#Le Roi des Champs-Élysées
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Buster Keaton in Joinville, France, 1934 during the filming of Le roi des Champs-Élysées. Published in the magazine Het Leven with an article about Keaton's admission to a mental institution in California
#france#1934#Le roi des Champs-Élysées#buster keaton#1930s#1910s#1920s#1920s hollywood#silenst film#silent comedy#silent cinema#silent era#silent movies#pre code#pre code hollywood#pre code film#pre code era#pre code movies#damfino#damfinos#vintage hollywood#black and white#buster edit#slapstick#old hollywood
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#MovieMonday “Le Roi des Champs-Élysées” 1934, was Buster’s first completed feature project after leaving MGM - a French film which is actually a lot of fun, although sadly, the majority of Buster’s dialogue is dubbed.
#movie monday#buster keaton#Le Roi des Champs-Élysées#1930s#french cinema#paulette dubost#talkies#ibks#the international buster keaton society#buster keaton society#the damfinos#damfino#damfamily
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Le Roi des Champs-Élysées 1934
Undisputed best moment in the whole film (except perhaps the moment he smiles at the end)
#Le Roi des Champs-Élysées#buster keaton#1930s#1934#comedy#french cinema#I’ll get that amazing tattoo one day
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Explorer les Théâtres les Plus Iconiques de France
La France est un véritable joyau de culture, d'histoire et d'excellence artistique, et ses théâtres figurent parmi les plus emblématiques au monde. Des chefs-d'œuvre architecturaux aux lieux imprégnés de siècles de tradition, les théâtres français sont les endroits parfaits pour plonger dans les arts de la scène. Voici un aperçu des théâtres les plus iconiques de France et ce qui les rend si extraordinaires.
1. Théâtre national de l'Opéra-Comique (Paris)
Situé au cœur de Paris, ce lieu historique est dédié aux opéras comiques et aux performances lyriques. Depuis sa fondation en 1714, il enchante le public avec des opéras, des opérettes et des comédies musicales. Le Théâtre national de l'Opéra-Comique est un incontournable pour ceux qui aiment la musique mêlée d'humour et de charme.
2. Comédie-Française (Paris)
En tant que l'une des plus anciennes compagnies théâtrales au monde, la Comédie-Française est au cœur du théâtre français depuis 1680. Son répertoire inclut des classiques de Molière, Racine et Corneille, joués dans des lieux somptueux tels que la Salle Richelieu. Une visite ici est un voyage dans l'héritage théâtral de la France.
3. Opéra Garnier (Paris)
Célèbre pour son architecture opulente et sa grandeur, l'Opéra Garnier est une icône de Paris. L'auditorium orné d'un immense lustre et le plafond artistique de Marc Chagall rendent ce lieu aussi captivant visuellement que les performances qu'il accueille. Assister à un opéra ou à un ballet ici est une expérience inoubliable.
4. Théâtre du Capitole (Toulouse)
Ce joyau du Sud de la France se spécialise dans les opéras et les ballets, offrant des productions de haute qualité qui attirent des visiteurs de toute l'Europe. Son cadre intime et son acoustique créent une expérience magique pour les spectateurs.
5. Théâtre des Champs-Élysées (Paris)
Chef-d'œuvre moderniste situé sur l'avenue Montaigne, ce théâtre est renommé pour ses offres diversifiées, y compris des opéras, des ballets et des concerts classiques. Il a joué un rôle essentiel dans l'introduction de la musique moderne sur la scène parisienne, accueillant des premières de Stravinsky et d'autres compositeurs révolutionnaires.
6. Théâtre Mogador (Paris)
Un paradis pour les amateurs de comédies musicales, le Théâtre Mogador se spécialise dans les productions de style Broadway et a accueilli des spectacles emblématiques tels que Le Roi Lion et Les Misérables. Ses performances vibrantes en font un favori parmi les amateurs de théâtre.
7. Théâtre de l'Odéon (Paris)
Niché dans le quartier animé du Quartier Latin, le Théâtre de l'Odéon est l'un des six théâtres nationaux de France. Connu pour son mélange de pièces classiques et contemporaines, ce lieu est un centre d'innovation artistique et d'exploration littéraire.
Plus de Théâtres à Découvrir
Au-delà de ces lieux célèbres, la France abrite des centaines de théâtres qui célèbrent les talents locaux et les artistes émergents. Des salles de quartier aux scènes expérimentales, il y en a pour tous les amateurs d'art.
Pour un guide complet des événements théâtraux en France, rendez-vous sur Flaner Bouger. Cette plateforme propose des informations actualisées sur les performances, les dates et les lieux, vous aidant à découvrir l'expérience théâtrale parfaite où que vous soyez en France.
Conclusion
Les théâtres de France ne sont pas de simples lieux de spectacle ; ce sont des monuments culturels qui reflètent l'esprit artistique et l'héritage historique du pays. Que vous soyez fan de drames classiques, de splendeurs opératiques ou de productions contemporaines, explorer ces théâtres emblématiques vous laissera des souvenirs inoubliables. Planifiez votre prochaine sortie théâtrale avec Flaner Bouger et plongez dans la magie des arts de la scène français.
#fêtes foraines#fêtes locale et de village#votre agenda des fêtes locales#parcs d'attractions france#tournois de joutes nautiques
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I uploaded the talkies I have in this mega folder! Let me add here a link to a yt channel that uploaded Le Roi des Champs-Élysées in a marvelous quality (with Russian subs) because the version I have looks poorly (with embedded Spanish subs). And here's another same poor version of it but with English subs.
Sidewalks of New York 1931
@genericswordsmaiden I tried to DM you but Tumblr gave me an error so I'm posting the link here, also in case anyone else wants it ^^ the film is bigger than 2gb which is the limit for wetransfer (it works like mediafire or mega with the difference that the files expire after a few days) so I just uploaded it to mega instead.
I have a bunch more of Buster Keaton's talkies in my pc so if there is any other film you haven't been able to find and I happen to have it as well, tell me and I'll send it to you too! ✨✨
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Clips from movies Buster Keaton made after his move to MGM. Stripped of his creative freedom, increasingly frustrated and struggling with alcoholism, Keaton saw his career take a downturn in the 1930s.
Update: The last GIF is taken from Le Roi des Champs-Élysées, an independent French film from 1934. (H/t spinningtop397)
If anyone can identify which movie clip number 3 comes from, I’d be very grateful.
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Buster Keaton Le roi des Champs-Élysées - 1934
#Le roi des Champs-Élysées#1934#buster keaton#1930s#1910s#1920s#1920s hollywood#silent film#silent comedy#silent cinema#silent era#silent movies#pre code#pre code hollywood#pre code film#pre code era#pre code movies#damfino#damfinos#vintage hollywood#black and white#buster edit#old hollywood#slapstick
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#WIPWednesday Buster Keaton, with his second wife Mae, making the French film, “Le Roi des Champs-Élysées,” 1934.
