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Partageons mon rendez-vous lectures #11-2024 & critiques
Voici mes critiques littéraires sur Livres à profusion. Une avalanche de conséquences d’Elizabeth George. Une avalanche de conséquences d’Elizabeth George – Editions Pocket Au nord de la frontière de R.J. Ellory Au nord de la frontière de R.J. Ellory – Editions Sonatine Amnésia de Juan Echeverria Amnésia de Juan Echeverria – Editions Actes Sud Jeunesse En lecture, le dernier Karine Giebel, Et…
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Pas l'temps je lis (mars-avril 2023)
Pas l’temps je lis est la chronique que je tiens dans le supplément culture qui paraît chaque samedi dans le quotidien Le Temps. Ci-dessous vous trouverez la liste des livres présentés dans les chroniques. Elle permettra aux abonné.es du Temps de les retouver facilement, offrira des pistes aux lecteur.ices du blog et sera utile aux éditeurs.trices qui verront ainsi quels livres ont été retenus et auront une idée du ton de la chronique.
4 mars 2023 - John Lennon et Franz Kafka
John, Emmanuel Bourdier, Flammarion - Roman 10-12 ans
Kafka et la poupée, Larissa Theule, Rebecca Green, Les Editions des Eléphants - Album dès 5 ans
11 mars 2023 - L'amitié
L'Arbre généreux, Shel Silverstein, L'Ecole des loisirs - Album dès 5-6 ans
Un meilleur meilleur ami, Olivier Tallec, Pastel / L'Ecole des loisirs - Album dès 5-6 ans
Hipou, Oili Tanninen, La Partie - Album 0-3 ans
18 mars 2023 - Le Cycle de la vie
Il est où Diouke, Emilie Boré, Vincent Di Silvestro, La Joie de lire - Album dès 5 ans
La Fougère et le bambou, Marie Tibi, Jérémy Pailler, Kaléidoscope - Conte dès 5-6 ans
Insectorama, Lisa Voisard, Helvetiq - Documentaire dès 8 ans
25 mars 2023 - Salon du livre de Genève
Elles : tomes 1 et 2, Aveline Stokart, Kid Toussaint, Le Lombard - Bande dessinée dès 11 ans
Magda, cuisinière intergalactique, Nicolas Wouters, Mathilde Van Gheluwe, Sarbacane - Bande dessinée dès 10 ans
Le Livre bleu, Germano Zullo, Albertine, La Joie de lire - Album dès 5 ans
Dix petites souris, Colin Thibert, Haydé, La Joie de lire - Album dès 3 ans
1er avril 2023 - Dès livres animés pour les petits
Bleu pop. Blanc pop, Aurore Petit, La Martinière - Livres animés dès 9 mois
Jazzy dans la jungle, Lucy Cousins, Hélium - Livre à caches dès 2 ans
La Souris qui portait sa maison sur son dos, Jonathan Stutzman, Isabelle Arsenault, Les éditions des Eléphants - Album dès 3-4 ans
08 avril 2023 - Des romans pour les vacances
Moumoute et la boîte aux trésors, Inbar Heller Algazi, L'Ecole des loisirs - Roman dès 6 ans
Suzanne Griotte et le parc aux limaces, Thibault Bérard, Clément Devaux, Gallimard Jeunesse - Roman dès 8 ans
Les treize sorcières, Jodi Lynn Anderson, Nathan - Roman dès 9-10 ans
15 avril 2023 - L'engagement à hauteur d'enfant
La Chambre de Warren, Jérémie Moreau, Albin Michel Jeunesse - Album dès 4 ans
Eddie et Noé: plus chauds que le climat, Max de Radiguès, Hugo Piette, Sarbacane - Bande dessinée dès 11 ans
Le Cercle des Dryades : opération Eurydice, Richard Couaillet, Actes Sud Jeunesse - Roman dès 8-9 ans
22 avril 2023 - Le pouvoir de l'imagination
L'Ami du grenier, Mamiko Shiotani, La Partie - Album dès 4 ans
On ferait comme si, André Marois, Gérard DuBois, Grasset Jeunesse - Album dès 5 ans
L'Idée du placard, Jean-Luc Englebert, Pastel / L'Ecole des loisirs - Album dès 6 ans
29 avril 2023 - En vacances
Ah! les voyages, Marie Caudry, Editions Thierry Magnier - Album dès 5 ans
Emile dort chez des gens, Vincent Cuvellier, Ronan Badel, Gallimard Giboulées - Album de 3 à 6 ans
Presque perdu, Hervé Giraud, Aurélie Castex, Seuil Jeunesse - Roman dès 8-9 ans
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Arnaud Célérier est né à Paris, les origines familiales d’Arno ne lui laissent aucune chance d’éviter une profession artistique : père musicien, mère styliste et grands-parents peintres et professeurs de dessin.
Pour plusieurs éditeurs, il créé des albums jeunesse et des livres pop-up à monter soi-même. Sarbacane, Thierry Magnier, Actes Sud, Rouergue mais aussi deux maisons marseillaises Les Apprentis Rêveurs et Le Port a jauni.
À Belsunce, Marseille, il partage un atelier. En petit, en grand, des projets éditoriaux en commun se créent, des projets de scénographie émergent, workshops et formations pop-up se développent.
Poèmes de Roches et de Brumes, Le port a jauni, 2018 Ma rosée du matin, Thierry Magnier, 2018 À la découverte de l’espace, Les Apprentis Rêveurs, 2016 Un tout petit point, Les Apprentis Rêveurs, 2015 Animanège, Rouergue, 2014 Trafic Océan, Les Apprentis Rêveurs, 2014 Panic City, Les Apprentis Rêveurs, 2014 Un tigre dans mon jardin, Les Apprentis Rêveurs, 2012 Ce matin, Actes Sud Junior, 2012 Je te protégerai, Sarbacane Éditions, 2008
#strasculturechezvous#culturechezvous#Illustration#Pop-Up#livresanimés#livresjeux#arno#arnaudcélerier
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La romancière cubaine Zoé Valdés, exilée en France depuis 1995, ici en juin 2018. PATRICK GAILLARDIN / HANS LUCAS Zoé Valdés : « Je voulais à tout prix offrir à ma fille la liberté », par Sandrine Blanchard ENTRETIEN Je ne serais pas arrivée là si... « Le Monde » interroge une personnalité en partant d’un moment décisif de son existence. Cette semaine, la romancière évoque son itinéraire entre Cuba et la France. Romancière cubaine exilée en France depuis 1995, Zoé Valdés, auteure notamment du Néant quotidien (Actes Sud, 1999) et de La Douleur du dollar (Actes Sud, 1999), vient de publier Désirée Fe. « Desirée Fe », de Zoé Valdés, éditions Arthaud (traduction d’Aymeric Rollet), 360 pages, 19,90 €. Je ne serais pas arrivée là si… … Si je n’avais pas eu la force de continuer à écrire. C’était en 1993, je vivais à Cuba, j’étais enceinte de ma fille et dans la détresse. J’avais peur pour moi, pour l’avenir de mon enfant, pour l’avenir de mon pays. Je ne voulais pas pour ma fille la vie que j’avais vécue. J’avais parfois tellement faim que je voulais dormir pour oublier. Je faisais des cauchemars dans lesquels je me voyais en train d’empêcher mon bébé de sortir de moi. A La Havane, vous avez grandi parmi des femmes. Quelle éducation avez-vous reçue ? J’ai été élevée par ma grand-mère, ma mère et ma tante. Ce sont les femmes de ma vie. Après le divorce de mes parents, on ne savait pas où aller avec ma mère. Ma grand-mère nous a sauvées en nous accueillant chez elle, dans une petite chambre du quartier de la vieille Havane. C’était trois femmes un peu folles. Ma grand-mère, née en Irlande, avait tout plaqué, son mari chinois, ses enfants pour devenir comédienne. Pour elle, la vie c’était le théâtre. J’étais sa complice. Elle me donnait des textes et répétait avec moi. Ma mère, désespérée d’avoir été abandonnée par mon père, était serveuse et ne lisait qu’un seul livre : Don Quichotte illustré par Gustave Doré. Elle était possédée par ce livre qu’elle emportait partout avec elle. Quant à ma tante, elle ne lisait que des romans à l’eau de rose. J’ai reçu une éducation très libre. Ma mère me laissait la clé de la chambre : « Débrouille-toi, nous devons travailler. » Soit, je m’enfermais et je lisais des histoires, soit, pour avoir de l’espace, je sortais dans la rue pour jouer. Puis vous avez été hébergée dans un cinéma… La maison dans laquelle nous vivions était très délabrée. Un jour, les autorités du quartier nous ont dit que nous devions partir. Nous sommes allées dans un foyer où il y avait un étage pour les hommes et un pour les femmes et les enfants. La nuit, il y avait régulièrement des problèmes et de la violence. Ma grand-mère ne voulait pas que l’on reste là. Comme parfois nous allions aux Actualidades, le cinéma d’en face, elle a parlé avec la vendeuse de tickets pour lui demander si on pouvait s’y réfugier. Elle a accepté. Nous dormions sur les chaises et nous nous lavions dans les toilettes du cinéma où l’on regardait beaucoup de films soviétiques. Vous avez vu aussi plus de soixante fois « Les Demoiselles de Rochefort » ! Ce film est passé pendant des semaines. Ces robes de couleur, ces chapeaux, ces filles qui dansaient. C’était tellement différent de ce que l’on vivait. Ce film me faisait énormément rêver. Je voulais être Françoise Dorléac, j’aimais sa voix rauque, son rire. Et puis cette scène avec Gene Kelly autour du piano… c’était magique ! Quels étaient vos rêves à cette époque ? J’avais déjà l’idée de devenir écrivaine mais je n’osais pas en parler. A chaque fois qu’il se passait quelque chose, ma grand-mère disait : « Il faut écrire, ne pas oublier. » A 11 ans, j’ai commencé un journal. Elle voulait que je sois artiste, que je continue son histoire. Par contre, ma mère, beaucoup plus pratique, m’incitait à apprendre à cuisiner, pour avoir un travail plus tard. « C’est bien d’écrire mais ça ne donne pas à manger et puis, dans ce pays, écrire est très dangereux », m’expliquait-elle. Ma grand-mère me donnait des livres qu’elle avait précieusement conservés. Baudelaire, Lorca, Ronsard, Rabelais, Jules Verne et Platero y yo de Juan Ramon Jimenez, le plus beau livre de ma vie. Elle voulait que je sois dans un monde où le pouvoir était l’imaginaire et la liberté, que je ne sois pas enfermée dans la réalité. Vous êtes née en 1959, année où Fidel Castro prend le pouvoir à Cuba. Quand prenez-vous conscience du système politique dans lequel vous vivez ? Dans mon cas, très tôt parce que ma grand-mère a été dès le début anticastriste. Ma mère, elle, était apolitique. Ce qu’elle aimait par-dessus tout, c’était danser. Mon père a été pro-Castro, très impliqué dans la révolution, puis s’est vite opposé et a fait cinq ans de prison avant de partir aux Etats-Unis. Ma grand-mère me disait : « Tu ne peux rien raconter de ce qu’on dit à la maison. Il faut avoir un double langage, toujours dire à l’école qu’on est révolutionnaire. » Et puis on se cachait pour aller à l’église. Je