#LE CAVALIER BLEU
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OFELIA
I
Sobre la linfa negra en que los astros duermen, flota la blanca Ofelia como una azucena; solevada en sus velos, flota muy despacio. En los bosques resuena una lejana cuerna.
Son ya más de mil años que la triste Ofelia discurre, blanco espectro, por el negro río. Son ya más de mil años que su tierna insania murmura su romance al viento vespertino.
Besa el aura sus pechos y en cáliz distiende vastos velos que mece laciamente el agua. El sauce estremecido sobre su hombro llora, la soñadora sien se inclina a espiar la caña.
Suspíranle en redor las rozadas ninfeas. Y tal vez sobresalta en un aliso quieto un nido del que escapa un parvo repeluzno. Los astros de oro vierten su cantar secreto.
II
¡Pálida Ofelia, ay, como un ampo de nieve, ni��a fuiste a morir, raptada por un río! Un viento que caló de montes de Noruega de aceda libertad te suspiró al oído.
Desconocido soplo, azotando tu pelo, tu genio soñador llenó de extrañas voces; tu atento corazón la Natura escuchaba si el árbol se quejaba, espiraba la noche.
Como inmenso estertor, la voz de los océanos, tu pecho niño hendía, humano y vulnerable; y tal alba de abril un trasojado príncipe, fue a sentarse a tus pies… y calló, pobre orate.
Cielo, Amor, Libertad: ¡fueron sueños de loca! Te fundías en él como nieve en el fuego. Ligaban tu garganta visiones grandiosas… y espantó tu ojo azul el Infinito horrendo.
III
Y refiere el cantor que a la luz de los astros, flores de tu corona vas buscando a tientas… y que ha visto en el agua, acostada en sus velos, flotar la blanca Ofelia, igual que una azucena.
*
OPHÉLIE
I
Sur l'onde calme et noire où dorment les étoiles La blanche Ophélia flotte comme un grand lys, Flotte très lentement, couchée en ses longs voiles… — On entend dans les bois lointains des hallalis.
Voici plus de mille ans que la triste Ophélie Passe, fantôme blanc, sur le long fleuve noir ; Voici plus de mille ans que sa douce folie Murmure sa romance à la brise du soir.
Le vent baise ses seins et déploie en corolle Ses grands voiles bercés mollement par les eaux ; Les saules frissonnants pleurent sur son épaule, Sur son grand front rêveur s'inclinent les roseaux.
Les nénuphars froissés soupirent autour d'elle ; Elle éveille parfois, dans un aune qui dort, Quelque nid, d'où s'échappe un petit frisson d'aile : — Un chant mystérieux tombe des astres d'or.
II
Ô pâle Ophélia ! belle comme la neige ! Oui tu mourus, enfant, par un fleuve emporté ! C'est que les vents tombant des grand monts de Norwège T'avaient parlé tout bas de l'âpre liberté ;
C'est qu'un souffle, tordant ta grande chevelure, À ton esprit rêveur portait d'étranges bruits ; Que ton cœur écoutait le chant de la Nature Dans les plaintes de l'arbre et les soupirs des nuits ;
C'est que la voix des mers folles, immense râle, Brisait ton sein d'enfant, trop humain et trop doux ; C'est qu'un matin d'avril, un beau cavalier pâle, Un pauvre fou, s'assit muet à tes genoux !
Ciel ! Amour ! Liberté ! Quel rêve, ô pauvre Folle ! Tu te fondais à lui comme une neige au feu : Tes grandes visions étranglaient ta parole — Et l'Infini terrible effara ton œil bleu !
III
— Et le Poète dit qu'aux rayons des étoiles Tu viens chercher, la nuit, les fleurs que tu cueillis ; Et qu'il a vu sur l'eau, couchée en ses longs voiles, La blanche Ophélia flotter, comme un grand lys.
Arthur Rimbaud
di-versión©ochoislas
#Arthur Rimbaud#literatura francesa#poesía simbolista#aparición#Ofelia#demencia#visiones#espanto#di-versiones©ochoislas
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Mick/Charles please? I miss them 🥲
(You can write it in French if you want haha 😂 but anyway I’ll never judge you for mistakes in English since I’m the first one to do them)
Thank you my dear what a nice request ! So here we go, I hope you will like it because it's a bit special (🤦🏻♀️)
Au château du Baron Rouge, vivaient deux gentils princes, l’un blond comme les blés, l’autre brun comme le soir, l’un aux yeux bleus, l’autre aux yeux verts, l’un est l’héritier et l’autre le prédestiné, l’un est le fils du baron et l’autre son protégé. Ils grandirent tous les deux ensembles la tête emplie des mêmes rêves, des rêves de petits de garçons, des rêves de victoires, des rêves de gloire. Puis le temps vint pour eux de quitter le vieux château et d’aller faire leurs armes auprès d’un ami du baron.
Pendant deux ans messire Sebastian va leur apprit tout ce qu’il leur fallait savoir.
Charles s’avéra à même de savoir tout faire d’instinct, que soit pour le maniement des armes, des chevaux, la musique ou la danse ; il excellait en tout et pour tout. Mick, plus jeune, le regardait faire émerveiller, lui auquel il fallait, en comparaison, tant de temps pour assimiler les nouvelles choses qu’on lui enseignait. Tout autre que lui aurait été jaloux de cet étranger dont le talent semblait éclipser le sien mais Mick avait le cœur trop généreux pour cela et cette âme d’or ne pouvait renfermer aucune amertume, ni aucune jalousie. Après son père et Sebastian, Charles était la personne au monde pour laquelle il avait le plus d’admiration.
Charles fut le premier à être fait chevalier et debout dans l’église où avait lieu la cérémonie Mick suivait des yeux son ami descendant l’allé centrale éclairée par le soleil couchant qui faisait rutiler son armure en pensant que les anges devaient briller d’une pareille lumière. Le jeune chevalier monta sur son cheval, un magnifique étalon noir que lui avait offert Sebastian, qu’il fit se cabrer, imitant l’image qui se trouvait sur son écu : un cheval noir cabré sur fond de grenat.
