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INTERVIEW - Fat White Family, thérapie rock
Coup de maiÌtre pour le 3e album du groupe punk le plus deÌjanteÌ dâAngleterre. Interview sans filtres.
Serfs Up! aurait pu ne pas voir le jour. Fat White Family aurait pu ne plus exister, rongeÌ par ses deÌmons inteÌrieurs. Mais, apreÌs des anneÌes aÌ dynamiter la sceÌne londonienne en se droguant outrageusement et en buvant jusquâaÌ plus soif, la bande de musiciens a froÌleÌ la catastrophe lorsque le guitariste Saul Adamczewski a duÌ quitter le navire, deÌvoreÌ par lâheÌroiÌne. Au deÌtour de notre conversation dans les bureaux parisiens de leur label, le teint livide et lâĆil deÌlaveÌ, il nous explique sa deÌfinition de la liberteÌ : âDire et faire ce que tu veux, meÌme si câest abusif.â
Son complice Lias Saoudi, chanteur et principal songwriter des Fat White, est alors parti prendre lâair aÌ Sheffield : âCâest une ville eÌloigneÌe de la folie du quotidien, qui nous a apporteÌ plus de temps, plus de discipline⊠et de sobrieÌteÌ.â AccompagneÌ de son freÌre Nathan, qui officie aux claviers du groupe, il a accueilli avec soulagement le retour du sale gosse Adamczewski. Ce qui amuse la presse depuis 2013, date de sortie de leur premier album, Champagne Holocauste, qui aurait pu les tuer : de lâexceÌs en tout genre du matin au soir. De quoi donner des performances incontroÌlables comme des chansons 100 % punk. âNotre indeÌpendance tient au fait que nous sommes lieÌs par le fun, lâhumour, nos reÌfeÌrences, explique Saoudi. Mais câest une bataille constante.â Si Songs for Our Mothers (2016) enfonçait le clou dâun rock sans concession, Serfs Up! est eÌtonnamment plus construit, plus accessible peut-eÌtre, âmoins chaotiqueâ dâapreÌs Adamczewski, mais toujours visceÌralement radical. Il repreÌsente une revanche sur le destin qui aurait pu connaiÌtre une issue tragique : âChez nous, tout nouvel album est une victoireâ, sourit Saoudi. âUne petite victoire, poursuit Adamczewski. Faut bien faire le boulot. On sâest infligeÌ tellement de trucs, on a tellement rendu notre vie tellement merdique quâon se reÌjouit deÌjaÌ beaucoup dâeÌtre laÌ et de pouvoir meÌme chanter des chansons.â
Serfs Up! est engageÌ, comme tous les disques de Fat White Family. âLa monteÌe du populisme nâa plus rien a voir avec la classe ouvrieÌre qui se souleÌve partout dans le monde, commente Saoudi. Comme sâil y avait une erreur de reÌvolution. Certains vont jusquâaÌ reÌclamer moins de pouvoir. Câest un eÌchec, et câest tellement ironiqueâŠâ Mais quâon nâaille pas leur parler de protest songs, meÌme si des titres comme âTastes Good With the Moneyâ, qui profite de lâintervention de Baxter Dury, nâen sont pas si loin. Lorsquâon eÌvoque un des vers de lâalbum, âDown the bright white apology of my skinâ, Saoudi reÌpond : âOn ne sait pas si câest sur la race, lâalieÌnation, le viol, lâamour, la tendresse, la guerre, la violence, la chair⊠Tout ce qui fait notre monde, pour lâembellir ou le contaminer.â
Dans le clip de lâouverture de Serfs Up!, âFeetâ, on voit les membres de Fat White Family rejouer un inquieÌtant remake de Querelle de Fassbinder, lui-meÌme inspireÌ de Querelle de Brest de Jean Genet. Lâombre des reÌgimes fascistes du passeÌ, qui les ont toujours questionneÌs, habitent la videÌo.
Cette proposition teÌmoigne de la curiositeÌ intellectuelle dâun groupe qui fait mine de ne pas eÌtre trop malin, et qui refuse de se montrer sous son meilleur jour : âLes gens attendent de lâartiste quâil soit cool et sympa, et ça, câest au-dessus de nos forces, sourit Saoudi. Nous ne sommes pas laÌ pour les reÌconforter face aÌ la culture de la peur ambiante, juste pour leur montrer quâils ne sont pas seuls, que nous aussi on remonte nos manches pour affronter le reÌel.â Car le rock demeure leur eÌchappatoire (et un excellent preÌtexte pour rester en vie), comme lâaffirme Adamczewski : âLa musique, câest la seule theÌrapie disponible facilement pour nous.â
Sophie Rosemont
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[INTERVIEW #205] Fat White Family sortent aujourdâhui leur excitant troisiĂšme album âSerfs Up!â plus hi-fi et sexy quâĂ leur habitude. Avant leur concert du samedi 13 juin Ă lâElysĂ©e Montmartre, on a rencontrĂ© leur Ă©rudit leader Lias Saoudi qui nous a parlĂ© de Moyen-Ăge, de libertĂ© de pensĂ©e et d'addictions diverses et variĂ©es.
Votre nouvel album sâappelle âSerfs Up!â. Pouvez-vous nous dĂ©tailler ce titre ?
Lias : Le terme âSerfsâ fait rĂ©fĂ©rence aux paysans du Moyen-Ăge qui nâĂ©taient pas libres. Ce titre est un cri de rĂ©veil. Câest juste un commentaire sur le paysage culturel et politique actuel. Comme pour sâopposer Ă cette situation oĂč voit les masses oppressĂ©es qui se dressent ensemble et qui votent pour encore plus dâoppression.
Aujourdâhui, câest comme si on retournait Ă une Ă©poque moyenĂągeuse ?
Lias : Oui, on peut se dire cela en regardant le Brexit, Trump ou les autres choses de ce type. Câest la mauvaise rĂ©volution. Je pense que câest un terrible marĂ©cage dâhypocrisie que le monde expose en ce moment.
