#Colloque International en Droit International de la femme
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actu-juridique · 2 months ago
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Marzieh Hamidi, championne de taekwondo et porte-parole des femmes afghanes
https://justifiable.fr/?p=552 https://justifiable.fr/?p=552 #afghanes #championne #des #femmes #Hamidi #Marzieh #porteparole #taekwondo Public Sénat Le 24 octobre dernier, la délégation aux droits des femmes du Sénat entendait Marzieh Hamidi, championne de taekwondo, invitée par Laurence Rossignol, sénatrice du Val-de-Marne. Réfugiée en France depuis trois ans, la jeune femme a levé le voile sur sa vie à Vincennes, où elle a été accueillie en mars 2022. Elle y vit désormais sous protection policière. Jeune, belle et ne s’en cachant pas, Marzieh Hamidi apparaît à la tribune du Sénat le visage maquillé, de longues boucles d’oreilles sous ses longs cheveux lâchés. Elle est championne de taekwondo mais n’est pas venue parler de sport ! Elle est là pour raconter le sort des femmes, en Afghanistan, qui a changé du jour au lendemain, en une nuit, à la fin du mois d’août 2021. Depuis, explique-t-elle, ses concitoyennes sont comme emmurées vivantes. « Avant je m’entraînais pour moi, je voulais être une championne. Après la chute des Talibans, mon sport est devenu plus qu’une passion. Maintenant c’est vraiment une lutte contre un groupe terroriste ». Elle raconte la vie de ses concitoyennes, devenue une suite d’empêchements et de négations. Interdiction d’avoir une éducation après l’âge de 12 ans. De travailler. De participer à une compétition sportive. D’avoir un téléphone portable. D’aller et venir dans les rues sans tuteur. De chanter. À ces interdictions en cascade s’est récemment ajoutée la fermeture des salons de beauté, dernier lieu de rencontre pour les femmes. « La moitié de la population a perdu son droit même de respirer », résume la jeune femme. « Les femmes sont des esclaves qui ne servent qu’à avoir des enfants qui deviendront une nouvelle génération de Talibans ». C’est Laurence Rossignol, sénatrice socialiste du Val-de-Marne et féministe, qui a eu l’idée de faire venir Marzieh Hamidi à la tribune du Sénat, institution qui a déjà plusieurs fois exprimé son soutien aux Afghanes. Le 25 novembre 2021, Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, le Sénat avait organisé un colloque international sur la situation des femmes en Afghanistan. Près d’un an plus tard, il avait remis en octobre 2022 le prix de la délégation aux droits des femmes à Shoukria Haidar, présidente de l’association Negar qui œuvre pour l’accès à l’éducation des femmes. Le 17 octobre 2024, la commission des affaires européennes du Sénat adoptait la proposition de résolution européenne pour prendre des mesures contre les atteintes aux droits fondamentaux commis contre les femmes. Des actions importantes sur le plan symbolique, qui ne changent pas la vie des Afghanes. « Comment ne pas se sentir impuissant alors qu’un crime contre l’humanité fondée sur le genre se déroule à quelques milliers de kilomètres ? », s’est interrogée Dominique Vérien, présidente de la délégation sur les droits des femmes du Sénat. À cette question, Marzieh Hamidi a donné quelques pistes de réponse. Premièrement, a-t-elle rappelé, « soutenir les Afghanes, c’est boycotter les Talibans et les empêcher de venir en Europe. Ensuite, la priorité est de lutter pour leur accès à l’éducation ». Mais à ce sujet, la sportive appelle à une vigilance particulière. « Il faut ouvrir des écoles mais aussi se demander : quel type d’éducation vont-elles recevoir », a-t-elle alerté, soulignant que le contenu des programmes scolaires est aussi important que l’accès à l’école. « Les talibans radicalisent les filles et les garçons, particulièrement dans les régions pachtounes. Ils préparent une génération de Talibans filles », a-t-elle insisté. La jeune femme a tenu à élargir son propos et à parler de l’oppression subie par les Afghans quel que soit leur genre. Le régime Taliban lèse le pays entier, et pas seulement les femmes, a-t-elle ainsi précisé. « Les jeunes garçons sont forcés d’aller dans des madrasas pour devenir des Talibans. Certains y sont envoyés de force ». En tant que femme, en tant qu’athlète, elle entend néanmoins porter en premier lieu la parole des femmes. Interrogée sur le fait de savoir si des hommes, en Afghanistan, se soucient du sort des femmes, elle a répondu par la négative. Ils sont peu à les soutenir, et seulement a minima, assure-t-elle. « Ils peuvent ainsi être d’accord pour que l’on travaille, mais à condition d’être couverte et que l’on ne chante pas ». Les vrais alliés des femmes Afghanes ne seraient d’après elle « qu’une poignée ». Les hommes qui s’inquiètent de la prise du pouvoir par les Talibans craignent surtout, dit-elle, les répercussions économiques de l’isolement. En 2022, la maire Charlotte Libert-Albanel, avait officiellement souhaité la bienvenue au nom des Vincennoises et des Vincennois à Marzieh Hamidi. La ville de Vincennes s’était portée candidate pour loger certains des 2 600 Afghans qui avaient pu rejoindre la France dans le cadre de l’opération Apagan menée par les autorités françaises pour accueillir les réfugiés menacés par les Talibans. Depuis son appartement, Marzieh Hamidi continue à avoir des contacts avec ses collègues athlètes restées au pays. En parler lui est difficile. « Je me sens coupable vis-à-vis d’elles. Je continue à faire mon sport, quand elles ne peuvent même pas quitter leur maison. Elles ont perdu trois ans pendant lesquels elles auraient pu étudier, progresser dans leur discipline. Elles mériteraient tout autant que moi de vivre libres. J’essaye de les écouter autant que possible mais je ne peux pas partager grand-chose de ma vie avec elles. J’ai honte ». Plusieurs sénatrices lui ont répondu qu’elle pouvait au contraire être fière de ses prises de paroles et des actions qu’elle mène pour faire entendre ses compatriotes réduites au silence. Pourtant, Marzieh Hamidi est loin d’avoir la vie facile. Elle a beau vivre à des milliers de kilomètres du régime Taliban, elle reste une cible. « Je vis de la même façon qu’en Afghanistan, je dois cacher qui je suis, me préparer à être agressée car j’ai osé élever la voix contre eux ». Elle explique que des groupes de fanatiques influencés par les Talibans la harcèlent. Elle reçoit des flots de menaces de mort. En arrivant en France, elle a pris des cours de français, qu’elle dit avoir arrêté après y avoir rencontré deux jeunes « fans de Talibans ». Elle témoigne qu’elle continue de recevoir des flots de message, de menace de viol ou de mort. « Ils se sont partagé mon numéro de téléphone. Ils sont un groupe, une équipe. Un soir, j’ai reçu 500 messages en quelques heures. Tous venaient de numéro européens ».Marzieh Hamidi a porté plainte pour cyberharcèlement le 3 septembre dernier. Sa plainte est instruite par le pôle national de lutte contre la haine en ligne. Elle estime que toutes les femmes devraient se sentir concernées, car toutes sont des cibles pour les Talibans. Même si les Européennes sont moins exposées que les Afghanes, elles le sont aussi, avertit-elle. « Ils diffusent leur idéologie et ils peuvent agir ici », Marzieh Hamidi a fini par demander une protection policière. « Je ne voulais pas devenir une victime ! », dit-elle. Interrogée sur la décision prise par la France d’accorder de manière automatique l’asile aux Afghanes, elle a livré une réflexion nuancée, estimant qu’être femme ne signifiait pas automatiquement être hostile à l’idéologie des Talibans. « C’est bien d’aider mais il faut savoir qui on aide. Certaines femmes sont complices des Talibans. On leur a lavé le cerveau. ». Elle a assuré également que parmi les Afghans qui l’avaient menacé, certains vivent désormais en France. Souvent présentée comme une athlète féministe, Marzieh Hamidi a été invitée à donner son avis sur la situation des femmes en France. Elle a esquissé un sourire, comme une manière de dire que ce sujet n’est pas le sien, et sans répondre vraiment à la question. « Ici, les femmes ne savent pas ce que c’est que de croiser une voiture pleine de policiers qui vont vous emmener et vous battre à mort. Elles se battent pour faire ce qu’elles veulent. C’est leur choix et je le respecte. Mais cela n’a rien à voir ». Dans la salle, lors de son audition, le public était clairsemé. Pas un homme n’était venu écouter la jeune femme. Samedi 26 octobre, deux jours après l’audition de Marzieh Hamidi, le ministre taliban chargé de la Propagation de la vertu et de la Prévention du vice, venait ajouter une nouvelle restriction aux si maigres droits des femmes afghanes. Il déclarait que les femmes n’auraient désormais plus le droit de réciter le Coran à voix haute en présence d’autres femmes. Une mesure, qui d’après des organisations internationales, pourrait témoigner d’une volonté d’empêcher, à terme, toute communication verbale entre femmes en Afghanistan…
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emploitogo · 3 years ago
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Appel à Candidature pour le Colloque International en Droit International de la femme
Appel à Candidature pour le Colloque International en Droit International de la femme
APPEL A CANDIDATURE POUR LE COLLOQUE INTERNATIONNAL EN DROIT INTERNATIONNAL DE LA FEMME Après la brillante réussite de l’édition 2021 en droit international de l’enfant qui a vu la participation de 7 pays, l’ONG APEL AFRIQUE vous invite à sa 4ème Edition DE L’UNIVERSITE INTERNATIONALE FRANCOPHONE D’ETE DE LOME (UIFE- LOME 2022) THEME DROITS ET DEVOIRS DE LA FILLE ET DE LA FEMME POUR LE…
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helshades · 4 years ago
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Salut ! Je suis en train d'écouter Trois réacs à la FIAC et je me marre bien. Tu aurais d'autres références (lectures/vidéos) sur la critique de l'art contemporain ? :)
Pas tant que ça, en définitive, et tu me donnes envie d’en chercher d’autres, mais je puis d’ores et déjà te pousser sur une chaise confortable et un lien vers ma « conférence gesticulée » préférée, celle qui dure six heures mais si je te jure que la version de six heures est la meilleure qui avait lancé le mouvement, voilà quelques années :
youtube
Franck Lepage, (In)cultures 1 : « L’éducation populaire, Monsieur, ils n’en ont pas voulu »
Attention, ce sont des animateurs de gauche, la qualité est forcément pourrie, même si dans cette version-ci qui ne fait que quatre heures le son a été gentiment nettoyé par le metteur en ligne. À gauche, on n’a pas de moyens, mais on a des idées ! Ahem.
Je te conseille également avec chaleur les commentaires d’Aude de Kerros, artiste elle-même ‒ elle est graveuse et peintresse ‒ et critique d’art, qui a publié plusieurs livres à charge contre l’art « comptant pour rien » (merci Lepage.) et a donné une série d’entretiens passionnants en soutien.
L'Imposture de l'Art contemporain. Une utopie financière, Paris, Eyrolles, 2015.
Sacré Art Contemporain. Évêques, Inspecteurs et Commissaires, Éd. Jean Cyrille Godefroy, 2012.
