#Gaïa
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poppy-479 · 8 months ago
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Is somebody gonna match my freak
(Having an unhealthy obsession for greek mythology)
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mytherbalegwladys · 1 year ago
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(Updated!)
Gaïa est la réincarnation de la mère des titans (entités extraterrestres), crée par les savants pour sauver le monde de Chaos, le titan des ténèbres. Elle a été enfermée dans un biostase avec les réincarnations des titans grecques (Prométhée, Océanos, Éther, Nyx, Héméra, Crios et Mnémosyne). Mais des années plus tard dans un futur cyberpunk, la mafia ont entendu parler réincarnations des titans et veut les capturer pour les réduire en esclavage. Heureusement, Gaïa est délivrée par des pirates de l'espace avant les truands, mais elle est amnésique et ne se souvient même plus de son vrai nom. Spike la surnomme Nima, puis celle-ci doit retrouver la mémoire et les autres réincarnations des titans avant la destruction obscure qui approche.
La réincarnation des titans: Gaïa (terre), Prométhée (feu), Océanos (mer), Éther (air), Nyx (nuit), Héméra (jour), Crios (glace) et Mnémosyne (mémoire). Ils ont été crées à partir de l'ADN humain et des parties du corps des titans trouvées dans le mont Olympe.
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el-mira-d-or · 27 days ago
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Gaïa, dévoilée.
***** Introduction *****
Nous vivons dans un monde où certaines choses ne peuvent être dites, alors, ces choses sont cachées sous le voile du mystère et seulement, un petit nombre sait et se tait.
L'initié reconnaîtra la source qui m'a inspiré mon titre, et si j'ai choisi Gaïa, la déesse grecque, pour incarner mon texte, c'est parce que Gaïa représente la Terre, et par extension, elle représente le monde, tandis que le voile qui cache son vrai visage, sert à rendre la société pérenne afin que l'état social perdure.
Dévoiler les mystères sous-jacents à Gaïa, c'est comme de mettre un terme à l'état social et de rendre la société barbare, cela parce qu'il s'agit de dévoiler l'origine de l'humanité et que la grande majorité de celle-ci, serait alors davantage encline à céder à ses tentations si elle savait, cependant, cela ne serait pas un bien...
Et pourtant, je vais m'appliquer à révéler ce que certains meurent d'envie de dévoiler sans en avoir ni le courage, ni l'audace : cela répondra à la question de savoir qui je suis !
C'est, en effet, en partant de mes deux qualités que je vais être amené à développer le sujet qui nous intéresse : je suis quelqu'un de véridique et je suis quelqu'un de libre.
***** Un masque *****
Il a été dit que nous portons tous un masque lorsque nous évoluons en société, et j'ai, en effet, constaté que les personnes sont différentes lorsqu'elles progressent dans tel type d'environnement ou dans tel autre type ; exemples : environnement familial, environnement amical, environnement professionnel ou encore environnement inconnu. Il est évident que nous ne nous adressons pas de la même manière lorsque nous parlons à un proche, à un inconnu, ou à un patron, mais il s'avère que c'est toute notre manière d'être qui se trouve modifiée par le biais de notre propre adaptation qui se produit lorsque nous sommes en compagnie de telle ou telle personne, et dans tel ou tel environnement.
À ce sujet, l'être humain est soumis à sa propre nature qu'il hérite de la Nature, il est donc soumis à la loi du clan et la loi de la famille, qui nécessitent une figure d'autorité et une hiérarchie.
Les êtres humains sont de nature à s'attacher par le biais du clan, ainsi que par le biais de la famille.
Le clan concerne la réunion de plusieurs individus trouvant des intérêts communs, tandis que la famille concerne les générations et les alliances. Le clan se trouve donc renforcer lorsqu'il est formé à partir de familles.
Ne m'attachant, personnellement, qu'à mes deux vertus, la vérité et la liberté, j'ai exploré les mystères par mes propres moyens et en solitaire, puis je fus amener à rencontrer l'autre.
L'autre est déjà un mystère en lui-même, cependant, j'ai trouvé chez l'autre des qualités supérieures aux miennes, ainsi que des défauts biens pires que les miens.
J'ai pu constater que le punk destroye s'adonne à ses vices à la vue de tous, tandis que la personne aisée s'adonne à ses vices à l'abri du regard d'autrui, mais que tous s'adonnent à leurs vices, et quand les premiers sont portés par leur passion au gré de leurs pulsions, les seconds sont dans la gestion de leur passion et ont une grande maîtrise sur leurs pulsions.
Cependant, il n'est pas dit que le punk serait moins vertueux au fond de son cœur, que la personne aisée, car si le premier peut se montrer grossier, indifférent ou violent, lorsqu'il se trouve en société, ce n'est que pour défier l'ordre établi, tandis que les vertus publiques du second n'existent pas forcément lorsqu'il se trouve en privé. Ainsi, le misérable peut avoir le cœur plus léger que celui qui est aisé, et donc se montrer plus vertueux envers les membres de la famille humaine.
***** Les sphères *****
Cela étant écrit, il s'agit de distinguer les différentes sphères de la vie sociale qui sont, ainsi, établies :
La sphère publique, la sphère privée et la sphère intime.
La sphère publique concerne nos relations lorsque nous nous trouvons exposés au regard du public ; la sphère privée concerne nos relations lorsque nous nous trouvons dans un environnement familial ou encore lorsque nous nous trouvons au sein d'un cercle d'amis proches ; enfin la sphère intime concerne nos relations très proches qui ont un rapport avec notre propre sexualité.
Ce que j'ai donc constaté, c'est que, ce que les personnes montrent d'eux-mêmes en public n'est jamais ce qu'elles sont réellement lorsqu'elles se trouvent dans la sphère privée et qu'il est quasi impossible de deviner ce qu'elles sont capables de faire dans la sphère intime...
À l'origine de ces comportements, il y a la socialisation qui se fait au dépend de la constitution humaine car elle n'est envisagée que sous la contrainte de la règle, de la loi et du dogme traditionnel, rejetant du même coup, l'origine naturelle de l'être humain, constitué dans sa matière propre, de minéral, de végétal et d'animal.
Il est presque dommageable de devoir rappeler que nous résidons tous dans notre propre corps, et cela, de la naissance jusqu'à la mort. Ce qui signifie que nous devons prendre en compte notre partie minérale, notre partie végétale et notre partie animale qui sont les trois parties constitutives de notre corps matériel.
Je ne crois pas que les saints aient pu se passer de leurs corps, durant leurs vies sur la Terre, cependant, je pense que le saint est celui qui a su mourir tout en sachant se montrer tout à fait sain moralement, au dire de tous les autres, et ce, tout au long de sa vie, mais nul ne sait ce qu'il a fait avec son corps lorsqu'il se trouvait dans la sphère intime. Le saint est le représentant d'un exemple, cependant, l'histoire est écrite par les vainqueurs et par les religieux. Ainsi, l'être humain est à la recherche d'un idéal qui est illusoire, parce que la vertu n'existe pas sans le vice, et que l'esprit ne serait évoluer sur la Terre sans le corps, sans la matière.
***** La faim *****
Il existe évidemment une relation entre le vice et le corps, et cette relation s'appelle la faim. En effet, l'être humain n'a pas seulement de l'appétit pour la nourriture, mais il a également un appétit sexuel et il peut aussi être gourmand en objet matériel... Lorsque l'être humain se drogue et qu'il se retrouve en manque, il ressent alors une sensation de faim intense qu'il lui faut à tous prix rassasier. La faim, qui est une conséquence naturelle de notre séjour sur la Terre, dans un corps matériel, est notre plus grand malheur et en même temps, si la faim n'existait pas, la nourriture serait insipide et la jouissance n'existerait pas.
L'être humain fait partie des animaux que l'on peut qualifier de super-prédateurs étant donné ce dont il est capable, et lorsqu'il a faim, il peut faire des prodiges pour obtenir ce qu'il veut.
***** L'origine de la civilisation humaine *****
À l'origine de la civilisation humaine, il y a un père, c'est-à-dire une autorité et il y a une mère, c'est-à-dire un système philosophique. L'un et l'autre s'unissant de façon harmonieuse, donnent la vie à un enfant, c'est-à-dire à un clan, puis à un peuple.
C'est ainsi qu'un peuple dénué d'autorité qui ne serait défendre son propre système philosophique est voué à disparaitre.
Et c'est pourquoi, à l'origine de toute civilisation, il y a eut des familles qui se sont réunies sous une même bannière, défendant un système philosophique spécifique, qu'ils s'approprièrent comme le leurs.
L'être humain est évidemment issu de la Nature comme tous les êtres qui vivent sur la Terre. Alors, il ne peut faire l'impasse sur ses pulsions d'origine naturelle : la faim, le désir, l'envie, sont des incitations à la prédation et comme l'être humain est doué d'intelligence, il sait être ruser ou se rendre charmant pour parvenir à ses fins. Là, se trouve la triste vérité lorsque nous retirons le voile social et que nous rendons l'être humain à sa propre nature.
Par chance, l'être humain a su se développer, cela en sachant gérer sa faim, gérer ses désirs, gérer ses envies mais comme c'est une chose qui est plus difficile à faire qu'il n'y paraît, l'être humain a cherché à anticiper sur sa faim, sur ses désirs, sur ses envies et c'est seulement ainsi qu'il a su gérer ses pulsions. C'est-à-dire que l'être humain a produit l'abondance de nourriture pour ne plus avoir faim, et qu'il a été au-devant de ses désirs et au-devant de ses envies, cela afin de faire taire le désir et de faire taire l'envie, en les consommants par anticipation.
Lorsque j'écris l'être humain, je qualifie l'humanité en général, mais ce sont évidemment toujours les plus riches qui ont profité de l'abondance.
La nature, une fois rassasiée, de sa faim, de ses désirs, de ses envies, l'esprit se trouve libre de progresser spirituellement, libre de s'adonner à ce que la volonté veut réellement, dans le plan des âmes, et sur le plan spirituel.
C'est ainsi que certains hommes sont devenus de grands hommes, et ce fut d'abord parce qu'ils s'étaient libérés des contraintes dûes au corps.
***** La loi du clan *****
Le clan est formé par un nombre variable d'individus ; il a à sa tête, un chef, et son corps est doté d'une hiérarchie. Pour trouver l'origine du clan dans la nature, il suffit d'étudier les animaux sociaux, tels que les singes, les gorilles, les éléphants, les rats, ou les loups, par exemple, qui ont la caractéristique commune de vivre en groupe hiérarchisé.
De nombreuses études scientifiques menées sur les animaux sociaux ont montré que nous faisons partie de cette classe d'animaux et que nous obéissons de manière inconsciente à la hiérarchie naturelle dès lors que nous nous trouvons en groupe.
Ainsi, une étude montre que si nous mettons 5 personnes ensemble, l'un d'eux deviendra le meneur, un autre deviendra le bras droit, encore un autre deviendra le souffre-douleur, tandis que les deux autres deviendront, tantôt le bourreau du souffre-douleur, tantôt la victime du bras droit et du meneur.
Ensuite, si nous mettons 5 meneurs ensemble, ou bien, si nous mettons 5 souffre-douleur ensemble, le résultat final se trouvera être tout à fait identique. C'est-à-dire qu'à nouveau, se formera un meneur, un bras droit, un souffre-douleur, et les deux autres...
