#L’Arbre vengeur
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" A mesure que la connaissance scientifique progressait, le monde s'est déshumanisé. L'homme se sent isolé dans le cosmos, car il n'est plus engagé dans la nature et a perdu sa participation affective inconsciente, avec ses phénomènes. Et les phénomènes naturels ont lentement perdu leurs implications symboliques. Le tonnerre n’est plus la voix irritée d’un dieu, ni l’éclair de son projectile vengeur. La rivière n’abrite plus d’esprits, l’arbre n’est plus le principe de vie d’un homme, et les cavernes ne sont plus habitées par des démons. Les pierres, les plantes, les animaux ne parlent plus à l’homme et l’homme ne s’adresse plus à eux en croyant qu’ils peuvent l’entendre. Son contact avec la nature a été rompu, et avec lui a disparu l’énergie affective profonde qu’engendraient ses relations symboliques. Les symboles de nos rêves tentent de compenser cette perte énorme. Ils nous révèlent notre nature originelle, ses instincts et sa manière particulière de penser. Malheureusement, ils expriment leur contenu dans le langage de la nature, qui est étrange et incompréhensible pour nous." Carl Gustav Jung extrait de: "L'homme et ses symboles."
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L'image apparut dans mon esprit, celle du croquis de Léonard de Vinci, connu sous le nom de l'homme de Vitruve, les proportions idéales et parfaites du corps humain. Un homme nu, bras et jambes écartés, inscrit dans un cercle et dans un carré, le symbole de l'Humanisme de la Renaissance, représentant l'homme au centre de l'Univers et la mesure de toute chose. Et soudain, j'eus l'intuition que c'était ce même rapport, cette proportion idéale qui existait entre le sexe de Léon et le visage de Lætitia. Il fallait à ma femme un pénis à la taille de son visage. Maintenant je comprends. Mais oui ! Moi aussi, soudain je comprenais ! Ces trois mots de son carnet qui m'avaient tant mortifié, je les découvrais sous leur jour véritable. J'avais suivi une fausse piste en cherchant à identifier une compréhension rationnelle d'un phénomène physiologique, le deep spot, ou autres théories glanées sur internet, alors que c'était en réalité une compréhension intuitive, incapable de s'exprimer par des mots, le nombre d'or de sa sexualité. Cette proportion, cette échelle de un entre le pénis de son amant et son visage était aussi émouvante pour elle que la sensation que l'on éprouve en entrant dans une cathédrale gothique, la hauteur de la nef centrale qui coupe le souffle, la disproportion volontaire entre cette hauteur et la largeur de la nef qui a pour effet de mettre le fidèle en état de fascination et d'extase. On ne rentre pas dans une cathédrale, c'est la cathédrale furieusement qui se projette dans notre chair. Le plaisir de Lætitia était d'un autre ordre que celui mécanique, bestial dans lequel je la croyais enfermée. C'était un plaisir esthétique, sacré. Ce n'est pas la femme qui est une cathédrale. Le vagin n'est pas une nef. C'est l'inverse. Un pénis agit pour une femme comme une cathédrale en miniature. Oh ! Mon Dieu, était-ce possible ? Je le ressentais maintenant en moi son plaisir à être pénétrée par un sexe à la dimension parfaite. Je me représentais cette extase de façon si réaliste et si simple à la fois, le pénis venant combler la cavité qui s'était ouverte dans mon esprit, la remplir si parfaitement, et entamant un mouvement de va-et-vient, que j'en tremblais de joie. J'étais au bord des larmes. J'avais la peau de Lætitia contre ma bouche et je la léchais comme un chien. J'étais homme et femme en même temps, capable de donner et recevoir les deux plaisirs simultanément. J'allais être la personne la plus comblée que la terre ait portée.
Raphaël Rupert / Anatomie de l’amant de ma femme / Éditions de l’Arbre vengeur / 2018.
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« Il n’y a pas de drame, chez nous, messieurs, ni de tragédie. Il n’y a que du burlesque et de l’obscénité. On n’est pas heureux, mais on se marre bien. Jaune, bien sûr, mais enfin. Et puis avouons-le, le malheur fait rire » dit-il, dans un accès de vérité. La grande vie est-elle monstrueuse, farceuse, dérisoire ou superbement outrageante ? Elle est surtout l’œuvre d’un écrivain majeur qui fut, ne l’oublions jamais, l’artisan de la redécouverte de Calet. Tout est dit.
La grande vie de Jean-Pierre Martinet – L’Arbre Vengeur
(via La grande vie pour cinq euros - Causeur)
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june 14
Je me suspends à sa morsure, panse l’aire du condor. Je me suspends à ses crochets. Les œufs jaunissent d’être privés de chaleur, le foin tourne, j’attends le serpent depuis l’aire ravagée, le retour du serpent. Je peux témoigner de milliers de batailles : les rivières de sang, le bruissement des lames enfoncées dans le chair molle comme des corps dans le torrent, les bûchers mêlés aux autels. Je peux témoigner de toute impiété, le chien qui déchire le chasseur, l’arbre enlacé de chaînes. Je me suspends à sa morsure en attendant le serpent. Je plane au long des remparts suicidaires, plongeant avec eux dans l’abîme sans mémoire. Je renais en des vents propices ; je chute, pique, remonte en vrille par lâcheté des ailes. Je m’attelle à sa morsure. La nuit s’allonge sur la crête ; les œufs sont morts. Je tends des cris guerriers à la plaine, qui répond en ululant, qui répond par les coyotes amoureux et les hiboux graves.
J’enfonce mon bec assassin dans la terre dure, mon foie étranglé de poison comme serré jusqu’au sang par un poing vengeur. Je me tairai tant que tu veux. A l’aurore, je reprendrai mon vol illégitime, flairant ton sillage sinueux dans les bois et sur les plages, je marcherai gauche, sur deux pattes et deux ailes, jusqu’aux arêtes de ton nid rempli de pièges et de tentations. J’y plongerai ma tête encore, et tuméfié je pousserai des murmures humides, pathétiques, avant d’être chassé par le retour du monde dans sa course passée.
Je me suspends à sa morsure, je bois le poison dans sa main, qui ne m’achève jamais.
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Les pantoufles
Et mince ! Cet idiot claque la porte de chez lui alors qu’il a encore ses pantoufles aux pieds. Et comme de bien entendu, les clés sont restées à l’intérieur. Bon tant pis, il part au travail ainsi faisant fi des regards narquois des gens qu’il croise à la poste ou dans le métro. Et à la réunion de son entreprise, il réussit à faire de cet handicap une force en déroulant un discours sur la nécessité de retrouver une certaine proximité mêlée de convivialité avec les clients de la boite et il remporte l’adhésion de la cheffe au grand dam de ses collègues. Se sentant bien dans ses pantoufles et décidant de continuer l’expérience, il ne rentre pas chez lui, prend une chambre d’hôtel, part faire un tennis avec un ami ainsi chaussé, devient la coqueluche d’un galeriste voyant en lui un artiste avant-gardiste et finit par être invité par le réceptionniste de l’hôtel (qui ressemble étrangement à Buster Keaton) à rejoindre la Confréries des Farfelus.. Les pantoufles est un joli petit roman lunaire, souriant et sans prétentions à placer sur ses étagères entre Marcel Aymé, Emmanuel Bove ou encore Raymond Queneau.