Art Contemporain, manipulation et géopolitique : chronique d'une domination économique et culturelle, Eyrolles, 2019.
Petite note de passage : Aude de Kerros, qui anime une émission sur Radio Courtoisie (laquelle émission n’a pas l’air inintéressante... il faudra que je songe à podcaster, peut-être de sous une fausse moustache), n’est pas exactement l’égérie rêvée de mon bord politique. À mon sens, il faut passer outre, et se concentrer sur le sens de ses réflexions ; au demeurant, il est attendu qu’une femme de droite soit réticente au « progressisme » en Art. Il est fichtrement important de constater que son point de vue peut rejoindre celui d’un militant communiste chevronné quant à la financiarisation de l’Art français.
Je cite l’excellent petit résumé donné par sa fiche Wiki de ses idées :
À partir des années 1990, Aude de Kerros se fait également connaître par de nombreux articles de décryptage et d’analyse du monde de l’art, influencée par les écrits de Wladimir Weidlé. Elle prend part au débat sur l’art contemporain, donnant un point de vue d'artiste indépendant. Elle contribue, à titre de témoin, à l'histoire de l’art de la seconde moitié du XXe siècle en décrivant les deux faces d'une réalité complexe : le monde visible de l'art financier international, le conceptualisme strict de l'art officiel français et les divers courants picturaux non agréés. Elle souligne la rupture qui s'opère en 1983, en France, quand sont affectées des subventions importantes, créées des structures institutionnelles, et un corps d'« inspecteurs de la création ». Cet appareil bureaucratique prendra en compte l'unique courant conceptuel et affirmera un art officiel, rompant avec la pratique établie en 1880 par Jules Ferry, d'un retrait de l'État du choix des artistes à consacrer, mais honorant l'ensemble des courants en offrant un cadre prestigieux à leurs expositions. L'observation de ce principe a réuni à Paris l'ensemble des courants artistiques, de l'académisme aux avant-gardes et a attiré dans la capitale artistes et amateurs du monde entier. Aude de Kerros met en scène l'interaction de ces réalités contradictoires, raconte les péripéties du débat souterrain sur l'art tout au long des quatre dernières décennies. Elle évoque son contenu, commente ses publications, fait la chronique d'une nouvelle querelle, clandestine celle-là, celle « des modernes et des contemporains ».
À voir, le remarquable débat animé par l’impeccable Frédéric Taddéï sur la fonction de l’art contemporain dans Interdit d’interdire, et auquel participait, entre autres, Aude de Kerros, dans le camps des « contre », au côté du philosophe Yves Michaud, ancien directeur des Beaux-Arts (entre autres), dont le point de vue est très nuancé et donne énormément à penser.
youtube
Comme d’habitude, Taddéï mène un débat de haute volée, du genre qui ne se fait plus depuis trop longtemps sur le service public, et je dirais presque que l’émission devrait servir de socle à la réflexion sur le sujet, tellement l’échange est riche.
Quand même, je glisse ici une très bonne brève du Monde sur le marché de l’art contemporain qui nous remet au centre de nos préoccupations :
youtube
« Portrait of an Artist [de] David Hockney [...] a battu le record de vente aux enchères pour un artiste vivant : adjugé 90,3 millions de dollars ‒ près de 80 millions d’euros. [Cinq ans plus tôt], en novembre 2013, [Christie’s] a vendu [un Balloon Dog de Jeff Koons] 58,4 millions de dollars ; à l’époque, c’était le record de prix pour un artiste vivant.
Pour comprendre pourquoi les prix de l’art contemporain montent si haut, il faut faire un petit bond en arrière. À partir des années 90, les maisons de vente aux enchères se sont mises à imaginer des produits financiers pour stimuler les acheteurs d’œuvres d’art... »
Au passage, en 2015, Joseph Confavreux, journaliste, et Olivier Alexandre, sociologue, recevaient pour Mediapart Christian Bernard, le directeur du Musée d’art moderne et contemporain de Genève et co-signataire d’une tribune intitulée « l’Art n’est-il qu’un produit de luxe ? », publiée par Mediapart en octobre 2014, à l’occasion de l’inauguration de la Fondation Louis-Vuitton, un peu trop unanimement célébrée par le monde de l’Art. Le magazine « Contrechamp » est généralement intéressant, et Confavreux a reçu plus récemment (2017) la poétesse et essayiste (et militante de gauche) Nathalie Quintane, co-signataire, elle, d’un ouvrage sur « l’Art dévoré par l’argent », reprenant des thématiques chères aux critiques de l’art contemporain et remarquant notamment la confusion entre œuvres d’art et objets de luxe ; mais elle pointe également, dans cet entretien, le rapport au travail dans le milieu artistique, qui voit se multiplier les bénévoles, dont beaucoup de jeunes étudiants supposément payés en gloriole et réseautage, en notant que si l’on peut dire que le monde de l’Art a été précurseur en la matière, la pratique du travail gratuit, rendu presque abstrait, s’est en quelque généralisée dans notre société.
En parlant d’abstraction, et puisque je me rapproche insensiblement de la philosophie communiste, je glisse le lien vers une belle conférence d’Alain Badiou sur l’art contemporain comme relevant nécessairement de la logique de marché. Ça vole haut, mais ça vaut le coup.
Technique aussi mais clair et intéressant, je conseille un entretien avec la sociologue Nathalie Heinich dont les travaux, au C.N.R.S., portent notamment sur l’art contemporain, et qui y fournit une aide précieuse à qui veut se familiariser avec l’histoire de l’Art et ses thématiques :
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Plus subjectif, magnifique, fascinant, un entretien d’Aude Lancelin (époque Le Média) avec la poétesse, essayiste et critique d’art Annie Lebrun :
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« Une guerre menée contre tout ce dont on ne peut pas extraire de la valeur, contre ce qui n’a pas de prix, et qui passe par la marchandisation de tout. »
Dernièrement, je recommande vivement le blog de Christine Sourgins, une critique féroce du marché de l’art contemporain, qui est historienne ; comme le dit Anne de Kerros (Sourgins revendique une démarche « citoyenne » sans affiliation à un parti politique), elle demeure ainsi toujours très concrète dans ses commentaires :
« Christine Sourgins analyse les “concepts” sur pièces, regardant les œuvres d’art contemporain sous l’éclairage de leur propre discours. Elle déconstruit la déconstruction. Historienne, formée à l’étude des documents, alors que nombre d’“experts”, parlent d’art en maniant l’idée de l’art, sans exemples concrets… »
Elle participait en 2013 à une conférence sur l’Art au Sénat où intervenait le regretté Laurent Danchin, célèbre critique d’art spécialiste de l’art brut. La qualité de la vidéo est affreuse, mais le propos transcende le flou. Le colloque en question, du 23 janvier 2013, portait sur « Trente ans de création dirigée par l’État. Constat, conséquences et perspectives ». Christine Sourgins en fait une note de blog qui nous ramène directement à la fameuse conférence gesticulée de Franck Lepage sur la culture au Ministère dont au sujet de laquelle je causais tout à l’heure.
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andrioucha · 4 years ago
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Lettre ouverte au ministre Olivier VERAN écrite par le docteur Amine UMLIL... Édifiant !...
http://ctiapchcholet.blogspot.com/2021/03/covid-19-projet-de-vaccination.html
vendredi 5 mars 2021
Covid-19. Projet de vaccination « obligatoire » des soignants : lettre ouverte au Ministre des solidarités et de la santé
Monsieur Olivier VÉRAN,
Ministre des solidarités et de la santé,
République Française,
Copie adressée à :
Monsieur le Président de la République, Emmanuel MACRON ;
Monsieur le Premier ministre, Jean CASTEX ;
L’Assemblée nationale ;
[au] Sénat ;
la haute autorité de santé (HAS) ;
l’agence nationale de sécurité du médicament (ANSM).
Depuis quelques jours, un projet, visant à rendre « obligatoire » la vaccination contre la Covid-19 pour les « soignants », semble se profiler.
La vaccination est un acte médical. La décision de se vacciner, ou non, relève du colloque singulier qui unit la personne à son médecin ; médecin traitant notamment. Les échanges enregistrés dans ce cadre sont protégés, de façon absolue, par le secret professionnel médical.
Sans présumer de ma décision personnelle, ce projet, pour le moins inattendu, appelle de ma part les observations suivantes que je souhaite vous transmettre dans la présente lettre ouverte ; à tort ou à raison.
En l’espèce, les conditions, notamment juridiques, requises par une telle « obligation » ne sont pas réunies.
Un tel projet heurte plusieurs dispositions du droit interne et externe, dont celles occupant le sommet de la hiérarchie des normes, qui protègent notamment l’intégrité physique, la vie et le consentement libre et éclairé de toute personne humaine. Le corps humain, la volonté de la personne et la dignité humaine sont hautement protégés par le droit ; y compris après la mort.
Le corps humain est une valeur sociale protégée par le Code pénal, notamment.
La protection du corps humain constitue le principe ; l’intervention médicale n’est que l’exception soumise à des conditions strictes consacrées par le droit et la jurisprudence.
Il ressort de notamment vos propres affirmations, des documents publiés par la haute autorité de santé (HAS) et par l’agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), que le rapport bénéfice/risque des vaccins contre la Covid-19 n’est pas encore bien connu. Pas plus tard que le 18 février 2021, vous avez confirmé qu’aucun pays européen n’a pu apporter la preuve que ces vaccins permettent de prévenir les formes « graves » de cette maladie. Il n’est pas démontré, non plus, que ces vaccins empêchent la « transmission virale ». Vous avez renouvelé ces doutes dans vos écritures adressées les 22, 25 et 26 février 2021 au juge des référés auprès du Conseil d’État (cf. Ordonnance du 3 mars 2021, n°449759). Ce juge a d’ailleurs relevé les informations, pour le moins inexactes et contradictoires, qui ont été diffusées auprès du public par les autorités sanitaires. Et plusieurs autres questions sont toujours en suspens.
Devrait-on se vacciner, par la force, pour éviter un « rhume » ; ou mieux encore, se vacciner alors que de nombreuses personnes n’ont aucun symptôme clinique : elles ne sont pas malades ?
Il y a lieu de rappeler également que ces autorités officielles, et notamment la HAS et l’ANSM, n’hésitent pas à promouvoir le « mésusage » de ces vaccins en recommandant des pratiques en décalage avec l’autorisation de mise sur le marché (AMM) elle-même.
Ces vaccins ne bénéficient d’ailleurs que d’une AMM « conditionnelle » qui est, par nature, incompatible avec ladite « obligation » que certains voudraient imposer, de façon brutale, aux soignants.
Ce qui se passe actuellement, en France notamment, pourrait s’apparenter à de la recherche biomédicale : des essais cliniques chez l’Homme (femme et homme) qui sont menés en dehors du cadre strict réservé à cette expérimentation. Celle-ci est pourtant censée précéder ladite mise sur le marché d’un médicament tel que le vaccin. Des essais cliniques « sauvages » organisés, de façon officielle, par une AMM conditionnelle ?
Certains auraient déjà oublié quelques enseignements de l’Histoire. Et notamment ceux qui ont conduit au déclin de la Loi. En effet, l’Histoire a pu révéler qu’une loi peut être de nature délictuelle voire criminelle.