Ces expériences montrent à quel point nous sommes soumis à la hiérarchie du clan sans que nous nous en rendions vraiment compte.
L'autorité produit la hiérarchie et impose le dogme, la règle, la loi, l'obéissance, qui doivent être respectées par tous les membres du clan, tandis que le non-respect est synonyme d'exclusion, d'isolement à l'écart du clan.
Ceci est vrai chez tous les animaux sociaux.
***** La loi de la famille *****
La famille est naturellement constituée à partir d'un père, d'une mère et d'un enfant. L'homme représente l'autorité et la sécurité, tandis que la femme représente la nourrice : celle qui nourrit et qui prend soin. Cette manière de voir les choses est dûe à la constitution naturelle de l'être humain : l'homme étant naturellement plus fort physiquement, et la femme étant naturellement dotée du sein nourricier.
L'enfant, quant à lui, représente la génération, le produit, la création.
La famille est donc aussi hiérarchisée de façon naturelle.
Elle transmet une philosophie de vie à la nouvelle génération à travers l'éducation en établissant des bornes et des règles à respecter. Elle transmet une tradition qui a un caractère symbolique et religieux, tradition qui peut s'élever à un niveau spirituel par le biais du syncrétisme universel de toutes les traditions, ce qui produit la Tradition Universelle, une dans son essence.
La tradition familiale qui se trouve souvent en correspondance avec la tradition du clan (ou du peuple) s'impose, et elle s'impose dans la société occidentale même la plus laïque, même la plus athée, qui fêtent malgré tout Pâque et Noël et qui vivent au rythme des 7 jours issus de la Genèse ; jours qui portent les noms des anciens dieux de la mythologie romaine.
***** Les archétypes *****
Le père qui incarne l'autorité familiale est un archétype et c'est donc par le biais de cet archétype que le père est perçu par les autres. De même, pour la mère nourricière.
Le jeune enfant ne voit pas réellement le père mais il voit un père idéalisé qui est plus proche de l'archétype du père : le père vu par la conscience collective.
De même pour la mère.
Le chef qui règne sur le clan est aussi un archétype et c'est pourquoi, un grand nombre des membres du clan, ne voit pas l'homme qui incarne le chef mais ils perçoivent uniquement l'archétype du chef régnant, lui accordant une confiance absolue.
Les règles du clan, ses lois et sa tradition, concordent avec la philosophie du clan et le tout est rattaché à un symbolisme et à une mythologie (celle-ci étant une mise en forme des archétypes).
En l'absence d'une autorité valide, la religion a fait prévaloir une Autorité Divine, que les États ont su s'approprier en s'appuyant dessus, à l'exemple de Louis XIV, le Roi-Soleil.
***** Connais-toi, toi-même *****
L'axiome qui fut, jadis, inscrit au fronton du Temple de Delphes, est paraphrasé par cette phrase simple : connais-toi, toi-même. La question n'est pas de savoir qui tu es, mais plutôt de savoir ce qui t'effraie, de savoir ce qui te donne du désir, de savoir ce qui te donne de l'envie, de connaître tes appétits, afin de trouver le moyen de remédier à tout cela.
C'est donc en affrontant ta peur que tu t'en libère, et c'est en connaissant tes désirs, tes envies et tes appétits que tu peux les anticiper.
Évidemment, il reste une difficulté qui est lié au système de l'argent : profiter de l'abondance sans argent n'est pas une chose aisée, même si cela n'est pas impossible, c'est pourquoi, il est préférable de commencer par chercher à réduire au minimum désirs et envies, en éliminant de sa routine ce qui n'est pas indispensable.
Ensuite, il s'agit d'agir et d'aller vers ton objectif qui doit alors être de te libérer de tes peurs, en premier lieu, pour ensuite aller au-devant de tes désirs et de tes envies.
Une fois que tes appétits se trouvent rassasiées, tu peux alors pleinement profiter du moment présent et t'adonner à des choses plus spirituelles, tu peux t'adonner à des activités qui ajoutent de la valeur dans ta vie, tu peux aller à la rencontre de l'autre sans produire ni jalousie, ni envie, tu peux alors développer des qualités altruistes avec les meilleures intentions sans mauvaise influence, etc...
L'être humain vit de jouissances et de frustrations, cependant, la frustration est présente pour servir la jouissance, elle est ce qui produit la pulsion. La pulsion est synonyme d'énergie et lorsque cette énergie est dirigée dans la meilleure direction, elle produit la jouissance, ou tout du moins, l'opportunité de la jouissance.
Cependant, il est vrai que la frustration peut mener à la frustration, si l'énergie issue de la pulsion est dirigée dans une mauvaise direction (contre soi-même ou contre les autres).
Le problème de la frustration ne se résout pas, et il faut apprendre à vivre avec, en acceptant d'être frustré par moment, et en focalisant son énergie sur la jouissance, à venir.
Faire abstraction de la jouissance terrestre et de la frustration, est illusoire, car celui qui rejette la jouissance, ne peut rejeter durablement la frustration (j'écris cela par rapport à ce qui est professé par les religions, en général, et par le Bouddhisme, en particulier).
***** Conclusion *****
L'être humain est le produit de la Nature et même, l'esprit, se trouve dans la Nature, tout autant que l'âme et la matière. L'intelligence n'est donc pas une exclusivité de l'être humain, puisque l'intelligence est issue de la Nature.
L'humanité est soumise à sa nature et elle obéit à des lois qui ne sont pas formulées, mais qui sont inscrites dans son ADN.
L'être humain est attaché par le biais de la famille, et par le biais du clan, donc par extension, il s'attache à la société dont il est le produit mais puisqu'il voit des archétypes, au lieu de voir la vérité, il se veut obéissant, alors que sa propre nature le pousse vers tout autre chose.
Le vice et la vertu ne sont que les deux faces d'une même pièce, tout comme la jouissance et la frustration. C'est pourquoi, nous devons accepter l'existence de chacun d'eux, tout en travaillant à nous rendre serein en toute circonstance et repus de nos appétits afin de profiter pleinement du moment présent.
L'autorité établie reste une illusion qui ne s'appuie que sur la contrainte et la force, de plus, elle a dérobé l'Autorité Divine en s'appuyant sur la tradition pour établir ses bases.
La liberté et la vérité sont bafoués au nom de la socialisation, et le fait de chercher à s'émanciper équivaut à une mort sociale, tandis que la majorité ne peut sortir de son obéissance qui est dûe à son propre aveuglément.
Je pourrais développer le sujet indéfiniment...
Maintenant, mon texte contient un certain nombre de clefs qui aideront ceux qui se donnent la peine, à mieux comprendre le fonctionnement général des relations humaines, et à produire une vie plus sereine pour eux-mêmes et pour leurs entourages.
Je vous souhaite donc plein de bonnes choses à venir et je vous laisse libre de choisir la direction que vous préférez donner à votre vie.
El Mira d'or
- Gaïa, dévoilée -
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watchilove · 7 months ago
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Jean-Pierre Hagmann, Master Case Maker Winner of the Gaïa Prize 2024
We’re beyond excited to share that Jean-Pierre Hagmann has been recognized by the prestigious Gaïa Prize in the Craftmanship, Creation category for his incredible contributions to watchmaking. Throughout his remarkable career, Jean-Pierre continues to push the craft of watch case making, all while staying true to traditional techniques. Continue reading Jean-Pierre Hagmann, Master Case Maker…
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lire1x · 10 months ago
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Révolution bleue: La petite princesse de Jean-Pierre Goux
Quand cette brique de plus de 500 pages est arrivée, mes sentiments étaient partagés. D’un côté, j’ai immédiatement été séduite par cette jolie couverture bleue pleine d’étoiles et qui rappelle un grand classique de la littérature française. D’un autre côté, au vu de la brique de plus de 500 pages et de la thématique, j’ai eu un peu peur.Pourtant, le titre « Révolution bleue : La petite…
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sevrage · 1 year ago
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my--wonderland · 2 years ago
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Convictions - 3 - Masque.
1993.
Rien ne s’était passé comme prévu pour les deux cousines.
Les plans de Gaïa et Adonis avaient été ralentis par la destruction de la Pierre Philosophale, l’année passée, en juin 1992. En apprenant que la précieuse relique avait été cachée à Poudlard toute l’année, sans qu’ils le sachent, et qu’ils perdaient l’artefact si précieux, les avaient rendus fous. Ils avaient traqué Nicolas Flamel  et lui avaient arraché la recette de la Pierre avant qu’il ne meure. Depuis la fin de leurs études à Poudlard, en juin 1990, le couple travaillaient à la création de la Pierre Philosophale et à la recherche de  la fontaine de Jouvence dans les sous-sols du manoir de la famille d’Adonis. Ils s’étaient mariés à seulement vingt ans, l’été dernier, en 1992. Gaïa Selwyn était enceinte de leur premier enfant, un garçon, depuis cinq mois.
La jeune femme nageait dans le bonheur. Elle avait trouvé un meilleur ami, un mari, un amant, un partenaire en la seule personne d’Adonis Selwyn. Elle l’aimait plus que tout, et serait prête à faire n’importe quoi pour lui. La certitude que c’en était de même de son côté était rassurante et puissante. Oui, ils étaient puissants séparés, et deux fois plus ensemble. De plus, en devenant une Selwyn, elle s’était éloignée des Nott qui l’étouffaient, qui cherchaient à faire taire sa voix, qui la craignaient parce qu’elle était beaucoup plus courageuse, plus intelligente, plus déterminée et puissante qu’eux. Ils avaient voulu éteindre ses flammes, ils n’avaient fait que les attiser. Adonis, lui, aimait son incendie. Il avait le même. Les braises du pouvoir, de l’orgueil, de l’ambition dans son regard bleu sombre. Et leurs feux se mêlaient, inarrêtables.
Les parents de son époux avaient été emportés par la dragoncelle peu après le mariage de leur fils, auquel ils n’avaient pu assister à cause de leur maladie. Adonis avait un jumeau, Ulysse, mais il avait été déshérité à cause de son homosexualité des années plus tôt. Par conséquent, Adonis et le bébé qu’elle portait étaient les seuls Selwyn natifs restants, ce qui leur conféraient une immense liberté pour s’adonner à leurs projets.
La liberté de déchaîner ses ambitions, exploiter pleinement son intelligence et sa puissance magique, faire entendre sa voix, être respectée et écoutée. Gaïa était à sa place. Et elle était heureuse. Mais il y avait un prix à payer��: en s’éloignant des Nott, elle avait dû également s’éloigner de Gemma. Sa cousine lui manquait tant… Elle était si occupée, entre ses recherches et sa grossesse, qu’elle n’avait que rarement le temps de lui écrire. Elle espérait que Gemma ne pensait pas qu’elle l’oubliait, qu’elle manquait à leur promesse. La jeune femme aurait voulu être plus présente pour celle qu’elle aimait comme une sœur. Mais elle était une Selwyn à présent, et ne pouvait faire grand-chose pour la protéger, si ce n’est espérer qu’elle fasse le bon choix, celui qui lui garantirait la liberté dont Gaïa jouissait désormais. Elle espérait que ses conseils avaient fait leur chemin dans l’esprit de Gemma, et qu’elle saurait intriguer de sorte à épouser un homme qu’elle appréciait, et qu’elle devienne qui elle voulait, en dépit de son sexe.