n’ai connu mon pays que sous la tyrannie. Après vos études, vous allez pouvoir partir à Paris, de 1984 à 1988, travailler au sein de la délégation cubaine auprès de l’Unesco. Ce n’est pas moi qui avais été nommée mais mon mari, Manuel Pereira. Il avait écrit un article sur un film que Fidel Castro n’avait pas aimé. Il a envoyé Alfredo Guevara – qui avait produit ce film contre l’avis de Castro – et son équipe de l’Institut du cinéma, dont mon mari faisait partie, dans une espèce d’exil « de velours ». On a dû se marier avant qu’il parte, j’avais 18 ans et je l’ai rejoint quelques années plus tard. Lorsque je suis arrivée en France, j’ai travaillé comme contractuelle au sein de la mission cubaine à l’Unesco. J’étais payée 632 francs par mois, je devais notamment découper tout ce qu’il y avait dans la presse sur Cuba. Cela a été une période très enrichissante car j’ai appris la liberté. Je me souviens être entrée un jour dans une librairie avec une amie Vénézuélienne et découvrir, sur la table de vente, Lettre à Fidel Castro de Fernando Arrabal. J’ai dit à mon amie : « Il faut sortir. » Elle me répond :« Mais pourquoi ? On est dans un pays libre. » Je lui explique : « Mais si quelqu’un me voit avec ce livre ? » Elle sourit : « Mais personne ne va te voir ! » J’ai compris que j’étais formatée. Je n’avais pas vécu normalement ma jeunesse. Là, en France, dans ces années 1980 très libres, je voyais à la télévision « Les Guignols de l’info », les Coco-girls… Je vivais des choses que je n’aurais jamais imaginé pouvoir vivre. Mais, en 1988, j’ai commencé à avoir des problèmes. Que se passe-t-il alors ? On m’avait invitée à des journées littéraires et je me suis mise nue pour une photo. L’ambassade de Cuba l’a su. Pourquoi nue ? J’étais avec des poètes cubains qui avaient été invités dans une université du sud de la France. Nous étions tellement émus en découvrant le pont Van Gogh à Arles (Bouches-du-Rhône) que j’ai voulu poser pour une photo comme un Christ nu ! Quelqu’un m’a dénoncée. Et puis, à Paris, je commençais à connaître des gens, à m’échapper tous les soirs. Mon mari a estimé qu’on ne pouvait plus continuer comme cela. Je suis rentrée à Cuba et j’ai divorcé. Comment se passe ce retour à Cuba après quatre années à Paris ? Cela a été très difficile. Je suis retournée vivre avec ma mère qui supportait mal que je sois une femme divorcée. Je voulais changer les choses de l’intérieur avec tout ce que j’avais appris en France. J’ai cherché du travail, dans les cinémas, les bibliothèques, mais à chaque fois on me répondait : « Impossible. » J’ai participé au mouvement des peintres et écrivains qui se formait à Cuba. On faisait des expos sauvages, de l’art dans la rue. Mais cela a été très vite mal vu et réprimé par la police. Et vous écrivez votre révolte dans « Le Néant quotidien », le livre qui va bouleverser votre vie… Le Néant quotidien a commencé par un poème écrit pour ma fille, Luna, qui venait de naître. Et s’est transformé en roman. Je l’ai apporté à un éditeur à Cuba qui m’a répondu : « Tu comprends bien que c’est impossible que je publie cela. » J’ai compris qu’on ne pourrait rien changer ici, qu’il fallait partir. J’ai donné mon manuscrit à deux journalistes de France-Soir qui étaient à Cuba et m’avaient demandé des contacts et aussi à un cinéaste français. J’ai décousu et recousu la doublure de sa veste pour glisser le manuscrit dedans. De retour en France, ce cinéaste a contacté un ami journaliste qui a remis mon manuscrit aux éditions Actes Sud. Ma chance a été que la traductrice de mon livre me dise : « Il faut qu’on te fasse sortir. Peux-tu préparer des conférences pour justifier une invitation ? » J’en avais une consacrée à la poésie de José Marti. Actes Sud m’a aidée pour le billet d’avion et j’ai pu partir. C’était le 22 janvier 1995. Quelle image gardez-vous de ce jour d’exil ? La peur que ma fille attrape froid à la sortie de l’avion et la crainte de l’insécurité : je ne savais pas ce que j’allais faire. Je ne pensais pas du tout que je pouvais vivre de mon écriture. Certains de mes amis français, socialistes, proches de François Mitterrand, supportaient mal mes critiques sur Cuba. La seule chose que j’avais en tête en sortant de l’aéroport, c’était de trouver du lait pour Luna. Les premiers jours, cela a été mon obsession. Heureusement un ami m’a trouvé des petits boulots de traduction. Et puis je suis tombée malade, paralysée d’un côté, avec de la fièvre en permanence. Un médecin m’a dit que j’avais la maladie des exilés, le foie gonfle parce que rien ne va à cause de la tristesse, de l’inquiétude, de la mauvaise alimentation. Sur le moment, cet exil est une punition. J’ai beau être libre, il y a des choses que j’ai entendues dans mon enfance, qui me restent dans la tête et notamment cette phrase, qui me faisait rire à l’époque de Castro : « Il faut transformer l’échec en victoire. » Quand je suis arrivée en France, elle me revenait à l’esprit et cela me mettait en colère parce que, à la fois, c’était ce que je vivais et les mots d’un tyran. Mais j’avais déjà connu la liberté, lors de mon premier séjour en France, et je voulais à tout prix cela pour ma fille. La liberté et qu’elle puisse choisir. « Choisir » ce verbe majeur, si cher à Gisèle Halimi. « Le Néant quotidien », sorti le 5 avril 1995, a été très bien reçu en France… Je remercierai toujours Actes Sud de l’avoir publié. Hubert Nyssen m’a beaucoup aidée. La critique dans « Le Monde des livres » signée d’Erik Orsenna a été celle qui a le plus dérangé le pouvoir à Cuba. Parce que c’était un article sérieux mais avec l’humour d’Erik Orsenna et puis avec ce titre « Sortez-moi de là » ! L’attaché politique de l’ambassade cubaine est venu me voir et ce fut violent. Le lendemain, paraissait un entretien que j’avais donné à Libération. Depuis ce moment-là je suis sur la liste noire et j’y suis toujours. Avez-vous douté de pouvoir rester en France ? Oui parce qu’on m’a dit à plusieurs reprises que je n’aurais pas mes papiers. Lors de mon premier rendez-vous à la préfecture de police, on m’a tout de suite recommandé de partir aux Etats-Unis. En 1998, j’ai été membre du jury du Festival de Cannes mais j’étais sans papiers. C’est incroyable ! Les choses se sont débloquées quand j’ai obtenu la nationalité espagnole, pays où j’ai reçu, en 1996, le prix Planeta pour La Douleur du dollar. La dotation de ce prix m’a permis d’avoir un vrai logement en France. Ensuite, grâce aux papiers européens, j’ai eu une carte de séjour, puis la nationalité française. Votre mère va vous rejoindre en France en 1999… Cela a été très difficile de faire sortir ma mère. La Douleur du dollar a dérangé Fidel Castro parce qu’il y est un personnage, je me moque de lui, il a le surnom de XXL. A cette époque, dans un long discours de sept heures trente, il dit que la révolution cubaine a « trois ennemis », Guillermo Cabrera Infante, Reinaldo Arenas et moi. Ma mère commence alors à avoir des problèmes. Je me dis qu’il faut qu’elle sorte de Cuba. J’avais une amie qui avait travaillé avec le militaire cubain qui interrogeait ma mère. Il a fallu que je verse à cet homme 350 dollars tous les mois sur un compte au Canada. Mais rien ne changeait pour ma mère. Un jour, lors d’un entretien avec une journaliste de Paris Match, elle me demande des nouvelles de ma mère, je lui parle de cette histoire. Elle me dit : « Il faut raconter ça, c’est la seule solution. » Quelques semaines plus tard ma mère est arrivée en France, exilée politique. Le corps, l’érotisme sont souvent présents dans vos livres. Pourquoi ? C’est un espace de liberté. Sous un régime totalitaire, le corps de la femme devient une arme de résistance, même si elle ne le pense pas. On l’utilise pour comprendre qu’on est vivante. La sexualité prend une importance incroyable, presque démesurée. L’écriture m’a permis de comprendre pourquoi j’avais cette férocité dans mon corps. Qu’est-ce qui vous manque le plus de Cuba depuis toutes ces années ? La mer, l’odeur de la mer. Mais plus rien parce que Cuba est à l’intérieur de moi. Je n’ai rien perdu. C’est cela aussi la force de l’écriture. Je suis une exilée, pas une immigrée. La douleur de l’exil ce n’est pas la perte de son pays c’est, comme le dit le poème de Constantin Cavafy, de savoir que, à la fin, l’Ithaque que vous avez laissé, vous l’avez perdu pour toujours. Zoé Valdés : « Je voulais à tout prix offrir à ma fille la liberté » zoevaldes.tumblr.com
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Interview ECRIVAIN - Julien Dufresne-Lamy “Jolis Jolis Monstres”
Credit Photo : Editions Belfont.
“Être monstre, c’est 24/24. Si tu n’as pas ça au fond des tripes, tu peux dézipper ta robe à sequins et la laisser mourir.”
Apres une belle rencontre avec Julien Dufresne-Lamy lors de la rentrée littéraire de cette automne à la Librairie Sauramps pour son nouveau roman “ Jolis Jolis Monstres” aux éditions Belfont.
Nous attendons, avec impatience son retour à la libraire Fiers de Lettres à Montpellier, le 13 février à partir de 18h45 pour une rencontre dédicace, suivi de la cinquième édition des Pimp My Drag, scènes ouvertes drags organisées par Support Your Local Girl Gang au bar le COXX, et hosted par un drag king : Clark Ken, une drag queen : Fiona de Fion et un.e Drag Queer : Enzo Mademoiselle.
Cet auteur s’était déjà bien fait remarquer dès son premier roman “Dans ma tête, je m'appelle Alice”publié en 2012 chez Stock, également écrivain pour une collection jeunesse pour Actes Sud, il nous livre ici un roman complètement fictionnel, mais inspiré par un monde bien réel qui le fascine avec ses personnages hauts en couleurs, remplies de paillettes, d’extravagance et qui se défient lors des ballrooms, au rythme d'une danse que l'on appelle le Voguing. Grâce au personnage de James nous rentrons dans le monde des drags et des houses de New York, marqué par le début des années Sida.
