#c'est pas hyper facile pour lui mais il fait grave de son mieux
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TRADUCTION FRANÇAISE (de moi))
ELMUNDO.ES 20/11/20
https://www.elmundo.es/papel/cultura/2020/11/20/5fb6b7c1fdddff2c2f8b459f.html
Conchita Wurst: "J'adore Wagner, ce point d'extravagance et de folie"
Conchita Wurst. Gmunden, Autriche. Né Thomas Neuwirth, il a remporté l'Eurovision avec un personnage féminin barbu qui a fait de lui un héros gay mondial. Maintenant, il chante le classique Smalltown Boy, de Broski Beat, avec l'espagnol Ricky Merino.
Journaliste. J'ai étudié l'allemand pendant de nombreuses années mais je ne me souviens de quelque chose que si j'ai deux bières.
Tom. C'est que l'alcool est un excellent désinhibiteur pour les langues. L'alcool a ses inconvénients, mais pour les langues, cela fonctionne.
J. J'ai lu une fois que l'allemand autrichien est si musical et si doux qu'il sonne comme de l'italien.
T. On dit ça? Je ne l'ai jamais entendu, mais je pense que c'est vrai. Et sinon, ce n'est pas grave, j'aime que quelqu'un nous voit comme ça, les Autrichiens.
J. Et venir d'un pays avec une tradition musicale si impressionnante ... Est-ce que ça compte?
T. La grande gloire musicale de notre pays est censée être une fierté, une chose un peu solennelle. En pratique, tout cela ressemble au touriste à la recherche d'un souvenir de Mozart à Salzbourg, impossible à éviter ... En fait, je suis très fier de la musique autrichienne. Surtout parce que son histoire est pleine de moments de rupture et de grands risques.
J. Jouez-vous du piano ou du violon ou quelque chose comme ça?
T. J'ai joué de la flûte, étudié la clarinette pendant quelques années et j'ai tout oublié. Et, une fois, j'ai fait un disque avec la Symphonie de Vienne. Il n'y a pas de mots pour expliquer ce que j'ai ressenti.
J. À l'opéra, je dis qu'il aimera «Madame Butterfly», même si c'est italien.
T. Les gens sont surpris, mais ce que j'aime vraiment, c'est In Fernem Land, le dernier air du Lohengrin de Wagner. Ce truc sombre et si dramatique, ce point d'extravagance et de folie ... Je sais qu'il y a des raisons de fuir Wagner, mais ça m'attire beaucoup.
J. Quelle musique aimiez-vous quand vous aviez 14 ans?
T. D'un côté j'écoutais Céline Dion, Barbra Streisand et Shirley Bassey ... Et de l'autre, j'étais dans le truc Massive Attack. Il y avait donc les divas hardcore typiques et, à côté, la pop sophistiquée des années 90.
J. Et 'Smalltown boy'?
T. C'est une de ces chansons qui sont dans le paysage, qui résonnent dans les bars et on n'y prête pas beaucoup d'attention. Quand j'ai reçu la proposition de Ricky de le chanter ensemble, j'ai fait attention et j'ai été impressionné. Quelle écriture dure! Et cela, en 1986. Cela devait être formidable.
J. Vous êtes aussi un garçon de la campagne.
T. Une ville de 3 000 habitants. Il a fallu passer par l’école, les enfants sont toujours cruels. D'un autre côté, grandir dans les Alpes, dans la nature, était merveilleux. Eh bien, jusqu'à 14; A 14 ans, j'ai fait mes valises et je suis parti. J’en avais assez des montagnes.
J. Était-ce une adolescence très solitaire?
T. Solitaire, non. J'avais ma famille et j'avais des amis. Je me suis protégé de toutes les choses négatives que j'ai reçues. Je ne sais pas si c'est l'option la plus saine, mais cela a fonctionné pour moi.
J. Et la vie d'une pop star est-elle solitaire?
T. Ils changent les codes et ce n'est pas facile de s'entendre. Parfois, j'ai le sentiment que les gens m'approchent parce qu'ils veulent tirer quelque chose de moi. Je suis devenu un peu méfiant.
J. Je pense à mes amis gays: nés dans les années 70 et 80, classe moyenne, éduqués, parents sympas ... Je sais qu'ils ont eu la tâche relativement facile et ont encore leur part de merde ... Mais maintenant ils vont très bien, apparemment mieux que mes amis hétéros.
T. La clé est que vous grandissez en pensant que la société n'est pas de votre côté. Et cette idée colle à votre cœur et conditionne tout. Alors vous développez des stratégies: vous voulez montrer au monde que vous êtes celui qui s'amuse le plus, que vous êtes l'un de ces personnages plus grands que nature ... Ce ne sont que des moyens de se faire aimer. Ensuite, il y a un moment où il commence à être facile de le faire naturellement.
J. Certains nient un mode de vie hyper-consumériste qu'ils assumaient à l'époque parce qu'on leur avait dit qu'il était «gay». Consumériste aussi pour les personnes.