De son côté, Gemma avait à présent quinze ans. Elle était en cinquième année à Poudlard. Pour sa première rentrée, elle se souvenait avoir été pleine d’espoir, mais aussi de peur. Et si elle n’était pas à Serpentard ? La fillette n’avait jamais vraiment réfléchi à ce qu’elle était, à ce qu’elle voulait, aux valeurs qu’elle louait. Le discours du Choixpeau, qui avançait qu’elle possédait les qualités de trois maisons, toutes sauf Serdaigle, l’avait troublée. Mais finalement, il avait choisi Serpentard assez vite, à son grand soulagement. Lorsque Gemma s’était dirigée vers la table des verts et argent qui l’acclamaient, elle s’était assise à côté de sa cousine qui lui avait réservé une place. Gaïa l’avait serrée dans ses bras en la félicitant, et jamais la petite fille n’avait eu un sourire aussi éclatant, à part lors de ses étés de liberté.
En entrant à Poudlard, Gemma avait espéré se faire des amis pour la première fois, des amis qu’elle choisirait, pas pour leur noblesse ou la pureté de leur sang, mais pour leurs qualités. Elle avait espéré s’affranchir du carcan des Nott et apprendre ce qu’être elle-même signifiait. Malheureusement, même à Poudlard, sa famille tenait à la surveiller. Ils lui assignèrent des « amis » : Silas Rosier, Charis Carrow, Ríona Flint et Walden Parkinson. Tous blancs, tous de Sang-Pur, tous issus des Vingt-Huit Sacrés. Tous racistes, également. Et tous obligés de nouer des liens, de former un groupe pendant sept ans.
Ces liens forcés l’avaient empêchée d’en créer d’autres. Tout le monde, en-dehors des descendants de familles de Sang-Pur, les évitait, les méprisant ou les craignant. Gemma était assimilée aux valeurs de sa famille, de son groupe. La jeune fille souffrait de cette image, de cette solitude, de l’implosion de ses espoirs, mais elle s’efforçait de garder le masque de la princesse Sang-Pur parfaite, orgueilleuse et virtuose des préjugés. Personne ne soupçonnait qu’elle soit différente, et c’était tant mieux. Elle devait rester incognito jusqu’à ce qu’elle décide de ce qu’elle devait faire de cette différence.
Les années passant, Gemma n’avait toujours pas compris ce que sa différence signifiait réellement. Alors qu’elle avait été synonyme de nouveauté, de découverte, de joie et de liberté quand elle était plus jeune, elle rimait désormais avec faiblesse, prison, danger. Penser comme elle était interdit. Elle devait chaque seconde prendre soin de garder son masque. Les conséquences pourraient être graves, pour elle, mais aussi pour ses amis.
Si les Nott découvraient l’implication de Claire et Nathan dans son ouverture d’esprit, la gouvernante pourrait être renvoyée, et sa mère mourir faute d’argent pour payer ses soins. Quant au professeur de danse… Il n’avait travaillé en tant que tel qu’un seul été, mais même à présent que Mrs Chazel officiait à ce poste, Nathan revenait à Rimeshire en secret pour voir Gemma et Claire.
Et si sa famille comprenait qu’elle ne partageait pas leur idéologie suprémaciste… ils la renieraient. Ce n’était encore jamais arrivé dans la famille Nott, mais Gemma avait entendu les échos du rejet d’Ulysse Selwyn, en 1988. Il n’avait que seize ans. Ses parents l’ont déshérité, effacé de leur arbre généalogique, l’ont éjecté de leur manoir avec une simple valise, simplement parce que leur fils Adonis avait trahi son jumeau en révélant son homosexualité. Toute la communauté des Sang-Pur avait été dégoûtés par le jeune homme, mais Gemma, elle, avait été dégoûtée par la réaction des parents. Elle n’avait lu qu’un seul livre parlant d’homosexualité dans sa vie, puis Claire et Nathan lui avaient expliqué les orientations sexuelles et romantiques qu’ils connaissaient. Bien sûr, la jeune fille comprenait le principe : si Ulysse aimait les hommes, il ne voudrait pas se reproduire avec une femme et assurer sa lignée. Mais, avait-elle pensé à l’époque, les Selwyn auraient pu le laisser aimer qui il veut, à condition qu’il ait un enfant avec une femme ? Elle se souvenait s’être horrifiée de sa propre pensée, encore bien trop empoisonnée par les valeurs des conservateurs. Elle s’était forcée à réfléchir. A discerner la vérité.
Adonis Selwyn l’avait également dégoûtée. Gemma n’avait pas tous les détails, et ne pouvait en demander pour des raisons évidentes, mais elle se doutait qu’Ulysse faisait confiance à son jumeau, assez pour lui donner une information cruciale sur lui-même, et qu’Adonis l’avait trahi pour obtenir tout l’héritage, et pas seulement une moitié. Voilà pourquoi Gemma n’avait pas été enthousiaste lorsque Gaïa s’était mariée avec lui, en 1992. Elle savait que sa cousine l’aimait, qu’elle était heureuse à ses côtés, qu’elle était libre, mais elle réalisait qu’il était une mauvaise personne. Mais, après tout, n’était-ce pas le cas de tous les Sang-Pur conservateurs ? De mauvaises personnes fermées d’esprit, imperméables au changement, arrogantes, dépourvues d’amour et de compassion. Bien sûr, Gemma ne voyait pas sa cousine comme ça. Gaïa était forte, belle, courageuse, elle était incroyable. 
Depuis qu’elle avait épousé Adonis Selwyn et quitté Mistmead, le manoir de Perseus et Aeryn, pour aller vivre dans le domaine de celui-ci, elle n’entendait plus beaucoup parler de sa cousine. Gaïa lui écrivait toujours, mais de moins en moins. Les dernières lettres qu’elles avaient échangées dataient de trois mois, lorsque la jeune femme lui avait annoncé qu’elle était enceinte. Elle semblait réellement heureuse, aussi Gemma l’avait félicitée avec plaisir, mais il lui semblait que quelque chose clochait. Ce n’était pas pour rien si sa cousine avait été cataloguée comme « à surveiller » par les Nott dès son enfance. Gaïa avait de fortes convictions, une audace insolente, de grandes ambitions et assez de détermination pour les réaliser. Elle était différente. Elle était plus intense, plus puissante que la moyenne des Sang-Pur, des sorciers en général. Elle était un incendie.
Pourtant, elle avait épousé l’homme auquel elle était promis dès la naissance, et portait déjà leur héritier. Son début de vie adulte commençait comme n’importe quelle femme issue d’une famille traditionaliste. Bien sûr, Gemma savait que jamais Gaïa n’aurait accepté son mariage arrangé, ni le fait d’avoir des enfants, si elle n’était pas éperdument amoureuse d’Adonis. Mais son silence l’inquiétait. La fumée discrète était souvent la plus toxique. Gaïa était une femme très ambitieuse, et les Selwyn avaient une réputation bien sombre pour leur extrémisme envers les Impurs. Même avant de rejoindre les Mangemorts, dès l’apparition de Voldemort, certains de leurs membres avaient été incriminés dans des assassinats de ceux qu’ils appelaient les Indignes. Et elle n’osait même pas penser aux sombres rumeurs de trafics d’organes sur lesquels reposaient leur fortune originelle. Gaïa ne pouvait ignorer la noirceur des Selwyn.
Gemma n’essayait de ne pas trop penser à ce que sa cousine et Adonis Selwyn mijotaient. La jeune fille s’efforçait également d’occulter sa peur de l’avenir et ses questions, les enfermant dans ses tiroirs mentaux. Un système qu’elle utilisait depuis l’âge de neuf ans pour garder un parfait contrôle d’elle-même. Elle préférait se concentrer sur le bal que les Nott donnaient en ce soir de décembre 1993, pour fêter les trente-neuf ans de son père, Hypérion. Les Vingt-Huit Sacrés seront tous conviés, dont les Selwyn, qui étaient d’habitude trop craints pour être invités aux réceptions. Elle avait hâte de voir sa cousine, pour la première fois depuis son mariage, l’été précédent. Elle avait l’impression que ça faisait dix ans qu’elles ne s’étaient pas vues, tant Gaïa lui manquait…
Elle revêtit sa robe vert d’eau, assortie à ses yeux, ses délicates chaussures, sa parure de diamants et ses fins gants blancs à la bordure dentelée. Puis, Claire attacha ses cheveux en un haut chignon tressé d’où dépassaient deux anglaises blondes et soyeuses. Enfin, elle la maquilla, éclairant son teint de façon légère et naturelle, nacrant ses lèvres et soulignant son regard en assombrissant ses cils et traçant un trait d’eye-liner pâle le long de sa paupière. Lorsque Gemma se regarda dans le miroir, elle-même crut à son masque.
A dix-huit heures, elle monta dans la salle de réception. Sa chambre était au premier étage, et le bal se déroulait dans une pièce immense couvrant entièrement le troisième et dernier étage de Rimeshire. Le plafond haut était orné d’une magnifique fresque représentant diverses légendes liées à la famille Nott, à ses origines italiennes, à ses symboles et aux illustres figures familiales. Les peintures débordaient un peu sur les murs bleu-gris, avec raffinement, et le reste était ornés de portraits des membres vivants des Nott. Un immense escalier de marbre, identique à ceux qui reliaient les étages, menait à une terrasse panoramique sur le toit du manoir. Cinq immenses tables, qui n’occupaient cependant même pas la moitié de la salle, étaient couvertes de nappes immaculées, de couverts d’or et de splendides bouquets d’orchidées et de lys. Au milieu de la pièce se trouvait une immense fontaine magique de champagne, dont l’éclat doré attirait la lumière des grands chandeliers d’argent. A droite, le sol d’un blanc pur était dénué de tout meuble, réservé aux danses. Un buffet où était servi l’apéritif dînatoire se trouvait contre le mur. Une bonne trentaine d’invités étaient déjà présents, discutant de façon polie mais guindée. Gemma chercha Gaïa, mais elle n’était pas encore arrivée, ce qui la déçut. Elle prit sur elle, enferma ses émotions dans le tiroir mental qui leur était réservé, adressa un sourire à Claire en bas des escaliers, et gravit les dernières marches la séparant de la salle de bal. La jeune fille repéra rapidement son père et sa mère, au milieu d’une poignée de Parkinson et de Greengrass. Hypérion était radieux dans son costume sombre ajusté, et sa femme se tenait à ses côtés dans un triste mélange entre une servante et une petite sœur qui voulait imiter son aîné pour se faire aimer de lui. En apercevant sa fille, il l’invita à ses côtés. Gemma prit une profonde inspiration et se retrouva bientôt au centre du cercle. Et le jeu commença. Une pièce de théâtre en trois actes.
Acte 1, l’apéritif-dînatoire.
Elle était parfaite. Magnifique, adorable, polie, cultivée. Elle était une étoile, discrète parmi tant d’autres, avec un éclat discret mais captivant. Ses manières charmaient toutes les générations la cour des Sang-Pur. Gemma allait de personne en personne, conversait selon le protocole, s’appliquait à être intéressante mais sans plus, à ne pas donner un avis différent de la norme. Cela dura deux heures. Tous les visages présents lui étaient familiers, mais seulement certains lui inspiraient des émotions, et quelques rares des sentiments positifs.
