#d'un côté c'est l'Europe et de l'autre la France
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Victor Hugo
The real personality test is who you first think of when I say the word “Waterloo”
Napoleon Bonaparte
Stonewall Jackson
Abba
#waterloo Waterloo Waterloo morne plaine#comme une onde qui bout dans une urne trop pleine#dans ton cercle de bois de coteaux de vallons#la pale mort mêlait les sombres bataillons#d'un côté c'est l'Europe et de l'autre la France
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@voluxpa a dit : "[...] on va sortir mon pseudo pour dire que j’interdis et censure la politique sur mon forum quand j’ai dit à deux membres (je t’ai vu être fier de toi dans les reblog, bravo du coup?) que les messages de haine, je cite « pays de merde » « envie de brûler la france » pouvaient heurter."
— — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — — tu as quand même enlevé une sacrée partie du contexte autour des "messages de haine" dont tu parles : nous sommes le DIMANCHE 9 JUIN 2024 au soir, le FN vient d'obtenir la majorité des voix aux européennes 2024, on est tous collectivement au bout de notre vie (pour celleux qui ont encore les pieds sur terre en tout cas). pour certaines personnes dont je fais partie, ça a déjà et ça aura un impact considérable sur la qualité de nos vies au sein de ce pays qu'est la france (et à plus grande échelle, l'europe). dans le flood coup de gueule du forum beyond the myths, dont lux est la fondatrice, forum qu'on considérait à ce moment là comme un espace un minimum déconstruit et lucide par rapport à la réalité de ce qui se passe en ce moment même en france, on poste respectivement les messages suivants :
pour lesquels on reçoit le dm suivant :
à moins d'être un profond bandeur de la france ou complètement déconnecté de la réalité, je ne vois pas qui ces messages auraient pu "heurté" (ses mots), et pour le reste des milles et unes excuses condensées dans les mps de lux, je vous renvoie au concept de safe space qu'@alien-superst4r avait super bien décortiqué et expliqué, ainsi qu'à la notion de tone policing, toujours aussi omniprésente dans la commu rp-france depuis qu'elle existe visiblement! pour rappel, à quiconque aurait pour projet futur de créer ou d'administrer un forum : on peut tout à fait créer un espace politisé sans que ce soit "la guerre parce qu'au sein même d'un parti, les avis divergent" (ses mots). ça fait des années que je fais parti de serveurs discord, d'espaces créatifs où la politique est omniprésente, des espaces qui nous permettent tout autant de 1) nous évader, 2) nous éduquer, 3) être créatif, 4) nous faire des amis, 5) s'amuser, 6) passer des coups de gueule sans avoir besoin de les lisser à la convenance des autres. pour que ça marche faut juste un peu de bonne volonté et mettre de côté son gros égo ("je veux leur donner ce droit" you are not their savior! who do you think you are!). j'avais déjà répondu ce que je pensais à lux dans ses mp, comme à d'autres d'ailleurs, je partage ça pour les autres, qui auraient encore un doute sur le genre de communauté que désire avoir lux : un environnement aseptisé et apolitique dans lequel on coupe tout lien avec la réalité (jolis mots d'un alien au gros cerveau). @ lux : merci pour le fou rire les quelques fois que t'as passé dans mes dm et ceux de nornir à chouiner que tu comprenais pas pourquoi les militant.e.s de tumblr t'avaient toustes bloquée, tout ça pendant que de l'autre côté j'entendais ton pseudo à toutes les sauces (c'est dire!!!), merci pour ta mauvaise foi tout du long, continue à croire que t'es une bonne personne surtout!
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Quand avons-nous perdu les pédales ? ( I ) : l'égalitarisme.
En plus de onze ans d'existence de ce ''Blog'', je crois n'avoir jamais reçu autant de mails sur un sujet d'actualité. On sent une inquiétude qui, sourde et cachée jusque là, aurait soudain besoin de s'exprimer. Avec la généralisation des coups de couteaux (qui est la conclusion prévisible de leur terrifiant et irresponsable '' vivre ensemble''), un cap semble avoir été franchi dans l'horreur, révélant l'impossibilité grandissante d'être, simplement, ''heureux, chez soi, normalement'', en France.
Le ''système'' a aussitôt étouffé ce qu'il s'entête à désigner, contre toute intelligence, par ''des impressions de...''. Nos nuls-au-pouvoir se répandent en mots creux : ''intolérable, inadmissible, inacceptable'', et puis... ils tolèrent, ils admettent et ils acceptent. Ils prennent un air viril (?) pour lâcher des : ''c'est inqualifiable'', à propos d'événements qui, pourtant, sont faciles à qualifier : il suffirait d'oser enfin appeler ''chat'', un chat... Mais eux n'iront pas plus loin que d'annoncer un ''Grenelle'' de plus, évidemment aussi inutile que tous les autres.
Car la vérité est ailleurs, et je suis si révolté devant la nullité et la trouille permanente de notre personnel politique, que, pour une fois, je vais ''me lâcher'', en espérant ne pas trop choquer de lecteurs. Si certains détestent mes analyses sur ce sujet grave, je leur demande pardon et je les supplie de me garder leur amitié : la Vérité plaît rarement ! Simplement, pour ne pas rendre la lecture de cet éditorial trop indigeste, nous étalerons sur trois ou quatre jours la description des tares responsables de tout ce qui va si mal autour de nous : (1)- Tous nos concepts égalitaristes, qui ont déjà commencé à détruire notre civilisation... (2)- Leurs conséquences les plus aveuglantes... (3)- Le refus persistant de voir que se profile l'effroyable ''Umm el-Herb'', cette Mère des batailles qui doit (?) opposer l'islam –ou plutôt : ce qu'il devient-- d'un côté, et... tout le reste de l'humanité, de l'autre. Et (4)- une des coupables de tout ce qui précède... et qui hélas n'a pas fini de nous assassiner : l'Europe, telle que réinventée par les progressistes..
(1)- Nos folies conceptuelles. Fils indignes des soi-disant Lumières, nos lumignons progressistes de Gauche ont tenu à garder le ''software'' des années 1750... dans un monde où règnent l'ordinateur, les réseaux, et l'intelligence artificielle ! Dans tout l'outillage créé par les Encyclopédistes, ils ont tenu à conserver le concept-fou d'égalité. Pour ces dystopistes, tout doit être ''égaux ensemble'' (sic !) à tout le reste, contre toute évidence. La seule finalité de leur nouveau monde redéfini par l'absurde consisterait à mettre le signe ''égal'' ( = ) entre tout et n'importe quoi, surtout s'il est évident qu'une telle égalité ne ressemble à rien de sensé ! Par exemple : en quoi et sur quels critères un Homme et une Femme sont-ils ''égaux'' ? le poids ? la biologie ? la taille ? les performances ? la volonté ? la résistance ? la force morale ? la configuration interne ? les modes de pensée ? Or tout notre édifice actuel repose sur cette énorme erreur d'analyse !
Première conséquence de cette horrible amputation de la Femme : elle l'a privée de la richesse de sa palette –tellement plus variée, en fait, que celle de l'Homme-- en la ratatinant à la quête d'une égalité financière et hiérarchique qui, si elle est possible, bien sûr, ne peut avoir que des conséquences dramatiques : il a fallu la remplacer, dans un des rôles où elle est totalement irremplaçable, par des cohortes de gentilles ''cap-verdiennes'' ou autres, bien braves et qui donnent ce qu'elles peuvent donner –c'est-à-dire, en gros, rien : elles n'avaient (et n'ont) rien à dire, rien à transmettre, rien à dispenser, rien à enseigner, et pas la moindre ''valeur ajoutée'' à offrir... Deux ou trois générations plus tard, allez vous étonner que ''nos enfants'' –comme dit Macron-- soient, comme lui, glacés, désinhibés, sans ''sur-moi'', comme ''étrangers''-- et n'affichent plus ces vertus que leurs Mamans avaient transmis pendant des siècles, dans toutes les classes sociales, ''socle'' sur lequel avait pu se développer, vivre et palpiter notre formidable civilisation !
Et la seconde : si ''la Femme est et n'est plus que l'égale salariale des hommes'', les-dits hommes en perdent leur courtoisie, leur ''bonne éducation''... et leur virilité, ce qui veut dire, un peu plus tard : plus de bébés !). A force de faire joujou avec des trucs qui nous dépassent et nous échappent en totalité, on abandonne à leur naturel –qui est bien loin des ''bisounours'' rousseauistes-- tous les ''nos enfants'' dont se gargarise Macron... Mais ceci est une autre histoire, celle d'une, puis deux générations de parents en tout ou partie démissionnaires : que pouvaient-ils espérer d'autre... qu'un fort pourcentage de petits cons mal élevés et hermétiques à ''l'autre''... et, hélas, quelques iso-monstres ? (Je réitère mes excuses à ceux qui voient les choses autrement).
N'étant qu'un petit ''blogueur'' de quartier et pas un sociologue, je m'interdis tout jugement sur le bien-fondé de cette compétition sur l'égalité salariale : sur un sujet aussi grave, chacun doit juger suivant ses ''croyances'' philosophiques ou religieuses et son expérience. En revanche, je répéterai toujours qu'il faut avoir conscience des conséquences de chacune de nos décisions importantes. Or, sur ce sujet, la conséquence (prévisible et inévitable) était simple : en une ou deux générations, ce choix, voulu, d'une suppression de toute ''transmission'' a détruit des siècles de processus de civilisation.
Toutes les bases d'une ''société'' digne de ce nom ont été négligées puis oubliées, à commencer par toutes les pratiques inspirées par la Révélation christique : des règles morales jusqu'à la manière de se tenir à table, des anciennes aménités quotidiennes jusqu'à ''la bonne éducation'', la politesse, la galanterie ou le respect pour ''l'autre''... tout a été englouti dans le tsunami de la non-transmission. Et avec elle, notre école, notre sécurité, le retour de la violence, la peur de l'autre, devenue ''normale'',sans oublier les couteaux... Bref, ce que nous constatons tous les jours... Et le bonheur de l'enfance, en prime.
Après deux générations de démission, non seulement il ne reste rien ou très peu de l'ancien édifice protecteur de la société, et ''nos enfants'' sont en passe de devenir ces ''sauvageons'' que croyait voir Chevènement. Pensons à ce qu'ils pourraient-être à la troisième génération, au train où vont les choses... On a le droit de ''flipper''! Mais la nature ayant horreur du vide et les Hommes ne pouvant exister sans invoquer ''des choses qui les dépassent'', des progressistes (NDLR : donc : des dangers publics) ont remplacé toutes les anciennes vertus chrétiennes devenues folles (le mot est de Chesterton) par des folies bien plus mortifères, que nous considérons ''normales'', parfois..
Bien entendu, ici comme en toute chose, d'autres facteurs sont à prendre en considération : il est évident que ce seul crime contre la pensée, le bon sens et la raison n'a pas engendré tout seul les horreurs qui nous ont conduit dans l'actuelle impasse --d'où nous ne sortirons pas en fermant les yeux sur nos propres erreurs. Mais qu'il se soit pas seul en cause et seul responsable n'est tout de même pas une raison suffisante pour refuser d'en voir les conséquences dramatiques... (à suivre).
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" A Trip To Paris "
𝗠𝗲𝘁 𝗲𝗻 𝘀𝗰𝗲̀𝗻𝗲 : Chris Redfield
𝗥𝗲́𝘀𝘂𝗺𝗲́ : "A mes copains du S.T.A.R.S.,
Comment ça se passe au commissariat ? Vous tenez le coup face au vieux Irons ? Moi, je reviens tout juste d'un rencard avec un avion de chasse. Je vous laisse imaginer ce qui s'est passé sous son grand parapluie.
L'Europe, c'est génial. Un mois ne suffit pas pour avoir ne serait-ce qu'un aperçu. Je vais peut-être prolonger mes vacances de six mois.
Barry, n'envisage même pas de me rejoindre. Tu voudrais pas faire peur aux jolies filles, hein ? Alors laisse-les moi.
Jill, si Claire essaie de te contacter, dis-lui que je vais bien."
𝗔𝘃𝗲𝗿𝘁𝗶𝘀𝘀𝗲𝗺𝗲𝗻𝘁 : rien
ENG : PLEASE DO NOT STEAL MY WORKS. If you want to translate it, ask me first then we can talk about it. If you want to find me on Wattpad or AO3, my accounts are in my bio, these are the ONLY ONES i have. FR : MERCI DE NE PAS VOLER MES OS. Si vous avez envie de les traduire, merci de me demander la permission avant. Si vous voulez me retrouver sur Wattpad ou AO3, j'ai des liens dans ma bio, ce sont mes SEULS comptes
𝙽𝚘𝚖𝚋𝚛𝚎 𝚍𝚎 𝚖𝚘𝚝𝚜 : 𝟗𝟗𝟔
Commentaires, likes et reblogues super appréciés. Tout type de soutien l'est, merci beaucoup !! <33
Déjà un mois que nous avions atterri en Europe, plus précisément en France. C'était des vacances bien méritées, autant pour Chris que moi, une occasion en or d'oublier nos travails respectifs et de nous ressourcer l'un auprès de l'autre. Qu'est-ce que ça nous faisait du bien.. Jusqu'à présent, tout se déroulait à merveille. Je n'aurais pas pu espérer mieux.
Ce genre de pensées inondaient mon esprit depuis ces derniers jours. Parfois, j'avais cette redoutable impression que notre situation était trop belle pour être vraie. Je m'en réjouissais.
« Chris, chéri, tu es là ? »
Je sortis de la salle de bain de notre hôtel après y avoir passé une petite heure dedans, une serviette reposait dans mes mains, ma chevelure trempée était secouée dans tous les sens par celles-ci. J'étais nue aussi. L'air frais dans la chambre me fit immédiatement frissonner, contrastant avec la fournaise qu'était la salle de bain.
« Il fait une de ces chaleurs sous la douche, » m'exaspérai-je. « T'es sûr qu'on peut pas— Chris ? »
Chris était assis sur le canapé de la chambre, courbé sur la table basse. Le fait qu'il soit recroquevillé sur lui-même me surprit.
« Mon amour, qu'est-ce que tu fais ? »
Chris releva la tête, il me vit avancer jusqu'à lui, je cherchai à voir ce qu'il faisait ⸺un grand pot de fleurs posé au milieu me gênait la vue⸺. Le sourire qui prit place sur ses lèvres me rendit embarrassée. Ça avait été immédiat, à peine m'avait-il remarquée que son visage s'était illuminé, comme un enfant devant un sapin de Noël. Je laissai ma serviette se coller à ma poitrine, elle tombait de manière à cacher mes seins et mon entrejambe.
« J'écris une lettre. »
Sa déclaration me prit de court. J'allais jusqu'à douter de lui, cependant, je ne pus réfuter quoi que ce soit lorsque je le vis me tendre un bout de papier sous le nez.
« À qui ? Claire ? »
J'enroulai la serviette autour de mon corps, me considérant assez habillée, je contournai la table basse et m'assis juste à côté de mon copain. Ma curiosité avait été assez titillée comme ça. Et si Chris le désirait, je me ferais un plaisir de lire sa petite lettre. Le bout de papier pressé entre mes doigts, je le lis.
« Ooh, c'est pour tes collègues. »
Ma remarque le fit sourire, Chris passa son bras autour de mes épaules.
« Qu'est-ce que.. »
Je lui jetai un coup d'œil sévère.
« C'est moi "l'avion de chasse" ? Tu te fiches de moi ? »
« Quoi ? »
Mes yeux passèrent au peigne fin le premier paragraphe. Je le relis avec ardeur.
« Chris, je vais t'étriper. »
Au lieu de s'expliquer, de s'excuser, de se mettre à genoux et de me supplier de le pardonner, Chris déposa une traînée de baisers sur ma peau. Elle était encore humide. Quelques gouttes d'eau avaient perlé, elles coulaient de ma mâchoire jusqu'à mes épaules, mon copain se chargea de les récolter.
« Je mens pas, pourtant. » me susurra-t-il toujours en m'embrassant. « J'ai bel et bien eu un rencard avec ce super avion de chasse vachement canon. Le fait que tu sois mon avion de chasse y change rien. »
Ses lèvres baisèrent ma gorge.
« Je— Hum, je t'emmerde. »
Je penchai la tête de l'autre côté pour lui laisser plus d'espace. Chris en profita, il déplaçait ma chevelure trempée sur le côté et se jetait sur moi. Je fis retomber sa lettre sur mes cuisses, je m'y accrochai, mon cœur tambourinait dans ma poitrine. Sa chaleur irradiait. Elle me brûlait l'épiderme. Sentir ses immenses mains me toucher les mollets afin de me maintenir en place me rendait dingue. Chris déplaçait mes jambes pour qu'elles puissent se retrouver sur ses cuisses, je finissais de profil contre lui. Il passait ensuite son bras autour de ma taille, moi, mes bras autour de sa nuque.
Finalement, nos lèvres se rencontrèrent.
J'embrassai Chris à répétition. Je l'embrassai, me reculai, l'embrassai à nouveau et continuai ce cercle vicieux jusqu'à l'entendre se mettre à rire. Mes yeux s'ouvrirent tandis que mes mains attrapèrent son visage en coupe. Mes paumes plaquées sur ses joues, je toisais avec grande attention mon petit ami.
« Pas très flatteuse quand même, ta lettre. » maugréai-je.
Il déposa son front contre le mien.
« Tu veux que je la réécrive ? »
« Non, c'est bon. »
Je baisai sa joue.
« Je trouve ça mignon. Je savais pas que toi et tes collègues vous envoyiez des lettres, ça dure depuis longtemps ? »
« Pas spécialement. »
Chris serra ma cuisse de sa main.
« Je voulais leur donner des nouvelles, ça me fait bizarre de plus être sur le terrain, de plus m'occuper de la paperasse. »
« Mhh, pareil. »
Chris détourna le visage pour embrasser le derrière de mon oreille.
« Pas que ça me déplaise. » il grogna. « Je t'ai enfin pour moi tout seul, ça, c'est des vacances. »
Ses propos me firent glousser.
Je serrai le haut de ma serviette avec mes deux mains, me sentant soudainement gênée par le fait que nous étions aussi proches l'un de l'autre. Chris était fantastique. Il n'échouait jamais à me faire rajeunir, chaque instant passé à ses côtés, je me sentais adolescente. Avec les fameux papillons dans le ventre, les gloussements frôlant le stupide et ce sentiment d'embarras qui me submergeait sans cesse lorsqu'il passait trop de temps à me regarder dans les yeux. C'était quelque chose qui n'avait jamais changé, pas même avec les années.
Chris mordilla mon lobe d'oreille. Je sursautai.
« T'es bouillante, bordel. »
Mon corps fut parcouru de frissons.
L'envie de me justifier me força à ouvrir la bouche, mais la respiration saccadée de Chris contre ma mâchoire me rendit muette.
Je ne répondais plus de rien. Je ne pouvais que me blottir contre lui et humer. J'étais bien là. Recroquevillée dans les bras de mon petit-ami, à l'autre bout du monde, c'était comme si l'univers n'appartenait qu'à nous. Et le sentir me toucher, me goûter m'aimer, voilà des choses qui n'avaient aucun prix. Tant leur valeur était inestimable.
J'aurais pu mourir ici, j'aurais tout de même été la femme la plus heureuse du monde.
#chris redfield#chris resident evil#chris redfeild x reader#resident evil#resident evil death island#chris redfield × you#chris redfield × reader
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«Le rêve européen s’éteint»
Moins de deux mois avant les élections générales italiennes, le philosophe français Marek Halter l'affirme : «J'ai peur de l'évolution vers une Europe sans âme, otage des prophètes de la peur.»
Nous nous sommes entretenus avec Marek Halter par téléphone alors qu'il se trouve actuellement en Tunisie où il organise une marche européenne pour la paix, qui devrait partir de Bruxelles et Moscou en septembre. Destination : Kiev. Mais c'est avec angoisse que l'écrivain et philosophe français d'origine polonaise envisage un autre événement important de l'automne : les élections italiennes et la possible victoire de la droite. « Le souverainisme, c'est la peur de l'autre », affirme-t-il, ajoutant que « le rêve européen s'éteint ».
La perspective que Giorgia Meloni devienne présidente du Conseil (cheffe du gouvernement, NDLR) vous inquiète-t-elle? J'ai peur de l'évolution vers une Europe sans âme, otage des prophètes de la peur. Une Europe qui ne fait plus rêver les gens, dans laquelle les partis n'existent plus et les idéologies de droite prévalent. Avec l'affaiblissement de la gauche, le rêve de Victor Hugo, qui aspirait à la création d'une Europe sans frontières, d'un continent qui unit les cultures et les valeurs, de Beethoven à Chopin, mais aussi Tchaïkovski, s'éloigne peu à peu. Derrière Alexandre le Grand, il y avait Aristote : dans cette Europe-ci, les intellectuels ont disparu et les sectes, groupes et idées réactionnaires prospèrent.
Comment interprétez-vous la montée des souverainismes ces dernières années ? Le souverainisme n'est rien d'autre que la peur de l'autre et le repli dans une dimension égoïste et nationaliste. Nous avons construit une Europe sans murs et sans droits de douane et, aujourd'hui, ces murs réapparaissent aux frontières pour faire barrage aux migrants, ou encore entre le Kosovo et la Serbie. Pourtant, la chute du Mur de Berlin, qui était la promesse d'une Europe nouvelle, ne semble pas si lointaine.
L'Europe et l'Otan ont toutefois uni leurs forces pour défendre l'Ukraine. L'Ukraine, pourtant, risque de devenir la tombe de l'Europe. Notre continent ne peut pas être qu'une alliance économique et militaire.
Mais il ne l'est pas : l'Etat de droit a aussi été défendu par le gel des fonds accordés à la Pologne et à la Hongrie. Et le président français Emmanuel Macron a souvent insisté sur l'Europe des valeurs. Nous devons nous demander pourquoi la majeure partie de l'Afrique et de nombreux pays asiatiques se sont rangés du côté de Poutine, pourquoi l'Europe est considérée comme si faible à leurs yeux. Giorgia Meloni est synonyme de repli dans la dimension nationale parce que le rêve européen s'éteint. En ce sens, elle rejoint Marine Le Pen. Ce sont des politiciens à la recherche de l'éternel bouc émissaire.
Notre continent ne peut pas être qu'une alliance économique et militaire Marek Halter Philosophe
Pourquoi êtes-vous aussi pessimiste quant à la possibilité que prévale l'idée d'une Europe unie ?
Parce que je crains que nous, les intellectuels, ayons perdu le monopole de la parole. La défense des plus fragiles ne compte plus. Lorsque je suis arrivé en France en 1950, les syndicats poussaient des millions de Français à descendre dans la rue. Il n'existe plus de sujet capable de rassembler les gens au nom des valeurs. Il existe un vide idéologique qui me fait très peur. Qu'opposons-nous à la Chine, qui est un régime, mais nous a dépassés dans la course technologique, ou encore à la Russie autocratique ? La réponse ne peut pas être uniquement l'Otan ou l'Europe économique.
la Repubblica Entretien de Tonia Mastrobuoni publié dans Le Soir
Et chez nous en Belgique ?