T. C’est clair. Nous faisons tous partie de quelque chose, d'une culture qui est ‘marchandisée’. Alors votre vie vous appartient et vous devez apprendre à la vivre comme vous le pouvez. C'est un processus que nous traversons tous, gay ou non.
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bouffar3000 · 6 years ago
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Que se passe-t-il quand on prive un bouffar de nourriture pendant plus de cent heures ?
Pour vous, j'ai testé le jeûne d'une semaine. J'avais déjà auparavant testé le jeûne intermittent (ne pas manger toute une journée entière une fois par semaine, puis essayer de restreindre son ingestion de nourriture à une fenêtre de plus en plus réduite dans la journée - par exemple, de midi à 18h), principalement pour contrer le fait que le reste du temps, je bouffe n'importe quoi en permanence.
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Pour un vrai jeûne, pendant lequel on n'avale que de l'eau pendant sept jours, les raisons sont différentes : si les bénéfices en termes de santé sont censés être conséquents (l'effet est en gros un reboot de l'organisme censé retaper l'appareil digestif, l'esprit, régénérer les cellules, guérir le cancer et conférer des dons extra-lucides permettant de dialoguer avec Cthulhu lui-même ou même la capacité d'apprécier les parties de batterie d'un album de Meshuggah, sans parler de la perte de gras), je l'ai tout autant fait parce que je suis un ouf-guedin adepte de défis extrêmes toujours prêt à tester sa volonté dans les conditions les plus drastiques. Et puis parce qu'en tant que pape de la malbouffe, il me paraissait important de tester son inverse absolue, ne serait-ce que pour ensuite en apprécier d'autant mieux la saveur épicée. Accessoirement, j'avais plus de fric, et jeûner, ça permet d'économiser un peu.
Bon, un jeûne, c'est censé se préparer, on ne se lance pas dans sept jours de famine au lendemain d'une virée à Burger King. La préparation est d'abord psychologique : ayant d'abord pu expérimenter plusieurs fois le jeûne de 24 heures (ou un peu plus), je savais ce que ça faisait d'avoir le ventre vide et de se priver totalement de nourriture. Mais pendant des semaines, je me suis préparé à vivre ces sept jours, bloquant la date et effaçant toute hésitation de mon esprit. Mais il faut aussi se préparer la semaine précédente, dans son alimentation : réduire voire bannir les sucres ajoutés, l'alcool, la caféine, et réduire les glucides, le sel, le gras. En gros pendant les trois derniers jours, il faut bouffer des légumes et boire des bouillons.
Comme vous pouvez vous en douter, j'ai suivi cette préparation avec plus ou moins de réussite. J'étais plein de bonne volonté, j'ai réduit le sucre et la viande, mangé plus de légumes... Mais toujours pas mal de patate, de fromage, et pas forcément dans des quantités raisonnables. Et puis le tout dernier soir j'ai craqué et descendu une pinte de bière avec un paquet de chips. Mais bon, ç'aurait pu être pire.
Le premier jour de jeûne, un vendredi, se passa plutôt bien : pour l'avoir déjà expérimenté, je savais que je connaîtrais pas vraiment de baisse d'énergie ni trop d'envies de bouffe. J'étais habitué à finir mes journées de jeûne sur YouTube à regarder des gens préparer et dévorer des burgers gigantesques, mais rien de trop grave. J'ai passé la journée à boire beaucoup d'eau et le soir je suis allé voir un concert. Bon, ça fait bizarre de regarder un groupe jouer sans se cramponner à sa bière, ça rend bien plus insupportables les mecs qui s'obstinent à pogoter dans des endroits exigus comme s'ils étaient devant le groupe le plus punk de tous les temps et qu'ils avaient avalé une corbeille d'échantillons de toutes les drogues imaginables. Du coup je suis pas resté pour le second groupe et je suis rentré chez moi, mais pas trop déprimé, confiant dans l'avenir et mon nouveau mode de vie décroissant.
Le début deuxième jour était habituellement un grand dilemme quand je faisais mon jeûne intermittent : d'un côté on se sent normal au réveil et on se dit que finalement, on pourrait continuer comme ça encore un peu. D'un autre côté, si on s'est pas dit dès le début qu'on jeûnerait aussi le jour suivant, c'est hyper dur de se retenir de bouffer quelque chose. Je démarrais en général la journée en défonçant un paquet de céréales fourrées au lait, ce qui m'occasionnait un joli mal de bide en milieu de journée.