Zoe Ceasy était l’un d’eux. Les deux jeunes filles se connaissaient depuis l’enfance, de façon traditionnelle, ne se voyant qu’aux réceptions de la communauté des Sang-Pur. Elles n’étaient pas exactement amies, mais s’entendaient bien. Zoe était un peu plus âgée qu’elle, de deux ans. Elle était une étoile aussi brillante que Gemma, suivant parfaitement le protocole, avec quelque chose en plus. La Serpentard, qui se désignait comme professionnelle des masques, avait tout de suite su que l’empathie et la bonté de Zoe n’était pas feintes. Elle avait simplement prié pour que sa famille ne les étouffe pas.
Mais deux ans auparavant, Gemma avait compris qu’elle était peut-être une comédienne parfaite, mais Zoe l’était tout autant qu’elle. Son départ avec un Moldu avait interloqué toute la communauté des Sang-Pur. Des rumeurs circulaient encore, selon lesquelles la jeune Ceasy aurait subi un lavage de cerveau de la part de ce Moldu et qu’elle avait agressé et trahi sa famille de la pire des façons. Les Ceasy avaient néanmoins gardé la face en annonçant le mariage du jumeau de Zoe, Benjamin, à Katherine Halliwel.
Gemma avait été interloquée d’apprendre ça, mais elle était sûre qu’il n’y avait pas eu de lavage de cerveau dans l’affaire. Simplement un amour pur entre une jeune fille et un jeune homme, qui s’avérait être un Moldu. Cela lui avait brisé le coeur de penser qu’elle ne reverrait plus jamais Zoe, mais ne pouvait s’empêcher de l’envier. Ce sentiment lui avait fait si peur qu’elle l’avait enfermé à double tour dans l’un de ses tiroirs mentaux.
Deux ans plus tard, les rumeurs circulaient toujours, du moins lorsque les Ceasy n’étaient pas là. Certains avançaient qu’elle était à la rue, d’autres qu’elle était coiffeuse, d’autres, plus rares, qu’elle était morte « et c’était tout ce qu’elle méritait, cette traîtresse naïve ! » Tout cela dégoûtait Gemma, coincée au milieu d’une conversation de ce type avec son petit-cousin, Theodore Nott, un ancien Mangemort qui portait avec fierté la cicatrice de sa Marque et tenait des discours extrémistes près de la fontaine à champagne. Elle fut presque heureuse lorsqu’Hypérion Nott appela ses invités à s’asseoir, le repas allait commencer.
Acte 2, le dîner.
Quelques minutes avant la fin de l’apéritif, Gaïa arriva, en retard, ce qui était sûrement délibéré dans une tentative de provocation. D’ailleurs, tout dans son apparence inspirait l’insolence. Son ensemble de soie noire évasé et aérien soulignait à peine son ventre arrondi et se finissait en pantalon, ce qui était inédit. Ses longues jambes élégantes s’achevaient par des talons aiguilles d’une dizaine de centimètres. Son décolleté plongeant laissait apparaître un collier de diamants noirs assorti à une parure sûrement offerte par son mari, cette pierre étant l’un des symboles des Selwyn. Ses longues boucles d’or étaient détachées, sans aucun ornement, bien que soignées, ce qui était également inédit. Ses yeux noisette aux reflets d’or étaient soulignés d’un trait d’eye-liner noir si précisément tracé que son maquillage aurait pu être élevé au rang d’art, ce qui était encore plus remarquable car Gemma savait que Gaïa l’avait fait elle-même. Une légère poudre dorée illuminait le dessus de sa paupière, créant un contraste entre or et ténèbres. Son rouge à lèvres était la couleur la plus vive de la pièce entière. Sans nul doute, son entrée fut remarquée, et pas seulement à cause de son retard. A ses côtés, Adonis Selwyn, quoique bel homme dans son costume noir et émeraude, était invisible, comme toute ombre d’une flamme.
La femme éclipsait son époux. C’était impensable. Inimaginable. Le niveau sonore baissa, et la teneur des conversations, qui s’indignaient, changea. Le regard de Gaïa parcourut la pièce et Gemma se retint de lui faire de grands signes, se contentant de marcher rapidement vers elle.
- Gaïa !
Les lèvres rouges de sa cousine se fendirent en un sourire sincère.
- Salut ! Comme tu es belle !
- Merci. Je te retourne le compliment !
- Je sais, je suis sublime.
- Bonsoir, Gemma, intervint Adonis.
La jeune fille posa son regard vert clair sur l’homme qui avait trahi son frère, et lorsqu’elle répondit, ce fut d’un ton bien plus froid qu’elle ne l’avait escompté :
- Bonsoir, Lord Selwyn.
- Comment vous portez-vous ?
- A merveille.
Gemma ne lui retourna pas la question comme il était usage de le faire, car si elle le faisait, elle ne pourrait retenir un « et vous, vous dormez bien la nuit en sachant que vous avez brisé votre jumeau ? ». Elle ne connaissait pas Ulysse, seulement de vue à ce genre de soirées, mais elle était triste pour lui.
Adonis ne se formalisa pas du changement, et prit la main de son épouse, l’attirant à lui. Gaïa eut un sourire incontrôlable.
- Et si nous omettions les salutations à la centaine de personnes présentes et souhaitions juste un joyeux anniversaire à ton oncle ?
- Ce serait mieux, oui, approuva la future mère. A tout de suite, Gemma.
La jeune fille regarda sa cousine s’éloigner avec un pincement au coeur. Mais bon, le protocole avant tout. Elle espérait simplement que Gaïa ne se retrouverait pas piégée dans le cercle qui entourait Hypérion et obligée de faire la conversation avant d’avoir pu la retrouver. Gemma alla jeter un coup d’oeil au plan de table, elle fut partagée en découvrant qu’elle était entre Gaïa et l’horrible petit-cousin Theodore, en face de son grand-oncle Erald, le père de Theodore. Adonis, lui, se trouvait à côté de son épouse. Les parents des cousines n’étaient pas loin, les deux couples l’un en face de l’autre.
A vingt heures précises, sans qu’aucune horloge ne sonne, tous les convives prirent place à leurs places attribuées, sans le chaos auquel on pouvait s’attendre. Gemma se tourna vers Gaïa, souriante, heureuse de revoir sa cousine.
- Ça fait longtemps qu’on ne s’est pas vues, souligna-t-elle.
- Depuis mon mariage, effectivement.
- Comment vas-tu, avec le bébé, et tout ça ?
- Parfaitement bien, assura Gaïa. Le cinquième mois est le meilleur, à mon humble avis.
- Savez-vous déjà son sexe ?
- C’est un garçon, sourit la future mère.
- Avez-vous déjà des idées de prénom ?
- Quelques-unes. Nous voulons un prénom avec une signification particulière, pas forcément mythologique. J’ai pensé à Erwan, qui signifie dragon, et Alaric, qui signifie roi tout puissant. Adonis aimerait l’appeler Cassius. Ça vient de Cassiopée, tu sais, la princesse.. !
Gemma hocha la tête. Elle écoutait sa cousine, mais ne retenait pas forcément ce qu’elle disait, son attention concentrée sur la joie qui se lisait sur son visage. Ses yeux pétillaient, sa main caressait celle d’Adonis, l’autre était posée sur son ventre rond. Gaïa était heureuse. Mais Gemma savait qu’un mari et un enfant ne pouvaient être la seule raison qui rendaient la jeune femme si heureuse. Elle s’en voulait un peu de penser ça, mais elle connaissait sa cousine par coeur. C’était son ambition qui l’avait envoyée à Serpentard, comme c’était la ruse de Gemma qui avait décidé le Choixpeau pour cette maison. Et Gaïa Nott ne pouvait renoncer à cette ambition au prix d’une famille, même choisie. Quelque chose lui échappait. Mais quoi ? La jeune fille se rendit compte à cet instant qu’elle ne connaissait pas sa cousine. Elle ne la connaissait plus. Et le poids de cette révélation chutant sur son coeur brouilla ses sens. Gemma reprit contact avec la réalité en sentant le coup de pied que Gaïa lui avait envoyé sous la table. Elle leva la tête.
- Allons, Gemma. Je vous parlais, s’offusqua Erald Nott, son grand-oncle.
- Navrée, s’excusa la jeune fille avec un doux sourire gêné. Je vous écoute.
- Vous avez quinze ans à présent. Avez-vous déjà songé à votre avenir ?
La question l’embarrassa bien plus que les discours extrémistes légèrement alcoolisés qu’il avait fait durant l’apéritif-dînatoire. Lorsqu’on parlait d’avenir à une femme de Sang-Pur, on ne parlait pas de carrière, de rêves ou de projets, mais de mariage et d’enfants. Néanmoins, elle ne laissa pas son trouble paraître.
- Je fais confiance à mes parents à ce sujet.
- Parfait, sourit Erald avec un sourire entendu, le genre de sourire d’une personne qui en savait plus qu’elle n’en disait. Et vous, Gaïa ? On n’a plus beaucoup entendu parler de vous depuis votre mariage. Comment vous portez-vous ?
- Devenir une Selwyn a certainement pris une place bien plus importante dans mon emploi du temps que donner de mes nouvelles. Je me porte bien, rassurez-vous.
L’ironie était si bien dosée dans sa phrase qu’Erald ne la remarqua pas. Gemma sourit intérieurement.
- Au nom de toute la famille, nous sommes satisfaits que vous ayez une vie normale. Nous nous inquiétions beaucoup pour vous.
- Eh bien, ce n’est plus nécessaire. J’ai un mari, bientôt un enfant, un garçon, heureusement pour la lignée. Que pourrait-on rêver de plus ?
- Pour une bonne femme, je ne vois pas, en revanche, pour un homme… le retour à la raison de la société, voilà ce que nous souhaiterions. Lord Selwyn, avez-vous entendu parler des rumeurs comme quoi l’Etude des Sang-de-Bourbe allait devenir obligatoire à Poudlard, et non plus optionnelle ?
- Effectivement, je l’ai appris il y a quelques jours dans mon édition matinale de La Gazette du Sorcier. Inutile de vous préciser que ça m’a coupé l’appétit.
- Ce pays fonce droit dans le mur, soupira Erald en pliant et dépliant sa serviette ivoire. Je n’ose imaginer le contenu de ces cours. Apprend-on à notre future génération que les Moldus sont nos égaux ?
- Je le crains, Lord Nott.
- Que Merlin et Morgane nous soient témoins de la chute du bon sens dans ce monde, soupira le vieux Nott en lissant sa moustache argentée.
- Dites-moi, mon oncle. N’avez-vous pas été professeur ? N’avez-vous pas gardé des relations dans le Département de l’Education Magique ?
Gemma sourit intérieurement. Les visages offensés et interloqués des hommes lorsque sa cousine se mêlait à leurs discussions de la façon la plus naturelle du monde, comme cela devrait l’être, n’avaient pas de prix.
- Où voulez-vous en venir ? rétorqua-t-il, froid.
- N’auriez-vous pas pu empêcher ce décret ridicule d’une manière ou d’une autre ?
Erald émit un grondement que Gemma compara à un oiseau qui avait avalé de travers.
- Est-ce une accusation ?
- Une question.