"Que va faire De Wever en 2024 ? Va-t-il négocier quand même avec le Vlaams Belang comme en 2019 ? Va-t-il s'associer à ce parti ? Personne ne le sait, en fait, nuance un fin observateur de la politique flamande. Quand il négociait avec Van Grieken, il n'y a pas eu de révolution au sein de la N-VA : les militants et les élus n'ont pas contesté. Tout dépendra des résultats des élections. Tout est possible en 2024."
Une majorité N-VA / Belang en 2024 ? Le spectre ressurgit.
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Journal d’un photographe
Vendredi 7 janvier 2022.
Photo de décembre 2021.
« Waterloo ! Waterloo ! Waterloo ! morne plaine ! Comme une onde qui bout dans une urne trop pleine, Dans ton cirque de bois, de coteaux, de vallons, La pâle mort mêlait les sombres bataillons. D'un côté c'est l'Europe et de l'autre la France »…
Victor Hugo
Morne comme cet hiver de pandémie dont on ne sait quand elle se terminera, morne comme toutes ces voix qui tentent d’ameuter les électeurs mais n’ont pas grand chose à proposer, sinon le cirque de BFM ou pire CNEWS qui se répètent à longueur de journée et de nuit en s’écoutant raconter des histoires qu’eux seuls croient.
Heureusement qu’il y a le journal d’un photographe !
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Mercredi 1er avril
Linda
Lorsqu'on regarde le ratio entre le nombre de touchés par le virus et le nombre de morts en Allemagne et lorsqu'on le compare à l'Italie, l'Espagne ou la France, on est quelque peu surpris :
Au soir du 31 mars (Les chiffres auront sans doute changé au moment de la publication mais le ratio sera peu différent) :
- Italie 105792 cas - 12428 morts
- Espagne : 94417 cas - 8269 morts
- France : 52128 cas - 3523 morts
- Allemagne : 68180 cas - 682 morts ! (Un petit pourcentage d'une épidémie de grippes hivernales).
Pourquoi le ratio est-il si bas en Allemagne ? Il semble qu'il y ait malgré tout un problème d'organisation et de méthode. Principale différence : les allemands font les tests (fabriqués en Allemagne), à la suite de quoi ils séparent les personnes atteintes. Ils ont un nombre de lits de réanimation le plus élevé d'Europe (25000 lits). Ils ont également opté pour un confinement beaucoup plus souple permettant les déplacements à vélo et les sorties sportives. Bref, ils étaient prêts à une attaque de ce type et force nous est de constater que la France ne l'était que très partiellement, l'Italie et l'Espagne, pas du tout.
On pourra toujours évoquer en guise d'explication, le caractère discipliné des allemands. Ça n'explique pas leur projection dans l'avenir. Ils étaient incontestablement mieux préparés à la catastrophe.
L'Allemagne est en effet porteuse d'un lourd passé culpabilisant qui l'oblige à se montrer vigilante dans beaucoup de domaines. Étant sortie de la guerre comme la seule accusée, il est possible qu'elle ait davantage pris la mesure de ses erreurs. Au sortir de la guerre, l'Europe fasciste et antisémite s'est vite déchargée de sa responsabilité sur le peuple allemand. En effet, même si l'Allemagne était incontestablement l'épicentre de l'antisémitisme, la Shoa n'aurait pu exister sans l'antisémitisme global des européens. Inutile de revenir sur le rôle des français dans la déportation. Mais peut-être faut-il se demander si les leçons de l'histoire ont bien été prises. Or, quelle leçon avions-nous à tirer d'une telle monstruosité que fut l'extermination programmée des juifs et quel peut être le rapport avec cette pandémie ?
Il semble en effet que la question de l'altérité soit toujours au cœur des grandes catastrophes. Ainsi, en ce qui concerne l'holocauste, c'est à mon sens la manifestation la plus représentative de la tentative d'éradiquer toute altérité.
Hitler n'a pas visé l'extermination des juifs au hasard. Les juifs sont en effet porteurs de la première altérité historique. J'entends par "altérité historique" la possibilité pour un peuple de prendre conscience de sa particularité notamment en se distinguant des autres peuples. Ils sont à l'origine de la première conscience de soi socle de l'individualisme. Le monde occidental judéo-chrétien repose sur les bases de l'Ancien Testament qui fournit cette première impulsion de liberté. Le judaïsme est en effet le gardien de la loi donnée aux hommes par le Dieu unique pour les guider sur le chemin de l'existence. Pour le judaïsme mais aussi pour le judéo-christianisme, ce peuple "élu" est donc le témoin de la première possibilité d'émancipation des hommes par rapport au divin. Le Christianisme apportera une nouvelle étape de cette émancipation en montrant que chacun est habité par cette loi grâce au verbe qui nous relie à l'origine. Mais l'importance de la religion judaïque reste majeure pour l'Occident et le peuple juif a payé cher la conservation du message jusqu'à nous. Il est vite apparu au milieu des autres peuples, comme le peuple "différent", donc à éliminer.
La plus meurtrière tentative de museler ce message fut donc l'Holocauste de la deuxième guerre mondiale dont à mon sens, nous n'avons pas pris toute la dimension eschatologique et religieuse.
Ainsi, cette ultime tentative d'extermination des juifs par les nazis et surtout l'éradication de leur message d'altérité, ne concerne pas que l'Allemagne. Cette guerre inique n'a fait que mettre en évidence cette difficulté de tous les peuples occidentaux à accéder à une conscience supérieure avec pour support, la figure de l'Autre dont la première image apparut pour la première fois quand le nom du divin devint imprononçable.
Ainsi, c'est peut-être parce que l'Allemagne désignée comme la seule coupable, a mieux intégré sa responsabilité vis-à-vis de cette terrible situation, qu'elle est plus à même aujourd'hui, d'affronter ce qui, dans le virus, vient animer dans le face à face avec l'inconnu, le différent, l'ennemi.
Pour établir ce lien entre virus et altérité je renvoie bien sûr aux textes de René de ce blog mais aussi au lumineux texte de Camille Villet sur la pandémie (http://www.khora-imagination.fr/la-crise-liee-au-covid-19/ ).
Ainsi la catastrophe que nous sommes en train de vivre n'est pas sans lien avec les catastrophes précédentes. C'est comme une parole qui ne cesse de se décliner sous toutes les formes possibles jusqu'à ce qu'elle soit entendue.
Derniers chiffres au moment de la publication le 3 avril 2020
Italie 115242 cas - 13915 décès
Espagne 117710 cas - 10935 décès
France 59929 cas - 5387 décès
Allemagne 85903 cas - 1122 décès
René
Le sentiment de profiter tout simplement de la vie sur terre nous rapproche d’une extase. Il suffit juste un matin de printemps, quand le soleil a suffisamment réchauffé la terre, de respirer doucement et profondément, en fermant les yeux et en se laissant inonder par la lumière, pour ressentir une plénitude incomparable.
Cette communion avec la vie que nous pouvons expérimenter grâce à notre sensibilité peut être comparée à celui de la fleur s’ouvrant pudiquement à la caresse des rayons solaires. Nous avons d’une certaine manière intériorisé la vie délicate de la fleur.
Et pourtant ce mystère sublime de la vie semble ne porter en soi aucun sens particulier. N'est-il donc qu’un embrassement aussi léger que le zéphyr qui soulève la robe de Flore dans le tableau de Botticelli ? La grâce ne fait qu’effleurer l’homme qui préfère créer son propre enfer, un monde plein de bruit et de fureur, dans le seul but de s’approprier le meilleur bout de vie possible. C’est ce que l’on appelle l’économie, une forme de calcul de ce bout de vie pour rien.
Si les virus sont de toute évidence du côté de la mort et du chaos primitif, c’est peut-être pour rappeler qu’il faut tout de même apprendre à considérer l’existence comme une épreuve de donation de sens afin d’échapper à l’absurde. Si la vie n’est pour rien, alors la mort aussi, vanita vanitatatum et omnia vanitas.
Faire face à l’épreuve en se cachant dans son coin en espérant que les ténèbres ne nous emporteront pas, est absolument insensé. Au contraire, le moment est celui de prouver que vivre ensemble produit un sens qui excède notre petit bout de vie. Envoyer les nouveaux héros se confronter à la mort et les applaudir le soir, fait un rappel tragique sur les guerres et les milliers de morts inutiles, car on ne peut pas ou ne veut pas entendre ce que dit l’autre. Le seul moyen de mesurer la menace du virus est de porter un regard critique sur notre société en essayant de voir profondément ce qui ne va pas.
Je terminerai par l’idée du revenu universel qui revient sur scène et présente la particularité étonnante sur le plan de la philosophie politique, de ne pas définir l’individu par sa seule utilité pratique. La critique de ce projet lors des dernières élections présidentielles concernait son prix trop élevé pour l’Etat qui, par ailleurs, injecte déjà des sommes énormes en subventions sociales. Le gouvernement de Macron a donc pris la position inverse qui est celui du néolibéralisme exaltant la capacité de chacun à être le plus efficace possible à la croissance de l’économie. La pandémie coûte un argent monstrueux et comme par un coup de baguette magique des milliards sortent des banques pour renflouer l’économie.
Les enjeux de cette pandémie sont donc énormes et l’économie vitale humaine à laquelle les virus nous convoquent est celle de sortir justement d’une simple économie de survie pour laquelle la mort sera toujours gagnante. S’ouvrir au sens de la vie ne peut venir que de l’échange de nos talents particuliers afin de nous enrichir mutuellement. Nous avons totalement raté la révolution sociale morale qu’imposait l’après-guerre et si nous recommençons avec cette pandémie, ce sera certainement pire la prochaine fois.
Nous pourrons donc demain commencer un dialogue avec les virus. Il faudrait peut-être proposer un scénario à Steven Spielberg qui a lancé un ciné-club en ligne pour percer les confins du confinement.
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Au dessus de nous , du côté de la frontière
(Trilogie trouble
de l'économie politique du voyage
(3)Au-dessus de nous, du côté de la frontière
Quand je vois un arbre
j’ai envie de vomir
Graffiti punk sur un mur de Paris au début des années 80
Il y a eu des orages ce matin et encore cet après-midi, un peu plus loin, au-dessus de nous, du côté de la frontière, ou alors le réseau est dans un état déplorable. Ou bien les deux. Pour la quatrième fois aujourd'hui, tout a sauté dans le village.
Au moment de la coupure, comme il est 20 heures, Sylvain n'y voit pas plus loin que le bout de son nez et il fulmine.
Ces colombiens, incapables de rien. Je n'ai pas de temps à perdre avec ces interminables coupures. J'ai des auditeurs moi !
Il marche de long en large dans la cour de l’hôtel plongée dans la pénombre seulement éclairée par un portable. Nerveux, il marche, avec à la main, son ordinateur ouvert et ses écouteurs sur les oreilles. Avant la panne, il était en train de visualiser sa chronique quotidienne et de vérifier s'il n'y avait pas des erreurs, afin de la mettre en ligne sur Youtube. Sylvain est un voyageur blogueur.
J'ai plusieurs milliers de followers, m'avait-il dit en bombant la poitrine et avec un sourire qui se voulait complice parce qu'il connaissait mon blog.
Putain ces cons, s'ils croient que j'ai que ça à faire. Je n'ai même pas le temps d'aller à la plage, moi. Et voilà qu'il coupe mon électricité !
Il parle à son propre visage figé sur l'écran depuis qu'internet a été brusquement coupé. Étant donné son regard fixé sur son image, il ne peut voir une chaise et butte dessus. Son ordinateur glisse de ses mains et s’apprête à tomber tandis que son casque s'échappe de ses oreilles, mais avec vivacité, il saisit l'ordinateur dans sa chute, le referme et le colle sur sa poitrine.
Ouah putain, un mac à 2000 boules. Il l'embrasse puis pose le précieux ordinateur et les écouteurs sur notre table et souffle comme s'il venait d’échapper à la mort.
Il manquerait plus que ça, casser ce bijou qui m'a coûté les yeux de la tête. Qu'est-ce que t'en penses dit-il à Moshe assis en face de moi, et qui, avant la panne électricité, caressait les tétons de son petit ami Alberto assis sur ses genoux. Il est temps de quitter ce trou à rat. A Capurgana, je ne peux pas travailler dans de bonnes conditions moi.
On est bien ici dit Moshe tout en continuant à titiller les tétons d'Alberto. Medellín est une grosse ville, pas trop mon trip en ce moment.
Même s'il ne parle pas français, Alberto à l'air de comprendre et, dans l'ombre, je le vois poser une main sur ses couilles. En tout cas, c'est ce que j'imagine assis de l'autre côté de la table en devinant plus qu'en voyant la main d'Alberto plongée entre les cuisses de Moshe.
Vous allez arrêter de vous tripoter tous les deux. Il y a pas que ça dans la vie, s’énerve le blogueur
Mais si, mon cher Sylvain, il n'y a que du cul dans la vie surtout pour les pédés AHAHA. J'adore le cul ! Les pédés juifs, tu trouveras pas mieux comme obsédé sexuel, dit-il avant de lécher le cou d'Alberto. Et en aparté, théâtralement, il dit, ma petite maman juive, ton chéri adoré de fils est un obsédé sexuel HAHAHA.
J'en ai marre fait Sylvain en reprenant son ordinateur. Je retourne me reposer dans la chambre. Je te laisse avec ta maman juive. C'est la meilleur des mamans pour emmerder un fils. Salut fait-il en disparaissant dans la chambre.
On s'en boit un ? dit Moshe en sortant la bouteille de whisky de sous la table. On boit à la santé de ma sainte mère qu'est toujours vivante et qui espère encore me marier.
Oui je fais, je ne savais pas que tu avais ça avec toi. Ici c'est hors de prix le whisky. Je ne bois que de l'aguardiente.
C'est ma dernière bouteille acheté à Carthagène les garçons, il n'y en aura pas d'autres, alors on y va mollo. Et pour mieux se contredire, il nous sert des triples doses.
Pour la quatrième fois dans la journée, on entend le démarrage d'un moteur qui tousse puis celui-ci prend son rythme de croisière. Grâce à la mise en route du groupe électrogène de l’hôtel, la lumière revient.Sylvain et Moshe voyage ensemble en Amérique du Sud depuis un an et demi. Ils arrivent de Carthagène où Moshe a rencontré Alberto, un vénézuélien. Il a fui son pays où il était étudiant à Caracas. J'ai pas l'impression qu'il ait beaucoup d'argent et a 20 ans de moins que Moshe. Parfois il a l'air ailleurs, loin de nous, mais c'est peut- être seulement l'âge qui veut ça ou bien le fait d'avoir quitté son pays.Au moment où Alberto et Moshe commencent à se bécoter, je me retourne car j'ai cru entendre du bruit. Et en effet c'est eux. Ils sont rentrés en silence dans l’hôtel, en longeant quasiment les murs, comme des ombres de la nuit. Ce sont un érythréen et des congolais de Kinshasa habillés de bric et de broc, portant des hautes bottes de plastique, excepté une petite fille d'à peu près trois ans qui, elle, porte des sandales. L'érythréen est très beau, 20ans tout au plus, avec des yeux bleus comme la mer des caraïbes. IL parle un peu en Anglais, les autres en français. Ils connaissent aussi quelques mots en anglais mais ils n'ont pas, eux, le temps d'apprendre l'Espagnol. John le mécano de Kinshasa me salue de loin. Il m'a raconté son histoire ce matin au moment de la deuxième coupure de courant et alors qu'il attendait de passer la frontière du Panama par la montagne, mais le guide n'est jamais venu les chercher alors ils restent une nuit de plus dans notre hôtel, la police colombienne leur ayant dit que c'était le moins cher du village et ils payent en dollar. Ça fait trois semaines qu'ils sont partis de Kinshasa via un avion pour Quito en Équateur et leurs réserves d'argent fondent comme neige au soleil. Le soleil ici, il y en a beaucoup. L’érythréen s'est joint à eux à Turbo, au moment de prendre une lancha pour traverser la mer, et, arrivé à Capurgana, un village colombien du bout du monde, à la frontière du Panama qui fait tant rêver les touristes, dont moi. Ici, il n'y a que la mer, des plages, une immense jungle, de la petite montagne et il n'y a pas une seule route sur une centaine de km, voire plus.
A Turbo, à 80 km d'ici, ils sont partis de nuit sur une lancha sans lumière, ils étaient une trentaine. Quatre heures de bateau à fond, en passant par un bras de mer envasé puis la haute mer pour éviter la police et l'armée à l'entrée de l'estuaire. La lancha est un bateau tout en longueur et sans tirant-d'eau. Sur une mer d'huile, c'est un plaisir de navigation, il glisse. Mais dès qu'il y a un peu de houle, c'est l'enfer. Ils ont cogné des vagues pendant 4 heures. La petite en sandale était dans un triste état, pleurant d'effroi pendant tout le voyage. Quand ils ont débarqué, leurs muscles criaient de douleur. Les 4 policiers du villages les ont récupéré aussitôt. Après vérification des papiers, la trentaine de migrants africains mais aussi indiens et pakistanais se sont répartis dans différents hôtels, les plus pauvres dormant sur la plage ou sous des cahutes, quand la nuit éclatent des orages.
J'ai un frère à Paris m'avait dit John pendant notre conversation du matin.
Dans quel arrondissement habite-t-il John j'avais demandé. Moi aussi je suis de Paris.
Je ne peux pas te le dire. Paris, banlieue, tout ça c'est la même chose pour moi. C'est la France. Au dernier moment je ne sais pas pourquoi, j'ai cédé à mes amis, Je suis parti avec eux en Amérique du Sud. Ils m'ont dit que c'était plus facile que l'Europe et la France pour rentrer aux Etats-Unis ou au Canada et trouver du travail. Maintenant, je regrette.
Il m'avait présenté sa femme qui tenait son enfant dans ses bras.
Bonjours j'avais dit poliment, mais elle n'avait pas répondu. Je voyais bien qu'elle en voulait à son mari. Elle était sur un autre continent dont elle ne parlait pas la langue, dans un endroit totalement isolé, avec très peu d'argent, dans une précarité qui ferait trembler les plus courageux et leur fille était dans la même galère qu'eux. Enfin elle m'avait dit quelques mots dans la langue de son pays mais à aucun moment elle avait souri. Comment pouvait-il en être autrement ?
C'est pour quand John ? j'ai demandé quand il est passé à côté de Moshe et D’Alberto.
Je ne sais pas. On nous a dit qu'il y aura encore des orages cette nuit. Peut-être demain alors. On va se coucher, bonne nuit.
Bonne nuit aussi John et bonne chance surtout si on ne se revoit pas.Alberto et Moshe étaient torse nu et ils étaient excités. J'ai bu la moitié de mon verre et, sous cape, j'admirais ces deux corps enlacés dont l'un était effrontément jeune et souple et l'autre, couvert de tatouages, était dans la plénitude d'une existence dont le corps n'avait pas trop subi de démolition. Je ne crois pas qu'ils avaient remarqué la présence de John et des autres migrants. Ils s'étaient levés et, Alberto, comme une liane, avait une jambe relevé et enlacé autour de la jambe de Moshe. Moshe le tenait à pleine fesse.
Je suis sorti de l’hôtel pour aller chercher deux enpanadas au poisson.
xxxx
Le lendemain matin, Sylvain m'attendait à la table du petit déjeuner dans la cour de l’hôtel.
Profitons de cette splendide journée sans pluie pour aller visiter la réserve del Cielo avait-il dit en verve. Mes auditeurs attendront ma chronique un jour de plus. Cela ne leur fera pas de mal. Et puis il faut bien que je prenne des notes pour mon prochain livre. Les enfants de Peter Pan.
j'avais pas beaucoup dormi mais j'étais plus en forme que les autres nuits. L’électricité avait été coupée deux fois dans la nuit et sur le coup de 3 heures, elle était enfin réapparue sans autre coupure jusqu'au petit matin. J'avais donc pu dormir grâce au fonctionnement des ventilateurs.
Avant de dormir, avec Moshe et Roberto on avait été danser à la brujita, le petite sorcière, la boite de nuit construite sur pilotis au-dessus de la mer, un lieu sublime. Ils passait les musiques des Caraïbes. Musica crossover ils appellent ça ici, et Roberto dansait comme un dieu, beaucoup de garçons et de filles l'admiraient et cela rendait fou de jalousie Moshe qui ne lui avait pas adressé une seule fois la parole, au lieu de quoi il était resté au bar, en ma compagnie, tous en suivant des yeux un Alberto dansant, prodigieux et absolument parti sur une autre planète. Ils ne s'étaient réconciliés qu'à la fermeture de la petite sorcière. Je les avais laissé sur la plage, dans les bras l'un de l'autre.
Moshe arriva à la table du petit déjeuner, torse nu, les cheveux en bataille et une cigarette à la main, sans nous saluer il alla la fumer sur le trottoir de l'hôtel.
Ça, c'est une belle nuit les amis dit-il de retour dans la cour
Vient prendre ton petit dèj ordonna Sylvain. On va visiter la réserve El Cielo, il parait que c'est superbe. Nous partons dans une heure. Dépêche-toi et vas réveiller ton Adonis. Moshe donne-moi une cigarette.
Quoi dans une heure, mais mon chéri ne sera jamais debout dans une heure. Et puis merde achète des clopes c'est toujours moi qui les paye. Normalement, c'est moi le juif pas toi HAHAHA.
D'accord. D'accord, c'est moi qui achète le prochain paquet. Mais bon soit pas chien. Offre moi une clope.
Grand cœur Moshe tendit son paquet puis il alla réveiller son amoureux.
Bornu tu es prêt me demanda-t-il en allumant sa cigarette à la table alors qu'il est absolument interdit de fumer dans l’hôtel, même dans la cour. J'ai rien dit. J'avais tellement fumé dans ma vie, je le comprenais.
Oui tout à fait je viens avec vous.
En fait tu ne m'as pas dit ce que t'en pensais de mes chroniques.
J'ai pas encore eu le temps de les écouter, j'ai menti. Mais promis, ce soir je prendrai le temps.