Dans le vinyle de lâalbum il y a un poster dessinĂ© en noir et blanc sur lequel on te voit torse nu entourĂ© par Therese May qui tient la tĂȘte de Boris Johnson empalĂ©e sur un piquet et David Cameron qui se fait dĂ©couper la tĂȘte Ă la tronçonneuse par quelquâun ! Peux-tu nous parler de ce dessin ? Et qui est la dernier personnage qui tient la tronçonneuse ? [Le poster est Ă voir par ici]
Lias : On a aussi mis le visage de Saul [Adamczewski, guitare] sur Theresa May ! Câest un ami Ă nous nommĂ© Neil Fox qui a fait ce dessin. Neil est un artiste excellent. Le dernier personnage est en fait Nathan [Saoudi, claviers], câest mon petit-frĂšre. Il est devenu un compositeur clĂ© sur cet album pour la premiĂšre fois. Il a Ă©tĂ© un contributeur plus proĂ©minent.
Lâaspect mĂ©diĂ©val se retrouve dans la bande-annonce de lâalbum [Ă voir par lĂ ] sur laquelle on te voit gravir une montagne tout seul en portant une sorte de trĂŽne, avec Ă lâarriĂšre des chants grĂ©goriens. On retrouve cette montagne sur la pochette aussi.
Lias : Oui tout Ă fait. La vidĂ©o Ă©voque surtout la futilitĂ© de cette tĂąche qui sâapparente au mythe de Sisyphe oĂč le personnage soulĂšve sans fin sa grosse pierre ronde tout en haut de la colline. Cette lutte sisyphĂ©enne est un des thĂšmes de lâalbum avec la nature et le paganisme.
Une fois arrivĂ©s en haut, on se rend compte quâil nây a personne dans votre royaume !
Lias : Notre royaume est bien vide en effet ! (Rires)
Lâalbum a apparemment failli sâappeler âDash the Hengeâ. Peux-tu nous dire pourquoi ?
Lias : On voulait commencer un mouvement politique pour avoir lesStonehenges [monument mĂ©galithique du Nord de lâAngleterre, plus dâinfos par ici] couvertes de crĂ©pi. A lâendroit oĂč jâai grandi en Irlande du Nord, les gens vivent dans des bungalows, pas dans des maisons. Les bungalows sont tous couverts par ces pierres brisĂ©es. Ce sont des sortes de pierres minuscules. Jâai toujours Ă©tĂ© dĂ©routĂ© quand jâĂ©tais petit et je me demandais : âPourquoi ils mettent ce truc merdique sur les bĂątiments ?â. Câest un peu lâeffet dĂ©coratif le plus Ă©pouvantable. Cela me rappelle mon adolescence qui ne sâest dâailleurs jamais vraiment passĂ©e ! (Rires) Cela me rappelle surtout lâennui de ma jeunesse. Beaucoup vient de cette pĂ©riode. On a donc trouvĂ© que ce serait amusant si on lançait ce mouvement et quâon cherchait Ă obtenir du support. On a mĂȘme lancĂ© une pĂ©tition au Parlement Ă ce sujet ! (Rires)
Dans cet album vous parlez donc notamment de Moyen-Ăge. Dans vos disques prĂ©cĂ©dents vous abordiez dĂ©jĂ des sujets liĂ©s Ă des personnages historiques, principalement du XIXĂš et du XXĂšme siĂšcle cette fois. On peut citer notamment les morceaux I Am Mark E Smith [leader du groupe The Fall, infos par ici] et I Am Joseph Stalin que vous aviez sortis sĂ©parĂ©ment [en 2014] ainsi que When Shipman Decides [tueur en sĂ©rie, plus dâinfos ici] et Goodbye Goebbels [puissant dirigeant du rĂ©gime nazi sous Hitler] sur votre prĂ©cĂ©dent album âSongs for Our Mothersâ [2016].
Lias : Lâhistoire et la politique sont des sujets intĂ©ressants Ă traiter. Jâai toujours Ă©tĂ© passionnĂ© par ces choses lĂ . LâHistoire et la littĂ©rature sont deux de mes intĂ©rĂȘts principaux, autant que la musique. On est tous inspirĂ©s par lâHistoire dans le groupe, câest une des choses qui nous relie dâailleurs. Quand on a commencĂ© Ă vivre ensemble il y a 10 ans avec Nathan et Saul, on avait lâhabitude de prendre beaucoup de cocaĂŻne et de discuter de sujets Ă©pineux de politique. On passait des nuits Ă avoir des dĂ©bats sur cela, torses nus avec un verre de vin Ă la main entre deux Ă©coutes de Bruce Springsteen. On prĂ©tendait ĂȘtre des gens sophistiquĂ©s ! (Rires) On parlait de tous types de sujets politiques, pas seulement en rapport avec la Grande-Bretagne. Ce qui est important est la discussion. Pour moi, câest juste un autre Ă©lĂ©ment esthĂ©tique qui peut alimenter ce quâon fait. Cela rend les chansons dâautant plus intĂ©ressantes quand on les resitue dans un autre point de lâHistoire. Ce sont juste des choses que lâon peut utiliser pour lâĂ©criture afin de dĂ©clencher des Ă©lĂ©ments diffĂ©rents dans la conscience des gens. On peut Ă©crire un morceau qui est une chanson dâamour, comme Goodbye Goebbels que jâai Ă©crite au sujet de ma relation avec Saul, mais je la trouve beaucoup plus intĂ©ressante si je la transforme en la relation entre Hitler et Goebbels, je trouve que câest un bien plus grand challenge. Câest plus difficile dâen faire quelque chose de rĂ©ussi et que les gens apprĂ©cient.
Câest en effet un sentiment Ă©trange de profiter dâun morceau qui parle de tels individus, comme Ă©galement la chanson sur le serial killer Shipman dans When Shipman Decides.