On se réjouit des heureux évènements de cet journée durant un banquet qui se prolongea fort avant dans la nuit. Puis au petit jours Charles se leva, revêtit son armure et fit amener son cheval. Mick n’avait pas osé s’endormir de peur que son compagnon ne parte sans qu’il ait pu lui dire au revoir, et blottit dans sa chambre il guettait le moindre bruit, prêt à s’élancer au moindre signal. Lorsqu’il entendit les pas lourds d’un homme en arme résonner dans l’escalier de la tour où ils logeaient, il se précipita hors de sa chambre juste à temps pour saisir son ami dans ses bras au moment où il arrivait devant sa porte. Charles lâcha un petit amusé en voyant ainsi son jeune camarade se jeter sur lui. Il laissât Mick l’éteindre pendant plusieurs secondes puis doucement il éloigna le corps encore frêle de son ami. Leurs regards se croisèrent et c’est alors qu’il vit que les yeux couleurs d’azur de Mick pleins de larmes. Charles sourit tristement puis il vient passer une main affectueuse dans les cheveux d’or de son compagnon de toujours. Il dit la première bêtise qui lui passa par la tête afin de réconforter le jeune garçon et ayant enfin obtenu de lui un sourire, il se détacha délicatement de Mick et poursuivit sa route.
Le fils du baron le suivit en silence, il regarda Charles mettre ses gants, monter à cheval, saisir sa lance et son bouclier puis il s’approcha du bel étalon et se collant contre son encolure il lui recommanda de prendre bien soin de son cavalier. Après quoi il se tourna vers Charles et accrochant à sa selle un mouchoir de brocard rouge qu’il avait hérité de sa mère il dit : « Beau doux sire, que la sainte image brodée sur ce mouchoir vous protège et vous garde, et puisse-t-elle vous rappeler celui qui attendra votre retour avec plus d’ardeur encore que les fleurs attendent le retour du printemps. »
Quelques instants plus tard Charles était parti, parti à la quête d’aventure, parti à la quête de gloire afin d’honorer le nom de la grande maison des Ferrari dont il était devenu la grande espérance, il partit en attendant que quelques années plus tard Mick en face de même, pousser lui par le désir de conserver la gloire qui entourait le nom de son père.
#thank you so much for the ask#i enjoyed it a lot#my writing#fanfic#charles leclerc#mick schumacher#ask
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Jour 3 - Bleu Lagon
Après ce qui lui avait semblé des jours de marche, Greda était arrivée à l’embouchure du fleuve, là où ses eaux tumultueuses et opaques se fondaient dans un bleu que l’orc n’imaginait pas si clair, si vif. Ce bleu si étrange, presque mystique, semblait à peine dérangé par l’afflux soudain d’eaux sombres. Un bleu si étrange, si vif comme un joyaux et pourtant, si l’on se concentrait bien dessus, ce bleu semblant devenir presque noir au centre, là où la profondeur était la plus grande. Un bleu lagon. Elle avait entendu cette expression avant, bleu lagon, probablement auprès des voyageurs dans les caravansérails que son clan avaient fréquentés… Ou peut-être dans la bouche de Sanni, lorsqu’elle racontait des histoires aux petits ? Ou bien les deux - sans doute les deux. Est-ce que cette couleur s’appelait-elle ainsi à cause de l’endroit, ou bien l’inverse, d’ailleurs ? Est-ce que c’était cela, même, un lagon ?
Est-ce que tout cela en valait la peine ?, se demanda l’orc en s’appuyant contre le rocher le plus proche. Son outre était vide depuis plusieurs heures et elle n’avait mangé que quelques myrtilles et poires de terre depuis le lièvre d’il y a deux jours. Elle qui avait toujours été une excellente chasseuse, toujours apte à ramener de la gazelle pour son clan, se retrouvait démunie, presque une enfant dans ces conditions. “Père t’aurait mis à mort, pour être aussi faible et ridicule…” marmonna Greda en se laissant glisser au sol, les yeux fermés sur ses larmes et son moignon râpant durement contre la surface du rocher. C’était un miracle que la blessure ne se soit pas infectée, mais heureusement la coupure avait été nette - un avantage précieux des armes de fabrication naine, car leur tranchant était inégalé. Pourtant, ce n’était pas un nain qui lui avait coupé le bras, mais un cavalier à cheval, portant cet étrange soleil comme blason sur ses habits luxuriants.
A vrai dire, maintenant que Gerda y repensait, tous leurs attaquants portaient cette emblème sur leurs armures et chevaux. Une piste à creuser pour tenter de retrouver Sanni, la sauver des griffes de ceux qui l’avait enlevée. Libérée, avaient-ils dit, libérée de ces bêtes sanguinaires, ces sauvages, tels avaient été leurs mots exacts. Elle avait crié son nom, avec ce petit accent charmant même dans l’urgence et cela avait mis un peu plus de bravoure dans les gestes de l’orc. Un peu plus de désespoir aussi lorsque la jeune femme avait disparu de son champ de vision et que le cercle de cavaliers c’était refermé sur elle. Et beaucoup de désespoir, teinté de honte, lorsque tombée au sol et tentant vainement d’attraper une arme, on lui avait coupé l’avant-bras, avant de la laisser là, au milieu des cadavres. Le reste de son clan dispersé ou pire, capturé.
Elle s’était relevée après un moment, avait regardé son bras inerte, coupé net par l’impact de l’arme, pendant un certain temps, puis avait récupéré de quoi nettoyer la plaie. Elle avait ensuite déchiré une toile de tente qui tenait encore debout et l’avait enroulée autour de sa blessure, avant de ramasser quelques provisions et une lance et de se mettre en route vers leur destination : l’avant-poste du Bout du Fleuve, pour la Fête des Morts. Gerda n’était plus si loin, maintenant que l’océan était en vue et que le delta du fleuve s’étendait devant elle, pourtant elle n’arrivait pas à se relever. Elle était lasse, si lasse, de tout. D’avancer. De se battre. D’être forte. Parfaite guerrière mais qui n’avait pu sauver son clan, ni même son épouse. Ni même son bras, qui lui semblait maintenant irradier de chaleur - ou bien était-ce son esprit qui se perdait alors que les larmes s’écoulaient sur ses joues poussiéreuses.
