#LittératureHaitienne
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Haïti Legends
Yon Jou Tankou Jodi-a!
Un Jour Comme Aujourd'hui!
Naissance de Jacques-Stephen Alexis, célèbre écrivain, Essayiste, médecin haïtien, né le 22 Avril 1922 et décédé en Avril 1961 à l'âge de 39 ans. Il aurait eu 99 ans aujourd'hui.
Joyeux Anniversaire à Jacques Stephen Alexis.
An nou selebre lavi Jacques Stephen Alexis.
Yon Lejan pa janm disparèt!
Un des plus grands écrivains de la littérature haïtienne.
JACQUES STEPHEN ALEXIS ECRIVAIN ET MARTYR
Jacques-Stephen Alexis était le fils de Stephen Alexis, un écrivain remarquable et estimé. Né aux Gonaïves en 1890, Stephen Alexis était le fils de Rosanna Daut, Laquelle Prétendait Descendre directement de l’illustre Jean-Jacques Dessalines. Après avoir miraculeusement échappé à la tuerie de la Prison Centrale de Port-au-Prince en 1915, Stephen Alexis publia ses souvenirs de captivité et aussi de nègre masqué, un roman qui devient rapidement célèbre et connut à l’époque, c’était en 1933, sous l’occupation américaine, un immense succès de librairie. Stephen Alexis était un esthète, un esprit cultivé, un historien de renom et un journaliste reconnu. Auteur d’une Vie de Toussaint Louverture, d’un Manuel d’Histoire d’Haïti et de plusieurs autres ouvrages à l’usage des écoles, Stephen Alexis était aussi l’époux de Lidia Nunez, une Dominicaine qui, le 22 avril 1922, aux Gonaïves, donna naissance au petit Jacques-Stephen Alexis.
Jacques Stephen Alexis se distinguait par son allure racée, son visage anguleux, ses grands yeux brillants, son regard profond et expressif. Jacques-Stephen Alexis possédait de plus ce charme, cette grâce et cette finesse d’esprit qui annonçait sa supériorité intellectuelle autant qu’elles pouvaient racheter les quelques imperfections de sa physionomie. Jacques-Stephen Alexis était étudiant a l’Ecole de médecine de Port-au-Prince lorsqu’il commença à collaborer à la revue LA Ruche où il tenait sa fameuse chronique «Lettres aux hommes vieux». Ces textes polémiques à la plume incisive mais l’idéalisme puéril, s’attaquaient rudement à l’establishment politique de l’époque dont ils voulaient fustiger le conservatisme, la lourdeur d’esprit et le manque d’imagination. C’est ainsi que Jacques-Stephen Alexis fut introduit presque malgré lui dans le tourbillon des évènements politiques qui devaient entrainer la chute du gouvernement de Lescot.
Après que le président Lescot eut fait appel à Émile Saint-Lôt pour lui composer un ministère de coalition et sauver son régime, Jacques-Stephen et ses amis se virent proposer un ou deux postes dans le cabinet. Mais c’étaient des intellectuels adolescents complètement alors dépourvus d’ambition politique, des hommes de gauche qui ne pouvaient collaborer avec un gouvernement bourgeois. Ils en faisaient une de principe. Jacques-Stephen Alexis se retrouvait alors en compagnie de Georges Beaufils, Théodore Baker, René Depestre, Max Ménard, Gérald Bloncourt et de quelques autres qui combattaient pour l’avènement du communisme en Haïti. Ils étaient Tous de fiers partisans du système collectiviste, c’étaient des jeunes progressistes radicaux, des stalinistes convaincus, des marxistes-léninistes, des bolchevistes qui rêvaient de faire triompher la révolution. Jacques-Stephen Alexis mourra avec les convictions de sa jeunesse.
Pendant les évènements de 1946, Jacques-Stephen Alexis, accompagné du docteur George Rigaud et de son inséparable ami d’alors Réne Depestre, se rendit au Manoir des lauriers en qualité de représentant du « Groupe démocratique unifié » afin de signifier au président Lescot qu’il devait renoncer au pouvoir et s’embarquer pour l’exil. C’est le docteur Rigaud qui se chargea d’expliquer au président que, s’il pouvait toujours répondre des associations d’étudiants ou bien encore calmer les employées publiques en grève, il ne pourrait contrôler le « gros peuple » qui commençait à se révolter et à réclamer son départ comprenant alors qu’il était complètement dépassé par les évènements, Lescot entra calmement dans son bureau et rédigea sa lettre de démission. Cette entrevue historique s’était déroulée en présence du colonel Lavaud et du major Magloire, lesquels, après avoir assisté à la capitulation du président, le mirent aux arrêts et s’emparèrent du pouvoir.