Mais c'est là que les choses ont commencé à mal tourner dans mon jeûne : je bossais le samedi matin et je ratai mon tram, ce qui m'obligea à piquer un sprint à faire pâlir Marie-José Pérec d'humiliation. Cette grosse dépense d'énergie de bon matin est sans doute la raison pour laquelle cette journée fut si difficile. Déjà, il est beaucoup plus facile de jeûner quand on se lève tard, alors que refuser des pains au chocolat offerts par les collègues à dix heures du matin, c'est plutôt de la torture. Malgré tout, la matinée ne fut pas trop horrible. Je rentrai chez moi un peu fatigué mais pas tellement plus que si j'avais mangé : bosser le matin, ça ne me réussit jamais. J'avais maintenant le week-end pour moi. En effet, j'avais calculé les dates de mon jeûne pour que le second et le troisième jours, réputés les plus difficiles, tombent un samedi et un dimanche, où je n'aurai aucune responsabilité à assurer.
Et en effet, dans la fin d'après-midi, le contrecoup a fini par se faire sentir : mal de crâne, crampes, manque d'énergie, nausées... Des symptômes légers mais persistants et désagréables, qui donnent tout simplement l'impression d'avoir la grippe. Pas la pire grippe imaginable, mais quand même. En plus, manger une Danette en regardant par la fenêtre les gilets jaunes et les CRS se taper dessus dans ma rue était devenu un de mes rendez-vous fétiches du samedi après-midi. Mais bon, je tenais bon, me disant que le jeûne démarrait là vraiment et que ces douleurs étaient le signe que mon corps réagissait normalement.
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Ah les salauds !
Le troisième jour fut dans la même lignée. A un moment j'ai passé dix minutes au téléphone, et quand j'ai déplié mon bras, mon coude était complètement endolori comme si j'avais traversé la Manche en kayak. Le mal de crâne était gênant, surtout que les Doliprane sont contre-indiqués en période de jeûne. Les nausées étaient sûrement le pire inconvénient, même si je n'ai pas vomi. Pour autant, les envies de bouffe n'étaient pas trop fortes, alors que j'avais lu que c'était à cette période qu'elles étaient les pires. En fait, un inconvénient auquel on pense moins, c'est qu'au quotidien, on passe souvent plusieurs heures par jour à acheter à bouffer, faire à bouffer, et à bouffer. Pour moi, il est quasiment impensable de se mater un petit film sans se faire une bonne petite assiette pour la déguster devant. Que faire de tout ce temps libre ? Le mieux est de se trouver des trucs addictifs. Pour ma part, j'ai maté Narcos Mexico et me suis lancé dans Heroes of Might & Magic. J'ai aussi dû regarder la quasi-intégralité de cette chaîne YouTube de recettes de barbecue. A la fin de la journée, les symptômes ont diminué de manière assez plaisante. J'étais prêt pour le quatrième jour, celui au cours duquel la plupart des gens qui ont fait un jeûne disent avoir connu un regain d'énergie et ne presque plus penser du tout à la nourriture.
Et en effet, j'ai bien connu ce regain d'énergie (en partie causé par l'apparition d'un remboursement inattendu sur mes comptes, pour être honnête). J'étais encore faiblard, mais je n'avais plus l'impression de crever ou d'essayer de battre une addiction à l'héroïne. En fait, l'énergie venait par moment, avec des hauts et des bas. Par contre, si vous me connaissez, vous savez que je porte des shorts toute l'année, et je suis d'habitude plutôt résistant au froid. Mais là bordel, dès que je mettais un pied dehors j'avais l'impression de traverser toute la Sibérie en sidestring. Je n'étais pas très fringant au boulot, mais je pouvais quand même assurer un minimum. Mais la journée m'a épuisé. Et surtout, les fringales sont revenues plus fortes que jamais. Je repensais à toutes ces vidéos de recettes de burgers et de pizzas que j'avais regardées le week-end, et je me faisais des listes de tout ce que je boufferai quand mon jeûne serait fini. Un autre symptôme est apparu : un mal de reins assez persistant. Pour avoir déjà eu des problèmes à ce niveau, j'étais un peu inquiet, même si la douleur était incomparablement plus tolérable. Quelques recherches sur Internet m'ont révélé que c'était un problème rencontré par certains, mais je n'ai pas pu déterminer si c'était vraiment normal ou alarmant pour quelqu'un ayant déjà eu des problèmes rénaux. La douleur allait et venait, se manifestant surtout quand je restais debout.
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Le cinquième jour, cette douleur aux reins avait disparu, ce qui était une bonne nouvelle. Je l'attribuai donc au travail des reins qui purifient l'organisme, travail peut-être plus difficile dans le mien, temple de la malbouffe, que dans celui de la plupart des gens. Par contre, mon énergie était au plus bas. Je ne me sentais pas mal, je n'avais plus mal au crâne ni de nausées, mais je marchais tout simplement trois fois moins vite que d'habitude. Le trajet à pied au boulot devenait interminable, le froid devenait insupportables. Les crampes persistaient et devenaient de plus en plus douloureuses. Et surtout, je n'arrêtais pas de penser à la bouffe, je passais mon temps à faire des listes dans ma tête de tout ce que je boufferai une fois ce calvaire fini. C'est peut-être le point qui m'a le plus déçu : alors que la plupart des gens disent que les fringales sont presque insupportables les trois premiers jours et qu'elles diminuent fortement à partir du quatrième, pour moi c'était l'inverse. Peut-être qu'elles n'étaient pas fortes au début car je connaissais déjà le jeûne intermittent et que j'étais motivé, mais ça n'explique pas pourquoi elles étaient si fortes après, alors que l'organisme est censé s'habituer à l'absence de nourriture. La moindre odeur de bouffe (que je flairais à bien plus grande distance qu'auparavant) était autant un délice qu'un supplice.  Il faut croire que tout le monde ne part pas du même endroit et que mes habitudes de malbouffe sont plus sévères que la moyenne (non, vraiment ?).