#WIP Wednesday#buster keaton#behind the scenes#mae scriven#le roi des Champs élysées#1930s#french cinema#talkies#ibks#the international buster keaton society#buster keaton society#the damfinos#damfino#damfamily
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Buster Keaton and Paulette Dubost in LE ROI DES CHAMPS-ÉLYSÉES, released this week in 1934
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“I'm gonna swing from the chandelieeeeeer, from the chandelieereeehhh”
Doughboys (1930) and Le Roi des Champs-Élysées (1934)
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TRADITION | Premiers théâtres de marionnettes : succès à la fin du XVIIIe siècle ➽ https://j.mp/2FgcKMf Si le plus ancien des théâtres en plein air est celui de Guignol aux Champs-Élysées, créé en 1818, tirant son nom du Guignol lyonnais au caractère indépendant et facétieux né dix ans plus tôt, et comptant parmi ses premiers spectateurs le futur roi Louis-Philippe, on sait moins qu’un célèbre théâtre de marionnettes, célèbre dans toute l’Europe, vit le jour à la fin du XVIIIe siècle et était issu d’un spectacle d’ombres chinoises ayant reçu de Louis XVI un privilège exclusif
#théâtre#marionnettes#Guignol#ChampsÉlysées#lyonnais#spectateurs#ombres#chinoises#LouisXVI#privilège
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Jacques Cormier
« l’enfant chéri de la victoire »
Jacques CORMIER est né à Cosne sur Loire le 21 mai 1925. Il nous a quittés le 30 mai 2020 en un temps où la Covid bouleversait les cérémonies d’obsèques. Il appartient à une grande famille cosnoise installée dans cette ville depuis plus de deux siècles.
On le dit parfois, une femme ou un homme de caractère sont le plus souvent issus d’une famille de caractère. Cela se vérifie si bien avec Jacques Cormier. Le père de Jacques, Georges CORMIER, eut beaucoup d’influence sur l’éducation et l’orientation de Jacques. Ainsi et par exemple, ce dernier me dit combien, à 6 ans, la visite de l’Exposition coloniale de 1931, le frappa profondément, constitua son premier émerveillement d’enfant et généra ses premiers rêves de découvertes.
Après la période très troublée et dangereuse du conflit mondial, son choix de vie est fait. C’est celui d’un jeune patriote prioritairement attaché à la France : il quitte Cosne en septembre 1944 pour aller préparer le concours de Saint-Cyr au lycée Saint-Louis à Paris, Paris libéré depuis 2 semaines. Quelques mois après, avide d’action et d’engagement en faveur de la Défense de la Nation et sans attendre le résultat du concours de Saint-Cyr, il s’engage pour 8 ans. Nommé au grade de sergent le 16 mars 1946, il est affecté au 99ème Régiment d’Infanterie, le 99ème RIA, à Bourg St Maurice dont il est rapidement détaché à l’École des Cadres de Rouffach où, pour la première fois, il va faire la rencontre du Général de LATTRE de TASSIGNY. L’histoire nous rappelle que ce Régiment, le 99ème RIA, fut créé, sous le nom de « Régiment des Deux Ponts », par LOUIS XV en 1757, qu’il fut très engagé dans la terrible Guerre de Sept Ans avant de constituer une importante partie du Corps expéditionnaire français qui, avec La FAYETTE et sous les ordres du comte de ROCHAMBEAU, lutta pour l’indépendance américaine, connut plusieurs victoires en Virginie associé aux troupes de Résistants de Georges WASHINGTON jusqu’à la très forte part prise dans la victoire décisive de Yorktown en 1781, victoire qui marqua le début de l’indépendance américaine.
Dans cette période, il est très marqué par la rigueur et la chaleur du Général de LATTRE de TASSIGNY. « Le Roi Jean », toujours très près de ses lieutenants et de ses capitaines, tient à éduquer les jeunes officiers dans tous les domaines : le maniement d’armes et la stratégie bien sûr mais aussi l’hygiène, le respect des autres, la capacité d’écoute, l’aptitude à la synthèse, etc. Bien que toujours très modeste, Jacques gardera la fierté d’avoir été promu sous- lieutenant en octobre 1947 par ce chef de guerre hors pair. A la sortie de Saint-Cyr-Coëtquidan, en 1947 il fait le choix de l’Infanterie Coloniale et est affecté au 1er Bataillon Colonial de Commandos Parachutistes comme il le souhaitait. Il est accueilli par le Colonel MASSU qu’il servira plus tard en opérations. Sa connaissance du saut se perfectionne à l’École des Transports Aéroportés de Pau sur Dakota et JU 52. Il y reçoit le Brevet n° 28 646 le 21 janv. 1949 tandis qu’il se spécialise dans les combats d’infanterie à l’École d’application près du Havre. Toutes ces formations montrent combien est réellement vécue la devise napoléonienne de l’École de Saint-Cyr : « LES SAINT-CYRIENS S’INSTRUISENT POUR VAINCRE ».
Jacques est nommé chef de section au 1er Bataillon Colonial de Commandos Parachutistes. Avec ce premier commandement, il continue de préparer méticuleusement son départ vers l’Indochine : à côté des arts du combat, renforts des qualités humaines, de la morale, de l’exemplarité, de la rigueur font fortement partie de cette préparation du lieutenant Jacques CORMIER. Le 15 novembre, il embarque à Marseille sur le Pasteur et débarque le 7 décembre au Cap St-Jean tout au sud de la Cochinchine, près de Saigon. Il est affecté au 1er Bataillon Colonial de Commandos Parachutistes qui devient le 1er Groupement de Commandos Coloniaux Parachutistes puis le 1er Bataillon de Parachutistes Coloniaux. Une dizaine de Saint-Cyrien de la même promotion se retrouve dans les Commandos Parachutistes. Très peu d’années plus tard, il sera le seul survivant valide, ses camarades étant morts au combat, ou très gravement blessés ou prisonniers des Viets, dans les pires conditions sanitaires et psychologiques.
A son arrivée en Cochinchine, son Bataillon prend ses quartiers à 20 km au nord de Saïgon. Logé chez l’habitant, il communique beaucoup avec les familles qui accueillent ses hommes. Puis, en mars 1950, le Bataillon fait mouvement vers la région de Pursat au Cambodge et conduit des opérations très dangereuses au cours desquelles le capitaine ROGER, son chef direct est tué comme de très nombreux membres de son Commando. C’est dans les très difficiles conditions de ces combats meurtriers menés face à des troupes très entrainées, très renseignées et très efficacement armées et ravitaillées par la Russie de STALINE et la Chine de MAO TSE TOUNG qu’il me dit mesurer très vite, dans l’âpreté et la cruauté des combats, que l’enjeu n’était pas, comme on feignait de le croire ou de le faire croire en France, la conservation des plantations d’hévéas de l’entreprise MICHELIN et la protection d’autres richesses économiques de l’Indochine, mais une lutte à mort pour arrêter, dans cette partie du monde, la prolifération du communisme déjà attaché, localement, à tuer tous les opposants du Sud-Est Asiatique !
