vient toute seule.” Et Sipa conclut : “Elle est partie une semaine chez lui, en Corse, il ne l’a pas laissée faire des photos à l’intérieur. Mais elle était contente, elle a dit que c’était bien.” Ce que j’avais à peine relevé, et que j’entends à la réécoute, c’est qu’il dit que c’était une expérience pour elle, et il ajoute : “Lui a sans doute passé un bon moment mais il n’a pas donné l’exclusivité de la maison.” »
C’est donc sur la base de ce récit que dans son livre, paru en 2010, Bérengère Bonte évoque la rencontre de Pascale Mitterrand et de Nicolas Hulot en juin 1998. Elle ne connaissait pas l’existence de la plainte à l’époque de l’écriture. Ce soir, dans ce Live Magazine, c’est différent :
« Je ne sais pas ce qui s’est passé dans cette maison en Corse, je ne sais pas ce que Sipa savait, il n’est plus là pour nous le dire. Cet enregistrement m’a choquée. Je vais même vous dire : il me hante, j’y repense tout le temps. Il y a dix ans, je riais au récit d’un vieux monsieur qui me disait avoir envoyé une jeune photoreporter à un homme qui l’avait choisie et qui voulait qu’elle vienne seule. Je n’ai pas creusé, je n’ai pas cherché à savoir […] Comment passer à côté de ça ? Comment se taire ? J’ai beaucoup hésité à partager cela avec vous. Je l’ai fait à cause du choc. »
Elle se tait. La salle applaudit.
Nicolas Hulot assure avoir tout dit de cette rencontre avec une jeune photographe, un jour de juin 1997, dans la villa qu’il possède en Corse.
Des questions peuvent pourtant être encore posées.
Est-il vrai qu’il a choisi lui-même la photographe du reportage qu’il proposait à Sipa ? Qu’il l’a choisie sur une photo vue dans un journal ? Sans rien connaître de son travail ?
Est-il vrai que Gökşin Sipahioğlu lui a dit que cette jeune photographe n’avait pas une expérience suffisante ?
Qu’elle souhaitait être accompagnée ?
Et que lui, Nicolas Hulot, a refusé ?
Les réponses à ces questions aideraient à mieux comprendre la démarche de cette jeune femme qui a déposé une plainte, dans ce que l’on imagine être une souffrance. Ainsi, nous serions plus respectueux de l’esprit du mouvement #MeToo que nous avons défendu avec ardeur, et qui a été piétiné par les principales autorités politiques du pays.
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reseau-actu · 6 years
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Conspués, menacés, insultés et désormais de plus en plus souvent frappés, les journalistes vivent une sale période depuis deux mois. Les violences exercées contre eux le week-end dernier, vis-à-vis d’une équipe de la chaîne d’information LCI à Rouen notamment, ont ébahi la profession, désormais ciblée par certains extrémistes pour ce qu’elle est, et non pas pour ce qu’elle fait. De quoi faire craindre la possibilité imminente d’un drame. Le mouvement des gilets jaunes rappelle très durement aux médias la défiance dont ils font l’objet auprès d’une grande partie du public. Le mot est faible : à ce stade, mieux vaudrait parler de colère, de détestation, voire de haine. Chez les journalistes, la situation est ressentie avec injustice. Jamais sans doute les titulaires d’une carte de presse n’ont été aussi bien formés que maintenant, aussi soucieux des enjeux déontologiques, aussi éveillés aux biais de la production de l’information. Les reproches qui leur sont adressés sont le plus souvent formulés avec excès. Quant aux violences, elles sont inexcusables, atteignant directement la bonne marche de la démocratie.
Ceci dit, et sans aucunement vouloir justifier la moindre agression, si l’on veut réparer cette fracture, il semble nécessaire de s’interroger : les journalistes n’ont-ils absolument aucun tort ? Ne méritent-ils pas une partie de la méfiance qu’ils inspirent ? Libération a invité à l’autocritique 25 professionnels de l’information, de tous supports et médias, aux positions hiérarchiques variées, choisis pour leur capacité à regarder en face les pratiques du métier. Contrairement à leur image d’individus imperméables à la critique, nourrie par le réflexe de défense corporatiste souvent automatique en public, les journalistes ne sont pas – d’après notre expérience – hostiles à l’autoflagellation, pourvu qu’elle se fasse à l’abri des regards extérieurs. La terrible pression économique qui plombe le secteur des médias (à bout de souffle, à cause d’une décrue générale des revenus) et contraint la bonne pratique du métier ne sert pas d’argument refuge à tous les reproches.