Devrait-on accepter, par la contrainte, que notre corps soit le siège d’un pari biologique, d’une roulette vaccinale ?
Certains auraient déjà oublié le Code de Nuremberg et la Convention d’Oviedo.
Eu égard aux éléments de preuve en ma possession, et aux faits observés sur le terrain et dont j’ai été le témoin direct, je peux vous exprimer mon doute sur la validité du consentement qui a été "recueilli" notamment auprès de certaines personnes et en particulier des personnes vulnérables telles que les personnes âgées. En effet, l’information diffusée, en violation de plusieurs règles dont celles régissant la publicité sur les médicaments, n’est ni claire, ni loyale, ni appropriée. Ce consentement pourrait s’avérer « vicié » : il aurait été "fabriqué" faute de pouvoir le recueillir de façon libre et éclairé. Ces méthodes pourraient relever notamment du « dol ».
Ce « dol » est la malhonnêteté qui vise à induire autrui en erreur afin de le pousser à donner son "consentement". C’est une erreur provoquée de façon délibérée par le professionnel du domaine qui détient les informations portant sur les qualités essentielles du produit. Mais, si ce « dol » altère le caractère « éclairé » du consentement, la « violence », elle, porte atteinte à la « liberté » dudit consentement.
Avec éclat, ce projet d’« obligation » vaccinale exprime cette « violence » qui vient contraindre la personne, en l’espèce le soignant, à accepter de s’administrer un produit insuffisamment évalué. Cette contrainte est accentuée par la menace de la révocation de l’agent public qui refuserait de s’administrer ce qu’un juge pourrait pourtant qualifier de « produits défectueux » ou de « substances nuisibles ».
Dans l’un de vos Tweets, vous soutenez ceci : « Se faire vacciner, quand on est soignant, c’est une question de responsabilité. C’est se protéger soi-même, et c’est aussi protéger ceux que l’on soigne ». Mais, la responsabilité commence d’abord par appeler des méthodes d’évaluation indépendante des médicaments (vaccins) fondées sur les preuves ; par une information claire, loyale et appropriée ; par un recueil du consentement libre et éclairé ; et non par des comportements qui pourraient relever du dol ou de la violence notamment. Vous semblez d’ailleurs brusquement méconnaître l’efficacité d’une alternative à ladite vaccination : l’efficacité des « mesures barrières » dont vous avez fait la promotion depuis plusieurs mois.
De façon infiniment accessoire, il est, pour le moins, surprenant de constater comment quelques personnes osent donner des leçons à des professionnels de santé dont certains ont un « bac + 15 », au moins. Quelle arrogance ! Quel manque de respect ! Quel mépris… En ce qui me concerne, mon parcours me rend apte à analyser, par moi-même et de façon indépendante, le dossier d’évaluation d’un médicament (vaccin). Je suis aussi en mesure de juger, sans l’intervention d’un tiers, ce qui est bien pour ma santé.
Le « paternalisme médical » relève d’une époque révolue. Il s’est effacé depuis au moins 2002.
Ce projet d’« obligation » vaccinale contrevient également à la Résolution 2361 qui a été adoptée, le 27 janvier 2021, par le Conseil de l’Europe sous le titre « Vaccins contre la covid-19 : considérations éthiques, juridiques et pratiques ». Il contrevient à notamment l’article 7.3.1. : « de s’assurer que les citoyens et citoyennes sont informés que la vaccination n’est PAS [écrit en MAJUSCULES dans le texte] obligatoire et que personne ne subit de pressions politiques, sociales ou autres pour se faire vacciner, s’il ou elle ne souhaite pas le faire personnellement » ; et à l’article 7.3.2. : « de veiller à ce que personne ne soit victime de discrimination pour ne pas avoir été vacciné, en raison de risques potentiels pour la santé ou pour ne pas vouloir se faire vacciner ».
La simple évocation de ce projet d’« obligation » vaccinale signe aussi, presque mécaniquement, une trahison de l’engagement donné par le Président de la République, Monsieur Emmanuel MACRON.
Ce projet d’« obligation » vaccinale me semble donc être une faute juridique, morale, éthique et politique notamment.
La liste des distorsions est longue. Mais, ces quelques éléments ci-dessus rappelés suffisent à démontrer le caractère, pour le moins, anormal de notamment ces menaces qui ciblent régulièrement les professionnels de santé en pareilles circonstances. Ces violences sont prescrites au niveau politique et médiatique. Leurs motivations paraissent étrangères au bien-être physique, mental et social que toute personne est en droit d’espérer.
Ces faits viennent confirmer encore davantage la réflexion publiée, le 7 juin 2020, dans le journal Le Point sous le titre « TRIBUNE. Ce qui est refusé au professeur Didier Raoult est permis à d’autres ».
« Vaccins contre la Covid-19 : le pharmacien réduit à un simple distributeur automatique ? » est une autre réflexion publiée le 17 février 2021.
Par ces motifs non exhaustifs qui vous sont soumis, je vous demande donc de bien vouloir faire en sorte que le corps d’un soignant puisse bénéficier du même respect que celui accordé à toute personne humaine.
Le corps d’un soignant ne saurait être considéré, par l’« obligation », comme une "poubelle".
Je vous prie de bien vouloir recevoir, Monsieur le Ministre des solidarités et de la santé, l’expression de mon profond respect.
Docteur Amine UMLIL
Pharmacien des hôpitaux, praticien hospitalier
Juriste (Droit de la santé)
Extrait du Curriculum vitae (C.V.)
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lecoinc-blog · 7 years ago
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Recrutement, carrière : quand l’apparence physique pose un problème de poids
 C’est une maladie qui se banalise et qui, pourtant, est encore vecteur de nombreuses idées reçues et discriminations. L’obésité touche aujourd’hui 13 % de la population adulte à l’échelle mondiale et même un adulte sur cinq dans les pays développés.
Outre les questions de santé publique qu’elle pose, cette situation n’est pas conséquence sur le marché de l’emploi, dans lequel les personnes en surpoids connaissent des trajectoires bien plus accidentées que la moyenne des actifs.
 Le véritable mal du siècle ?
Auparavant perçue comme une preuve de prospérité, le surpoids est en passe de devenir le mal du siècle, un véritable enjeu de santé publique, un défi lancé à nos modes de vie et habitudes alimentaires. Stéréotype américain par excellence, l’obésité concerne désormais 20 % de la population adulte de l’OCDE. La France, bien que sous cette moyenne, voit son taux grimper en flèche (15 % aujourd’hui, plus de 20 % d’ici dix ans). Le gouvernement a très tôt pris conscience du problème et s’est d’ores et déjà emparé du sujet, notamment par la taxe soda ou le lancement du plan Obésité 2010-2013, qui allie détection et prévention.
La prévention justement, c’est aussi le cheval de bataille du Défenseur des Droits, qui insiste sur les conséquences humaines de cette maladie. Discrimination, ostracisme, isolement et précarité. Depuis la loi du 16 novembre 2001, l’apparence physique est reconnue comme un facteur de discrimination, au même titre que le sexe, la couleur de peau ou l’âge. Pourtant, quinze ans plus tard, la situation est alarmante. Selon un rapport au titre ironique (Le Physique de l’emploi) publié conjointement par le Défenseur et l’Organisation international du travail le 15 février 2016, 10% des femmes et 6% des hommes estiment avoir été discriminés à l'embauche pour leur apparence physique. Plus spécifiquement, l’obésité est citée comme un facteur pénalisant dans la recherche d’emploi par 76 % des répondants, un niveau similaire au fait d’être enceinte ou de présenter un handicap visible. En bien ou en mal, 80 % des personnes interrogées estiment que leur apparence a influé sur la décision finale du recruteur.
 Montre-moi à quoi tu ressembles, je te dirai qui tu es
Pourquoi un tel lien est-il établi entre poids et savoir-faire professionnel ? Comment les entreprises tentent-elles de rationaliser une discrimination lorsqu’elles ne peuvent se cacher ni derrière la pause occasionnée par une grossesse, ni derrière le coût de l’adaptation des postes de travail ? Pour les observateurs et les personnes concernées, leurs difficultés à convaincre les recruteurs est imputable à la persistance de certains stéréotypes. « Les personnes obèses sont plus souvent caractérisées par leur poids que par d’autres attributs sociaux », notait le sociologue Jean-Pierre Poulain lors d’un colloque sur la question en 2009. « Le statut de ‘gros’ ou de ‘grosse’ prend le pas sur toutes les autres qualités du sujet. » Dans le regard de l’autre, on est donc obèse avant d’être femme ou homme, blond ou brun, grand ou petit, sérieux, timide ou même diplômé.
Il y a aussi (et surtout) cette idée que, contrairement à un handicap, le surpoids est un choix de vie, et qu’il suffirait que le candidat le décide pour changer de condition. D’où le schéma mental qui associe le surpoids à une forme de paresse, à un manque de contrôle. Que pourrait apporter à l’entreprise un candidat qui ne sait faire preuve de volonté et d’efficacité dans sa vie personnelle ? Le glissement est subtil mais pernicieux du physique au moral et rappelle en cela la physiognomonie du XIXe siècle, cette méthode chère à Honoré de Balzac et qui prétendait déduire la personnalité d’un individu de son apparence. Contestée depuis toujours et sans aucun fondement scientifique, elle n’en reste pas moins ancrée dans l’esprit de chacun par la déclinaison de stéréotypes dans les films, les séries et surtout les dessins animés dans lesquels le gentil est forcément athlétique et le gros, toujours la caution humoristique.  
 L’entreprise dont vous êtes le héros
Malheureusement, et là réside le problème, la fiction n’est pas sans conséquences dans le monde réel.  Ambassadeur de la marque, carte de visite de son entreprise, le salarié campe -plus ou moins ouvertement selon les professions- un rôle de représentation. De quoi transformer la réalité en caricature dans les cas les plus extrêmes. On pense aisément à la mode, souvent épinglée pour ses critères de poids, mais surtout à Abercrombie & Fitch, la marque de vêtements américaine ouvertement élitiste. Sans pudeur, son très controversé PDG s’est ainsi fait connaître pour ses critères de recrutement discriminants dont il s’explique avec un incroyable détachement. « Les gens beaux attirent les gens beaux, et telle est notre clientèle cible : les gens cools et beaux. » Entendre : « les gens jeunes et minces », car aussi bien les offres d’emplois que les vêtements vendus excluent les personnes de fort gabarit. En ont découlé de nombreux procès, dont Mike Jeffries n’a cure.
Rares sont les entreprises ou secteurs à assumer ce ciblage ; elles sont cependant nombreuses à pratiquer une discrimination souterraine, d’autant plus facile à appliquer qu’elle est difficile à prouver pour la victime. Les études montrent ainsi que  les personnes en surpoids ont plus de mal à décrocher à emploi après un entretien, mais également à monter en hiérarchie au sein de l’entreprise. Difficile pour elles de se voir confier des missions au contact des clients ou partenaires, ou même de direction d’équipe. Selon le rapport du Défenseur des droits, les femmes obèses seraient ainsi huit fois plus victimes de discriminations professionnelles que celles à IMC normal (c’est-à-dire compris entre 18 et 25). D’où le slogan choisi pour la campagne de 2016 : « L’apparence physique n’est pas un critère d’embauche, mais un critère de discrimination ».