C'est donc vers 13h que j'ai pris la décision, le cinquième jour, un mardi. A 14h, je dégustais le meilleur kiwi de ma vie. A 17h, je buvais une bouteille de jus de carotte bio avec délice. Eh oui, car si un jeûne d'une semaine appelle une semaine de préparation préalable, il appelle également une semaine de réadaptation postérieure. On ne peut pas retourner directement à O'Tacos, je crois que ça pourrait être fatal (du coup j'ai attendu le lendemain). Bon du coup, j'ai bien chié sur cette semaine de réadaptation, j'étais vite très ballonné après les repas, mais mon estomac de mithril a tenu le coup. Les crampes ont perduré quelques jours, surtout aux mollets qui me faisait boiter comme un lépreux, mais tous les autres symptômes ont disparu. En revanche, comme prévu, je redécouvris le goût des aliments. Tout ce que je mangeais était deux fois meilleur qu'avant, tout paraissait beaucoup plus sucré.
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C’est donc de là que viennent ces photos de gens hilares dégustant de la salade.
Je n'ai donc pas atteint mon objectif de 7 jours. Rétrospectivement, je ne sais pas comment j'aurai pu tenir le mercredi et le jeudi sans manger, je ne regrette donc pas ma décision. N'ayant auparavant fait que des jeûnes de 24 heures, je trouve que c'est quand même une belle progression, même si j'ai failli mourir. De toute façon, je préfère viser trop haut, parce que si j'avais visé cinq jours, je n'aurai sûrement tenu que trois. Les gens font souvent un jeûne pour remettre à zéro leurs habitudes alimentaires. J'aurais apprécié ce luxe, mais comme vous vous en doutez, je n'y suis pas vraiment parvenu (j'écris ce texte en tapant sur des touches luisant du beurre de ma pizza, oui vous avez bien lu, une pizza avec du beurre). Mais tout de même, j'ai l'impression de beaucoup plus apprécier la nourriture, et pas seulement la malbouffe. J'ai envie de tester toutes les recettes, même des trucs de terroir et des trucs sains, vous vous rendez compte ? Autre chose dont je me suis rendu compte, c'est le niveau d'énergie que j'ai habituellement. Je ne suis pas le mec le plus vif qui soit, mais après avoir vécu ces journées d'apathie totale où je marchais moins vite qu'un vieillard, je me rends compte que j'ai suffisamment d'énergie au quotidien pour faire pas mal de trucs. Maintenant je me rends au boulot en parkour et au lieu de courir après le bus, c'est le bus qui essaie de me rattraper. Sinon la prochaine fois j’essaierai en été.
Rédigé par Jumbo
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somestoriessomewhereelse · 7 years ago
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Monstres
Ceci est un message du Ministère de la Justice. Arrêtons de discriminer les monstres. Acceptons-les tels qu'ils sont. Reportage.
Igor. Une apparence indéfinie, des petits yeux scintillants au travers de cette immense masse sombre, il est partout quand le soleil ne règne plus. Silencieux, plutôt gazeux, il prend tout l'espace de la chambre quand la lampe de chevet s'éteint, et renferme les mystères les plus absolus. Que cache-t-il ? Quels sont ses secrets ? Nul ne sait. Ses armes sont bien connues : un lampadaire qui grille, une ombre qui se faufile sur le mur d'en face. Inventif de ruses pour s’immiscer dans nos nuits, ce n'est en fait qu'un grand solitaire qui cherche un peu de compagnie.
"J'aime simplement regarder les gens vivre et surtout dormir, ils ont l'air si apaisés, si insouciants, bercés par la certitude d'être encore là au petit matin. Parfois je leur laisse un peu d'espace, je vais marcher sous la lune, pour pouvoir la contempler avant que le soleil ne me déchire et me dissipe dès l'aube. Traitez-moi de voyeur si vous voulez, j'assumerai : il n'y a pas de honte à être le gardien des confidences sous la couette."
Erika. Championne de saut à l'élastique et prédatrice sexuelle qui se respecte, elle essaye de s'afficher positive sur les réseaux sociaux, mais manifestement elle n'inspire que la peur, et ça la désole. Elle a tout essayé, toutes les tailles, toutes les formes, à chaque fois elle ne suscite que le dégoût, voire la haine : combien de fois a-t-elle finie écrasée par une tong, aplatie par un dictionnaire ? Et pourtant ne dit-on pas, araignée du soir, espoir.