7,5/10
Les pantoufles / Luc-Michel Fouassier.- Editions de l’Arbre Vengeur.
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Illustration pour la nouvelle édition de la Petite tétralogie du fallacieux de Gilbert Lascault, éditions de L’Arbre vengeur.
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Nouvelles acquisitions (Octobre 2018) Rattrapage
Vendredi 05.10.18 Café-librairie Michèle Firk, 9 Rue François Debergue, 93100 Montreuil Fernand Combet - SchrummSchrumm ou l'excursion dominicale aux sables mouvants
Livre singulier, très original, un peu décevant aussi. J'ai découvert ce livre grâce à la lecture qu'en fit Denis Lavant ici : https://bit.ly/3eC1jAW Lavant raconte sa rencontre avec ce livre, c'est Éric Dussert, dénicheur infatigable de chefs d'œuvres méconnues, qui l'arrête un jour dans la rue et qui, dans la conversation, lui vente les mérites de ce livre. Contre toute attente, Lavant l'ouvre rapidement et se trouve pris dans les filets du mystérieux Fernand Combet. J'ai entendu un entretien de Jean-Paul Cisife (Comédien et adaptateur) datant de 1971. C'est Jean-Claude Grumberg (l'auteur de théâtre) qui, le premier, trouve le livre de Combet sur le quais. Il le prête à Sisyphe qui, bien qu’un peu déprimé par certains passages, l'adapte pour la radio.
Combet est l'auteur de trois livres. SchrummSchrumm ou l'excursion dominicale aux sables mouvants, 1966 ; Factice ou les hommes-oiseaux, 1968 ; Mort et passion de Félix C. Scribator, 1971. Tous trois parus chez Pauvert. Plus tard, l'éditeur affirmera que SchrummSchrumm est un des meilleurs livres qu'il ait édité. Un chef d'œuvre alors ? Oui et non. D’abord, ça parle de quoi ? SchrummSchrumm est un excursionniste de première classe. (On ne sait jamais à quoi correspond exactement cette profession, « une vocation » précise SchrummSchrumm, on n'en saura pas plus.) Un jour, un car vient le chercher en bas de chez lui pour l'emmener en excursion… aux sables mouvants. Pourtant, SchrummSchrumm ne se souvient pas d'en avoir fait la demande. Peu importe. On l'emmène, presque de force. Dans le car, les voyageurs sont attachés, les yeux bandés. On les moleste, on leur parle mal. Ce n'est que le début d'un récit absurde, ritualisé et angoissant, dans lequel SchrummSchrumm attendra longtemps les réponses à ses questions. Stagnant dans une citadelle étrange appelée Malentendu, cernée de miradors, aux portes des sables mouvant, il sera confronté à des personnages aberrants, ambigus, cauchemardesques, qui ne semblent mis sur son chemin que pour mieux le perdre. Il en vient à souhaiter le plus vite possible, et nous aussi, le départ pour les sables mouvants, qui tarde à venir. Qui est le Saint directeur de Malentendu ? Que fait-il là, lui, SchrummSchrumm ? Qu’est-ce qui l’attend une fois passée l’épreuve des sables mouvants ? Sera-t-il plus malin, plus habile que ses prédécesseurs à en déjouer les pièges ?
Malgré l'originalité de ce roman, qui reste, il faut le dire, longtemps en tête, quelques bémols… Dès le départ, on sent quand même venir la fin, et on n'a, hélas, pas de surprise de ce côté-là. Le récit, vers le milieu, tourne un peu en rond et il faut à ce moment se forcer pour continuer la lecture. L'histoire prend alors une direction inattendue et finit somme tout assez vite, de façon abrupte. Ceci dit, le monde décrit par Combet, irrationnel au possible quoique crédible, est assez marquant et des scènes vous restent durablement en tête, comme la mort des petits obèses nus, qui se dégonflent en lâchant un : « aaah, nous avons bien aimé la vie ! » On est forcé en lisant Combet de penser à Kafka. Jean-Paul Cisife, lui, y voit surtout une influence de Michaud, ce qui n’est pas faux. Combet, de son côté, parlait d'un roman d'adolescence. Il est vrai que malgré une originalité et une folie évidentes, ce roman vous laisse sur un sentiment mitigé. Il faut pourtant le lire, si on aime les récits absurdes et les univers décalés, on n’en trouve pas des dizaines qui ont le pouvoir de vous rester en tête. Malgré son côté glauque et déprimant, c'est un livre qu'on a envie de refiler ; sous le manteau, certes, mais j'allais dire comme une sorte d'ivresse, pas désagréable, car elle tourne un peu la tête, mais dont on n’est pas mécontent de se débarrasser et de voir quel effet elle aura chez les autres. Comme le firent, pour des raisons diverses, Grumberg avec Cisife et Dussert avec Lavant... Cisife et Lavant ont fait leur travail de passeurs. Je m’y colle, car c’est le genre de livre qui ne peut laisser indifférent.
Samedi 06.10.18 Gilda, 36 rue Bourdonnais Michel Onfray - Le deuil de la mélancolie
Je l'avais pourtant écouté raconter ici ou là le récit de son second AVC, égrener les erreurs de diagnostiques qu'il a rencontré... Cela aurait pu me suffire. Il y a pourtant une plus-value à la lecture de ce livre. C'est la même à chaque fois, d'ailleurs : la force de l'écriture. S'il sort de cette épreuve diminué, champ de vision altéré, problèmes de spacialisation... son écriture demeure intacte.
Il y a en outre un passage bouleversant au coeur du livre : l'oraison funèbre écrite à la mort de sa compagne, et qu'il n'a pas eu la force lire sur le moment. Lecteur de longue date d'Onfray (1990, avec Cynismes) j'avais entendu parler de Marie-Claude, ici où là, depuis Fééries Anatomiques. Elle n'était souvent qu'une silhouette, qu'un prénom. On découvre soudain toute une vie, et on est pris à la gorge à la description des choses qu'elle aimait et qui lui survivent, comme dit Onfray, sous la forme d'une belle anaphore. Les chats, les chevaux, les arbres, les jardins, ses élèves, certains endroits de sa ville. Avec des phrases d'une simplicité brute comme : « seuls les morts n'ont plus à mourir et sont fait d'une étoffe de mémoire. » Ou encore, comme un écho au très beau Requiem Athée : « Je te survivrai un temps, mais l'éternité du néant nous réunira. »
On sort aussi du livre avec l'envie de lire, ou de relire Marc Aurèle (qui sans doute apparaîtra tout entier dans Sagesse ?), auteur que pour ma part j'avais survolé lors de ma lecture de Cioran vers 1992. Pour des phrases de ce genre :
« Que la force me soit donnée de supporter ce qui ne peut être changé et le courage de changer ce qui peut l'être, mais aussi la sagesse de distinguer l'un et l'autre. »
Ce livre rappelle à tous les pédants qui dénient à Onfray le titre de philosophe, 1) que la philosophie est au centre de tout ce qu'il écrit et 2) que la philosophie doit être avant tout utile, sinon elle ne vaut rien. Pour certains, les mêmes pédants, un auteur qui nous transmet cela n'est pas un philosophe. Il l'est pour moi. Il est même plus, il est important.