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utopiedujour · 6 years ago
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« Espèce de collapsologue(s) ! », par Cédric Chevalier
« Il faut « politiser » l’effondrement comme une menace et un risque, et pas le dépolitiser comme une certitude monolithique abstraite. » Ouvert aux commentaires.
Au commencement était le verbe. Les idées gouvernent le monde, c’est assez admis. Donc ceux qui gouvernent les idées gouvernent le monde. Les idées sont des instruments de pouvoir, de la puissance d’agir spinozienne qui témoigne de l’émancipation vertueuse d’un individu, à la propagande totalitaire qui aliène et fait s’entretuer les masses, en passant par le fonctionnement de la science. 
L’histoire de l’Eglise catholique est une mine d’or pour nous instruire sur le phénomène de lutte pour l’hégémonie d’un courant d’idées -une idéologie- qui est toujours instrumental pour asseoir le pouvoir d’une certaine faction au sein de la population, qu’elle soit majoritaire ou minoritaire. Du « vote sur le sexe des anges » des Pères de l’Eglise à la Sainte Inquisition en passant par la vertu de la Vierge Marie, des homosexuels, des femmes et des enfants, les croisades et la pilule contraceptive, on trouve tout le vocabulaire de la lutte pour l’hégémonie des idées : hérésie, schisme, apostasie, hétérodoxie, secte, blasphème, excommunication, torture, bûcher, repentir, abjuration et autres joyeusetés civiles et urbaines de droit canon, urbi et orbi. 
Pauvre Emmanuel Kant, il est encore loin l’âge de la majorité pour l’humanité, l’âge où l’autonomie (la loi fixée et librement acceptée par soi-même) remplacera l’hétéronomie (la loi transcendante, externe, en pratique fixée la plupart du temps par les dominants dans la société) !
Plus la période historique est chahutée, plus penser, parler et écrire est risqué. Car les factions qui dominent la société se culbutent les unes les autres. Paul Jorion nous l’a illustré avec son commentaire de la vie et des pensées d’illustres acteurs de la Révolution française. A ce moment, il est risqué de vexer quiconque, car on a vite fait de se retrouver sur l’échafaud. L’ambiguïté devient un réflexe de survie (cf. la vie de Talleyrand pour une leçon de survie en période chaotique).
Pour réduire une idée à néant, pour la rendre « impuissante » à affecter les rapports de force, comme encore aujourd’hui peu de gens écoutent et lisent vraiment dans le texte, le plus commode est d’excommunier publiquement son porteur. Excommunier, c’est assez simple, ça commence à l’école primaire entre camarades d’école : il suffit d’apposer une « étiquette » sur quelqu’un qui pense, parle et agit, et de rendre cette étiquette détestable aux yeux du groupe. L’insulte est souvent utilisée mais parfois, on transforme le mot descriptif en insulte. Manant, pauvre, hérétique, économiste hétérodoxe, néo-malthusien, Gilet jaune, bourgeois, Juif, Nazi, gauchiste, fasciste, Belge, gros ou blonde, la liste des étiquettes est interminable. Alors le groupe peut « mettre en quarantaine », voire même « éliminer physiquement » celui qui a été adéquatement « étiqueté », afin que ses idées « subversives » cessent de « corrompre » le groupe. Entre le système immunitaire du corps humain et le système immunitaire de la culture humaine, il y a pas mal de similitudes de processus.
Parfois néanmoins, l’idée minoritaire finit par supplanter le régime culturel dominant. La secte devient religion d’empire. L’idée est inscrite au fronton des institutions : Liberté, Egalité, Fraternité. Etc.
Nous vivons une époque chahutée. Sans doute autant que d’autres à d’autres époques mais malgré tout différente dans le sens où l’idée du suicide de l’espèce n’est plus une fiction depuis au moins la bombe atomique. Le régime dominant des idées est contesté. Ça craque et ça se fissure. Dès lors les luttes politiques prennent une saveur particulière. La bataille des idées pour l’hégémonie culturelle a en effet pour enjeu notre survie à tous au pire, notre qualité de vie à beaucoup, au mieux. On deviendrait Jeanne d’Arc ou Jésus pour moins que ça.
Pour contrer le régime culturel hégémonique vieux de 50 ans, deux siècles, trois ou quatre voir 200.000 ans, selon les interprétations sur les causes de la situation où nous nous trouvons (néolibéralisme, capitalisme, colonialisme, cartésianisme, catholicisme, impérialisme, patriarcat, expansionnisme et prédation darwinienne), on a essayé de propager bien des contre-idées pour essayer d’inverser la trajectoire délétère : stoïcisme, bouddhisme, socialisme, communisme, social-démocratie, droits de l’homme, écologie, décroissance, et… collapsologie. Jusqu’ici sans réel succès : nous scions encore la branche sur laquelle nous sommes assis (après avoir ré-aiguisé la scie).
La collapsologie est un système d’idées qui n’a pas encore fait l’objet d’une décision de l’Académie française, du comité du Prix dit « Nobel » d’économie ou de l’Eglise quant à ce qui était « à l’intérieur » ou « à l’extérieur », « admis » ou « non-admis », orthodoxe ou hérétique. Dès lors chacun peut assez facilement se dire collapsologue, ou utiliser ce mot comme étiquette d’excommunication bien commode envers ses ennemis. Le concept flotte, il ne fait pas encore l’objet d’une littérature scientifique très fournie, l’usage n’a pas encore sanctionné son sens exact. Le mot fascine, il fait sérieux, ou ridicule, selon les factions.
« Nous sommes tous collapsologues » pourrait-on dire en l’écrivant sur une pancarte en carton et en défilant dans la rue. C’est vrai à partir du moment où nous sommes tous des spécialistes de la destruction de notre propre monde, praticiens de tous les jours de la dégradation écologique, théoriciens du « pourquoi on changerait, là on est bien ».
Mais les « vrais » collapsologues, les sérieux, les « experts » (ou « gourous » pour leurs ennemis), ce sont des « gens qui étudient les possibilités d’effondrements écologiques et sociétaux », pour faire court. Ainsi la collapsologie a, sur papier, l’ambition légitime de devenir une véritable « science » : l’étude scientifique des phénomènes d’effondrement. Tranchons donc rapidement une interrogation de la foire aux questions qui empêchent de dormir les docteurs de la loi : oui, la collapsologie pourrait être reconnue par la communauté scientifique internationale comme une « science » à part entière, comme le fut par le passé la chimie, la biologie, la sociologie, l’astrophysique et, avec le raffinement des expertises, « l’astrophysique des corps sidéraux de moins d’un kilomètre de diamètre ». Les opposants à cette reconnaissance, on peut le craindre, verront leurs arguments spécieux rapidement jetés aux oubliettes de l’histoire. Reconnaître une science, c’est avant tout une convention humaine et ici, il n’y aurait vraiment rien d’absurde à faire de la collapsologie un domaine avec facultés, centres de recherche, professeurs, chaires et colloques internationaux. On comprend que ça menace des financements ailleurs, et que ça crée de la concurrence dans la panier des crabes des « opposants au régime dominant », ceux qui disent « non, c’est le capital » ou « non, c’est le patriarcat » ou encore « non, c’est les syndicats ».
Contrairement à ces sciences les plus récentes qui analysent des parties de plus en plus « confetti-esques » du cosmos, la collapsologie semble avoir été une grande oubliée des siècles passés et procéder par un gigantesque mouvement à rebours de l’analyse vers la synthèse, du réductionnisme vers le holisme. Comment a-t-on pu louper la possibilité d’une science aussi énorme dans la portée du discours et de la connaissance qu’elle ambitionne ? Parce que l’ensemble de la science semble avoir abandonné le discours sur le « tout » (celui initialement de la philosophie), pour se contenter d’être extrêmement précise sur de « tout petits riens ». Du coup, c’est gênant, qu’on examine au microscope les ongles de l’éléphant, on ne voit pas qu’il va nous écraser avec son autre patte.
La collapsologie est donc ambitieuse, elle prétend avoir un discours sur rien moins que « la fin de l’espèce humaine » et/ou « la fin de la civilisation » et/ou « la fin de notre civilisation » et/ou « la fin d’un monde » et/ou « les fins des mondes », etc. Les pluriels font l’objet déjà d’une riche glose.
Pourra-t-elle forger des propositions réfutables, comme test de sa « scientificité » ? On peut le penser, car la littérature existante, dispersée à travers toutes les anciennes sciences ayant pignon sur rue, est conséquente. Et déjà des controverses se sont réglées par duel scientifique international : l’île de Pâques s’est-elle oui ou non effondrée ? On l’ignore mais cette question recouvre notre avenir ! Voilà en bref qui démontre de manière brouillonne le potentiel scientifique de la collapsologie.
Mais ce qui distingue une science, c’est aussi sa réflexivité sur son propre discours. Son auto-correction dynamique, le feedback organisé par ses membres et les sciences proches. C’est pourquoi Paul Jorion a eu raison d’affirmer que la dite « science économique » n’en était plus une à partir du moment où elle ne se considérait plus comme réfutable et qu’elle abandonnait tout effort sérieux de réflexivité, d’auto-critique, de reconnaissance de ses propres erreurs et errements, et qu’elle omettait d’analyser les pattes de l’éléphant dans le magasin de porcelaine : l’environnement, l’énergie, la matière, bref le caractère biophysique du monde.
Pour gagner ses galons scientifiques, les « papes » actuels de la collapsologie doivent se montrer d’une prudence de Sioux. Car leurs propositions courantes remettent profondément en question l’ordre culturel dominant (Progrès, Croissance, Technologie, Science et Digitalisation comme un discours du Salut humain futur), ce qui est toujours salutaire, mais leur procure de nombreux ennemis, prêts à les excommunier.
Mais aussi et surtout car ils ont une audience très importante. Et donc une influence tout aussi importante, peut-être de plus en plus importante. Sur les petites gens comme sur les corps intermédiaires et leurs intellectuels « organiques » (comme dirait Gramsci). Et qui dit pouvoir, dit responsabilité. 
Lorsqu’on dit ou laisse entendre que « l’effondrement est certain », sans disposer d’une théorie validée (ou plutôt non-invalidée, non réfutée) selon les standards scientifiques communément admis (publications dans des revues à comité de lecture), pour le démontrer, ne risque-t-on pas de sortir de la méthode scientifique, pour entrer dans le dogme, la pétition de principe ? Ne risque-t-on pas, sur la base d’un discours millénariste, de favoriser la part dans le PIB des gourous de micro-sectes partout dans les campagnes ?