En août 1950, il est affecté à la 1ère Compagnie Indochinoise Parachutiste composée de vietnamiens et de cambodgiens. Dans cette Compagnie, Jacques prend le commandement du 3ème Commando Cambodgien qui fut en combat permanent. Son efficace commandement et plusieurs victoires contre les Viets lui vaudront, dès novembre, la première de ses six citations et l’attribution de la Croix de Guerre des Théâtres d’Opérations Extérieures avec Étoile d’argent. Il a 25 ans. Jacques me dit combien la coûteuse défaite de la Route Coloniale 4, la « RC4 », faisant dans notre armé 5 000 tués ou gravement blessés et 3 000 prisonniers dont plus de 2 000 ne reviendront pas de leur captivité, jointe au très mauvais climat entretenu par trop de médias et de responsables politiques indignes en métropole, fut un tournant dans la guerre.
Alors que le moral de l’armée et de la population déclinait, heureusement, l’arrivée du Général de LATTRE de TASSIGNY fut un électrochoc très positif. Les effets furent immédiats dans les batailles de Vinh Yên et de Mao Khê. Malheureusement ce puissant électrochoc dû à la forte personnalité du Général de LATTRE de TASSIGNY allait être interrompu par son décès.
C’est au cours des combats de septembre à décembre 1951 que ses hommes ont surnommé Jacques CORMIER « l’enfant chéri de la victoire » (ECV). Très présent dans ces combats, sautant le plus souvent en tête de sa compagnie, Jacques CORMIER s’est particulièrement distingué à Nghia Lo, à Hoa-Binh et dans les furieuses batailles de la Rivière Noire. Il se vit décerner, le 19 novembre 1951, la Croix de Guerre avec palme par le Général de LATTRE de TASSIGNY, très épuisé par son cancer avancé mais au visage et aux propos toujours aussi lumineux, me dit Jacques. Quelques jours avant, le 16 novembre, il avait été convoqué, seul, par le général SALAN, futur commandant en chef, afin que Jacques lui présente les actions victorieuses récentes de son unité, actions dont le Général SALAN avait entendu parler dès son arrivée à l’État-major. En décembre 1951, le bataillon de Jacques sera très engagé, avec de très grosses pertes dans de cruelles batailles dont, très marqué par le souvenir du grand nombre de camarades tombés autour de lui, il ne me parla jamais.
Aujourd’hui, sept décennies plus tard, respectons sa volonté de silence et inclinons nous devant le souvenir de tous ses Compagnons morts pour la France dans cette période. A la suite de sa citation à l’ordre de l’armée, le 25 janvier 1952, Jean LETOURNEAU, ministre de la France d’Outre- Mer dans le gouvernement de Georges BIDAULT et le Général SALAN, nouveau commandant en chef, lui remettent la Croix de Guerre des Théâtres d’Opérations Extérieures avec une nouvelle palme et le font Chevalier dans l’Ordre de la Légion d’Honneur... Jacques a 26 ans... je devrais dire n’a que 26 ans ! En février 1952, il est affecté à Paris et part le cœur plein d’émotion tant il dit mesurer sa grande chance : la plupart de ses compagnons embarqués avec lui sur le Pasteur en 1949 sont morts ou prisonniers ou gravement invalides. Le voyage aérien est long, pannes au décollage et changement d’avion, puis escales à Calcutta, à Karachi, à Beyrouth pour toucher Orly huit jours plus tard. Huit jours de profondes réflexions sur cette guerre, sur ses chefs les plus charismatiques, sur son attachement à la religion mais aussi sur la position de trop de Français si peu respectueux de tous ces morts pour notre pays, Français que le jeune parachutiste allait devoir croiser en métropole.
Il a trois mois de permission pour retrouver sa chère famille qui l’a toujours fortement soutenu. Cette permission lui permettra aussi de retrouver Monique d’ESPARBES rencontrée à Cosne avant son départ en Indochine. Durant cette permission, il tint aussi à visiter des familles de compagnons d’armes disparus ou gravement blessés. Puis le lieutenant CORMIER rejoint son unité, le 1er Bataillon de Parachutistes Coloniaux, défile à leur tête aux Champs-Élysées pour le 14 juillet 1952 avant d’être désigné pour une formation au Centre d’Études Asiatiques et Africaines. Il y perfectionnera ainsi sa connaissance du vietnamien.
En avril 1953, il embarque à Marseille sur le Kerguelen pour Saigon où il est mis à disposition du Chef de la Mission Militaire Française près le Gouverneur Royal Laotien avec, pour première mission, en position « hors cadres », celle de rebâtir le 1er Bataillon de Parachutistes Laotiens dont les soldats Laotiens ont, pour la plupart, été tués ou se sont enfuis lors d’une grande offensive vietminh.Le commandant et les officiers français de cette Unité quasi-anéantie ont tous été tués ou portés disparus à l’exception d’un seul sous-officier gravement blessé et miraculeusement rescapé. Jacques dont le charisme est connu retrouve quelques officiers français volontaires pour l’accompagner et accueille un grand nombre de volontaires laotiens au camp de Chinaïmo (la « colline du grillon géant »). Le 1er Bataillon de Parachutistes Laotiens, remis en ordre de marche par Jacques, conduit des opérations dans le Nord Laos sur des terrains très accidentés entre les sommets des montagnes et la rivière Nam Hoie qui coule vers le Mékong depuis la région de Diên Biên Phu, à la frontière du Laos et du Tonkin. Son remarquable comportement lui vaudra une nouvelle citation avec attribution sur sa Croix de Guerre d’une étoile de Bronze Jacques CORMIER m’a expliqué que le Royaume du Laos et la France avaient un accord qui contraignait la France à défendre le territoire laotien en cas d’invasion. Le choix du camp de Diên Biên Phu, situé dans une position si difficile à défendre, doit beaucoup à cet accord car cette position commande l’accès au Nord Laos.