- De quel droit…
- Votre indignation est ma réponse, mon oncle. Vous auriez pu agir. Vous le pouvez toujours. Dans l’ombre, de préférence. Mais vous avez peur de la majorité. Vous ne faites aucun effort pour préserver notre société, vous préférez vous en remettre aux druides et aux dieux. Vous laissez les Sang-de-Bourbe instiller leur infâme poison dans notre monde. Savez-vous que vos plaintes ne changeront rien ?
- Comment osez-vous ?! s’exclama Erald, et la satisfaction de Gemma fut remplacée par une inquiétude croissante pour sa cousine. Vous n’avez donc pas changé, Gaïa. Vous êtes toujours aussi stupide et impétueuse. Les femmelettes croient toujours les choses si simples… Si elles l’étaient, ne croyez-vous pas que le monde serait différent ?
- Je crois qu’il est plus simple de prétendre qu’il n’y a rien à faire plutôt que d’essayer de faire quelque chose, déclara Gaïa en se servant une coupe de champagne.
Ce geste défiait les codes à plusieurs égards : elle n’était pas autorisée à se servir seule, c’était le rôle des elfes de maison, qui commençaient à peine à distribuer les amuse-bouches. De plus, elle buvait de l’alcool pendant sa grossesse. Tout en accusant ouvertement l’un des patriarches de la famille Nott d’être un incapable peureux et fermé d’esprit. Gemma, paralysée, avait l’impression d’observer la scène à travers une vitre de plexiglas. Sa cousine porta la coupe à ses lèvres et aspira quelques bulles dorées.
- J’ignore pour qui vous vous prenez, Lady Selwyn, asséna Erald en prononçant le titre de Gaïa comme une insulte. Mais je tiens à vous le rappeler. Vous avez beau avoir épousé Lord Selwyn, cela ne vous autorise pas à parler en son nom lorsque je m’adresse à lui. Pendant votre enfance et adolescence, j’ai attribué vos écarts de comportement indigénats à une piètre éducation de la part de votre père. Je me rends compte à présent que Perseus est à plaindre plus qu’à blâmer. Il s’agit de..-
- Rassurez-vous, mon éducation était parfaite, ponctuée de Sortilèges Impardonnables comme de coutume, le coupa Gaïa, suspendant la respiration de Gemma. A mon tour, je tiens à préciser quelque chose : ma place sera celle que je déciderai de prendre. Mais les débats avec vous, comme avec toute personne de votre famille (Gemma nota qu’elle ne s’incluait plus dans les Nott, ce qui la blessa malgré elle), sont stériles. Aussi ne vais-je pas vous importuner davantage. Je comprends qu’au-delà d’un certain niveau de réflexion, vous ne pouvez plus suivre.
Gemma compara l’expression d’Erald à un gros poisson gonflé à bloc d’air. La répartie de Gaïa, qui l’avait poliment traité d’imbécile borné, l’avait rendu muet comme une carpe. L’arrivée des amuse-bouches sauva les apparences, même si le patriarche semblait vouloir se téléporter à une autre table, voire dans son manoir de Downhearth au Sud de l’Angleterre.
La jeune fille devrait être habituée à cette sensation, mais à chaque fois que Gaïa se montrait insolente et défiante, c’est-à-dire très souvent, elle était terrifiée à l’idée que sa famille lui fasse quelque chose. Elle n’avait jamais subi de Sortilège Impardonnable de la part de ses parents – qui se spécialisaient plutôt dans l’indifférence à son sujet – mais savait que les Doloris avaient tenu un rôle très important dans l’éducation de Gaïa. Dès ses sept ans, ils étaient devenus la punition habituelle lorsqu’elle se montrait irrespectueuse à leurs yeux. Un jour de Noël, à Mistmead, Gemma en avait été témoin. Elle n’était pas censée l’avoir vu : elle sortait des toilettes lorsqu’elle avait surpris des éclats de voix. Poussée par la curiosité, la fillette de six ans s’était glissée dans l’un des dizaines de salons que comptait le manoir, guidée par l’intense lumière rouge sang qui avait émané de la porte quelques secondes. Par la serrure, Gemma, pétrifiée de terreur, avait vu sa cousine adorée se tordre de douleur, et, en face d’elle, Perseus Nott maniant sa baguette, le visage dénué d’émotions alors qu’il torturait sa fille. Ce soir-là, Gemma avait eu l’impression que c’était elle qui subissait le sortilège Doloris. Elle avait ressenti sa morsure mortelle dans son coeur.
Depuis, à chaque écart de comportement de Gaïa, c’était Gemma qui tremblait, paralysée par la peur et l’anticipation de la souffrance que sa cousine endurerait. C’était comme si elle aspirait la terreur que Gaïa pouvait ressentir, la laissant intrépide face à la certitude de sa punition future. Gemma s’était habituée à cette morsure, à ce poison qui la laissait figée, sans défense, le souffle coupé. Elle ne retrouva son calme qu’au début des entrées, se rassurant en se rappelant que Gaïa était désormais une adulte, une femme mariée, que ce n’était plus Perseus qui avait autorité sur elle mais Adonis.
Gemma décrocha un coup d’oeil glacé au Lord Selwyn. Qu’est-ce-qui lui prouvait qu’il n’était pas abusif envers son épouse, comme il était habituel dans le milieu des Sang-Pur conservateurs ? Ils craignaient le feu, mais avaient les moyens de le noyer. Le feu faisait fondre la glace, mais l’eau éteignait le feu. Et il avait éteint les flammes de tant de femmes à travers les générations. Mais pas Gaïa. L’incendie de sa cousine semblait invincible. Même la glace la plus froide n’était capable que de l’attiser. Cela rassura quelque peu Gemma.
Les elfes de maison retirèrent les entrées, et apportèrent le plat. Gemma laissait toujours les meilleurs aliments de son plat, sachant que les petits serviteurs mangeaient les restes. Tout en mangeant, la jeune fille regarda le couple plus attentivement, avec dans les yeux l’étincelle calculatrice et rusée qu’elle masquait d’habitude au profit d’un regard vide ou empli de naïveté polie. Et elle remarqua quelque chose de singulier. Adonis avait cessé de parler avec Erald. Il débattait avec son épouse à propos de la place actuelle et idéale des Nés-Moldus dans la société magique. Leurs arguments s’enchaînaient rapidement, mais chacun écoutait l’autre avec attention et respect. Le ton ne montait pas, ils étaient souvent d’accord, et lorsque ce n’était pas le cas – comme lorsqu’Adonis statua qu’il fallait tuer ceux qu’ils nommaient les Indignes, alors que Gaïa préférait les garder comme esclaves à l’instar des elfes de maison –, ils  réfléchissaient ensemble et parvenaient à trouver un compromis. Rien ne se lut sur le visage de Gemma, mais une intense surprise l’envahit. Elle n’avait jamais vu ça en vrai. Pour elle, les relations saines n’existaient que dans les livres et dans ce qu’elle nommait le « monde extérieur », le « monde réel », loin du carcan doré des pro-Sang-Pur.
Un doux soulagement emplit le coeur de Gemma. Elle n’osait pas y croire. Mais c’était évident. Gaïa ne se serait jamais laissée marier à quelqu’un qu’elle n’aimait pas. Et elle aimait Adonis, ça se voyait. Sa manière de lui parler, d’entrelacer ses doigts aux siens, la lumière dans ses yeux lorsqu’elle les posait sur lui, la rapidité avec laquelle elle était tombée enceinte (jamais Gaïa Nott n’aurait accepté une relation sexuelle, et encore moins un enfant de quelqu’un dont elle n’était pas profondément amoureuse), le changement de nom pour Selwyn, ce sourire lorsqu’il l’écoutait attentivement, la laissait parler, considérait son opinion comme valide et intéressant, rebondissait sur ses dires, était d’accord avec elle…
Lorsque Gemma fut convaincue que sa cousine aimait réellement passionnément son mari, elle réfléchit aux sentiments d’Adonis envers Gaïa. Elle était bien plus méfiante. Il était un homme, il avait été éduqué à se sentir supérieur à tout le monde, destiné à devenir un patriarche misogyne au coeur de glace. S’il y avait une chose que Gemma avait apprise avec des années d’observation incognito de sa famille, associée à de nombreux livres de fiction ou de philosophie, c’était qu’on ne naissait pas monstre, on le devenait. On avait enseigné à son oncle Perseus que le Sortilège Impardonnable Doloris était une méthode d’éducation. On avait flouté sa perception du bien et du mal, on l’avait aveuglé d’or, de pureté et de popularité. Gemma ne croyait pas que quiconque pouvait changer passé un certain âge, lorsque la personne avait subi une éducation de fer. A ses yeux, tout se passait pendant l’enfance et l’adolescence. Elle avait eu la chance incroyable de rencontrer Claire et Nathan, qui avait inondé son esprit de vérité, qui lui avaient donné les moyens de distinguer le vrai du faux, le bien du mal, de créer son rôle de jeune fille parfaite et de porter son masque chaque jour, afin de ne jamais être soupçonnée et considérée comme une menace comme Gaïa. Son feu à elle ne pouvait être éteint, car personne n’en avait conscience. Il ne s’agissait que de quelques braises, mais c’était déjà dangereux, pour les Nott, pour elle. Mais Adonis ? Il y avait fort à parier qu’il était eu la même éducation que toutes les personnes présentes dans cette salle. Il avait dénoncé l’homosexualité de son frère jumeau, le condamnant à une vie de honte et de rejet, afin de devenir le seul héritier. En quoi, pourquoi, serait-il différent ?
Gemma espérait de tout son coeur qu’il le fût. Elle s’efforçait de faire confiance aux choix de sa cousine. Gaïa était une femme forte et intelligente. Adonis était peut-être son promis dès sa naissance, mais elle l’avait choisi. Elle le choisissait chaque jour. Sinon, ils n’en seraient pas là. Gemma ne put que remercier le hasard, le destin, ou ce qui avait conduit ces deux êtres à tomber amoureux, leur permettant de suivre le parcours écrit pour eux par leurs parents tout en faisant ce qu’ils souhaitaient. Une chance rare. Si Gaïa avait été promise à un homme qu’elle n’aimait pas, elle n’aurait pas accepté de l’épouser. Elle aurait tout sacrifié pour sa liberté, même son patronyme, son héritage et sa réputation. Elle aurait tout brûlé sur son passage, y compris son nom sur l’arbre généalogique. Dans un frisson, le regard que Gemma posait sur Adonis Selwyn changea. Elle le remercia intérieurement de protéger sa cousine d’un brûlant scandale. Avec un soupir, la jeune fille songea qu’être différent, au sein de ce « monde intérieur », c’était être faible, vulnérable. Mais sa différence était invisible, secrète. Et celle de Gaïa était protégée par son époux et la liberté qu’elle avait conquise en devenant une Selwyn.
La Serpentard se rendit soudain compte de quelque chose alors que l’ennui l’envahissait. D’habitude, c’était avec elle que Gaïa discutait lors de ces repas mortellement longs. Bien sûr, elles ne débattaient de rien, cela aurait pu compromettre le masque de Gemma et Gaïa le comprenait, même si elles n’en avaient jamais parlé. Mais désormais, sa cousine avait Adonis. Avec lui, elle pouvait dire et faire ce qu’elle voulait. Il était son bouclier face aux Sang-Pur. Gaïa était censée être sous l’autorité de son mari, et ils profitaient allègrement de cette règle. Ils se jouaient des Nott en suivant à la lettre les codes de leur société, en apparence. Alors qu’en vérité, leur couple était placé sous le signe de l’égalité et la liberté. Aussi belle et rusée que la revanche de sa cousine sur les Nott fût, Gemma ne pouvait s’empêcher de se sentir seule et jalouse. Elle enferma ses réflexions dans un énième tiroir mental, laissant la moitié de son poisson et de ses pommes de terre coupées en lamelles très fines pour les elfes de maison.