«Nous faisons des journaux qui ne s'adressent pas à la masse des gens»
Un défaut est reconnu par la quasi-totalité des personnes interrogées (dont la totalité souligne que les violences contre la presse sont impardonnables). Les journalistes ont une conscience aiguë de leur uniformité sociale et culturelle, de l’absence de diversité parmi eux. Très souvent, ils vivent à Paris ou dans les métropoles, ont fait des études supérieures (souvent Sciences-Po et/ou une école de journalisme), viennent des classes moyennes supérieures, et disposent en moyenne d’un pouvoir d’achat plus élevé que le reste de la population. D’après l’Observatoire des métiers de la presse, le salaire médian des journalistes titulaires (74 % de la profession) était d’environ 3 549 euros brut par mois en 2016, soit environ 2 800 euros net. Celui de l’ensemble des Français était de 1 800 euros net en 2015 selon l’Insee. Un chiffre plus en phase, quoique supérieur, à celui des journalistes pigistes et en CDD (autour de 1 900 euros brut). «Le profil socioculturel des journalistes parisiens est très éloigné de celui des gilets jaunes, constate Jean-Marc Four, chef du service international de Radio France. Ce décalage crée les conditions d’une défiance. Les journalistes n’ont pas une connaissance intime et spontanée des ronds-points ou que la limitation de la vitesse à 80km/h a été vue comme une agression du pouvoir central.» Cofondateur du média d’investigation local Médiacités, Sylvain Morvan a une jolie formule pour résumer le problème : «Les journalistes écrivent librement ce qu’ils sont socialement programmés à écrire.»
«Les journalistes écrivent librement ce qu’ils sont socialement programmés à écrire.» Sylvain Morvan, cofondateur de Médiacités
Le fameux reproche de la «déconnexion» des journalistes ne serait-il pas fondé, au moins en partie ? Guillaume Erner, pour qui il est dangereux de faire des «amalgames» entre les différents médias, récuse l’argument. Le matinalier de France Culture cite le sociologue Max Weber : «Il n’est pas besoin d’être Jules César pour comprendre Jules César. On doit défendre cette position, sinon on perd l’universel.» Donc la légitimité à exercer le métier de journaliste. Juste position théorique, qui n’éteint cependant pas les interrogations. Ex-journaliste à iTélé (devenue CNews), désormais à Explicite, Elorri Manterola l’admet : «La déconnexion me paraît réelle. En plus, on traîne entre journalistes, on se marie ensemble, on est dans l’entre-soi. Parfois on écrit surtout pour nos sources et nos confrères, des personnes surinformées qu’on a envie d’impressionner. Peut-être devrait-on moins traîner dans les cabinets ministériels et revenir à des sujets concrets…» Rédacteur en chef de l’Humanité, journal du peuple s’il en est, Jean-Emmanuel Ducoin bat sa coulpe : «La presse écrite ne raconte pas la vraie vie des gens et on le prend en pleine gueule aujourd’hui. Je suis hanté par cela. Nous faisons des journaux qui ne s’adressent pas à la masse des gens. Où raconte-t-on la souffrance, la vie derrière les murs des entreprises ? Même à l’Huma, on n’y arrive plus tout à fait. On devrait se démultiplier, on ne le fait pas faute de moyens.» Au bord du gouffre, le quotidien créé par Jean Jaurès vient de lancer un appel aux dons.
«Les liens des journalistes locaux avec les territoires s’effilochent, le maillage se desserre. On traite de moins en moins les petits événements de la vie quotidienne, comme la kermesse d’une association. Les gens voient moins le journaliste du coin.» Philippe Gestin, journaliste au Trégor et maître de conférence à l'université de Rennes
La semaine dernière, une étude du Conseil supérieur de l’audiovisuel sur la diversité à la télévision a jeté une terrible lumière sur les impasses des journalistes. Elle est venue rappeler que les catégories socioprofessionnelles supérieures y représentaient «88 % des personnes présentées» dans les programmes d’information en 2018. Autrement dit, les classes populaires et moyennes n’apparaissent presque pas à la télévision. N’accablons pas le petit écran. La presse écrite, qui cherche désormais à vendre des abonnements numériques à 10 ou 15 euros par mois, n’a-t-elle pas naturellement tendance à vouloir plaire aux individus aisés plutôt qu’aux défavorisés ? Il suffit de se reporter aux pages «lifestyle» et «voyages» des journaux et magazines, pleines de gadgets à 300 euros et de nuits d’hôtel au bout du monde, pour comprendre où penchent l’intérêt strictement économique de la presse et le lectorat qu’elle rêve de séduire.
En 2018, 20 000 des 35 000 cartes de presse en circulation étaient détenues par des habitants de la région parisienne. Rien d’étonnant : tous les médias nationaux, à l’exception notable des réseaux publics France 3 et France Bleu, sont installés à Paris. «Les médias se sont éloignés des gens. Ils s’intéressent à la prise de décision et piochent de plus en plus haut», observe Patrick de Saint-Exupéry. Il y a un an, ce dernier lançait le magazine Ebdo sur le constat qu’une partie de la population française ne lisait plus la «grande» presse. Le projet a vite capoté, mais l’analyse de départ n’en était pas moins juste. «Hors de Paris, la presse nationale se donne de moins en moins les moyens d’enquêter, dit Sylvain Morvan, de Médiacités. La presse régionale aussi ferme des antennes locales. Des villes petites et moyennes deviennent des déserts médiatiques. L’actualité locale est moins bien traitée, les journaux perdent en qualité. Il est probable que cela joue sur la défiance.» Maître de conférences à l’université de Rennes, Philippe Gestin est également journaliste au Trégor, l’hebdomadaire de la région de Lannion (Côtes-d’Armor). Il remarque que le désamour des médias, longtemps cantonné aux journalistes nationaux, s’étend désormais aux locaux. «Les liens des journalistes locaux avec les territoires s’effilochent, le maillage se desserre, nos travaux de recherche le montrent. On traite de moins en moins les petits événements de la vie quotidienne, comme la kermesse d’une association. Les gens voient moins le journaliste du coin. Cette figure disparaît de l’imaginaire, elle n’est plus une référence. Et ça marche dans l’autre sens : il y a des personnes qu’on ne touche plus, qu’on ne voit plus. C’est frappant dans la crise des gilets jaunes : sur les ronds-points, il y a plein de gens que je ne connais pas.» La disparition des kiosques et des points de vente de la presse n’arrange rien. «Les médias n’ont sans doute pas assez ouvert leurs portes. Il faut être tansparent, expliquer comment on travaille et on débat, pour retrouver de la confiance avec le public», suggère Amaelle Guiton, présidente de la Société des journalistes et des personnels de Libération.