Alors qu’à Paris et Genève commençaient les discussions sur l’avenir de l’Indochine, GIAP, le commandant des forces vietminh, comprend l’importance militaire et surtout politique de ce combat. Il va y engager, avec l’aide considérablement accrue de la Chine de MAO TSE TOUNG, toutes ses forces militaires mais aussi toutes ses capacités d’intendance et celles de ses alliés chinois...Malgré l’importante aide américaine à l’armée française en avions et armes, aide initialement négociée par le Général de LATTRE de TASSIGNY deux ans plus tôt, l’Histoire nous a dit ce qui résulta de cette bataille de Diên Biên Phu. Pour en rester aux seuls parachutistes engagés dans l’Opération « Castor », les forces commandées par le Général GILLES comprenaient le 6ème BPC de Marcel BIGEARD, le 1er BPC de SOUQUET et le 2ème Régiment de Chasseurs Parachutistes de BRÉCHIGNAC. En appui, le 1er Bataillon de Parachutistes Laotiens commandé par Jacques CORMIER et trois autres Bataillons, avaient en charge de contribuer à soulager les assiégés de Diên Biên Phu en conduisant des opérations de dégagement et de harcèlement. Il en fut par exemple ainsi, dans la vallée de Nam Ou, de l’Opération « Condor » qui avait pour but de progresser, à partir de Muong Khoua vers Diên Bien Phu pour s’efforcer d’attirer vers eux une partie des forces ennemies qui étranglaient la garnison française de plus en plus affaiblie. Mais, me dit Jacques, bien qu’arrivées au contact des forces françaises encerclées à Diên Biên Phu, les forces de ces quatre Bataillons, très affaiblies en nombre par leurs actions de harcèlement, n’étaient pas à l’échelle. La chute de Diên Biên Phu, quelques semaines plus tard, le 8 mai 1954, allait marquer la fin de la guerre d’Indochine.
En fait, Diên Bien Phu a été, historiquement et depuis des siècles, la porte habituelle des invasions venues de Chine. Aussi, empêcher les Viets de marcher vers la capitale est un des objectifs du Plan NAVARRE, Plan dont la réussite supposait des renforts humains importants. Le Général NAVARRE est allé à Paris les demander. Ces renforts lui ont été fermement promis par le gouvernement mais ils n’arriveront jamais...
Pour Jacques, profondément patriote, la grandeur et le rayonnement de la France étaient essentiels. Aussi sa déception était cruelle et sa tristesse très profonde. Cette tristesse s’ajoutait à une autre tout aussi profonde, celle que causa l’annonce du décès de son père, grand patriote, annonce portée par un courrier au campement de son Bataillon en avril 1954, en pleine bataille de Diên Biên Phu. Pour services exceptionnels rendus au Royaume du Laos, le Roi SISAVANG VONG introduira le jeune lieutenant Jacques CORMIER dans « l’Ordre Royal du Million d’Éléphants ». L’objectif de cet Ordre créé au début du XXème siècle était, je cite, « d’honorer les hautes personnalités ayant rendu des services exceptionnels au Royaume du Laos ». Je cite le texte accompagnant cette nomination car il est chargé de plusieurs symboles forts pour les Laotiens, « la cérémonie de décoration sera faite le douzième jour de la lune croissante du douzième mois de l’année du cheval» c'est-à-dire, pour nous, le 22 novembre 1954.
Après trois mois de pause oh combien méritée, il est affecté à Bayonne mais détaché à Paris au Centre d’Études Asiatiques et Africaines où il suit, de mars à juin, la formation de la section Afrique du Nord et perfectionne sa connaissance de la langue arabe. Puis il est affecté au 2ème Bataillon de Parachutistes Coloniaux à Marrakech.Tandis que ce Bataillon devient le 6ème Régiment de Parachutistes Coloniaux, il gagne ses galons de capitaine dans les durs combats du Rif marocain en novembre 1955.Son régiment fait ensuite route vers l’Algérie, il débarque à Alger le 11 aout 1957. Après un mois au siège de l’Infanterie de Marine, il devient, à partir d’octobre, l’adjoint du Commandant de la Région de Blida. C’est dans cette fonction qu’il reçoit, le 6 septembre 1958, sa sixième citation du Général commandant le Corps d’armée d’Alger.
Permettez-moi de vous en écrire un extrait montrant bien, à la fois, toutes les qualités de combattant stratège et toutes les qualités humaines et morales de Jacques CORMIER :
« Officier de très grande valeur qui a fait preuve de belles qualités opérationnelles, d’une intelligence vive, d’un sens profond de l’humain et d’une activité inlassable. Il s’est particulièrement distingué en juillet, août et septembre 1957 lors des Opérations NC 15 dans les djebels d’Aïn-Sefra et de Djelfa et encore, plus particulièrement les 13 et 14 septembre à Bou-Hanndes ».
Le Général commandant le Corps d’armée d’Alger poursuit sa citation en disant
« Depuis octobre, dans la Région de Blida, grâce à son sens aigu de l’organisation, il a remarquablement conduit de pair la lutte anti-terroriste et l’action psychologique. Ainsi, il a doublement réussi la destruction de l’infrastructure rebelle de Blida et, dans le même temps, obtenu des résultats humains régionalement fortement appréciés car se traduisant pratiquement par la cessation des attentats et par l’amélioration des relations entre les français de souche et les français d’origine musulmane comme le montre, à titre d’exemple parmi d’autres, la création par lui d’un foyer sportif très largement ouvert aux jeunes musulmans et actuellement en plein essor. »Cette sixième citation comporte l’attribution, le 6 septembre 1958, de la Croix de la Valeur Militaire avec Étoile d’argent. 6 A la suite du Concours 1959 il est, début 1960, admis dans la 21ème promotion de l’École d’État-Major (Journal Officiel du 28 décembre 1959). Diplômé d’État-Major, il arrive, en mission spéciale, à Madagascar, jeune République indépendante, pour être mis à disposition de l’armée malgache en tant que Conseiller technique du Commandant du 1er Régiment d’Infanterie de l’Armée Nationale Malgache, régiment en cours de constitution. Particulièrement apprécié pour son efficacité et son grand sens humain, il est ensuite et très vite affecté, comme Conseiller pour les affaires militaires, à l’État-major particulier du premier Président de la République Malgache, Philibert TSIRANANA.
Jacques CORMIER est promu au grade de Chef de Bataillon, c'est-à-dire Commandant, par décret du 29 juin 1963. Il vient d’avoir 38 ans. Il rentre en France et est admissible à l’ÉCOLE SUPERIEURE DE LA GUERRE à la suite des épreuves écrites du Concours d’Admission de 1965 (Journal Officiel n°37 du 13 février 1965, page 1253). Le 21 septembre 1966, dans la cour des Invalides, Jacques CORMIER, 41 ans, est élevé au Grade d’Officier dans l’Ordre de la Légion d’Honneur par le Général de Corps d’Armée Georges CANONNE. Il est ensuite affecté à l’État- Major de la 1ère Région Militaire le 31 décembre 1966 avant d’être admis, à sa demande, à la retraite le 31 décembre 1968 à 43 ans.
Il poursuit ensuite une carrière industrielle à Paris au sein d’une grande entreprise française durant 20 ans. Ceux qui ont bien connu Jacques savent combien étaient grandes ses qualités humaines, ses capacités d’écoute, sa bonté, son attachement aux valeurs essentielles ou encore sa générosité. Parmi ses qualités humaines, on doit aussi citer son goût et sa capacité à communiquer, sa connaissance de l’anglais, de l’allemand, de l’annamite et de l’arabe contribuant fortement à l’efficacité de son action dans ses différents postes. Aucun n’oubliera non plus sa très grande modestie, son humour et, plus largement, sa très grande intelligence.