J'avais écouté une chronique la veille, avant d'aller à la petite sorcière. C'était celle sur la finale de la coupe du monde de football entre la France et la Croatie. Je n'aimais pas beaucoup sont état d'esprit bien dans l'air du temps. Il avait une pensée que j'appelle le truquisme et le complotisme. Il disait que la finale était truquée et que ceux qui regardaient le foot étaient des moutons et des cons. Hélas il avait tort au moins sur le premier point. Les français avaient gagné à la régulière, en étant petit joueur, en refusant d'attaquer, c'était un jeu absolument laid, fondé uniquement sur les erreurs de l'adversaire, aucun panache, aucune prise de risque. La France et son entraîneur, le laborieux Deschamp était une honte pour le football, il ne faisait rêver personne. C'était le même cauchemar que la coupe du monde 98 que Deschamp avait déjà gagné comme joueur avec une équipe qui avait refusé le jeu. Par deux fois l'équipe de France avait montré qu'elle n'était pas présente pour enchanter le monde mais pour gagner à n'importe quel prix ! Il y avait en effet de quoi détester ce consensus qui s'effectuait au lendemain des victoires. Seulement Sylvain ne parlait pas tant de foot que des imbéciles et des cons. Il y avait quelques chose du donneur de leçon dans ce qu'il disait. Mais il le disait bien, il était à l'aise devant l'écran, sa cigarette à la main (ou la cigarette de Moshe), les mots lui venaient facilement et tout n'était pas faux dans ce qu'il disait, loin de là. Notre chroniqueur avait quand-même entre trente et cinquante milles followers, beaucoup plus que je pouvais rêver en avoir sur mon propre blog.
Une heure après, je ne sais par quel miracle, nous étions en route pour la réserve Del Cielo située dans la forêt à une heure de marche du village.
XXXXX
Pour ceux qui pénètre pour la première fois dans ce type de forêt, c'est un émerveillement.
La forêt en elle-même est un mythe dont le cœur est l'arbre, grand seigneur végétal sans lequel aucun monde terrestre n'est possible. L'arbre parle, raconte des histoires, de nombreuses histoires. Il fait peur et il rassure à la fois. Si l'arbre est perte d'horizon, il est aussi celui qui accepte qu'entre ses racines un chemin conduise à un nouvel horizon. L'arbre devenu forêt est matière à rêver et on ne rentre jamais dans la foret sans une certaine appréhension.
Après avoir visité la réserve del Cielo, Sylvain marche en tête, fier comme un paon, avec une canne qu'il s'est fabriqué dans un solide morceau de bois. Il porte un sac à dos qui semble lourd tant le tissu est tendu à craquer. Il a mis des chaussures de marche, Moshe et Alberto le suivent. Ils sont en tongue et débardeur. Ils se sont faits des cannes avec des bambous trouvés à côté de la cascade. Je suis derrière, moi aussi avec une canne en bambou et des sandales et, comme je ne vois pas souvent ce type de forêt, j'ouvre grand mes yeux. Sylvain s'est arrêté. Il nous fait face, en tenant sa canne comme un monarque, puis il la dirige vers une plante dont les feuilles ont des veinules rouges.
C'est quoi ça, hein c'est quoi ça mes compagnons demande-t-il. Vous ne savez pas ?
Et comme personne ne répond , il dit avec un accent français à couper au couteau.
El Corazon de Jesus. Je vous traduis ?
Non j'ai dit spontanément et j'ai été surpris. Moshe l'avait dit en-même temps que moi. Cela a produit une cascade de rire qui entraîna Alberto, même si je ne suis pas sûr qu'il nous ait compris.
Sylvain resta droit comme un piquet, son morceau de bois planté dans le sol et le regard tourné vers les cimes des arbres, comme si nous n'existions pas.
Ignare dit-il vous êtes tous des ignares.
Il reprit sa marche sans se soucier de nous, levant sa canne et donnant des noms aux arbres et aux plantes, tandis que derrière lui, nous marchions en nous tordant de rire. Nous n'étions pas respectueux. Sylvain n'avait aucune autorité et je le pensais si imbu de lui-même que je le croyais près à un coup de folie. Mais non, il nous laissa rire jusqu'à ce que nous nous en lassions, puis il s'est arrêté de nouveau devant une rivière où, détendu, il nous a souri. Je crois que je n'avais jamais vu ce genre de transformation sur le visage d'une personne. Sylvain si sérieux d'habitude, avait un sourire profondément énigmatique et sincère. Depuis que j'avais fait sa connaissance, je ne trouvais pas ce type sympathique, mais sans hésiter, à ce moment-là, il aurait pu me demander n'importe quoi, je l'aurai accepté comme si c'était mon meilleur ami. El Cielo est une réserve aménagée à une heure de marche du village de Capurgana, un sentier puis un escalier en bois nous avaient mené jusqu'à une jolie cascade où nous nous étions baignés ensuite nous avions été jusqu'au sommet d'une colline d’où nous avions une vue plongeante sur l'océan. La forêt était épaisse, les fougères avaient des feuilles de plusieurs mètres de long, les arbres étaient démesurés, il y avaient des quantités de papillons dont un bleu turquoise grand et rectangulaire comme une feuille d'un carnet de poche. Nous avions aussi rencontré une multitude de rivières que nous traversions sans problème car on avait de l'eau en dessous du genou. L'air vibrait intensément et même si nous étions tout le temps à l'ombre, après 5 minutes de marche nos vêtements dégoulinaient de sueur. Le taux d'humidité devait être à 90%. Parfois un rayon de soleil s'infiltrait sous la canopée et c'était un plaisir de sentir cette piqûre de chaleur sur sa peau.Sylvain, volontairement sans doute, vient de s’arrêter sous un de ses rayons de soleil qui lui éclaire une partie du visage. On dirait un clair obscure d'un maître flamand! Je me dis que notre chroniqueur a le génie de sa propre mise en scène, et, de nouveau, je le trouve tel que le voyais auparavant, un rien cynique et hautain.
C'est là qu'on se sépare mes compagnons, profera-t-il. Je continue l'aventure sans vous. Votre chroniqueur a décidé de passer à l'action.
Moshe s'approcha.
Tu es devenu fou ou quoi. Depuis le temps qu'on voyage ensemble, tu ne vas pas m'abandonner comme le Petit Poucet au milieu de cette forêt qu'on dirait sortie d'Avatar. J'ai besoin de toi mon joli compagnon.
Sylvain lui passa une main autour du cou.
Roberto garda le silence, indifférent à cette scène, il regardait ailleurs, le vol d'un de ces papillons bleu turquoise.
Qu'est-ce que tu veux nous dire j'ai demandé à Sylvain. On est au milieu de nulle part et le seul moyen de sortir du village c'est de prendre une lancha et de retourner à Turbo.
Il ne m'a pas donné de réponse car le coyote est arrivé à ce moment-là et nous voyant il a aussitôt mis un foulard sur son visage. En Amérique du sud et central, le coyote est le nom des passeurs de migrants. derrière lui, ils le suivaient. Ils étaient plus d'une vingtaine. John le mécanicien de Kinshasa marchait en tête et il tenait sa fille dans ses bras, derrière sa femme portait un énorme sac sur sa tête. Il y avait au moins deux pakistanais ou afghans, plusieurs érythréen dont ce jeune homme aux yeux d'un bleu magnifique et fermant la marche 4 femmes en boubou portaient, comme tout le monde, des bottes de caoutchouc et des gros sac de plastique noir sur leur tête. Moins d'une heure après avoir entrepris leur marche dans l'immense et très dangereuse forêt du Darien, eux aussi dégoulinaient de sueur.
Buenas dias cria gaiement Sylvain.
Buenas dias répondit le coyote.
J'ai fait un salut de la main à John et à sa femme. Toutes et tous se taisaient. John m'a fait un petit geste en retour.
Comme vous pouvez maintenant vous en rendre compte, notre petite balade dans la réserve del Cielo n'était qu'un prétexte dit-il. J'avais déjà négocié avec ce monsieur et il nous montra le passeur de migrants. Votre chroniqueur préféré a décidé de partir avec ce nouveau sel de la terre abandonné de tous. Oui je m'engage à mes risques et périls. Et rien ne me ferra revenir en arrière. Je pars avec eux. S'il m'arrive quelque chose Moshe, je t'ai laissé une clé USB à l’hôtel avec l'enregistrement de ma chronique d'outre-tombe. Je t'ai aussi laissé mon code dans une enveloppe pour que tu l'envoies sur Youtube. On ne sait jamais, ajouta-t-il bravache. Mais il n'y a aucune raison que je ne rentre pas. Je suis solide comme un roc moi.
Une partie des migrants souriaient, les congolais. Les autres ne parlant qu'anglais, restaient de marbre.
J'ai pris mon passeport, de l'argent ajouta-t-il, mon mac et 5 paquets de cigarettes. Ce monsieur m'a dit qu'après 3 jours de marche il y aura une route. Je rentrerais en avion ou avec une lancha. Je compte être de retour dans 5 ou 6 jours.
Aux anges, il souriait. Je vais leur montrer ce que c'est qu'un vrai chroniqueur. Je vais leur monter ce que c'est que d'en avoir. Je vais faire le buzz sur Youtube moi et vous verrez, je doublerai ou même triplerai mon audience.
Et il leva le poing comme s'il venait de marquer un but.
xxxx
Six jours étaient passés et Moshe fumait comme un pompier depuis qu'Alberto était parti . La veille de son départ, il était allé danser seul à la petite sorcière, et il avait rencontré un ingénieur de Medellin qui lui avait promis un bon job, la possibilité d'avoir un avenir et ainsi d'aider financièrement sa famille restée à Caracas. L'ingénieur avait un air vieux car voûté et portant une barbe. Je l'ai vu quand ils ont pris la lancha pour retourner à Turbo. Je voulais dire au revoir à Roberto. Il m'avait souvent regarder du coin de l’œil quand il embrassait Moshe et, dès qu'il m'a vu sur le port, il m'a entraîné dans un coin où son ingénieur ne pouvait pas nous voir, il m'avait embrassé à pleine bouche et je l'avais laissé faire. Il m'avait donné ses coordonnée Facebook et Messenger et je lui avais promis de l’appeler quand je passerai à Medellin. Mais nous n'étions pas dupe. L'un et l'autre savions que je ne l’appellerai pas.
Depuis Moshe fumait donc comme un pompier. Mais ce n'est pas seulement à cause d'Alberto. D'avance il savait qu'un jeune vénézuélien de 20 ans, avec le drame qui se passait dans son pays, avec aussi sa jeunesse et ses rêves que peuvent avoir les jeunes, surtout ceux qui fuient leur pays pour des mondes meilleurs, oui il savait, car Moshe n'était ni stupide ni suffisamment amoureux pour ne pas reconnaître dans sa rencontre avec Alberto qu'une amourette de passage, une rencontre certes superbe - car Alberto était superbe - mais qui ne se prolongerait pas au-delà d'une semaine ou deux.
C'est aussi ça, m'avait dit Moshe, les voyages. Des personnes qu'on aime et qui passent. Ce voyage, s'il m'apprend quelques chose de ce monde, c'est que je n'ai pas d'autres choix que de me contenter de l'éphémère. AHAHA. Alors que l'on parle toujours d'amours éternels. Connerie que l'amour Bornu !
Il fumait donc comme un pompier aussi et avant tout parce qu'il n'avait eu aucune nouvelle de Sylvain depuis 6 jours. J'étais aussi inquiet. Pour lui, mais aussi pour Johnny, sa femme et sa fille. Ils étaient jours et nuits dans cette immense jungle sans route et sans aucune aide possible de l'extérieur. J'imaginais cette petite fille de trois ans les yeux ouverts dans la nuit. Elle devait être terrifiée. Entre deux coupures d’électricité j'avais été chercher quelques informations sur internet. Par Capurgana, l'année précédente, on estimait à 8000 les migrants à tenter la traversée de la forêt du Darien. On ne connaissait ni le nombre de ceux et celles qui avaient réussi à traverser le Panama et atteint le Costa Rica, ni le nombre de morts. Mais tout le monde sait qu'on ne traverse pas une des forêts les plus dangereuses du monde sans risques et périls. Il ne pouvait en être autrement, il y avait de nombreux morts. Des morts de toutes les guerres et de toutes les misères du monde. Ces migrants pensaient trouver à Capurgana, la petite porte qui ouvrait sur ce paradis des pays occidentaux et en particulier des États-Unis et du Canada et, devant eux, ils ne trouvaient qu'une forêt infernale dans laquelle aucun de leurs cris ne pouvait être entendu. Quel courage et quelle nécessité les poussaient jeunes, hommes, femmes, enfants à traverser la Colombie et le Panama en risquant leur vie dans des conditions aussi difficiles et avec si peu de chance d'y arriver ?
Sylvain était ce qu'il était, mais il n'avait pas manqué de cran en les accompagnant. Si son témoignage pouvait servir à quelque chose, on pouvait lui tirer notre chapeau. Mais encore fallait-il qu'il revienne.
C'est ce qu'il fit.
8 jours. 8 jours il a mis à revenir.
De retour de la plage, je l'avais retrouvé dans les bras de Moshe. il avait les dents serrés. Il tremblait. Il ne m'avait pas dit bonjour. D'ailleurs, il ne semblait pas me reconnaître. Creusés par les cernes, ses yeux étaient éteints. Sale des pieds à la tête, ses ongles étaient noirs de terre. Il puait. Même d'où j'étais, je sentais son odeur. Et ses vêtements étaient en loque. Il ne devait pas être de retour depuis longtemps. D'un geste Moshe m'a fait signe de le laisser seul. Je suis donc allé à une des tables sur le trottoir et je me suis assis à côté du patron de l'hôtel, un jeune et gros allemand charmant et très serviable. Sa mère était à côté de lui. C'est elle qui avait acheté l’hôtel quand les premiers touristes étrangers étaient venus dans la région, il y avait seulement 5 ou 6 ans. Avant la région était aux mains des brigands, des narcotrafiquants, des Farcs (Force armées révolutionnaires de Colombie) et des paramilitaires* d’extrême droite. Aujourd'hui, on disait la région pacifiée. Si les Farcs avaient bien déposé les armes, les paramilitaires, les brigands, les narcos n'avaient pas disparu. Ça aussi tout le monde le savait. Le nouveau gouvernement comme l'ancien n'avait aucune volonté de changer la situation surtout chez les paramilitaires qui avaient nombre d'amis dans tous les gouvernements.
Je croyais n'avoir plus rien à faire à Carpugana et j'étais décidé à prendre une lancha pour le port de Turbo, dès le lendemain, d'où partaient des autobus pour Medellin.
J'attendais le soir pour faire mes adieux à Moshe et Sylvain. Ceci bien sûr n'était pas dénué de curiosité sur ce qui était arrivé à Sylvain ainsi que de crainte pour la vingtaine de migrants.
Ce fut une surprise, excepté les profondes cernes sous les yeux, Sylvain avait retrouvé sa superbe. Il semblait encore plus sûr de lui qu'avant son voyage dans la forêt et son sourire, quasi permanent, ressemblait à celui d'un fou prêt à vous découper en morceau. Je me trompais peut-être, parce qu'au moment où il a pris sa tasse de café et l'a portée à sa bouche, il tremblait si fort qu'il en renversa la moitié. En face de lui Moshe buvait une bière. Il avait un regard sombre que je ne lui connaissais pas.
Salut l'écrivailleur m'a-t-il lancé. Alors tu viens aux nouvelles, comme Moshe et comme les autres. On aimerait bien savoir ce qu'il s’est passé. Mais vous n'êtes pas digne de savoir quelque chose.
Je viens vous dire au revoir. Je pars demain matin pour Turbo. Bien sûr Sylvain, j'aimerais savoir ce qu'il vous est arrivé.
Ce qu’il m'est arrivé rectifia-t-il. Ici il n'y a que moi. Il n'y a donc que moi qui peut raconter les événements.
D'accord ce qui t'es arrivé.
Je raconterai rien. Vous le méritez pas dit-il .
Moshe souffla, tu commences à me les broyer menues, toi et ton ego de superstar. Tu es parti avec eux parce que tu devais faire le buzz avec ta chronique, rappelle-toi. Tu voulais raconter cette histoire de migrants au monde entier. Alors commence par nous.
Non j'ai changé d'idée, je ne raconterai rien.
D'accord j'ai dit à Sylvain je pars demain matin à 7h30. Bonne route à vous deux, pour la suite de votre voyage.
Moshe s'est levé et m'a pris dans ses bras, un long moment
Prend soin de toi frère dit-il. Ça m'a fait plaisir de te connaître.
De même pour moi Moshe.
Sylvain nous regardait avec une tête d'assassin et de boudeur. Il se leva précipitamment et quitta l’hôtel.
Excuse-moi me dit Moshe, je vais le rejoindre. Depuis qu'il est rentré, il est plus tout à fait le même.
J'ai préparé mon sac à dos et j'ai été faire un dernier petit tour de Capurgana. Je suis allé jusqu'à la petite sorcière qui était fermé parce que la boîte de nuit n'ouvrait qu'en fin de semaine et me suis assis sur la plage. Il y avait quelques lanchas amarrées au large. Le long de la côte, on devinait la forêt d'où quelques lumières immergeaient. Derrière ces derniers feux, il y avait l'immensité de la jungle, un no mans land où aucune loi d'état ne s'appliquait et un trou noir de notre monde contemporain dans lequel bien des hommes disparaissaient. Un faisceau de lumière a traversé mon regard, s'est posé sur ma tête, mon corps puis s'est éteint.
Je te cherchais dit-il en s’essayant à côté de moi. Excuse-moi pour tout à l'heure.
Aucun problème Sylvain. Cela n'a pas dû être facile.
Non.
Puis un long silence s'est installé. J'entendais très distinctement le bruit du ressac. Un chien s'est approché de nous et nous a flairé. Sylvain devait être immobile, le regard perdu, le chien s'éloigna. Il prit du sable à pleine main et le laissa couler entre ses doigts puis il reprit la parole.
Tu sais que tu as un beau petit brin d'écriture dit-il, sans doute pour se concilier mes bonne grâces. Mais le ton était vraiment obséquieux
Merci j'ai dit, car peut-être que dans la bouche de Sylvain c'était un compliment.
J'ai besoin de toi Bornu dit-il dans un souffle presque éteint.
Comment ça Sylvain tu as écrit un livre tu en écris un autre et tu as ta chronique sur Youtube. Tu n'as pas besoin de moi
En effet dit-il en regardant la mer, j'ai beaucoup de talent. J'ai toujours excellé dans tout ce que j'ai entrepris.
Il affirmait cela avec tellement de tristesse dans la voix qu'on ne pouvait que le croire.
Peut-être trop continua-t-il sans me regarder. Je manque d'humilité n'est-ce pas ? Ego trop fort. Imbu de ma personne. C'est ça que tu penses. Comme tout le monde d'ailleurs. Je m'en fous de ce que tu penses. Quand on a du génie comme moi, on n'a pas beaucoup d'ami. Moi j'ai Moshe et puis entre trente et cinquante milles followers. Ce n'est pas à toi que ça arriverait, hein Bornu.
Tu es sûr que tu as besoin de moi, je me suis énervé, car oui tu es un con imbu de ta personne et à l’ego surdimensionné. Tu as de la chance d'avoir un copain comme Moshe. il y a longtemps qu'à sa place je t'aurai laissé tomber. Si tu es venu pour me dire que tu as du talent et moi pas du tout, tu peux continuer ton chemin. Je suis certain qu'avec ton génie tu vas très bien te débrouiller sans moi.Non, non, je m'excuse Bornu, j'ai trop peur. Je ne peux ni en parler en publique ni l'écrire. Je suis un homme mort si je parle. Il n'y aura pas de chronique sur Youtube. Trop dangereux.
Si je comprends bien, tu veux que je parle à ta place.
Exactement. Toi aussi tu as un petit peu de talent. Tu y arriveras.
Merci de cet immense compliment mon cher Sylvain, mais j'arriverai à quoi ?
je vais te raconter tout ce que tu veux et toi tu l'écriras sur ton blog "Un carnet (latinoamerica)".
Sylvain tu es conscient que j'écris pour vingt personne. C'est le gros maximum. Alors que toi, tu as entre entre 30 et 50 mille followers sur Youtube. Je ne joue pas dans la même division que toi.
Ça me va, ça me va, ça me va. Il ponctua ces répétitions de coups de poing rageurs dans le sable.
Si je comprends, tu as eu des menaces. Et qu'est-ce qu'il m'arrivera si j'écris à ta place ?
Rien du tout. Ils ne connaîtront que ton nom de blogueur. J'en ai besoin Bornu. Il faut que tu écrives, même si c'est lu par une infinité de gens. Fais ça pour moi, s'il te plaît. Pour que je puisse continuer à me regarder dans la glace. Et puis pour eux aussi . Pour elle. Pour lui.
Sylvain m'avait dit s'il te plaît. S'il n'était déjà assis, il se serait peut-être mis à genoux.
D'accord j'ai dit. Je vais l'écrire ton histoire mais à ma manière, j'ai carte blanche.
Oui oui tout ce que tu veux. je dois te raconter. Tu as pas besoin d'un dictaphone ? j'en ai un dans mon sac tu sais, je te le donne si tu veux. J'ai toujours travaillé avec un dictaphone. C'est un bon pense-bête, tu devrais.
Non merci pas la peine, je t'écoute.
Voilà Bornu. Cette histoire je l'appelle le jeune l’érythréen aux yeux bleus.
Je verrai Sylvain, c'est moi qui déciderai du nom de l'histoire.
D'accord, pardon, voilà comment ça s'est passé.
Il s'approcha, baissa la voix et me parla quasiment dans l'oreille. Il me parla longtemps.
XXXXX
Comment raconter en quelques phrases l'histoire de Sylvain et des vingt-trois migrants qu'il accompagna ? Pendant ces quelques jours dans la jungle, il avait enregistré une foule de choses. Bien plus que l'on ne peut en enregistrer dans une journée sans importance. Il existent quelques heures ou quelques jours dans une vie qui valent en bonheur, mais le plus souvent en malheur et en souffrances des mois voire des années d'une existence normale. Je vais essayer de vous dire le principal depuis le moment ou le coyote les entraîna dans la forêt et qu'ils passèrent au Panama.
Très vite Sylvain s'est rendu-compte que ce serait l'horreur. Une fois qu'on a dépassé la réserve del Cielo, avec ces quelques chemins balisés pour nous les touristes, il n'y a plus rien. On prend des sentiers quasiment invisible pour un étranger. C'est vraiment l'enfer dès le début et ça dure et ça dure. On monte. On n’arrête pas de monter et il y a de la boue partout. Sans bâton tu tombes, tu te relèves tu mets tes mains n'importe où. Piqûres. Il y a des araignées partout aussi. Elles sont affreuses. Pauvre John qui portait sa fille. Il est tombé dès le début. Il était recouvert de boue. J'avais envie de m'arrêter toute les 10 minutes. C'est infernal les côtes. On grimpe on a mal. Après c'est les descentes et c'est encore pire, ça glisse tout le temps, les jambes tremblent, on a soif, parfois on voit le soleil mais c'est pas mieux car dès le premier jours on craint la nuit. Je suis resté 6 jours dans la forêt du Darien et j'ai eu peur sans arrêt pendant six jours.
Et la petite ? Comment ça se passait avec la petite, j'ai osé lui demander dans son histoire qu'il disait de façon halluciné et quasiment sans respirer?