Alors que ceux-ci retiraient les plats terminés et servaient le dessert en deux claquements de doigts et force courbettes, une pensée glaciale saisit l’esprit de Gemma. La voix de son grand-oncle Erald résonna dans sa tête comme une onde vibrante destructrice.
Vous avez quinze ans à présent. Avez-vous déjà songé à votre avenir ?
Elle était à deux ans de la majorité. Il avait parlé de son avenir. Son avenir qui, de part son sexe, se résumait à son mariage et à ses enfants. Gaïa avait été promise à Adonis depuis sa naissance, et ils étaient tous les deux au courant depuis leur plus jeune âge. Mais l’idée qu’il puisse en être de même pour elle n’avait jamais, jamais traversé l’esprit de Gemma. Elle lui coupa l’appétit, et lorsque les elfes de maison vinrent enlever les desserts, son assiette était encore pleine, à leur plus grand bonheur. La jeune fille, coupée du monde, enfermée dans son esprit, s’efforça de ne pas céder à la panique en enterrant cette pensée dans un tiroir mental placé très, très loin. Mais elle était indomptable. Elle s’insinuait en elle comme une vipère.
Il n’y avait que deux possibilités : soit ses parents lui avaient déjà choisi un futur mari, soit ils allaient le faire très prochainement. Gemma et Gaïa étaient les premières filles nées Nott depuis des siècles, alors que leur famille vivait encore en Italie. Par alliance, Gemma ne connaissait qu’Irisa, l’épouse du cousin de son père, Aeryn, sa tante, et Elladora, sa mère. Il y avait sa grand-mère Borea, mais elle avait perdu l’esprit quand son père et son oncle étaient adolescents, et Aeliana, sa grand-tante, l’épouse d’Erald, mais elle était décédée quand Gemma était petite. La Serpentard était sûre qu’aucune d’elles n’avait plus de vingt ans lorsqu’elle s’était mariée, et guère plus de vingt-deux lorsqu’elles avaient eu leur premier enfant. Elle se sentit tellement ridicule de ne jamais y avoir pensé. L’idée ne lui avait même pas traversé l’esprit lors des mariages. Le coeur de Gemma vivait dans les livres, où on pouvait trouver le prince charmant – ou une princesse, dans certains cas, mais la jeune fille préférait les garçons. Un garçon en particulier, mais elle refusait de se l’avouer. Heureusement, d’ailleurs, car elle n’osait imaginer subir le même sort qu’Ulysse Selwyn.
La jeune fille vivait un plongeon glacé dans la réalité. La vérité la noyait. Dans un flash, elle imagina une Gemma de vingt-cinq ans, épouse et mère de trois enfants, sans profession, sans but, son rôle déjà accompli, sa vie déjà finie. Et il s’agissait du tableau le plus idyllique, dans lequel son mari ne la battait pas. Elle s’imagina porter ce masque toute sa vie. Elle s’imagina devant l’autel, vêtue d’une longue robe blanche qu’elle n’aura pas choisie, face à un homme qu’elle n’aurait pas choisi. Elle s’imagina déménager dans un immense manoir appartenant à son mari, sûrement un descendant d’une famille qu’elle connaissait. Ou pire, un cousin éloigné. Elle s’imagina abandonner ses seuls amis, Harvey, Claire et Nathan, à jamais. Elle s’imagina se déshabiller devant cet inconnu, probablement aussi froid et dur qu’un bloc de glace. Après, elle ne put rien songer de plus, l’esprit pétrifié, engourdi, le Titanic après avoir heurté l’iceberg. L’eau empoisonnée s’insinuait en elle.
Ça ne l’étonnait pas que sa grand-mère Borea ait perdu la tête.
Gemma s’efforça de boucher le trou, de repousser le poison de ses pensées en songeant à des possibilités rassurantes. Par exemple, comme Gaïa, le hasard pourrait la sauver en lui attribuant un époux dont elle tomberait réellement amoureuse, et réciproquement. Elle s’enroula dans cet espoir comme dans une couverture chaude, et cela l’aida à respirer et à refaire surface, se rendant compte qu’elle avait oublié tout ce qui se produisait autour d’elle. Heureusement, ou malheureusement, personne ne lui avait parlé. Les tables étaient débarrassées, et les invités se levaient pour rejoindre la piste de danse, tout à droite de la salle. Deux heures trente après le début du repas, l’acte 3 commença : le bal.
Un orchestre de domestiques se réunit et joua une valse lente. Les couples se réunirent. Voir ses parents danser était réellement étrange pour Gemma. D’habitude, elle observait chaque paire avec attention, essayant de décrypter leurs secrets l’air de rien, mais son attention fut aspirée par Adonis et Gaïa. Ils rayonnaient. Au-delà de leurs mouvements parfaits, leur amour sautait aux yeux. Leurs mains liées, la main d’Adonis posée sur la taille de Gaïa comme si elle était la chose la plus précieuse au monde, celle de la jeune femme caressant lentement le cou de son mari, en discrète invitation, leurs regards incapables de se détourner l’un de l’autre… A côté, tous ces couples issus de mariages arrangés, qu’un contact physique répugnait, étaient ridicules.
A la fin de la danse, les musiciens entonnèrent une mélodie plus rapide. Theodore Nott, le petit-cousin de Gemma, vint l’inviter à danser, et elle accepta avec une gracieuse révérence, loin de refléter son dégoût intérieur. Les invités mineurs devaient s’inviter entre eux, ou ne pas danser. Généralement, la jeune fille restait assise, sauf lorsqu’on l’invitait, elle n’était alors pas en droit de refuser. Leurs pieds initièrent une valse. Droite, gauche, droite, gauche, droite, gauche.
- Fort belle soirée, commenta Theodore.
- Je ne peux qu’être d’accord avec vous. Néanmoins, la fête d’anniversaire de votre père l’an dernier était comparable en faste.
- Vous me flattez.
- Je n’oserai pas.
Gemma comparait les discussions à des parties de ping-pong. La balle rebondissait, il fallait être réactif et la renvoyer en la faisant rebondir sur sa propre table la première fois. Cependant, elle avait eu des joutes verbales plus intéressantes avec ses peluches, lorsqu’elle s’entraînait à l’éloquence, petite. Heureusement, la danse pardonnait le silence – et celui qui s’installa entre Theodore et Gemma aurait été gênant s’il n’était pas si naturel et habituel. Leurs pas répétitifs – droite, gauche, droite, gauche, droite, gauche – finirent par s’achever, et la jeune fille fut surprise de voir son père à côté d’elle.
- Puis-je vous emprunter ma fille ? questionna Hypérion.
- Naturellement.
Un poids tomba soudain sur le coeur de Gemma. Un goût métallique emplit sa bouche, sans qu’elle ne comprenne qu’il s’agissait de sang, car elle mordillait l’intérieur de sa joue. Lorsque son père prit la place de son petit cousin, sa main autour de la sienne lui fit l’effet de menottes, et celle sur sa taille, de boulet. Pétrifiée, glacée, elle sentit son masque se fendre d’un sourire poli, alors que Theodore les laissait.
- Ma chère fille, commença Hypérion.
Elle aurait pu réciter ce qu’il allait lui dire. Et il le dit, presque mot pour mot.
- Je suis fier de vous. Vous êtes devenue une magnifique jeune femme, dans le respect de nos nobles coutumes. Je me sens presque honteux de garder une telle beauté pour moi. Le moment est venu de vous offrir au monde, Gemma.
Droite, gauche, droite, gauche, droite, gauche. Comment arrivait-elle à danser si parfaitement alors que son univers s’écroulait ?
- Je vous remercie, père.
- Le choix n’a pas été aisé – contrairement à votre oncle, j’ai préféré attendre que vous soyez en âge avant de prendre cette décision. Beaucoup de choses peuvent changer en une décennie, au niveau de la fortune et de l’influence d’une famille. Vous étiez demandée par nombre de prétendants.
- C’est un honneur.
Droite. Gauche. Droite. Gauche. Droite. Gauche. Sa valse devenait de plus en plus lente, au fur et à mesure que les battements de son coeur s’accéléraient, seule preuve qu’elle était encore en vie.
- Mon choix s’est finalement porté sur la famille Rowle. Très puissants politiquement depuis le mandat de Damoclès Rowle, au dix-huitième siècle, possédant une richesse presqu’égale à la nôtre, et surtout, un lien non négligeable avec l’Amérique depuis l’union de Calista Rowle à Jake Santiago.
Logiquement, Gemma aurait dû ressentir la même terreur, le même dégoût que lorsqu’elle avait envisagé cette situation à peine une dizaine de minutes plus tôt. Cette même envie de vomir aurait dû ceindre sa gorge, les mêmes taches noires auraient dû troubler sa vision. Mais elle ne ressentait rien. Elle n’était plus composée de chair, de sang et d’os. Elle n’avait plus de sentiments, de pensées, de volonté. Elle était un être de papier, un être de vent, aussi froid et translucide qu’un fantôme. On lui passait à travers sans craindre de la blesser, car elle n’était pas humaine. Elle était un outil, un instrument. Exactement comme cet archet qui faisait vibrer les cordes du violon. Droite, gauche, droite. Gauche, droite, gauche. Elle était un violon sans cordes, une caisse vide. Son père faisait danser son archet dans le vide, et elle faisait résonner la douce musique qu’il attendait. Comment faisait-elle ?
La main de son père quitta la sienne, et une autre s’y glissa. Un homme blond, imposant, au regard pâle, qui la traversait comme un fantôme.
- Gemma, je te présente Thorfinn Rowle.
Elle hocha la tête, fit une révérence, le salua poliment. Ils débutèrent une danse. Droite, gauche, droite, gauche, droite, gauche.
Ce masque était si serré qu’il se fondait dans sa peau.
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felinefractious · 2 months ago
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Gaïa’s Garden Tequila [Pedigree]
🐱 Ragdoll
📸 Gaïa’s Garden
🎨 Seal Point Bicolor
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ourladyoftheunderworldrp · 7 months ago
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Personaje de la saga: Harry Potter
Personaje del foro: Gaïa A. Greengrass
Personaje propio: Albus S. Potter
Ship: Orson x Marjorie
Casa: Gryffindor
Trío: Amanda x Rhett x Alexandra
Cita:
— ¿Lo quieres de vuelta? Entonces arráncamelo, porque no vas a escucharme pedirte que te lo devuelva. Dijiste que significaba que te pertenezco ¿verdad? Pues tendrás que vivir con eso —
Lysander A. Scamander, Poison and thorns
Trama oficial: Blood runs thicker than water.