"Vous savez à quel point c'est dur d'entendre des trucs genre 'Ouais moi c'est pas quand elle est là que j'ai peur, c'est quand elle n'est plus là' ? Et comment je me fais démonter avec tous ces snaps et ces vidéos de moi, mais rip ma réputation quoi. Ok jsuis pas la plus belle, mais bon déso de pas avoir gagné à la loterie génétique hein. Moi au moins je viens pas niquer ton sommeil comme ces petits bâtards de moustiques. Laissez mes poils tranquille, si je veux être velue c'est moi que ça regarde. Et quand vous hurlez que je suis énorme, sérieusement vous diriez ça à quelqu'un dans la rue ? Bah voilà c'est pareil."
Roger. La star des monstres chez les enfants en bas âge. Celui qu'on a jamais vu mais qu'on sait qu'il existe parce que "c'est obligé ! chaque nuit j'entends des bruits bizarres sous mon lit donc y a for-cé-ment quelque chose !!!". Certains décrivent d'immenses tentacules qui font des bruits de ventouse, d'autres sont persuadés d'avoir vu des canines phosphorescentes luire dans la pénombre. La rumeur dit que parfois il sort de sa tanière pour aller se cacher dans la penderie.
"Bon alors que les choses soient bien claires : je ne suis pas un truc hybride mi-calamar mi-hyène mi-ce que tu veux. Et je vis pas non plus sous ton lit non mais t'as vu à quel point c'est dégueulasse ? Au mieux c'est juste hyper poussiéreux, au pire c'est la poubelle des chips pas finis, des mouchoirs qui j'espère sont juste les vestiges d'un rhume tenace, et d'une quantité indénombrables de bibelots en tout genre. Tu sais à quel point ça fait mal de marcher sur un Lego ? Non ? Bah moi si et clairement je m'approche plus jamais du lit d'un gosse. Par contre pour la penderie c'est vrai, c'est super confortable toutes ces doudounes. Mais t'inquiète, je sortirai du placard un jour."
Pierre. Promenons-nous dans les bois pendant qu'il n'y est pas, comme dit la comptine. Le Grand Méchant Loup a sa réputation à travers les âges. Prédateur des petites filles et des animaux taquins, sa légende d'être néfaste n'est plus à construire. Chassé dans la plupart des histoires et des jeux, il est la figure de terreur infaillible : "fais ceci, sinon le loup viendra te croquer dans ton sommeil", est devenu une tagline récurrente en matière d'autorité. Ses canines carnassières font pâlir les récalcitrants, et sa longue queue touffue laisse un souvenir d'effroi même aux plus téméraires. Et pourtant, sa légende, comme toute les légendes, et bien... n'est qu'une légende.
"Mon histoire n'est pas un conte de fées, mais les contes de fées ne sont pas mon histoire. Tout ce que vous avez pu lire à mon sujet est faux, archi-faux. Le Petit Chaperon rouge ? Une allumeuse qui voulait tester un trip exté xxl. Les trois petits cochons ? Des mythomanes compulsifs, je suis végétarien moi vous savez. Et qu'on ne vienne pas me parler de cet agneau de malheur ! J'étais là tranquille à siroter mon mojito sans alcool et il se ramène comme ça pépère à me taper la causette alors que y a tout le reste de la terrasse de libre. Je ne suis pas méchant, je veux juste qu'on me foute la paix une bonne fois pour toutes !"
Moïstra. Un beau soleil, on croit que ça va durer et soudain elle se ramène avec son armée de nuages, sa pluie et ses éclairs. Et ça gronde, et ça flash, et ça mouille. Son et lumière, tristesse et colère. Une tempête d'émotions qui s'abat sur tout et tout le monde, un déferlement vertical sans foi ni loi. Il n'y a plus qu'à se réfugier, et attendre qu'elle sèche ses larmes, épuisée.
"*snif snif* C'est pas ma faute si je suis une hypersensible ! J'essaye de me contenir mais... impossible... (elle se mouche dans un nuage) Je sais que je pète des éclairs, et des câbles de temps en temps, que je suis la folle trop perchée dans le ciel, je le sais ! Trop d'émotions... mais je vous vois d'en haut, on est tous pareils, on a tous nos faiblesses... Comprenez-moi, c'est pas facile quand on s'étale sur des kilomètres, je peux pas tout contrôler... Par contre je peux contrôler les rumeurs ! Genre JE NE SORS PAS AVEC IGOR C'EST JUSTE DES COÏNCIDENCES SI ON SE CROISE LA NUIT."