Jacques-Stephen Alexis entra au Parti communiste haïtien, lequel ne tarda pas à se scinder en deux groupes opposés, le PSP du sénateur Max Hudicourt et le PCH du pasteur d’Orléans Juste. Le PCH, qui regroupait les communistes noiristes et les politiciens proches du gouvernement d’Estimé, se saborda de bonne grâce à celui-ci. Jacques-Stephen Alexis fonda alors le PEP, le Parti de l’entente populaire. Aux élections de 1957, le PEP s’aligna sur la politique du sénateur Louis Déjoue dont il appuya la candidature à la présidence. Cette décision valut à Jacques Stephen Alexis la rancune vindicative de beaucoup de ses anciens amis qui l’attaquèrent avec acharnement dans les journaux. La polémique entre René Depestre et Jacques-Stephen Alexis fut d’ailleurs l’une des plus retentissantes que connut la victoire électorale de François Duvalier et son accession au pouvoir, Jacques-Stephen Alexis entra dans le camp de l’opposition pour ne jamais en sortir.
Studieux et appliqué, Alexis se spécialisa en médecine neurologique tout en s’adonnant à l’écriture qui devait le rendre mondialement célèbre. Il écrira trois romans, Compère général soleil, les arbres musiciens, l’Espace d’un cillement, ainsi qu’un recueil de contes, Romancero aux étoiles. Le lecteur ne peut manquer de faire le rapprochement entre la manière d’Alexis, sa rhétorique, sa technique narrative, et celles de Jacques Roumain dont la parution du roman posthume, les Gouverneurs de la rosée, avait constitué l’évènement littéraire du demi-siècle. Alexis avait la prose mélodieuse et discrète, un français expressif fait de précision, de sècheresse, de détails exacts et de métaphores logiques. Son art de la synthèse, son talent de romancier, son style clair concis, vigoureux, dramatique n’ont pas échappé aux éditions Gallimard qui vont vite adopter cet auteur dont la vigueur et l’originalité allaient connaitre un succès littéraire impérissable. Les qualités d’écrivain de Jacques-Stephen Alexis, furent à la mesure de son honnêteté spirituelle, de ses convictions politique et de sa vision idéaliste d’un monde fraternel et solidaire.
Dès le début du gouvernement de Duvalier, Jacques-Stephen Alexis choisit l’exil et les voyages. Il mena une vie d’errance et de douloureuses pérégrinations qui l’emporta partout à travers le monde. Signataire à Moscou du manifeste des 81 partis communistes d’obédience moscoutaire, il offrait généreusement la randonnée à Moscou ou à Pékin à ceux de ses amis haïtiens qui, même sans être forcement communistes, voulaient assister au défilé du Premier mai sur la place Rouge ou applaudir Mao sur la place Tien Au Men.
En avril 1961, Jacques-Stephen Alexis Débarqua dans le Nord-Ouest avec quelques compagnons d’un vieux rafiot qui arrivait de Cuba. Il avait choisi l’aventure des armes pour renverser la dictature. Hélas, il est plus malaisé de passer inaper��u dans les campagnes haïtiennes qu’au cœur de la grande ville. Dès qu’il met le pied dans une section rurale, l’étranger est immanquablement dépisté comme un nouveau venu fortement suspect d’avoir commis quelque forfait ailleurs. Dans les campagnes haïtiennes, L’inconnu suscite la méfiance et la suspicion, il est habituellement considéré comme un individu louche, un citoyen malfamé, un être dangereux. On ne mit pas de temps pour arrêter Jacques-Stephen Alexis sur lequel on trouva une somme d’environ quinze mille dollars. C’était la maigre fortune avec laquelle il comptait financier sa révolution. Il s’agissait de toutes ses économies, du montant des avances qu’il avait encaissés sur ses droits d’auteur.
Jacques-Stephen Alexis fut capture au lieu-dit Chansolme, le 22 avril 1961, le jour même de ses 39 ans. Duvalier ordonna alors aux officiers Jean Beauboeuf et Sony Borges ainsi qu’a un dénommé Clairsaint, détective des recherches criminelles de Port-au-Prince de le lui ramener au Palais. Ces derniers revinrent bredouilles en prétendant qu’ils étaient arrivés trop tard pour sauver la vie du prisonnier que les miliciens avaient déjà torture à mort et enterré. On a tout lieu de croire fallacieuse la version de ces tortionnaires cyniques. De son côté, Duvalier voulut jouer la comédie de celui qui était profondément troublé par la mort dramatique du jeune médecin, de l’écrivain de génie, alors que le sont malheureux de Jacques-Stephen Alexis arrivait comme un avertissement à ses ennemies de l’extérieurs qui apprenaient ainsi quelle mort cruelle leur réservait ses partisans.
Le Souffle créateur, les ressources d’expression, de sensibilité et d’imagination de Jacques-Stephen Alexis étaient quasiment infinies. Dans un de ses romans, il écrivait que dans un pays habité par aveugles les borgnes ne seraient pas les rois… puisque les aveugles s’empresseraient de leur crever l’œil qu’il lui reste. Avant de le tuer, les bourreaux de Jacques-Stephen Alexis lui auraient, dit-on, sadiquement crève les yeux…
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Charles Dupuy
Le Coin de l'Histoire (Tome 1)
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