Personaje menos querido: Aurelius I. Doge @homenumrevelio-rpg
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luegootravez · 1 year ago
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Gaïa Orgeas by © Stefan Deyn
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craz-insanity · 10 months ago
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Le Bal des Débutants,
Gaïa Greengrass
@homenumrevelio-rpg
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majorarcana-rpg · 2 years ago
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THE CEREUS DREAM Anoche tuve un sueño, mi madre estaba viva. Me pidió que me sentara junto a ella. Y pasó una eternidad antes de que hablara. ─ Mira cuanto has crecido ─ Dijo y los ojos me comenzaron a arder. "Te extraño" quise decirle pero ella se adelantó. ─ Tienes todo lo que necesitas. Cuídala y ella cuidará de ti. ─ Sonrió como solo ella podía hacerlo y se despidió con un beso en la frente.
─ We're Greengrass, we take care of each other
Greengrass siblings Alastar & Gaïa ♥
@homenumrevelio-rpg
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wontyouletitlie · 2 years ago
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Greenbottom & CO
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lightofwintersun · 2 years ago
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BRANDIR X NINIEL. PART 2
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my--wonderland · 2 years ago
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Convictions - 2 - Différences.
1989.
Gemma adorait l’été pour plusieurs raisons. Il faisait beau, chaud, elle pouvait enfin se baigner dans le lac près de Rimeshire, en bas de la colline sur lequel était situé le village de Hidehill, mais surtout, cette saison avait un goût de liberté tellement rare qu’il en devenait infiniment précieux.
Ses parents étaient passionnés de voyages. Tous les étés, lorsque son père n’était plus incombé par ses responsabilités au Ministère, Hypérion et Elladora Nott parcouraient le monde pendant près de deux mois, confiant leur fille à sa gouvernante, Claire Marlow. C’était une jeune femme adorable, qu’elle connaissait depuis sa naissance, et dont elle était bien plus proche que sa propre mère. Claire était douce, intelligente et malicieuse. Ses parents l’avaient choisie en raison de son Sang-Pur, qui la rendait digne de s’occuper de leur fille, mais également pour sa peau noire, qui la rendait à leurs yeux juste assez inférieure à eux sur l’échelle naturelle pour s’assurer qu’ils auraient plus d’autorité sur Gemma que la gouvernante.
Les étés étaient les seuls moments de l’année où Gemma voyait Claire, une raison supplémentaire d’adorer cette saison. Elle vivait juillet et août comme une petite fille normale, et non comme la descendante d’une puissante famille de Sang-Pur conservatrice. Elle pouvait courir à travers le manoir, aller au lac avec Claire, jouer avec sa gouvernante et Harvey, lire de nouveaux livres que Claire lui ramenait de chez elle…
Les seules occupations de Gemma le reste de l’année étaient imposées par ses parents : la couture, la danse classique, le piano et des lectures imposées par Hypérion et Elladora (surtout Hypérion) : des ouvrages d’histoire de la magie et de sciences prouvant que les Moldus étaient inférieurs.  Pendant son temps libre, elle avait lu tous les livres de la bibliothèque des Nott, ou du moins, ceux qu’elle était parvenue à atteindre. Il s’agissait de romans, des romances, des aventures…  Mais tous les personnages, toutes les histoires se ressemblaient. Toujours à l’image de Gemma, des Nott. Bien sûr, elle aimait pouvoir s’identifier aux personnages des romans qu’elle lisait, mais tout le monde n’était pas blanc et de Sang-Pur, si ?
Ceux que Claire lui proposait étaient encore plus intéressants. Il y avait des personnages très variés, et cette diversité toute nouvelle pour Gemma la fascinait. Aucun protagoniste ne se ressemblait, aussi bien physiquement que par leurs origines. Il y avait des livres écrits par des Moldus, des livres écrits par des sorciers avec des personnages Moldus ou Nés-Moldus… Voir enfin que des gens différents d’elle existaient excitait la curiosité de Gemma, et elle pouvait compter sur Claire pour l’assouvir. Elles parlaient pendant des heures d’horizons lointains, de gouvernements d’autres pays, de magies différentes, de cultures, traditions, vêtements et ethnies, livres à l’appui. Claire venait d’une famille de sorciers anglaise d’origine africaine, très ouverte d’esprit, ce que les Nott n’avaient pas pris la peine de vérifier.
Au fil des lectures et des discussions avec Claire, l’existence de personnes différentes d’elle, et leur égalité, devenait de plus en plus naturelle aux yeux de Gemma. Mais elle ne se rendait pas encore compte du fossé que cela creusait entre elle et sa famille. Elle adorait juste apprendre de nouvelles choses, pouvoir dire ce qu’elle voulait, faire ce qu’elle voulait, avec qui elle voulait, être entourée de personnes qu’elle aimait et qui l’aimaient. Il lui manquait Gaïa, qui était à Mistmead avec ses parents, mais elle l’avait invitée à venir pendant la dernière semaine d’août. Gemma avait désormais onze ans, et Gaïa dix-sept.
Plus les années passaient, plus elle avait l’impression d’être beaucoup plus petite que sa cousine. Elles restaient très proches, toujours là pour se soutenir, se tenir compagnie lors des longues réunions de famille ennuyeuses, se cultiver ou débattre ensemble, mais Gaïa était désormais presque une adulte. Elle allait rentrer en septième année en septembre, c’est pourquoi elle n’était disponible que la dernière semaine de vacances : les Nott accordaient une grande importance aux études, et prenaient soin à ce que leurs descendants prennent de l’avance pendant l’été.
Elle était devenue une jeune femme magnifique, et, pour beaucoup et pour Gemma tout particulièrement, un modèle de beauté, de réussite et de force. Répartie à Serpentard pour sa ruse, son ambition et sa détermination, elle était une excellente élève, bien qu'arrogante et insolente. Ses professeurs louaient ses compétences en sortilèges et en métamorphose, elle avait même commencé un programme pour devenir Animagus, sous la surveillance du Ministère de la Magie. Gemma lui enviait son assurance à toute épreuve, son cran et son talent.
Bien sûr, Hypérion et Elladora s’assuraient qu’elle continue ses cours de danse, de piano et de harpe. Gemma détestait ses professeures, bien trop sévères. Cet été-là, cependant, elle eut un nouveau professeur de danse, dès début juillet. Lorsqu’il entra dans la salle de danse, au troisième étage de Rimeshire, Gemma cessa ses étirements, surprise de ne pas voir la vieille Chazel, cette vieille sorcière sèche et exigeante. Il avait la trentaine, mais paraissait beaucoup plus jeune avec ses boucles blondes et son sourire malicieux d’adolescent.
- Salut ! lança-t-il amicalement, comme s’ils étaient amis, et du même âge.
La jeune fille lui dédia un regard curieux, avant que sa politesse ne reprenne le dessus. Elle esquissa un sourire et fit la révérence réglementaire, celle que lui imposait Chazel à chaque début de leçon.
- Bonjour, professeur.
- Wow, c’est très formel tout ça. Tu peux m’appeler Nathan. Et me tutoyer. Ça me vieillira moins !
Gemma s’étonna. Cela lui avait pris trois étés pour appeler Claire par son prénom à partir du moment où elle sut parler, et deux de plus pour la tutoyer. En plus, elle ignorait que vouvoyer les gens leur donnait l’impression d’être âgés. Pour elle, c’était une marque de respect hiérarchique. Mais en y réfléchissant, la jeune fille comprenait que, comme on tutoyait les personnes qui étaient proches de nous, être tutoyé était plus valorisant que d’être vouvoyé. Elle eut soudain envie de se montrer familière envers cet homme si naturel.
- D’accord. Je m’appelle Gemma.
- Je sais, dit-il avec un clin d’oeil. Alors, Gemma, commençons !
Il se révéla un excellent professeur, bien plus laxiste que Chazel. Gemma avait le droit de faire des erreurs sans être rabrouée et moquée, elle pouvait faire des pauses pour boire de l’eau et même choisir les musiques sur lesquelles elle souhaitait danser !
Un jour, après le cours, Nathan sortit une étrange machine de sa poche, et lui expliqua qu’on pouvait écouter de la musique avec, mais pas ici, car les ondes magiques fragilisaient la technologie.
- C’est de la… technologie ? s’émerveilla Gemma, hésitant à toucher l’objet.
Elle réfléchit, se rappelant les détails du dernier livre de Claire qu’elle avait lu. Un livre moldu.
- C’est un… Walkman ?
- Oui ! s’exclama Nathan, surpris. Je pensais pas que tu connaîtrais.
Gemma esquissa un sourire sincère. Elle savait, en son for intérieur, que tout cela aurait dû la déranger, l’objet moldu, le niveau de langue de Nathan, ses méthodes d’enseignement. Mais ça ne représentait qu’une bouffée d’air frais à ses yeux.
- Tu l’as trouvé dans une boutique moldue ?
La réponse était évidente, mais Gemma n’avait pu s’empêcher de demander. Elle débordait de curiosité. Ce qu’elle savait était contrôlé et limité par ses parents.
- Non, je l’ai reçu de la part de mes parents.
- Tu es…
Elle s’interrompit, comme si le mot était banni. Nathan hocha la tête.
- Né-Moldu.
- Oh !
Gemma tenta de savoir si ça lui faisait quelque chose. Oui. Mais ce n’était pas négatif. Elle ne le voyait pas comme un inférieur. Elle ne le voyait pas comme une saleté. Elle le voyait comme… un humain, un professeur de danse très sympathique.
Pour la première fois, la jeune fille comprenait qu’elle pensait, ressentait différemment que le reste de sa famille. Pourquoi, elle l’ignorait. Peut-être était-ce grâce à quelque trait de personnalité, ou bien grâce à Claire, ses histoires, ses livres et ses découvertes innombrables.
La surprise de comprendre cela fit taire Gemma une minute, et Nathan crut que son statut de sang la gênait. Son visage se ferma.
- J’aurais dû m’en douter, marmonna-t-il. Je n’aurais pas dû le dire. Mais Claire m’a appelé pour remplacer ton autre prof au pied levé, alors…
- J’aurais dû me douter que mes parents ne t’auraient pas engagé sans… vérifier qui tu étais, réfléchit Gemma à haute voix. Tu connais Claire ?
- Ouais, on est ensemble.
- Trop bien ! Vous vous êtes rencontrés comment ? A Poudlard ? Tu étais aussi à Poufsouffle ? Vous allez vous marier ? Et… Attends, où tu vas ?
C’était certes la fin du cours, mais d’habitude, le jeune homme restait plus longtemps pour discuter avec elle, puis avec Claire. Il y eut ce moment, très embarrassant, où Nathan et Gemma se fixèrent, l’esprit vide, prisonniers d’un malentendu. Puis le jeune homme tenta de clarifier la situation :
- Ça ne te pose pas de problème ?
La jeune fille eut un petit moment de panique. Elle était certaine que les Nés-Moldus se considéraient comme égaux aux Sang-Pur. Si ce n’était pas le cas, cela signifierait-il que ses parents avaient raison ? Qu’elle avait tort ?
- Ça devrait ?
Nathan la regarda avec un air étonné, puis esquissa un sourire malicieux et revint vers elle pour lui ébouriffer les cheveux. La manière dont l’enfant cilla juste avant le contact mit la puce à l’oreille du professeur de danse.
- Toi, t’es différente, Gemma Nott.