De mes discussions avec plusieurs collapsologues, au demeurant forts sympathiques et dont je m’estime ami (mais sans accepter l’étiquette pour moi-même, cf. supra), je retiens qu’on ne peut pas, en l’état actuel de la science , parler d’un effondrement monosémantique, prédire la forme exacte d’un tel effondrement, ni estimer sa probabilité à terme avec certitude, ni estimer avec certitude sa date, sa sévérité et sa durée éventuelle. Mais on peut par contre prouver que le risque existe de certaines « sortes d’effondrements », avec leurs caractéristiques spatio-temporelles et humaines, avec suffisamment de certitude. Cela est déjà documenté pour le passé, l’existence d’une occurrence prouve la possibilité d’existence. Et le risque de nombre de ces « sortes d’effondrements » est significativement différent de zéro, tandis que leur sévérité englobe parfois des enjeux « existentiels » : la vie des gens, la stabilité de sociétés entières, l’espèce humaine. Ah oui ! au fait, nous ne sommes pas le premier empire ou la première espèce d’homo qui s’éteindrait, le saviez-vous ?
Certains critiquent la notion « monobloc » du concept d’effondrement, comme « empêchant de penser ». Mais ce n’est pas parce que ces gens sont « dépassés » par la taille de l’événement qu’il n’existe pas et qu’il doit empêcher de penser. S’il y a une éruption solaire extrême ou un événement cosmique extrême, comme la chute d’un astéroïde de taille arbitrairement élevée sur Terre, on peut prouver par A+B que la civilisation (concept à définir, celle des Somaliens ou la nôtre ?) va s’effondrer, quel que soit son niveau technologique. Et donc l’idée d’un « effondrement monobloc » n’est pas une fiction. Cela sur le principe.
Ensuite sur la possibilité pratique d’un effondrement pour des causes humaines systémiques, ça ne me semble pas non plus idiot de concevoir un effondrement mondial « monobloc » qui exprimerait évidemment des caractéristiques différentes en fonction des lieux et des moments, mais qu’on pourrait analyser comme une unité systémique d’analyse. La crise de 1929, la grippe espagnole, les guerres mondiales, etc., sur le continuum « pas d’effondrement ==> effondrement, sont des phénomènes qui commencent à partager beaucoup de caractéristiques avec un « début d’effondrement » mondial. Si on va plus loin sur le continuum, on a déjà les ingrédients d’un phénomène mondial qui s’aggrave. La délimitation du périmètre d’un phénomène analysé en science est un choix méthodologique, c’est un acquis de la méthode scientifique, qui a son sens en fonction de sa portée pratique : analyser la pandémie de grippe espagnole seulement dans les tranchées à Ypres, avouez que ça ne va pas aider à la contenir.
Cela n’enlève rien à une théorie des effondrements au pluriel, locaux, limités, connectés ou non, aux effets différenciés. Une théorie des effondrements en cascade, multiniveaux, déclin ou chocs brutaux. La critique du concept monobloc est la plus juste sur le blocage politique que cela provoque, sur le fatalisme collapsologique (que Paul Jorion critique à juste titre), mais pas assez juste sur la réfutation du principe d’existence de l’effondrement monobloc (ce n’est pas en niant des conséquences indues sur la mobilisation politique qu’on arrive à réfuter l’existence possible de la cause matérielle).
Est-ce à dire que de certitude il ne saurait être question quand on est collapsologue ? Non ! D’après mes humbles lectures scientifiques et ma compréhension d’économiste des systèmes dynamiques non-linéaires, je n’exclus pas qu’à terme, les climatologues soient en mesure de prédire avec un degré de certitude tendant vers 100%, si le cas échet en pratique, que l’atmosphère terrestre soit prise dans une trajectoire « vénusienne » ou du moins « Terre-étuve », irréversible, sauf pari technologique particulièrement héroïque (géo-ingénierie terrestre). Auquel cas, ils pourront à juste titre prédire avec un grand degré de certitude la probabilité, la date et la forme de l’effondrement, « toutes choses égales par ailleurs » et à mesure que t tend vers la date E (pour Effondrement). Pourquoi ? Parce que l’atmosphère est un macrosystème qui obéit aux lois de la physique, même avec sa composante chaotique-incertaine, et que l’être humain n’a à ce jour démontré aucune capacité de prise sur la trajectoire de son atmosphère en lien avec les gaz à effet de serre, au-delà du franchissement de seuils d’irréversibilité naturels (prise « volontaire et contrôlée » j’entends, NB : le cas majeur du trou dans la couche d’ozone n’avait pas dépassé un seuil d’irréversibilité). Rien n’indique que nous parviendrions à inverser une trajectoire « irréversible d’un point de vue naturel » avec des moyens « humains ».
J’aimerais qu’on ne démontre jamais cela, et qu’on agisse bien avant que la science sonne notre glas.
C’est pour cela que le philosophe Hans Jonas a raison selon moi dans sa logique : pour un enjeu existentiel, pour L’enjeu existentiel de la survie de l’Humanité, il n’est pas de pari « optimiste » sur l’avenir qui soit responsable. A partir du moment où un risque non nul est identifié qui menace l’existence de l’Humanité, la responsabilité politique première est de faire le nécessaire pour l’éviter, avec la meilleure connaissance disponible. Et l’incertitude doit renforcer le principe de précaution sous-jacent : elle doit renforcer l’obligation d’action préventive et pas l’inverse.
Enfin j’ajoute une autre clef d’analyse possible du discours de Pablo Servigne, Yves Cochet et Agnès Sinaï (puisqu’il s’agit d’eux dans la critique de Paul Jorion). Le philosophe Jean-Pierre Dupuy a théorisé le « Catastrophisme éclairé » suite au propos de Hans Jonas sur le Principe Responsabilité. Selon ce premier concept, considérer la catastrophe comme certaine est le seul moyen pratique de l’éviter (je schématise). Jacques Attali, dans ses avertissements, utilise également cette « éthique de Cassandre » : c’est seulement en alertant sur le pire qu’on l’évite. Tout discours euphémiste quant au futur est irresponsable car il relâche l’attention nécessaire pour éviter les scénarios du pire, toujours possibles en pratique. C’est l’heuristique de la peur qui fonde le principe Responsabilité de Hans Jonas. Tout parent sait exactement de quoi il s’agit vis-à-vis de ses enfants (la relation parent-enfant fonde l’archétype de la responsabilité pour Jonas : on est responsable de l’existence de l’enfant totalement et face à tous les risques = on doit répondre de face à lui, face à sa question « que m’as-tu fait ? », ça ne veut pas dire « coupable » mais répondre de = obligation de moyen).
Si on suit cette ligne de raisonnement conséquentialiste (je n’ai pas dit que je la partageais), les collapsologues sont habilités à se comporter, à penser, à parler et à agir « comme si le pire était certain », dans l’idée que c’est la meilleure manière de l’éviter/de s’y préparer. Les déontologistes diront : ils exagèrent, voire ils mentent, mais l’idée ici est bien de sauver des vies, au prix d’une certaine exagération ou simplification. Il faut alors distinguer cette attitude « pour soi même » et sa transposition en « manipulation bienveillante » (paternaliste diront certains) pour autrui. Dois-je dire « nous sommes foutus » à tout le monde pour entraîner un sursaut, même si ce n’est pas « tout à fait exact » ? Peut-être… ou peut-être pas. 
Car si l’on revient à Kant, notre problème au fond est de ne pas parvenir à nous autolimiter, à parvenir à l’autonomie, l’âge de la majorité. Est-ce vraiment en créant une nouvelle hétéronomie, une norme transcendante en surplomb –la certitude de l’effondrement ou son risque imminent– qu’on va réussir à « sauver l’humanité » ? N’est-il pas temps d’être honnête avec les autres, d’avouer les limites de la connaissance (comme Kant) de leur dire : « vous savez, nous collapsologues nous sommes très inquiets et nous avons beaucoup de raisons objectives de l’être, nous –et les autres scientifiques– ne pouvons plus exclure désormais des scénarios catastrophes, voire même LE scénario catastrophe d’extinction humaine, mais dans l’incertitude, et à cause de l’incertitude, il est de notre responsabilité de parler de nos découvertes avec tous, même si beaucoup d’entre vous ne voulez pas nous écouter, pour que tous ensemble, nous prenions nos responsabilités, collectivement et que nous rendions son sens au mot « politique ». »
Donc là où peut-être je rejoins Paul Jorion par rapport à nos trois collapsologues (plus responsables que bien des chefs d’Etat sur bien des aspects), c’est sur la nécessité de conserver le caractère « politique » de « l’effondrement » (nuage sémantique, pas besoin ici de définition précise), et d’avoir la conviction (la Foi pour continuer avec la métaphore religieuse) qu’il existe un marge de manœuvre, un libre-arbitre, un espace politique pour agir collectivement dans la Cité.
Je partage comme Paul Jorion, la critique du caractère futile et vain de leurs tentatives de retraite de survie autonome, car j’estime que le champ de bataille « sérieux » se situe dans la Cité, dans ses murs, pas en dehors donc, dans la cabine du navire et pas dans un canot de sauvetage en regardant le navire sombrer avec ses passagers et en criant « je l’avais bien dit, allez sautez tous ». Non, les calculs n’ont pas encore prouvé que le navire allait couler avec certitude, il y a encore du travail à faire dans la cabine. Il faut donc « politiser » l’effondrement comme une menace et un risque, et pas le dépolitiser comme une certitude monolithique abstraite.
En toute éthique conséquentialiste, si le propos collapsologique conduit à convaincre beaucoup de gens qu’une telle marge de manœuvre n’existe pas/plus, qu’il n’y a plus aucun espace des possibles mais seulement une fatalité qu’il va falloir vivre sans pouvoir y échapper (fatum romain, ananké grecque dans leurs mythologies), alors leur propos pourrait être considéré comme irresponsable et criminel.
Car à nouveau, en l’état de la science, nul ne peut prouver que ce scénario est désormais inévitable. Et au contraire, l’essentiel des travaux scientifiques relayés estiment qu’il y a des marges de manœuvre très importantes pour choisir, entre plusieurs maux, les moindres.
Enfin pour conclure, je voudrais rappeler Albert Camus et son esprit de la révolte : c’est non seulement indispensable en pratique -c’est seulement comme ça qu’on découvre les interstices, qu’on injecte de nouveaux possibles dans le cosmos, et qu’on a des chances de trouver les chemins du « salut » pratique- mais même Sisyphe DOIT se révolter contre la fatalité, d’un point de vue purement existentiel, humaniste -c’est seulement comme cela qu’on est humain, qu’on humanise l’absurde de l’Univers : par la révolte contre la fatalité.
Ainsi, si la collapsologie peut prétendre à devenir une science, si elle veut, comme la science écologique l’a fait pour l’écologie politique, pouvoir féconder une doctrine et un imaginaire politique en amenant dans le débat public les objets « d’effondrements », et ne pas devenir imperceptiblement une secte, une religion, voire un futur totalitarisme, elle doit se montrer explicitement ouverte au libre-arbitre, à la démocratie, à la politique, à l’incertitude, à l’indétermination radicale des possibles humains et favoriser non pas la résignation, le repli en ses terres et la prophétie auto-réalisatrice, mais l’occupation du champ de bataille démocratique, la révolte, la découverte d’interstices dans les marges du réel, des leviers politiques pratiques, susceptibles de transformer la société, comme s’y emploient les jeunes pour le climat depuis un an.