«Au lieu d’expliquer, on souffle sur des clivages idéologiques faciles. Les gens l’ont très bien compris, et ça les énerve.»
Pas assez de terrain, trop de commentaires ? «L’année 2017, avec la présidentielle, a produit du reportage comme rarement. Il n’y a pas un département où un journaliste du Monde n’a pas passé du temps, tempère Philippe Ridet, grand reporter au quotidien. On n’a peut-être pas vu le degré d’exaspération, mais on l’a racontée.» Chez les autres journalistes sondés, la critique du manque de reportages revient néanmoins avec insistance. Notre profession serait devenue trop bavarde, passant son temps à donner son avis à elle plutôt que la parole aux autres. Antoine Genton, ex-président de la société des journalistes d’iTélé pendant la longue grève menée contre leur actionnaire Vincent Bolloré : «Les gens se rendent compte qu’il y a plus de plateaux avec des invités. Les budgets de reportage sont réduits d’année en année. C’est sûr, ça coûte moins cher de faire l’Heure des pros (l’émission de débats animée par Pascal Praud sur Cnews) que d’envoyer des journalistes sur le terrain…» Une figure de l’antenne de LCI le déplore :«Chez nous, il n’y a pas de reportage d’immersion. Nous sommes une chaîne d’experts.» C’est-à-dire de commentateurs, de spécialistes, de polémistes. Bref, «d’éditorialistes», du nom de ces journalistes qui squattent les studios pour livrer leurs «opinions» alors qu’ils n’ont souvent pas produit un reportage depuis des lustres. Ces figures médiatiques, bien mieux rémunérées que le reste de la profession, ne font pas l’unanimité parmi les journalistes interrogés.
«Beaucoup de journalistes considèrent que leur rôle est de dire le bien et le mal, comment il faut penser. Les gens ont l’impression d’avoir des curés en face d’eux.» Natacha Polony, directrice de Marianne
C’est surprenant, mais les intéressés eux-mêmes peuvent être d’accord. Natacha Polony, directrice de Marianne, qu’on voit et entend plusieurs fois par semaine dans les médias : «Beaucoup de journalistes considèrent que leur rôle est de dire le bien et le mal, comment il faut penser. Les gens ont l’impression d’avoir des curés en face d’eux.» La tentation du commentaire est-elle réservée aux vedettes de l’analyse télévisuelle vite troussée ? C’est l’avis de Brice Couturier, chroniqueur sur France Culture : «Avant, nous avions le monopole de l’information. Désormais, l’information nous devance sur les réseaux sociaux. Nous avons réagi en idéologisant à mort, en devenant des directeurs de conscience. Mais en réalité, un journaliste a peu de compétences, il est généraliste, car on n’approfondit pas les sujets en école de journalisme. Au lieu d’expliquer, on souffle sur des clivages idéologiques faciles. Les gens l’ont très bien compris, et ça les énerve.» Brice Couturier n’échappe cependant pas lui-même à l’envie du commentaire, qui martèle sur le réseau social son soutien à Emmanuel Macron. «Sur les réseaux sociaux, je milite, se justifie-t-il. Mais à la radio, je respecte mon engagement d’impartialité.» Respectable schizophrénie. Mais peut-elle être comprise du grand public ?
Avec une «élite» apparaissant comme donneuse de leçons, la corporation souffre tout entière d’une image d’arrogance. Injuste ? «La façon dont beaucoup de journalistes se placent au-dessus des petites gens me choque. Il y a de la condescendance dans la façon de les décrire, un manque d’humilité générale», souffle la journaliste d’un hebdomadaire. Les médias, univers hyperpersonnalisé où l’on signe tout ce que l’on produit, ne sont par nature pas les meilleurs endroits pour dégonfler les egos. La chose ne s’est pas arrangée avec l’apparition de Twitter, bac à sable social préféré des journalistes, qui y profèrent à longueur de journée bons points, anathèmes, ironies et leçons de morale. Journaliste à Vice, Paul Douard a publié il y a quelques mois un article plein de second degré, intitulé «Je suis journaliste et vous avez raison de me haïr». Extrait : «Twitter a sans doute été inventé pour que les journalistes aient l’impression d’être utiles. Ainsi, je peux y “décrypter” l’actualité au lieu de le faire dans des articles, mais surtout je peux entretenir mon “personal branding”. […] Soyons clairs : nous sommes imbuvables avec nos leçons de morale permanentes sous forme de “threads” [successions de tweets formant des histoires, ndlr] que personne ne lit […], comme si nous étions investis d’une mission divine consistant à ouvrir les yeux d’une population trop conne pour comprendre quoi que ce soit.»