Lias : Oui, je pense quâune partie de nos choix est causĂ©e par lâesprit contestataire quâon a. Parce quâil y a une sorte de vague de culture de paix et de signaux de vertu en ce moment que lâon voit partout, que ce soit Ă Hollywood ou dans lâindustrie musicale. Il y a une sorte de climat de peur. On ne peut pas toucher Ă certaines idĂ©es. On Ă©rige certains prĂ©ceptes de sujets Ă ne pas aborder. Je pense que câest paradoxalement quelque chose de dangereux.
Dâhabitude, les sujets en rapport avec la pĂ©riode nazie font partie de ceux-lĂ .
Lias : Oui on ne peut pas parler de ceci ni de cela. Je ne suis pas vraiment dans ce mouvement. Lâart doit ĂȘtre une forme dâexpression dâun individu libre dâaborder ce quâil souhaite. Câest ton choix de te tracer un chemin dans le chaos de la vie, tu devrais ĂȘtre autorisĂ© Ă une libertĂ© totale de pensĂ©e pour accomplir cela. Je pense quâil y a une absence de provocation. On en voit peut-ĂȘtre dans dâautres genres musicaux, mais pas dans la musique alternative avec des petits jeunes blancs Ă guitare. Cela ne correspond pas vraiment ! (Rires)
Dans votre nouvel album âSerfâs Up!â, vous avez trois morceaux qui font rĂ©fĂ©rence Ă quelquâun : Bobbyâs Boyfriend, Oh Sebastian et Kimâs Sunset. Sâagit-il de vraies personnes ? Si oui, peux-tu nous dire qui sont ces gens ?
Lias : Pour Bobbyâs Boyfriend, je ne peux pas vous le dire. Câest Ă propos de deux personnes diffĂ©rentes et de deux histoires dĂ©corrĂ©lĂ©es concernant des gens que je connais. Pour Oh Sebastian, câest une ode aux grands SĂ©bastien de lâHistoire, quâil sâagisse deSebastian Horsley [artiste anglais notamment connu pour s'ĂȘtre volontairement fait crucifier, plus dâinfos par ici], Saint SĂ©bastien [martyr romain, plus dâinfos par lĂ ] ou encoreSĂ©bastien Melmoth qui est le pseudonyme dâOscar Wilde quand il a eu ses mauvais jours en France. Câest Ă propos de toutes ces personnes, mais Ă©galement de mon meilleur ami Alexander Sebastian Sebley [ancien membre du groupe et qui a dĂ©sormais son propre projet Pregoblin]. On sâĂ©change des idĂ©es depuis longtemps. Cette chanson concerne la beautĂ© et lâĂ©rotisme du plagiat. (Rires) On se volait les idĂ©es lâun et lâautre. Ou comme il le voyait, je lui volais des idĂ©es. Je lui disais : âJe ne vole pas directement tes idĂ©es et si câest le cas câest un peu ma façon assez sociopathe de te montrer Ă quel point je tiens Ă tes idĂ©es et donc Ă toi.â Kimâs Sunset est Ă propos de Kim Jong-il [qui a dirigĂ© la CorĂ©e du Nord de 1994 Ă 2011, ensuite remplacĂ© par son fils Kim Jong-un]. On lâimaginait quitter une soirĂ©e dans son palace, marcher jusquâĂ son balcon et regarder son royaume dâen haut. Une larme solitaire coule de son Ćil parce quâil en a marre dâĂȘtre le chef. Câest lâimage du dictateur qui au fond a du cĆur. Il regarde ses ogives non utilisĂ©es et il fait preuve dâempathie avec celles-ci. (Rires)
Il a tout le pouvoir mais aucun ami.
Lias : Une fois encore, câest un peu ce quâon ressent parfois dans un groupe comme cela. Des gens nous Ă©coutent maintenant mais est-ce une bonne chose ? A Sheffield, lĂ oĂč je suis maintenant dans le Nord de lâAngleterre, je nâai aucun ami lĂ -bas. Je suis encore plus seul que quand jâai commencĂ© le groupe.
Quand vous avez du temps en studio, cela doit ĂȘtre un peu solitaire.
Lias : Quand on se déplace à Sheffield pour quelques mois pour faire un album, on se sent seuls oui !
Vous avez utilisĂ© le mĂȘme studio que pour votre prĂ©cĂ©dent album âSongs for Our Mothersâ [2016] ?
Lias : Non, on en a utilisĂ© un autre. On a construit notre propre studio qui sâappelleChampZone. On a dĂ©mĂ©nagĂ© lĂ -bas maintenant. On avait dâabord un tout petit studio, puis quand on est venus faire lâalbum, au lieu de passer du temps Ă enregistrer dans des studios Ă droite Ă gauche, on sâest dits que ça allait prendre plus de temps que ce quâon avait prĂ©vu parce que câest presque toujours le cas. Câest bon aussi pour nous de pouvoir rester autant quâon veut dans le studio et dâavoir les moyens pour la production. On a fait 2/3 de lâalbum lĂ -bas pour en avoir les fondations puis on lâa fini Ă Londres avec notre producteur de longue date Liam D. May qui est le directeur du label Trashmouth [sur lequel Fat White Family avait sorti son premier album âChampagne Holocaustâ en 2013].
Les deux frĂšres Nathan et Gamaliel de Sweat [notre interview par ici] ont co-Ă©crit et co-produit le morceau Feet, nâest-ce pas ?
Lias : Oui. Cela a commencĂ© par une dĂ©mo avec Dante, Gam, mon frĂšre Nathan et moi Ă Sheffield. On a passĂ© deux jours dans un petit studio avec beaucoup de kĂ©tamine, de la LSD et des claviers. Mon frĂšre et moi sommes le type opposĂ© de musiciens par rapport Ă eux. Ils sont hyper entraĂźnĂ©s et efficaces ! MĂȘme quand ils sont complĂštement dĂ©foncĂ©s, ils tiennent la baraque et travaillent sur toutes les machines ! (Rires) Il y avait donc une paire de frangins fonctionnelle et une paire totalement dysfonctionnelle ! On se complĂ©tait pas mal ainsi ! Ils ont beaucoup apportĂ© au morceau. On a travaillĂ© avec pas mal de gens diffĂ©rents sur cet album.