Sur trois décennies, de Los Angeles à New York en passant par Atlanta, “Jolis jolis monstres” aborde avec beaucoup de finesse et de fantaisie la culture « drag », l’art du voguing, la question du genre. Alors que le puritanisme reprend place dans nos sociétés, que les homosexuell.e.s sont persécuté.e.s en Tchétchénie et jeté.e.s dans des camps, que le gouvernement Trump piétine les droits LGBT+ ou que l’État islamique en fait un combat idéologique à l’image de l’attentat d’Orlando, crime homophobe le plus grave de l’histoire américaine, ce roman haut en couleur est une prise de parole essentielle.
Ce roman a été notre gros coup coeur et a fait l’unanimité dans la crew de SYLGG, celui-ci est un ode à un monde de la nuit fait de fête, d’amour et de tolérance, l'auteur a réussi a nous retranscrire avec finesse, délicatesse et surtout sans fausses notes, ce milieu empli de “jolis monstres” (comme ils disent).
Comment t'es venue l'idée des sujets de culture drag, le voguing et la scène ballroom et quel a été ton travail pour documenter ton roman ?
Pendant des années, j’aimais voir des show drags, surtout quand je voyageais, à Londres, Berlin, New-York. J’avais l’impression de toucher du doigt un exotisme, du moins une culture qui n’était pas la mienne. Et mon intérêt s’est consolidé avec l’émission de Rupaul que je regardais dans des qualités pourries durant des années. Un jour, je me suis dit, tiens mais le corps, la réinvention, l’apprentissage, le théâtre, la famille, toutes ces thématiques au cœur de mon travail d’auteur sont aussi au cœur du milieu drag : je dois écrire sur cette fabuleuse histoire. Leurs fabuleuses histoires.
Ces trois univers ont été rendues mainstream à travers une émission comme RuPaul’s Drag Race ou encore la visibilisation des houses de voguing et de la scène ballroom, qu’en penses-tu ?
Il faut prendre le verre à demi plein, c’est formidable que les minorités prennent la parole, que la diversité soit représentée, que les drags existent de plus en plus, se répandent, que l’art de la transformation suscite des vocations chez les plus jeunes. Evidemment, la limite à tout ça est l’authenticité, la perte de l’engagement politique, la soif de divertissement, qui plus est stéréotypée par les codes télévisuels : les drags issues de RPDR ont tendance à se ressembler toutes, même padding, même maquillage, même démarche, même personnalité, alors que l’art drag est le monde dans son entièreté, c’est la capacité d’incarner tout et son contraire. Montrer l’altérité.
Crédit Photo : L’Ivresse Littéraire
Quel a été l'impact des années SIDA, sur ta construction individuelle et d'auteur, tu traites ce sujet dans ton roman, en quoi est-ce important de les "raconter" ?
C’est essentiel d’en parler toujours, quand bien même, né à la fin des années 80, je n’ai pas vécu l’œil du cyclone. Le sida fait pourtant partie de notre histoire LGBT comme une leçon, un héritage, il restera là tapi dans nos peaux, dans nos têtes, dans nos corps et cette période mortifère, si indicible, si inimaginable, a révélé une écriture, une urgence, une littérature, de Hervé Guibert à Guillaume Dustan, une quête de sens au plus près de l’os. Il faut s’en rappeler toujours et lire ces auteurs.
Peux-tu nous citer tes inspirations films, documentaires, drags et house de voguing ?
Quand je me suis lancé dans l’écriture, j’ai été frappé de voir le peu de sources académiques, littéraires sur le sujet drag et voguing, à part évidemment le docu Paris is Burning, une nouvelle de Cunningham, quelques coupures de presse du Village voice ou du NY Times. J’ai alors tissé une toile, d’indice en indice, de nom de drag en nom de drag, de club en club, un peu au hasard, et j’ai aimé cette débrouille-là, j’avais l’impression qu’elle correspondait trait pour trait à cet esprit drag des années 80.
Quant à mes inspirations, elles vont évidemment de Venus Xtravaganza, Divine, à John Cameron Mitchell, Dorian Corey, Octavia Saint Laurent, quelques participantes de Rupaul évidemment, Bianca del Rio, Sasha Velour, Alaska, Jink Monsoon et les maisons cultes Xtravaganza, LaBeija, Dupree comme les maisons parisiennes Ebony ou Ladurée et toutes les drags locales qui permettent de déplacer les lignes, nuit après nuit.
Quelques mots sur le légendaire Paris is Burning ?
Culte, indispensable, une référence incomparable, et pourtant il est important de savoir que même la commercialisation de ce doc underground a lésé les drags et autres mères de maisons ayant participé à ces années de tournage et de bals incessants. Elles n’ont pas été payées, puis finalement ont reçu une misère pour ce film qui finalement a un succès conséquent en salles d’art et essai. L’injustice toujours pour ceux et celles que le monde s’acharne à piétiner.
Des nouveaux projets ?
En septembre, je sors un nouveau roman, un double intime des Jolis jolis monstres, un roman qui parlera de transidentité mais avant tout un roman d’amour et de famille. Et je publie régulièrement des textes pour adolescents, le prochain livre sort en mars et une série feuilletonnante de quatre tomes est prévue à partir de la rentrée, sur les jeunes et leurs rapports venimeux aux réseaux sociaux.
“ Certains disent qu’on est des monstres. D’autres pensent qu’on est les plus belles choses de ce monde. Nous sommes des centaures, des licornes, des chimères à tête de femme. C’est vrai que nous sommes les plus jolis monstres du monde. “ Venus Extravaganza
Venus Xtravaganza, fille d’Angie Extravaganza, Mother de la House of Xtravaganza, était une artiste transgenre américaine. Elle a attiré l'attention nationale après son apparition dans le film documentaire de Jennie Livingston, Paris Is Burning, de 1990, dans lequel sa vie de femme trans forme l'un des nombreux arcs du film. Venus a été assassinnée le 21 décembre 1988, à New York à l’âge de 23 ans.
NB : Pour celles, ceux et celleux qui souhaitent approfondir le sujet des houses, du voguing et des origines de la culture ballroom, nous vous conseillons l’incontournable documentaire “Paris is Burning” dont Julien Dufresne-Lamy s’est inspiré pour son livre.
Caroline Heraud - Support Your Local Girl Gang
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SIRI HUSTVEDT - SOUVENIRS DE L’AVENIR
Actuellement disponible aux éditions Actes Sud
En 1978, une jeune femme en quête d’aventure, S. H., s’installe à New York dans l’intention d’écrire son premier roman. Mais elle se voit bientôt distraite de ses projets par sa mystérieuse voisine, Lucy Brite, dont les propos aussi confus qu’inquiétants lui parviennent à travers la mince cloison de leur immeuble décrépi. S. H. se met à transcrire les étranges monologues de Lucy, où il est question de la mort brutale de sa fille et du besoin qui la taraude de châtier son assassin. Jusqu’à cette nuit de violence où Lucy fait irruption dans l’appartement de S. H.
Quarante ans plus tard, S. H. retrouve le journal qu’elle a tenu cette année-là et entame un récit autobiographique – Souvenirs de l’avenir – dans lequel elle juxtapose savamment les textes contenus dans le journal, les ébauches du roman qu’elle tentait d’écrire alors, et les commentaires que ces brouillons de jeunesse inspirent à la romancière chevronnée qu’elle est devenue, afin de créer un dialogue entre ses différents “moi” à travers les décennies. Virtuose, incisif et poignant, le septième roman de Siri Hust vedt rassemble et magnifi e les thèmes qui ont fait d’elle l’un des écrivains les plus reconnus de sa génération : le caractère faillible de la mémoire, la brutalité du patriarcat, les traumatismes qui livrent leurs secrets bien des années plus tard, l’œuvre du temps et la capacité de l’imaginaire à recréer le présent, voire à le guérir. Ce “portrait de l’artiste en jeune femme”, voluptueuse superposition de récits, est un subtil alliage de réminiscences, de drôlerie et de magie narrative.
Informations : https://www.actes-sud.fr/catalogue/litterature/souvenirs-de-lavenir
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[RENCONTRE] 📇 Pour la rencontre entre Cécile Ladjali, directrice de collection aux éditions Actes Sud & Bruno Fuligni, écrivain & historien, les réservations du16 avril 20h se font sur www.reineblanche.com/ca…/en-chair-et-en-textes/bruno-fuligni
📚 L'entretien sera suivi par une séance dédicaces autour d'un verre offert à tous.🥂
Bruno Fuligni a été publié chez Editions Prisma, Éditions de L'Iconoclaste, Éditions Les Arènes, Plein Chant, Librairie Guénégaud, Éditions Horay, Ginkgo Editeur - Cela se passe chez nous, l'Éditeur, Éditions Albin Michel, Editions Tallandier, Éditions du Trésor, Editions Omnibus, La Librairie Vuibert, Editions Robert Laffont, Gallimard, Editions Arthaud, Fayard, Éditions Place des Victoires, Gründ Jeunesse
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Leurs parents avant eux
À Noémie et son petit filleul. Aux rencontres et aux ami·e·s.
Tout a été dit sur le dernier Goncourt. Sur le livre comme sur l’auteur. Des chapelets de compliments, de bons sentiments, pour un homme pourtant sans concession avec les autres et avec lui-même. De la justesse dans les propos, de la justice pour celles et ceux qu’il dépeint.
Leurs enfants après eux est une histoire universelle autant que singulière. Elle me plonge dans un monde que je ne connais pas. Celui des hauts-fourneaux, de la chaleur étouffante sans océan où se baigner, d’une population brassée et métissée. Elle me ressasse mon propre monde. Celui des classes laborieuses, du chômage qui touche toutes les familles, de l’alcool qui réconforte un peu trop, des jeunes qui vivent sur les places de village, à l’ombre des abribus. D’une jeunesse qui s’ennuie, qui s’abrutit, qui drague et qui grandit, qui espère des demains meilleurs, projetée vers un avenir déjà trop étriqué.
Nicolas Mathieu a séduit les lecteurs·rices, les journalistes. Il a affirmé son écriture équivoque : tantôt savante, tantôt rudimentaire. Celle d’un transfuge. Celle de celui qui n’est jamais tout à fait à sa place. Avec d’autres, il a participé à la compréhension de l’actualité sociale. Des Gilets jaunes. D’une certaine manière, il a fait du bien à « ma gauche », moi qui ne veux pas entendre parler de méritocratie, de talent, d’égalité des chances. Moi qui sais combien on est assigné à exister au sein d’un espace dans lequel on est né et dont on ne s’éloigne jamais complètement. Moi qui admets les contre-exemples, les exceptions mais qui assène à longueur de temps, à qui veut m’écouter, la mécanique des déterminismes sociaux, des possibles limités, des mondes dans lesquels on est enfermés et dans lesquels on s’enferme.