Eyquem d'Esparbès
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J'ÉTOUFFE -
" Ce matin en me levant, j’étais déjà brisé. Il y a eu tant de matins comme celui-là.
Et chacun de ces matins laisse des traces. Des traces qui s’accumulent. Puis, ces cauchemars en sommeil, qui reviennent à chaque déflagration.
Ce qui se passe en ce moment aux États-Unis me trouble à la nausée. Ce n’est cependant pas de l’Amérique dont je désire vous parler. Mais de la France.
Par quelle extraordinaire magie celle-ci pourrait-elle rester en dehors de ce grand déballage ?
Car ce matin, en me levant, je me suis mis à pleurer. Sans contrôle, sans pouvoir reprendre mon souffle. Quelque chose venait de se briser. Je venais de comprendre que mon histoire avec la France venait de se terminer. Ce pays qui m’a accueilli il y a déjà plus de cinquante ans, qui m’a accompagné durant toute ma vie professionnelle, qui m’a donné de formidables récompenses, de difficiles responsabilités, de vrais accomplissements individuels et parfois même collectifs. Ce pays avec lequel j’ai toujours entretenu des rapports subtils entre méfiance désabusée et confiance réaliste, entre tolérance constructive et incrédulité atterrée. Un pays dans lequel, pourtant, je n’ai jamais mâché mes mots. Ma conception de ce pays venait de se liquéfier.
Trop de silence, trop d’ignorance, trop de mépris de l’autre, trop d’égoïsme, et surtout trop de déni ont eu raison de cette « construction », en fin de compte purement théorique, que je croyais maîtriser.
Oui, la France est dans le déni d’elle-même. Car la France se pense encore tout aussi glorieuse, tout aussi sereine, tout aussi vaillante que dans le passé qu’elle se raconte. Il y a quelques jours, l’historien Marcel Gauchet écrivait dans le journal Le Monde : « La France se pense comme étant au centre du jeu et les Français vivent largement sur cette idée. Valéry Giscard d’Estaing, le malheureux, avait un jour osé dire, dans un moment de sincérité mal inspiré : "La France est une puissance moyenne." Ce fut un tollé ! C’était pourtant prophétique. Depuis, personne n’a osé aller dans ce sens. Notre pays a un problème d’image de lui-même et d’appréciation réaliste de sa position dans le monde. »
« Notre » France (puis-je encore ?) n’arrive pas à lâcher prise sur sa gloire passée, ô combien héroïque en effet. Elle qui a enflammé les révolutions dans le monde entier. Elle qui reste, malgré tout ceci, le pays symbole des droits de l’homme. Mais l’empire s’est rebellé et l’emprise a dû céder. Et l’entretien du mirage commence à coûter cher à tout le monde.
Incapable d’apporter des réponses constructives à cette nouvelle réalité, paniquée devant une décadence qu’elle ne peut plus dissimuler, enivrée par les cris de sirène éplorée de quelques philosophes qui s’apitoient sur une possible « fin de civilisation », voire, cauchemar ultime (!), la « disparition de l’homme blanc » (sic ! Je vous jure ! À la télévision française). Alors qu’il faut juste faire l’effort de comprendre qu’on est simplement arrivé à la fin d’un bien trop lourd héritage d’injustice, de déni et de profits, construit sur la misère des autres.
La France est dans le déni, car elle refuse d’accepter d’avoir perdu sa place prédominante et son empire. Son titre symbolique de nation des droits de l’homme, elle l’a aussi perdu (les condamnations à la Cour européenne des droits de l’homme en font foi). Une place – il faut quand même le préciser – que la « racaille » de l’époque, affamée, délaissée et ignorée, aura imposée par le feu et par le sang en prenant la Bastille puis, au moment opportun, en stoppant le roi en fuite, à un rond-point de Gilets jaunes à Varenne. Cette partie-là, on préfère l’oublier. Ce sont les gueux qui commencent toujours à construire l’histoire ! Ce n’est qu’ensuite qu’elle est récupérée – comme d’hab ! – par le nouveau pouvoir, la nouvelle bourgeoisie, voire l’ancienne dynastie, après avoir modifié le nom du parti, pour « remettre en route l’économie » (slogan clé pour comprendre le capitalisme).
Cela fait plus de cinquante ans que je vis en grande partie en France. Cela fait plus de cinquante ans que j’anticipe cette fracture un jour ou l’autre. Cela fait plus de cinquante ans que, oscillant selon le moment entre témoin, observateur ou acteur, je constate, éberlué, les outrances, les mots racistes, les gestes racistes, les décisions racistes, les lois racistes, sans que personne ne brûle les Champs-Élysées ou, au moins, par dépit, le Café de Flore, au lieu du Fouquet’s pour changer (note aux trolls : ceci est une image).
Dans un film que j’ai réalisé en 2000 (!), Le Profit et rien d’autre (Arte), à la question rhétorique : « Pourquoi je fais des films ? » j’ai répondu : « Parce que c’est beaucoup plus convenable que de brûler des voitures. » Des amis ont cru que c’était un trait d’esprit.
La concentration de colère accumulée tous les jours dans le cœur de ceux qui « ne vous ressemblent pas », de ceux qui vous regardent du dehors à travers la vitre embuée, est incommensurable. Il est important de noter en toute transparence que j’écris tout ceci de la position d’un homme noir absolument privilégié à tout point de vue dans ce pays.
Imaginez un seul instant ce que ressentent les autres ?
La France est dans le déni et ses enfants n’ont plus le temps. Ses enfants « adultérins » ne veulent plus attendre. Ses enfants noirs, blancs, jaunes, arc-en-ciel s’agitent. « The native are restless », dirait le colon. Ils n’ont plus toute la vie devant eux. Ils voient bien que vous n’avez rien foutu de bien notable ces soixante dernières années, rien d’autre que gérer en pépère le patrimoine légué. Ils ont déjà vu bien trop de malheurs s’empiler devant eux. Et ils ont bien constaté quelque part que les « responsables » ne faisaient rien, que les « responsables » ne s’estimaient pas « coupables », et peut-être même, pire, que les « responsables » ne seraient même pas les « vrais » responsables, mais des exécutants. Ses enfants ont compris que ce sont les 1 % des 1 % des plus riches qui décident. Et ils n’ont même pas à lever un seul petit doigt pour le faire, car la machine fonctionne très bien toute seule. Les politiques zombifiés, soumis aux puissants, ne sont plus que des mini-capitaines essayant de rassurer les bonnes gens des premières et secondes classes sur le Titanic, quant au fait qu’ils maîtrisent bien la troisième classe et qu’il n’y aura pas d’émeutes – promis – pendant que le bateau s’enfonce de plus en plus vite dans la mer froide.