Vous avez notamment fait intervenir les deux membres Ben Romans-Hopcraft [guitare] et Alex White [saxophone] du groupe Insecure Men.
Lias : Absolument, eux aussi sont des musiciens multi-instrumentaux trĂšs talentueux. Ils crĂ©ent de trĂšs belles harmonies. Ils Ă©taient lĂ sur la production de presque tout lâalbum. Lâalbum est auto-produit, câĂ©tait une sorte de co-production avec eux en fait. Cela apporte un autre niveau de fluiditĂ©.
Tu joues sur lâalbum ?
Lias : Je sais jouer de la guitare, mais sur lâalbum je ne joue presque rien. Tout est jouĂ© par Saul, Nathan, Dante, Gam, Ben, Alex, Marley Mackey ou encore Dean Honer. Clive Langer est venu co-produire les morceaux Rock Fishes et Feet. Bridget Samuels fait des cordes pour Mica Levi [en particulier sur les bandes-originales des films âJackieâ [2017]et âUnder the Skinâ [2017] ], elle a fait des arrangements de cordes sur quelques morceaux. CâĂ©tait une plus grande Ă©quipe que par le passĂ© !
Il y a Ă©galement Baxter Dury que lâon entend chanter sur le morceau Tastes Good with the Money.
Lias : Oui ! Câest un vieil ami de Saul, il a travaillĂ© avec lui sur son premier projet [Baxter Dury avait produit en 2008 le premier et unique album âMore Money Less Griefâ du groupeThe Metros dont Saul Ă©tait le chanteur]. Câest une chanson Ă propos de lâOuest de Londres et sur une sorte de grand manitou. On a pensĂ© que Baxter serait parfait comme sorte de narrateur omnipotent entrant en scĂšne, un peu comme un Serge Gainsbourg qui aurait un accent cockney ! (Rires)
Tu as un autre projet qui sâappelle The Moonlandingz. Saul joue avec toi dedans aussi, non ?
Lias : Il joue une partie dedans en effet, il écrit certaines choses dessus. On travaille tous plus ou moins sur les projets parallÚles des uns et des autres. Nathan et moi avons aussi travaillé sur Insecure Men.
Tu as également un projet solo nommé Decius.
Lias : Câest moi avec certains membres des labels Paranoid London et Trashmouth. Câest un peu un croisement entre de la acid house et Alan Vega. Jâai eu quelques super nuits avec de la techno, mais je ne mây connais pas beaucoup. CâĂ©tait trĂšs fun de faire cela. Câest une expĂ©rience complĂštement diffĂ©rente par rapport Ă que je fais dâhabitude. Câest juste toi et un mec devant une machine avec un beat qui dure 10 min et tu chantes des trucs comme tu le sens dessus. Câest extra de jouer cela sur scĂšne, surtout dans un club Ă 3h du matin quand tout le monde est sous drogues ! Câest difficile dans ces cas lĂ de rater sa performance ! (Rires) Surtout depuis quâon fait Fat White Family, jâimagine que chacun veut retourner Ă ses maĂźtresses avec ses projets parallĂšles.
Saul joue encore dans le groupe Warmduscher ?
Lias : Non il nây joue plus, mais Adam J. Harmer qui joue dans Fat White Family lâa maintenant remplacĂ© dans Warmduscher. Il a son groupe de cinq personnes.
A propos de la crĂ©ation de lâalbum, tu as Ă©voquĂ© que vous aviez emportĂ© avec vous en studio lâalbum âNightshiftâ [1985 sur le label Motown] du groupe de soul amĂ©ricain Commodores. Tu peux nous en parler ? Sur votre album, il y a dâailleurs deux morceaux un peu plus funk : Fringe Runner et Vagina Dentata.
Lias : Oui absolument ! Ces deux chansons sont assez luxuriantes, langoureuses et groovy. Ce sont nos deux morceaux les plus funk de lâalbum. Ces morceaux sont inspirĂ©s par des tas de choses, pas forcĂ©ment spĂ©cifiquement les Commodores mais ce groupe en fait partie oui. Fringe Runner a un son dansant assez typique de ce quâon pouvait entendre Ă New York Ă une certaine Ă©poque. Il y plus de choses groovy sur cet album que sur nos prĂ©cĂ©dents disques. Je ne sais pas trop dâoĂč cela vient. Câest peut-ĂȘtre dĂ» au fait quâon a voulu un peu arrĂȘter de prendre de lâhĂ©roĂŻne et plutĂŽt faire du boogie pour changer ! (Rires)
Câest une autre façon de se sentir bien !
Lias : Cela nous a fait vraiment du bien oui ! Plusieurs morceaux ont commencĂ© avec une ligne de basse, quelque chose avec un groove assez basique, alors quâavant on utilisait toujours des guitares pour composer. CâĂ©tait un challenge parce quâon nâavait jamais vraiment fait de la musique ainsi avant. Mais ça a Ă©tĂ© une nouvelle Ă©tape assez naturelle, on voulait faire quelque chose sur laquelle les gens pourraient danser.
Lâalbum est moins lo-fi que vos prĂ©cĂ©dents disques.
Lias : Oui, beaucoup moins ! Ce nâest toujours pas complĂštement hi-fi, mais on sâen approche bien plus. On sâest dits quâon est un peu allĂ©s au bout de cette musique lo-fi, abrasive et noise. Il y a toujours eu des chansons par le passĂ© qui contenaient cet Ă©lĂ©ment un peu Ă©lectro, comme Cream of the Young sur le premier album [âChampagne Holocaustâ, 2013] et Whitest Boy on the Beach sur le deuxiĂšme [âSongs for our Mothersâ, 2016]. Mais on a voulu vraiment investiguer cela, lâintĂ©grer et lâaffiner. On a voulu faire quelque chose dâun peu plus pop assez consciemment, juste comme rĂ©ponse Ă notre prĂ©cĂ©dent album.
