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La sonnerie aigrelette retentit, tandis que dehors l’automobiliste pressé faisait des appels de phares. Un nerveux. Un Parisien. Ils étaient six en java dans une vieille Simca pourrie. Deux nénettes qui se faisaient peloter et quatre mecs complètement allumés. — Alors, esclave, fit le chauffeur, c’est pour aujourd’hui ou pour demain ? — Combien ? demanda Bensoussan sobrement. — Le plein. Tandis qu’une des nanas se lançait dans un long ululement hystérique, deux mecs se mirent à rythmer sur les portières un air de reggae qui sortait de l’autoradio poussé à fond. Bensoussan connaissait ce genre de largués, chercheurs de salades. Par le biais du rétroviseur, le chauffeur ne le quittait pas des yeux. Bensoussan le sentait. Ne pas regarder. Il ne savait que trop ce qu’un simple coup d’œil peut avoir parfois de provocateur. Prudent, il décida de n’accepter que de l’argent liquide. C’était le genre de loulou à payer avec un chèque en bois. Ou à ne pas payer du tout. Cloc, fit la pompe qui en avait à ras du goulot. Vroummm, lui répondit soudain l’embrayage de la Simca en s’arrachant au ciment de la station-service. Ils étaient déjà dans l’avenue Philippe-Auguste que la pompe lui pissait encore sur les pieds. C’était le genre à ne pas payer du tout. (Alain Page, Tchao Pantin, 1982).
Coligny, Ain.
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