« Alors les collapsologues, êtes-vous prêts à sortir de votre tanière pour revenir avec nous faire ensemble société ? »
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chaquejoursonpoeme · 7 years ago
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Hélène De Beauvoir
Hélène de Beauvoir, cette sœur que Simone jugeait sévèrement https://bibliobs.nouvelobs.com/actualites/20180418.OBS5405/helene-de-beauvoir-cette-soeur-que-simone-jugeait-severement.html Simone de Beauvoir jugeait "mauvaise" la peinture de sa sœur Hélène, dont on peut voir, en Alsace, les tableaux cosmopolites. Visite. Par Bernard Genies Publié le 29 avril 2018 à 08h57
Pour l'état civil, elle s'appelait Henriette Hélène Bertrand de Beauvoir. Elle n'aimait pas son premier prénom, elle préférait le second. Pour ses proches, elle était Poupette. Elle avait les cheveux blonds et les yeux bleu pâle quand ceux de Simone étaient bruns et bleu vif. Peintre discrète, elle vécut dans l'ombre de sa sœur aînée. Aujourd'hui, près de Strasbourg, le musée Wurth lui consacre une exposition. Le lieu ne doit rien au hasard: Hélène de Beauvoir (1910-2001) est une enfant du pays. Elle habita une quarantaine d'années une ancienne ferme rénovée du village de Goxwiller. Ce fut son dernier atelier. “Ce livre déshonore le mâle français”, ou les 50 ans du “Deuxième sexe” Toute sa vie elle a peint, dessiné, gravé. Elève d'une école d'art et de publicité à Paris, elle organisa sa première exposition en 1936, à la galerie Bongrand. Picasso vint faire un saut, il estima seulement son travail «original». La suite est plus compliquée. Hélène se marie avec Lionel de Roulet, un ancien élève de Jean-Paul Sartre devenu diplomate qu'elle va suivre au gré de ses postes au Portugal, en Autriche, au Maroc, en Italie. Dans chaque pays, elle développe un nouveau regard: le trait se libère (comme dans ses vues de Venise), la couleur structure l'architecture de ses compositions marocaines tandis que ses paysages montagneux semblent tourbillonner et que les silhouettes cubistes des skieurs paraissent happées par la neige virevoltante. Sa peinture devient manifeste L'auteur du «Deuxième Sexe» ne voit pas d'un bon œil le couple qu'elle forme avec Lionel de Roulet. Trop rangé, trop bourgeois. Hélène pourtant s'engage elle aussi. En avril 1971, comme Simone, elle signe le Manifeste des 343 publié dans «le Nouvel Observateur». Peu après son installation en Alsace, elle participe à Strasbourg à la fondation de SOS Femmes Solidarité, un foyer d'hébergement pour aider les femmes victimes de violence conjugale. Sa peinture devient alors manifeste. Des toiles comme «la Chasse aux sorcières est toujours ouverte» ou encore «Les femmes souffrent. Les hommes jugent» dénoncent les répressions dont les femmes sont les victimes, la silhouette inquiétante de juges drapés de rouge dominant des corps féminins nus. Elle s'implique dans les premières luttes écologiques: un tableau comme «les Mortifères» s'érigeant contre la menace des centrales nucléaires. Simone de Beauvoir, la scandaleuse Cette peinture rencontre-t-elle un écho? Hélène de Beauvoir ne fréquente guère le monde de l'art parisien. Mais elle expose dans des galeries aux Etats-Unis, en Europe – en Allemagne surtout. Le nom de sa sœur aînée et celui de Jean-Paul Sartre ont contribué à la diffusion de son œuvre. En 1975, ce dernier rédige une préface élogieuse du catalogue accompagnant une exposition des œuvres d'Hélène présentée à Brest. Après avoir souligné «l'exubérance heureuse» de ces tableaux, il conclut: Le peintre s'abandonne sans contrainte au plaisir de peindre et c'est pourquoi son œuvre, tout en convainquant, séduit.» Le mépris de Simone Mais le ciel va se noircir. Après la mort de Simone de Beauvoir, la publication chez Gallimard de ses lettres à Sartre (en 1990) puis de celles à Nelson Algren (en 1997) va sidérer Hélène. Elle y découvre le mépris que sa grande sœur portait à son travail. Un extrait parmi d'autres: Séance sinistre au Salon de Mai avec ma sœur et de Roulet ; il s'agissait de me prouver que les autres peintres de son âge sont aussi mauvais qu'elle – c'est presque vrai !» Pour Claudine Monteil, amie de Simone et d'Hélène, auteur des «Sœurs Beauvoir» (Editions 1), ce coup de poignard peut s'expliquer: Simone, tout comme Sartre, portait un regard très critique sur les autres. Dans une certaine mesure, elle protégeait sa sœur et elle l'a aidée mais à condition qu'elle reste Poupette.» "Nous nous sommes choisies" : Simone de Beauvoir racontée par sa fille D'Hélène, Claudine Monteil veut garder le souvenir d'une femme «pleine d'humour, très drôle, chaleureuse». Elle entend encore le rire des deux femmes quand elles se parlaient. Elles riaient. Forcément, elles étaient vivantes. Bernard Géniès
Hélène de Beauvoir, Musée Wurth, Erstein (67) ; 03-88-64-74-84. Jusqu'au 9 septembre. Paru dans "L'OBS" du 26 avril 2018.
"Nous nous sommes choisies" : Simone de Beauvoir racontée par sa fille
La boîte à bouquins de Forestier : Nelson Algren castagne les bien-pensants Littérature : les femmes contre-attaquent “Ce livre déshonore le mâle français”, ou les 50 ans du “Deuxième sexe” Le 14 avril 1986 mourait Simone de Beauvoir. Que reste-t-il de ses idées? En 1999, un colloque international avait examiné son livre-culte. L'occasion d'analyser les contradictions du féminisme au temps de Lara Croft. Reportage. Par Fabrice Pliskin Publié le 18 février 1999 Dans l'auditoire, vous êtes le seul homme. Assis sur l'un des deux cent vingt-cinq fauteuils jaunes de l'amphithéâtre Henri-Poincaré, au ministère de l'Education et de la Recherche, vous parcourez les gradins d'un oeil languissamment hétérocentré. Le colloque du cinquantenaire du «Deuxième Sexe» de Simone de Beauvoir, organisé par la sociologue Christine Delphy et l'historienne Sylvie Chaperon, regorge de monde. Celles et ceux qui se représenteraient encore «la féministe» sous les traits d'une harpie manquent d'imagination: ils doivent croire aussi que tous les juifs ressemblent à Banania et tous les Noirs à Shylock (à moins que ce ne soit le contraire). Vous apercevez une Iranienne voilée, une journaliste palestinienne en tailleur, la traductrice japonaise du «Deuxième Sexe», deux ou trois sosies de Mrs Doubtfire. Devant vous, il y a quatre Suissesses romandes en chandail. Elles appartiennent au collectif féministe dit «du 14juin». «C'est le genre de fauteuil, une fois qu'on est dedans on ne peut plus se relever», dit l'une de ces activistes. "L'hétérosexualité, ce douloureux problème" Près de vous, il y a une universitaire nigériane en boubou chic. Au Nigeria, le «Deuxième Sexe» est introuvable. Chioma Opara a acheté son exemplaire à Washington, dans la traduction américaine de H.M. Parshley (1953), qui traduit Noir par Negro, c'est-à-dire Nègre. «Il faudrait corriger cela pour que le livre circule mieux dans le tiers-monde», dit-elle. Vous saluez Marie-Hélène, une jeune normalienne en costume noir qui connaît Michel Foucault par cœur et prône un déconstructionnisme lesbien et sado-maso. Elle est membre du Zoo, une association queer qui organise actuellement un séminaire sur «l'hétérosexualité, ce douloureux problème». Elle vous a invité à un colloque, l'été prochain à Manchester, sur le thème «le sexe en dehors de la chambre à coucher» («Ça pourrait vous intéresser»). Puis vous tournez les yeux vers Christel, une étudiante de Paris-I, qui écrit une thèse sur «la représentation de la femme à travers la statuaire publique à Paris et à Londres depuis 1870». Durant la pause-café, elle vous a dit: «Je ne connais rien au féminisme, mais je trouve que les hommes pourraient quand même s'intéresser à Beauvoir. Ils ne sont pas venus à ce colloque. C'est vraiment dommage.» Politiquement, cette pénurie d'hommes vous navre. Narcissiquement, elle vous enchante. S'il n'en reste qu'un, vous serez celui-là. Votre conduite est héroïque. Vous hésitez. Serez-vous Schoelcher ou Schindler? Bondirez-vous à la tribune pour vous écrier en paraphrasant Kafka: «Moi, un homme? Pouah! Qu'ai-je de commun avec les hommes, moi qui n'ai rien de commun avec moi-même?» Vous êtes ivre de coquetterie, mais tout à coup, un soupçon, une bouffée d'hystérie, ne serait-ce pas un autre homme au bout de la rangée? Fausse alerte. C'est une femme. Vous voilà rassuré: vous serez bien la plus belle pour aller danser ce soir. "Nous avons atteint les limites de l'abject" « Ce livre déshonore le mâle français» (Albert Camus). «Nous avons atteint les limites de l'abject. C'est l'ipéca qu'on nous ingurgitait quand nous étions enfants, pour nous faire vomir» (François Mauriac). «C'est la basse description graveleuse, l'ordure qui soulève le coeur» (Jean Kanapa). A sa parution en 1949, cinq ans après l'octroi du droit de vote aux femmes, «le Deuxième Sexe» effarouche tout le monde politique, de la droite à la gauche communiste. On fait de Beauvoir un vagin pensant, «une pauvre fille névrosée, mal baisée, glacée» («la Force des choses»). La critique de l'oeuvre devient une critique de la femme. Délaissant superbement l'enquête psycho-paparazzo, le colloque a d'abord identifié les sources politiques et philosophiques des réflexions de Simone: «An American Dilemma», de Gunnar Myrdal (1944) (un ouvrage pionnier sur le racisme anti-Noirs aux Etats-Unis), «Black Boy» (1945), du romancier américain noir Richard Wright, Merleau-Ponty, Levinas, et le fonds commun philosophique des années 30-40: Hegel version Kojève, Husserl, Heidegger. A l'heure où les sénateurs s'opposaient au texte sur la parité homme-femme au Parlement, le colloque causait Dasein et Mitsein, au risque, parfois, de décevoir certaines militantes. "L'absurde fécondité des femmes" Autre axe du colloque: la réception de l'œuvre. Ce que la France maternaliste de 1949 reproche à l'écrivain au turban, c'est d'abord sa critique de la maternité. L'historienne Jacqueline Martin a analysé le statut politique de la mère au foyer dans les années 40. En mars 1941, le gouvernement de Vichy crée l'allocation de salaire unique pour inciter les mères et les femmes mariées de toutes conditions à demeurer chez elles. En 1947, cette allocation de salaire unique (s'ajoutant aux allocations familiales) représente 90% d'un salaire d'ouvrière pour une famille de deux enfants et 150% pour une famille de trois enfants. L'hostilité de Beauvoir à l'idée d'enfantement répond à la propagande «maternaliste» des associations catholiques comme l'Union féminine civique et sociale et sa filiale la Ligue de la Mère au Foyer. Faut-il rappeler que, dès 1941, la fête des Mères (fondée en 1926) devient une fête nationale? Beauvoir commence son chapitre «La mère» par dix pages sur l'avortement. Elle évoque «l'absurde fécondité des femmes». «Engendrer, allaiter ne