Vous connaissiez donc votre direction avant de vous lancer dans la création de cet album ?
Lias : On savait vaguement. On sâest dits : âEt si on essayait de faire un album pop !â. On a pensĂ© que ce serait marrant et que si on y arrivait ce serait intĂ©ressant. Les gens ne vont pas du tout sâattendre Ă cela. Dâailleurs ils ne sâattendent probablement Ă rien du tout. Ils se disent peut-ĂȘtre : âCes mecs font encore cela ! Pourquoi ?â (Rires)
Si tu devais nommer un morceau de lâalbum qui te tient le plus Ă cĆur, lequel citerais-tu ?
Lias : Feet a Ă©tĂ© assez traumatisant. Il est proche de mon cĆur dâune certaine façon. Mais il a Ă©tĂ© si difficile Ă finir. Il nous a fallu un temps monstrueux pour y mettre un terme. CâĂ©tait un peu le âApocalypse Nowâ [Francis Ford Coppola, 1979] de lâalbum, voire de nos carriĂšres ! (Rires) CâĂ©tait le genre de truc qui ne se finissait plus⊠Pour moi maintenant câest un peu comme dans âOrange MĂ©caniqueâ [Stanley Kubrick, 1972] quand le personnage principal entend une symphonie de Beethoven et que câest une torture pour lui ! Vous savez, quand il se fait reconditionner le cerveau et que les traumatismes se dĂ©clenchent Ă lâĂ©coute de la composition [la sĂ©quence du film par ici] ! (Rires) Le morceau est quand mĂȘme celui auquel je tiens le plus, je lâadore, mais il a Ă©tĂ© assez Ă©prouvant Ă faire !
Câest le morceau sur lequel tu as travaillĂ© le plus longtemps ?
Lias : De tous les morceaux sur lesquels jâai travaillĂ©s, oui ! CâĂ©tait une vraie guerre. CâĂ©tait le morceau de Nathan et câĂ©tait le front les gars, avec ses gains et ses pertes. On ne savait pas comment trouver une solution. Travailler avec Liam D. May de nouveau Ă la fin a beaucoup aidĂ©. Il joue dans Decius avec moi. Il nous connaĂźt bien.
Il y a un vinyle 12âł de Feet avec comme B-side une version alternative de ce morceau intitulĂ©e âBrian versionâ. Mais qui est Brian ?
Lias : Quand Nathan et moi avons commencĂ© Ă travailler avec Dante et Gam de Sweat, on a en quelque sorte formĂ© un nouveau groupe. Pour Feet il y a eu deux versions, câest de lĂ que le conflit est venu. Il y a la version de Brian, qui est celle de Nathan, Dante, Gam et moi. Puis il y a celle qui allait devenir celle des Fat White Family. C'est cette derniĂšre qui a tournĂ© dans une longue guerre. On sâest dits quâon allait sortir la premiĂšre en complĂ©ment dans le vinyle parce quâelle sonnait plus comme un autre projet. On refera peut-ĂȘtre cela dans le futur. Voici un peu comment on a rĂ©solu la situation.
Brian est donc un nouveau projet ?
Lias : Câest principalement le projet solo de Nathan. Je chante et jâĂ©cris des paroles dessus, mais câest la vision de Nathan.
Pourquoi Brian ?
Lias : CâĂ©tait une blague quâon a depuis une dizaine dâannĂ©es. On parlait de âBrianâ qui allait sortir son propre album. CâĂ©tait juste chimĂ©rique parce que Nathan nâavait rien Ă©crit Ă ce moment lĂ . Nathan voulait que ce soit un peu comme avec le groupe les Ramones, sauf quâau lieu que tout le monde ait comme nom de famille Ramone, tout le monde aurait comme prĂ©nom Brian ! Donc deux Brian Saoudi et deux Brian Traynor. Comme ça tout le monde est bien confus ! (Rires)
A propos de la partie visuelle, vous avez pour lâinstant sorti trois vidĂ©os pour le nouvel album : Feet, Tastes Good with the Money et When I Leave. La premiĂšre a un aspect visuel qui fait penser Ă la Seconde Guerre Mondiale. Elle a Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©e par CC Wadequi a dĂ©jĂ fait des vidĂ©os pour King Krule, Goat Girl [notre interview par ici] ou Puma Blue [notre interview par lĂ ]. Comment câĂ©tait avec eux ? Peux-tu nous parler de la vidĂ©o ?
Lias : Ces mecs sont super ! Ce sont des cinĂ©philes intenses et extrĂȘmes, ils connaissent tout sur tout sur les films. Ce sont des frĂšres jumeaux. Câest comme une force qui est complĂštement ancrĂ©e en eux deux. Le morceau a Ă©tĂ© vaguement basĂ© sur le livre âUn captif amoureuxâ [1986] de Jean Genet. Câest une source dâinspiration pour le morceau, avec cette sorte de rĂ©fugiĂ© sexy. On est allĂ©s rencontrer CC Wade et leur rĂ©fĂ©rence immĂ©diate a Ă©tĂ© le film âQuerelleâ [1982] de R. W. Fassbinder qui est une adaptation du livre âQuerelle de Brestâ [1947] de Jean Genet. On a donc Ă©tĂ© immĂ©diatement sur la mĂȘme longueur dâondes, sans mĂȘme quâon en discute. On sâest dits que ça allait ĂȘtre vraiment simple ! La vidĂ©o est une sorte de rĂ©-imagination hyper Ă©gocentrique de la crĂ©ation du morceau ! Ăa sâest vraiment passĂ© comme ça, ou en tous cas câest ce quâon a ressenti ! CâĂ©tait horrible ! (Rires)
La seconde vidéo, pour Tastes Good with the Money, est assez sanglante !