Elle n’en savait rien. Elle ne savait plus rien, juste qu’elle avait lamentablement échoué dans toutes ses tâches de future cheftaine. D’un geste rageur, Gerda essuya ses larmes et força ses yeux ouverts. Gifla ses joues pour arrêter cette faiblesse indigne et plongea son regard sur la plaine qui s’étendait en dessous-d’elle, pour finir dans le bleu fascinant de l’océan. Un bleu lagon. Est-ce que cette couleur s’appelait-elle ainsi à cause de l’endroit, ou bien l’inverse, d’ailleurs ? Une ombre se posa sur elle et l’orc pria, en son fort-intérieur, pour que ce soit la fin. Et qu’elle soit rapide et sans trop de douleur. “Gerda ? Gerda Longstooth ? Par Uruk, qu’est-ce que tu fiches là ?! Qu’est-il arrivé à ton bras ? Oh par Uruk ! Oh Uruk ! Oh non ?! Oh gamine tu m’entends ?” tonna l’ombre en s’agenouillant à ses côtés, détournant de force son visage du bleu lagon de l’océan pour vérifier que la jeune orc était toujours vivante.
Gerda cligna des yeux et l’ombre se précisa un peu plus, un orc à la barbe tressée et aux multiples cicatrices se tenait à ses côtés. Par certains traits, il ressemblait à son père, en plus compact. En plus rond et doux, comme souvent ceux qui vivaient près des avants-postes. “… Oncle Roth ?”
#30jourspourécrire#en français#in french#un petit peu de longueur pour cerner un caractère pour le nanowrimo#on verra si j'utilise la scène ou pas
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Mon corps décharné
Mon corps, décharné. Mon corps, blême et fiévreux. Sinon rose, comme une pivoine. Ce corps porte les stigmates du temps morcelé entre un abîme et un autre. Combien d’aller-retours entre ici et ailleurs ? À briser sa coque sur les récifs. Lagons bleus, trainée d’écume et derrière les arbres des cascades vertigineuses. Combien a-t-il supporté ? Mais je ne me plains pas car je suis mon pire ennemi. Mon âme en sait quelque chose. Mon esprit et ma pensée sont liés, imbriqués plutôt, ils avancent en rythme dans un désert d’horreurs et de merveilles. Je suis mon pire ennemi et souvent je ne me reconnais pas. Sur la corde je tiens mon équilibre vital. D’un abîme à l’autre, d’une falaise à une autre. Le vent, la pluie, le désordre total. Des gens qui errent. Ils errent remplis d’effroi, tenant leur âme sous le bras. Ils cherchent le bureau de la rémission des péchés. Laver son âme comme on se lave les mains, regardant la crasse être engloutie par le siphon. S’il était si simple de se purifier l’horreur serait peut-être plus démente encore. C’est un fil barbelé qui relie la famine et la paresse. C’est un fil barbelé qui relie la vanité aux limbes. C’est un fil barbelé qui fait le pont entre le néant et le tout. Et c’est les mains couvertes de sang que l’on s’abreuve en connaissance, en expérience. Chaque médaille a son revers. Tout doit revenir à sa place. Les morts iront tous avec les morts et la joie sera toujours encouragée par la joie. Au jugement dernier, tout nous sera révélé.
J’ai pris la route ce matin. Possédé. Il était tôt et on voyait les lumières des maisons s’éclairer une à une. Juste sous le brouillard qui coiffe le vallon. Ma tête semblait claire mais que dire de tous ces assauts, de toutes ces questions. Chemin faisant je goûtais au plaisir de l’abandon, au soulagement de l’acceptation. Je n’aurai jamais les réponses. Non pas qu’on me les refuse mais on ne trouve pas quelque chose qui n’existe pas. On peut en rêver, croire le toucher, se l’approprier mais jamais le posséder ou le vivre. Et alors... il y a la vie, laissons les rêves à leur place. Il y a ces visages, tous semblables, avec un sourire faux qui paraît avoir été tracé au cutter. Au cutter dans la chair de ces parvenus. De ces escrocs de la joie. Militant du bonheur à emporter. Sur ma route, en rang. Les mêmes yeux vides. Extase du vice. C’est sans issue. Plié depuis dix millénaires ou plus.
J’avance. Le jour a dévoré la pureté de l’aube. J’acquiesce. Demain sera une nouvelle aube. C’est le mythe de Sisyphe. Une beauté diaphane aux couleurs de coquillages qui se débat et perd à tous les coups. J’avance. Avec mon corps décharné, blême et fiévreux. La noyade. J’y pense comme ceux qui meurent en mer. La noyade. La dernière fois qu’on a pris la mer… La houle, le noir, le fracas et puis plus rien que de l’eau. Du menton à la gorge. Elle s’infiltre. Se répand et noie. Je préférerais voir surgir des cieux les quatre Cavaliers de l’Apocalypse. Mais il n’y a que de l’eau. Du sel et de l’eau. Pour les braves qui ont voulu toucher un horizon sans espoir, sans mirage, sans rien d’autre qu’une ligne inatteignable. Tendue comme la dernière chance. Seule au bout du regard effaré l’espoir entre les dents. L’horizon, cruel artifice, vers qui tous les regards se tournent. Horizon implacable aux allures de couperet. Je me suis arrêté dans un petit village de pêcheurs, la chaleur étouffante gronde. Il est l’heure de la sieste et j’erre dans le port. Du sang macule le sol de la jetée de pierre, la vente du matin est terminé. Des mouettes s’arrachent les derniers déchets pendant que le sang sèche. Demain ce sera la même ritournelle, pêcheurs et acheteurs, sous le ciel cru, blanc tant il est chaud. Du haut des remparts je vois l’horizon, je le voyais aussi depuis je jetée. Ici, il semble y avoir une dissonance. Une divergence, un détachement. Comme une rupture soudaine. Dissonance entre cet horizon qui porte toujours le même visage et mes pas errants sur les remparts chauds. Dissonance entre mes espoirs vains et la réalité brûlante. Mes bras sont pleins d’une candeur invincible. D’une cotonneuse soif. Et je laisse ma main glisser le long des remparts, je caresse le temps.