sont pas des activités, ce sont des fonctions naturelles; aucun projet n'y est engagé.» Avec la ménopause, enfin, «la femme se trouve délivrée des servitudes de la femelle». Plutôt que de déchiffrer dans ces paroles les égarements d'une «névrose» ou d'une «misogynie», il faut y voir une méthode destinée à ébranler une fausse et immémoriale évidence: féminité =maternité (Takako Inoué, l'auteur de la deuxième traduction japonaise du «Deuxième Sexe», remarque que le premier traducteur -1954 - avait, par endroits, traduit féminité par maternité). Nique la mère Comme Pascal et son «Je ne souffrirai pas qu'il repose», Beauvoir n'écrit pas pour s'exprimer ni s'avouer mais pour convaincre son lecteur. Elle veut troubler notre sommeil naturaliste. Nique la mère. Beauvoir est la Lara Croft de l'anti-physis, la Spice Girl de l'arrachement au biologisme. «Rupture épistémologique inachevée» (Françoise Armengaud)? «Scories essentialistes» (Sylvie Chaperon)? Sans doute. Mais, en dissociant la femme de la mère, Beauvoir n'accomplit-elle pas une révolution copernicienne comparable, en fait de puissance et d'amplitude, à celle de Freud? Féminité = maternité. Cinquante ans après, cette grossière équation nous fait pouffer, nous autres, mutants aux âmes siliconées. Pour nous, Beauvoir est «dépassée». Puis nous allumons la télé et, entre deux manifestations anti-Pacs, nous regardons «Ally McBeal», la série la plus populaire des Etats-Unis. Son héroïne, une avocate célibataire de 28 ans, ne porte point de turban mais une minijupe. Elle est sans cesse harcelée par un bébé dansant virtuel en 3D qui chante «bouba yaga! bouba yaga!», métaphore de son «horloge biologique». Le naturalisme revient au galop. Critiquant Beauvoir, la philosophe Sylviane Agacinski (au colloque, il était furieusement tendance de l'appeler «Mme Jospin» pour conclure: en France, que diable, le féminisme ne se réduit pas à un débat entre «Mme Jospin» et «Mme Badinter»), Agacinski, donc, soutient que «la paternité ou la maternité sont peut-être les épreuves décisives de la différence des sexes, et il n'est pas sûr qu'il y en ait d'autres». Traduisez: bouba yaga. A quoi la sociologue canadienne Marie-Blanche Tahon réplique à la tribune: «C'est l'état civil qui institue la différence sexuelle, sans référence immédiate à la paternité ou à la maternité.» "Pourquoi ne pas avoir invité Judith Butler?" Un matin de colloque, au ministère de la Recherche, vous croisez dans un couloir une des deux organisatrices du Cinquantenaire, Christine Delphy, avec son petit sac à dos noir sur l'épaule. Voilà plusieurs jours que vous entendez le nom de l'Américaine Judith Butler dans les communications. C'est l'auteur le plus cité après Beauvoir. Vous demandez d'une voix stridente: «Pourquoi ne pas avoir invité Butler?» Christine Delphy, rédactrice en chef de «Nouvelles Questions féministes», vous regarde. Elle semble harassée. On la comprend. Hier soir, c'était le «bal du deuxième sexe» au Tango, une discothèque interdite aux «hétéros homophobes». Comme vous, elle a dansé comme une folle jusqu'à l'aube sur Diana Ross et Cheb Mami. «Butler, dit-elle, nous ne l'apprécions pas.» Christine Delphy tourne les talons. Vous la poursuivez: «Mais pourquoi donc? Répondez-moi, je vous en supplie! - Butler prône la multiplication des genres, nous voulons leur disparition.» Explications. Pour Butler, auteur queer de «Gender Trouble», le sexe (officiellement anatomique) comme le genre (culturel) sont des rôles construits socialement et performativement (dire «c'est une fille» à la naissance d'un enfant fait de lui une fille). Il faut subvertir le binarisme hétérosexuel en multipliant et en fluidifiant les genres (drag queen, drag king, «gouine», «gouin»...). L'hétérosexualité devient ainsi une coutume sexuelle parmi d'autres. Insuffisant, selon l'universitaire britannique Stevi Jackson, car, loin d'être fondée par elle, c'est la domination patriarcale qui fonde la différence des sexes. La notion même de genre procède de l'oppression de la femme par l'homme. Véritable fête de l'intellect, ce colloque vivace, joyeux, contradictoire et dense s'achève sur un exercice d'utopie: imaginons un monde sans genre, sans distinction entre homme et femme, entre hétérosexualité et homosexualité. Salves d'applaudissements. Les deux organisatrices, Christine Delphy et Sylvie Chaperon, montent à la tribune. A chacune, on offre un gros bouquet de fleurs. Comme disent les antiféministes, il y a des choses qui ne changeront jamais dans notre beau pays. Fabrice Pliskin
Simone, la scandaleuse TOUS FÉMINISTES. Qui se cachait vraiment sous son austère turban? Enquête sur l'auteure du “Deuxième sexe”. Par Agathe Logeart et Aude Lancelin Publié le 05 novembre 2017 Cet article a été publié en 2008, année du centenaire de la naissance de Simone de Beauvoir. Nous le republions dans le cadre de la semaine "Tous féministes" de BibliObs. La boîte attend, là, depuis si longtemps, sur ces étagères en fouillis. Une grosse boîte de carton marbré de noir et blanc. Il la prend délicatement entre ses mains, comme un trésor, et feuillette ces centaines de pages que personne d’autre que lui n’a jamais lues, couvertes d’une écriture penchée, pointue, presque indéchiffrable. Par-dessus son épaule on lit: «mon chéri», «mon amour», «mon mari». Elle signait «ta femme». Transporté des dizaines d’années en arrière, il n’est plus un vieux monsieur de 82 ans, rugueux, jaloux de ses souvenirs. Il n’est plus l’obsessionnel auteur de «Shoah», le farouche directeur des «Temps modernes». Il est un jeune homme de 27 ans, brun aux yeux bleus, grand, carré, puissant, qui rencontre une femme de 44 ans, «belle, bon sang qu’elle était belle !», et qui l’aura aimée, à sa façon, à leur façon, toute sa vie durant.
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moiministreesr-blog · 8 years ago
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Créer un statut d'enseignant-chercheur ambassadeur
Un certain nombre d’enseignants-chercheurs (EC), en couple avec des salariés du privé ou des entrepreneurs qui partent en expatriation, se voient dans l’obligation de sacrifier leur carrière pour préserver leur vie de famille. En effet, la disponibilité pour suivi de conjoint à l’étranger est la seule possibilité qui leur est offerte (alors que, dans d’autres corps de la fonction publique, des passerelles ou des possibilités existent pour des fonctionnaires dans une telle situation) : en effet, l’équation économique, pour ces couples, se résout très rapidement du fait du relativement faible niveau des traitements d’EC ; il s’agit en outre souvent de femmes, qui voient là encore une nouvelle rupture de leur carrière, alors qu’on ne cesse de déplorer le plafond de verre qui les touche dans le milieu académique.
Bien que placés en disponibilité (et donc non payés), ces enseignants-chercheurs, très souvent, n’arrêtent cependant pas de mener des activités de recherche. Cette situation ambiguë (sans position administrative d’activité, mais actifs et souvent « publiants ») soulève plusieurs difficultés puisque ces travaux de recherche (pris en compte, par exemple, pour l’évaluation de l’HCERES) non seulement sont du travail gratuit, mais encore engagent des coûts payés par l’enseignant-chercheur (dont l’activité scientifique et professionnelle devient, en quelque sorte, subventionnée par son conjoint) : puisqu’il est en disponibilité, son laboratoire ne touche pas de fonds pour lui et ne peut pas prendre en charge, par exemple, ses frais de transports pour des colloques ou les frais de participation à la publication d’un livre demandés par certains éditeurs.
Cette situation est liée à deux aspects de l’université française telle qu’elle est organisée actuellement :
la pierre de touche du système est le service d’enseignement, les 192heTD qu’un EC en activité doit à son université : quel que soit le volume de l’activité de recherche, ce sont ces 192heTD qui déclenchent le paiement de l’EC. Or, très peu d’universités sont prêtes à aménager l’emploi du temps des EC (il n’est pas question ici de modulation, mais bien d’aménagement) et la seule solution est la mise en disponibilité.
la mobilité enseignante est bien moins développée que la mobilité étudiante, en dehors de cadres très stricts comme les chercheurs invités, qui concernent souvent des EC déjà bien établis ou avec de forts réseaux. Or, ce n'est pas le cas des EC en début ou milieu de carrière, souvent en couple avec des salariés ou entrepreneurs dans le même cas, qui eux sont amenés, pour développer leur carrière, à s’expatrier.
Le système, tel qu’il est actuellement organisé, induit ainsi un grand gâchis :
des EC qui aimeraient travailler tout en préservant un tant soit peu leur vie de famille en sont empêchés.
on prive de ressources « immatérielles », mais réelles, des étudiants qui pourraient profiter d’EC ayant une expérience concrète à l’international : ces EC pourraient participer plus étroitement à la préparation des étudiants aux séjours à l'étranger, les aider à développer des compétences multiculturelles, leur fournir des conseils concrets sur l’expatriation.
on prive les laboratoires de liens qui pourraient être construits par ces EC avec d’autres laboratoires à l’étranger.
En outre, les évolutions numériques permettent aujourd’hui beaucoup plus facilement d’imaginer de nouvelles modalités d’exercice d’un certain nombre des activités des EC : une partie des tâches administratives qui incombent aujourd’hui à ces fonctionnaires peut sans aucun doute être prise en charge de manière dématérialisée. Les systèmes de vidéo-conférences ou de conférence téléphonique permettent de participer aux réunions de département, d’UFR et de laboratoire. Le développement des Espaces Numériques de Travail permet d’imaginer de nouvelles procédures et de nouveaux modes de relation. Seule la question du décalage horaire subsiste, mais si un EC fait librement le choix de s’y plier, cela n’impacte pas ses collègues et ne change rien pour eux.
    C’est pourquoi, moi, ministre de l’ESR, je créerai un statut d’enseignant-chercheur ambassadeur (ECA). Quand le conjoint d’un EC sera muté ou recruté à l’étranger, ce dernier aura la possibilité soit de demander une disponibilité pour suivi de conjoint à l’étranger (comme c’est le cas actuellement), soit de demander le statut d’ECA, qui sera accordé de droit dans les mêmes conditions que la disponibilité.
Ce statut aura les caractéristiques suivantes :
L’ECA verra son service d’enseignement regroupé sur un semestre (pour les cours en présentiel) ou panaché entre une partie du service en présentiel sur un semestre et une autre partie organisée à distance sur toute l’année (pour les universités délivrant des formations à distance).