Lias : Oui on voulait quelque chose de plus bucolique et juste un tout petit peu plus gentil, mĂȘme sâil y a quand mĂȘme un peu de gore ! (Rires) La vidĂ©o a Ă©tĂ© faite par RĂłisĂn Murphy de Moloko, vous savez le groupe qui chantait notamment le morceau Sing It Back [tube de 1999] !
Quels sont les films que tu as vus récemment et aimés ?
Lias : Ce nâest pas du tout nouveau, mais jâai regardĂ© âLe Plongeonâ de Burt Lancaster, sorti dans les annĂ©es 60 [prĂ©cisĂ©ment 1968]. Il est en couleurs. Câest basĂ© sur une nouvelle de John Cheever du mĂȘme titre [1964]. Il sâagit dâune fantastique mĂ©taphore sur lâabus dâalcool et de drogues. Câest un peu Ă la croisĂ©e entre âLe LaurĂ©atâ [Mike Nichols, 1967] et âChute libreâ [Joel Schumacher, 1993]. Câest un de ces films qui montre une descente. Le protagoniste dĂ©cide quâil va nager jusquâĂ chez lui Ă travers le comtĂ© dans toutes les piscines des familles de classe moyenne lâUpstate New York. Il a cette vision hĂ©roĂŻque au dĂ©but du film. Il nage et Ă chaque piscine il rencontre dâautres gens de son passĂ© et les choses deviennent de pire en pire Ă mesure quâil avance. Je ne veux pas vous spoiler la fin, mais câest exactement ce quâil vous arrive quand vous avez une fixation sur l'alcool et les drogues. Câest superbe.
On nâa pas vu le film âChute libreâ.
Lias : Câest avec Michael Douglas. Il est Ă Los Angeles et il ne peut pas rentrer chez lui donc il se dĂ©chaĂźne. De la mĂȘme façon, les choses vont de pire en pire. Jâaime ce type de scĂ©nario. La descente jusquâĂ lâoubli, comme lâEnfer de Dante.
Dâautres films plus rĂ©cents que tu as vus ?
Lias : De rĂ©cent, jâai beaucoup aimĂ© âLa Favoriteâ de YĂłrgos LĂĄnthimos [paru en fĂ©vrier de cette annĂ©e, notre chronique par ici]. Je lâai trouvĂ© extra, joli et sale Ă la fois ! Il est superbement Ă©crit, les dialogues sont trĂšs riches. CâĂ©tait bon aussi de voir Olivia Colmanremporter un Oscar, sa carriĂšre a une trĂšs belle trajectoire. Câest un des meilleurs films que jâai vus depuis quelques temps. Sinon jâai vu âCan You Ever Forgive Me?â [Marielle Heller, non annoncĂ© en France pour lâinstant] il y a quelques jours. Câest avec Richard E. Grantnotamment. Cela parle dâun Ă©crivain ratĂ© Ă New York qui fait du plagiat. CâĂ©tait pas mal.
Tu regardes des séries ?
Lias : Je regarde surtout des documentaires en fait. En particulier Jonathan Meades. Il fait une sĂ©rie entiĂšre sur la France et les Français. Il est trĂšs cinglant et cynique Ă propos dâĂ peu prĂšs tout. ll rĂ©duit les choses en piĂšces, il met intellectuellement tout en branle. Il a aussi fait pas mal de choses sur les petites villes en Angleterre et sur plusieurs autres sujets, mais il a surtout fait cette superbe sĂ©rie sur la France et ce que cela signifie dâĂȘtre Français. Cela parle de la culture française mais aussi de lâamĂ©ricanisation de la culture française, tous ces Ă©lĂ©ments lĂ . Il y 3 Ă©pisodes. Câest de lâanglais assez compliquĂ©, mais si votre anglais est bon alors regardez cela. Je suis intĂ©ressĂ© par savoir ce que les Français en pensent. Tout est disponible sur Youtube [par ici].
A ce sujet, quâapprĂ©cies-tu dans la culture française ? Tu as mentionnĂ© Serge Gainsbourg et Jean Genet.
Lias : La littĂ©rature française est probablement la chose que jâapprĂ©cie le plus dans la culture française. Beaucoup de Genet, Camus, CĂ©line ou Huysmans qui a notamment Ă©crit le livre âA reboursâ [1884]. Je ne pense pas que dâautres Ă©crivains savent faire de la misanthropie comme les Français en littĂ©rature. De nombreuses personnes ont des dettes envers cette partie de la culture française notamment. On nâaurait jamais eu un Bret Easton Ellis sans cela par exemple.
Vous nâavez pas lâĂ©quivalent des cette littĂ©rature en Angleterre ?
Lias : Non, pas vraiment, pas comme cela. Je lis beaucoup et je ne pense pas quâil y ait vraiment un Ă©quivalent anglais. Quelque chose sâest passĂ© Ă la fin du XIXe siĂšcle. Une sorte de marque parisienne de dĂ©cadence, je suppose. La plupart de ces choses ont trait Ă lâAncien RĂ©gime, Ă un certain niveau de forme qui a peut-ĂȘtre sorti sa tĂȘte au Royaume-Uni du temps dâOscar Wilde, cette obsession absurde de la forme que je trouve assez fascinante. Il y a beaucoup de choses que jâaime Ă propos de la culture française. Paris est une trĂšs belle ville. Je nây ai jamais vĂ©cu malheureusement mais Je parle un peu français parce que mon pĂšre est algĂ©rien et jâai passĂ© du temps en Kabylie. Pas suffisamment je dirais, mais je pense que si je vivais ici pendant 6 mois, je me dĂ©brouillerais. JâapprĂ©cie la vie Ă Paris. Les gens sont plus attirants ici, ils portent plus dâattention Ă leur apparence, Ă ce quâils portent et Ă ce quâils mangent. Ils prennent plus soin dâeux-mĂȘmes, dâune certaine façon. Il y a un certain raffinement. Les Anglais en comparaison ont parfois lâair de sortir de prison. (Rires)
Est-ce que tu aurais des groupes Ă nous recommander ?