Temps qui s’effiloche comme un collant filé. Néons noirs, yeux de velours. Sidération. Derrière c’est un abîme qui se creuse, les souvenirs en fosse commune. Les peut-être et autres hésitations disparaissent comme une trainée de poudre. Le temps laboure. Le temps moissonne et régurgite. Je ferme les yeux, menton levé vers l’immensité bleue. A qui appartiennent toutes ces secondes ? Menton levé, je n’ai que faire de vos balbutiements. Ce sera toujours la rage. La rage au ventre. Une rage qui transpire, conquérante, une soif carnassière envers les merveilles de l’instant. Se dresse alors devant moi la tour aux huit faces. Sur chaque face, une tête d’ange à six yeux. Et sous chaque ange sommeille une vertu. Je l’observe, elle est immense… Elle tourne sur elle-même dans un silence de cathédrale. Elle est là, à mes pieds, monolithique et fastueuse. En son sommet trône, sur un piédestal, la clef de la vie. Inutile. Je ne veux pas savoir. C’est la seule nourriture de l’essence que d’ignorer son lendemain tout en se forgeant avec.
J’ai tracé avec mon doigt, un cœur, entre tes omoplates, de la plus appliquée des façons. Tu as senti sur ta peau les vertiges de la douceur et les appels saccadés de la concupiscence. Concupiscence rougeoyante qui brûle les yeux. J’ai tracé une ligne qui va de ta hanche à ton épaule. J’y ai semé de l’or miettes. J’ai également tracé une ligne allant du bout de ton index jusque ton oreille. Oreille tapie dans tes cheveux défaits. Je t’ai recouverte de lignes imaginaires, de lignes du toucher, fugaces et hurlantes. Maintenant le jour peut mourir. Encore quelques minutes. Et je glisse mon corps meurtri sous le drap de fleurs, j’attends la caresse de ton éternité. Les yeux fermés, l’incertitude au ventre. Et tes lèvres me baisent, doucement et chaudes, dans le cou. Frisson et profonde respiration pour ce corps qui porte les stigmates du temps morcelé entre un abîme et un autre. La nuit fredonne un air… je le connais mais n’arrive plus à m’en souvenir… cette trompette, seule d’abord… puis les percussions. Accords mineurs. Et tout l’orchestre, grave… Je sais, Do dièse mineur. Mahler cinq. Trauermarsch… Je m’endors. Demain un autre voyage. Lancer de nouveaux ponts par-dessus l’impossible sous les yeux médusés de l’éternel. Avec mon corps de navigateur, mon corps hésitant. Mais plus rien ne m’effraie, les échecs m’ont appris l’inexorable va-et-vient des désirs et des cœurs en fleurs. Comme une marée ils labourent la grève. Rien ne m’effraie plus car j’ai appris à souffrir. Et j’ai aussi appris à rire pour de vrai. Comme lorsqu’on est mort de soif et qu’enfin une fontaine se présente. Je laisse à chacun ses traumatismes. Moi je dors dessus. Et tendre est la nuit pour ceux qui n’attendent plus rien. Plus rien car tout est là, à nos pieds.
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Jean - pantalon d'équitation EQUITHÈME "Texas", fond silicone bleu denim
Jean EQUITHÈME “Texas”, fond silicone : Un incontournable pour les cavaliers Le Jean EQUITHÈME “Texas” est un modèle très apprécié des cavaliers pour son confort, sa fonctionnalité et son style. La particularité de ce jean réside dans son fond en silicone, un élément qui améliore considérablement l’expérience équestre. Pourquoi choisir un jean avec fond en silicone ? Adhérence optimale: Les…
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« Le Chevalet sans tête. »
• Ateliers d'artistes | Private Art Spaces
• 131 cours d'Albret, Bordeaux. • 21 rue des Argentiers, Bordeaux.
Productions, apprentissages & médiation autour des arts visuels.
• Peinture & Arts Plastiques : Par ∫ Défaut {Owner & Curator} • Tattoo : Odji & guets • Design Graphique : Clin d'œil & Artemiss • Illustration : Astuti • BD : Maël Lohbrunner • 3D/CGI : S+Lab
...
C'est au creux du Val-dormant que s'enracine l'alternative création, ici, dans deux ateliers en refuge et dont le port de la Lune en parure oblige à la rêverie. Il n'est donc nulle autre église à portée de galops dont nos artistes ne sauraient faire leur paroisse.
Ainsi, le Cavalier bleu s'entête là où le Chevalet la lui coupe ¡
21 rue des Argentiers, Bordeaux-France.
🦄
Inauguration 28/09 • {18h30-22h30}
Le Chevalet sans Tête, entreprise que j'ai fondée, mais dissociée de ma carrière en nom propre, développera également, sous peu, ses activités dans l'apprentissage & l'enseignement avec un 2nd puis un 3ème pôle de professionnel.le.s mettant déjà leurs compétences au service d'un éventail de jeunes apprenti.e.s. Il en sera de même, dès octobre, avec la mise en place au sein des ateliers du cours d'Albret, de formations professionnalisantes en tattoo (mon amie de toujours Odji aux manettes) puis en DA & dans les métiers de l'illustration, en des temps futurs, rue des Argentiers. Ce faisant, les ateliers seront en capacité de proposer un tronc commun dans l'apprentissage des arts visuels, solide, et ce, de la petite enfance avec des initiations jusqu'au monde professionnel, en passant par la période des études supérieures. La qualité, l'éthique & le suivi resteront la priorité.
Le Chevalet s'inscrit dans un dessein auquel je crois, porte & pour lequel je milite : démocratiser, accueillir & transmettre.
Ps : Comme évoqué plutôt, les ateliers du Chevalet ouvriront donc une prépa dédiée à la formation des plus jeunes désireux.ses d'apprendre dans les disciplines des arts visuels, et ce, sur un 3ème pôle. Le lieu ainsi que l'ensemble des enseignant.e.s restent tenus secrets pour l'heure ;} Je travaille à cela, pianissimo, pour une ouverture en début d'année 2025.
131 cours d'Albret, Bordeaux-France.