Jean-Pierre Martinet - La grande vie
Encore un texte qui a été lu (sur scène) par Denis Lavant et édité par Éric Dussert à l’Arbre vengeur. La grande vie est un court récit, euh... dérangeant. Un personnage un peu falot, fossoyeur de son état, qui habite, évidemment, en face d'un cimetierre, vit une histoire d'amour sordide avec sa concierge, personnage ideux et déluré. Pour les amateurs de noiceur et de vies tragiques sans issue, ce livre est pour vous !
« Je pensais souvent à ce cinéaste japonais, Ozu, qui avait fait graver ces simples mots sur sa tombe « Néant ». Moi aussi je me promenais avec une telle épitaphe, mais de mon vivant. »
Tout est dit, ou presque. Texte sombre voire sordide, certes, mais intense. Et drôle. L'humour, comme on s'en doute, est aussi noir que le reste.
« A vrai dire, je ne désirais pas grand-chose. Ma règle de conduite était simple : vivre le moins possible pour souffrir le moins possible. »
Martinet est l'auteur d’un roman culte, Jérôme, autre livre que je ne m'interdirai pas de lire à l'avenir.
Gibert Jeune - Nouvelle Braderie, place St Michel Umberto Eco - Comment voyager avec un saumon James Thurber - Ma chienne de vie
Boulinier HISTORIA SPECIAL N°477 - La commune de Paris - 1871, Les 72 jours de l'insurrection Gaston Leroux - Hardigras ou le fils de 3 pères
Dimanche 07.10.18 Boulinier Jean-Pierre Andrevon - Les revenants de l'ombre HISTORIA N°471 - Mars 1986 - Hetzel éditeur, Le trésor de Charette, Tuer Heydrich, L'année 1936 Henri Michaux - Plume, précédé de Lointain intérieur Jean-Pierre Martin - L'autre vie d'Orwell Shirley Jackson - La loterie Huysmans - En rade, Un dilemme, Croquis parisiens
Samedi 13.10.18 Gilda, 36 rue Bourdonnais Michel Onfray - La Cavalière de Pégase - Dernière leçon de Démocrite
Lu et apprécié ce nouveau recueil de haïkus, inattendus de la part de l'auteur. Je garde une petite préférence pour le recueil Un Requiem athée.
Boulinier Jacques Pessis - Pierre Dac, mon maître soixante-trois, théâtre Graham Greene - Un américain bien tranquille - Notre agent à la Havane - Le facteur humain (Coll. Bouquins) John Steinbeck - La grande vallée, nouvelles
Gibert Jeune - Nouvelle Braderie, place St Michel Europe n°853 - Mai 2000 - Ramuz, Iossif Brodski, Ecrivains d'Acadie Albert Camus - Caligula, suivi de Le Malentendu
Sur les quais Henri Pichette - Les Epiphanies (Coll. Poésie Gallimard) Jean Follain - Exister, suivi de Territoires (Coll. Poésie Gallimard)
Samedi 20.10.18 Librairie Le Dilettante (7, place de l'Odéon) Luke Rhinehart - Invasion Raymond Cousse - Le bâton de la maréchale, roman militaire et pornographique Henry Miller - Peindre c'est aimer à nouveau, suivi de Le sourire au pied de l'échelle Isaac Bashevis Singer - Yentl et autres nouvelles
Librairie Rieffel (15, rue l’Odéon, Paris) Michel Onfray - La cour des miracles, carnets de campagne 2
Boulinier José Corti - Souvenirs désordonnés
Vendredi 26.10.18 Via internets Isaac Bashevis Singer - Une sorte d'autobiographie spirituelle - T1. Un jeune homme à la recherche de l'amour
Samedi 27.10.18 Boulinier Ivan Bounine - Elle Remy de Gourmont - Histoires magiques et autres récits
Gibert Jeune - Nouvelle Braderie, place St Michel Neeli Cherkovski - La vie de Charles Bukowski Serge Valletti - Pourquoi j'ai jeté ma grand-mère dans le Vieux-Port Saul Bellow - L'hiver du doyen Christopher Isherwood - Le mémorial, portrait d'une famille René Depestre - Eros dans un train chinois Juan Carlos Onetti - Les bas-fonds du rêve
Mercredi 31.10.18 Via internet Gérard Guégan - Ascendant Sagittaire - Une histoire subjective des années soixante-dix
J'ai commencé par piocher dans ce livre en ciblant les auteurs qui m'intéressaient : Charles Bukowski, Ken Kesey, Jean-Jacques Abrahams (L’auteur de L'homme au magnétophone, qui mis à mal la psychanalyse, avant le Livre Noir et avant celui d’Onfray), Jean-Pierre Martinet, dont je parle plus haut et sur qui on apprend quelques éléments biographiques. Guégan, viré de Champ Libre, qui relança les éditions Sagitaire (grand éditeur surréaliste), de 1975 à 1979, date de disparition de la maison, est un personnage souvent arrogant, aux postures très post soixante-huitarde, toujours un peu dans l’excès, la provoc’. Et sa proximité avec Raphaël Sorin, que je trouve tout aussi antipathique, malgré son admiration pour Louise Brooks, fait que j’ai souvent reposé le livre avec un soupir agacé. Mais j'aime les livres qui parlent de livres, alors parfois j’y replonge. Tenir l'homme à distance ne sous-entend pas qu'il n'ait pas un avis sûr en matière de livres, qu'on puisse partager.
Anecdote encourageante pour les traducteurs en herbe : Quand Guégan a commencé à traduire son premier Bukowski, les poèmes de L’amour est chien de l’enfer, il n'avait que de faibles bases en anglais et un mini dictionnaire bilingue de la collection Poucet. Il a fait des progrès ensuite, vu le nombre de ses traductions. Ceci dit, dans Bukowski, je préfère quand même celles de Philippe Garnier.