Nicolas Mathieu m’a rappelé comment adolescente j’attendais le départ de chez mes parents, que j’aimais si tendrement. Que je respectais tant. Il m’a rappelé les allers-retours permanents entre mon origine sociale et ce que je suis devenue. Il m’a rappelé combien les forces pour exister à la place qui n’était pas la nôtre étaient dures à mobiliser, combien le grand écart incessant épuisait. Il m’a rappelé comment, de part et d’autre de mes mondes, les discussions pouvaient être poussives, les relations risquées. Et il m’a rappelé combien j’aimais là d’où je venais. La simplicité, le parler sans détour, la banalité.
Nicolas Mathieu nous plonge dans un monde plus lent. La France des années 90 va moins vite mais semble ne pas souffrir d’accroc. Elle n’est pas arrêtée dans son élan par la sonnerie d’un smartphone. Elle admet les détours, les balades à pied. Elle fait côtoyer doutes et tergiversations. Elle ne partage qu’avec celles et ceux qui sont au même endroit, au même moment. Dans un même mouvement saisissant, il nous confronte à un basculement radical : la mort d’une vallée, la désindustrialisation de l’Est de la France.
Tout a été dit et pourtant. S’il est des enfants, il est des parents. Ceux qui pleurent le manque d’argent, le manque de travail, le manque d’ami·e·s, le manque de tout. Ceux qui regardent l’avenir inquiets, leurs enfants fiers, leurs propres parents impuissants. Ceux qui ne laissent jamais repartir leurs enfants le dimanche soir sans un panier rempli de légumes, sans un sac plein de yaourts, sans une quantité de faux tupperwares riche des restes du weekend. Ceux qui, avant eux, ont vécu de modestes existences, de rudes hivers, de tristes étés. Ceux qui, chanceux, regardent attendris la hardiesse de ces jeunes devenant adultes, sortant dans des bars, partant en vacances à l’étranger, faisant des études et gagnant mieux leur vie.
S’il est des enfants, il est des parents dont Nicolas Mathieu semble vouloir à tout prix, et à raison, lier aux sensations nouvelles de ces adolescent·e·s, attacher au cheminement de ces jeunes dont l’émancipation leur permet d’exister un peu. Encore. Avant de se retirer sur la pointe des pieds pour laisser la place à cette nouvelle génération. Et, de même, leurs enfants après eux.
« Il en est dont il n’y a plus de souvenir, Ils ont péri comme s’ils n’avaient jamais existé ; Ils sont devenus comme s’ils n’étaient jamais nés, Et, de même, leurs enfants après eux. »
Nicolas Mathieu, Leurs enfants après eux, éditions Actes Sud, 2018
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Un grand merci aux éditions Actes Sud Junior pour l’envoi de cet album jeunesse dès plus délicat. Un récit muet sur la vie qui vous donnera peut-être un petit pincement au coeur en pensant aux personnes (et animaux) qui font vibrer votre coeur. A paraitre en avril !
╰☆ Résumé ☆╮
Une fillette s’est choisi un animal comme meilleur ami. Devenue une jeune fille, elle rencontre un garçon. Plus tard encore, elle attend un enfant. Trois âges de la vie, trois états de l’amour qui naît et renaît, avec ce même espoir en leitmotiv : “Que tu sois avec moi pour toujours”. Le texte écrit sous forme de petites strophes se double d’une narration en planches BD muettes où l’imagination du lecteur peut librement vagabonder. Un parti pris graphique fort pour un album profondément original.
✿ Mon avis ✿
Si vous êtes une personne qui avez au moins une fois dans votre vie eu un animal de compagnie, un amoureux que vous vouliez garder à vos côtés jusqu’à votre mort ou un enfant… cet album saura vous parler et vous émouvoir !
Particulièrement original de part son format « muet », cette bande dessinée touchera petit et grand en un rien de temps. Trois parties. Trois histoires qui peuvent être considérée comme la suite l’une de l’autre ou comme trois séquences de vie de personnes différentes. Quoi qu’il en soit, ces pages sont d’une douceur et d’une profondeur remarquables. Le livre est simple et court mais il vous donnera ce petit pincement au cœur. Celui que n’importe qui peut avoir quand il est l’heure de dire au revoir. Quand la dure réalité de la vie fait surface.
La palette de couleur est sobre et bleutée, de quoi apaiser les plus petits à l’heure du couché. L’émotion est au rendez-vous. Et tout cela sans une bulle de texte !
Seules trois pages sont accompagnées de quelques lignes de textes. Toujours le même. « Je voudrais que tu sois avec moi pour toujours ». C’est simple. C’est humain.
Honnêtes et authentiques, les auteurs vous emmènent à travers les étapes de la vie. Celle d’une jeune fille qui reçoit un chiot et partage tous ses moments avec lui. Celle d’une jeune femme qui rencontre l’amour de sa vie et avec qui elle partage ses nuits. Celle d’une maman qui apprend à connaître son bébé, celui qui restera dans son esprit pour l’éternité.
Des aventures, des étapes, des secrets partagés, des rires, des larmes… L’amour et le temps qui passe, voilà simplement ce que ces quelques pages nous illustrent avec un charme et une douceur certaine.
Un très bel album ! Merci Actes Sud Junior pour cette découverte.
CHRONIQUE #381 – Mars 2018
Titre : Pour toujours Auteur : C. Demilly & V. Mahé Editeur : Actes sud junior Parution : 2018 avril Nombre de pages : 32 Genre : BD / Jeunesse
★★★★☆ Pour toujours • C. Demilly & V. Mahé Un grand merci aux éditions Actes Sud Junior pour l'envoi de cet album jeunesse dès plus délicat.
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BD : LE PALMARÈS D’ANGOULÊME
BANDE DESSINÉE : LE PALMARÈS DU FESTIVAL D’ANGOULÊME
Voici le palmarès, officiel et non officiel, du Festival international de la bande dessinée, qui vient d’avoir lieu à Angoulême (Charente) :
COUP DE PROJECTEUR :
PRIX DU MEILLEUR ALBUM : «Révolution» de Florent Grouazel, 32 ans, et de Younn Locard, 35 ans, chez Actes Sud/L'An 2. C’est le premier tome (d’un peu plus de 1000 pages !), consacré à l’année 1789, d’une trilogie qui racontera la Révolution française.
LES AUTRES RÉCOMPENSES :
GRAND PRIX : Emmanuel Guibert, né en 1964 à Paris et qui, en 2017, avait déjà obtenu le Prix René Goscinny pour l'ensemble de son œuvre. FAUVE D’HONNEUR : l’américain Robert Kirkman (né en 1978), célèbre notamment pour sa série «The Walking Dead». PRIX SPÉCIAL DU JURY : «Clyde Fans» du canadien Seth, aux Editions Delcourt. PRIX DE LA SÉRIE (décerné à une œuvre en au moins quatre volumes) : «Dans l'abîme du temps» de Gou Tanabe, aux Editions Ki-Oon. PRIX RÉVÉLATION (décerné à l’album d’un jeune auteur) : «Lucarne» de Joe Kessler, aux Editions L'Association. PRIX DE L’AUDACE (décerné à un album innovant) : «Acte de Dieu» de Giacomo Nanni, aux Editions Ici même. PRIX DU PUBLIC : «Saison des roses» de Chloé Wary, aux Editions Flblb. PRIX DU PATRIMOINE (décerné à un album «faisant partie de l’histoire mondiale du 9e art) : «La main verte et autres récits» de Nicole Claveloux et Édith Zha, aux Editions Cornelius. PRIX DU POLAR (décerné à un album policier ou thriller) : «No Direction» d'Emmanuel Moynot, aux Editions Sarbacane. PRIX JEUNESSE (décerné à un album destiné aux 8-12 ans) : Camille Jourdy pour «Les Vermeilles», chez Actes Sud BD. PRIX JEUNES ADULTES (décerné à un album destiné aux jeunes de 13 ans et plus) : le quatrième tome du «Tigre des neiges» d’Akiko Higashimura, au Lézard Noir. PRIX DE LA BANDE DESSINÉE ALTERNATIVE («non professionnelle») : «Komikaze», œuvre collective croate. Pour en savoir plus : https://komikaze.hr PRIX KONISHI (décerné à un manga) : le deuxième tome de «Stop!! Hibari-kun!» d'Hisashi Eguchi, aux éditions Le Lézard Noir. PRIX DES ÉCOLES D’ANGOULÊME : «La quête» d'Albert d'Isabelle Arsenault, chez La Pastèque. PRIX DES COLLÈGES : «Obie Koul, un week-end sur deux chez mon père» (tome 1) de Pierre Makyo et Alessia Buffolo, chez Kennes. PRIX DES LYCÉES : «Le Voyage de Marcel Grob» de Philippe Collin et Sébastien Goethals, chez Futuropolis. PRIX D’ANGOULÊME DE LA BD SCOLAIRE : Alex Adamiak. PRIX ESPOIR DE LA BD SCOLAIRE : Gaspard Mérigalet. PRIX DU SCÉNARIO DE LA BD SCOLAIRE : Sapho Ferrone. PRIX DU GRAPHISME DE LA BD SCOLAIRE : Adrien Nunez Béchet. CONCOURS #DRAWMECOMICS : Simon Boileau et Florent Pierre pour «Fringale Rurale». PRIX DES LIBRAIRES DE BD : Alain Ayroles et Juanjo Guarnido pour «Les Indes fourbes», chez Delcourt. PRIX JEUNE TALENT : Adèle Maury. HIPPOCAMPE D’OR (décerné à un auteur en situation de handicap) : Emilie Lecocq pour "Notre présent pour notre futur". PRIX COUILLES AU CUL (décerné à un auteur menacé dans son pays) : Benabdelhamid Amine, alias Nime.
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Amnésia de Juan Echeverria
Amnésia de Juan Echeverria – Editions Actes Sud Jeunesse Amnésia de Juan Echeverria, présentation Ibrahim habite dans le 19ème. Il est parti pêcher à Bobigny. A 2 amis proches mais sent qu’un des deux s’est éloigné. C’est l’été, il va entrer au lycée. Avis Amnésia de Juan Echeverria Ibrahim est un jeune adolescent qui va entrer au lycée. Son frère a été assassiné par une bande rivale. Il vit dans…
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Roulez jeunesse! lectures en vrac
Le temps passe, la pile de livres grandit et avec l’envie d’en parler. Certains ont été de grands coups de coeur et il serait dommage de les laisser filer, même s’ils ont été largement remarqués ici et ailleurs. Alors, dans un désordre de genres, âges, années de parution, voici quelques livres jeunesse lus fin 2017.
Si Magali Le Huche n’existait pas, il faudrait l’inventer ! Et si elle n’avait pas été appelée à illustrer un texte de Elise Gravel, alors il resterait à créer cet album. Pour notre plus grand plaisir, Valérie Cussaguet, l’éditrice des Fourmis Rouges l’a fait.