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Le mouvement du cavalier bleu, le séjour au Maroc, la mort de certains d’entre eux pendant la Grande Guerre August Macke avait 27 ans et Franz Marc 36. Kandinsky et Klee ont vécu plus longtemps. Franz Marc August Macke August Macke August Macke Kandinsky sa chambre
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10 positions de Kamasutra pour les anniversaires de couple
Célébrer l'anniversaire de notre couple est un moment privilégié, une occasion unique de raviver la flamme et d'explorer de nouvelles dimensions de notre intimité. Les positions de kamasutra ne sont pas seulement des pratiques sexuelles ; elles sont une danse, une expression de l'amour et un moyen de communiquer nos désirs les plus profonds sans mots. Dans cet article, nous vous invitons à découvrir 10 positions de kamasutra spécialement sélectionnées pour transformer votre anniversaire de couple en une célébration inoubliable. La position de la chandelle renversée La position de la chandelle renversée est une option audacieuse pour célébrer votre anniversaire. Pour réaliser cette position, allongez-vous sur le dos au bord du lit, tandis que votre partenaire se tient debout à vos pieds. Votre partenaire peut alors vous soulever délicatement tout en maintenant l'équilibre. Cette position offre une vue imprenable et une intimité intense. Le lotus amoureux Le lotus amoureux est une position qui exige une grande connexion émotionnelle entre les partenaires. Asseyez-vous face à face, en croisant les jambes et en les entrelaçant. Ensuite, enlacement vos bras autour de votre partenaire tout en vous laissant aller à la passion. Cette position favorise une profonde intimité et une communication hors pair. La position de l'union du papillon La position de l'union du papillon est une variante du missionnaire qui offre une stimulation accrue. Allongez-vous sur le dos avec les jambes relevées et pliées vers votre poitrine, tandis que votre partenaire se tient au-dessus de vous. Cette position permet une pénétration profonde et une connexion rapprochée. L'étreinte totale L'étreinte totale est une position qui vous permet de vous enrouler autour de votre partenaire de manière sensuelle. Allongez-vous sur le côté, face à votre partenaire, et enlacez-vous étroitement. Cette position favorise la tendresse et le contact physique intense. En lien : Un bracelet en diamant bleu pour la Saint Valentin, ça vous dit ? La position du lotus inversé La position du lotus inversé est une variante du lotus amoureux qui demande une certaine souplesse. Asseyez-vous face à face, mais cette fois-ci, votre partenaire se trouve sur vos genoux, les jambes entrelacées autour de votre taille. Cette position offre une vue magnifique et une sensation d'union profonde. La fusion passionnée La fusion passionnée est une position qui allie tendresse et passion. Allongez-vous sur le dos, tandis que votre partenaire se place au-dessus de vous en position de cavalier. Cette position permet une pénétration profonde tout en vous rapprochant intimement. Le tigre rugissant Le tigre rugissant est une position qui permet à votre partenaire de prendre le contrôle. Allongez-vous sur le ventre avec les bras étendus, tandis que votre partenaire se place au-dessus de vous en position de cavalier. Cette position offre une sensation de domination et d'abandon total. La position du lotus sensuel La position du lotus sensuel est une variation sensuelle du lotus amoureux. Asseyez-vous face à face, mais cette fois-ci, enlacez-vous étroitement en vous penchant en arrière. Cette position permet une intimité profonde tout en explorant de nouveaux angles. L'étreinte enflammée L'étreinte enflammée est une position passionnée qui favorise une connexion profonde. Asseyez-vous face à face, en enlaçant vos jambes autour de la taille de votre partenaire. Cette position permet une pénétration intense et une sensation d'union totale. Le lotus en fleur Le lotus en fleur est une position artistique qui demande une coordination parfaite entre les partenaires. Asseyez-vous face à face, en croisant vos jambes et en les entrelaçant. Ensuite, penchez-vous en arrière et soutenez-vous mutuellement pour créer une forme de lotus en fleur. Cette position exige une confiance absolue et offre une expérience unique. En conclusion, l'anniversaire de votre couple est l'occasion parfaite pour explorer de nouvelles dimensions de votre intimité. Ces 10 positions du kamasutra sont conçues pour stimuler votre relation, renforcer votre connexion émotionnelle et créer des souvenirs inoubliables. Choisissez celle qui vous parle le plus et préparez-vous à vivre une célébration d'anniversaire inoubliable. Read the full article
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Co-fondatrice du groupe d'artistes légendaire Le Cavalier bleu, Gabriele Münter compte parmi les femmes artistes les plus éminentes de l'expressionisme. (Zentrum Paul Klee).
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De nouvelles espèces d’insectes découvertes en Corse
See on Scoop.it - EntomoNews
Mouches, guêpes, papillons, mille-pattes… les insectes et autres arthropodes découverts au cours d’une récente campagne d’exploration scientifique «de grande ampleur» permettront une meilleure connaissance des invertébrés.
par LIBERATION et AFP
publié aujourd'hui à 18h00
"Douze nouvelles espèces d’arthropodes terrestres, essentiellement des insectes, qui n’avaient encore jamais été inventoriées par les scientifiques, viennent d’être découvertes en Corse, a annoncé vendredi le Muséum national d’histoire naturelle (MNHN). Dans le cadre d’un programme d’exploration de la biodiversité terrestre et maritime appelé «La Planète Revisitée», conduit de 2019 à 2021 par le MNHN, en partenariat avec la Collectivité de Corse et l’Agence française pour la biodiversité, 43 scientifiques académiques et naturalistes ont recensé au total plus de 3 900 espèces d’insectes et autres arthropodes, sur une vingtaine de sites de l’île de Beauté.
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5 sept. 2023 (abonnés)
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1er nov. 2023 (abonnés)
La nouvelle moisson comprend huit mouches, deux guêpes, un papillon et un mille-pattes, détaille Julien Touroult, directeur du centre d’expertise et de données sur le patrimoine naturel «PatriNat», et coordinateur du volet terrestre du programme d’exploration scientifique. «Certaines de ces espèces ne sont pas très rares, elles n’étaient juste pas étudiées. On peut les retrouver partout en Corse», explique l’entomologiste du MNHN, à l’instar du Sphinx du pin de Corse, grand papillon d’apparence très proche de ses voisins du continent.