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YuhlopçàOèiço God’s penis is a phone
On est les plus forts même sans combattre, Légers comme le halo et non pas endimanchés comme la mer. La courte guillot’ on l’appelle Émilie L’embolie d’Émilie, lors des dimanches de Robert charnu de roses roseaux C’est ma préférée Des temporalités qu’il faut pour se remémorer un rêve. Et pourquoi revient-il soudainement S’échapper de l’espoir temporaire Que nous avions d’être mort. Assujettir est prendre soin à ses côtés Qui pointent. Et j’oubliais Sont assis lièvres et perruches Mouches acrobates et velours dans le miel salutaire atrophié. Suis-je un pouce dis-je Mensonge fable aléatoire en neige battante Pour le siècle vengeur Pour le seigle enrubanné de lits de folles comètes givrées. Il est sept heures les petits oiseaux changent, J’ai eu de la chance c’est une américaine avec un cul de ville et aucun prénom.
Souhaitant le traitement qui se réserve aux amants Nous avions rêvé de la même chose Comme la mouette de la galette des rois. Blur du premier rêve.
L’autre rêve-question est l’appropriation de la sensation poétique Pourquoi et jusqu’où puis-je aller. Un chat perdu reçoit une glace Les écrits se flanchent et balancent la racine seule de l’arbre mort. T’écoutes quoi mon ami brillant Tes lèvres, ma peau-mère-voile aux enfants en noces liquéfiées et ta gazinière.
Je suis un homme l’homme Qui danse sur le gloussement des sacs de billes unicolores, L’homme tout geste de poème, sourire de bête souterraine en secondes qui s’appellent muettes.
Lui oui c’est toi c’est nous Nous le pensons Sur la marche des vitres il y a écrit ton nom, Tu surpasses la pelle de devoir engloutir Tu trépasses comme une haie et un devoir d’ivoire faze Tu es la frappe de mercure quand les insectes en nuées se déchaînent Fils de Moïse fils de Marie Ta peau noire ne fait pas de toi un fait Mais un vieux citron de Kibboutz.
Vous ne savez que dire c’est mon projet le plus accompli De poèmes en regards À la falaise jetée j’ai abouti. L’épreuve est ma sœur Mon pelage est finale de feux creux Pompière de tes oreilles Et les possessions sont aplanies. Fourchette anniversaire si ton grand-père meurt plante-le de tes pleurs Tes hydrophages secousses ne doivent pas s’apprécier Telles les augures de Marseille. La fée verte qui déduit les dent d’origines Assiste le mariage, rituel, des dinosaures acteurs de l’être et mère. Adieu courage Adieux courage Qui court Si lourd S’éteint Si loin. Bascule Avant De baisser La folie des mannequins-fleurs. Tes doigts dans le fleuve partent Sans le dire.
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Un nouvel article a été publié sur https://www.rollingstone.fr/gary-clark-jr-this-land-chronique/
Gary Clark Jr. : prise de terre
Le guitariste texan Gary Clark Jr. fait exploser son blues pour mieux clamer identité et patrimoine.
Les mots claquent, cinglants, sismiques, duel verbal épileptique avec ce phrasé presque rap qui en exsude la rancœur : “Nigga, run. Nigga, run. Go back where you come. Fuck you, I’m America’s son, this is where I come from. This land is mine.” Premier titre de l’album, premier single aussi et donc premier manifeste, comme un écho lointain et déformé du “This Land Is Your Land” de Woody Guthrie.
S’il serait trop simple et mensonger de tout lui coller sur le dos — il y a suffisamment de quoi faire par ailleurs —, l’arrivée à la Maison-Blanche de qui l’on sait a fait ressurgir au grand jour certains ressentiments racistes et leur expression — pas forcément que verbale pour le coup. À la parole libérée des uns (blancs) a succédé la réaction des autres (noirs), graduelle mais multilatérale : cinéma, musique, sport — pour ce qui est des domaines les plus exposés. Comme d’autres, qu’ils se nomment Spike Lee ou Colin Kaepernick, qu’ils soient coutumiers du fait ou novices dans l’action, et parce qu’il se considère à un moment important de sa propre existence (trentaine accomplie, paternité récente), Gary Clark Jr. a choisi de prendre ses responsabilités, de s’engager. Et donc de ne plus seulement parler avec sa guitare, de ne plus uniquement apparaître comme le dernier petit prodige docile d’un blues-rock, suivi et adoubé par un public majoritairement… blanc.
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Mais que l’on ne s’y trompe pas non plus. Cette émancipation — si tant est que le mot a vraiment sa place ici — ne se résume pas à quelques tirades et poings levés vengeurs. Aussi fort et essentiel que soit “The Land” pour l’album du même nom, il ne doit pas non plus être l’arbre qui en cache la forêt. Ce serait même dommage de s’en tenir là tant cette dernière est dense, touffue, en même temps que l’occasion d’une virée stylistique de tous les instants : soul-funk à la Funkadelic sur “What About You”, toisant le reggae sur “Feeling Like a Million”, bravant frontalement le garage-rock sur “Gotta Get Into Something”, country-folk sur “The Governor”, R’n’B groovy sur “Don’t Wait Till Tomorrow”. Impossible en outre de ne pas penser à Prince sur la ballade suave “Pearl Cadillac” ou à Marvin Gaye quand notre homme se lance dans un “Feed the Babies” dont la trame comme les paroles ne se cacheraient pas au moment de revendiquer la succession de “What’s Going On”.
Si la guitare reste omniprésente, elle sait parfois se faire davantage ponctuation qu’élément moteur de telle ou telle chanson. Pour mieux, ailleurs, réaffirmer ses stridences, sa rage à elle, le temps de solos à cœur et cordes perdus, mais toujours sans la moindre entrave. Free at last, free at last ? On n’ira peut-être pas si loin non plus. This Land tient davantage de la piqûre de rappel pour signifier que rien ne… s’oublie, que l’on ne laissera rien passer désormais. Quitte à conclure — momentanément — les débats par un blues traditionnel (“Dirty Dishes Blues”). Parce qu’après tout, la vie — comme l’Amérique — est un éternel recommencement ; et que, si la mémoire est parfois dans la peau, elle est aussi dans la terre…
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Xavier Bonnet
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Étrange petit bouquin que ce Les Ruines de Paris en 4908, d’Alfred Franklin. D’abord pour son concept, qui est résumé par le titre, mais aussi par son histoire. Et par le fait que je ne me souviens plus de comment j’en ai entendu parler, ce qui me vexe un peu.
En effet, la préface d’Éric Dussert nous apprend que l’auteur (de son vrai nom Alfred Louis Auguste Poux, né en 1830 et mort en 1917) a été bibliothécaire et, avant cela, journaliste pour la presse monarchiste. Le texte présenté ici aux Éditions de l’Arbre Vengeur est une réécriture d’un ouvrage écrit par le même, quarante ans auparavant, et agrémenté de dessins d'Amandine Urruty.
Les Ruines de Paris en 4908 commence par une courte préface de son auteur, qui revient sur les diverses incarnations de l’ouvrage. Puis suit le texte lui-même, sur environ quatre-vingt pages au format livre de poche, sous la forme d’un échange de correspondance.