«La chaîne d’info, c’est l’usine. On se contente d’imprimer une dépêche avant de sortir. On n’a pas forcément le temps de lire le Monde, etc. Cela produit de la médiocrité.» Elodie Safaris, ex-iTélé
Et si les journalistes se confondaient trop souvent avec des intellectuels qu’ils ne sont pas ? Pour Natacha Polony, cela traduit un manque de clairvoyance : «Il y a un problème de culture générale dans l’ensemble de la société. Dans certains métiers, comme le journalisme, ça pose un peu plus de problèmes.» Et la directrice de Marianne de remarquer que les bibliothèques sont rares dans les écoles de journalisme, où l’enseignement est plus souvent technique (tourner avec une caméra, faire du montage audio) que fondamental (peu de cours d’histoire, de philosophie…). Elodie Safaris, ex-iTélé, tout près de changer de métier : «La chaîne d’info, c’est l’usine. On se contente d’imprimer une dépêche avant de sortir. On n’a pas forcément le temps de lire le Monde, la presse internationale, etc. Cela produit de la médiocrité.»
Nicolas Becquet, du quotidien belge l’Echo, pointe en miroir le succès de Rémy Buisine, le reporter qui fait de longs directs sur Facebook pour le média Brut, très populaire auprès des gilets jaunes : «Proximité, écoute, humilité et simplicité, voilà ce qui caractérise son attitude face aux manifestants. L’exercice du live façon “Brut” est une forme de retour aux sources, une interprétation des nombreuses missions dévolues aux journalistes : regarder, s’étonner et restituer. Le tout, à hauteur d’homme. Une approche à l’antithèse de la perception qu’ont les classes populaires des médias dits traditionnels.» Pour le même, le succès de Buisine est aussi celui du nouveau format numérique du direct, sur lequel – ce n’est pas un hasard – se sont rué les gilets jaunes ces dernières semaines, ringardisant les vieilles pratiques médiatiques de la profession. «Il aura fallu une vingtaine d’années pour que les médias prennent le Web et les réseaux sociaux au sérieux. Ce n’est pas seulement l’émergence d’un supermédia que nous avons manqué : nous avons échoué à tendre un miroir fidèle à une société en plein questionnement. Aujourd’hui, tout le monde s’y met mais le retard a abouti à un déclassement des journalistes dans l’opinion», poursuit Nicolas Becquet.
Course à l'audience, réseaux sociaux : «Nous avons oublié le quotidien des Français»
Un autre gros écueil regretté par les journalistes est «la course à l’audience» à laquelle ils déplorent participer. Le travers est bien connu pour ce qui concerne les chaînes de télévision gratuites, courbées sur les recettes publicitaires. La vive concurrence à laquelle se livrent les chaînes d’information a ravivé le problème, dans une infernale compétition à la polémique, la petite phrase, le spectaculaire, au détriment du temps long, de la réflexion, de la nuance. Une reporter de BFM TV s’étonne du discours de sa direction : «“Audience égale confiance”, disent-ils. Mais non, ce n’est pas vrai. La preuve, notre chaîne cartonne, mais on vit un rejet total sur le terrain.» Pointer du doigt les seules chaînes d’info serait facile. La manie de l’audience est partagée. La création du site Rue89, il y a douze ans, fut une réaction de contre-proposition à l’info-spectacle. Pourtant, dit sa rédactrice en chef, Nolwenn Le Blevennec, «nous sommes tombés, nous aussi, à pieds joints dans le piège de l’audience. On était scotchés à Chartbeat [un logiciel d’analyse du trafic internet en temps réel, ndlr], on prenait la moindre vague virale, on fonctionnait par mots-clés, on faisait des rebonds sur des polémiques futiles, on surtitrait les articles. On a mis de côté le qualitatif. Mais pour inspirer de la confiance, il faut avoir une colonne vertébrale. Ces cinq dernières années, on n’a pas été assez attentifs à ça.» Un espoir : la presse est en train de changer de modèle économique, passant à l’abonnement numérique payant, fondé sur la satisfaction d’un parc de lecteurs fidèles. Ce qui oblige – théoriquement – à privilégier la qualité.