De bras en bras. Les plus forts la portait chacun leur tour, pas moi. Pouvais pas, par contre sa maman, oui. Si tu savais la force de ces gens. Sans jamais se plaindre. Ce sont des héros tu sais. Des fantômes dans nos sociétés et des héros de notre humanité. Le courage de ces gens. Une côte on montait, puis une descente, on s'arrêtait 15 minutes et puis on recommençait. On avait l'impression de marcher sur place, de toujours revenir à notre point initial. Et puis il y a la nuit. On s'est assis ou allongé sur du gravier d'un lit de rivière, il y avait même un peu de sable. C'était mieux que l'humidité et la boue des chemins. Et c'est là qu'on a entendu un rugissement puis le hurlement d'un congolais. il répétait terrifié, des lions, des lions. il y a des lions dans cette forêt. On s'est tous mis les uns contre les autres. Ce n'était pas un mais deux. Non des lions mais des jaguars. Tu ne peux rien faire contre un jaguar. C'est d'une puissance incroyable. La petite s'est mise à hurler. j'ai bien cru que j'allais en faire autant quand j'ai vu les yeux d'une des bêtes dans la nuit. Tu aurais vu notre terreur. Le coyote nous a calmé. Il nous l'a montré, bien en évidence, et il s'est mis devant nous , pour nous protéger, on croyait. Entre ses mains, il avait un fusil ce salaud. Deux fois j'ai entendu le rugissement d'un jaguar. Jamais je ne l’oublierai, j'en ai encore les cheveux qui se dressent sur la tête. On avait faim aussi. La seule chose qui ne manquait pas c'est l'eau. J'ai jamais bu de l'eau aussi bonne.
Quoi qu'est-ce que tu me demandes ?
Non on a perdu personne les deux premiers jours. C'est fou car si tu t'éloignes du coyote, pour aller aux toilettes par exemple, on doit t'attendre, sinon tu es mort, perdu à jamais. On a aussi évité l'armée du Panama. On s'est allongé dans la boue, ils nous cherchaient. Non. Ça c'est au début. l'armée, après il y a les brigands, les narco, les paramilitaires. Il y a du monde dans la jungle. A côté de moi, Il y avait un africain de Sierra Leone, qui avait déjà traversé la forêt. Il s'était fait reprendre avant le Costa Rica. Il avait des faux papiers colombien car il ne voulait pas être reconduit en Sierra Leone où toute sa famille avait été assassinée. Il était l'unique survivant. Là-bas il était condamné à mort par ceux qui avaient assassiné sa famille. L'armée du Panama l'a donc reconduit en Colombie et trois mois plus tard il était avec nous, tentant encore une fois de passer. Il m'a dit, les animaux, les serpents, les araignées, les moustiques, la pluie les maladies, oui cette forêt est dangereuse. Mais mille fois plus dangereux sont les hommes qui se la sont appropriés. Qu’est-ce qu'il voulait me dire ?
Au matin du troisième jour, il n'était plus là, il avait disparu ce salaud, plus de coyote. Tu peux imaginer cela, 23 personnes souffrantes, affamées, épuisées et isolées dans une jungle sans qu'aucun et aucune d'entre nous ne connaisse un chemin pour s'en sortir. On a connu l'enfer de l'enfer. On s'est repéré à la boussole. Saloperie de forêt, tu n'as aucun point de repère là-dedans. Tu peux tourner en rond des jours et des jours. Il y a des gens tellement hallucinés et désespérés qu'ils ont essayé de traverser le tampon du Darien*, seul. Le plus incroyable c'est qu'il y en a qui y sont arrivés. Un sur combien ?
On est tombé sur eux le quatrième jour. Ou est-ce qu'on était ? incapable de le dire. La seule chose que je sais. c'était la dernière fois que je me suis lavé dans un rivière avec les autres. C'était un vrai guet-apens. Je me demande s'il n'était pas de mèche avec eux le coyote ? Oui bien sûr. Tous de mèche, tu peux être sûr, la douane et l'armée du Panama et de Colombie, les brigands, les narcos et les paramilitaires, tout le monde se nourrit sur le dos des migrants. Ils gagnent à tous les coups. C'est tellement facile. Ils sont si faibles et sans défense. Eux ils étaient bien armés, il étaient 16, je suis sûr, je les ai compté. ils nous ont tout pris, tout. Même le lait concentré de la petite fille. Mon mac à deux mille boules que j'avais emmené avec moi pour faire ma chronique au Panama une fois arrivé. une fois arrivé où ? Et puis ils ont vu le jeune érythréen.
Un long silence s'installa, dans lequel 2 fois je l'entendis aspirer à fond la fumé de sa cigarette.
Oui Sylvain le jeune érythréen.
Il aspira encore une grande taffe et jeta sa cigarette au loin.
Je ne peux pas. Vraiment. Ils n'aimaient pas les yeux bleus. ils ont joué avec lui. j'ai voulu l'aider, j'ai pris un coup de crosse. Une femme a crié et les a traité de chien. Ils ont sorti une machette. Un machette tu te rends compte ?
Oui.
La pauvre ils ne lui ont pas laisser une seule chance et lui c'est encore pire.
Qu'est-ce que tu veux dire Sylvain ?
Elle au moins elle ne souffre plus.
Sylvain qu'est-ce que tu veux dire ?
Non ils ne l'on pas tué les salauds, non. Simplement ses yeux. Ils ne les aimaient pas. Une peau noir, des yeux bleus, ça porte pas bonheur a dit un paramilitaire en riant. L’érythréen est parti en courant, il avait compris lui. Mon dieu. On est tous partis dans tous les sens mais ils n'ont pas tiré un coup de feu. De toute façon ils nous avait déjà tout pris. Je sais plus . Si je sais. Ils l'ont rattrapé je m'en rappelle. Ce sont des bêtes les paramilitaires, ce ne sont plus des humains. Mon dieu, si jeune. Il faut l'écrire, les dénoncer. Un jeune qui rêvait d’une meilleure vie. Il n'est peut-être pas encore mort. Les salauds faire ça à cause de la couleur de ses yeux et en plus il jouait avec lui alors qu'il criait de douleur. Il faut l'écrire dit-il en fixant la mer et en serrant mon poignet de ses deux mains.
Foutu pays où les paramilitaires font toujours la loi. Ce jeune érythréen dans cette forêt monstrueuse a une espérance de combien de jours ou plutôt de combien d'heure dans l'état ou l'avait mis le paramilitaires ? J'espère qu'il est mort. On s'est retrouvé 10 personnes sur les 22. On est resté ensemble, affamés, on n’avait plus rien on ne savait pas quoi manger dans la forêt. Et puis au 6ème jour on est tombé sur une communauté d'indiens Kuna. Ils nous ont pris en pitié. Nous non plus, on n’était plus des êtres humains, mais des zombies titubants et marchant tête baissé. Non. John, sa femme et sa fille n'étaient pas avec nous. Ils nous ont conduit à la police on était plus qu'à deux heures du premier village panaméen. J'avais ma carte bleue, mon passeport. Je les avait laissé dans mon slip. Ce n'était même pas la peine de leur parler des paramilitaires colombiens, commettant des crimes au Panama. C'était le dernier de leurs soucis. Les migrants ont été mis dans un camp. Il y avait déjà une vingtaine de personne dans ce camp. Moi comme j'avais mes papiers, ma carte bleue j'ai loué une lancha pour renter aussitôt. 7 heures de route en lancha c'est 6 jours de marche. Je ne sais pas combien ça fait de km, mais c'est beaucoup. Les autres, dans quelques jours, les militaires les reconduiront à la frontière. Ensuite l'armée colombienne les reconduiront à leur tour jusqu'à Turbo* Et ces nouveaux damnés de la terre devront recommencer. Trouver de l'argent, puis une lancha à Turbo pour arriver à Capurgana, payer un nouveau coyote et prier tous les saints du monde pour réussir à traverser cette forêt sans tomber sur des narcos, des paras ou des militaires. Je leur ai donné tout l'argent que je pouvais, mais c'était une goutte d'eau pour soulager toutes ces souffrances. Et j'ai tellement peur que je peux même pas en parler dans mes chroniques. Je ne peux m'empêcher de penser à lui tout seul dans la forêt et à cette pauvre africaine dont il ne reste sans doute plus rien que notre souvenir.
Tu pourras écrire tout ça Bornu ?
A nouveau il prit une pleine poignée de sable qu'il laissa couler entre ses doigts. Et puis ses beaux yeux bleus. tu pourras vraiment ?
Oui.
XXXXX
Je n'ai pas écrit cette histoire tout de suite. J'ai pris le lendemain matin la lancha pour rejoindre Turbo. Il y avait un peu de mer mais la houle et le vent nous portaient. Ça ne cognait pas. A peine arrivé à Turbo j'ai pu attraper un autobus en partance pour Medellín. C'est à Medellín que j'ai écrit cette histoire. J'ai trouvé un petit hôtel avec un beau jardin ou je pouvais écrire en paix. Je devais faire vite car mes amis, rencontrés à Bogotá, arrivaient dans trois jours et nous avions l'intention de connaître la ville, ce qui voulait dire faire des bars, des concerts et peu dormir.
Sylvain, Moshe. Je leur ai envoyé mon carnet (latinoamérica) comme je le fais pour vous. Pour l'instant je n'ai pas eu de réponse de la part de Sylvain. Ce qui est une bonne chose. S'il avait détesté mon texte, je suppose qu'il me l'aurait déjà fait savoir. Tout ce que je peux vous dire à son sujet c'est qu'il a retrouvé tout son mordant. Sa dernière chronique, a dépassé les 55 000 followers. Quant à moi, je n'ai - et probablement - n'aurai pas de nouvelles de John, le mécano de Kinshasa, ni de sa femme et de sa fille. Je ne peux qu'espérer qu'ils s'en sortent et qu'enfin arrivés aux États-Unis ou au Canada, ils se construisent une vie digne et heureuse.
C'est la fin de la "trilogie trouble de l'économie politique du voyage". Mais celui-ci continue avec d'un côté eux, les invisibles du monde qui risquent si souvent leur vie pour passer les frontières et, de l'autre, moi, nous, les bien assis dans notre confort, qui voyageons les doigts dans le nez parce que nous sommes nés, là où tout est plus facile, de ce côté-ci de la frontière.*
Encore une fois, je vous promets (même si je ne tiens jamais cette promesse) que les prochains textes seront beaucoup plus courts.
Prenez soin de vous.
Capugana, Medellin, août 2018
*La Forêt Du Darien est une forêt primaire de 160 km de long sur 50 km de large. Elle est prolongée côté Colombie d'un marécage d'environ 80 km de long. Aucune route ne la traverse. La panaméricana qui traverse les Amériques de l'Alaska jusqu'à la Terre de Feu au Chili s'interrompt donc dans cette région. La seule tentative réussi en voiture à été effectuée entre 1985 et 1987 en Jeep, par Loren Upton et Patty Mercier. Ils mirent 741 jours pour parcourir 201km soit... 271mètres par jour !
La région du Darien abrite les indiens Wounaans et kunas. Ils seraient à peu près 2000. Cette région étaient avant tout une zone d'activité des paramilitaires d'extrême droite, de l'ALN (armée de libération nationale ) et des Farcs aujourd'hui démilitarisées et intégré à la vie politique légale du pays. C'est cette région, où le droit n’existe pas, et jugée infranchissable, que des milliers de migrants doivent parcourir à pied. Ceux qui survivent à cette forêt mettent entre 6 et 10 jours pour la traverser.
*Les paramilitaires constitue une force auxiliaire de l'armée colombienne regroupés dans les AUC (autodefensas unitades de Colombia). La plupart des crimes de leaders syndicaux, des massacres de populations pauvres ainsi que des milliers de viol dans le but de punir ces populations soupçonnées d'être sympathisantes des Farcs (force armée révolutionnaire colombienne, leurs sont attribués.En 2005, Leur grand ami et président de la Colombied’alors,( et aussi le plus grand des voleurs, dépassant largement Escobar. Il se considère même comme le propriétaire du pays) Alvaro Uribe désarme les paramilitaires contre une impunité quasi totale. Officiellement les AUC n'existent plus depuis cette date. Mais dans la réalité, ils sont toujours utilisés par les grands propriétaires terriens et des grosses entreprises comme Coca cola pour assassiner les leaders syndicaux et les militants paysans. Ils sont payés par l'oligarchie et les grosses entreprises du pays ainsi que par le commerce de la cocaïne comme c'est le cas dans notre histoire, en la faisant passer de la Colombie au Panama. L'extorsion des biens des migrants est une de leurs sales activités annexes .
*Ce texte à été écrit d'après un long et excellent article du journaliste Colombien , Juan Amorocho Becerra dont voici le lien internet.
http://www.elcolombiano.com/colombia/crisis-de-migrantes-ilegales-en-capurgana-choco-EL8287053.
Et pour finir, écoutez cette vidéo de Systema Solar à fond. C'est excellent
Plein de belles choses pour vous et à bientôt.ère
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Après avoir affiché leur entente, chacun des trois pays voisins promet de renvoyer chez l'autre les réfugiés dont il ne veut plus.
Envoyé spécial à Vienne
À la mi-juin, ils trinquaient ensemble à l'avènement d'un «axe» destiné à durcir la lutte contre l'immigration irrégulière. Jeudi Horst Seehofer, ministre allemand de l'Intérieur, a retrouvé à Vienne un chancelier autrichien qui ne décolère pas depuis la dernière initiative de Berlin, avant d'aller réparer d'autres pots cassés avec son homologue italien Matteo Salvini, le dernier homme du trio.
Le rendez-vous, face au palais de Hofburg, aurait permis de détendre l'atmosphère entre les deux républiques fédérales. Le ministre allemand s'est engagé à ne rien faire qui puisse nuire aux intérêts de l'Autriche et de Sebastian Kurz. Les deux hommes ont promis de travailler, avec l'Italien, à la «fermeture» des sources d'immigration de l'autre côté de la Méditerranée. Les trois pays doivent se retrouver au milieu de la semaine prochaine à Innsbruck, à l'échelon des ministres de l'Intérieur.
» LIRE AUSSI - Migrants: l'Autriche se dit prête à protéger ses frontières
Jeudi, le ministre et le chancelier n'ont rien signé, ni vraiment discuté en détail le dossier qui fait vraiment mal: la décision de l'Allemagne d'expulser vers le Sud des migrants arrivés principalement à travers l'Autriche, après avoir été débarqués en Italie surtout. Le plan, imaginé par Horst Seehofer et en partie validé par la coalition Merkel, concerne 2000 nouveaux arrivants à peine depuis le début de l'année, d'après des chiffres de la police allemande. Ce retour à l'envoyeur, au cœur du continent, n'a qu'un rapport éloigné avec les drames qui se nouent en Méditerranée.
Règlement de comptes
Mais, comme prévu, il dresse l'un contre l'autre les trois soutiens de l'«Axe». C'est aussi de la dynamite politique, surtout pour le conservateur Sebastian Kurz et ses alliés d'extrême droite, élus sur un programme anti-migrants et anti-Islam. Pour finir, la levée de boucliers peut conduire à tout moment au rétablissement de contrôles frontaliers entre les trois pays, du côté de Salzbourg et au passage du Brenner. En plein été, la facture inquiète par avance les industriels du transport et les professionnels du tourisme.
C'est le scénario noir que voulait éviter le dernier sommet européen, il y a tout juste huit jours. C'était 48 heures aussi avant que le jeune chancelier autrichien ne prenne pour six mois la présidence «tournante» de l'UE… «Nous ne sommes pas vexés, mais quand même un peu surpris» des intentions allemandes, concède Karin Kneissl, ministre autrichienne de l'Europe, de l'Intégration et des Affaires étrangères. Jusqu'à jeudi, Vienne n'avait pas été consultée. Sebastian Kurz, lui, assure se battre encore pour une «solution européenne», afin d'éviter l'effet domino qui se déclencherait à partir de la Bavière. Mais le président provisoire de l'UE et son bras droit, Heinz-Christian Strache, sont sans ambiguïté sur une suite possible: «Si Berlin prend une décision qui nuit à l'Autriche, nous nous défendrons!», insiste le vice-chancelier, qui préside aussi le Parti de la liberté (FPÖ), l'extrême droite autrichienne.
«Je m'avoue un peu irrité quand de grands pays nous font la morale, alors qu'eux-mêmes n'ont accueilli des migrants qu'en nombre limité»
À Bruxelles, en coulisses, la question commence à se poser de savoir si les droites dure et extrême au pouvoir à Vienne peuvent exercer dans l'impartialité la tâche de conciliation qui revient à toute présidence tournante de l'UE. C'est un révélateur supplémentaire de la fracture de l'Europe face au défi migratoire.
Le Hongrois Viktor Orban l'a confirmé jeudi en étalant publiquement ses divergences avec Angela Merkel. À Vienne, sur une ligne comparable, Sebastian Kurz a choisi de s'en prendre (sans le citer) à Emmanuel Macron: «Je m'avoue un peu irrité quand de grands pays nous font la morale, alors qu'eux-mêmes n'ont accueilli (les migrants) qu'en nombre limité». Les chiffres semblent lui donner raison: Vienne a recueilli 160.000 migrants et réfugiés depuis 2015, pour une population de 8 millions. À proportion, la France est loin du compte.
» LIRE AUSSI - La diplomatie française divisée face au cas Viktor Orban
Derrière ce règlement de comptes se cachent un conflit de priorités et deux lectures contraires du sommet européen mal ficelé de la fin juin. Pour la France et pour l'Allemagne, il s'agit avant tout de bloquer les migrations «secondaires» à leurs frontières, autrement dit l'entrée d'irréguliers déjà enregistrés ailleurs dans l'UE. Pour Sebastian Kurz, Matteo Salvini, Viktor Orban et ses pairs d'Europe centrale, l'urgence est de «défendre la frontière externe», bref de couper la route en Méditerranée par tous les moyens, avant que les nouveaux venus ne posent le pied sur le sol européen. Le malentendu risque de durer.
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ADIEU PAPA
Difficile de résumer la vie et l'histoire de Patrick Font. Il a tellement fait de choses : chansons, sketchs, pièces de théâtre, chroniques pour la radio... Tellement fait de métiers : comédien pour le cinéma ("Le roi des Cons" et "Paulette") et le théâtre, instituteur (à l'école publique puis dans ses propres écoles), chansonnier, animateur, formateur (c'est lui qui a lancé Jean-Jacques Péroni, l'un des auteurs actuel de Laurent Gerra), concepteur d'émissions de télé (notamment pour l'émission Le Luron du Dimanche de et avec Thierry Le Luron) et nègre-parolier (toujours pour Le Luron et pour d'autres comiques qui le pillent allègrement...).Il a même fait de la prison... c'est dire...
Mais Patrick Font a surtout inventé un style, un ton nouveau pour le café-théâtre et la chanson. Et ce, en même temps que Coluche et bien avant Renaud. Un ton mordant, provocateur, libertaire, proche de l¹esprit d' "Hara-Kiri" des années soixante mais sur la scène. Il a, par ce biais, influencé pas mal d’humoristes comme Christophe Alévèque, Didier Porte, Laurent Violet ou des chanteurs et des groupes comme les Wriggles, Lobo & Mie, Les Épis Noirs, Les Malpolis et Nicolas Bacchus. Tout en étant très dur avec ses contemporains, il est, aussi, l'auteur de plus d'une centaine de chansons tendres et poétiques proches en qualité d'un Brassens, d'une Anne Sylvestre ou d'un Félix Leclerc. Mais commençons par le début:
On peut dire que tout est grâce à sa maman. Puisqu'elle lui offre pour ses seize ans sa première guitare d'occasion. Le lendemain, il avait déjà écrit sa première chanson "L'Age bête" qui annonçait la couleur : "Si moi c'est l'âge bête, Bah, vous c'est l'âge con..."
Il passait ses journées d'ado à écouter ses maîtres en matière de chanson : Brassens (le détonateur de sa vocation), Roger Riffard, Guy Béart, Anne Sylvestre, Patachou, Marie-José Neuville, Pierre Destailles (le chansonnier auteur de "Tout ça parce qu'au bois d'Chaville qu'il reprendra plus tard) bref tous les bons auteurs des cabarets rive-gauche des années 50. Puis il essayait d'en faire autant sur sa guitare. Il remporta même un premier prix dans un concours opposant des chanteurs amateurs et organisé par la lessive OMO. Les radios crochets étant à la mode à la fin des années 50, il tentait sa chance à chaque fois. Sur l'un de ses plateaux il fit la connaissance de Jean Bertola (chanteur connu et reconnu à cette époque et grand ami de Brassens) qui l'encouragea sur cette voie en lui donnant quelques ficelles du métier. Mais comme il faut bien vivre et que la chanson ne nourrit pas encore son homme, Font devient instituteur en 1961. C'est une profession qu'il aime et qu'il défendra au cours de toute sa carrière. C'est en tant qu'instituteur qu¹il enregistra ses premiers disques : des chansons écrites pour les enfants et interprétées par lui et sa classe sur le label Déva. Mais c'est en juillet 1966 qu'il fit véritablement ses débuts de chansonnier en étant embauché au Caveau de la République pour trois chansons et 20 francs par soirée. C'est dans ce cabaret, véritable antre des chansonniers, qu'il fera son apprentissage de la scène et qu'il créera son style unique "toujours vulgaire, jamais grossier !...". Et cela tout en poursuivant parallèlement sa carrière d'instit' jusqu'en Février 1968, année où il traite un inspecteur de l'Éducation Nationale de "vieux con !".
Pendant les événements, Font court d'un cabaret à l'autre répandre ses bonnes paroles (Théâtre de Dix-Heures, L¹Échelle de Jacob, l'École Buissonnière, Chez ma cousine, le Caveau de la Bolée...). Il y rencontre Minou Drouet avec qui il chantera, se mariera puis divorcera. Il y rencontre, aussi, l'imitateur de droite Thierry Le Luron avec qui il se lia d'amitié et dont il deviendra le parolier attitré avant de céder sa place à Bernard Mabille à la fin des années 70.