«L’île a été moins étudiée que le continent européen»
Ces découvertes ont été réalisées dans les montagnes et les marais du littoral de l’île, en combinant des «études morphologiques, des techniques modernes de séquençage d’ADN et la pose de pièges d’interception qui capturent tous les insectes», détaille le chercheur. Dans certains groupes peu étudiés, le défi était de réussir à les collecter, les trier et les observer en mobilisant les meilleurs experts d’Europe. C’est le cas des diptères (mouches), pour lesquels huit espèces nouvelles pour la science et 70 premiers signalements en Corse ont été publiés.
En tout, quelque 148 espèces d’insectes «déjà connues ailleurs» sont signalées pour la première fois sur l’île. «On est certains qu’elles existaient depuis très longtemps en Corse. L’île héberge des espèces particulières mais a été moins étudiée que le continent européen», d’où cette campagne d’exploration scientifique «de grande ampleur», souligne Julien Touroult, dont les résultats détaillés sont à retrouver dans les pages du Bulletin de la Société entomologique de France publié ce vendredi.
Les scientifiques et naturalistes ont produit plus de 31 000 données d’observation au cours de l’opération, qui «permettront une meilleure connaissance des invertébrés pour orienter la gestion des milieux naturels», souligne le Muséum. Selon l’inventaire national du patrimoine naturel en 2023, 10% (202 456 sur 2 106 030) des espèces décrites dans le monde sont présentes en France."
La Planète Revisitée en Corse 2019-2021 : un grand inventaire de la biodiversité négligée dans une île méditerranéenne - Bulletin de la Société entomologique de France, 15.12.2023 https://lasef.org/wp-content/uploads/BSEF/128-4/2285_Touroult_et_al.pdf
[Image] Près des aiguilles de Bavella, en Corse-du-Sud. (Michel Cavalier/Biosphoto. AFP)
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PAOLO UCCELLO
PEINTRE
Il se nommait vraiment Paolo di Dono ; mais les Florentins l’appelèrent Uccelli, ou Paul les Oiseaux, à cause du grand nombre d’oiseaux figurés et de bêtes peintes qui remplissaient sa maison : car il était trop pauvre pour nourrir des animaux ou pour se procurer ceux qu’il ne connaissait point. On dit même qu’à Padoue il exécuta une fresque des quatre éléments, et qu’il donna pour attribut à l’air l’image du caméléon. Mais il n’en avait jamais vu, de sorte qu’il représenta un chameau ventru qui a la gueule bée. (Or le caméléon, explique Vasari, est semblable à un petit lézard sec, au lieu que le chameau est une grande bête dégingandée.) Car Uccello ne se souciait point de la réalité des choses, mais de leur multiplicité et de l’infini des lignes ; de sorte qu’il fit des champs bleus, et des cités rouges, et des cavaliers vêtus d’armures noires sur des chevaux d’ébène dont la bouche est enflammée, et des lances dirigées comme des rayons de lumière vers tous les points du ciel. Et il avait coutume de dessiner des mazocchi, qui sont des cercles de bois recouvert de drap que l’on place sur la tête, de façon que les plis de l’étoffe rejetée entourent tout le visage. Uccello en figura de pointus, d’autres carrés, d’autres à facettes, disposés en pyramides et en cônes, suivant toutes les apparences de la perspective, si bien qu’il trouvait un monde de combinaisons dans les replis du mazocchio. Et le sculpteur Donatello lui disait : « Ah ! Paolo, tu laisses la substance pour l’ombre ! »
Mais l’Oiseau continuait son œuvre patiente, et il assemblait les cercles, et il divisait les angles, et il examinait toutes les créatures sous tous leurs aspects, et il allait demander l’interprétation des problèmes d’Euclide à son ami le mathématicien Giovanni Manetti ; puis il s’enfermait et couvrait ses parchemins et ses bois de points et de courbes. Il s’employa perpétuellement à l’étude de l’architecture, en quoi il se fit aider par Filippo Brunelleschi ; mais ce n’était point dans l’intention de construire. Il se bornait à remarquer les directions des lignes, depuis les fondations jusqu’aux corniches, et la convergence des droites à leurs intersections, et la manière dont les voûtes tournaient à leurs clefs, et le raccourci en éventail des poutres de plafond qui semblaient s’unir à l’extrémité des longues salles. Il représentait aussi toutes les bêtes et leurs mouvements, et les gestes des hommes, afin de les réduire en lignes simples.
Ensuite, semblable à l’alchimiste qui se penchait sur les mélanges de métaux et d’organes et qui épiait leur fusion à son fourneau pour trouver l’or, Uccello versait toutes les formes dans le creuset des formes. Il les réunissait, et les combinait, et les fondait, afin d’obtenir leur transmutation dans la forme simple, d’où dépendent toutes les autres. Voilà pourquoi Paolo Uccello vécut comme un alchimiste au fond de sa petite maison. Il crut qu’il pourrait muer toutes les lignes en un seul aspect idéal. Il voulut concevoir l’univers créé ainsi qu’il se reflétait dans l’œil de Dieu, qui voit jaillir toutes les figures hors d’un centre complexe. Autour de lui vivaient Ghiberti, della Robbia, Brunelleschi, Donatello, chacun orgueilleux et maître de son art, raillant le pauvre Uccello, et sa folie de la perspective, plaignant sa maison pleine d’araignées, vide de provisions ; mais Uccello était plus orgueilleux encore. À chaque nouvelle combinaison de lignes, il espérait avoir découvert le mode de créer. Ce n’était pas l’imitation où il mettait son but, mais la puissance de développer souverainement toutes choses, et l’étrange série de chaperons à plis lui semblait plus révélatrice que les magnifiques figures de marbre du grand Donatello.