Joseph. Une vie des plus ironiques. Comique pâlichon des cours de récré, il est devenu un bouffon arc-en-ciel avant de sombrer dans la terreur et autres crimes. Il parle peu, mais son rire vous glace le sang. Son sourire découpé au couteau dans un visage au maquillage délavé n'a plus rien d'amusant. Et ses pitreries "juste pour rire" sont une farandoles d'humiliations et d'horribles mesquineries immorales. Le ballon qui gonfle en forme de caniche et qu'il fait éclater sans pitié, le klaxon qui résonne jusqu'au fond des cauchemars, et ce nez rouge sang qu'il faut absolument toucher, mais pourquoi, pourquoi ? Y a-t-il encore un homme derrière le masque ?
"Le cirque à changé. Le chapiteau ne fait plus rire les petits et les grands. J'ai changé, aussi. J'ai vieilli. J'ai bu. C'est ce qui arrive quand on est triste. J'ai toujours été triste, mais les rires des autres était une mélodie qui me guérissait. Et puis, je sais pas. Il fallait en faire toujours plus, aller toujours plus loin dans l'excès. "Joseph, sois plus coloré, le noir et blanc c'est pathétique !", "Joseph, mets un peu ta vie en danger, c'est drôle ça !", Joseph ceci, Joseph cela. Et bien à force de changer, on se perd. Je me suis perdu. Et j'ai perdu pied. Et je le regrette."
Sakkarana. Il est grand, si grand que ça défie toutes les lois. Des mètres et des mètres de hauteur, forcément ça impressionne. À son image, les grands espaces lui procurent émerveillement et réconfort, mais aussi l'adrénaline du danger : être sur le toit d'un gratte-ciel, au bord d'une falaise océanique, ou simplement sur un pont surplombant une rivière. La profondeur de l'espace sous les pieds le remplit de joie – amusant, comment il arrive à faire du plein avec le vide. Mais ce même vide terrifie les autres, si bien qu'il passe la plupart de ses journées seul dans ses quartiers haut perchés, espérant simplement un peu de visite parfois.
"Comment je vais ? La vérité, c'est que je vais mal ! Je n'ai jamais été amoureux. Je sais, c'est pas si grave, mais moi ça me pèse de solitude. Quand je vois les petits couples sur les bancs, les terrasses des restos, ou même au chaud devant leur "hashtag Netflix and chill hihihi" ohlàlà mais pfff ça m'énerve. Je sais que c'est de la pure jalousie, mais moi aussi j'aimerais avoir quelqu'un à emmener dans mes coins préférés. Passer un week-end sur les plus grandes pistes d'escalade, ou juste se pencher depuis les plus hauts balcons et contempler la ville au soleil couchant. Sans l'entendre se mette à crier et flipper quoi."
Alrriadiat. Princesse de l'Orient et magicienne sans limite, elle hante les cauchemars des écoliers depuis l'aube des temps (et les fantasmes d'adolescents plus... éveillés). Dans ses yeux émeraude scintillent les écailles du serpent sournois, qui vient avec ses calculs et ses plans machiavéliques.Son regard félin est celui d'un sphinx glorieux, et son corps de dunes appelle un grand mystère : y a-t-il plus de grains de sable sur cette plage ou d'étoiles dans le ciel ? Sa baguette magique trace des figures complexes sur le tableau noir, et des nombres sans fin dans l'esprit tourmenté des enfants. Digne héritière des compteurs d'aujourd'hui et d'antan, elle raconte un cauchemar éternel connu sur le bout des doigts.
"Personne ne voit la beauté des chiffres, le sublime pour celui ou celle qui s'ouvre aux mathématiques. La peur n'est que la porte d'entrée vers un monde fabuleux, ordonné, logique et esthétique. Et la clé est en chacun de nous, il suffit d'avoir la curiosité de la chercher."
Paul. L'océan. L'immensité du bleu infini. Et lui, roi couronné des mers, dirigeant les eaux d'une main de fer – d'une main... ou plutôt de huit. Huit membres souples pour un règne ferme. Il adhère à tout ce qui en vaut la peine, et fait claquer ses fouets tentaculaires au moindre débordement. Un vague de peur submergée par un tsunami de dégoût, voilà ce qu'il inspire. Des mauvais rêves aussi noirs que son encre, rythmés par le clapotis de ses ventouses visqueuses. Des rêves qui hantent les enfants comme les plus célèbres pirates.
"Je ne comprends pas ma mauvaise réputation. Enfin si, je comprends d'où elle vient : c'est la faute de ces fichus Disney : Ursula, le poulpe dans Peter Pan, nous les octopodes on a toujours le mauvais rôle ! "Ohlàlà il est répugnant, maman regarde comme il est moche !", voilà ce que j'ai toujours entendu depuis mon aquarium aseptisé. Ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi ? Je veux juste de l'amour, avoir quelqu'un autour duquel m'enrouler, faire des petits suçons discrets, et c'est tout. Quelque chose de simple, de beau, pour une fois."