Arrive enfin l'année 1970, année importante dans la vie de Font, celle de sa rencontre avec Philippe Val. C'est le Coup de foudre artistique. Val, en 70, c'est un gros pull en laine troué, une moustache à la Brassens, des cheveux longs mal coiffés et des chansons pessimistes et destructrices qu'il crache à la gueule du public avec une rage non dissimulée. Dès le début de leur rencontre ils ont envie de monter un spectacle ensemble. C'est ainsi qu'en Janvier 1973, au Théâtre de Dix-Heures, aura lieu la première du duo "Font & Val". Le public est coupé en deux : les anarcho-gauchistes abonnés à vie à "Charlie Hebdo" sont heureux, tous les autres sont radicalement contre. Mais la machine est lancée et personne ne peut l’arrêter, ni la presse critique ni la profession choquée. En cette même année 1973, Patrick Font montre sa bonne tête de rigolo à lunettes tous les dimanches à la télé dans Le Luron du Dimanche, sorte de "Petit rapporteur" avant l'heure. Line Renaud, invitée de l'émission, le remarque et l'apprécie. Elle aime surtout le Poète et lui offre la possibilité d'enregistrer son premier vrai disque dans les studios de son mari, Loulou Gasté. Le disque reçu le prix de l'Académie Charles Cros mais fut un échec commercial. Avec Val, il créait une troupe de café-théâtre et écrit quelques pièces qui deviendront des références dans le genre : "En ce temps-là les Gens mouraient" en 1973 et "Sainte-Jeanne du Larzac" en 1974. En Novembre 1974, après avoir squatté à La Pizza du Marais, la troupe s'installe au Vrai Chic Parisien, café-théâtre fondé par Coluche. Dans ce lieu mythique, se jouera "La Démocratie est avancée" troisième pièce de la troupe. En 1977 débutent les premières tournées Font & Val en province et sort leur premier disque : "L'autogestion". Grâce au soutien du Charlie Hebdo de l’époque et de quelques animateurs de France Inter (Bouteiller & José Artur), ils remportent un beau succès. Ensuite tout s'accélère, les spectacles comme les disques. Font & Val deviennent de plus en plus célèbres.
En mai 1977, il ouvre sa première école du spectacle dans un chalet en Haute-Savoie. C'est l'aventure de « La compagnie du Chalet » avec ses spectacles, son journal et ses disques. L'occasion pour Font de faire chanter ses chansons plus tendres par de jeunes gens talentueux et de les faire découvrir à un public surpris par tant de poésie. Entre 77 et 86, Font & Val vivent leurs heures de gloire. Il n'y a pas un festival de la chanson où on ne les voit pas, pas une année sans la sortie d'un nouveau disque et d’un nouveau spectacle. Charlie Hebdo leur consacre même une double page entièrement dessinée par l'ami Cabu, qui signera également la plupart de leurs pochettes de disques et affiches. En 1986, Font sort son cinquième disque solo "Patrick Font, 19 Chansons". Album qui deviendra vite culte auprès des amateurs de la bonne chanson française abonnés à "Paroles & Musiques" puis "Chorus". Entre 1986 et 1991, Font & Val vivent, comme la plupart des chanteurs des années 70, une petite période dans le creux de la vague. Leurs albums "Votez Sensuel" (unique disque de Font & Val entièrement réalisé dans un studio avec une face Val et une face Font) et "Bientôt l'Europe" se vendent peu.
En 1991, Laurent Ruquier et Jean-François Remonté recherchent des chroniqueurs pour animer une émission radiophonique et satirique de deux heures, en direct et en public, qui aura lieu tous les dimanches sur France Inter dès septembre. Ruquier, étant un grand fan du gugusse frisé à lunettes, fait appel à Patrick Font et c’est le début de l'aventure de "Rien à Cirer" qui va durer 5 ans et qui va relancer sa carrière et celle du duo. Il va choquer des centaines d'auditeurs et recevra des tas de lettres d'insultes à cause de petites formules du genre : "Jean Luc Lahaye, quand on entend ce qu¹il chante, on comprend les parents." ou "Sachant que la pine à de Gaulle mesurait 18cm en érection, pouvait-il traverser la Manche sans le secours de la marine anglaise ?". Mais si Font énerve les plus puritains d’entre nous, il sera, en partie, responsable du grand succès de l'émission. De son côté, et après avoir été l'un des piliers de "La Grosse Bertha", Philippe Val relance l'hebdomadaire "Charlie Hebdo" et en devient le rédacteur en chef. Un rôle qui va lui prendre plein de temps et permettre à Font d'en avoir plus pour ses projets personnels et d'ouvrir une deuxième école dans ses montagnes : L'Ecole Marie Pantalon. Font créait également un deuxième duo avec son grand ami Daniel Gros qui est, pour ceux qui ne le connaissent pas encore, un formidable comédien et un auteur subtil (Titres des spectacles de Font & Gros : "Walter et John" et "Actu Massacre"). Font refera un petit tour à la télé toujours pour "Rien à Cirer"... mais on le coupera souvent au montage et ça ne marchera pas.
Le Vendredi 16 Août 1996, je lis dans mon journal régional qui est "L'Est Républicain" : « Font a été arrêté, mis en examen et écroué sur plaintes de plusieurs familles pour des affaires de mœurs à l'encontre de filles mineures. L'animateur a admis avoir noué des relations avec des jeunes filles mineures, faits qui correspondent à deux chefs de mise en examen retenus à son encontre (attentats à la pudeur et attouchements sur mineures de moins de 15 ans par personne ayant autorité) mais a catégoriquement nié toute autre accusation. » Pendant ce temps, Val expliquait à la presse « je sais très peu de choses sur lui ». Il fera 4 ans de prison. Par la suite, il fera une thérapie. Le monstre qui vivait en lui, et qu'il a, malheureusement, laissé faire, dans un déni total de son humanité, était une partie qui lui avait été inoculée dans sa propre histoire d'enfant. Il ne s'est jamais victimisé.
A sa libération, il aura du mal à s’en remettre et ce n’est que timidement qu’il retournera sur scène. Heureusement pour lui, des potes humoristes du temps de « Rien à Cirer » mais aussi une toute nouvelle génération de chansonniers et d’humoristes, dont il est le père inspirateur, le poussent à remonter sur scène et a recréer des nouveaux sketchs, chansons et spectacles. D’abords au théâtre du Lucernaire puis au café-théâtre « Le Grenier » où il retrouve le chansonnier Thierry Rocher (l’ancien éditeur de ses deux derniers livres avant sa détention) avec qui il va fonder un nouveau duo qui se fera embaucher par le théâtre des chansonniers « Les deux ânes » à partir de 2007. C’est aussi à cette période qu’il commencera à écrire tout un répertoire de chansons pour la pétulante Évelyne Gallet.
En décembre 2005, il fonde « Les Auteurs Réunis », une association regroupant ses compagnons de scène. Les Auteurs Réunis sont à l'origine de l'hebdomadaire satirique « Le Coq des Bruyères » sur internet. En 2010, avec Martial Paoli et Anthony Casanova, il sort un disque enregistré en public : « Si tu n'as rien à dire chante-le à la télé ! » dont la pochette est signé par le dessinateur Babouse.
En 2015 il sortira un très émouvant dernier disque numérique, qui sera comme son chant du cygne, arrangé er dirigé de main de maître par le jeune chanteur Lucas Rocher : « L’Épouvantail et l'Hirondelle » (éd. Bacchanales Prod).
Le 06 Avril 2018, Font meurt à l’hôpital de Chambéry. Une ancienne élève de son école, devenue sa grande amie puis sa seule famille, l’a secondé, avec force et vigueur, pendant ses derniers mois de vie. C’est Priscilla. Et je pense fort à elle aujourd’hui et à tous ceux qui ont aimé cet éternel cancre et poète.
Je t’aimais « Papa » !...
Adieu « Papa » !...
Eric MIE
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SOYONS CONTRE-CONSTRUCTIFS ! proposition à l'intention du monde associatif et de l'éducation populaire
- porte renaud -
(artiste ; militant d'éducation populaire ; doctorant en philosophie)
WIND OF CHANGE #3, proposition sculpturale en cours de stabilisation, détail, mai 2020, © porte renaud
Alors que nous ne sommes pas encore au terme de ce qui est nommé une pandémie mondiale et que dans ce cadre des mesures exceptionnelles de suspension de la vie démocratique furent mises en application dans différents pays, se traduisant pour sa dimension la plus saillante par le confinement, nous pensons déjà à l'après.
À l'après confinement, à l'après pandémie, à l'après tout-court car tout ce qui ce qui faisait encore l'étrangeté des théories visant à nous avertir que notre société s'effondre1 semble aujourd'hui être entendu, être de toute évidence. C'est le ''ce-ne-sera-plus-pareil''.
Crises après crises, le désenchantement de la promesse libérale et scientifique semble nous pousser dans nos retranchements. La promesse libérale s'est émiettée à mesure des replis identitaires et du morcellement de l'Europe, bâtie contre la guerre mais minée par le modèle capitaliste ruinant les peuples qui la compose. La promesse scientifique a trébuché sur la limite des ressources lui permettant de poursuivre son projet d'émancipation de l'humanité. C'est par la science elle-même que nous avons découvert que l'énergie nécessaire à son entreprise pourrait bien conduire à l’extinction de notre espèce. De plus, la disjonction constituée entre le fait politique qui concerne des sujets humains et la science qui concerne des objets non-humains2 n'a pas permis de facto, à mesure que nos moyens techniques se sont développés, de défendre un système de significations, de représentations et de pratiques continuistes. Ce dernier n'isolant pas le progrès technique résultant de la recherche scientifique de la poursuite d'idéalité des projets politiques.
Rappelons que la culture signifie aujourd’hui pour le sens commun la désignation d'un champ d'œuvres artistiques et ne répond donc pas à un besoin de suture cosmogonique des déchirures de l'étoffe socioculturelle occasionnées par le progrès technique. Nous affirmons donc, aux côtés du philosophe Gilbert Simondon, que le problème n'est pas le vilain progrès technique qui vampiriserait notre âme mais bel et bien sa non-intégration dans la culture.3 D'ailleurs, la culture, pour le sens commun, telle que l'avons décrite plus haut, est autant un étendard de prestige et de puissance, pour ceux qui déjà socialement peuvent revendiquer de telles valeurs refuges que, pour la masse, le produit le plus raffiné du divertissement, c'est-à-dire un exutoire à la vraie vie, c'est-à-dire celle à laquelle on tient vraiment. Il y a donc un hiatus entre cette acception de la culture comme récompense sociale et celle d'une résilience socioculturelle visant à l'unité et la continuité de son étoffe, aussi bigarré soit-il, c'est-à-dire à sa régénération après les chocs qu'elle subit et qui résultent du progrès technique. En lieu et place de l'opposition entre nature et culture, nous affirmons que la nature « comme une immense étoffe où nous pouvons tailler ce que nous voudrons, pour le recoudre comme il nous plaira »4 n'est pas distincte de celle socio-culturelle dont nous venons de parler. Pour nous autres humains, l'une ne peut exister sans l'autre. La culture n'est donc une affaire d'identité que comme symptôme d'une société déjà en crise aiguë, car elle est sinon un processus de transformation permanent des schèmes qui la compose.
Bref, l'après nous inquiète. Et cela à juste titre, nous le croyons, car cette énième crise indique que nous sommes prêts à toutes les concessions pour notre ''sécurité''. Sans vouloir être alarmistes, nous pouvons craindre demain la multiplication de suspensions de la vie démocratique ici et là justifiées de toute bonne foi, en raison de la convergence de valeurs, non sans contradiction les unes avec les autres.
De quoi s'agit-il lorsque nous parlons de suspensions de la vie démocratique ? Nous désignons des mesures prises par la force publique, aujourd'hui les États, demain peut-être davantage les agglomérations urbaines, privant temporairement leurs citoyens des libertés de se déplacer, de se réunir, d'exprimer ses idées et ses émotions dans des contextes appropriés précisément à leur expression et à leur réception et cela par la contrainte, la violence et le cas échéant la punition. Cela s'accompagne, par une hyper-centralisation politique de l'organe autorisé à effectuer cette suspension, d'autant plus importante que les rouages institutionnels – hormis ceux investis dans la dite suspension - et électoraux sont ralentis ou à l'arrêt. La suspension de la vie démocratique affirme idéologiquement que la ''sécurité'' individuelle et collective est la valeur fondamentale de la société, c'est-à-dire que la préservation quantitative de la vie prévaut sur la préservation qualitative5.
Cela résulte d'une asphyxie de la valeur qui consiste à admettre l'égale dignité de chaque être humain dans un milieu que l'on a rendu défavorable à une telle prétention. Et, si ce milieu fut rendu ainsi, c'est parce que cette valeur fut et est toujours bafouée afin que certains d'entre nous, dans les faits, jouissent d'une vie améliorée au profit d'autres être humains et non-humains interdépendants dans leur exploitation.
La suspension de la vie démocratique implique des ajustements constants des mesures entraînant une difficulté de cohérence et de lisibilité pour les citoyens ne pouvant se raccrocher qu'à la seule idée d'une préservation quantitative de la vie. Cette suspension, bien qu'anti-libérale, se dote de tous les outils techniques rendus possibles par la société héritière de l'idée d'émancipation des peuples par la domination de la nature et peut aisément céder à la surveillance généralisée des populations et au contrôle des individus. Aujourd’hui, c'est le Coronavirus, mais nous pouvons nous attendre à bien d'autres menaces (pics de pollution, catastrophes naturelles, crises économiques, conflits armés) qui, de toute bonne foi, exigeront au nom, à chaque fois, de l'exception répétée, des suspensions de la vie démocratique.
Si l'on résume un peu hâtivement la situation, le sens commun en vient à dire que ce monde scientifique, producteur d'objets techniques occasionnant autant de déchirures de notre étoffe, socioculturelle et ''naturelle'' à la fois, est coupable. Cette réponse ne serait encore que l'affirmation typique de postmodernes6 rejetant la faute sur ces Autres que seraient les gens de la science, un peu barbares puisque non inclus dans la culture... Il y a pourtant fort à parier que de tels acharnés dans leurs propos se réjouiront d'applaudir à huit heures du soir les soignants à leur balcon plutôt que d'aller les pendre à ces derniers.
Quoi de plus testimonial de la société du progrès technique que notre sytème de soin. Il est indéniable que la médecine par son histoire même ne fut possible que parce que des individus matérialistes7 étaient prêts à en découdre avec la nature tout faite, toute belle et toute prête à être contemplée, pour en découper et réajuster les fragments de son étoffe de telle sorte à produire des effets favorables à l'amélioration de la vie humaine. De plus, la médecine d’aujourd’hui est un des fleurons de la société thermo-industrielle8 et l'on peut même dire que la médecine est pétrolière dans le sens où une médecine sans plastique et sans objet à usage unique est encore largement un défi qui la dépasse. Alors n’applaudissons pas les soignants à huit heures du soir si l'on est persuadé que la crise actuelle est systémiquement reliée aux crises récentes et à venir qui auraient pour mal d'origine le progrès technique. D'ailleurs la disjonction entre la politique et la science a pour conséquence actuelle, parmi d'autres, l'éloge par le sens commun des remèdes dit naturels pour lesquels il n'a souvent aucune pratique hormis celle médiatisée par les objets de la technique comme le numérique par exemple.
Dans le sillage du philosophe John Dewey, nous affirmons que le développement démocratique résulte de l'approche expérimentale développée en science qui fut le creuset de la société technique9. La démocratie est un processus de mise en tension de pluralités axiologiques qui vise à stabiliser des communautés humaines où chaque individu compte autant qu'un autre et s'individue par les collectifs auxquels ils appartiennent. La démocratie a besoin des outils qui réduisent les distances entre les individus et le pouvoir qui les fait tenir en société. Cela se concrétise aujourd’hui en temps de confinement par les outils numériques, avec l’explosion des visioconférences par exemple, qui permettent d'abroger des distances en faveur de la continuité démocratique. Nombre d'associations se réunissent depuis ces dernières semaines par le biais de ces outils qui soulèvent pourtant, par ailleurs, d'importants problèmes éthiques.
Le sens commun pourrait se dire qu'en effet, il est idiot de faire du progrès technique le coupable de tous nos problèmes et qu'au contraire, il semblerait que c'est bien lui qui va encore nous sauver la mise. Sauf que les moyens à notre disposition pour contrer l'effondrement systémique de notre société sont les causes de celui-ci et que nous intensifions le développement de ces moyens ou que nous les arrêtions, la chute semble inévitable10.
Avenue Aristide Briand à Mulhouse, France, le 3 mai 2020
Nous voudrions donc, en premier temps, moins attirer l'attention sur les moyens que sur la finalité à viser. Nous prétendons aujourd’hui que cette dernière est la continuité de la vie démocratique. Et nous prétendons aussi que s'en remettre à la seule force publique pour une telle continuité est, d'une part absurde, puisque la démocratie exige la participation des citoyen·nes en tant qu'ils en sont les expérimentateur·trices11 et, d'autre part, peu opérant pour les motifs que nous avons évoqués plus haut. Qui peut donc prétendre assurer cette continuité de la vie démocratique lorsque celle-ci sera de nouveau suspendue. Nous ne croyons pas que ce soient les individus seuls, si nous osons le dire ainsi, qui peuvent y arriver. En dépit de la mode à la participation-citoyenne, comme expression-label, qui consiste à faire de l'expérimentation démocratique une sorte de programme de fidélité digne des marques de la grande distribution, nous croyons qu'il nous faut des collectifs – au regard de la définition, certes un peu trop sommaire, que nous avons donné de la démocratie - car c'est à travers eux que les individus affirment et développent une personnalité et un horizon critique. Le self-made man va bien à l'ethos capitaliste de la réussite par et pour soi-même mais ne saurait satisfaire à la continuité de la vie démocratique lorsqu'elle est suspendue. Chaque individus, chaque personnalité compte, mais c'est au travers de la raison qui les réunit que l'expérimentalisme démocratique peut avoir lieu. C'est ainsi que se construisent des contre-pouvoirs.
Les contre-pouvoirs ne sont pas contre le pouvoir en tant qu'ils ne le reconnaîtraient pas comme légitime ou voudraient occuper sa place ou seraient encore foncièrement contestataires par principe. Non, les contre-pouvoirs s'appuient sur le pouvoir en exercice de telle façon à ce qu'il ne se sclérose pas autour des intérêts d'un groupe d'individus. Bref, les contre-pouvoirs luttent en permanence contre l'oligarchisation de la société démocratique. Les contre-pouvoirs agissent dans l'enceinte du pouvoir, mais avec cette incroyable faculté de s'en échapper adéquatement – c'est-à-dire de telle façon à ne pas violer les valeurs démocratiques elles-mêmes - et courageusement autant de fois que nécessaire pour en révéler les travers et favoriser leur correction une fois qu'ils le réintègrent tel un protocole expérimental que l'on ré-ajuste.
Ce travail est typiquement celui que nous rattachons au monde associatif. En France, les associations de loi 1901 ou 1908, pas strictement toutes, mais pour une partie majoritaire d'entre elles, incarnent par leurs valeurs cette continuité de la vie démocratique en réunissant des citoyen·nes résolus à changer le monde qui, de facto, n'est jamais satisfaisant car toujours socialement injuste. Nous affirmons donc que les associations et particulièrement celles à vocation éducative, sociale et/ou culturelle vont avoir une responsabilité à jouer dans les années qui viennent.
L'éducation populaire que l'on connaît comme cette grande famille d'acteurs, souvent épars, mais convaincus par la nécessité de l'éducation tout au long de la vie par et pour toustes, pratiquant l'individuation des individus par le collectif et engagés pour visibiliser les invisibles de notre société, devra assumer en première ligne cette responsabilité de continuité de la vie démocratique. Les associations ''strictement'' culturelles devront, quant à elles, affronter le resserrement sus-décrit de l'acception du terme de ''culture'' et, soit choisir d'en ouvrir son sens à notre besoin anthropologique contemporain soit l'assumer autour du partage et de la diffusion strictes de pratiques et d'œuvres artistiques.
Cependant, il y a à craindre que les associations d'éducation populaire soient en prise avec leur propres difficultés structurelles (par exemple, leur modèle économique dépendant, bien souvent, de la force publique) pour assumer cette tâche. Le signe le plus évident est l'affirmation de certaines de ces associations à co-construire avec la force publique alors qu'il faudrait précisément contre-construire selon tout le sens que nous avons donné à cette idée. Et c'est en pleine cohérence avec la conception même de la démocratie comme un organisme vivant, car traversé par des impulsions qui ne vont pas dans le même sens que celle qui organise le tout qu'est la force publique que cette dernière doit reconnaître les associations d'éducation populaire comme contre-pouvoirs permanents et légitimes à l'être. Sinon, nous courons un grand risque ! Celui que le poumon démocratique constitué des contre-pouvoirs associatifs, lui aussi, fonctionne au pas des suspensions de la vie démocratique occasionnant l’asphyxie des valeurs du mode démocratique. Ne nous leurrons pas, beaucoup d’associations d'éducation populaire prétendument engagées pour le changement social sont aujourd’hui soit des vendeuses d'activités ou de modes de garde soit des appendices para-institutionnels des politiques publiques. Dans ce dernier cas, elles agissent selon une vision qui consiste à la tentative poussive d'adaptation des populations, pour leur plus grand bien évidemment, à une identité culturelle donnée, dite ''républicaine'', tout en prêchant par ailleurs, la diversité et le multi-culturalisme et en prônant implicitement un modèle de société productiviste qui est en train de rompre sous nos pieds, masqué derrière le fantasme du travail-mérite. Bien sûr qu'il y a des associations qui sont à l'œuvre sur le plan du changement social éclairé de toute cette complexité, mais, bien souvent et plus largement, elles tentent simplement de se dépêtrer avec toutes leurs contradictions et les interdépendances compromettantes qu'elles ont avec le pouvoir. Ces associations vont devoir pourtant choisir entre la sauvegarde, perdue d'avance, de leur modèle moulé dans la société thermo-industrielle en train de s'effondrer ou de courageuses, mais immédiates remises en question afin de participer à la continuité de la vie démocratique.
Nous avons parlé des finalités, il nous faudrait revenir sur les moyens. Le moyen est culturel, de telle façon à régénérer notre étoffe à des échelles locales, là où les distances sont les moins contraignantes pour agir et les moins dépendantes des prothèses technologiques. Il nous faut entamer une exégèse sérieuse de nos modes d'existence pour pouvoir continuer à vivre qualitativement et collectivement sur cette planète. Il nous faut en finir, par exemple, avec les idées absurdes comme celle de développement durable. Absurde, car elle est historiquement un produit dérivé du consumérisme addictif de l'époque thermo-industrielle qui pense que tout est possible en même temps et tout le temps, sans que personne n'en paye le prix de sa santé, de sa vie ou de sa dignité.
Il faut renouer avec l'idée d’anthropologie, c'est-à-dire une écriture qui relie les significations, les représentations et les pratiques humaines dans une localité donnée ou construite devrions-nous dire.