D’un côté, l’amiral commandant une expédition archéologique partie découvrir les ruines de l’ancienne capitale de la France. De l’autre, les restes de l’Empire français, établi en Nouvelle-Calédonie. Littéralement à l’autre bout du monde.
L’expédition y raconte comment, après avoir pris contact avec des autochtones un peu frustres, mais accueillants, l’expédition découvre les ruines de la capitale perdue et s’attelle à la déblayer. Ce faisant, elle tombe sur l’Arc de Triomphe… et commence immédiatement par confondre les noms des généraux et ceux des batailles.
Vous l’aurez sans doute compris: Les Ruines de Paris en 4908 n’est pas un ouvrage très sérieux. Alfred Franklin se moque gentiment des mœurs de son époque et des scientifiques pédants. Il imagine donc des explications alambiquées aux découvertes faites. Comme, par exemple:
« Le nom de Mazarino est bien connu de tous ceux qui ont étudié les annales de ce pays. C’était un cardinal espagnol, que l’on sait avoir été premier ministre, au XIVe siècle, pendant la minorité du roi Dagobert. »
« Les Ruines de Paris en 4908 », Alfred Franklin
Ça me rappelle cette exposition de l’archéologue et humoriste Laurent Flütsch, il y a quelques décennies, qui imaginait les survivances de notre début de XXIe siècle vu par des archéologues, deux millénaires plus tard. Mais en plus léger: il manque un côté didactique qui expliquerait le pourquoi des erreurs.
Cela dit derrière l’ironie, il y a aussi une réalité plus brutale: il est fort possible que l’auteur ait été influencé par les destructions pendant la Commune de Paris. Si c’est le cas, il prend le parti d’en rire, près de cinquante ans après les faits.
Les Ruines de Paris en 4908 se lit vite, plus comme une curiosité que comme un véritable livre. Il fera sourire le connaisseur de Paris et de l’histoire en général, mais ce n’est pas un ouvrage qui marque durablement. Une lecture sympathique pour la table de nuit des soirées d’été.
L’article « Les Ruines de Paris en 4908 », d’Alfred Franklin est apparu en premier sur Blog à part.
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3 QUESTIONS À… David Vincent,
Isabelle Minbielle
codirecteur de la maison d’édition L’Arbre vengeur et enseignant à l’IUT Métiers du livre de Bordeaux.
Comment en êtes-vous venu à exercer le métier d’éditeur et à créer L’Arbre vengeur avec le graphiste Nicolas Étienne, en 2002 ?
J’ai longtemps été libraire à Bordeaux – où j’ai fait l’IUT Métiers du livre à la fin de mes études de lettres. Au bout d’un moment, avec Nicolas, on s’est dit qu’au lieu de pleurer après les livres épuisés, on pouvait très bien se prendre par la main et éditer nous-mêmes. On a commencé de manière très artisanale. Ni lui ni moi n’avons pour autant lâché nos métiers : le principe a toujours été de faire ça comme des « amateurs professionnels ». Cela permettait d’éditer vraiment ce qu’on voulait, et d’éviter que le fait d’être financièrement dépendants de la maison nous condamne à faire des livres qu’on ne voulait pas faire. C’est notre liberté. Si L’Arbre vengeur est rentable, c’est parce que nous réinvestissons dans la maison tout ce qu’elle nous rapporte.
En quoi consiste le métier d’éditeur en 2018 ?
Plus j’y réfléchis, moins je le sais : il y a tellement de façons de pratiquer ce métier ! Je fais de l’édition parce que je suis pathologiquement passionné par le livre, parce que je crois être un bon lecteur, et parce que je pense qu’un bon lecteur peut parfois faire un éditeur correct. En tout cas, il est excitant de sortir un peu des sentiers battus – parce que les gens lisent tous à peu près la même chose et qu’il faut parfois les malmener un peu, parce que tout le monde se croit capable de faire un livre, et parce que l’édition devient de plus en plus mainstream : on confie aux petites maisons le travail de débroussaillage...
Quels conseils l’éditeur et l’enseignant que vous êtes donneraient-ils à quelqu’un qui voudrait se lancer dans le métier ?
J’en donnerai deux : suivre une formation professionnalisante, nécessaire pour intégrer le milieu éditorial ; et puis se cultiver, lutter contre le nivellement. De plus en plus, on a affaire à des gens qui n’ont pas de culture générale, et encore moins littéraire, qui n’ont quasiment aucune référence : il est impératif d’exercer sa curiosité !
www.arbre-vengeur.fr
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Talent
Titre : Talent Auteur : Jacques Audiberti Éditeur : L’Arbre vengeur [site officiel] Date de publication : mars 2006 (1947 pour la 1re édition)
Synopsis : D’où vient que chez certains hommes le désir d’écrire semble l’emporter sur la vie même ? Quelle est cette obsession, ce mal (ou ce bien) qui les incitent à dévorer le monde pour le transformer en mots ? Plus que beaucoup d’écrivains, Jacques…
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Illustration pour les éditions de l’Arbre Vengeur
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illustration de couverture du roman Le soleil ne se leva pas -André Dahl - éditions de l’Arbre vengeur
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Rentrée littéraire 2017 au Festin avec cinq éditeurs girondins : Agullo, Finitude, L’Arbre Vengeur, L’Éveilleur et Castor astral !