Qu’est-ce que tout ceci a à voir avec le racisme ? Un peu de patience. Avoir un peu de « contexte » permet de mieux assurer la cible.
Depuis la crise pétrolière des années 1970, le monde est rentré dans un nouveau cycle capitaliste. Cela a remis en question les rapports de force existants. Les anciens empires perdent leur exclusivité et refusent d’assumer que la gloire est (dé)passée et qu’il faut renoncer à l’idée de toute-puissance.
Alors, on fait porter les conséquences sur les autres. La majorité. On décide de faire des « réformes » vers le bas, de détricoter les acquis « trop coûteux », on invente un nouvel euphémisme : « rationaliser ». On dépouille les protections sociales, on rémunère les hôpitaux à l’acte, on « désosse » les écoles, on privatise à tout-va et on vend les bijoux de la reine, on bloque les salaires, on pille les pensions, on désocialise les plus faibles et délocalise les moins « performants ».
Pendant ce temps, les plus-values financières augmentent de manière exponentielle et se concentrent encore davantage entre les mains de quelques-uns. Au point que ceux-ci ne savent plus où cacher leur magot, face à des politiciens et à des parlementaires hébétés, ne pensant qu’à survivre à une ultime élection.
Ils ont raison de se soulever, ces jeunes. Ils ont raison de manifester, ils pourraient même avoir raison de tout casser (voilà, je l’ai dit !). Car l’État profond est sans tête (pensante), sans bras (actifs). L’État est paralysé et lui aussi démembré. Voici venir le temps des apprentis sorciers, des opportunistes, des populistes.
On a dit à la foule que l’État ne peut pas tout, que l’État est pauvre, qu’il fallait tenir-relancer-préserver-pousser-relever (au choix) la croissance. Comme il ne fallait pas toucher aux profits, les seuls paramètres restants étaient les salaires, les pensions, les services. Il fallait se « serrer la ceinture » pendant que d’autres (des boursicoteurs, des traders, des parlementaires, des ministres, des présidents, des hommes d’affaires, des patrons du CAC, des grands parfumeurs, des grands couturiers, des rois… et même des reines et des princesses) se goinfraient à l’étage.
Il fallait être « compréhensif » pendant que d’autres planquaient leurs revenus à la Bourse, au Luxembourg, au Panama et dans ces milliers d’autres fonds illicites. Ce qu’on appelle pudiquement l’optimisation fiscale est devenu une branche légitime de tout cabinet comptable qui se respecte.
Aujourd’hui, des milliers de milliards de capitaux flottent dans ces réseaux ; un argent devenu fictif, dont on ne sait plus très bien à quoi il sert. Mais les gens ne sont pas sots. Ils voient bien que quand la crise devient dangereuse pour le capital, des centaines de milliards surgissent de nulle part pour sauver les banques (2008) ou, plus anecdotique, la cathédrale Notre-Dame. Ils voient bien que l’impossible devient possible, lorsque les profits sont en danger. (Ils ne disent pas « les profits », bien sûr, mais « l’économie ».)
Les soignants manifestent depuis des années pour dire combien nos vies sont en danger. On les admoneste et on leur reproche d’être alarmistes et « paresseux » (!).
Les « gens » percent bien la rhétorique bancale. Quand il s’agit des banques, des fabricants d’automobiles, de l’industrie pharmaceutique, des Bourses, des spéculateurs, tout devient soudain possible : l’abandon des principes, la suppression des protections fiscales, environnementales, médicales, la déréglementation à gogo, la modification accélérée des barèmes, l’élimination ou l’amendement des normes de sécurité, les votes express au parlement, les mesures d’urgence, la loi martiale, et même : « laisser filer le déficit ». « Il faut relancer l’économie ! » s’époumonent-ils. Mais laquelle ?
Le pape Jean-Paul II, lors d’une visite dans « mon pays », en Haïti, en mars 1983, face à la dictature de Jean-Claude Duvalier déclare : « Il faut que les choses changent ici. » Comprenant parfaitement le message, les écoliers sont descendus dans la rue et, au péril de leur vie (que certains ont perdue !), ont fait partir le dictateur qui, pour l’anecdote, sera sauvé par ses amis américains et récupéré par un gouvernement français à qui on aura forcé la main. Pour raisons humanitaires, nous dira-t-on. Autant pour la souveraineté. On est plein d’humanité pour ses complices, moins pour ceux qui bravent le désert, la guerre, la Méditerranée, pour rejoindre un peu de paix et de survie.
Je mélange les genres, direz-vous ? Et le racisme dans tout cela ? J’y viens. Je veux simplement établir comment tout cela est lié. Et qu’il ne s’agit pas juste d’une question de « détestation » de « l’autre ». Tout est connecté. Je ne fais que raccorder les fils.
Car, comprenez-vous, le racisme brutal, laid, malveillant, n’arrive pas ainsi du vide. Il fait partie d’une histoire bien orchestrée. Une histoire qui commence dès le xie siècle, quand l’Europe (catholique) part en croisade vers l’est, pour exterminer les juifs et les musulmans (déjà !) ; puis vers l’ouest, pour décimer les Indiens d’Amérique ; puis vers le sud, pour violemment amputer l’Afrique de plus de 20 millions de ses habitants et fabriquer la plus vaste arnaque humaine qui soit et qu’on a pudiquement appelée le « commerce triangulaire ».Un triangle de la mort qui va littéralement construire Nantes, Bordeaux, La Rochelle, Saint-Malo, Le Havre, et j’en passe. Cette phénoménale accumulation de richesse lancera définitivement le système capitaliste moderne, tel qu’on le connaît aujourd’hui.
Oui, tout est lié, voyez-vous. C’est bien la même histoire. Il n’y en a qu’une seule, malheureusement contée par ceux qui en sont sortis riches. Plus rarement racontée du point de vue de ceux qui en ont payé le prix.
Tout est donc lié.Les policiers qui ont mutilé l’anus de Théo L. ne connaissent probablement pas les détails de cette « grande histoire », mais, intuitivement, ils ont compris qu’il fallait taper fort.Les policiers qui ont étouffé Adama Traoré ne savent pas vraiment d’où vient la France, mais ils sentent diffusément, quelque part, au fond d’eux-mêmes, qu’ils font partie des « vainqueurs », alors ils frappent. Les policiers qui ont traqué comme des biches dans une chasse à courre deux adolescents, Bouna Traoré (15 ans) et Zyed Benna (17 ans), pour que, transis de peur, ils meurent électrocutés à l’intérieur d’une armoire de transformateur électrique, n’ont pas la moindre idée des ramifications de la « grande » histoire avec leur hallali suburbain. Mais, qu’à cela ne tienne : « Nom de Dieu, faire partie des gagnants ! Y a que ça ! » Ils soupçonnent vaguement qu’ils font le travail pour ceux qui ont planqué leur argent aux îles vierges, mais ils ne sont pas sûrs.