Je songe au quartier où j'habite à Mulhouse en France, prenons simplement l'avenue Aristide Briand, figurant dans la zone administrative dite de Quartier Prioritaire de la Ville12, sur laquelle réside une multitude de populations aux horizons socioculturels très différents. Quelle est donc la cosmogonie de cette avenue ? Cela semble un peu artificiel, nous diriez-vous, de remplacer l'idée d'une communauté humaine se reconnaissant en tant que groupe par celle d'un espace arbitrairement tronçonné pour imaginer une anthropologie possible. De plus, nous ne pouvons pas ignorer en quoi les individus qui habitent, mais aussi qui travaillent dans cette avenue sont évidemment reliés aux enjeux mondiaux, comment ils en sont dépendants, matériellement et idéologiquement. Que l'on ne se méprenne pas, nous ne prétendons pas proposer un moyen qui irait comme un gant à la finalité de continuité de la vie démocratique. La complexité de la situation nous dépasse largement et pourtant nous devons y faire face, faire quelque chose pour ne pas être résignés face aux suspensions à venir de la vie démocratique. Nous indiquons un déplacement souhaitable de point de vue quant à l'action des associations d'éducation populaire. Nous ne croyons pas que les associations d'éducation populaire doivent avoir pour ambition de s'inscrire dans les orientations de la force publique et par conséquent de confirmer l'hypothèse selon laquelle l'avenue Aristide Briand à Mulhouse, par exemple, se caractérise en premier lieu par sa pauvreté culturelle, sociale et matérielle (Ou pire encore comme étant un diamant brut – c'est-à-dire une ressource non exploitée - pour quelques projets fumeux de start-up). Et ainsi, cette hypothèse justifierait une entreprise de normalisation des marginaux encore non-inclus dans le carcan d'un vague idéal culturel et ''républicain'' (qui ne s'assume pas, par ailleurs, comme étant un sous-produit culturel américain et peut-être demain chinois si l'effondrement le permet) enjolivant le productivisme capitaliste par le fantasme du travail-mérite.
Avenue Aristide Briand à Mulhouse, France, le 3 mai 2020
Nous croyons que le rôle d'une association affirmant un projet de changement social ne doit pas faire adhérer des populations à un symptôme de crise (l'identité culturelle) ou les enfermer davantage dans une logique de précarité. Sans trop dévier de notre proposition, la précarité est certes, diraient certains, un état matériel, mais c'est aussi une fabrication cultuelle. Donner différentes aides financières à des personnes, en leur faisant comprendre que si on les aide c'est parce qu'ils ne sont pas intégrés dans la société, la vraie, celle du travail-mérite, crée une précarisation culturelle inexistante si par exemple la force publique donne à chaque citoyen·ne la même somme d'argent sous forme d'un revenu inconditionnel d'existence. Il serait trop long ici de considérer les avantages et inconvénients d'un tel système, mais nous voulions souligner par cet exemple la construction culturelle de la précarité. Par ailleurs, plus il y a de choses à consommer, plus il faut d'argent pour les obtenir et ainsi s'accroît la précarisation des individus, et cela, de surcroît lorsque ces derniers ont perdu les pratiques leur permettant de fabriquer leurs propres ressources, les rendant ainsi totalement dépendants des marques de la grande distribution. Ainsi, les associations d'éducation populaire doivent cesser d'être les facilitateurs de cette mascarade en envisageant la modification des interdépendances de telle sorte qu'elles bénéficient aux habitants que l'on engage dans cette démarche en tant qu'expérimentateurs démocratiques.
Nous entendons déjà les reproches que nous allons nous adresser en disant que nous souhaitons fondre les bronzes de la civilisation occidentale et française au profit d'un multiculturalisme exacerbé et aveugle. Mais entendez bien que nous avons clairement fixé notre finalité qui est celle de la continuité de la vie démocratique et que nous avons, certes, trop succinctement, expliqué les valeurs qui la supposent, mais que c'est à partir de cet horizon que nous envisageons la possibilité pour les associations de susciter avec les individus, au travers de collectifs agissant à des échelles locales clairement dessinées, des sutures dans l'étoffe socioculturelle afin qu'elle se régénère en accouchant de cosmogonies. Il s'agit là d'un travail d'anthropologie d'un genre particulier car il ne se borne pas à rendre compte de la cohérence de l'ensemble des significations, représentations et pratiques d'un groupe humain mais de s'investir dans la fabrication même des liens entre les schèmes culturels existants en intégrant en première urgence la question de la technique dans ce processus. Il ne s'agit pas de construire pour chaque localité concernée, qui est toujours plus qu'une zone géographique vous l'aurez compris, une nation dans la nation, mais au contraire de mettre à profit la dimension mondialisée de la culture en travaillant à une échelle qui permette la régénération de l'étoffe socioculturelle et naturelle abîmée par la séparation entre politique et science. L'impératif n'est plus la mise en conformité des personnes et des lieux au regard de telle ou telle identité, cela ne fonctionne même pas dans une société alimentée à un courant démocratique continu, alors imaginons en cas de baisse de tension, c'est-à-dire de suspension de la vie démocratique exigée par le pouvoir, et cela, en l'absence d'action des contre-pouvoirs...
La finalité que nous proposons est normalement en pleine cohérence avec les vœux de la force publique qui exerce le pouvoir. Ainsi, ce que nous proposons inscrit toujours les associations dans l'enceinte du pouvoir mais avec des moyens résolument différents qui les rendent démocratiquement, joyeusement et surtout légitimement dissidentes. Nous ne sommes pas naïfs, les moyens ne sont évidemment jamais neutres. Les associations d'éducation populaire doivent donc veiller à ne pas se ''laisser avoir'' par un langage de ''boîte branchée'' où tout le monde est le ''partenaire'' ou le ''collaborateur'' de tout le monde. Cette usurpation de la collaboration par cette novlangue de supermarché est du même ordre que celle du label de la participation-citoyenne pour laquelle l'engagement est ajusté à l'envie du consommateur par des gestes à caractère décoratif.
Enfin, peut-être, nous reprochera-t-on également le manque d'exemples concrets de cette anthropologie accoucheuse locale de cosmogonies. Deux mots à ce sujet : 1) L'auteur reste disponible pour tout échange concernant le devenir-possible de cette anthropologie. 2) Nous revendiquons comme Michel Foucault le faisait, sans prétendre paradoxalement au titre d'intellectuel ou la profondeur de sa pensée, notre participation à « multiplier les occasions de se soulever, par rapport au réel qui nous est donné»13.
Pour assurer la continuité de la vie démocratique, dans le cadre du jeu expérimental qui la rend possible, les associations d'éducation populaire doivent cesser d'être co-constructeurs avec la force publique. Pour cheminer, ensemble et légitimement, soyons contre-constructif !
- porte renaud -
03 mai 2020
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Nous remercions SIAM ANGIE, artiste et militante d'éducation populaire, pour sa relecture attentive.
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Pour citer cet article :
porte renaud, « SOYONS CONTRE-CONSTRUCTIFS ! proposition à l'intention du monde associatif et de l'éducation populaire » in porterenaudinprogress.tumblr.com, publié le 4 mai 2020
disponible à cette adresse : https://porterenaudinprogress.tumblr.com/post/617168687074557952/soyons-contre-constructifs-proposition-%C3%A0
1. c.f. L'un des ouvrages de référence en la matière :
Pablo Servigne, Raphaël Stevens, Comment tout peut s'effondrer, éditions du Seuil, collection Anthropocène, 2015, postface par Yves Cochet
2. Nous en appuyons sur l'analyse développée par Bruno Latour dans son ouvrage Nous n'avons jamais été moderne, Essai d’anthropologie systématique, éditions La Découverte, 2006, (édition originale en 1991)
3. « Pour redonner à la culture le caractère véritablement générale qu'elle a perdu, il faut pouvoir réintroduire en elle la conscience de la nature des machines, de leurs relations mutuelles et de leurs relations avec l'homme, et des valeurs impliquées dans ces relations. Cette prise de conscience nécessite l'existence, à côté du psychologique et du sociologue, du technologue ou mécanologue. De plus, les schèmes fondamentaux de causalité et de régulation qui constituent une axiomatique de la technologie doivent être enseignés de façon universelle, comme enseignés les fondements de la culture littéraire. »
Gilbert Simondon, Du mode d'existence des objets techniques, éditions Aubier, 2017, (édition originale en 1958), p. 15
4. Hannah Arendt cite Bergson.
« Et en effet parmi les principales caractéristiques de l'époque moderne, depuis ses débuts jusqu'à nos jours, nous trouvons les attitudes typiques de l'homo faber : l'instrumentalisation du monde, la confiance placée dans les outils et la productivité du fabricant d'objets artificiels ; la foi en la portée universelle de la catégorie de la fin-et-des-moyens, la conviction que l'on peut résoudre tous les problèmes et ramener toutes les motivations humaines au principe d'utilité ; la souveraineté qui regarde tout le donné comme un matériau et considère l'ensemble de la nature ''comme une immense étoffe où nous pouvons tailler ce que nous voudrons, pour le recoudre comme il nous plaira'' ».
Hannah Arendt, Condition de l'homme moderne, éditions Calmann-Lévy, collection Pocket-Agora, 2017, traduit de l'anglais par Georges Fradier, préface de Paul Ricœur, (édition originale en 1958), p. 381
5. Cela sonne la fin, pour le meilleur et le pire, de l'âge héroïque. D'ailleurs, ceux qui risquent actuellement leur vie au quotidien affirment souvent qu'ils font simplement leur travail. Pour les autres, ils étaient héros au moment des attentats terroristes en prenant une bière en terrasse et le sont aujourd'hui en la buvant confinés chez eux.
6. « Le post-modernisme est un symptôme et non pas une solution fraîche. Il vit sous la Constitution moderne mais il ne croit plus aux garanties qu'elles offre. Il sent que quelque chose cloche dans la critique, mais il ne sait pas faire autre chose que prolonger la critique sans croire pour autant à ses fondements (Lyotard, 1979). Au lieu de passer à l'étude empirique de réseaux qui donne sens au travail de purification qu'il dénonce, le postmodernisme rejette tout travail empirique comme illusoire et trompeur. Rationaliste déçus, ses adeptes sentent bien que le modernisme est fini, mais ils continuent d'accepter sa façon de partager le temps et ne peuvent donc découper les époques que par révolutions qui se succéderaient les unes autres. Ils se sentent venus ''après'' les modernes, mais avec le sentiment désagréable qu'il y a plus d'après. No future, tel est leur slogan qui s'ajoute à celui des modernes, No past. Que leur reste-t-il ? Des instants sans attache et des dénonciations sans fondement puisque les post-modernes ne croient plus aux raisons qui leur permettraient de dénoncer et de s'indigner. » Bruno Latour, op. cit., p. 69
7. Nous n'affirmons pas que toutes les avancées scientifiques furent conduites par des individus prônant le matérialisme comme théorie soutenant qu'il n'existe qu'une seule réalité qui est la matière ou plus précisément qu'il n'y a aucun arrière-monde spirituel, pas d'âme immatérielle, (etc..), mais que l’ère du temps, tout en se défendant parfois avec virulence était suffisamment matérialiste pour envisager la possibilité même de l'exercice des pratiques qui conduirent aux découvertes et à l'instrumentalité scientifique de notre temps.
8. « La certitude est que nous ne retrouverons plus jamais la situation ''normale'' que nous avons connue au cours des décennies précédentes. Premièrement, le moteur de la civilisation thermo-industrielle – le couple énergie-finance – est au bord de l’extinction. Des limites sont atteintes. L’ère des énergies fossiles abondantes et bon marché touche à sa fin, comme en témoigne la ruée vers les énergies fossiles non-conventionnelles aux coûts environnementaux, énergétiques et économiques prohibitifs. Cela enterre définitivement toute possibilité de retrouver un jour de la croissance économique, et donc signe l’arrêt de mort d’un système basé sur des dettes… qui ne seront tout simplement jamais remboursées. »
Pablo Servigne, Raphaël Stevens, op.cit., p. 250
9. Pour John Dewey, le développement de la démocratie contemporaine, cette nouvelle forme d'association politique, résulte du progrès technique.
« Il semblait presque évident à Platon – et plus tard, à Rousseau - qu'un véritable État ne pouvait guère être plus grand que le nombre des personnes susceptibles de se connaître personnellement les unes les autres. Notre unité étatique moderne est due aux conséquences de la technologie à laquelle on a eu recours afin de faciliter la circulation rapide et aisée des opinions et des informations, et qui a provoqué une interaction constante et embrouillée bien au-delà des limites des communautés en face à face. Les formes politiques et légales n'ont fait que s'accommoder, petit à petit, de manière hésitante et avec beaucoup de retard, à la mutation industrielle. L'élimination de la distance à la base de laquelle on trouve des mécanismes physiques, a fait apparaître une nouvelle forme d'association politique. »
John Dewey, Le public et ses problèmes, éditions Gallimard, collection folio essais, 2015, traduit de l'anglais par Joëlle Zask, (édition originale en 1927), p. 204
10. « La stabilité du système-dette repose entièrement sur cette croissance : le système économique mondial ne peut y renoncer s’il veut continuer à fonctionner. Cela signifie que nous avons besoin de croissance pour continuer à rembourser les crédits, à payer des pensions, ou même à empêcher la montée du chômage. En fait, aucune de nos institutions n’est adaptée à un monde sans croissance, car elles ont été conçues pour et par la croissance. Essayez de ralentir une fusée en pleine ascension, de la faire redescendre et de la poser en douceur… Si nous sommes privés de croissance pendant trop longtemps, le système économique implose sous des montagnes de dettes qui ne seront jamais remboursées. Mais comme avec le carbone, pour que le système économique global puisse se transformer avec souplesse et agilité, il a besoin de fonctionner de manière optimale, c’est-à-dire avec une forte croissance ! Savourez alors cet autre paradoxe : il est donc difficile d’envisager une contraction contrôlée du système économique global. Et son corollaire : ce dont la transition a besoin pour pouvoir se déployer rapidement, c’est d’une forte croissance économique. »
Pablo Servigne, Raphaël Stevens, op.cit., pp. 104/105
11. « Car transposée au plan politique et éthique, l'expérimentation comprise comme la dimension d'enquête que recèle tout expérience consciente n'est autre que le pouvoir des individus à influer concrètement sur les conditions qui les affectent, donc à changer. La participation est le terme éthique et politique qui équivaut à l'expérimentation. »
John Dewey, op. cit., p. 37
12. c.f . https://sig.ville.gouv.fr/page/198/les-quartiers-prioritaires-de-la-politique-de-la-ville-2014-2020
13. « On m’a reproché d’ailleurs souvent que je n’ai pas de politique, et que je ne dis pas par exemple : bah voilà comment devraient fonctionner les prisons, ou voilà de quelle manière il faudrait traiter la maladie mentale. Je ne le dis jamais. Et je dis ''ce n’est pas mon travail''. Et pourquoi ce n’est pas mon travail ? Et bien parce que je pense justement que si l’intellectuel a à être comme dit Husserl, le fonctionnaire de l’universel, ce n’est pas justement en prenant une position dogmatique, prophétique et législatrice. L’intellectuel n’a pas à être le législateur, à faire la loi, n’a pas à dire ce qui doit arriver. Je crois que son rôle est précisément de montrer perpétuellement comment ce qui semble aller de soi dans ce qui fait notre vie quotidienne est en fait arbitraire et fragile et que nous pouvons toujours nous soulever. Et qu’il y a perpétuellement et partout des raisons pour ne pas l’accepter, la réalité telle qu’elle nous est donnée et proposée. »
Michel Foucault, « ENTRETIEN INEDIT AVEC MICHEL FOUCAULT 1979 par Farès Sassine », in le blog de Farès Sassine Assassines, le 22/08/2014
disponible à cette adresse : https://fares-sassine.blogspot.com/2014/08/entretien-inedit-avec-michel-foucault.html
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Récolte 2017
The worst enemy to creativity is self-doubt. - Sylvia Plath, The Unabridged Journals of Sylvia Plath Write hard and clear about what hurts. - Ernest Hemingway Tu étais beau, dangereux, drogué, séducteur, ta voix était à tomber par terre de sexy. Une drôle de grimace remontait ta bouche d’un côté quand tu souriais et on ne savait pas trop si tu étais doux ou teigneux, fort ou désespéré. Tu étais excitant. - Virginie Despentes à propos de Guillaume Dustan, Le Monde, 31 mai 2013
L'Europe est littéralement la création du tiers monde. La richesse qui l'étouffe est celle qui a été volée aux peuples sous-développés. Les ports de Hollande, les docks de Bordeaux et de Liverpool étaient spécialisés dans la traite négrière et devaient leur renommée à des millions d'esclaves déportés. Ainsi, quand nous entendons un chef d'Etat européen déclarer, la main sur le cœur, qu'il doit venir au secours des pauvres, des peuples sous-développés, nous ne tremblons pas de reconnaissance. Bien au contraire; nous nous disons: «C'est juste une réparation qui nous sera rétribuée». - Frantz Fanon, Les Damnés de la Terre L’idée du combat est intéressante. Et la vie m’a appris que j’étais finalement plus solide que je ne le pensais. Mais il ne faut pas confondre épreuve et dégradation. L’anorexie était une épreuve, car il fallait se battre. Ce qui m’est arrivé à 12 ans était une dégradation. Et la dégradation demeure à tout jamais. Elle explique cette fragilité immense qu’il me faut vaincre tous les matins et la nécessité vitale d’écrire qui en résulte. Tous les matins, je dois me battre. Et tous les matins, tout est à recommencer. Car les forces obscures sont toujours en moi. - Amélie Nothomb, Le Monde, 26 août 2017 ABUSIVE MEN COME in every personality type, arise from good childhoods and bad ones, are macho men or gentle, “liberated” men. No psychological test can distinguish an abusive man from a respectful one. Abusiveness is not a product of a man’s emotional injuries or of deficits in his skills. In reality, abuse springs from a man’s early cultural training, his key male role models, and his peer influences. In other words, abuse is a problem of values, not of psychology. - Lundy Bancroft, “Why does He Do That? Inside the Minds of Angry and Controlling Men.” Les publicitaires doivent convaincre les jeunes femmes qu’elles ont sans cesse besoin d’amélioration sans pour autant menacer la vision qu'elles ont d’elles-mêmes : intelligentes, autonomes, et méritant l’égalité. Des mots à la mode tels que “puissance”, “auto-détermination”, et “indépendance” sont saupoudrés au fil des pages. Mais cette rhétorique d’apparence progressive est utilisée pour vendre des produits et des idées qui maintiennent les filles dans une expression de genre convenablement féminine, les menant à reproduire les hiérarchies genrées plutôt qu’à les contester. Une pub pour une crème dépilatoire, par exemple, dit aux filles qu’elles sont “uniques, déterminées, qu’on ne peut pas les arrêter”, alors elles ne devraient pas “se contenter… d’une peau rugueuse”. Les requêtes féminines pour l’égalité politique et économique - et le refus de se résigner face aux salaires bas, à la violence, et à une citoyenneté de seconde classe - se transforme en un refus de se résigner à avoir une peau moins que soyeuse. Le langage pseudo-féministe permet aux jeunes femmes de croire qu’elles peuvent être “puissantes” en passant à la caisse pour acheter les accoutrements de la féminité traditionnelle. - Amanda M. Gengler, ‘Vendre le Féminisme, Consommer la féminité’ White privilege is being able to express your disappointment with the U.S. without everyone yelling at you to go back to Scandinavia. - Sherronda J. Brown Ce collectif est non mixte car nous pensons être les mieux placées pour saisir les armes de notre émancipation. - MWASI Tu vois le cou sec de ta mère (...) le cou fatigué d'être penché. De regarder ce qui se lave plutôt que ce qui s'envole. - Anaïs Barbeau Lavalette féminisme : pensée cohérente qui vise à l’émancipation des femmes Le paradoxe de la condition humaine, c'est qu'on ne peut devenir soi-même que sous l'influence des autres. - Boris Cyrulnik, Les nourritures affectives, 1993 ...une part du problème réside dans le fait qu'on enferme le sujet dans une assignation au lieu de le reconnaître comme ayant une expérience et vivant une expérience... Ainsi les toxicomanes ou les prostituées ne sont pas reconnus comme légitimes dans la production de savoirs, dans la mesure où l'illégalité de leurs comportements est pensée comme la cause ou la conséquence de l'absence de leur faculté de juger. - Tourette-Turgis, 2015 Là où est le danger, grandit aussi ce qui sauve. - Holderlin This is the spell that I intone, Flesh, to flesh, and bone, to bone. Sinew, to sinew, and vein, to vein. And this witch is made whole again. Pour être hanté, nul besoin de chambre, nul besoin de maison, Le cerveau regorge de corridors plus tortueux les uns que les autres. - Emily Dickinson Le chemin vers le haut et le chemin vers le bas est le même. – Héraclite Plus précisément, un événement traumatique va ébranler trois croyance essentielles chez la victime : le monde est bienveillant ; le monde est juste et logique ; la valeur personnelle et la personne humaine sont respectées. L'événement traumatique va provoquer l'effondrement de cet édifice de croyances : le monde devient alors injuste, ou apparaît comme dépourvu de sens. Cet état va obliger la personne à reconstruire lentement un nouveau système de croyances capable d'intégrer l'expérience traumatique. Le sentiment d'injustice peut aussi activer des schémas agressifs pour retrouver un contrôle sur l'environnement : ce syndrome du justicier (...) est rare. Il existe beaucoup plus souvent un sentiment d'impuissance généralisée face à tous les événements nouveaux, qui aboutira à l'inaction et à la dépression. - Jean Cottraux, La répétition des scénarios de vie (Demain est une autre histoire) If a society puts half its children into short skirts and warns them not to move in ways that reveal their panties, while putting the other half into jeans and overalls and encouraging them to climb trees, play ball, and participate in other vigorous outdoor games; if later, during adolescence, the children who have been wearing trousers are urged to “eat like growing boys,” while the children in skirts are warned to watch their weight and not get fat; if the half in jeans runs around in sneakers or boots, while the half in skirts totters about on spike heels, then these two groups of people will be biologically as well as socially different. Their muscles will be different, as will their reflexes, posture, arms, legs and feet, hand-eye coordination, and so on. (…) There is no way to sort the biological and social components that produce these differences. We cannot sort nature from nurture when we confront group differences in societies in which people from different races, classes, and sexes do not have equal access to