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Ubloo pt.3
Traduit en coopération avec inShane
Texte original: http://www.creepypasta.com/ubloo-part-three/
Partie 2: http://creepypastafromthecrypt.blogspot.com/2016/07/ubloo-pt2.html
Partie 4: http://creepypastafromthecrypt.blogspot.fr/2017/03/ubloo-partie-4.html
Partie 4.5: http://creepypastafromthecrypt.blogspot.fr/2017/03/ubloo-partie-45.html
J’observais les lignes blanches disparaître l'une après l'autre sous le capot de ma voiture en parcourant l’autoroute. Plus je les regardais, plus j'avais l'impression qu'elles ne formaient qu'une seule et même ligne floue plongée dans un océan de bitume, et alors il fallait que je tourne le regard pour qu’elles soient à nouveau séparées. J’ai tendu le bras vers le siège passager pour attraper ma bouteille de gin. C’est triste de voir à quel point je suis devenu doué pour tirer le bouchon d’une main pendant que l'autre tient le volant. J’en ai pris une grosse gorgée pour finir la bouteille, puis je l’ai balancée à travers la vitre côté conducteur avant d'entendre le bruit satisfaisant des éclats de verre. « Ça ne pouvait être qu'un micro sommeil », me répétais-je sans cesse. Je ne sais pas si je commençais à perdre la raison, ou si j’avais déjà trop bu pour ce midi et que je divaguais ; mais j'avais en quelque sorte ce besoin de rationaliser le fait que j'avais vu Ubloo sans l'entendre pousser son cri. Au final, j’ai attribué ça à des hallucinations causées par le manque de sommeil, et je me suis dit que j’essayerais d’avoir au moins 5 bonnes heures de sommeil cette nuit. Ces dernières semaines, je tournais autour de 4 heures de sommeil ou plutôt, je dormais aussi longtemps que mon corps parvenait à supporter ces terrifiants cauchemars. En regardant dans mon rétroviseur, j’ai jeté un œil à la boîte qui contenait les affaires de Robert Jennings. Aujourd’hui, j'allais enfin savoir de quoi le livre parlait. Je ne pourrais vous dire combien de temps j’ai passé à comparer cette écriture aux dizaines d'extraits de langues diverses que je stockais sur mon ordinateur, et ce n’est qu’après un incroyable coup de chance que j’ai compris ce que c'était réellement. Je m’étais posé au bar d’un hôtel en Pennsylvanie lorsqu’un homme était venu s'asseoir près de moi. On a discuté quelques minutes, mais je crois qu'il n'était pas rassuré par mon apparence plus que négligée. Finalement, on buvait dans le calme, quand il a soudain brisé le silence. « Vous savez lire cette merde ? » a-t-il dit tout sauf gracieusement. « Malheureusement non », soupirais-je. « En fait, pour être honnête, j'essaye d'identifier de quelle langue il s'agit. » « Oh. » Il a regardé sa bière en grattant l'étiquette. « Ça vous embête si je je regarde un peu ? » « Non bien sûr, mais faites attention, d'accord ? » J’ai fait glisser le livre vers lui avec précaution. Il l'a ouvert et a feuilleté les premières pages. « Eh bien, ce que je peux vous dire, » a-t-il commencé, « c'est que c'est une sorte d'écriture africaine. ». Mes oreilles se sont dressées en entendant cela. « Africaine ? » j'ai demandé, plein d'espoir. « Ouais. J’ai été gardien de nuit au musée d’histoire naturelle à New York, et je suis presque sûr d'avoir vu une connerie du genre là-bas." Je n’ai même pas pris le temps de remercier l’homme. Je lui ai pris le livre des mains, et j’ai foncé jusqu’à ma chambre d’hôtel pour me mettre au boulot. J’ai dû écrire pas loi de 500 e-mails cette nuit-là, avec un petit extrait du livre en pièce jointe, et j'envoyais ça à tous les professeurs d’histoire Africaine, conservateurs de musée et traducteurs de langues africaines dont j’avais pu trouver l’adresse. C’est comme ça que j’ai rencontré Eli. Eli était un professeur d’histoire Africaine à la retraite vivant à Natchez dans le Mississippi. L’e-mail qu’il m’a renvoyé m'avait paru un peu surprenant, mais c'était surtout excitant. Il m’a expliqué que cet écrit que j'avais en ma possession était dans une langue quasiment éteinte, et qu'il avait appris à la traduire pour un professeur pendant sa thèse. Je lui ai dit que je lui offrirais n’importe quelle somme d’argent s’il acceptait de m’aider à traduire ce livre, mais seulement si je lui remettais en mains propres et qu'il le lisait directement. Je ne pouvais pas risquer de perdre le livre à cause de la poste, et en plus, Natchez était pile sur ma route pour rejoindre la maison en Louisiane. J’avais fini de lire le journal de Robert depuis 2 semaines. Il retranscrivait tous ses rêves, le poids terrible du fardeau qu'il portait, et les conséquences sur sa vie familiale. Un épisode a retenu mon attention plus que les autres. Robert était parti toquer à la porte de l’un de ses locataires, n'ayant plus de nouvelles de lui (ou ne recevant plus de loyer) depuis un moment. La porte était ouverte, alors il avait fini par entrer. Le locataire gisait dans la baignoire, les poignets ouverts. Apparemment, plusieurs de ses vieux jeans étaient étendus sur le sol de la salle de bains, et dans l’une des poches, Robert a trouvé une photo de la maison en Louisiane, son adresse écrite à la hâte au verso. Cependant, il ne faisait nulle part mention de l’endroit où il avait trouvé le livre. Robert avait également émis une hypothèse sur les intentions exactes d'Ubloo. Il semblait croire qu’il s’agissait d’un esprit vengeur, se nourrissant de nos cauchemars ou de nos peurs. Disons-le, son journal ne m'a pas tant aidé que ça en fin de compte, ce n’était qu’un simple résumé de tout ce qu’il avait vécu durant ces 3 années passées avec cette malédiction. Je suis sorti de mes pensées juste à temps pour l'entendre crier. Il y a eu un gros fracas, et le choc a enfoncé mon pare-brise. Par réflexe, j'ai fait une embardée et j'ai perdu le contrôle de mon véhicule. La voiture a dévié de la route et a heurté les rails de sécurité, projetant la femme du capot, et la faisant traverser le paysage comme une vulgaire poupée de chiffons avant que sa trajectoire rencontre un arbre. J'ai alors entendu sa colonne vertébrale se briser sur le coup avec un « crac » résonnant. Ma voiture a achevé sa course folle, et je l'ai entendu. « OH MON DIEU ! MARY ! » Un vieil homme était en train de courir vers la bande d'arrêt, là où la femme était étendue. « MARY ! MON CŒUR, NON ! » Il s’est agenouillé et a commencé à bercer sa tête dans ses bras. Les jambes de la femme étaient tordues d'une manière écœurante. Il s'est tourné et m'a regardé, toujours sous le choc, les jointures des doigts blanches à force de tenir le volant. Il m'a fallu un certain temps pour reprendre mes esprits et réaliser la gravité de la situation. « RECULEZ ! JE SUIS DOCTEUR ! » ai-je crié en ouvrant la porte et en courant vers l'homme. « Elle est MORTE idiot ! Tu l'as TUÉE ! » Le vieil homme sanglotait, la tête enfouie dans les cheveux de sa femme défunte. Je me