C’est une histoire d’orphelins, d’une bande d’enfants qui vit à poil dans la forêt en totale autonomie et en bonne intelligence avec les animaux, dans un système qui fonctionne à merveille.
On les appelle « la tribu qui pue » parce que comme tous les enfants normalement constitués, ils n’aiment pas se laver et ne le font donc pas. Pourtant, ils auraient de quoi en apprendre aux adultes qui jettent tout et n’importe quoi dans la rivière : la tribu trie et récupère de vieilles boîtes de conserve pour en faire des casseroles et des emballages de chips pour y apprendre à lire. Tout semble être bien dans le meilleur des mondes. Cela n’a pas toujours été aussi simple car au village, ça grenouillait. Et pire encore. Je vais vous raconter ce qui s’est passé il y a quatre ans quand Yvonne Carré s’est mis en tête de remplir son nouvel orphelinat avec les enfants de la Tribu qui pue.
Et puis non, je ne vais rien vous raconter ; vous allez lire cette histoire à vos marmots, aux sages, aux propres, aux bien peignés; à ceux qui se mettent les doigts de nez et refusent de se baigner. Succès garanti.
La Tribu qui pue / Elise Gravel, Magali Le Huche. Les fourmis rouges, 2017
Comment parler de ce magnifique ovni dont l’humour est à chercher dans les détails qui ne sauront échapper à l’œil aiguisé des enfants ? Et qu’aurait pensé Horace-Bénédict de Saussure des dessins de cet album qui relate sa première expédition jusqu’au sommet du Mont Blanc ? Car le naturaliste, fondateur de l’alpinisme, s’il était soucieux de l’image qu’il donnait, l’était plus encore par la véracité, l’exactitude des informations qu’il souhaitait partager à travers le monde. Pour s’en convaincre, il suffit de regarder le petit film, récit animé de 8 minutes, « La conquête du Mont-Blanc, Horace-Bénédict de Saussure » réalisé par Daniela VAJ et Martin BERNARD (Viaticalpes, Unil, Lausanne, 2017) que l’on trouve facilement sur YouTube.
Gravure au trait, coloriée à l’aquarelle de Henri Levêque (vers 1790-1810)
Cet album nous fait prendre la mesure du rêve de l’explorateur, - de Saussure avait alors 47 ans -, la folie ou la taille de cette expédition pour l’époque, même si lui et son équipe n’ont pas été les premiers à atteindre ce sommet.
Et si vous voulez savoir pourquoi le narrateur, arrivé au sommet, en a plein les pattes, la solution vous attend à la dernière page. Quant aux enfants et leurs rêves d’explorateurs, ils ne seront pas prêts d’oublier cette aventure. A coup sûr lorsque par la suite, ils regarderont au loin une montagne, ils croiront deviner des petits personnages pas plus grands qu’une fourmi en gravir les pentes et Pierre Zenzius aura définitivement fait du beau travail !
L’Ascension de Saussure / Pierre Zenzius. Rouergue, 2017
Jusqu’à mes dix ans, j’ai cru que tous les enfants du monde avaient la même vie, partagée en deux mondes ; celui de la maison, avec ses petites particularités, et celui de l’école, avec ses règles de politesse, ses comportements à adopter. Je m’appelle Mo et je vis dans une famille nombreuse et bruyante. Avec nos voisins, les amis, les chiens, les chats, nous formons une petite communauté très vivante. Normal, quoi ! C’est à l’occasion d’un exposé à préparer à deux que j’ai réalisé que ma famille était à l’opposé de celle d’Hippolyte Castant. Et c’est peu dire ! Chez Hippolyte, il y a des portraits d’ancêtres, de « héros », accrochés aux murs et les règles semblent peu ou prou les mêmes qu’à l’école. C’est impressionnant. Dans ma famille, il n’y a que des zéros et là, ils me mettent franchement la honte. J’aimerais ne pas être leur fils. Ils pourraient par exemple m’avoir adopté.
Qu’il est attachant notre Mo ! Jo Witek a su trouver les mots, poser les bonnes questions ; elle embarque son lecteur dans un récit touchant, drôle et ce dernier en vient rapidement à se dire que ce roman est indispensable et devrait être lu par tous les enfants en âge de le lire.
Y a pas de héros dans ma famille ! / Jo Witek. – Actes Sud Junior, 2017
Ce roman qui pourra être lu dès 11 ans m’a bouleversée et j’ai eu peine à le lâcher. Il prend place au tout début de la Seconde guerre mondiale. Peter, orphelin de mère, vit avec son père, un homme dur et peu causant et trouve du réconfort, de l’affection auprès de Pax, un renard qu’il a apprivoisé, à moins que ce soit le contraire. Lorsque le père s’enrôle dans l’armée, il confie Peter à son grand-père à 500 km de là. Il est hors de question de prendre avec le renard et la séparation est difficile. Dès lors, Peter qui n’a cesse de retrouver Pax dont il craint qu’il ne sache se débrouiller seul, décide de fuguer. De son côté, le renard est également inquiet pour son ami. Le récit à deux voix alterne le point de vue du garçon et celui du renard qui devient un personnage à part entière, avec toute son animalité et une part d’ « humanité » en ce sens que l’auteure lui prête des mots, des pensées. Sur sa route, Peter est hébergé, instruit, par un personnage féminin magnifique. Pax, lui, fait connaissance et apprend les règles de ses congénères renards, dont une jeune femelle.
Pax et le petit soldat / Sara Pennypacker, Jon Klassen, Gallimard, 2016
Autre chérie de l’année 2017, Vania Strudel, héroïne (malgré elle) et narratrice de ce roman où l’on rit beaucoup même si on est désolé pour cette jeune fille de quinze ans qui cumule tares et catastrophes ! Si ce n’était que son nom… mais Vania a aussi un père taxidermiste qui roule dans une Ouafmobile poilue, des ennemies jurées - accessoirement les plus populaires du lycée - et un œil qui tombe autant que celui de l’Inspecteur Colombo. Pour s’en sortir, une solution : garder son sens de l’humour et son franc parler. Ajoutons que Vania a un meilleur ami, Pierre-Rachid, Pirach pour les intimes, qui habite sur le même palier. Si ses parents l’ont doté de ce prénom étrange, c’est par souci d’intégration. Mais voilà-t-y-pas qu’un jour Pirach tombe amoureux et sort avec la pire ennemie de Vania. Cette dernière se retrouve isolée avec sa seule meilleure amie, Victoire, charmante jeune fille atteinte d’un fish-odor syndrom, qu’on appelle également triméthylaminurie. Cette maladie existe, je sors de Google ce nom savant à l’orthographe impossible. Pour faire bref, Victoire sent le poisson pourri. J’arrête là par crainte de vous voir tourner la page. Il faut lire ce roman qui aborde sous ses abords loufoques des thèmes importants. Vous y découvrirez une héroïne très attachante, intelligente, un père attentif qui cherche à chaque instant à palier à l’absence de la mère de Vania. Ce n’est que quand vous l’aurez terminé que vous l’offrirez à vos ados préféré.e.s.
La Fourmi rouge / Emilie Chazerand. Sarbacane, 2017
Dans un temps futur, le Nouveau Monde, où, nous dit-on, l’ancien n’existe plus, Jeb va subir le traitement qui annihile tout sentiment et pouvoir faire son entrée dans la Communauté. Drôle de rite de passage ! Car c’est environ à l’âge de 12 ans que filles et garçons avalent la potion avec l’assentiment de leur mère. Mais Jeb qui est un garçon sensible ne veut pas perdre ses émotions, au péril de l’équilibre de la société et surtout de sa propre vie.
Aude fait son entrée dans un nouveau lycée de renommée. Elle y est mal accueillie et y subit des brimades dont elle n’ose pas parler à son père. Alors elle s’isole dans un couloir au dernier étage du bâtiment. Un jeune surveillant qui vient à passer s’intéresse à elle et devient rapidement son confident, le seul à la comprendre, la soutenir. Jusqu’à quand ?
Les deux récits de vie de ces adolescents s’alternent, dans l’horreur d’êtres à briser ou qui l’ont été, comme la mère de Jed, et leur solitude. Quel est le lien mystérieux qui les unit, nous dit-on en quatrième ? Jusqu’à la chute, ce beau roman pour adolescents, mi-récit de vie, mi-dystopie, à l’écriture ciselée, parfois clinique quant elle n’est pas entachée de sang, est aussi sombre que sa première de couverture. Il a reçu la mention spéciale de la première édition du Prix Vendredi 2017.
Naissance des cœurs de pierre / Antoine Dole. Actes Sud Junior, 2017
L’écriture s’est échauffée, a pris le temps de trouver son rythme. Plus j’avançais, plus je l’aimais. Bien documenté, respectueux du public adolescent à qui il s’adresse et de ceux qui le traversent, il est une ode à la liberté, à la jeunesse et à tous ceux qui aimeraient changer le monde ou juste vivre dans ses marges, en parallèle. Il pose de bonnes questions sans se voiler la face, sans idéaliser les combats et les non-combats. J’ai nommé Dans le désordre de Marion Brunet, l’histoire de sept jeunes révoltés qui, à l’occasion d’une manifestation, vont se trouver, former une bande, une meute inséparable et s’installer dans un squat. Ils se soutiendront, s’aimeront, parfois très fort puisqu’il raconte aussi l’histoire de l’amour tragique entre Jeanne et Basile.
Dans le désordre / Marion Brunet. Sarbacane, 2016
LE Prix Vendredi 2017 du roman adolescent, grandiose !
Tout y est. Anne-Laure Bondoux, de sa belle écriture, nous fait partager la nuit avec ses deux protagonistes, une mère et sa fille adolescente, dans une cabane isolée au bord d’un lac. Il fait froid, faim, humide, la forêt sombre est à la fenêtre. Nine boude, elle devait être en soirée, sa mère l’a kidnappée, il n’y a pas de réseau. A l’intérieur, la nuit s’étire au rythme de secrets de famille que la mère souhaite transmettre à sa fille. Il est temps. Le poêle à bois est en route, le café se fait, les chaussons de laine sont enfilés, la tendresse s’installe. Il faut tenir jusqu’à l’aube, la fin du suspense, être prêtes le lendemain à la (re)construction d’une famille et pour Nine bientôt de son destin, comme avant elle sa mère et sa grand-mère l’ont tenté. Sur le lac, au matin, des hérons.
L’Aube sera grandiose / Anne-Laure Bondoux. Gallimard Jeunesse, 2017
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!FIBD2020!
Le Festival international de la bande dessinée d’Angoulême 2020 c’était du 30 janvier au 02 février et le palmarès est à retrouver dans les médiathèques de Strasbourg.