«Twitter est une caisse de rétrécissement de l’information, qui diminue le nombre de sujets traités et qui polarise.» Jean-Marc Four, de Radio France
Encore faut-il que les journalistes parviennent à se détacher des réseaux sociaux, qui les entraînent dans une dangereuse course à l’instantanéité et au buzz. «On n’y prêtait pas attention il y a quelques années, on a aujourd’hui le nez collé dessus, s’inquiète Jean-Marc Four, de Radio France. Il ne s’agit pas de ne pas les regarder, mais leur fonctionnement pose question. Plus il s’y dit un truc énorme, plus il fait du bruit. C’est le propos de Yann Moix par exemple [sur son non-désir pour les femmes de 50 ans, ndlr]. Et l’autre principe du réseau social est de fonctionner par communautés. Il y a là un refus du réel, une segmentation du monde peut-être sans précédent. Twitter est une caisse de rétrécissement de l’information, qui diminue le nombre de sujets traités et qui polarise.» Ce prisme nécessairement déformant porte en lui le risque d’un suivisme entre journalistes, d’une incapacité à se détacher du tout-venant, de l’actualité institutionnelle, des vagues d’émotion. Ex-correspondant de Radio France au Liban, Omar Ouahmane, revenu en France en septembre, regrette que les journalistes ne soient plus «des lanceurs d’alerte». «On a attendu que les immeubles s’effondrent à Marseille pour travailler sur le sujet. Même chose pour les gilets jaunes. Ils viennent nous rappeler qu’ils existent. On s’intéresse à leurs conditions de vie, parce qu’ils sont dans la rue. Mais leur colère était légitime hier. Et l’invisibilité décuple la colère. Nous sommes passés à côté, car il y a eu ces dernières années Daech, le Bataclan, Charlie… nous avons oublié le quotidien des Français. Il a été traité bien sûr, mais pas suffisamment.»
Un cas d’école de suivisme dans la corporation a été, il y a deux ans, l’observation passionnée du «phénomène» Macron. Plus ou moins critique selon les médias, ce décorticage a assurément manqué à l’époque de lucidité, chez presque tout le monde, quant au positionnement politique du chef de l’Etat – cette fâcheuse croyance au «ni droite ni gauche». Le reproche est aujourd’hui constitutif de la détestation des gilets jaunes pour la presse. Mais curieusement, il ne revient pas naturellement dans les conversations. «On s’est pris au jeu de Macron, concède enfin une figure de LCI. On a peut-être manqué de discernement. Il nous a fascinés, intéressés. Eblouis au point de manquer de recul ? Je constate qu’on ne l’épargne pas depuis qu’il est au pouvoir, depuis l’histoire de la baisse des APL [allocations pour le logement, ndlr] à l’été 2017. Mais, avant cela, on s’est peut-être emballés, on a suscité une forme d’enthousiasme et d’attente. Malgré nous.» La faute à un manque de diversité politique dans la profession, encore ? Toujours se méfier des généralités. Mais… «Dans le milieu, la remise en cause du système global est faible, raconte Elodie Safaris, ex-iTélé. On accepte le monde libéral et capitalisé. Les gens que j’y ai rencontrés étaient souvent de gauche un peu molle, rarement de gauche ou de droite radicales. Dans les moments d’élection, on voit que tout le monde a un peu les mêmes idées.» Jadis «au service du peuple», le journalisme «est désormais honni pour être au service des élites et contre le peuple», écrivait récemment la politologue Géraldine Muhlmann dans le Monde. Et si les médias avaient majoritairement renoncé à être un contre-pouvoir, critique de tous les ordres établis ?
«Les citoyens se sentent manipulés, même si ce n’est pas toujours vrai, même si beaucoup de journalistes travaillent en toute liberté. L’affaire est grave. Nous devons tous en prendre conscience.» Jean-Emmanuel Ducoin, de l'Humanité
De la même façon, rares sont les journalistes qui s’interrogent spontanément sur la concentration à l’œuvre dans le secteur de la presse. La plupart des grands médias sont détenus par quelques milliardaires ayant des intérêts industriels (c’est le cas de Libération, propriété de Patrick Drahi). Cette situation fait bouillir la marmite de critiques du grand public. Mais le milieu se distingue par son absence de réaction collective, s’abritant derrière des chartes censées les protéger des interventions extérieures. Un tort ? «Presque tous les journalistes disent qu’ils font leur métier librement, que les propriétaires ne sont pas derrière leur dos. Peut-être, mais cela nuit quand même à la crédibilité de ces médias auprès du public», s’étonne Sylvain Morvan, de l’indépendant Médiacités. «C’est un problème, pas la peine de se cacher derrière son petit doigt», convient Natacha Polony, dont Marianne est possédé par le magnat tchèque de l’énergie Daniel Kretinsky. «Ce contexte pèse énormément dans le cerveau des citoyens, s’alarme Jean-Emmanuel Ducoin, de l’Humanité. Ils se sentent manipulés, même si ce n’est pas toujours vrai, même si beaucoup de journalistes travaillent en toute liberté. L’affaire est grave. Nous devons tous en prendre conscience.» On a jamais fini de faire son autocritique.
Les chaînes d'info, mal aîmées des gilets jaunes et des journalistes
Pauvres chaînes d’information en continu. On les savait qualifiées d’«ennemies» par certaines figures des gilets jaunes et vilipendées par le pouvoir politique pour leur médiatisation massive de la mobilisation. On les découvre, au cours de notre enquête auprès de vingt-cinq journalistes, tout autant critiquées par leur corporation, qui leur reproche de donner une mauvaise image du métier.