resources and power, and therefore live in different environments. - Ruth Hubbard, The Political Nature of “Human Nature” L’idéologue ne perd jamais confiance en son idéologie, il se borne, si nécessaire, à cesser de croire à la réalité. - Marc Angenot Faites attention aux organisations qui proclament se dévouer à la lumière sans étreindre l'obscur, sans l'honorer ; car, quand ils idéalisent la moitié du monde, c'est qu'ils dévaluent le reste. - Starhawk, Rêver l'obscur (femmes, magie et politique) La violence, il faut toujours savoir qu'elle est de leur côté. C'est très important. Une chemise arrachée, ça n'est rien ; violence d'un jour, violence de tous les jours, de l'autre côté. Alors il n'y a pas du tout d'équilibre. Par ailleurs, nous avons la force du nombre, mais par contre, nous sommes divisés. Donc, on a pas besoin de faire des actions violentes, je le redis, la violence, elle est de leur côté, pas du notre, par contre, leur solidarité doit nous faire réfléchir sur nos divisions. Et c'est uniquement par la solidarité du plus grand nombre qu'on arrivera à renverser un monde inacceptable, et surtout, à sauver l'humanité et la planète. - Monique Pinçon Charlot Les pervers, quand ils ne t’en veulent pas parce que tu es en short, c’est qu’ils t’insultent parce qu’on ne voit pas tes cheveux. - Virginies Despentes, Vernon Subutex II Men are affraid that women will laugh at them. Women are affraid that men will kill them. - Margaret Atwood I have no mercy or compassion in me for a society that will crush people, and then penalize them for not being able to stand under the weight. - Malcolm X | The Autobiography of Malcolm X (1964) ...un des faits les plus remarquables, c'est qu'à côté de la sévérité croissante qu'on a connu en France, et même partout dans le monde - les États-Unis étant le cas le plus extrême de cette augmentation carcérale - à côté de cette sévérité, dont on pourrait dire : "voilà, on a une société qui est plus sévère", il y a un deuxième élément, c'est qu'elle est aussi de plus en plus inégale : la pénalité est devenue de plus en plus sélective dans les populations qu'elle vise et qu'elle criminalise, et ensuite, bien sûre, qu'elle pénalise, qu'elle met en prison, auxquels elle met des bracelets électroniques, etc... On a une évolution tout à fait spectaculaire et qui se comprend bien, c'est à dire que plus on est sévère et plus on va aller sanctionner des délits de plus en plus petits, mineurs. Et quand on fait ça, on se trouve dans une possibilité de sélectionner, dans ces délits mineurs. Pensez qu'on a 1 million et demi d'usagers de cannabis réguliers, en France, selon les enquêtes épidémiologiques, les 135 000 interpellations qu'on fait pour usage de cannabis, et bien on peut les cibler, c'est 10% des usagers, on peut les cibler sur certains quartiers, en épargnant au contraire d'autres populations. Donc on a tout un mécanisme dans toute la chaîne pénale, des législations qui sont produites, jusqu'aux jugements qui sont rendus... entre les deux, il y a les policiers qui interpellent les personnes, il y a tout un ensemble de mécanismes par lesquels, finalement, ces institutions, mais derrière ces institutions, on peut dire, la société, choisit qui elle veut punir en choisissant ce qu'elle veut punir. Et donc on définit ainsi des populations qu'on pourrait appeler "punissables", et d'autres qu'on peut considérer comme "épargnables". - Didier fassin, France Inter, L'heure bleue, 16.01.17 A l'adolescence, on a le choix de se conformer et mourir, ou de ne pas se conformer et de devenir un héro. - Sigmund Freud Je refuse de travailler Ça me prend beaucoup trop de temps J'en ai besoin pour baiser et me droguer en espérant Que du pognon va tomber du ciel abondamment Je refuse de travailler Ça m’empêche de bouquiner Ça m’empêche de me promener et de planer en espérant Que les abrutis vont crever en calculant leurs abattements - Sexy Sushi Les comportements s'auto-renforcent à l'aide des étiquettes. - Marshall Rosenberg Puisqu'il s'avère que les normaux font bien souvent à l'individu stigmatisé la politesse d'agir comme si sa déficience ne comptait pas, et comme, d'autre part, ce dernier a tendance à s'estimer, au plus profond de lui-même, aussi normal que quiconque, il ne peut manquer de s'y laisser prendre à l'occasion et de se croire plus accepté qu'il ne l'est. On le voit alors tenter de s'immiscer dans des domaines sociaux où, de l'avis des autres, il n'a que faire. [...] Que l'individu stigmatisé puisse se laisser prendre à trop présumer de l'acceptation polie qu'on lui accorde, voilà qui en montre bien le caractère conditionnel. C'est aux normaux à ne pas le laisser aller au-delà du point où la tolérance leur est encore facile - ou, au pis, déjà difficile. On demande donc, poliment, aux stigmatisés de faire preuve de savoir-vivre et de ne pas trop profiter de leur chance. Il ne convient pas qu'ils éprouvent les limites de l'acceptation qu'on leur accorde, ni qu'ils s'en prévalent pour de nouvelles exigences. La tolérance fait presque toujours partie d'un marché. Le caractère réel d'une "bonne adaptation" est dès lors évident. Il s'agit de faire en sorte que l'individu stigmatisé s'accepte joyeusement et spontanément comme identique pour l'essentiel aux normaux, tout en se tenant volontairement à l'écart des situations où ces derniers risqueraient de voir la tolérance qu'ils lui manifestent d'ordinaire leur rester en travers de la gorge. - Erving Goffman, Stigmate J'enseignerai la fierté à mes peines car le chagrin est fier et courbe ses victimes. - William Shakespeare On ne peut pas dire que le petit bourgeois n'a rien lu. Il a tout lu, tout dévoré, au contraire. Seulement son cerveau fonctionne à la manière de certains appareils digestifs de type élémentaire. Il filtre. Et le filtre ne laisse passer que ce qui peut alimenter la couenne de la bonne conscience bourgeoise. - Aimé Césaire Si je vous dis ce qui m’est arrivé, vous n’allez pas me croire, vous allez rire, vous allez prendre le parti de mon agresseur, vous allez me poser des questions obscènes ou pire, vous aurez pitié de moi. - Boris Cyrulnik, Mourir de dire : la honte Historiquement, les savoirs médicaux étaient -avant l'inquisition- majoritairement maîtrisés par des femmes de milieux modestes, surtout ce qui concerne la gynécologie et l'obstétrique. Sorcières, sages-femmes et infirmières, de B.Ehrenreich & D. English Chaque jour, vous pouvez remporter des billets en tribune VIP, mais aussi des mugs et des masques antipollution collectors. Pour jouer, c'est très simple, il vous suffit de dire "Volontaire Loterie", puis de répondre à cette question : Avant de se lancer dans une brillante carrière politique, Barnabé Plouguel-Castelin était déjà connu du grand public grâce à : a) sa réinterprétation personnelle et poignante de Le vent nous portera de Noir Désir, lors de l'épreuve finale de Nos enfants ont du talent en 2031 ; b) sa résistance exceptionnelle, qui lui valut de remporter successivement quatre saisons de suite le Château des cauchemars en 2038 ; c) son portrait poignant dans C'est mon trauma ! en 2054. Un fois votre réponse donnée, dites "Je valide" et entrez votre matricule de citoyenneté. Bonne chance à tous. Ici Marjolaine Pithiviers, vous êtes sur Canal National, voter restera un plaisir. Afin d'améliorer le confort de vos assises et de préserver l'intimité de votre conviction, veillez activer le dispositif de sécurité psychique. - Chloë Delaume, Les sorcières de la République Les misogynes vont en enfer parce que Dieu est une femme. Il y a des cadavres qui prennent moins de temps à pourrir. Are children just imitating their sadistic caretakers? Are they sustaining subtle kinds of brain damage, injuries that make them reckless, incapable of managing their anger? Many believe it is trickle down predation: the boss humiliates the father, the father belts the mother, the mother smacks the kid, who kicks the dog, who bites the social worker. - Abby Stein & Ph.D., Shock and Awe: How Child Abuse and Dissociation Drive Violent Crime Il y a des personnes qui travaillent, de façon académique, à faire reconnaître la pédophilie comme une tendance sexuelle comme une autre. Ces cas de justice expriment une volonté de banalisation des crimes de mœurs. Les adultes se doivent d'être garants d'un cadre sécurisant et ne pas tout mélanger en se croyant 'ouvert d'esprit', progressistes, qui veulent tout expérimenter pour le fun...Le respect des limites, du corps de l'autre et du sien, ça se transmet , ça s'invente pas... - Amoreena Winckler (com Fb) This violence is trying to teach us a lesson, it wants to put us back in a traditional role into which we don’t fit any more,” says Cantabria. “It’s not a specific blow by a specific man against one woman in particular, it’s a message to all women to return to our stereotypical roles. - The Guardian, 19 oct. 2016 ; Argentina: hundreds of thousands of women set to protest against violence Imagine living in a city where there are no monuments, no buildings from before 1970, no proof that you had grandparents or parents, no history at all. Wouldn’t that make you feel like you were just a passing fad, that you could be blown away like leaves?… for any community to feel substantial and able to change without losing themselves, a history is absolutely crucial. - Emma Donoghue, talking about LGBT history and LGBT historical fiction Mais ce qui demeure, les poètes le fondent. - Hölderlin Do not mock a pain that you haven’t endured. Il semble qu'il n'y ait plus d'énergie – si tu avais découvert l'alcool plus tôt, cela aurait pu éviter quelques cœur brisés. Pour toi, l'alcool n'est pas le problème – c'est la solution : qui dissout toutes les parties séparées en une seule. Un solvant universel. Un océan. Trente-quatre ans plus tôt, tu es né dans un petit océan et tu es venu au monde à sa plus grande marée, rejeté sur le rivage après de nombreux mois à dériver sans espoir sur la mer. Ces jours-ci cependant, tu vis instant après instant comme un homme qui se noie. Quand tu bois, tu arrêtes de lutter et glisses petit à petit au-dessous de la surface, descendant brasse après brasse. Six pieds d'un coup; funérailles en mer. Laissant les eaux turbulentes se fermer loin au-dessus de toi, tu coules jusqu'à un doux repos au fond de la mer. Là, rien ne peut te toucher ou te blesser. Tout mouvement est ralenti, tout bruit amorti. L'anxiété et même la colère ne sont rien de plus que de douces perturbation dans l'atmosphère, presque des caresses, qui montent et refluent. - Ron Butlin, Le Son de ma voix La douleur passe, la beauté reste. - Pierre-Auguste Renoir Le soutien par les pairs, c’est d’être un expert à ne pas être un expert, et cela demande beaucoup d’expertise. - Repper & Carter, 2010 conte : valeur initiatique, processus d'individuation, réalisation, émancipation VS dessins animés : distraction, conditionnement à l'esprit grégaire, propagande on est des sportifs de haut niveau on aurait pu faire les JO de la drogue (un patient) Addiction : processus dans lequel est réalisé un comportement qui peut avoir pour fonction de procurer du plaisir et de soulager un malaise intérieur, et qui se caractérise par l’échec répété de son contrôle et sa persistance en dépit des conséquences négatives. - Goodman A.,1990 C'est a chacun, en son for intérieur, de décider si le remède convient à la maladie, s'il est pire que la maladie, ou s'il peut-être la cause même de la maladie. Le génie grec a donné aux drogues un nom, phàrmakon, qui veut dire à la fois remède et poison, car selon les individus, l'occasion et les connaissances, elle peuvent être l'un ou l'autre. Ce n'est pas des drogues mais des êtres humains, qu'il dépend que ces substances soient utiles ou dangereuses. Elles ont toujours existé, et elles existeront toujours, sans doute demain plus nombreuses qu'aujourd'hui, et le choix n'est donc pas entre un monde avec et un monde sans drogues. Le choix est entre informer sur leur bon usage et les diaboliser sans discernement ; entre semer du savoir et semer l'ignorance. - Escohotado, 1995 The Night Witches were an all-female bombing regiment in the Soviet Air Force. Flying biplanes meant for dusting crops and training new recruits, they dropped 23,000 tons of bombs on German forces in WWII. J'attends le miracle toujours renouvelé de ta présence. - Maria Casarès à Albert Camus Le liseur de pensées ne fait que lire chez les autres ses propres pensées. - Fliess à Freud Quand trouver les limites de son thérapeute permet d'en changer, d'évoluer vers d'autres pratiques. Unfriendly fucking reminder that the best predictor of mass shootings is not mental illness, but being an angry young white man who has recently experienced rejection and has easy access to guns. Une autre femme a ce qu'on appelle une dépression psychotique. Elle se fait hospitaliser dans le service psychiatrique d'une université connue. A l'hôpital, ils lui disent qu'elle a besoin de se mettre en colère, de s'exprimer. Le troisième jour, quand le psychiatre qui la suit traverse le service en trombe sans répondre à ses questions, elle donne un coup de pied dans une chaise, par frustration. Ils l'enferment dans une petite chambre. Elle et son ami décident que l'hôpital la rend encore plus malade. elle signe sa sortie. Elle ne peut pas rester seule car, ce qu'on appelle sa maladie s'exprime par de la terreur. Elle appartient à un groupe féministe de prise de conscience. Les six femmes du groupe se relaient auprès d'elle. Aucune n'est thérapeute et aucune ne sait ce qu'il faut faire avec quelqu'un en état de terreur -excepté être là. Il en faut bien six, car une seule aurait été épuisée et submergée. Au bout de quelques jours, la terreur commence à se tasser. La femme est capable de combattre ses démons intérieurs, de regagner un sentiment de contrôle. Elle n'a plus jamais été hospitalisée. Dans une communauté, nous découvrons ce que nous valons vraiment en nous aidant les uns les autres à travers les pertes et les crises, en travaillant ensemble à guérir les blessures infligées par cette culture. Dans une communauté, nous pouvons identifier le vice de l'intérêt centré sur le soi, et résister à son contrôle. Nous pouvons être libres. Les communautés s'opposent à la mise à distance -elle nous reconnecte aux autres et à la communauté naturelle qui nous environne et nous soutient. Historiquement, les institutions de domination se sont établies en détruisant les communautés - depuis le mouvement des enclosures et les brûlage des sorcières en Europe, jusqu'à la colonisation de l'Afrique, de l'Asie, de l'Amérique du Sud et de la Polynésie. Cette entreprise se poursuit avec la destruction des communautés natives américaines, des traditions et des modes de vie des Montagnes noires et du Sud-Ouest de l'Amérique du Nord. Si notre travail consiste à respiritualiser le monde, nous devons être intimement soucieux de préserver et de créer des communautés. Nous devons lutter contre le principe de domination en résistant à la destruction des communautés qui existent encore, et en créant des communautés fondées sur le principe du pouvoir-du-dedans inhérent à chaque être vivant. Il y a une croyance qu'on trouve parfois dans la bouche de membres de groupes spirituels qu'on appelle New-Age, c'est que quand vous résistez à quelque chose, vous lui donnez de l'énergie et vous le créez. C'est une erreur de conception simpliste (...) C'est confondre résistance et dénégation. Quand nous nions une chose, nous la créons - ou en tous cas, nous créons les conditions dans lesquelles cette chose peut grandir et prospérer, précisément parce qu'il n'y a pas de résistance. dans l'Allemagne nazie, ce n'est pas la résistance au fascisme qui a permis l'expansion de l'antisémitisme et conduit aux camps de la mort, c'est l'étendue du déni, le refus d'admettre que de telles choses puissent arriver.Ce n'est pas la résistance à la possibilité de l'holocauste nucléaire qui l'amènera, mais son déni. La résistance cause le conflit. En Amérique, aujourd'hui, on nous apprends à avoir peur du conflit. Les femmes en particulier sont éduquées pour être des faiseuses de paix, pour reculer en cas de menace, et pour éviter de se confronter aux autres. Cela ne se fait pas de dire non. Nous confondons le conflit et la violence, alors que les deux ne sont pas synonymes. La violence n'est pas la colère, ni un cri ni une sensation, un sentiment ou une action spécifique. Je définis la violence comme l'imposition du pouvoir-sur. Le directeur qui augmente la vitesse de la chaîne inflige de la violence, même si il ou elle parle doucement et en souriant. La femme Diné, qui pointe sa carabine contre l'agent du gouvernement sur le point de l'expulser de sa terre, est en train de résister à la violence. Dès que nous essayons de causer un changement, nous pouvons nous attendre à un conflit. S'il n'y a pas de résistance à un changement, c'est qu'il n'y a pas de vrai changement. Au lieu d'avoir peur du conflit, nous pouvons apprendre à accueillir la libération d'énergie qu'il représente. Quand nous opposons nos énergies à un système oppressif, son pouvoir doit se mobiliser contre le notre. Ses énergies, ses ressources, sont alors détournées de leur travail destructif. Il y a un élément certain d'audace, dans la résistance - par moments on a l'impression de tirer par la queue un monstre en train de festoyer pour attirer son attention. Les forces que nous affrontons peuvent quelquefois sembler insurmontables, pourtant, une colonie de fourmis peut interrompre un pique-nique de géants. Pour le faire, cependant, il faut aller au pique-nique de géants et ne pas rester au nôtre. c'est ce qu'il semble. La résistance exige notre temps et notre énergie. Pourtant, si nous ne résistons pas aveuglément en devenant le reflet de ce que nous combattons, la résistance elle-même peut devenir une tâche créative. Les menaces que nous affrontons nous incitent à nous lier ensemble sur de nouveaux modes, à comprendre ce qui nous contrôle et à inventer des moyens de nous libérer. La magie est l'art de tourner le négatif en positif, de filer la paille en un fil d'or. Dans l'acte de résistance, nous pouvons filer l'or de notre vision, nous pouvons nous unir de manière à donner corps à de nouvelles histoires, de nouvelles formes, de nouvelles structures fondées sur l'immanence. - Starhawk, Rêver l'obscur (femmes, magie et politique)
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Dans 10 ans... environ
Je profitais hier du calme relatif que me vaut la parution ''à mi-temps'' de ce blog confiné un jour sur deux, pour paresser sur ma terrasse dans un joli rayon de soleil. Les ''bruits de la ville'' ont été très atténués par la paralysie qui nous est imposée, et j'entends plus clairement qu''avant'' les trilles joyeuses des merles qui enjolivent les jardins de l'Ambassade du Portugal, dont les frondaisons, sous mes fenêtres, sont comme un écrin à l'élégance de la Tour Eiffel qui coupe finement le panorama en deux... Tout était calme et volupté (surtout le premier !)... Et puis tout-à-coup, une pensée inhabituelle s'est imposée à moi : Que restera-t-il de tout ça, dans 10 ans ?
La première étape d'un tel processus divinatoire consiste à se demander si le narrateur, moi en l'occurrence, sera encore là. Si vous le voulez bien, nous allons supposer que ''oui'', car dans le cas contraire, le peu d'intérêt de la question posée... disparaît. Supposons donc que nous serons tous encore vivants. Mais dans quel état, grands dieux ? En route vers mes 97 ans, je ne chevaucherai plus mes destriers à 2 roues : le temps qui passe est rarement porteur de bonnes nouvelles pour nos carcasses, et il sait inventer mille douleurs (''petites'', dans les meilleurs cas) qui limitent mouvements, rêves et ambitions plus et mieux que toute décision de Castex de faire de nous des larves, des gibiers pour flic en manque de PV à 135 €, des masques de carnaval ou des cibles pour seringues en goguette...
Cette digression n'étant ici que pour ''planter un cadre'', une question infiniment plus sérieuse est, évidemment : ''Dans quel état sera la France ?'', suivie des mêmes inquiétudes pour l'Europe, pour l'Occident et la civilisation occidentale, et le monde --s'il existe encore ! Et là... quel que soit le côté par lequel on aborde ces sujets, aucune fresque souriante ne se présente spontanément, même si on s'est bien armé, avant de ‘’s’y coller’’, d'une sérieuse résolution de ne pas sacrifier aux marottes actuelles que sont l'angélisme béat, le complotisme, l'anti-tout-ce-que-vous-voulisme ou, à l'opposé, la mauvaises-nouvelles-o-phobie et la volonté (et là, il en faut, une sacrée dose !) de croire Véran et tous nos spécialistes ès-bobards...
La France, d'abord : on cherche en vain ce qui pourrait, dans les dix ans, donner envie de se réjouir : si elle finit par arriver, la sortie de la ‘’crise du covid’’ laissera notre économie en asthénie chronique, et nous-mêmes meurtris, voire détruits, à force que soient dressées les unes contre les autres les composantes de ce qui fut une Nation et qui n'est plus qu'une juxtaposition d'intérêts divergents, de croyances intransigeantes incompatibles entre elles, de ''chacun contre tous les autres'', de ''quartiers'' qui s'entre-tuent réciproquement, et d'institutions vidées de tout sens (et de tout bon sens) par une caste de politicards inconscients des dégâts que cause chacune de leurs idées, plus anti-humaines les unes que les autres... Heureux encore si nous avons échappé, d'ici-là, à cette guerre civile que prévoient les pessimistes et que redoutent les optimistes... mais dont personne n'écarte la possibilité. Les perspectives sont sombres. Et ce n'est pas moi qui ai annoncé, ce matin, que la reprise mondiale est bien là, mais que la France est très en retard dans la réforme de son modèle de croissance : c'est l'OCDE, pour qui nous ne faisons plus partie des ''bons élèves'' : notre PIB/habitant est inférieur de 18 % à celui des grands pays développés. Faut-il parler de déchéance ou, déjà, de déclin ?
L'Europe, ensuite, une belle idée que des sectateurs rétrogrades ont transformée en archétype catastrophique d'institutions perverses, coupables de non-assistance à peuples en danger et qui ne peut que s'enfoncer dans son idéocratie mortelle, criminelle pour les peuples. Que de regrets ! Etre passé si près... et avoir tellement raté la cible ! A force de nier le ''grand remplacement'' que revendique l'islam et ses ''--istes'', une infime minorité de malfaisants va contraindre les français à subir la dictature idéologico-religieuse d'une submersion démographique et contre-culturelle dont ils nient l'existence... en la regardant s'installer. Dans ces dix ans, on verra un désastre démographique dans toute l'Europe, le suicide d'une Allemagne devenue colonie de peuplement de la turcophonie, l'islamisation galopante des Pays-bas et des pays ex-scandinaves, une marée migratoire ravageuse en Grèce (''mais pas que''... : voir ci-dessous), une catastrophe humaine, culturelle, démographique et économique en France, et même une lente chute de la Suisse... Les seuls signaux d'espoir continueront à venir des pays dits ''du Pacte de Visegrad''... qui, en s'alliant avec ce qui restera du Royaume entre temps désuni, aura forgé une Europe-bis, vraie, contre-bruxelloise donc chrétienne, respectueuse des patries, des Histoires, des cultures et des spécificités qui sera la seule chose qui marchera encore... Mais nous autres, français survivants rongés par la culpabilité que nous ont instillée des dirigeants incultes et masochistes, ne comptons pas trop sur cette porte de sortie : c'est de nos dirigeants --et de nous-- que sera venue l’impossibilité à les suivre...