Grand prix du Festival d’Angoulême
Emmanuel Guibert
Prix du meilleur album
Liberté (Révolution tome 1), Florent Grouazel & Younn Locard, éd. Actes Sud, 2019
Prix spécial du jury
Clyde Fans, Seth, éd. Delcourt, 2019
Prix de la série
Dans l’abîme du temps, Gou Tanabe, éd. Ki-oon, 2019
Prix du Patrimoine
La main verte et autres récits, Nicole Claveloux & Edith Zha, éd. Cornelius, 2019
Prix Révélation
Lucarne, Joe Kessler, éd. L’Association, 2019
Prix de l’audace
Acte de Dieu, Nanni Giacomo, éd. Ici Même, 2019
Prix de la BD alternative
Komikaze, Ivana Armanini, édition indépendante
Prix Polar SNCF
No Direction, Emmanuel Moynot, éd. Sarbacane, 2019
Prix jeunesse
Les Vermeilles, Camille Jourdy, éd. Actes Sud, 2019
Prix jeunes adultes
Le tigre des neiges (tome 4), Akiko Higashimura, éd. Le Lézard Noir, 2019
Prix du public France Télévisions
Saison des roses, Chloé Wary, FLBLB éditions, 2019
Prix René Goscinny du scénario
Le Dernier Atlas, Gwen de Bonneval et Fabien Vehlmann, éd. Dupuis, 2019
Prix Konishi pour la traduction de manga en français
Stop Hibari Kun de Hisahi Eguchi, traduction par Aurélien Estager, éd. le Lézard noir, 2018
Prix des libraires de BD
Les Indes Fourbes, Alain Ayroles et Juanjo Guarnido, Delcourt, 2019
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Livres : la sélection des immanquables de Noël par la rédaction
Auteurs et éditeurs nous ont encore fait vivre une année riche en lectures. Faites-nous confiance, et surtout faites plaisir avec notre sélection des essais, romans, catalogues, beaux livres et bande dessinées qui ont marqué l'année 2019.
>> Retrouvez aussi les meilleures sorties musiques de cette fin d'année
sas.cmd.push(function() { sas.render("84812"); });
>> Sans oublier les meilleurs coffrets et ouvrages dédiés au cinéma, aux séries et documentaires
La tempête qui vient
de James Ellroy
Histoire interdite C’est peut-être le meilleur roman de l’auteur du Dahlia Noir – c’est dire comme cette Tempête d’histoires fera le cadeau idéal. Ellroy continue de fouiller les arcanes les plus sombres de l’Amérique post-Pearl Harbor. Avec son phrasé au rythme nerveux, musclé, inégalable.
Rivages/Noir, traduction de l'anglais (Etats-Unis) par Jean-Paul Gratias et Sophie Aslanides, 697 p., 24,50 €
A offrir d'urgence :
Yves Chaland – Une vie en dessins
Ligne claire Disparu en 1990 à 33 ans, Yves Chaland n’aura eu qu’une carrière éclair. Son œuvre continue pourtant de fasciner tant, entre la BD traditionnelle franco-belge et une ironie punk, elle faisait souffler un vent de révolution. Avec plus de 200 originaux reproduits, cette monographie, accompagnée d’un texte instructif de Jean-Christophe Ogier, rend un bel hommage au maître de la ligne claire ironique et à son trait toujours vif.
Champaka/Dupuis, édition XXL - 55 €
A offrir d'urgence :
Le Ghetto intérieur
de Santiago H. Amigorena
Onde de choc Le roman le plus fort, le plus bouleversant de la rentrée. Santiago Amigorena raconte comment son grand-père, Juif polonais installé à Buenos Aires dès les années 1920, va suivre de loin l’arrivée des nazis en Pologne et comprendre, peu à peu, que sa mère se retrouve prise au piège du ghetto de Varsovie. Un des textes les plus forts jamais écrits sur le sentiment de culpabilité de ceux qui restent.
P.O.L, 192 p., 18 €
A offrir d'urgence :
Rouge Impératrice
de Léonora Miano
Afrofuturisme Nous l’avons choisie pour faire la couverture de notre numéro de rentrée littéraire : Léonora Miano est devenue l’une des voix les plus fortes de la littérature française. Vaste fresque futuriste, Rouge Impératrice nous emporte dans une grande histoire d’amour sur fond d’Afrique unifiée, où les Occidentaux demandent asile. A dévorer pendant les vacances.
Grasset, 608 p., 24 €
A offrir d'urgence :
Ecrits stupéfiants – Drogues & littérature de Homère à Will Self
de Cécile Guilbert
Addictif De Homère à Will Self, de William Burroughs à Thomas de Quincey, ce livre est une bible sur les rapports turbulents qu’entretiennent les écrivains avec les hallucinogènes et autres drogues, racontés par eux-mêmes dans leurs œuvres. Une anthologie hautement stimulante.
Robert Laffont/Bouquins, 1440 p., 32 €
A offrir d'urgence :
Le Bouquin de la mode
d'Olivier Saillard
Du style De l’histoire des vêtements avant la mode à l’évolution de la mode à travers les décennies, de la présence des fringues dans les œuvres des plus grands écrivains à la poésie des plus grands couturiers, ceci est l’encyclopédie à avoir si vous aimez le style. D’autant qu’elle est signée par Saillard himself. Et c’est toujours moins cher qu’une robe Alaïa.
Robert Laffont/Bouquins, 1280 p., 32 €
A offrir d'urgence :
77
de Marin Fouqué
Chronique rurbaine Révélation de la rentrée, Marin Fouqué, 29 ans, nous a laissés pantois avec sa tchatche inspirée du rap et de la poésie sonore. Plongée en banlieue, dans le 77, autour d’un abribus, où quelques jeunes se croisent et se retrouvent. Ça pulse, c’est fort, et ça vaut le détour.
Actes Sud, 222 p., 19 €
A offrir d'urgence :
Le Modèle noir – de Géricault à Matisse
Décoloniser le regard C'est une exposition qui fera date. A Orsay, Le Modèle noir se penchait sur la représentation des figures noires à travers l'histoire de l'art, de Manet jusqu'à l'ère contemporaine. Dans le catalogue, une vingtaine d'essais mêlant histoire de l'art et histoire des idées approfondissent encore la problématique.
Musées d'Orsay et de l'Orangerie/Flammarion, 45 €
A offrir d'urgence :
Back Side – Dos à la mode
d'Alexandre Samson
L'envers du décor Il y a encore tout à dire du dos, dans une société obsédée par le visage. Tout, ou du moins de quoi construire une exposition, celle élaborée par le Palais Galliera au musée Bourdelle. Soit le traitement du dos dans la mode à travers les siècles, de la haute couture au vernaculaire. Les essais du catalogue permettent d'en approfondir toute la charge symbolique.
Paris Musées Editions, 35 €
A offrir d'urgence :
Mon année de repos et de détente
d'Ottessa Moshfegh
Press pause Si vous comptez sur Noël pour vous reposer, c’est le roman qu’il vous faut : une jeune héroïne décide de dormir pendant un an, à coups d’antidépresseurs et de somnifères. Pas forcément gai, mais diablement original, le deuxième roman d’Ottessa Moshfegh impose une nouvelle voix de la littérature US, proche de Bret Easton Ellis.
Fayard, traduction de l'anglais (Etats-Unis) par Clément Baude, 304 p., 20,90 €
A offrir d'urgence :
Beloved
de Toni Morrison
Classique américain Cette année, Toni Morrison nous a quittés. Il faut profiter du break de saison pour lire ou relire le chef-d’œuvre de cette immense voix de la littérature américaine, nobélisée en 1993. Inspiré de l’histoire vraie d’une esclave ayant tué son enfant, Beloved reste l’un des textes les plus puissants de l’histoire afro-américaine.
10/18, édition spéciale, traduction de l'anglais (Etats-Unis) par Hortense Chabrier et Sylviane Rué, 432 p., 9,10 €
A offrir d'urgence :
Peter Hujar – Speed of Life
Visages de l'East Village Il en sera passé, du beau monde, sur cette simple chaise en bois. Dans son loft de l'East Village, Peter Hujar fait poser la faune des années 1970-80 : les belles âmes anonymes, mais également Susan Sontag, David Wojnarowicz ou Gary Indiana. Sa vie elle-même est un roman, narrée dans le catalogue de l'exposition.
Jeu de Paume, Paris/MAPFRE, Barcelone, 49 €
A offrir d'urgence :
Paris de ma jeunesse
de Pierre Le-Tan
Paris de son cœur C’est le dernier livre que nous laisse le grand dessinateur Pierre Le-Tan, disparu en septembre dernier : une déambulation très modianesque (l’écrivain en signe la préface) dans ses souvenirs d’un Paris évanoui, nostalgique d’une élégance disparue. On y croise une galerie de personnages à haute charge romanesque. Et les dessins du maître : rues de Paris désertes comme s’il n’était déjà plus.
Stock, 144 p., 20 €
A offrir d'urgence :
Americanah
de Chimamanda Ngozi Adichie
Saga africaine En une poignée de romans, la jeune Chimamanda Ngozi Adichie s’est imposée comme la star de la littérature afro-américaine aujourd’hui. Son Americanah suit l’installation d’une jeune Africaine aux Etats-Unis, puis son retour au pays, avec un souffle puissamment romanesque. Poétique, amoureux, féministe : à mettre entre toutes les mains.
Folio, édition à tirage limité, traduction de l'anglais (Nigeria) par Anne Damour, 704 p., 9 €
A offrir d'urgence :
Encre sympathique
de Patrick Modiano
A la recherche du temps perdu Un nouveau voyage dans la mémoire, le Paris du passé, à travers une enquête : un homme recherche une femme disparue. Et s’il l’avait déjà connue ? Magnifique réflexion sur le destin et l’amour, un Modiano qui se dévore tout seul sous le sapin.
Gallimard, 144 p., 16 €
A offrir d'urgence :
L’avenir de la planète commence dans notre assiette
de Jonathan Safran Foer
Noël vegan Lâchez cette putain de tranche de foie gras ! Le climat est bousillé en grande partie à cause de l’élevage industriel (oui, même les oies), ce qui occasionnera des catastrophes à venir. Un livre urgent à lire et à offrir à Noël, par l’auteur du culte Faut-il manger les animaux ?.
Editions de l'Olivier, traduction de l'anglais (Etats-Unis) par Marc Amfreville, 304 p., 22 €
A offrir d'urgence :
Greco
sous la direction de Guillaume Kientz
Un Grec à Paris Né Domínikos Theotokópoulos en Crète en 1541, on le connaît surtout par son surnom, Le Greco, soit Le Grec, que l'on associe immédiatement à ces corps allongés aux couleurs acides. A l'occasion de sa première rétrospective en France, le catalogue se plonge sur l'histoire d'une reconnaissance tardive où Picasso, on le sait peu, jouera un rôle majeur.