suis arrêté à mi-chemin entre la voiture et l’arbre. Ils avaient au moins 70 ans tous les deux. Un peu à côté de la route, j’ai remarqué une voiture. Ils avaient dû tomber en panne ou alors ils avaient eu une crevaison. Elle était probablement en train de me faire signe de m'arrêter quand je l'ai percutée, ou bien elle se tenait trop près de la voie. « Je suis désolé, j’ai… » ai-je balbutié en respirant avec peine. « Je ne faisais pas attention... » « T’étais complètement bourré sale con ! » a-t-il crié. « Un alcoolo comme ton père ! C’est ce qui l’a tué, lui et ta mère ! » J'étais décontenancé. « Non, ce n’est pas vrai ! » « Si ça l’est ! » Le vieil homme a tendu le bras derrière son dos, pour prendre un revolver. « Regarde ce que tu as fait, mon gars ! Tout est de ta faute ! » Alors, il a armé son revolver, l'a mis dans sa bouche, et j'ai vu sa tête éclater dans une explosion de couleurs. Je suis resté là, sous le choc, à écouter le silence qui remplissait maintenant l’atmosphère. Je me suis gratté la tête, puis j’ai dévisagé l’homme et la femme. Comment j'allais me sortir de cette putain d'histoire ? Je me suis encore gratté la tête, quel moment étrange pour avoir des démangeaisons. Puis j'ai senti mes poils se hérisser. Je me suis retourné, surpris et apeuré. Il était là, sa longue trompe repliée vers lui, et son interminable langue noire pendante. Il m'a fixé avec ses horribles yeux d'un noir d'encre. Ils étaient tellement noirs que je pouvais voir mon reflet dedans, mon reflet figé par la peur. Il se balançait sur ses jambes d'avant en arrière, presque gracieusement. Il a légèrement penché sa tête sur le côté pendant une fraction de seconde, et je l'ai entendu. « Ubloo ! » Je me suis réveillé avec une grosse bouffée d'air chaud. Je reprenais lentement conscience de ce qui m'entourait. Je m’étais arrêté sur une aire de repos juste à côté de Natchez pour me soulager et prendre un café. J’avais dû m’endormir dans la voiture. « PUTAIN ! » J’ai donné un coup sur le volant. J’avais dû faire au moins 50 rêves avec cette chose et elle parvenait toujours à me prendre au dépourvu. J’ai fouillé dans la boîte à gants pour en sortir de l'Adderall . J’en ai jeté deux comprimés dans ma bouche et me suis forcé à les avaler avec une gorgée de gin. Je suis resté immobile un moment, la tête contre le volant, chassant toutes mes pensées, puis j’ai tourné la clé pour démarrer la voiture et quitter la place de parking de l’aire de repos. J'en ai eu pour encore une demi-heure pour me rendre là où Eli vivait. Sa maison était grande, et ancienne à première vue. Son allée était bien plus longue que ce à quoi j’étais habitué. Le terrain autour de sa maison semblait s'étendre à l'infini. Je suppose que la vie urbaine m'avait conduit à trouver un lieu comme celui-ci complètement surnaturel. J’ai continué jusqu'à me trouver devant la maison, puis il est sorti et m'a salué de la main. Il m’attendait, je l'avais appelé deux minutes avant d'arriver. Il était aussi grand que moi, mais beaucoup plus vieux, il devait avoir la soixantaine. Il avait un crâne parsemé de cheveux blancs ainsi qu’une barbiche assortie. Sa peau était ridée et il avait une paire de lunettes à moitié cassées posée sur le nez. Il a allumé une cigarette pendant que je sortais de la voiture et me dégourdissais les jambes. « Bonjour Docteur », a-t-il dit depuis le perron. « Je dois avouer que ça fait une éternité que j'attendais votre livre. Il est dur de trouver quoi que ce soit qui n'ait pas déjà été trouvé, et si vous me confiez ce travail, eh bien, je pense qu'on fera la paire. » Il parlait avec un accent du Mississippi très prononcé, mais tout de même compréhensible. Il m'a scruté quelques secondes avant de parler à nouveau. « Ça alors, vous avez sale mine docteur. Longue route ? » s'est-il renseigné d'un ton sincère. « Juste une mauvaise nuit. » Je n"ai pas pu m'empêcher de sourire. J'ai ouvert la portière arrière de ma voiture et j'ai sorti le livre de sa boîte. J'ai fermé la porte et examiné une dernière fois la couverture en marchant vers Eli. « Le voilà », lui ai-je dit en tendant le livre. Eli a pris le livre dans ses mains en remontant ses lunettes pour mieux voir. Il a plissé les yeux pour bien voir la couverture malgré la lumière du soleil pendant quelques secondes avant que je n'aperçoive ses yeux s’élargir et sa bouche s'ouvrir lentement. « Docteur. » a-t-il dit d'un air grave. « Où l'avez-vous trouvé ? » « Un ami me l'a donné. » ai-je à moitié menti. « Pourquoi ? Quel est le titre ? » Eli s'est retourné et m'a fixé un long moment, je pouvais presque voir les engrenages tourner dans sa tête en même temps qu'il commençait à comprendre pourquoi j'étais dans cet état. « C'est un livre religieux. Écrit par un guérisseur de la tribu Binuma. » Sa voix tremblait d'émotion. « Un guérisseur ? » ai-je demandé, curieux. « Comme ceux qui pratiquent le vaudou ? » « Oui, Docteur. » Eli s'est tourné vers moi. « Mais pas n'importe quel vaudou, la tribu Binuma, et plus spécifiquement ce sorcier, sont décrits dans le folklore Africain comme l'une des plus impitoyables de tous les temps. » Nous sommes restés là un moment, devant sa maison, avec pour seule compagnie le bruit du vent. « Eh bien, Docteur. Rentrons, et assurons-nous que ce n'est pas un faux avant de tirer des conclusions hâtives. » Nous sommes rentrés ensemble et Eli m'a amené à son bureau. Il a commencé à examiner le livre, les textes, le papier, tout. Pendant qu'il faisait cela, il m'a demandé d’exécuter plusieurs tâches. Sortir des échantillons de ses classeurs, chercher des textes qu'il n'avait pas sur internet, lui amener du thé. Après environ deux heures de travail, il s'est assis dans son fauteuil et s'est tourné vers moi. « Dieu vous bénisse, Docteur, c'est un original. » J'étais fou de joie d'entendre ça. À vrai dire, je n'avais jamais envisagé la possibilité que ce livre soit un faux, et maintenant que j'étais à quelques minutes d'obtenir des réponses sur Ubloo, sur comment l'arrêter ou le tuer, c'était comme si un poids s'en allait de mes épaules. « Du coup, vous savez quoi ? » a dit Eli. « J'ai une chambre d'amis à l'étage. Si vous n'avez nulle part où aller, vous pouvez rester ici et on pourra traduire ce livre en, oh, j'en sais rien, trois jours ? » Mon moral en a pris un coup. « Je suis désolé Eli, mais c'est trop long. » Il a levé les yeux vers moi. « Je dois être reparti d'ici le coucher du soleil. » Il avait l'air surpris, et à juste titre. « Eh bien ! Vous avez l'air de ne pas avoir dormi depuis des jours ! Vous pouvez quand même vous permettre une nuit de repos ? » « Je suis désolé, mais je n'ai pas le temps. » Je me suis levé pour reprendre le livre. « Je peux ? » « Bien sûr Docteur, c'est le vôtre après tout. » J'ai tourné les pages jusqu'au chapitre dont j'avais besoin. « Plus maintenant, Eli. » ai-je