Et le monde, enfin. On doit redouter que les dix ans qui viennent ne voient un conflit frontal entre la Chine (devenue première puissance économique) et les Etats Unis –qui digéreront mal leur place de second-- sans doute à propos de Taïwan : ce vieux conflit est un volcan endormi ! S’il se réveille un jour… nous serons tous plus ou moins vitrifiés, soit tout de suite, soit un peu plus tard : fin de l'Histoire. Mais même si cela n’est pas,.. il reste beaucoup d'autres ''farces et attrapes'' possibles ! La Chine, d’abord, décidément bien menaçante : Chine-Taïwan, donc, mais Chine-Japon, Chine-Philippines, Chine... tous les autres... La Turquie, ensuite : on ne voit pas comment la couardise des européens évitera un conflit avec la Grèce... ‘’mais pas que’’, parmi lesquels la Russie et nous. Mais à la différence de Chine-USA, les interventions se feront en se cachant, en vendant des Rafales de seconde main, en imposant à Erdogan (qui n'aura que 76 ans) des sanctions économiques (on lui défendra d'acheter... les produits qu'il fabrique pour nous les vendre !), ce qui lui assurera une victoire finale... mais pas facilement. Cela, bien sûr, à moins qu'un conflit entre la Russie et l'Ukraine, soi-disant ‘’local’’ mais ne demandant qu'à se répandre, ne vienne mettre tout le monde... ''pas d'accord'' : le torchon brûle, et les armes de la 5 ème générations sont prêtes. Elles font très peur : des sous-marins semeurs de tsunamis et des missiles ''hyper-hypersoniques'' (Zircon, à 9600 km/h, Kinjal, à 10 000 km/h ou Avangard et ses Mach 20. Il faut trembler d'avance !). Mais dans ce cas également, nous n’aurons même pas besoin d'attendre dix ans !
Et planant par dessus tout cela, sur la terre entière --y compris sur Erdogan lui-même (en se réfugiant à Gauche, on est sûr de voir surgir des gens plus à gauche que vous) : la menace terrible de la pandémie islamiste... ce qui n'ira pas sans heurts avec l'Inde, le Japon ou l'Iran et déchaînera des violences inouïes dans toute l'Afrique subsaharienne, majoritairement chrétienne (500 millions de chrétiens contre 300 millions de musulmans, l'an dernier. Le double, dans 10 ans, sans doute, ou plus : en l'absence de méga-pandémie et de guerre entre tous, l'Afrique sub-saharienne devrait tendre vers un double puis triplement de ses populations ! ). On est bon pour un ''remake'' de la guerre des Grands lacs, ce qui résoudrait une partie du problème démographique mondial, mais d'une manière intolérable !
Croirez-vous que je suis sincère, lorsque je répète que je suis heureux, à titre personnel, d'avoir l'âge que j'ai ? La seule chose qui m'empêche de désespérer lorsque je pense à mes petits et arrière-petits enfants, c'est que je prie sans cesse pour m'être trompé dans mes prévisions, ce qui est, après tout, l'hypothèse la plus probable : on connaît cette boutade qui affirme qu'il est toujours risqué de faire des prévisions... surtout sur le futur. Il suffirait --en France, en tout cas-- que se dresse, à Droite, une candidature qui force au silence tous les ''pros'' de la politicaillerie, ces ''anti-ce-qui-n'est-pas-moi'', qui sabordent depuis des décennies, par leur seule présence, les chances de ce courant de pensée pourtant tellement majoritaire sauf dans les urnes. Pourquoi pas, après tout ? L'écheveau pourrait --qui sait ?-- se dérouler alors dans l'autre sens... Plaise au ciel et aux dieux que j'aie tout faux...
H-Cl.
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INCENDIES EN AMAZONIE : LE PAPE S'INDIGNE, RAONI FULMINE, L'U.E. PACTISE !
Comme d'habitude, il y a ceux qui se contentent de crier « Au feu ! » mais en se gardant bien d'approfondir les causes fondamentales de la déforestation à outrance, que ce soit aux confins de la forêt amazonienne, en Asie du Sud-Est et dans bien d'autres régions du monde. Pour les profiteurs qui font, c'est le cas de le dire, feu de tout bois, réduire le domaine forestier coûte que coûte, y compris au moyen d'incendies provoqués (en d'autres termes, par des incendies criminels), n'a qu'un objectif inavoué mais au caractère lucratif évident : étendre davantage les zones d'élevage, augmenter les surfaces dédiées à de nouvelles forêts de type monoculture (palmier à huile, eucalyptus, pins, etc.) et accroître les cultures à fort rendement commercial, notamment celle du soja, qui concerne principalement l'Amérique du Sud.
Mais qui sont les vrais responsables de cette situation désastreuse ? Tenter de répondre à cette question brûlante, c'est déjà prendre le risque de se faire incendier. Qu'importe, nous allons quand même avancer quelques hypothèses...
L'Europe peut-elle se permettre de faire la leçon à l'Amérique du Sud ?
Comme toujours en pareil cas, on tire à boulets rouges sur des boucs émissaires en évitant soigneusement de se poser les bonnes questions. Oui, c'est désolant d'assister à la dévastation de la forêt amazonienne au profit d'une agriculture extensive. Oui, c'est inadmissible de voir l'habitat naturel des populations autochtones disparaître chaque jour un peu plus. Mais ce constat étant établi, à quoi sert-il de se lamenter sans mettre en œuvre les moyens d'y remédier. Avant toute chose, ne pourrait-on s'interroger sur la généralisation des élevages intensifs dans une grande partie de l'Europe ?
Qu'on en juge : les pays de l’Union européenne importent chaque année 37 millions de tonnes de protéines végétales dont plus de 30 millions de tonnes de soja. Les tourteaux de soja sont destinés à 87 % à l’alimentation animale dans les élevages industriels. Les volailles (y compris le coq gaulois), les bovins, les porcs, etc. sont donc majoritairement engraissés au soja sud-américain, issu à 95 % de cultures transgéniques. La forte demande européenne de cette légumineuse, en augmentation constante depuis les années 1990, a contribué largement à l'extension des surfaces cultivées dans les pays producteurs, essentiellement le Brésil, l'Argentine et le Paraguay qui ont désormais ravi la première place aux États-Unis qui étaient il y a une cinquantaine d'années, le producteur mondial N° 1 de soja. Cette énorme croissance de production en Amérique Latine ne pouvait donc se faire qu'au détriment de la forêt primaire amazonienne. Pour bien comprendre les mécanismes de ce phénomène et ses conséquences, je vous recommande la lecture de cette étude édifiante :
L'impact des importations européennes de soja sur le développement des pays producteurs du Sud (Campagne ALIMENTERRE - Février 2011).
Le Président Macron pouvait bien souffler sur les braises à la faveur de la réunion du G7 à Biarritz, en fustigeant la mollesse des autorités brésiliennes pour lutter contre les incendies qui ravagent de vastes étendues forestières dans leur pays, Jair Bolsonaro n'en à cure. Même s'il fait mine de s'en offenser, ce dernier sait bien qu'il a le soutien moral de Donald Trump et de plus, il est parfaitement conscient que les européens auront besoin encore longtemps du soja brésilien pour nourrir le cheptel des nations du Vieux Continent. Faute d'avoir prévu une alternative sérieuse qui aurait dû pourtant être pensée et engagée depuis plusieurs décennies, les dirigeants des pays de l'U.E. ont les mains liées par leur besoin vital de protéines végétales. Cette dépendance protéique atteint d'ailleurs le taux record de 70 %. En France, ce pourcentage ne serait que de 45 %, grâce à la production hexagonale de quelques espèces de plantes crucifères destinées au bétail, comme le colza et le tournesol fourragers, mais on est encore loin de l'autosuffisance.
À l'heure où l'écologie est, du moins dans les déclarations officielles, au cœur des préoccupations de nos politiciens, que dire de l'impact environnemental que suppose l'importation massive en Europe (sans compter la Chine où la demande est de plus en plus forte) de ces millions de tonnes de fourrage en provenance du continent américain ? La résolution de ce problème global n'est donc pas uniquement du ressort du Brésil et de ses voisins. Un changement radical en matière de politique commerciale internationale de la part des pays importateurs s'impose si l'on souhaite vraiment infléchir l'empreinte carbone.
Traité UE - MERCOSUR : un brasier de plus en perspective pour l'Amazonie
Lorsque l'accord de libre-échange entre l'Union européenne et le Marché commun du Sud (regroupant l'Argentine, le Brésil, le Paraguay et l'Uruguay), qui se perd en négociations de boutiquiers depuis 1995, sera enfin entériné malgré les réticences de façade du chef de l'État français, on peut parier sans risque de se tromper que le « poumon majeur de la planète », comme les commentateurs se plaisent à désigner la forêt amazonienne, verra l'inflammation de ses alvéoles s'étendre encore davantage. Avec l'abolition de la quasi totalité des droits de douane, le commerce transatlantique va s'en donner à cœur joie. En amont de la chaîne agroalimentaire, les sud-américains vont pouvoir redoubler d'effort et ce n'est pas de bon augure pour la préservation de la forêt amazonienne. D'un côté, on s'acharne à désigner les présumés coupables des incendies au Brésil à la vindicte publique, et de l'autre, on continue à tendre le flambeau aux pyromanes. Cherchez l'erreur...
Triste ironie de l'actualité : plusieurs incendies se sont déclarés en France ces derniers jours dans les départements de l'Aude, du Gard, des Pyrénées-Orientales, de l'Indre, des Charentes-Maritimes, etc., ravageant ainsi des centaines d'hectares de bois et de végétation. On accuse la sécheresse mais ne serait-ce pas encore un mauvais coup des défricheurs brésiliens ?
À l'image du recteur-archiprêtre de Notre-Dame de Paris, je répondrai à ce type de question par un silence... de plomb !
#Amazonie#Brésil#Paraguay#Uruguay#Union européenne#Emmanuel Macron#Jair Bolsonaro#Pape François#Raoni#Mercosur#soja#incendie#déforestation
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Écoféminisme : Écologie et droits des femmes, même combat ?
"Plus je lis sur la crise climatique, plus je réalise à quel point le féminisme est crucial. Nous ne pouvons pas vivre dans un monde durable, à moins que tous les genres et les personnes soient traitées de façon égale."
Voilà ce qu'a tweeté Greta Thunberg au matin de ce 8 mars, Journée internationale des droits des femmes. Depuis le mois d'août, la Suédoise de 16 ans et son combat pour le climat trouvent un écho international. En Belgique, c'est Anuna De Wever, 17 ans, qui s'illustre. Elle s'identifie comme gender-fluid et rattache la lutte pour l'environnement au plaidoyer pour l'égalité entre les genres. Alors qu'un mouvement de grèves étudiantes et lycéennes agite l'Europe chaque vendredi, ses figures féminines interpellent. Cette forte présence des femmes dans les luttes écologistes n'est pas nouvelle. Dans les années 1980, aux États-Unis, la contestation anti-nucléaire bat son plein. Le 17 novembre, à Arlington (Virginie, États-Unis), plus de 2 000 femmes se rassemblent pour la Women's Pentagon Action. Elles chantent, hurlent, pleurent et jettent des sorts au Pentagone pour protester contre les guerres qui agitent le pays, la nucléarisation et la destruction de la planète. L'année suivante, le même rassemblement réunit le double de participantes. L'écoféminisme est né.
À la même époque, de l'autre côté de l'Atlantique, le plus grand camp écoféministe de l'histoire voit le jour à Greenham Common, en Angleterre (voir photo ci-dessus). Dans les années 1990, les mobilisations s'essoufflent, et l'histoire du mouvement est oubliée. Mais ce mouvement semble trouver un nouvel élan. En France, une mobilisation pour le climat rassemble des jeunes depuis un mois, chaque vendredi autour d'un thème différent. En ce 8 mars, lycéens et étudiants lancent un quatrième utimatum au gouvernement : la lutte pour l'écologie sera féministe ou ne sera pas. Les deux luttes convergent-elles ? Pourquoi relier féminisme et écologie ? Quel peut être le rapport entre domination masculine et destruction de l'environnement ? We Demain a discuté avec Jeanne Burgart-Goutal, professeure de philosophie, qui prépare actuellement un livre sur l'écoféminisme dont la sortie est prévue en fin d'année. Entretien.
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L'activiste suédoise Greta Thunberg était place de la République ce matin à Paris. La jeune fille de 16 ans, symbole du mouvement écologique de la jeunesse européenne, a pris la parole juste avant le début de la seconde grève française pour le climat ✊🌿 #strike4climate #FridaysForFuture #gretathunberg #climate #paris
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Alors que le Brexit se profile, les entreprises cherchent à atténuer le chaos
A moins de six semaines du Brexit, la première ministre britannique, Theresa May, continue de menacer de renoncer aux négociations comme tactique de négociation.
Les entreprises le prennent au sérieux, en stockant de la nourriture, des médicaments et des pièces de fabrication. Les gouvernements se lancent eux aussi dans l'action, mais ce qu'ils peuvent ou veulent faire est limité - à moins que le retrait total du pays ne soit une option. Pour certains, c'est le cas. mardi, le constructeur automobile japonais Honda a annoncé qu'il fermerait sa seule usine en Grande-Bretagne en 2021, entraînant la suppression de 3 500 emplois, ce qui est perçu comme un coup dur pour l'industrie automobile britannique avant le Brexit.
La société a imputé cette décision à "des changements sans précédent dans l'industrie automobile mondiale", mais cette décision survient dans un contexte d'incertitude sur les investissements en Grande-Bretagne avant la sortie du pays de l'UE.
S'adressant aux journalistes à Tokyo, le président de Honda, Takahiro Hachigo, a déclaré: "J'aimerais que vous compreniez que cela n'a rien à voir avec le Brexit."
Il a déclaré qu'il était "très regrettable" de devoir fermer l'usine, mais que c'était le "meilleur choix" compte tenu de la nécessité de réduire la capacité de production et de réformer ses installations mondiales.
"Honda semble s'y préparer depuis longtemps. Le Brexit a ensuite eu lieu, ce qui aurait pu pousser la société à prendre sa décision maintenant", a déclaré à l'AFP Seiji Sugiura, analyste au Tokai Tokyo Research Institute.
Les nouvelles sont un peu meilleures ailleurs, comme le fait que les effets les plus catastrophiques du Brexit, tels qu'une rupture du marché des dérivés de plusieurs millions de dollars ou l'échouement d'avions, ont probablement été évités.
Toutefois, selon Bloomberg, les goulots d’étranglement qui font pourrir les importations de produits alimentaires dans les ports demeurent un risque réel, et il reste encore beaucoup de questions sur l’évolution des flux de données qui sont essentiels pour les entreprises et les gouvernements. La Commission européenne prend des mesures pour protéger le bloc, tout en demandant aux États membres de ne rien faire qui rendrait la vie trop facile aux Britanniques.
Voici un aperçu de ce qu’un non-accord signifierait pour les industries clés:
Finance: le pire évité
L’UE et le Royaume-Uni ne coopèrent pas vraiment dans le domaine de la planification en l'absence d'accord, sauf dans un domaine majeur - les finances - où les deux parties risqueraient de perdre face à un effondrement du marché. Les accords de coopération permettront aux régulateurs britanniques et européens de superviser leurs marchés respectifs. Un plan est en place pour éviter une rupture multicanal du secteur des dérivés de plusieurs millions de dollars en garantissant que les banques de l’UE puissent continuer à régler leurs transactions dans des chambres de compensation à Londres. Un autre accord permet aux fonds mutuels et aux fonds spéculatifs de l’UE de continuer à déléguer des opérations de négociation au personnel en poste à Londres.
Toutefois, le secteur financier demande aux décideurs de prendre des mesures supplémentaires pour ne pas laisser tomber des milliards de dollars d’un autre type de contrats dérivés n’ayant pas été réglés dans des chambres de compensation: des swaps en vente libre et dégagés négociés directement entre acheteurs et vendeurs. Les lobbyistes demandent également à l'Union européenne d'autoriser les bourses et les plates-formes de négociation britanniques à être utilisées pour les transactions sur actions et produits dérivés avant que celles-ci ne soient ensuite réglées dans les chambres de compensation.
Les banques devront également faire face aux conséquences d'un choc monétaire en cas de non-accord, les analystes prévoyant que la livre sterling pourrait plonger jusqu'à 20%.
Lire aussi: Le groupe français d'électronique de défense Thales crée une unité des EAU axée sur la technologie
Données: espérer ne pas se faire prendre
Les données circulent maintenant librement entre l'UE et le Royaume-Uni, car elles suivent les mêmes règles. Avec un Brexit sans accord, alors que le Royaume-Uni a déclaré que les données pourront toujours circuler, l'Europe n'a donné aucune garantie que la même chose s'appliquera dans l'autre sens. Pour calmer les nerfs, le gouvernement britannique et le régulateur britannique de données recommandent aux entreprises de traquer tous les transferts de données en provenance de l'Europe et d'entrer dans le Royaume-Uni, en s'assurant de disposer des mesures de protection appropriées. Cela signifie essentiellement beaucoup de travail sur papier, y compris des tâches allant de l’inscription au code de conduite interne au respect des clauses standardisées sur le transfert de données.
Il s’agit là d’un conseil à court terme, le Royaume-Uni affirmant qu’il vise un soi-disant accord d’adéquation avec l’UE, ce qui signifie que les flux de données peuvent continuer comme avant.
Le risque est minime si l'UE demande un arrêt des flux de données vers le Royaume-Uni - un tel acte serait sur le point de déclarer la guerre - mais le risque qu'un activiste détecte un transfert de données "illégal" d'une multinationale à une autre est élevé et que les entreprises se prépareront pour d'éventuelles poursuites.
Lire aussi: Brexit: l'UE approuve la possibilité de voyager sans visa pour les citoyens britanniques même après la sortie sans accord
Nourriture: les réfrigérateurs sont pleins
Les supermarchés et leurs fournisseurs stockent des produits alimentaires, mais tous les entrepôts congelés et réfrigérés sont déjà utilisés et il reste peu d'espace d'entreposage. Ils tentent également de trouver d'autres itinéraires d'approvisionnement, mais il y a peu d'options et pas assez de traversiers disponibles. Les détaillants sont fortement tributaires des chaînes d'approvisionnement européennes, un tiers des produits alimentaires au Royaume-Uni provenant de l'UE. Leur principale préoccupation est la perturbation au croisement entre Calais, dans le nord de la France, et Douvres, sur la côte sud anglaise. Le gouvernement a annoncé qu’il ferait de la vague dans la plupart des trafics européens, mais cela ne résoudra pas les retards.
Les entreprises européennes ne seraient bien sûr pas les seules à être touchées par une sortie sans accord. Comme le rapportait The National, le gouvernement britannique a organisé le mois dernier un exercice visant à évaluer le chaos qui régnait si les échanges commerciaux bloquaient la principale porte d'entrée du Royaume-Uni pour les camions de l'Union européenne.
L'opération Brock - qui a transformé un aérodrome désaffecté en parc de camions pendant une matinée - préparait un scénario qui permettrait de voir 100 000 camions immobilisés régulièrement sur des routes du sud-est de l'Angleterre, les importations étant soumises à des contrôles douaniers nouveaux et plus rigoureux dans le port de Dover, au sud du pays. .
Rejetant l'exercice comme le dernier volet d'une campagne de peur, les défenseurs du Brexit ont plutôt évoqué une vision alternative du Royaume-Uni au centre d'un réseau commercial "Grande-Bretagne".
L’un des plus grands ports à conteneurs du pays, géré par DP World, basée à Dubaï, estime que ses installations modernes sont déjà en place pour une stratégie qui embrasse cette vision d’horizons commerciaux plus larges.
À London Gateway, dans le monde de DP World, 86% du trafic routier provient de l’extérieur de l’UE et relie plus de 110 ports dans 60 pays.
Le terminal semi-automatisé de haute mer dispose déjà d’un système de contrôle douanier avancé qui pourrait servir de modèle à la Grande-Bretagne alors qu’elle entreprend son périple incertain en dehors du plus grand bloc commercial du monde.
«Le Brexit consiste en grande partie à élargir les routes commerciales vers un plus grand nombre de pays - les ports de haute mer le font tous les jours. DP World se penche sur le long terme », a déclaré James Leeson, responsable commercial de DP World dans ses ports britanniques, citant les 1,5 milliard de livres sterling (7,12 milliards de dirhams) injectés dans le projet par la société basée à Dubaï.
Alors qu’il craignait que les marchandises ne soient entassées dans des camions le long des routes du sud de l’Angleterre, la société pointe son propre parc logistique, le plus grand du genre en Europe, qui dispose d’une capacité de réserve et qui n’est rempli qu’à 20%.
Lire aussi: Brexit, la mère de tous les dégâts
Compagnies aériennes: vol assez lisse
À la suite d'un accord entre le Royaume-Uni et l'Union européenne, les compagnies aériennes des deux côtés devraient pouvoir poursuivre leurs vols sans entrave sur leur territoire après le 29 mars. L'accord s'étend aux survols et aux escales de ravitaillement en carburant ainsi qu'à la validité des certifications de sécurité annulé après la scission.
Les transporteurs britanniques doivent prendre des mesures supplémentaires pour continuer à opérer uniquement dans l'Union européenne, et inversement. Pour ce faire, les compagnies aériennes doivent acquérir des licences à l'étranger - avec l'implantation d'easyJet en Autriche et de Ryanair, qui est irlandaise, en obtenant les autorisations nécessaires pour les vols intérieurs au Royaume-Uni.
Pendant ce temps, le plus grand traiteur au monde dans le secteur de l’aviation a commencé à amasser de la nourriture et des couverts. Gate Gourmet, qui dessert 20 compagnies aériennes dans 10 aéroports britanniques, accumule suffisamment de fournitures pour faire face à environ 10 jours de perturbations - y compris certains éléments devant être conservés au froid.
Soins de santé: médicaments et sang
Le gouvernement prévoit d'accumuler des médicaments et des produits sanguins en cas de départ sans accord. Et il est dit aux patients de ne pas construire leurs propres réserves privées de médicaments à la maison. Les sociétés pharmaceutiques réservent des places dans les avions pour éviter les retards dans les ports, et Novo Nordisk, fabricant d’insuline, vise un approvisionnement de 18 semaines.
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Fabrication: stockage de pièces
Pour les fabricants britanniques qui comptent sur des pièces importées, le non-accord est un cauchemar. Airbus a installé des pièces dans ses usines au Royaume-Uni et en Allemagne, suffisamment pour couvrir sa production pendant un mois. Le géant des moteurs à réaction, Rolls-Royce, a transféré le processus d'approbation de ses produits vers une installation située en Allemagne et stocke les composants. L’industrie automobile a également accumulé de nombreuses réserves: Aston Martin envisage d’expédier des composants de voiture par fret aérien pour éviter d’utiliser Dover, tandis que Bentley, appartenant à Volkswagen, fournit des pièces via un autre port depuis huit mois. Les entreprises sont également prêtes à tourner au ralenti dans les usines.
Tunnel sous la Manche: ouvert, mais aux conditions de l’UE
Les services ferroviaires via le tunnel sous la Manche qui relie la Grande-Bretagne à l'Europe continentale seront maintenus pendant trois mois après le 29 mars. La proposition unilatérale de la Commission européenne s'appliquerait à tout le trafic - passagers, voitures et marchandises - et dépendrait du maintien par la partie britannique des normes de sécurité européennes et règles. La commission a déclaré que le délai de trois mois permettrait aux deux parties de proposer des solutions à plus long terme.
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