Lias : Jâaime Pregoblin, ils viennent de sortir un nouveau single nommĂ© Combustion. Jâen ai dit beaucoup de bien [par ici] ! Je vis avec Alex Sebley dont je vous ai parlĂ© tout Ă lâheure et qui est le chanteur du groupe, ainsi quâavec sa copine. Jâai entendu cette chanson dans notre appartement tous les jours pendant environ un an. Jâaime beaucoup ce quâils font. Alex est probablement un des meilleurs paroliers que jâai jamais rencontrĂ©s. Câest un grand Ă©tourdi. Il ne se gĂšre pas tout Ă fait et il est toujours dĂ©sorganisĂ©. Il dit que sa façon dâĂ©crire est faite de deux tiers de clichĂ©s et dâun tiers de poĂ©sie. (Rires) Je suis un peu ennuyĂ© par le style post-punk que tout le monde a lâair dâadopter en ce moment. Câest une sorte de substitut pour le fait dâavoir un contenu qui ait du sens. Si ça semble abrasif, dur et grave, alors ça lâest et cela doit le rester. Jâaime le sexe et lâhumour, ce sont les deux composants qui marchent pour moi. Je pense que Pregoblin a beaucoup de ces choses lĂ dans leurs chansons.
Au sujet de la dureté, la vidéo pour Feet a un sigle Parental Advisory Content au début.
Lias : Je ne comprends pas vraiment pourquoi ! Câest peut-ĂȘtre Ă propos des paroles. Ce quâon dit est assez cru en effet. La derniĂšre phrase est : âCaucasians see me, in a sand stormâ [âLes Caucasiens me voient, en plein orgasmeâ -terme argotique-]. Je pense que câest de lĂ que vient ce sigle. Je peux comprendre du coup. (Rires)
Est-ce quâil y a beaucoup de sexe dans votre album ?
Lias : Il nây a que de ça ! Câest le principal sujet Ă vrai dire. La disque parle du sentiment d'itinĂ©rance et de ce caractĂšre impitoyable qui vont avec lâexpĂ©rience dâĂȘtre un homme. Tu essaies toujours de rĂ©soudre dans lâart les choses que tu ne peux pas rĂ©soudre dans ta vie sexuelle ! (Rires)
Tu penses que lâart est une expression de problĂšmes sexuels ?
Lias : Oui ! Câest une expression de sexualitĂ© non rĂ©solue. On essaie de connecter ces deux choses et ça ne fait jamais de sens.
Il y a des choses explicites en rapport avec le sexe sur le disque ?
Lias : Oui par exemple dans Bobbyâs Boyfriend ou Feet. Les chansons baignent toutes dans une sorte d'homoĂ©rotisme. Il y a aussi une sorte de fixation anale et dâanxiĂ©tĂ© de la castration dans Vagina Dentata. Le morceau Tastes Good with the Money parle quant Ă lui de faire lâamour avec des filles millionnaires de lâOuest de Londres venant de Los Angeles. Elles se lĂšvent un matin avec une gueule de bois affreuse dĂ»e Ă la cocaĂŻne et elles voient une sorte de grand signe noir sur un projet de logement social Ă venir. Câest une sorte de contradiction horrible entre ce que tu es devenu Ă un moment et tout ce que tu tâes mis en tĂȘte de dĂ©truire. De la pure hypocrisie.
Au dĂ©but de lâannĂ©e, vous avez fait deux petits concerts dans la salle The Lexington Ă Londres [les 30 et 31 janvier 2019]. Comment câĂ©tait ?
Lias : CâĂ©tait chouette, il y avait une ambiance assez Ă©lectrique. On a jouĂ© quelques morceaux du nouvel album comme Tastes Good with the Money, When I Leave, Fringe Runner ou encore Feet. On a dĂ©jĂ commencĂ© Ă jouer ces nouveaux morceaux, mĂȘme sâils vont changer un peu au fur et Ă mesure que lâon va ĂȘtre en tournĂ©e.
Vous avez jouĂ© beaucoup dans la salle Windmill Brixton Ă Londres par le passĂ©, nâest-ce pas ? [Dâautres groupes anglais comme Shame, Goat Girl ou encore Pumarosa y ont Ă©galement beaucoup jouĂ©.]
Lias : Oui ! LĂ et au Queenâs Head mais qui est maintenant fermĂ©. Câest lĂ quâon faisait tout le temps nos concerts. Plusieurs salles ont fermĂ© depuis et il y a plein de nouveaux jeunes groupes. Le Windmill est maintenant plein chaque soir, il y a toujours des tas de choses qui sây passent. Câest un peu notre quartier gĂ©nĂ©ral.
Vous allez jouer Ă lâElysĂ©es Montmartre mi-juin et vous serez sept scĂšne, nâest-ce pas ?
Lias : Oui, tout Ă fait. Donc aucun de nous ne va vraiment se faire dâargent ! Câest la façon quâon aime ! (Rires)
Ce sera la mĂȘme configuration que pour la tournĂ©e pour votre prĂ©cĂ©dent album ?
Lias : Il y aura quelques changements : plus de samples, de synthĂ©s, de saxophone baryton. On a un nouveau batteur Sam Toms de Temples, ils lâont jetĂ© et on lâa engagĂ©. (Rires) Je crois que sa ponctualitĂ© Ă©tait devenue un problĂšme pour le groupe ! Il y aura aussi un nouveau bassiste Adam Brennen qui est un musicien local venant de Brixton ainsi quâAlex White [ancien membre du groupe Inscure Men]qui va nous rejoindre en tant que membre permanent. Ăa va ĂȘtre la fĂȘte !