Le semestre passé à l’étranger sera essentiellement consacré aux tâches de recherche, avec appui du laboratoire de recherche français auquel l’ECA est affilié.
L’attribution du statut d’ECA ne donne droit à aucune prime ou compensation autre que ce que l’EC toucherait en France : cela n’induit pas de surcoût (du type billet d’avion) pour l’université, sauf si elle le souhaite volontairement dans le cadre de sa politique internationale.
Le Service des Relations Internationales de l’université (SRI) offre un soutien logistique « immatériel » à l’ECA : il l’aide à identifier un laboratoire ou une université dans son pays de résidence étrangère qui puisse l’accueillir (à titre gracieux) lors du semestre à l’étranger. L’ECA participe ainsi au rayonnement de la recherche française à l’étranger et aide à former des liens internationaux fructueux pour la recherche et la mobilité étudiante.
Le SRI prend contact avec les attachés culturels et scientifiques de la circonscription consulaire dans laquelle l’ECA réside à l’étranger, afin de signaler la présence de cet ECA : les services consulaires peuvent ainsi solliciter l’ECA dans le cadre des nombreuses manifestations scientifiques et culturelles (prix, bourses, festivals, etc.) qui participent au rayonnement de la France et de la francophonie dans le monde. Le SRI fait de même avec l’Alliance française (s’il y a une antenne dans la région de résidence de l’ECA), qui peut être intéressée par des actions de vulgarisation de la recherche (conférences par exemple).
Le SRI prend aussi contact, le cas échéant, avec le Lycée Français de la région de résidence de l’ECA : ce dernier peut ainsi, à la demande du Lycée Français, intervenir en classes de lycée pour présenter le système universitaire français, dont l’image à l’étranger est souvent dégradée puisque les seules sources d’information disponibles sont  le ouï-dire et les articles de la presse grand public. L’ECA peut ainsi aider à redorer le blason de l’université comme voie de formation d’excellence.
Le statut d’ECA prend fin dans les mêmes conditions que la disponibilité pour suivi de conjoint à l’étranger : à la fin de la période d’ECA, si le conjoint n’a plus d’activité professionnelle à l’étranger, le fonctionnaire redevient un EC « standard ». Pendant la période où il a droit à ces dispositions, il peut passer de la disponibilité à l’ECA, et réciproquement, en respectant le délai des trois mois de notification déjà en vigueur dans la loi portant sur la disponibilité.
  Le statut d’ECA a plusieurs avantages, tant pour l’université que pour l’EC :
Il permet à des fonctionnaires qui le souhaitent de continuer à travailler, à avancer dans leur carrière, à accumuler les années nécessaires à la demande de certains dispositifs (IUF, CRCT, etc.). En ce sens, il revalorise le déroulement de carrière de fonctionnaires de haut niveau, dont la France se prive puisque l’EC dans cette situation a pour seul choix actuellement soit de sacrifier sa carrière (disponibilité), soit de sacrifier sa vie familiale.
Il est un outil d’égalité hommes/femmes car ce sont souvent les femmes qui suspendant leur carrière en cas d’expatriation familiale.
Il ne génère aucun coût supplémentaire par rapport à un EC en poste normalement en France. L’ECA fait l’intégralité de son service d’enseignement, et ce statut n’ouvre pas droit à des primes d’expatriation ou à des compensations financières (sauf dispositions particulières définies par l’université elle-même). Ce statut a un impact minimal sur la vie de l'université et des collègues en France.
Il participe au rayonnement académique international de la France, par des liens renforcés avec les universités de la région de résidence de l’ECA et par des actions dans les Lycées Français à l’étranger.
Il participe au rayonnement scientifique et culturel de la France, par des liens renforcés avec les services publics français du Ministère des Affaires étrangères déployés dans la région de résidence de l’ECA.
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PUJAR Arlette
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PUJAR Arlette Arlette Constant Pujar Directrice Régionale du Centre National de la Fonction Publique Territoriale (CNFPT) Délégation Martinique - Administratrice Territoriale Docteure en Sciences Juridiques Chargée d’enseignement à l’université des Antilles Auteure, nouvelliste et essayiste Auditrice de l’IHEDN Coache professionnelle Chevalier de l’Ordre National du Mérite Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres Mariée, mère de deux enfant elle a effectué toute sa carrière professionnelle dans le secteur public, elle est particulièrement attachée à la défense des valeurs du service public. Fervente supportrice de l’Olympique de Marseille, elle a grandi dans la cité phocéenne dès son plus jeune âge et ce durant une vingtaine d’années sous la protection de la Bonne Mère ! Pratiquante d’arts martiaux chinois (TAI CHI CHOUAN) et adepte de l’IKEBANA (art floral japonais), Mme PUJAR est connue pour ses capacités à la résolution des problématiques grâce à ses relations inter-personnelles qui font d’elle une conseillère très appréciée des élus et des décideurs. Elle a réalisé son cursus universitaire tout en exerçant une activité professionnelle à temps plein et a obtenu un doctorat de droit public et les félicitations du jury et une mention très honorable. L’intitulé de sa thèse : Gestion responsable du foncier et développement durable outre-mer : contribution à une approche critique de l’espace martiniquais ». Son parcours professionnel est significatif : début de carrière à la Préfecture de la Martinique, arrivée au Conseil Général, sur concours, au moment de l’entrée en vigueur de la décentralisation, a connu le transfert de compétences dans le domaine éducatif notamment et a animé le 1 er bureau du logement en Martinique sous la présidence d’Emile Maurice. Elle a fait partie du 1 er Cabinet installé auprès du Président du Conseil Général de 1991 à 2002 en tant que conseillère technique. A ensuite dirigé l’Association des Maires de la Martinique durant quatre années et ensuite a rejoint à nouveau le Conseil Général en tant que Directrice Générale Adjointe chargée des questions culturelles, éducatives, sportives et environnementales et touristiques. Est la première femme à diriger le Centre National de la Fonction Publique Territoriale (CNFPT) délégation Martinique depuis le 1 er septembre 2010 à l’issue d’un appel à candidature. A été promue, le 1 er janvier 2011, au grade d’Administratrice territoriale (plus haut grade de la fonction publique territoriale). Activités universitaires : Suite à la soutenance de sa thèse le 10 mai 2011, a été invitée par l’Université de Corte en Corse à participer à un colloque sur la gestion des crises et a présenté l’expérience de la Ville de Fort-de-France dans ce domaine. A participé au séminaire organisé par le Centre de Recherche sur les Pouvoirs locaux dans la Caraïbe (CRPLC) à l’Université des Antilles et de la Guyane sur la notion de l’autonomie animé par le Professeur Antoine DELBLOND de l’Université de Nantes. Et y a présenté une communication. A été l’invitée de l’émission télévisée « CLUB Actu » d’Antilles télévision le 26 juin 2011 pour évoquer la gestion du foncier en Martinique. (lien  : www.atv.mq/mode/268). A été l’auteur d’un article dans le journal « Antilla » sur la gestion foncière, a fait l’objet de plusieurs articles dont celui de son directeur de thèse, le Professeur Antoine DELBLOND lien : www.facebook.com/note.php?note), du Journal France Antilles Martinique sur son activité professionnelle, d’un témoignage de l’Ex-directeur général des services du Conseil Général de la Martinique. A animé un atelier lors de la Journée Outre-mer qui s’est tenue le 21 novembre à la Mairie de Paris à l’invitation de l’Association des Maires de France devant un auditoire de plus de 600 élus locaux ultramarins. A été invitée à participer au Symposium international à Clermont Ferrand (19 au 21 juin 2012) organisé par le PSDR (pour et sur le développement régional) les chemins du développement territorial. Sa communication était intitulée : Le concept de la gouvernance appliqué à la maîtrise foncière d’un micro territoire insulaire : la Martinique. A participé au Colloque international organisé par l’Université des Antilles et de la Guyane (CRPLC) intitulé « les entités infra-étatiques et les organisations de coopération et d’intégration régionales » les 25 et 26 mars 2013. A présenté une communication sur les collectivités ultramarines et les processus d’intégration et de coopération régionale  problématiques des territoires non indépendants, la démarche du CNFPT. Animatrice des Jeudis de l’Université sur le thème Demain pourrons-nous construire notre villa en Martinique ? ou la problématique de la gestion foncière. 16 MAI 2013  A participé le 10 avril 2014 à un colloque au Sénat intitulé, kaléidoscope de l’autonomie locale, organisé par le CRPLC, Université des Antilles et de la Guyane. Elle a présenté une communication sur l’autonomie managériale dans la fonction publique territoriale ultramarine. A présenté une communication universitaire à Strasbourg en septembre 2015 lors d’un colloque « dialogues et recherche » intitulée : la question des 50 pas géométriques et la notion de territoire. Activités CNFPT : Participe aux Rencontres Territoriales des Antilles et de la Guyane réunissant cadres dirigeants et élus locaux, organisées par le CNFPT tous les ans. Elle y anime des ateliers consacrés aux politiques publiques. A participé également aux Rencontres des Collectivités d’Outre-mer organisées par le CNFPT à Angers, en animant une table-ronde sur le management. Mme PUJAR est référente handicap pour le CNFPT et experte auprès du Ministère de l’intérieur et des collectivités d’Haïti. A reçu LE PRIX DU MANAGEMENT PUBLIC DURABLE en 2014 à Paris pour le CNFPT Martinique au Palais des Congrès, des mains du Président du Salon Public territorial pour la présentation originale d’actions de formation durable intitulées: initiation à l’anthropologie de la posture hiérarchique animée par un anthropologue guadeloupéen Albert FLAGIE suivie d’un séminaire « regards croisés sur nous-mêmes". C’est l’ensemble de la démarche qui a été saluée parmi plus d’une centaine de collectivités participantes. Activités littéraires : En marge de son activité professionnelle et universitaire, Mme PUJAR qui a obtenu un prix littéraire pour la rédaction d’une nouvelle intitulée « une journée dans la boutique de Manzel Yvonne ». Elle a par la suite publié son 1er roman, Vini vann, la boutique de Manzel Yvonne édité chez Kéditions en décembre 2015. Son 2 ème roman intitulé «Suzanne, trajectoire de vie, an didan, an dewo» est paru en mai 2019 aux Editions Sydney Laurent. Ce roman a été finaliste du prix FETKANN 2020 Maryse Condé. Co-organisatrice du groupe les SAJ, Sabine, Arlette, Jala, qui regroupe tous les auteurs de Martinique, environ 66 sont aujourd’hui recensés. Le but est de faire connaître tous les types de littératures (contes, essais, romans, bandes dessinées, jeux éducatifs) au grand public et de promouvoir la lecture. A présenté ses 2 romans au Salon du Livre de Paris lors de plusieurs éditions. A contribué à la rédaction d’un ouvrage scientifique «Collectivités territoriales et organisations régionales, de l’indifférence à l’interaction » chez L’Harmattan. Contribution : le rôle du CNFPT et la coopération internationale et décentralisée ainsi qu’à un ouvrage collectif « les trente ans de la loi littoral » publié chez l’Harmattan. Contribution : les 50 pas géométriques en Martinique. Guillaume de Reynal Read the full article
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