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The Virgin Suicide
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Première long-métrage de la réalisatrice américaine, adapté du roman du même nom de Jeffrey Eugenides, The Virgin Sucide raconte l’histoire de cinq sœurs, coincées entre les affres de l’adolescence et du passage à l’âge adulte et une famille ultra-religieuse. La plus jeune, Cécilia, fait une tentative de suicide au début du film, avant de vraiment se suicider une dizaine de minutes plus tard. S’en suit alors une descente des quatre sœurs restantes, alors objet de curioisté d’un quartier qui ne sait comment réagir et d’une famille qui se replie sur elle-même. La narration est faite de manière rétrospective par un des jeunes garçons du quartier, qui formait alors un groupe obsédé par les sœurs et qui cherchent à comprendre, encore au présent de la narration, comment fonctionnait la famille et si il n’y aurait pas une explication au geste final réalisé par les sœurs Lisbon.
Dans ce film, nous retrouvons tous les éléments qui font la patte de Sofia Coppola. En effet, la réalisatrice a une forme de complaisance pour la période de l’adolescence et cherche à en montrer ses dysfonctionnements, ses oppositions internes qu’elle renferme. Il y a une esthétique très particulière de la jeune fille qui est girly, pop, presque dans un rêve alors que ce qui est raconté témoigne plutôt des blessures les plus vives de l’adolescence. Cette dichotomie entre les deux façonnent le film : lumineux, stylisé, le film parle pourtant du suicide et de l’insurmontable impression que le monde ne nous comprend pas.
Ainsi, on suit les sœurs dans toutes les étapes de l’adolescence : le lycée, les premiers regards avec les garçons, les premiers petits-amis, le bal du lycée, la première fois. Ce crescendo constant des étapes de l’adolescence arrivent à leur acmé quand la réalité rattrape Lux. En effet, après avoir couché avec Trip, il l’abandonne au milieu du terrain de football, la mettant dans une position délicate face à ses parents quand elle ne rentre que le lendemain matin. S’entraîne alors une spirale infernale dans laquelle descend la famille. Il y a une volonté de montrer le dysfonctionnement de cette famille, avec un père isolé en tant que seul homme de cette famille, silencié et pas écouté, une mère stricte qui se cache derrière une religiosité très prégnante sur la famille, et des enfants qui ne peuvent plus s’exprimer et se renferment entre elles, dans une sororité aux liens ultra puissants.
Mais alors, que penser de Cécilia ? Pourquoi cette sororité ne l’a pas protégée du suicide ? On voit bien qu’au sein de sa propre famille, de ses propres sœurs, elle est encore plus isolée. Elle a une chambre pour elle toute seule, fascinée par la religion elle-aussi (sa chambre fourmille de représentations de la Vierge). Elle passe des heures à écrire dans son journal, isolée. Pourtant, on voit bien qu’elle essaie de communiquer son angoisse. Ainsi, il y a une forme d’éco-anxiété (anachroiquement) qui se dégage : elle dit à sa mère qu’une troisième espèce animale s’est éteinte dans l’indifférence du monde et de son interlocutrice, elle tente de sauver l’arbre familial infesté d’une maladie contagieuse. Il y a cette impuissance à exister au sein de cette famille, qui se retranscrit dans l’impuissance d’être au monde. L’adolescence est le moment où l’enfant comprend qu’il est dans une société partagée, qu’il n’est qu’un être parmi tant d’autres. Et c’est cette oppression de se rendre compte de la violence du monde qui pourrait justifier le suicide de Cécilia. Il y a une forme d’haine de la vacuité des personnes de son âge, d’indifférence à ses grandes étapes citées précédemment. Et l’imagerie religieuse semble être inutile, témoignant peut-être de l’absurdité de se rattacher à un dogme essayant de nous faire vivre quand mourir est la seule réponse au mal-être. 
L’histoire de cette famille se répercute au niveau général, en étant source d’observation du quartier entier. Le suicide paraît déjà comme une peur de ces bourgeois, qui se délectent des drames de la famille, les regardant, les observant, critiquant les réponses apportées par les parents. Effectivement, couper les adolescentes du monde n’est pas la meilleure solution mais qui saurait comment réagir face au suicide d’un enfant ? Qui n’aurait pas envie de protéger les autres du mond epour ne pas les perdre eux aussi ? Il y a une forme de moquerie des réactions pour cacher la propre peur que ça nous arrive aussi. Cette prolifération qui pourrait se généraliser renvoie à la malaide des arbres qui se propagent de terrain en terrain, chacun essayant de couper l’accès aussi vite qui le peut. De ces dynamiques sortent encore de cette incompréhension générale qui est la motivation du film. Et cette incompréhension est celle du groupe de garçons qui cherchent à comprendre, encore 25 ans plus tard, l’acte. Mais pourtant ce n’est pas le suicide qu’il faut comprendre, c’est le monde. Les garçons ont pu grandir en se construisant face à cette réalité, et chacun des personnages qui parlent rétrospectivement témoigne aussi de la beauté d’avoir rencontré ces personnes. Le suicide n’est qu’une réponse à une angoisse montante, à un passage à l’âge adulte de plus en plus compliqué. Et c’est là que je trouve cec film de Sofia Coppola réussi : elle parvient à allier ce chemin de passage à l’âge adulte au sujet sensible du suicide, dans une représentation visuelle percutante, porteuse de sens.
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