Crédits photo de couverture : Sarah Piantadosi
Le nouvel album âSerfs Up!â de Fat White Family est maintenant disponible et hautement recommandĂ© !
Le groupe se produira le jeudi 13 juin Ă lâElysĂ©e Montmartre pour un concert Ă ne pas rater !
Evénement : https://bit.ly/2VxskeQ
Billetterie : https://bit.ly/2ZaWiYj
Et comme vous ĂȘtes gentils, on vous fait gagner des places pour le concert par ici : https://bit.ly/2GdKhbD đ
A&B
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THE GOA EXPRESS
From Lancashire and Yorkshire comes THE GOA EXPRESS, a five-piece group with their latest single âBe My Friendâ - a track that pushes the importance of friendship as something deeper, and to reject the falseness and flattery of the modern world. The band further describe the songâs message as being about âtaking a step away from those whoâre always trying to get close to you and as both a shout out to individuality and an acceptance of rejection. Itâs a dismissal of the modern world's hyper-connectivity and a return to privacy, rather than the involvement of everyone knowing everyone's business all of the time.
We talked to James from the group to get his thoughts on what itâs like to be a band during lockdown, the new single and much more...
You guys have been together since you were teenagers, have you always been known as THE GOA EXPRESS?
We met at secondary school in Burnley and have been close mates since; a trip to our first festival in 2016 and a move to Burnley college cemented the friendship. Starting at 16, the âbandâ started messing around in the practise rooms we were banned from and then slowly progressed - at our own pace - to playing live.Â
Finding a band name is the hardest part of being in a band. Initially, we struggled and our attempts werenât great. Out of frustration, we chose The Vermis as our first band name. James tattooed this on his knee but scratched it off within a week when the name changed again. We settled for THE GOA EXPRESS after James and Joeâs mum spotted it on the back of a soup tin.Â
Can you remember what sort of music initially made you want to collaborate?
We were all quite big into 60s stuff when we were at college and I guess thatâs when we started taking the band a little bit more seriously. Anything from early Rock n Roll to late Psychedelia seemed to get played a lot at parties and gatherings. Nothing other than boredom, however, made us want to collaborate together.Â
Which artists have you been listening to recently?
Folamour and Aldous Harding.
âBe My Friendâ came at a time where the internet is considered the best form of staying connected. Do you feel that social media is changing the idea of âfriendshipâ means?
Friendship is friendship, it can only be defined by those who share it. All we can say is that it seems to be a little more intrusive these days, and weâre not sure whether that holds more positives than negatives overall. Real intimacy and thoughtful communication seem to have been lost somewhere along the way.Â
You collaborated with Ross Orton on the production of âBe My Friendâ, how different were his techniques to Nathan Saoudi who you produced âThe Dayâ with?
Working with both Ross and Nathan had benefits. Nathan had more of a DIY approach when recording âThe Dayâ, and for half of the first day we struggled to get anything working. Soon after, however, we got into the groove of things and the song took shape. He had some great ideas and took it in a great direction.
We originally recorded a demo of âBe My Friendâ with Nathan at Champ Zone and then later took it next door to Ross, who worked his magic in the next building. There was both a relaxed and productive atmosphere in the studio and his crazy collection of synths kept us busy for the 2 days that we spent with him.Â
Which venues are you most looking forward to playing at when you can?
The Golden Lion in Todmorden has always been home to us. Gig and WAKA treat us like family and have since we were little âuns. Itâs never just a gig, but always so much more than that. Hopefully, they can get back to doing what they do best - putting on great nights.Â
Aside from that, we also look forward to playing just about anywhere in Manchester, as most of the independent venues there have been important with our progression. Itâs always easy for us to stay out and make it home okay.Â
Is it frustrating to be in a band right now?
Itâs a little frustrating, but so what? We arenât gonna let it get to us. Itâs too easy to get down these days. We still meet up all the time, go out & have fun, practise in the city and do pretty much everything we used to. The only thing that we canât do and miss, is playing. Hopefully, we can fix this soon.Â
Whatâs next for THE GOA EXPRESS? More music soon?
Much of the same - taking everything as it comes and enjoying ourselves as much as possible along the way. Weâd like to think there will be more music soon. Thereâs no reason why not, we have stuff ready and waiting to be recorded. Weâll have a rough demo of all our tracks down soon.Â
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Insecure Men - Teenage Toy
Teenage Toy is the latest music from Insecure Men, the side project of Fat White Familyâs Saul Adamczewski and Childhoodâs Ben Romans-Hopcraft.
The band has a shifting membership of around 11 musicians - Saul on vocals and guitar, Ben on bass and backing vocals. Nathan Saoudi has left the group and original lapsteel player Sean Lennon has been replaced by Marley Mackey. Victor Jakeman (of Claw Marks) plays the organ, Joe Isherwood (We Smoke Fags) plays keyboards, and Fat Whites saxophonist Alex White is also involved.
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PINS - Hot Slick
PINS â Hot Slick
Hard to believe it has been five years since Manchester based trio PINS released Wild Nights.
Again weâre a bit late to the party, but Hot Slick, their third long player will be out on 29th May via their own Haus of Pins label. Three tracks have already been shared from it (see below) and now we have Ghosting, which also features Nathan Saoudi from Fat White Familyon additional keys. It is aâŠ
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Fav moments of 2017. Nathan Saoudi. #fatwhitefamily #fatwhitefamilyband #nathansaoudi #bts #ontheroad #backstage #musicdocumentary #musicphotography #musicphotographer https://t.co/9UWmHS0lKU https://t.co/lLNkprJ2x7
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Fat White Family for Huck Magazineâš đž: Theo McInnes
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Fat White Family at Rickshaw Stop in San Francisco 11/3/14
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Midnight Chats presented by Loud and Quiet â Episode 71: Fat White Family
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Nathan Saoudi mid set @100clublondon @fredperrysubculture gig. #dominorecords #fatwhitefamily #fatwhites #nathansâŠâŠ https://t.co/baiGvV6NGZ
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