Ainsi vivait l’Oiseau, et sa tête pensive était enveloppée dans sa cape ; et il ne s’apercevait ni de ce qu’il mangeait ni de ce qu’il buvait, mais il était entièrement pareil à un ermite. En sorte que dans une prairie, près d’un cercle de vieilles pierres enfoncées parmi l’herbe, il aperçut un jour une jeune fille qui riait, la tête ceinte d’une guirlande. Elle portait une longue robe délicate soutenue aux reins par un ruban pâle, et ses mouvements étaient souples comme les tiges qu’elle courbait. Son nom était Selvaggia, et elle sourit à Uccello. Il nota la flexion de son sourire. Et quand elle le regarda, il vit toutes les petites lignes de ses cils, et les cercles de ses prunelles, et la courbe de ses paupières, et les enlacements subtils de ses cheveux, et il fit décrire dans sa pensée à la guirlande qui ceignait son front une multitude de positions. Mais Selvaggia ne sut rien de cela, parce qu’elle avait seulement treize ans. Elle prit Uccello par la main et elle l’aima. C’était la fille d’un teinturier de Florence, et sa mère était morte. Une autre femme était venue dans la maison, et elle avait battu Selvaggia. Uccello la ramena chez lui.
Selvaggia demeurait accroupie tout le jour devant la muraille sur laquelle Uccello traçait les formes universelles. Jamais elle ne comprit pourquoi il préférait considérer des lignes droites et des lignes arquées à regarder la tendre figure qui se levait vers lui. Le soir, quand Brunelleschi ou Manetti venaient étudier avec Uccello, elle s’endormait, après minuit, au pied des droites entrecroisées, dans le cercle d’ombre qui s’étendait sous la lampe. Le matin, elle s’éveillait, avant Uccello, et se réjouissait parce qu’elle était entourée d’oiseaux peints et de bêtes de couleur. Uccello dessina ses lèvres, et ses yeux, et ses cheveux, et ses mains, et fixa toutes les attitudes de son corps ; mais il ne fit point son portrait, ainsi que faisaient les autres peintres qui aimaient une femme. Car l’Oiseau ne connaissait pas la joie de se limiter à l’individu ; il ne demeurait point en un seul endroit : il voulait planer, dans son vol, au-dessus de tous les endroits. Et les formes des attitudes de Selvaggia furent jetées au creuset des formes, avec tous les mouvements des bêtes, et les lignes des plantes et des pierres, et les rais de la lumière, et les ondulations des vapeurs terrestres et des vagues de la mer. Et sans se souvenir de Selvaggia, Uccello paraissait demeurer éternellement penché sur le creuset des formes.
Cependant il n’y avait point à manger dans la maison d’Uccello. Selvaggia n’osait le dire à Donatello ni aux autres. Elle se tut et mourut. Uccello représenta le roidissement de son corps, et l’union de ses petites mains maigres, et la ligne de ses pauvres yeux fermés. Il ne sut pas qu’elle était morte, de même qu’il n’avait pas su si elle était vivante. Mais il jeta ces nouvelles formes parmi toutes celles qu’il avait rassemblées.
L’Oiseau devint vieux, et personne ne comprenait plus ses tableaux. On n’y voyait qu’une confusion de courbes. On ne reconnaissait plus ni la terre, ni les plantes, ni les animaux, ni les hommes. Depuis de longues années, il travaillait à son œuvre suprême, qu’il cachait à tous les yeux. Elle devait embrasser toutes ses recherches, et elle en était l’image dans sa conception. C’était saint Thomas incrédule, tentant la plaie du Christ. Uccello termina son tableau à quatre-vingts ans. Il fit venir Donatello, et le découvrit pieusement devant lui. Et Donatello s’écria : « Ô Paolo, recouvre ton tableau ! » L’Oiseau interrogea le grand sculpteur : mais il ne voulut dire autre chose. De sorte qu’Uccello connut qu’il avait accompli le miracle. Mais Donatello n’avait vu qu’un fouillis de lignes.
Et quelques années plus tard, on trouva Paolo Uccello mort d’épuisement sur son grabat. Son visage était rayonnant de rides. Ses yeux étaient fixés sur le mystère révélé. Il tenait dans sa main strictement refermée un petit rond de parchemin couvert d’entrelacements qui allaient du centre à la circonférence et qui retournaient de la circonférence au centre.
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Géopolitique des extrêmes droites — Fragments sur les Temps Présents
Parution de Stéphane François, Géopolitique des extrêmes droites. Logiques identitaires et monde multipolaire, Paris, Le Cavalier bleu, 216 pages, 19€. Présentation de l’éditeur : Repli identitaire, nationalisme, fermeture des frontières… l’idéologie des extrêmes droites semble aux antipodes du concept même de relations internationales. Quel sens a donc une approche géopolitique ?Au-delà du…
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"Chloé, 20 ans, a disparu entre 5h45 et 6h30, ce vendredi 21 avril au matin, alors qu’elle faisait son jogging à Dammartin-en-Goële, une commune de Seine-et-Marne, rapporte Le Parisien. Les gendarmes ont lancé un appel à témoins. Et ont dépêché sur place d’importants moyens. "Des cavaliers de la garde républicaine ont inspecté la zone. Un drone a survolé le secteur. Un hélicoptère des militaires a aussi ausculté les lieux depuis les airs", indiquent nos confrères. L'appel à témoins indique que Chloé mesure 1,56 m et qu’elle est "mince". Elle a les cheveux courts avec des mèches blondes. La jeune femme portait "une doudoune noire sans manches, un sweat bleu roi, un pantalon de jogging noir et des baskets blanches"." (Aussi sur Fb, 21 avril 2 023) Article de La Dépêche : “Disparition inquiétante de Chloé, une joggeuse de 20 ans en Seine-et-Marne : un appel à témoins lancé“
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Le Dévoilement