dit en me rapprochant du texte que j'avais besoin de déchiffrer. « Une fois que je serai parti, ce livre sera à vous, faites-en ce que vous voulez. » Je me suis finalement arrêté à la bonne page. Un dessin grossier d'Ubloo, entouré de textes, me fixait. « S'il vous plait, c'est le texte qu'il me faut », lui ai-je dit avant qu'il ait le temps de demander quoi que ce soit. Eli a regardé la page et l'a lue en silence, et je pouvais voir qu'il comprenait. Quand il a fini, il m'a regardé avec de grands yeux tristes. « Ça fait combien de temps ? » a-t-il demandé. « À peu près deux mois. » ai-je répondu, ressentant un soulagement à l'idée de parler à quelqu'un qui me comprendrait. « Doux Jesus ... » a-t-il dit en détournant les yeux. « Une minute, Docteur. » Il s'est levé pour aller dans la cuisine, et est revenu avec un plateau. Il y avait dessus deux verres pleins de glace, et une bouteille de ce qui semblait être du whisky. J'ai ri, et pendant une seconde je me suis à nouveau senti humain. Eli a rempli mon verre, puis le sien. Nous avons bu ensemble, en silence. « Maintenant vous comprenez pourquoi je ne peux pas rester. » ai-je dit, brisant finalement le silence. « Je comprends Docteur. Maintenant vous devriez peut-être vous asseoir, car c'est une histoire plutôt longue. » J'ai pris place près d'Eli et me suis préparé à entendre la vérité. Mon cœur battait à une vitesse folle. « Ce monstre, cette... chose, s'appelle Daiala Bu Umba. » « Daiala Bu Umba ? » ai-je demandé, trouvant étrange que ces gens ne le désignent pas par le même nom qu'Andrew et Robert. « Oui, Daiala Bu Umba, on peut traduire ça par « Celui qui montre. » Un frisson m'a parcouru l'échine. « Il est dit que ce guérisseur était très puissant, et que son peuple, la tribu Binuma, était chassé à travers le désert par un clan rival. Plutôt que de les affronter loyalement sur le champ de bataille, ils ont envoyé leurs meilleurs guerriers dans le camp des Binuma la nuit pour les massacrer dans leur sommeil. « Le guérisseur n'était pas là, il priait les dieux pour qu'ils sauvent son peuple, mais les dieux l'avaient abandonné parce qu'il avait utilisé le vaudou pour vaincre ses ennemis. Ainsi, ses prières n'ont pas été exaucées. Il est revenu au camp pour y découvrir tous les membres de sa tribu morts, y compris sa femme et son enfant. Le guérisseur, submergé par le deuil et la haine, a alors fait appel à sa sorcellerie la plus puissante pour avoir sa revanche sur le clan rival et sur les dieux qui lui avaient tourné le dos. « Il a rassemblé tout ce qui restait après la bataille : des défenses d'éléphant, des peaux de serpent, des os d'animaux et tout ce qui pouvait avoir des propriétés notables. Il a empilé le tout avec les corps de ses compagnons et a embrasé le bûcher, répétant sans cesse une incantation en fixant les flammes, une malédiction qui frapperait le clan rival. La malédiction consistait à invoquer un esprit qui hanterait leur sommeil de la même façon qu'ils avaient tourmenté le sommeil de sa tribu. » Eli s'est arrêté et m'a regardé. « Vous voulez que je continue, Docteur ? » J'ai pris une gorgée de whisky en acquiesçant solennellement. « En l'espace de quelques jours, le clan rival a été assailli par les cauchemars, et plus aucun d'eux ne pouvait dormir. Leurs rêves étaient des cauchemars de destruction, leur clan était assailli de toutes parts par les peuples voisins ; ils voyaient leurs femmes et leurs enfants violés, réduits en esclavage, ils voyaient leurs plantations brûler et des saisons sèches sans fin. Peu de temps après, les membres du clan s'en sont pris les uns aux autres, et les survivants mirent un à un fin à leurs jours, jusqu'à qu'il ne reste personne. « Mais quelque chose n'allait pas. Quand le sorcier a entendu que le clan était détruit, il a célébré sa victoire, mais il continuait d'entendre des plaintes de gens affectés par Celui qui montre. Il a réalisé que la bête qu'il avait invoquée ne pouvait pas être arrêtée, car elle avait un appétit pour le désespoir qui ne pouvait être rassasié. Un par un, les gens étaient frappés par l'esprit, et quand ils mouraient, la malédiction passait à une autre personne, laquelle à son tour transmettait le sort, et ainsi de suite. » Il a arrêté de parler. « Et donc ? Ils ont pu l'arrêter ? » « Le texte ne le dit pas », a dit tristement Eli. « Il est dit que les tribus ont commencé à exiler tous ceux affectés par l'esprit meurtrier, car il était impossible à combattre. Ainsi, ils laissaient l'esprit se propager dans une autre tribu. » J'ai eu un haut-le-coeur. Il n'y avait pas d'échappatoire. J'allais devoir faire avec Ubloo aussi longtemps que je vivrais... Ou aussi courtement, plutôt. Je comprenais maintenant pourquoi Andrew et Robert s'étaient suicidés. Les larmes me montaient aux yeux, et Eli m'a servi un autre verre de whisky. « Je comprendrai si vous souhaitez partir, Docteur. Je vais continuer de traduire et je vous appellerai si je trouve quelque chose qui pourrait vous aider. » J'ai bu le whisky d'une traite avant d'essuyer mes larmes sur ma manche. « Merci Eli », me suis-je forcé à dire. « Appelez-moi et je viendrai. » Je me suis levé avant qu'il ne puisse m'arrêter et me suis dirigé vers la porte d'entrée. Je n'avais pas encore atteint ma voiture qu'Eli était déjà devant la porte d'entrée, et m'appelait. « Docteur ! Si ça ne vous dérange pas, est-ce je peux vous demander où vous allez ? » a-t-il crié, la tristesse dans sa voix faisant comme suspendre la question dans l'air. « Poursuivre les traces de pas d'un homme mort », ai-je répondu. « Qui mènent quelque part en Louisiane. » Eli m'a regardé droit dans les yeux, et il s'est mis à pleurer. « Je ne vous souhaite que le meilleur Docteur. Je ne peux pas imaginer les choses que vous avez vues et je ne prétends pas le pouvoir, mais que Dieu vous bénisse dans votre lutte. » J'ai hoché la tête et ouvert la porte de ma voiture, mais avant de monter, je me suis tourné vers Eli. « Daiala Bu Umba » ai-je dit en riant nerveusement. « C'est un bien meilleur nom que celui que je lui ai trouvé. » « Comment l'appelez-vous, Docteur ? » Je me suis alors rendu compte d'à quel point ce nom était ridicule. « Ubloo. » ai-je dit avec un léger sourire. « Ubloo ? » Eli me regardait avec un air confus. « Oui, c'est ce qu'il me dit à chaque fois qu'un rêve se termine. » J'hésitais. « Ça veut dire quelque chose ? » Eli me fixait avec un regard que je n’oublierai jamais, un regard que je sais qu'il ne donnera jamais plus à aucun homme , et il a dit : « Oui Docteur. Ubloo est un raccourci pour « Ubua Loo. » » Le vent a soufflé doucement, faisant danser l'herbe dans la lumière du coucher du soleil, pendant que j'attendais les mots qui seraient probablement les derniers que j'entendrais de lui. « Ça veut dire réveille-toi. »
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