Octave. L'écran s'allume, et il est là. Sur tous les supports, pour tous les publics, c'est le roi du numérique. Plat comme une crêpe mais lumineux comme le nouveau soleil de ta vie, il est partout avec toi. Interface sociale, source d'information et de divertissement, il semble inoffensif. Et pourtant, gare à toi si tu le laisse se mettre en veille : alors de rage sa face ténébreuse viendra te hanter même jusqu'au fond des toilettes. Gouffre sans lumière, trou noir de l'attention, il quémandera ta présence et sera prêt à te terroriser pour ça. Au fond ce n'est qu'un narcissique des temps modernes, un peu comme vous et moi.
"Bon, j'admets que je suis parfois oppressant. Mais je suis usé de tous les côtés, alors autant que ce sont utile. Parce que les gens qui me turn on juste pour voir l'heure et hop me reverrouillent, ça va cinq minutes. J'ai le droit de dormir tranquille moi aussi."
Hector. Le monstre rocailleux des tunnels. Cette masse immense qui grogne dans la pénombre, et dont tu ne veux surtout pas t'approcher, car tu sais ce qu'il va se passer s'il se met en mouvement : tu vas de voir courir. Courir très vite, très très vite pour lui échapper. Et ce fichu tunnel qui n'en finit pas, la lumière semble toujours plus loin, et les graviers te mettent les pieds en sang. Mais tu cours, tu cours sous les néons grésillants, tu cours à travers les vapeurs d'hôpital, tu cours même si ça n'a aucun sens. Et tu te réveilles, en sueur. Ouf, ce n'était qu'un rêve.
"Vraiment ? Car j'ai très envie de te faire un câlin."
Caligula. Nymphe originelle présente depuis la nuit des temps, elle aime s'étendre là où la vie peut s'éveiller – et d'ailleurs elle en est la source. Ses courbes océaniques s'échouent sur les plages du monde entier, et ses yeux azur ont contemplé les navigateurs de toutes les époques. Aujourd'hui sa vue est troublée par la pollution et certains étangs et lacs sont désertés de dégoût. Son corps se meurt petit à petit, abandonné des créatures qu'elle a pourtant engendrées.
"De l'ingratitude envers les anciens, voilà ce que c'est. Je leur ai tous donné naissance, je les abreuvés, je les ai nourris, ils ne sont rien sans moi. Et maintenant que j'ai besoin de leur aide, de leur respect, de leur protection, ils me souillent avec leur rejets et leurs produits chimique. Qu'ils ne viennent pas se plaindre si j'abrite des trucs chelous : je suis malade et je n'ai pas la force de me défendre. À eux de prendre soin de moi et je leur offrirai les merveilles d'antan ! Je ne veux plus être la vieillarde aigrie qui râle sur tout le monde, je veux redevenir cette belle femme d'autrefois qui avait tout à offrir ! Des déferlantes de sourires ! et des vagues d'amour !"
Tnaén. Qui n'a jamais connu ce vertige face à l'Univers, face à l'immensité de cet entité qui englobe tout ? Qui n'a jamais hésité à avancer sur un chemin inconnu ? Qui ne s'est jamais senti ridiculement petit dans la grandeur de ce qui l'entoure ? ou profondément abandonné, perdu dans le vaste infini des possibles ? Qui n'a jamais été paralysé devant Tnaén ? Personne.
"Et tu sais c'est quoi le pire ? Dans ta vie, tu auras souvent ce sentiment d'être seul, alors qu'en réalité tu ne seras jamais seul une seconde. Tu seras toujours entouré de tes angoisses et de tes doutes, mais de tes rêves et des désirs. De tes larmes et de tes rires. De tout ce qui fait que toi, tu es toi. Et tout ça, c'est immense, c'est déroutant, et bien sûr que ça fait peur. Et quand tu auras peur de l'infini que tu représentes, mais surtout du fait que cet infini est complètement négligeable comparé à tous les infinis de tous les univers, de tout ce qui a été, qui est, qui peut être et qui sera, alors je serai là pour te tenir la main et t'aider à faire un pas de plus."
Ibu. Vieux maître sur son arbre perché, avait en lui l'expérience. Et il le faisait savoir au reste de la forêt, mais avec peu de clémence. Son mépris de la jeunesse insouciante était bien connu, et sa voix interpellait tout ado qu'il avait en vue. L'amour n'existe pas, l'amour est mort, l'Amour est Mort !, son pessimisme lui est bien là. Vous vous sentez comme une plume, aussitôt vous marchez sur la lune ! Mais au moindre faux pas, la mort elle, ne vous rate pas. Il pointe du doigt les amoureux transis, leur fait peur, les terrifie, mais que peut bien cacher son coeur ? sinon de la rancoeur et de la suie.
"L'amour est une foutaise ! C'est ça que les livres devraient raconter, pas ces histoires de conte à dormir debout. Moi, je le sais ! J'ai cru à l'amour, et ça ne m'a jamais apporté que des emmerdes. Il est de mon devoir d'en avertir les autres. C'est tout."