En fait, cette longue chaîne d’histoires apparemment dispersées, on voit bien d’où elle vient, pour peu qu’on se donne un peu de mal et qu’on fasse preuve d’un soupçon de jugeote. On voit bien qui en profite, on voit bien qui sert de chair à canon et qui sont « les travailleurs en seconde ligne », et ceux de toutes les autres lignes plus bas dans la hiérarchie. En allant plus loin et en essayant d’être un brin plus honnête, on voit bien que le racisme, ce n’est pas vraiment qu’on déteste les Noirs, qu’on déteste les Arabes, qu’on n’aime pas les Chinois, qu’on a peur des « racailles » de banlieue. Tout cela on le sait, bien sûr, et on le vit. Mais on voit tout aussi bien que, pris un à un, ils sont bien comme vous, ces braves beurs/blacks. Surtout lorsqu’ils gagnent des médailles bleu/blanc/rouge, nous font rire sur la scène, à la télévision, au cinéma et pleurer quand il/elle chante « si bien » le spiritual, le blues, la soul, même le rap. Tout ça, vous le savez. La question est maintenant de savoir ce que vous allez en faire. Réfléchissez bien avant de répondre. Car ceux qui arrivent ne sont plus aussi patients. Ni aussi pacifiques.
Lorsque les « déclarations » incendiaires proviennent – mine de rien – directement du sommet de l’État, la blessure n’est que plus profonde. De ces blessures spécifiquement françaises, j’en porte un sacré paquet depuis un temps. Et je n’en ai oublié aucune : les outrages grotesques de toute la famille Le Pen et associés, certes attendus, mais cela fait quand même mal ; les vociférations d’un Charles Pasqua ; le silence de Mitterrand ; les « odeurs » d’un Chirac ; les « glissements » d’un Jospin ; les insultes bonhommes d’un Sarkozy ; les « sans-dents », d’un François Hollande ; les « virevoltes » précieuses d’un Macron. Vous imaginez-vous comment cela est interprété par les sous-fifres ? De ministère à parlements, à préfecture, à commissariat ?
Les mots éclatent en mille morceaux létaux lorsqu’ils arrivent sur le terrain.
C’est ici, en France, que j’ai eu envie de dire ces paroles. Car à ce pays, j’ai consacré une part importante de mon énergie, de mon travail. Ne vous méprenez pas, ceci n’est ni une mise en discussion, ni une tribune, ni l’ouverture d’un forum quelconque. Je n’ai aucun dialogue à initier. Le temps pour cela est passé. Je ne suis plus disponible. Arrêtez une bonne fois de demander aux victimes de résoudre vos problèmes.
La France a contribué à la construction de la personne que je suis. À travers mes engagements dans et pour ce pays, j’ai essayé de redonner ce qu’elle m’avait apporté. Je ne pense pas avoir fait preuve d’ingratitude, me semble-t-il. Malgré l’aveuglement de cette élite, et plus particulièrement du monde culturel et politique que j’ai fréquenté.
Pardonnez-moi d’avance, mais je ne vois pas comment dire ces choses, autrement que brutalement. Je ne vois pas comment faire front à la paresse intellectuelle, au déni, à l’incapacité d’empathie, sans dire les choses crûment.
Je suis fatigué d’éduquer, d’être patient, de faire bonne mine contre mauvaise fortune, alors que je suis confronté à un racisme dégradant (conscient ou inconscient). Je suis fatigué d’être pédagogue ; je suis fatigué de retenir ma réponse brutale, alors qu’une apostrophe censée être drôle vient d’être émise, énième microagression déguisée sous une « bonne foi » infantile. Je ne veux plus gérer l’inconfort de la stupidité d’un moment.
Je suis fatigué d’être celui qui DOIT faire l’effort de compréhension, l’effort d’explication, l’effort de magnanimité devant votre « innocence ».
Oui, la France m’a beaucoup donné à titre individuel. Mais elle a tout repris à mon collectif. Combien de fois, en France, n’ai-je pas eu à répondre à un journaliste ou à un spectateur bien-pensant que mon film I Am Not Your Negro n’était pas un film sur les États-Unis. Je voyais bien comment cela rassurait que cela se passe là-bas, très loin, chez les affreux Américains, résolument d’épais racistes sans éducation et sans manières.
Que ce genre d’abus puissent se passer en France n’est pas imaginable. Je voyais bien dans leurs yeux qu’il fallait que je les rassure, qu’il fallait que je confirme que ÇA, c’est l’Amérique, PAS la France. Parfois, par politesse ou par fatigue, je me taisais. Je renonçais à expliquer, une énième fois, que c’était également la réalité française, tous les jours, systématiquement. Aussi brutale. Aussi vulgaire.
Mais il ne s’agit pas de dosage ici. Le racisme « light » est aussi du racisme. Il fait tout aussi mal. Surtout lorsqu’il perdure innocemment et s’accumule. Le raciste qui s’ignore remplit tout aussi bien sa tâche. Même caché derrière un paternalisme de bon aloi, il reste tout aussi brutal et efficace.
J’aimerais toutefois préciser que quand je parle de racisme en France, je ne parle ni de M. Zemmour, ni de M. Ménard, ni de Marine et consorts, faciles à identifier et qui sont là pour dire tout haut ce que d’autres disent en privé et pour servir de défouloir sociétal. Ce serait trop facile. Ils servent parfaitement bien à cacher la laideur envahissante et le silence de la majorité…
Certains, même dans la bien-pensante gauche française, sont passés maîtres dans l’artifice raciste sublimé, dans un langage nappé de sympathie coupable, qui désarçonne tout autant : « Ne sois pas parano, tu vois le mal partout, sois patient, pardonne-lui, il ne comprend pas, il est en colère, calme-toi, on t’aime beaucoup tu sais, mais tu devrais être plus reconnaissant, je n’étais pas obligé de t’aider, tu pourrais sourire, tu pourrais dire merci, et puis après tout, ce n’est pas si grave, tu t’en remettras, et puis tu es intelligent, tu en as vu d’autres, ce ne sont que des grands enfants, il faut les comprendre », etc.
Et ceci, tout le temps, sans discontinuer…
La France est dans le déni. James Baldwin dit que l’Amérique aimerait que Birmingham soit sur Mars. Les Français, eux, auraient aimé que le racisme, ça ne soit qu’aux États-Unis. Un jour, il y a déjà longtemps, j’écoutais d’une oreille distraite, un des amis de ma fille, raconter goguenard, un incident avec la police. Du haut de ses 14 ans, frimeur, il raconte comment il avait été gardé dans un commissariat pendant qu’un policier jouait à la roulette russe avec son pistolet pointé sur sa tempe de gosse. Il raconte l’histoire en rigolant. Mais je vois bien dans ses yeux d’enfant que cela laissera des traces. Pour sûr, le policier, lui, ne voit pas un enfant, mais un « délinquant ». Au mieux. Vingt ans après, je me demande encore ce qu’est devenu ce garçon.