«On ne fait pas le même métier»
Dans le discours commun, elles sont devenues – et la plus puissante d’entre elles, BFM TV, au premier chef – le symbole de la «malinformation» de notre époque. Comme l’était TF1 dans les années 90, quand l’antenne de Bouygues, au sommet de sa gloire, rythmait l’actualité. Et lorsqu’on interroge des journalistes de la presse écrite, le mépris que les chaînes d’info inspirent s’exprime sans filtre. «On ne fait pas le même métier, balance Eric Fottorino, directeur de l’hebdomadaire le 1 et ex-patron du Monde. Elles organisent le spectacle autant qu’elles le captent.» Grand reporter au Monde, Philippe Ridet ne dit pas autre chose : «BFM TV te vend l’idée qu’il peut se passer quelque chose à tout moment. C’est le meilleur compagnon de la solitude. Si tu regardes les images des gilets jaunes, tu as l’impression que c’est la guerre civile.»
La focale grossissante et répétitive caractéristique des chaînes d’info, en édition spéciale quasi permanente sur les gilets jaunes depuis deux mois, concentre les critiques. «Cette boucle d’image modifie la perception du réel», ­observe la patronne de Marianne, Natacha Polony, pourtant habituée de leurs studios. Schématiquement, la profession, à qui l’on enseigne que la précipitation est le pire ennemi du bon travail, tance la course à l’immédiateté à laquelle se livrent les chaînes d’info, incarnée par ces reporters débitant des duplex «sur place» à la chaîne. Où est la prise de distance nécessaire à la compréhension de l’événement ? La mise en contexte par l’addition des points de vue ?
Sur les chaînes d’info, ces tâches sont censées être le rôle des éditorialistes et chroniqueurs qui passent des heures en plateau à commenter l’actualité. Mais à force de pérorer sur tout et rien, y compris sur les sujets dont ils ne sont pas de grands spécialistes, ils essoufflent sur le fond une formule pourtant efficace au vu des résultats d’audience. «C’est du bla-bla, du vide, ça meuble en permanence. C’est insupportable. Ça te donne envie de casser ta télé», s’emporte Nolwenn Le Blevennec, rédactrice en chef de Rue89 à l’Obs.
«Il y a parfois un effet d'emballement à l'antenne»
Arrive-t-on à un point de bascule ? La violence de la crise des gilets jaunes à l’égard des chaînes d’info a été telle que ces critiques ont infiltré les rédactions. Depuis peu, elles émergent en interne. A BFM TV, une grande réunion a été organisée le 8 janvier, lors de laquelle les journalistes ont vidé leur sac. Certaines stars de l’antenne, comme Alain Marschall, sont allées jusqu’à remettre en cause la couverture de certains épisodes – en l’occurrence l’hypermédiatisation de la seconde arrestation d’Eric Drouet, l’une des figures du mouvement actuel. «Il a beaucoup été question de la place du reportage à l’antenne, rapporte François Pitrel, président de la Société des journalistes de la chaîne d’info en continu. On a envie que le travail de la rédaction soit davantage valorisé. Il y a parfois un effet d’emballement à l’antenne, on a du mal à lâcher une actualité.»
Sous couvert d’anonymat, une reporter déplore la propension de la chaîne à «feuilletonner» un seul événement pendant des heures, voire des jours – une méthode qui s’est installée selon elle depuis l’incroyable campagne présidentielle de 2017. «Cela revient à dire : la seule chose digne d’intérêt, c’est ça. Mais en vertu de quoi décidons-nous cela ?» s’interroge cette consœur, précisant «aimer» sa chaîne malgré tout. Une autre regrette que BFM TV «donne trop la parole à des gens qui s’autoproclament experts de quelque chose» , visant notamment les éditorialistes qui parlent en leur seul nom, mais engagent toute la rédaction dans l’esprit des téléspectateurs. A BFM TV, en treize ans d’existence, on n’avait jamais assisté à une telle libération, et si critique, de la parole. «Ce dialogue est positif et constructif», se réjouit son patron, Hervé Béroud. Des groupes de travail ont été constitués pour réfléchir à des changements et des améliorations. Ils doivent être annoncés à toute l’équipe en début de semaine prochaine.
Textes Jérôme Lefilliâtre Photos Thibaud Moritz, Stéphane Lagoutte, Arnold Jerocki / Divergence, Cyril Zanettacci / Agence Vu pour Libération ; Sébastien Calvet / Divergence Production Libé Labo
Article publié le samedi 19 janvier 2019.
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tv-boom · 6 years
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Djibouti confirms the arrest of a jihadist linked to the perpetrators of the attack on "Charlie Hebdo"
Djibouti confirms the arrest of a jihadist linked to the perpetrators of the attack on "Charlie Hebdo"
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The Djiboutian presidency on Friday confirmed the arrest of jihadi Peter Sharif, a close friend of the brothers Kwashi, who carried out the attack on Charlie Ebdo magazine in Paris in 2015.