La petite blonde tenta de sourire, mais son coeur battait à toute vitesse, cognant contre ses côtes, comme si elle venait de courir. Elle s’imagina enfermer ces émotions dans une boîte, la technique qu’elle utilisait pour pouvoir se contrôler parfaitement en toutes circonstances. Elle discuta encore un peu avec Nathan du Walkman et de sa relation avec Claire, puis elle le laissa avec Claire et monta dans ses appartements, composés de quatre pièces : le dressing, la salle de jeux, la salle d’eau et la chambre, avec son coin salon. La décoration était sobre et luxueuse : de hauts murs bleu pâle, d’élégants meubles en bois de cerisier, sombres, imposants et à reflets rouges et un immense lit à baldaquin soigneusement fait par un elfe de maison. En-dessous de son matelas, Gemma logeait tous les livres qu’elle n’aurait pas dû lire de la bibliothèque des Nott ou de celle de Claire. A la fin de l’été, la gouvernante emportait ses ouvrages avec elle. En attendant, ils dormaient dans sa cachette.
La jeune fille s’allongea sur son lit, fixant les rideaux bleu-vert de son baldaquin, et réfléchit pendant des heures, jusqu’au dîner. Elle venait de prendre conscience de sa différence, une différence qu’elle expliquait difficilement. Elle pensait, ressentait différemment. Gemma ne savait pas encore ce que ça signifiait, ni à quel point ça allait changer sa vie. Pour l’heure, elle préférait oblitérer ce fait et profiter de son été de liberté.
Hidehill était un village divisé en deux parties : la partie moldue et la partie sorcière, avec en guise de porte une fontaine. La partie sorcière était cachée aux Moldus par un sortilège très puissant. Au fur et à mesure des cours de danse, Gemma devint de plus en plus curieuse à propos des coutumes moldues, même si elle en avait déjà eu un bon aperçu à travers les livres, Claire et Nathan.
Mi-juillet, son professeur de danse lui proposa pour la première fois de l’emmener dans la partie moldue du village. Il en parla à Claire, qui accepta sous la condition de ne rien dire à aucun elfe, pas même Harvey, car ils étaient sous l’autorité du père de Gemma. Et, le 15 juillet 1989 précisément, Gemma entra en territoire moldu pour la première fois.
Tout lui parut si nouveau, mais si normal à la fois. Le même monde, mais en même temps un autre monde. Perdue, mais se délectant de l’ivresse de la découverte, la jeune fille allait de boutique en boutique, demandant les noms et les fonctions de chaque objet ou métier qu’elle rencontrait, s’émerveillant à propos des choses les plus ridicules, telles que les bouches d’égout ou les lampadaires.
Elle se sentait libre. Si sa différence, cette tolérance envers les Moldus, les Nés-Moldus, les différentes ethnies et cultures, lui permettait de découvrir de nouvelles choses de la même façon toute sa vie, alors, elle aimait cette différence. Et elle serait éternellement reconnaissante à Claire et Nathan de lui avoir ouvert l’esprit, ouvert la porte à ce monde.
Ces sorties se répétèrent quatre fois, et entre jeux, exploration du manoir, anecdotes et lectures, les vacances passèrent très vite. Le matin du 22 août, Gemma se leva très tôt pour accueillir Gaïa, même si celle-ci ne viendrait qu’à treize heures. Elle aida les elfes de maison à ranger sa chambre, mise en pagaille par leurs jeux communs de la veille – Gemma était une corsaire, Harvey un méchant pirate et les autres elfes jouaient les rôles de leurs matelots respectifs. Et, surtout, elle rendit à Claire tous les livres interdits, que la gouvernante alla remettre chez elle en deux transplanages. Elle dit au revoir à ses professeurs de musique et à Nathan, qui la serra dans ses bras avec un naturel qu’elle ne pensait trouver que chez Gaïa. Claire n’était pas très tactile, malgré sa gentillesse.
Gemma déchanta vite : son oncle et sa tante, qu’elle détestait, accompagnaient sa cousine. Ils descendirent de la voiture avec élégance, vêtus de robes de sorciers faites sur mesure, émeraude pour Perseus et blanche pour Aeryn. Ils se dirigèrent vers Claire, qui les attendait sur le perron de Rimeshire avec Gemma, et gratifièrent la gouvernante d’un regard méprisant, que la jeune fille comprenait désormais : ils n’aimaient pas les gens qui étaient différents d’eux. Pourquoi, Gemma le découvrirait des années plus tard. Sur le moment, elle enferma simplement son dégoût dans l’une de ses boîtes mentales, esquissa une révérence parfaite doublées des salutations réglementaires.
- Vous pouvez rentrer chez vous, dit Perseus à Claire. Nous resterons avec Gaïa et Gemma jusqu’au 1er septembre. Bien sûr, je demanderai à mon frère de retirer ces huit jours de votre paye.
- Bien, monsieur.
Claire avait toujours été intimidée par les Nott. Ils avaient le pouvoir de la renvoyer, et elle avait besoin de cet argent pour faire vivre sa mère malade. En présence de Perseus et Aeryn, elle ne pouvait faire des au-revoir chaleureux à Gemma, aussi se contenta-t-elle d’un baisemain formel, avant d’ajouter un clin d’oeil imperceptible pour les Nott, à qui elle était dos. Puis, la jeune femme se retira pour transplaner. Pour combler le vide qui commençait à naître en elle, Gemma se tourna vers la voiture, contre laquelle était appuyée Gaïa. Malgré sa position en apparence nonchalante, elle gardait des airs de lady. Ses courbes élégantes étaient drapées d’une robe-pantalon en soie noire – et sa cousine ne put qu’admirer son audace incroyable, et se demander comment elle avait pu convaincre ses parents. Un trait d’eye-liner noir assombrissait son regard noisette, et ses longues boucles blondes formaient un chignon haut. Elle avait mis la parure de bijoux d’émeraude qu’Hypérion lui avait envoyée pour son dix-septième anniversaire. Ce n’était qu’il y a quelques semaines, le 7 août, mais c’était difficile à croire, tant elle paraissait plus âgée – peut-être la vingtaine. Gaïa s’approcha, et les deux cousines se saluèrent selon le protocole, se retenant de rire en croisant leurs regards. Puis, l’aînée passa un bras autour des épaules de sa cadette.
- Gaïa, quelle est cette grossièreté ? la reprit Perseus.
- Jaloux, Père ? ricana la jeune fille en faisant mine d’esquisser le même geste avec son père.
La main de Lord Nott serra le poignet de sa fille avec force, et son regard bleu glacier harponna le sien. Si Gaïa était impressionnée, elle le cacha fort bien, se contentant de se dégager avec un petit rictus. Gemma suivit la scène les yeux écarquillés.
Il était d’avis, dans la famille – Gemma avait assisté ou surpris quelques conversations à ce sujet lors de dîners avec ses parents ou de réceptions – que Gaïa Nott était à surveiller. Pas au niveau de ses convictions, bien sûr, qui étaient parfaitement alignées aux valeurs des Sang-Pur conservateurs. Mais au niveau de son comportement. Elle n’était pas ce qu’une femme Nott devrait être. Elle n’était pas une Elladora, entièrement soumise à son mari, ou une Aeryn, glacée et inexpressive, une coquille vide. Gaïa était un incendie. Elle brûlait d’intelligence, d’ambition, de charme, d’insolence, d’audace. Elle était une flamme dans un monde de glace, c’était pour cela que les Nott la craignaient. Parce qu’elle était dangereuse pour eux. Parce que le feu faisait fondre la glace. Et qu’il ne se soumettait pas aux menaces, aux punitions, aux tortures même.
Gemma savait que dès l’enfance, les écarts de sa cousine s’étaient ponctués de Doloris, censés la remettre à sa place. Elle était profondément horrifiée et désolée pour elle. Elle n’avait jamais été torturée de cette façon par ses parents. Perseus et Hypérion représentaient deux facettes de l’éducation des Sang-Pur : le premier surveillait constamment sa fille, contrôlant chacun de ses gestes et paroles, le deuxième préférait attendre qu’elle soit bonne à marier pour lui prêter attention, et déléguant son éducation.
Et, sous l’autorité de Perseus, il apparut clair à Gemma que sa dernière semaine se passerait sous le signe du contrôle absolu, bien loin de son été de liberté qui était déjà derrière elle. Elle se résigna, retrouva son masque d’enfant parfaite et se consola en se disant qu’au moins, elle était avec Gaïa.
Pour la première fois, Gemma réalisa que les choses étaient différentes entre elles, aussi. Plus de courses éperdues dans les escaliers et dans le jardin lorsque les adultes ne regardaient pas, de parties de cache-cache, de jeux de rôle, de promenades au lac, de confidences dans le noir. Dans le jardin, désormais, elles jouaient au croquet. La nuit, elles discutaient de Poudlard jusqu’à minuit ou une heure. Les promenades avaient lieu sur la colline où se dressait Rimeshire. Seules leurs parties d’échecs restaient immuables.
Ce n’était pas moins bien, c’était différent. Moins enfantin. Mais ça ne dérangeait pas Gemma, car en apparence, rien n’avait changé : elles jouaient, parlaient et passaient toujours du temps ensemble.
Pourtant, leur relation changeait, même si chacune des deux refusait de le réaliser.
Gemma ne parlait pas à Gaïa de son amitié avec Claire et Nathan, de tous les livres emplis de diversité qu’elle lisait, de ses questions, de son avis. Sa cousine l’avait toujours encouragée à assumer ses convictions et les exprimer, mais la jeune fille savait qu’elle ne parlait pas de celles-là. Ces convictions étaient interdites. Elles n’étaient pas censées prendre forme dans l’esprit d’une Nott. Et si même Gaïa ne les partageait pas, Gemma était seule. Il y avait Claire et Nathan, mais ce n’étaient pas des Nott. Ils ne pouvaient comprendre. Ils ne pouvaient comprendre que la seule pensée « Toutes les cultures et tous les statuts de sang sont égaux » était révolutionnaire, et dangereuse.
Gaïa ne parlait pas à Gemma de ses ambitieux projets, qu’elle avait élaborés à l’âge de douze ans avec Adonis Selwyn. Ils avaient été promis à la naissance et se connaissaient depuis toujours, et étaient tombés follement amoureux. Ils étaient tous deux dévoués à la magie noire et partageaient le même rêve : vivre pendant des siècles, en restant jeunes de corps, et rendre aux sorciers leur suprématie sur les Moldus. Pour cela, ils devaient trouver la Pierre Philosophale et la fontaine de Jouvence. Le couple ne reculerait devant rien pour accomplir son objectif et purifier le monde une bonne fois pour toute. Gaïa en avait plus qu’assez de tous ces Sang-Pur coincés, qui détenaient la vérité sur l’infériorité des Moldus et des Nés-Moldus, mais qui ne faisaient rien pour rétablir l’ordre. Elle allait agir. Elle était l’incendie qui embraserait le monde des sorciers et ramènerait l’équilibre par le chaos. Détruire pour mieux reconstruire. Mais elle ne pouvait confier cela à quiconque, et surtout pas à sa cousine de onze ans. Mais la jeune fille espérait que lorsqu’elle accomplirait sa destinée, Gemma resterait à ses côtés, comme elle l’avait également promis.
Les secrets des deux cousines, ainsi que leurs différences morales pour l’instant invisibles, les éloignaient de plus en plus sans même qu’elles s’en rendent compte.  Le calme avant la tempête.
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felinefractious · 3 months ago
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