Editions RMN/Grand Palais, 45 €
A offrir d'urgence :
Cassandra Darke
de Posy Simmonds
Féroce Albion Après avoir commis des fraudes, une marchande d’art misanthrope connaît la chute. Un concours de circonstances va l’impliquer dans une affaire de meurtre. Après les jeunes femmes fatales de Gemma Bovery et Tamara Drewe, l’Anglaise Posy Simmonds s’amuse avec le personnage de Cassandra Darke, vaguement inspirée du Scrooge de Dickens, et propose un reflet féroce de l’Angleterre contemporaine.
Denoël Graphic, traduit de l'anglais par Lili Sztajn, édition spéciale Noël 21.90 €
A offrir d'urgence :
Watchmen (édition annotée)
d'Alan Moore et Dave Gibbons, avec Leslie Klinger pour les commentaires
Chef-d'œuvre noir sur blanc Il n’est jamais trop tard pour (re) découvrir Watchmen, chef-d’œuvre d’uchronie signé Alan Moore et Dave Gibbons, récit de super-héros qui éclipse et transcende presque tous les autres. Accompagnée par les commentaires sourcés de Leslie Klinger, cette édition en noir et blanc permet d’apprécier le trait de Gibbons mais aussi l’intelligence de la construction de cette histoire où rien n’a été laissé au hasard.
Urban Comics, traduit de l'anglais par Jean-Patrick Manchette et Doug Headline, 39 €
La Saison des roses
de Chloé Wary
Good sport Dans un club de foot de banlieue parisienne, l’existence de l’équipe féminine est menacée. Alors, Barbara et les autres prennent en main leur destin et se rebellent. Récit d’émancipation réalisé au feutre, La Saison des roses nous immerge avec naturel dans une jeunesse française qui invente ses codes. Si Chloé Wary est aussi à l’aise avec les séquences de sport que les scènes plus intimistes, c’est parce qu’elle sait de quoi elle parle : elle-même joue au foot.
Editions Flblb, 23 €
Exclusivité Inrocks : offrez cet album avec un dessin unique et original de l'autrice :
Jim Curious, voyage à travers la jungle
de Matthias Picard
Aventure en 3D La BD en 3D a finalement été peu explorée. Heureusement, il y a Matthias Picard qui, sept ans après Jim Curious, voyage au cœur de l’océan, envoie à nouveau à l’aventure son héros muet, protégé par un scaphandrier. Après avoir chaussé une des paires de lunettes fournies, on s’émerveillera devant les reliefs de ce périple étonnant et poétique imaginé par un élève moderne de Gustave Doré. Pour petits et grands, forcément.
Edition 2024, 19 €
A offrir d'urgence :
Dans l’abîme du temps – les chefs-d’œuvre de Lovecraft
de Gou Tanabe
Conte halluciné Dans le passé, Philippe Druillet ou Alberto Breccia ont su mettre en images les contes hallucinés de H.P. Lovecraft. Mais le Japonais Gou Tanabe s’impose comme celui qui aura retranscrit avec le plus de fidélité le vertige procuré par les textes de l’écrivain américain. Après La Couleur tombée du ciel et Les Montagnes hallucinées, il s’attaque ici à une nouvelle tardive – Lovecraft meurt un an après sa première publication – qui mêle voyage dans le temps et horreur cosmique.
Editions Ki-oon, traduction du japonais par Sylvain Chollet, 17€
Edward Gorey, une anthologie
Plume noire Ce n’est pas une coïncidence si Gorey (1925-2000) a durablement marqué Tim Burton. Dans l’œuvre de l’illustrateur, on trouve le goût pour le fantastique et l’humour noir que le cinéaste reprendra à son compte. Réunissant cinq ouvrages – dont l’abécédaire cruel des Enfants fichus ou l’intrigant Aile Ouest –, cette anthologie montre comment, avec son trait minutieux et sa plume noire, Gorey pouvait frapper l’imaginaire. Un cadeau malin qui pourra faire naître des vocations.
Le Tripode, 16 €
A offrir d'urgence :
Sumographie
de David Prudhomme et Sonia Déchamps
Dieux vivants En 2012, le dessinateur David Prudhomme assiste à son premier combat de sumos. L’affrontement entre ces colosses japonais lui inspire des dessins, puis une exposition suivie par la publication de ce beau livre riche en surprises graphiques (pages qui se déplient, etc.). Avec les textes de Sonia Deschamps, les illustrations pleines de vie de Prudhomme nous plongent dans cet univers codifié. Les fans du Japon vont adorer.
Soleil, 39,95 €
A offrir d'urgence :
Une année sans Cthulhu
de Thierry Smolderen et Alexandre Clérisse
Thriller pop Après Souvenirs de l’empire de l’atome et L’Eté Diabolik, Thierry Smolderen et Alexandre Clérisse continuent de revisiter les époques et les genres populaires. Dans un village du Lot, une séance de jeu de rôles semble avoir eu des conséquences funestes. Avec son scénario malin qui ne manque pas de fausses pistes et son graphisme flirtant avec l’esthétique des premiers jeux vidéo, ce thriller coloré bat Stranger Things à son propre jeu.
Dargaud, 21 €
A offrir d'urgence :
Dans un rayon de soleil
de Tillie Walden
Odyssée féministe Virtuose et prolifique, la dessinatrice américaine Tillie Walden figure parmi les nouveaux talents à surveiller de très près. Après l’autobiographique Spinning, où elle racontait la découverte de son homosexualité sur fond de patinage artistique, elle prend une direction tout à fait autre avec ce space opera féministe – les hommes en sont totalement absents – qui vire à l’odyssée amoureuse. Un épais et émouvant roman graphique.
Gallimard BD, traduction de l'anglais (Etats-Unis) par Alice Marchand, 29 €
A offrir d'urgence :
Bacon en toutes lettres
sous la direction de Didier Ottinger
L'informe mode d'emploi On connaît peu la dernière période de Bacon, pourtant la plus intense. Au Centre Pompidou, qui rassemble soixante tableaux de 1971 à sa mort en 1992, on le découvre presque abstrait, aux confins de l'informe. L'exposition ponctue le parcours de lectures extraites de sa bibliothèque, d'Eschyle à Bataille, reproduits et analysés dans le catalogue qui l'accompagne.
Centre Pompidou, 42 €
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Le nouveau gouvernement a été annoncé ce mardi matin. Christophe Castaner entre notamment à l'Intérieur.
L'attente aura été longue: après deux semaines de discussions et de supputations, l'Élysée a annoncé ce mardi un gouvernement remanié, censé apporter un "second souffle" au quinquennat d'Emmanuel Macron, particulièrement bas dans les sondages après un été et une rentrée chaotiques. Qui sont les entrants? Qui quitte le navire? L'Express fait le point sur ce remaniement d'ampleur.
• Christophe Castaner à l'Intérieur
Christophe Castaner entre à l'intérieur
afp.com/ludovic MARIN
Il en rêvait. Christophe Castaner est nommé ministre de l'Intérieur en remplacement de Gérard Collomb. Ce proche d'Emmanuel Macron occupait jusque-là le poste de secrétaire d'État aux Relations avec le Parlement. Cette nomination est une récompense pour ce fidèle d'Emmanuel Macron, qui avait abandonné à regret le porte-parolat du gouvernement en novembre 2017, pour prendre la tête de LREM. Il a annoncé quitter ce poste.
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"Ce n'était pas naturel pour lui de se retrouver là, Christophe n'est pas un homme d'appareil et il détestait l'appareil solférinien", confiait à l'AFP l'entourage de l'ancien socialiste. À 52 ans, Christophe Castaner va être l'une des têtes d'affiche du gouvernement.
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Avec cette nomination, le locataire de Beauvau semble faire une croix sur les municipales de 2020 à Marseille, alors que son nom circulait comme candidat à la mairie. Il sera épaulé par le patron du renseignement Laurent Nuñez.
• Marc Fesneau aux relations avec le Parlement
Le député du MoDem Marc Fesneau, le 19 juin 2017 à l'Assemblée nationale, à Paris
afp.com/Thomas Samson
Le président du groupe MoDem à l'Assemblée nationale succède à Christophe Castaner comme ministre en charge des relations avec le Parlement. Âgé de 47 ans, Marc Fesneau, est loin d'être néophyte en politique. Ancien maire de Marchenoir, près d'Orléans, il a été secrétaire général du MoDem entre 2010 et 2017.
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L'entrée de ce député, qui se décrit comme "rural" et "chasseur", montre que le gouvernement a porté attention aux accusations de "marginalisation" portées par son allié centriste. En septembre, Marc Fesneau avait récolté 86 voix lors de l'élection du président de l'Assemblée nationale, bien au-delà des 46 députés du MoDem. Cet avertissement a été entendu par l'exécutif.
• Didier Guillaume à l'Agriculture
Didier Guillaume nouveau ministre de l'Agriculture
afp.com/GEOFFROY VAN DER HASSELT
En janvier, il annonçait "quitter la vie politique". 10 mois plus tard, l'ancien parlementaire socialiste succède à Stéphane Travert au ministère de l'Agriculture. Sénateur de la Drôme depuis dix ans, Didier Guillaume a été président du groupe socialiste au Palais du Luxembourg entre 2014 et janvier 2018.
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À cette époque, il est un pilier de la majorité du quinquennat Hollande. Il devient par la suite directeur de campagne de Manuel Valls à la primaire de la gauche en 2017. Son entrée au gouvernement n'est pas une immense surprise. Il avait salué en novembre 2017 la nomination à Bercy de l'ancien socialiste Olivier Dussopt.
• Franck Riester à la Culture
Franck Riester, nouveau ministre de la Culture
afp.com/Guillaume Baptiste
C'est la fin d'une forme d'isolement pour le député "constructif" Franck Riester. À 44 ans, le député Agir, qui co-dirige le groupe UDI, Agir et indépendants à l'Assemblée, remplace Françoise Nyssen à la Culture. Un choix dans la lignée du travail de cet ancien membre de la commission des affaires culturelles, qui a notamment été rapporteur des projets de loi Hadopi 1 et 2 sur la propriété intellectuelle durant le mandat de Nicolas Sarkozy.
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Franck Riester, qui est l'un des deux seuls députés UMP à avoir voté le mariage pour tous en 2013, avait été exclu de LR pour sa complaisance envers Emmanuel Macron.
• Jacqueline Gourault à la Cohésion des territoires
La ministre Jacqueline Gourault n'a pas écarté l'idée de faire référence à la Corse dans la réforme de la Constitution.
AFP/Philippe HUGUEN
Fidèle de François Bayrou, Jacqueline Gourault s'est imposée depuis son entrée au gouvernement pour aujourd'hui obtenir un ministère de plein exercice "de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités". Elle occupait jusqu'alors le poste de "ministre auprès du ministre de l'Intérieur.
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Autant sollicitée pour remplacer au pied levé Gérard Collomb lors d'un débat devant les assemblées que pour un raout place Beauvau, Jacqueline Gourault est surtout la "Madame Collectivités locales". Son assise politique s'est renforcée lorsque Matignon lui a demandé de prendre en charge le dossier corse. Elle devra réconcilier les territoires et l'exécutif, décrié pour son jacobinisme.