"The Djiboutian authorities arrested Peter Sharif and his nickname Abu Hamza, 36, a presumed French international terrorist," the presidency said in a statement, confirming that…
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mahometgrosporc · 5 years
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Exécution (capitale) d’un article « scientifique » sur le travail de Malliaris et Shelah
Exécution (capitale) d’un article « scientifique » sur le travail de Malliaris et Shelah
Les marteaux volent bas !
http://www.madore.org/~david/weblog/d.2018-03-07.2494.html
C’est un article d’Ebdo qui est ainsi magistralement  condamné (à mort ) :
»C’est tiré du numéro 3 (26 janvier au 1er février 2018) du magazine Ebdo, section Sciences, page 89, sous le chapeau Mathématiques ; voyez si vous pouvez repérer les petites erreurs (indication : à peu près tout, du début à la fin, est…
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graal813 · 5 years
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Exécution (capitale) d’un article « scientifique » sur le travail de Malliaris et Shelah
Exécution (capitale) d’un article « scientifique » sur le travail de Malliaris et Shelah
Les marteaux volent bas !
http://www.madore.org/~david/weblog/d.2018-03-07.2494.html
C’est un article d’Ebdo qui est ainsi magistralement  condamné (à mort ) :
»C’est tiré du numéro 3 (26 janvier au 1er février 2018) du magazine Ebdo, section Sciences, page 89, sous le chapeau Mathématiques ; voyez si vous pouvez repérer les petites erreurs (indication : à peu près tout, du début à la fin, est…
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topos318 · 5 years
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Exécution (capitale) d’un article « scientifique » sur le travail de Malliaris et Shelah
Exécution (capitale) d’un article « scientifique » sur le travail de Malliaris et Shelah
Les marteaux volent bas !
http://www.madore.org/~david/weblog/d.2018-03-07.2494.html
C’est un article d’Ebdo qui est ainsi magistralement  condamné (à mort ) :
»C’est tiré du numéro 3 (26 janvier au 1er février 2018) du magazine Ebdo, section Sciences, page 89, sous le chapeau Mathématiques ; voyez si vous pouvez repérer les petites erreurs (indication : à peu près tout, du début à la fin, est…
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revuedepresse30 · 5 years
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Le nouveau livre de Mazarine Pingeot fait-il référence au viol dont a été accusé Nicolas Hulot ?
Se taire, le nouveau roman de Mazarine Pingeot, paraîtra le 29 août aux éditions Julliard. Mais il fait déjà beaucoup parler. En cause, sa seule quatrième de couverture, relayée sur les réseaux sociaux. Le roman de Mazarine Pingeot raconte l'histoire de Mathilde, “envoyée par un grand magazine chez une sommité du monde politique, récemment couronnée du prix Nobel de la paix”, lit-on. “Quand l’homme, à la stature et à la personnalité imposantes, s’approche d’elle avec de tout autres intentions que celle de poser devant son appareil, Mathilde est tétanisée, incapable de réagir.”
“Bonnes vacances, Monsieur Hulot”
La lecture de ce résumé a suffi à enflammer l'imagination d'internautes à la recherche de parallèles avec des faits et des personnes réels. Qui pourrait se cacher derrière cet homme politique, et la jeune journaliste qu'il abuse ? La question a été soulevée par cet internaute :
Boum. Le nouveau livre de Mazarine Pingeot  (famille Mitterrand) raconte l’histoire d’une jeune fille violée par une « sommité du monde politique ». J’en connais un qui doit se sentir mal... https://t.co/zqxbLmHXOb #BalanceTonPorc pic.twitter.com/mebmcwMEcU
— Nils Wilcke (@paul_denton) July 4, 2019
Il a ensuite été retweeté par Anaïs Leleux, membre du comité de pilotage de Nous Toutes, avec ce message : “Quelle meilleure alliée que Mazarine Pingeot ? Quelle meilleure façon que la "fiction" de contourner l'injonction faite à ses (nombreuses) victimes de se taire ? Bonnes vacances, Monsieur Hulot. L'été s'annonce chaud, mais clairement pas autant que la rentrée.”
Quelle meilleure alliée que Mazarine Pingeot ? Quelle meilleure façon que la "fiction" de contourner l'injonction faite à ses (nombreuses) victimes de se taire ? Bonnes vacances, Monsieur Hulot. L'été s'annonce chaud, mais clairement pas autant que la rentrée. https://t.co/WGLXn6T2uc
— Anaïs Leleux (@AnaisLeleux) July 4, 2019
Des ressemblances troublantes
Pour rappel, “l'affaire Nicolas Hulot” avait fait la une du magazine Ebdo (disparu depuis) en février 2018. Selon cet article, une plainte pour viol aurait été déposée contre Nicolas Hulot, en 2008, concernant des faits s'étant déroulés en 1997. La victime présumée expliquait avoir volontairement attendu le délai de prescription pour déposer plainte. Son identité était cachée, mais la veille de la parution du magazine, alors que Nicolas Hulot (alors ministre de la transition écologique) était interviewé pour se défendre par anticipation (il a toujours nié les faits), une information avait fuité : il s'agirait de "la petite-fille d’un homme politique célèbre".