C’est facile d’être du bon côté. Quel privilège de pouvoir juger les autres. De pouvoir dire combien « les réfugiés exagèrent », comment les sans-abri « pourraient faire un effort », qu’il y a « trop d’étrangers » et qu’on ne porte pas le « bon » prénom. Cela doit même être jouissif. Le pouvoir de dire « ce qu’on veut » sans aucune censure.
Toute ma vie, j’ai toujours dû faire attention à ce que je disais, comment je le disais, à qui je le disais. Cette « liberté de parole » dont on se délecte ici si friamment, j’en connais le prix. Je ne l’ai jamais tenue pour acquise. Face au cynisme ambiant, personne ne risque plus vraiment sa vie pour une cause, à part quelques anarchistes d’une autre époque.
La démocratie, c’est la paix en Europe, mais la guerre ailleurs. Confortablement installés dans un arrondissement sécurisé, nettoyé quotidiennement par des éboueurs « étrangers », alors que le reste du monde gémit. Ignorez-vous vraiment le prix de votre bien-être ? Ou faites-vous semblant ?
Le racisme ? Juste une partie de la topographie. Car tout est connecté. La recherche de superprofits qui écrase forcément un autre ailleurs, la destruction de la planète, l’exploitation des plus faibles, la haine de l’autre, la consommation à outrance, quel qu’en soit le prix (encore une fois payé par d’autres), tout cela, comme le miroir est brisé, rend négligent et indifférent.
« Jusqu’ici tout va bien », vous dites-vous, alors que le monde dévale étage après étage vers le fond.
La France, donc, est dans le déni. Et il est temps d’arrêter. Pas demain. Aujourd’hui. Que chaque citoyen prenne sa part du fardeau et arrête d’observer à distance. À l’instar de ces chroniqueurs silencieux regardant une jeune journaliste noire (Hapsatou Sy) se faire insulter et humilier publiquement, comme s’ils n’avaient humainement rien à dire sur le sujet et que la « Noire » était la meilleure « spécialiste » de la question. Ils regardent, circonspects, incapables de solidarité, incapables d’empathie, incapables de décence même, un lynchage public à la télévision française.
« God gave Noah the rainbow sign, No more water, the fire next time ! »
(« Dieu donna à Noé le signe arc-en-ciel, plus d’eau, le feu la prochaine fois ! »)
L’écrivain James Baldwin a dit tout cela, il y a déjà plus de cinquante ans ! Le même temps que j’ai passé en France. Et ce sont les mêmes qui continuent à payer ! Le coronavirus a rendu visible une part de ces vérités. Mais on est loin du compte. Les orphelins de la République descendent dans la rue, profitant de la vague qui dévaste les États-Unis. Alors qu’une autre jeune femme, Assa Traoré, demande justice depuis plus de quatre ans pour l’assassinat par des policiers de son frère Adama.
« I can’t breathe ! » « J’étouffe ! » a également crié Adama. Les policiers étaient français, comme l’est le dispositif mis en place pour étouffer la vérité. Les conjurés locaux n’ont rien à apprendre de leurs collègues américains. Je n’ai jamais cru à la « virginité » de la République, même si je la savais théoriquement capable de grandeur. Elle dépend toujours de la sincérité, du courage, de la clairvoyance des hommes et des femmes qui la servent. Or pour le moment ils sont tétanisés.
Pour finir, comment sortir de cette situation ?
L’État ? Défaillant.
Les partis ? En guerre entre eux, avec de moins en moins de convictions. Inaudibles. Laminés.
Les syndicats ? Chahutés sévèrement depuis cinquante ans, ils ont du mal à trouver la bonne parade.
Les élus ? Certains ont compris. Ils se battent. Mais ils sont isolés. Les maires et les « gens de terrain » ? Peut-être nos seuls espoirs. Car eux, au moins, ils sont obligés de se confronter à l’humain au quotidien. Ils sont dans le réel, dans la vie, la mort, les naissances, le malheur, les fêtes, les enterrements. Dans les bons et les mauvais moments, ils n’ont d’autres choix qu’être présents. Père, mère, confesseur et soignant à la fois. Eux, ils savent. Il faut tout reprendre à la racine. Tout mettre sur la table, pour tout reconstruire. Aucune institution ne doit y échapper. C’est le problème de chaque citoyen, de chaque institution, la presse comprise, de chaque conseil d’administration, de chaque syndicat, de chaque organisation politique, partout il faut ouvrir ce chantier car c’est à vous de résoudre ce problème, pas aux Noirs, ni aux Arabes, ni aux femmes, ni aux homosexuels, ni aux handicapés, ni aux chômeurs. On saura vous rejoindre en temps voulu. Une discussion locale, régionale puis nationale, en totale indépendance du pouvoir. Organiser des états généraux sans avoir à brûler la Bastille ? Un impossible rêve de citoyen ? La République tolérera-t-elle sa remise en question ?
« And here we are, at the center of the arc, trapped in the gaudiest, most valuable, and most improbable water wheel the world has ever seen. Everything now, we must assume, is in our hands […]. If we […] do not falter in our duty now, we may be able […] to end the racial nightmare, and achieve our country, and change the history of the world. If we do not now dare everything, the fulfillment of that prophecy, re-created from the Bible in song by a slave, is upon us : God gave Noah the rainbow sign, No more water, the fire next time ! »
« Et nous voilà au milieu de la courbe, pris au piège dans le plus voyant, le plus coûteux, le plus invraisemblable toboggan que le monde ait jamais connu. Il nous faut agir maintenant comme si tout dépendait de nous […]. Si nous nous montrons dignes […] peut-être la poignée que nous sommes pourra-t-elle mettre fin au cauchemar racial, faire de notre pays un vrai pays et changer le cours de l’histoire. Si nous n’avons pas, et dès aujourd’hui, toutes les audaces, l’accomplissement de cette prophétie, reprise de la Bible dans une chanson écrite par un esclave, est sur nos têtes : Et Dieu dit à Noé / Vois l’arc en le ciel bleu / L’eau ne tombera plus / Il me reste le feu*… »
Ce matin, en me levant… j’ai pleuré. J’ai pensé qu’un autre monde était possible, sans qu’on ait à mettre le feu partout. Maintenant, je ne suis plus sûr du tout.
9 juin 2020 "
- Raoul Peck - Réalisateur, scénariste & producteur.
https://le1hebdo.fr/journal/jetouffe/301/1/article/j-touffe-3898.html
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