Au pied d’un horizon intouchable Sous les plaines lascives Offertes Sous les plaines colossales dévorées par les confins du monde Le sang bout À l’infini sous les plaines Il bout comme tes yeux effarés Chaud et tumultueux Pauvre purulente Terre Tous ses abcès ouverts À dos d’un cygne d’or l’innocence cherche son Salut Par-delà les ruines Au-dessus des brasiers Après le grand massacre Sous un déluge de désirs virevoltés Enlevés à chacun Arrachés à son cœur Par la main droite décharnée de la Bête Sa main gauche brandissant fièrement le Sceptre Blême Annonciateur Les quatre Cavaliers de l’Apocalypse surgissent depuis les cieux ténébreux Fougueux et invincibles Sont à leurs trousses la mort et la désolation Dans la houle de l’océan se dessine la dernière issue Embrasser la dernière marée qui s’abat fièrement sur le phare À la proue du monde éclaté sous des couches et des couches de non-dits Des oui Des non Des peut-être Tus Des je t’aime restés coincés dans des poitrines Dans des ventres Et qui y sont morts Dans le silence hurlant des tripes retournées et des cœurs écharpés Qui pour crier l’amour quand il file dans la steppe inconnue comme un cheval au galop Qui pour crier l’amour quand dans des yeux mouillés on ne sait distinguer quelque reflet Hésitation lancinante Doigts désespérés Qu’importe alors… Maintenant il faut fuir Partir avec la dernière vague Ses amours sous le bras et ses souvenirs dans la tête Mais pour aller où… Soudain Vision stroboscopique du monde exalté dans sa dernière effusion Gouffres de feux et de Passions Tout est dévoré désormais Tout est dévasté L’odeur de brûlé se répand jusqu’au ciel sacré Consummatum est L’Apocalypse a eu lieu Enfin c’est le Dévoilement Nageons maintenant vers l’éternité trempée d’or Vers l’indestructible pureté de tes yeux gris-verts Vers l’amour éternel fusse-t-il une icône Vers l’amour éternel pourvu qu’il ait ton visage Ou ton odeur du matin Odeur du midi Odeur du soir Ainsi tu diffuses ta présence au fil du temps insaisissable Comme un oiseau chante ici et là en virevoltant sans penser Dans mes mains ton odeur que je chéris comme un calice d’or En mon cœur ta chair chaude comme ton sang bleu Serre moi Défais moi Hurle moi Détraque moi Défoule moi Arrache moi Maquille moi Drape moi Et apprête moi pour ce périple à deux Apprête moi pour la longue traversée De vagues en vagues Arracher l’écume Arracher l’écume avec les dents Sous un soleil pillé et nu Un soleil presque triste mais bien là encore Plaintif comme un violoncelle Beau et déchiré Debout et chancelant comme ayant bu trop de Meursault Apprête moi alors Pour aller de vagues en vagues Dévorer la mer et l’horizon toujours tel un paradis L’horizon Se mélangeant avec l’eau fuyante et vaporeuse Écume et glace De la houle à la houle De phares en phares Aborder quelque part Oublier la mer S’établir Oublier la mort Oublier la mer Aborder quelque part Te serrer dans mes bras dans notre cabane de bois et d’amour S’allonger sur la couche Les braises crépitantes Bruissements fugaces des bêtes alentour Dans la nuit noire où même la lune dort d’un sommeil sans voix J’ôte lentement ma main de ton sein et vais arpenter la grève Ton sein rose et tendre Arpenter la grève Sans destin et sans désir Libre de toute servitude Libre car comblé par l’instant À cet instant où je sens ta peau chaude contre mon dos Ton corps m’enserrer de caresses Papillons ivres Et revient la mer Toujours elle De vagues en vagues Jusqu’au bout du recommencement La flamme vacille La bougie fond lentement Jusqu’au bout de notre réalité Jusqu’au bout de nous Immense Terre Mer infinie Impénétrables de détachement La flamme vacille Jusqu’au bout de nous Au bout de tout L’amour sera notre éternité Notre place au paradis
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“De l'autre côté, à l'est du lieu de l'attaque, la compagnie Saint-Marc a pu passer avec la tête du bataillon. Elle a rejoint Rong Vong, au-delà du défilé des calcaires à pic. Le B.E.P. est coupé en deux ; si on ne reprend pas le contrôle du défilé, la seconde partie du bataillon avec la compagnie Lemaire devra faire Camerone et finira par succomber sous la marée viet. Il ne faut pas traîner. Saint-Marc décide de revenir en arrière, en se faisant escorter de quelques chars.
Saint-Marc s'adresse au chef de peloton qui refuse de repartir dans ce guet-apens. Comme à l'accoutumée. Il parle d'un ton égal, le ton qu'il prend pour commander une bière à la terrasse d'un café. Il explique l'urgence de l'action à mener, mais le cavalier continue de se dérober, donnant de mauvais prétextes pour ne pas retourner en arrière aider le reste du B.E.P. à briser l'encerclement.
Alors, Saint-Marc sort son pistolet. Il le dirige sur la poitrine du lieutenant. Ses yeux bleus lancent des flammes.
“Je ne vous demande pas votre avis. Vous m'accompagnez ! C'est un ordre !”
Le lieutenant comprend que Saint-Marc ne plaisante pas. Il fait demi-tour et remonte dans son char. Qui redémarre en direction de Rong Tam.“
Pierre SERGENT "Le 2e B.E.P. en Indochine”
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Les tcherkess se distinguent des autres cavaliers du Levant, par leur magnifique tenue de parade. Cet uniforme est proche de l'habillement traditionnel caucasien. Il se compose d'une blouse à col droit, "kaptal fetsa", noire l'hiver, et blanche l'été. Sur cet effet, vient le "tsé", une tunique sans col, ouverte en "v" sur la poitrine ( appelée "tcherkesska" par les cosaques ). Elle est garnie de fausses cartouches (de 7 à 9), appelée "gazyrs", réalisées en bois, en os ou ivoire, en argent, se glissant dans des fourreaux de tissu cousus en biais sur la poitrine, et pouvant être reliés par des chaînettes. Sur les épaules, est porté un capuchon blanc, nommé "bachlick" ou "bachlyk", formé de deux pans de tissu rejetés en arrière, et reliés par un cordon noué autour du cou. Cet équipement sert de protection au cou et à la tête, lors des intempéries. La coiffure est le "kalpack", un bonnet cylindrique d'astrakan, noir, avec un fond en drap bleu clair, orné de deux galons en croix, en or pour les officiers et jonquille pour la troupe. La culotte est du modèle "jodpur" et les bottes de cavalerie sont noires. -Tenue de campagne "hiver" : Vareuse et culotte de cheval en drap kaki. Bottes noires et manteau kaki ou "abaï" de laine. ( appelée aussi "aba" ) -Tenue de campagne "été" : Vareuse et culotte en toile kaki clair virant sur le blanc. Les Tcherkess possèdent un équipement de type saharien en cuir rouge de confection réglementaire ou locale, se présentant sous la forme de colliers de cartouchières avec ou sans porte-baïonnette, croisé sur la poitrine.
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