VIDEO - Le Premier ministre et le président de la République “m’ont affirmé leur confiance”, “il n’y a pas d’affaires”, affirme Nicolas Hulot #BourdinDirect @N_Hulot https://t.co/0DiuXwkBaL pic.twitter.com/WnJUCZBp1X
— BFMTV (@BFMTV) February 8, 2018
Des journaux ont ensuite révélé son identité, malgré sa volonté de rester anonyme : il s'agirait de la petite-fille de François Miterrand, et la nièce de Mazarine Pingeot, donc. Or, il s'avère qu'elle avait 20 ans au moment des faits reprochés à Nicolas Hulot, et qu'elle était apprentie photographe.
“Elle va tomber de sa chaise”
Dans un article, L'Obs, qui publie quelques extraits du roman, pointe ces nombreuses similitudes. Le parallèle est d'autant plus solide que, dans la fiction de Mazarine Pingeot, Mathilde attend elle aussi pour porter plainte, afin de protéger son nom (elle fait partie d'une famille d'artistes célèbres).
Contactée par L'Obs, Betty Mialet, l’éditrice de Mazarine Pingeot chez Julliard, est cependant surprise par cette comparaison avec l'affaire Hulot : “On a fait lire le roman à des avocats et je peux vous assurer que personne n’y a vu le moindre parallèle avec l’affaire Hulot. De toute façon, quoi qu’elle fasse, on a des problèmes avec les livres de Mazarine. Celui-ci est violent, c’est certain, mais elle va tomber de sa chaise quand je vais lui dire quel genre de rumeurs circule.” D'après son éditrice, Mazarine Pingeot s'est inspirée de “l’histoire de plusieurs de ses amies” pour ce roman.
from Les Inrocks - livres https://ift.tt/2YD9DYB via IFTTT
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78682homes · 6 years
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Les essentiels Culture 78682 homes
http://www.78682homes.com/les-essentiels-culture-75
Les essentiels Culture
PresseNicolas Hulot retire sa plainte contre le magazine « Ebdo »L’ancien ministre de la transition écologique a retiré sa plainte en diffamation contre Ebdo, magazine publié du 12 janvier au 23 mars 2018 par la société Rollin Publications. Cette plainte visait une enquête controversée parue dans le numéro du 9 février, faisant état d’une plainte pour viol déposée en 2008 contre Nicolas Hulot et classée sans suite, et d’une rumeur de harcèlement sexuel à…
homms2013
#Informationsanté
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akemoi · 7 years
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En cessation de paiement, le magazine Ebdo s'arrête
#economie http://dlvr.it/QM07wF
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agence-digitabox · 7 years
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[Web] - Le magazine Ebdo en crise financière après seulement trois mois d’existence https://t.co/gGoGVgM3Pn - Source #PresseCitron
— Digitabox (@Digitabox) March 20, 2018
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zehub · 7 years
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Nicolas Hulot : "Je ne pardonnerai jamais"
Le ministre de la Transition écologique est revenu ce mardi matin sur France inter sur l'article du magazine Ebdo qui avait relayé des soupçons de viol et de harcèlement sexuel à son encontre.
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razki030775 · 7 years
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Violences sexuelles : Nicolas Hulot a porté plainte contre le magazine « Ebdo » https://t.co/8UGsdnK7QB
Violences sexuelles : Nicolas Hulot a porté plainte contre le magazine « Ebdo » https://t.co/8UGsdnK7QB
— razki030775 (@razki030775) March 7, 2018
via Twitter https://twitter.com/razki030775 March 07, 2018 at 09:06AM
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antikorg · 7 years
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Deux ministres accusés de viol et soutien inconditionnel du gouvernement
Deux ministres accusés de viol et soutien inconditionnel du gouvernement
Alors que le 22 janvier une enquête pour viol était ouverte contre Gérald Darmanin, ministre des actions et des comptes publics, c’est Nicolas Hulot qui est depuis quelques jours sous les projecteurs. Le magazine Ebdo a ainsi révélé ce vendredi 9 février qu’une plainte classée sans suite avait été déposée en 2008 contre l’actuel ministre de la transition écologique et solidaire pour violences…
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cele232 · 7 years
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Plainte pour viol visant Nicolas Hulot : pourquoi les révélations du magazine "Ebdo" sont critiquées - https://youtu.be/1sC5rG1aYjw
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bondamanjak · 7 years
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RT @Qofficiel: "Il s’agit, a minima, d’une agression sexuelle." La journaliste Anne Jouan du magazine Ebdo expose le témoignage qu'elle a recueilli de la jeune femme qui accuse Nicolas Hulot. #Quotidien https://t.co/ORHuutmlwQ
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birdofpolices · 7 years
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"Rumeurs" de harcèlement, plainte pour viol classée: Hulot dans la tourmente
“Rumeurs” de harcèlement, plainte pour viol classée: Hulot dans la tourmente
Ça fait mal, quand c’est injuste, quand c’est infondé, car moi, hier, on a fait pleurer mes enfants”, s’est défendu, ému, Nicolas Hulot. Avant la parution de “rumeurs” le concernant, à paraître vendredi dans Ebdo, le ministre de la Transition écologique a formulé des démentis. L’Express fait le point. L’enquête du magazine Ebdo visant Nicolas Hulot, n’est pas encore publiée, mais elle…
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