Annabelle. Ta meilleure amie, jusqu'à ce que le rêve tourne au cauchemar. Reine des poupées, ses grands yeux bleus et vides te fixent avec attention quand tu lui brosses les cheveux, quand tu la berces dans tes bras, quand tu la poses sur ta table de chevet avant d'éteindre la lumière, quand sa silhouette se découpe dans une obscurité pas assez totale. Atteinte de troubles de la personnalité, le personnage angélique qu'elle a toujours rêvé d'être s'éteint avec le soleil, et d'une mignonne petite fille inanimée elle devient cette détestable furie cadavérique qui te dévore l'âme dans ton sommeil. Et gare à toi si tu essaies de fuir, car malgré elle elle courra pour te rattraper. Et elle court vite. Mais toujours en silence, car elle n'a plus rien à dire. Elle a juste à te regarder.
Nicolas. Une masse de cheveux moutonneux et verdâtres sur un frêle corps pâle et malingre, il a l'air complètement dépassé le pauvre petit – périmé, on se dit à son odeur si rebutante. Complexé de tous les côtés, humilié par tous les autres légumes dans la cours de récré, et pourtant il n'a rien fait de mal. Mais les enfants sont ce qu'ils sont, et la cruauté n'a pas d'âge. Ah, si seulement il était comme son idole, Mister Choufleur, hyper populaire, toujours présent dans le gratin. Sa toison lumineuse, sa fragrance un peu sucrée... mais non, il n'est que lui, pauvre petit rejeton relégué au fond de la classe.
"Je les comprends, les enfants. Je ne suis pas appétissant ! Je mérite mon surnom, Brocolique... Moi non plus je ne me serais pas choisi si j'avais été à côté des frites, des hamburgers et des bonbons. Mais avec mes bestas l'asperge et l'endive on va monter une assos' de soutien pour les végétaux abandonnés, ça va être stylé ! On lâche rien !"
Saru. Qui est-il ? D'où vient-il ? La science peut y répondre, mais nous ? Que pensons-nous de cet animal qui nous ressemble tant ? Il est notre ancêtre, notre racine dans l'arbre de la Vie. Il crie, il hurle, il regarde de travers. Ses intentions sont incertaines, il pourrait être une menace, à comploter comment dominer le monde. Si, c'est possible ! Y a eu des films là-dessus ! Son visage dur et impassible est à se demander où est la frontière entre fiction et prédiction. Et pourtant, à y regarder de plus près, une certaine lueur brille dans ses pupilles. À bien le regarder, sans animosité ni préjugé, un air familier se dessine sur son visage hirsute : le sourire de celui qu'on ne trompe pas – puisque ce n'est pas au vieux singe qu'on apprend à faire la grimace. Peut-être est-il simplement le reflet de l'homme.
"L'humain derrière la bête ou la bête derrière l'humain ? Moi je pense que si je leur fais peur c'est que je leur ressemble trop."
Camille. Sa grande faux en main et sa cape noire sur les épaules, sillonnant les rues à la recherche de sa prochaine victime. Tout le monde y pense, à chaque instant, pour chaque situation. Vais-je mourir ? quand ? et comment ? Serais-je seul ou accompagné de ma famille ? Aurais-je des regrets ? Est-ce que ce sera douloureux. Oui, tout le monde a peur de mourir. Et personne ne veut croiser Camille sur son chemin avant d'avoir décidé qu'il était temps de partir. Hélas, c'est Camille qui vient frapper à ta porte. Et Camille ne marchande pas.
"Je les comprends, après tout je ne donne aucune explication. Mais je ne prends pas les vies comme ça me chante. Je ne suis pas Dieu, je ne suis pas là pour que justice soit faite. C'est aux humains de décider de leur sort ; et pas de leur propre personne, mais du sort de tous. Je  ne règle pas les inégalités, comme ils disent, ce sont les meilleurs qui partent les premiers. C'est vrai, en quelque sorte. Je ne veux pas calmer leur haine, et encore moins leur peur : avoir peur de moi, vouloir me fuir, c'est la meilleur façon de vivre une vie accomplie. Mon job, c'est de les pousser toujours plus loin en avant. Et si je fauche des innocents, c'est pour que la règle la plus importante ne soit pas oubliée : tout ce qu'il leur a été donné, un jour leur sera repris."
Je n'ai pas de nom si ce n'est le tien, pas d'histoire si ce n'est la tienne. Tous les jours tu me vois derrière le miroir, quand tu te maquilles ou quand tu te rases, quand tu te brosses les dents d'un air discret, quand tu te recoiffes devant une galerie, quand tu prends un selfie en toute insouciance. Je suis là, et je t'observe. Je te regarde vivre depuis ta naissance, et je ne te lâcherai pas. Tu n'as évidemment pas peur de moi, tu as d'autres soucis : des animaux que tu ne peux mêmes pas voir dans un zoo, un contexte nocturne peu favorable, ou des créatures en tout genre autour de toi. Et bien tu devrais. Tu penses me connaître, me contrôler, mais tu ne sais pas de quoi je suis capable. Et surtout, tu n'as aucune idée du moment je serai enfin libre.
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