• Lecornu et Denormandie prennent du galon
Julien de Normandie et Sébastien Lecornu
Julien Daniel / MYOP
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• Gabriel Attal, secrétaire d'État à l'Éducation nationale
Gabriel Attal, alors porte-parole de la République en marche, à l'Assemblé nationale, le 3 avril 2018.
Reuters
Après le plus jeune président de la Ve République, voici son plus jeune ministre. L'ex-socialiste Gabriel Attal, 29 ans, bat sur le fil le record établi par François Baroin en 1995. Ce dernier avait 29 ans et onze mois en entrant au gouvernement, après la victoire de Jacques Chirac, alors que le nouveau secrétaire d'État auprès du ministre de l'Éducation nationale et de la Jeunesse peut se targuer de n'afficher que 29 ans "et demi".
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• Christelle Dubos, secrétaire d'État au ministère de la Santé
Âgée de 42 ans, elle devient secrétaire d'État auprès d'Agnès Buzyn. Elle était jusqu'alors secrétaire de la commission des affaires économiques de l'Assemblée nationale, où elle est élue depuis juin 2017. Cette travailleuse sociale avait rejoint En marche ! dès 2016, alors qu'elle n'était jusqu'alors encartée dans aucune formation.
• Emmanuelle Wargon, secrétaire d'État à la Transition écologique
Avec Emmanuelle Wargon, Édouard Philippe retrouve une camarade de promotion de l'ENA. Cette ancienne haute fonctionnaire de 47 ans passée dans le privé en 2015 a une longue histoire avec l'État. En 2001, elle conseillait Bernard Kouchner au ministère de la Santé. En 2007, Emmanuel Wargon, fille de l'ancien ministre Lionel Stoléru, devient directrice de cabinet de Martin Hirsch, lorsqu'il travaillait à la création du RSA sous Nicolas Sarkozy.
En entrant au gouvernement, la directrice des affaires publiques du groupe Danone montre qu'elle n'en a pas encore terminé avec la chose publique.
• Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d'État à l'Économie
Peu connue du grand public, Agnès Pannier-Runacher est une haute-fonctionnaire passée par le privé. Ancienne directrice de cabinet du directeur de l'Assistance publique des hôpitaux de Paris (AP-HP), elle était jusqu'à mardi directrice générale adjointe de la Compagnie des Alpes, et administratrice de plusieurs groupes privés.
Entrée en politique avec la percée d'Emmanuel Macron, cette femme de 43 ans est notamment référente La République en marche pour le 16e arrondissement de Paris.
Ils quittent le gouvernement
Françoise Nyssen est évincée du ministère de la Culture. La cofondatrice des éditions Actes Sud était souvent brocardée pour n'avoir pas su endosser les habits de ministre.
Stéphane Travert rend le portefeuille de l'Agriculture,après être apparu comme le vainqueur d'un bras de fer avec le ministre de l'Écologie démissionnaire Nicolas Hulot.
Jacques Mézard cède le portefeuille de la Cohésion des Territoires.
Delphine Gény-Stephann sera restée moins d'un an en poste au gouvernement,qu'elle avait intégré le 24 novembre 2017 comme secrétaire d'État auprès du ministre de l'Économie Bruno Le Maire.
Pas de démission du gouvernement
Cette nouvelle équipe ministérielle devait initialement être connue lundi, selon plusieurs sources gouvernementales, mais les inondations qui ont endeuillé l'Aude ont conduit le Premier ministre Édouard Philippe à se rendre sur place, et à reporter d'au moins une journée toute annonce.
Ce remaniement doit mettre fin à une période de flottement, déclenchée par les départs successifs de Gérard Collomb et de Nicolas Hulot. Un temps évoquée, l'hypothèse d'une démission du gouvernement et d'un nouveau discours de politique générale d'Edouard Philippe devant l'Assemblée a été écartée en début de semaine dernière. Et l'annonce du remaniement reportée sans explication.
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Bonjour tristesse : fête ou défaite du monde modernes ? 1“Tout le monde était décidé à voir en moi cette héroïne de bandes dessinées qui s’appelait Sagan. On ne me parlait que d’argent, de voitures, de whisky […] À dix-huit ans, j’étais riche et célèbre : on ne me l’a pas pardonné. Le succès des autres se digère pour certains difficilement. On ne me classe pas dans la littérature mais dans les phénomènes commerciaux. Je tiens certainement une place dans l’édition, mais dans la littérature ?”[1]. On mesure à ces lignes la lucidité de l’écrivaine Françoise Sagan se retournant sur la créature légendaire qu’elle est devenue dès la parution de son premier roman Bonjour tristesse en 1954. On se plaît aussitôt à supposer une pièce manquante à la mosaïque des Mythologies composées par Roland Barthes entre 1954 et 1956. Dans l’interstice entre “La nouvelle Citroën” et “La Littérature selon Minou Drouet” aurait ainsi pu figurer un essai relatif au phénomène Sagan. L’essayiste aurait montré comment la figure du désordre incarnée par la jeune écrivaine a ingénieusement été convertie en signes confortant l’idéal bourgeois triomphant. Barthes aurait pu reconnaître en Sagan un précipité de littérature, un comble. Le “charmant petit monstre” selon la célèbre formule de Mauriac désigne bien un prodige de dix-neuf ans, ouvrant la voie à l’enfant-poète Minou Drouet dont les écrits sont publiés en 1955 aux éditions Julliard – celles-là mêmes qui ont publié Bonjour tristesse. Barthes aurait alors déchiffré dans la propulsion magique de l’ingénue diabolique sur la scène littéraire, dans sa consécration menée à la vitesse de ces bolides célébrés par les années cinquante le modus operandi d’une mystification. Nantie, fille d’un riche industriel, Sagan aurait accéléré, par sa légende médiatique mêlant vélocité et excès, par l’audace qu’on prêta immédiatement à sa personne et la préciosité qu’on attribua à son style, la consécration des nouvelles valeurs technocratiques. Et Barthes de rappeler le rôle des journaux tels que L’Express (auquel contribua plus tard Françoise Sagan) dans la promotion de ces valeurs, parmi lesquelles on trouve alors le gain de temps en vue de la maximisation du confort, matériel, moral, c’est-à-dire la dénégation des coûts sociaux de la modernisation. Loin de contrevenir à cette mythologie, le scandale déclenché par le premier roman aurait été au contraire considéré comme son acte fondateur. Car Bonjour tristesse ne serait peut-être pas tant une dangereuse remise en cause des normes bourgeoises traditionnelles. Il serait davantage le signe éclatant d’une conversion abrupte, irréversible de la société française de l’après-guerre en société de consommation. 2On pourrait poursuivre une telle démystification du mythe Françoise Sagan jusqu’à nos jours. On étudierait alors les ramifications de cette légende dite sulfureuse dans le champ littéraire aujourd’hui. Apparaîtrait alors par exemple la figure d’un Frédéric Beigbeder, ardent défenseur de Sagan, singeant les postures mondaines de son écrivaine fétiche, lui empruntant son masque de dandy désillusionné, célébrant sous couvert de l’épingler le règne des images grâce auquel s’étend l’empire libéral. On réduirait à notre tour Sagan à une icône séduisante de l’écrivaine : une écrivaine dont la vie romanesque, toute de luxe et de vanité, nous détournerait littéralement de ses œuvres. En empruntant le chemin des biographes admirateurs de l’auteure, on privilégierait la saga au détriment de Sagan. En 2008, le film de Diane Kurys intitulé Sagan porte à l’écran la vie tumultueuse de cet écrivain-personnage. Comme le livre d’Annick Geille, Un amour de Sagan (Pauvert : 2007), le film prétend révéler le vrai visage de Sagan, donner corps à la vulnérabilité de l’écrivaine en confiant le rôle à la frêle Sylvie Testud. En réalité, ces biographies ne font qu’augmenter une mythologie qu’on peine à séparer de l’auteure. 3Métronome enfiévré en adéquation avec le pouls des années cinquante à quatre-vingt, Sagan se confond promptement avec les mythologies de son époque. Un simple coup d’oeil à l’encyclopédie Sagan met en lumière l’expansion d’une culture de gauche étroitement mêlée au capital : Sagan-starlette de la littérature, Sagan-journaliste, Sagan-chansonnière, Sagan-joueuse obsessionnelle, Sagan fonçant dans sa décapotable, Sagan l’accidentée, Sagan alcoolique, Sagan droguée, Sagan bisexuelle, Sagan désargentée, Sagan l’amie de Mitterrand, Sagan inculpée dans l’affaire Elf, etc. La valse de ces étiquettes témoigne de l’extrême labilité de l’identité de l’écrivaine, de son infini mobilité – autre credo du libéralisme : au moment où on la croit ruinée, Sagan reparaît, part à Saint-Tropez, entretient des amis, refait à neuf son manoir normand, etc. Ces images protéiformes ont considérablement accru le capital matériel et romanesque de l’écrivain de son vivant. Elles ont inversement anéanti sur le long terme toute forme de rémunération symbolique sérieuse de son art. Les privilèges sociaux dont a bénéficié l’héritière Sagan dès son entrée dans le monde littéraire ont rapidement occulté son travail esthétique. La vie de l’écrivaine s’est progressivement substituée à la lecture de ses œuvres, disqualifiées hâtivement par des critiques jugeant que Sagan se contentait de répéter les mêmes histoires sentimentales jusqu’à l’étiolement[2]. Médiatisée à l’excès, Sagan est ainsi devenue un personnage de roman de gare au point qu’on a presque fini par indexer ses romans à ce genre de littérature populaire. En jugeant le style de Sagan au mieux “gracieux, délicat, charmant”, au pire rempli de “bêtises” rédigées dans un “français” appris “dans la loge de sa concierge ou dans le bistrot du coin”[3], les premiers critiques de Sagan ont renforcé un préjugé durable à l’encontre de l’écrivaine. Jugée (trop) légère, Sagan a été le plus souvent sous-estimée en comparaison avec d’autres écrivaines telles que Colette, Beauvoir, Sarraute, Duras ou Woolf. Négligée à l’université – excepté dans une approche féministe[4] –, l’auteure ne figure pas plus dans les manuels du secondaire. Un tel désaveu signale une suspicion à l’encontre de l’écrivaine : tout se passe comme si la légende qui l’entoure était devenue une seconde nature, occultant les livres, à commencer par le premier roman. 4Relire Bonjour tristesse revient donc à contre-lire, c’est-à-dire à lire contre des interprétations qui ont recouvert et anémié ce récit à force de l’assimiler à une mythologie d’auteure. Qu’est-ce qui nous retient aujourd’hui à la lecture de ce livre ? La question est délicate tant les critères d’évaluation d’une œuvre ont changé. À l’époque de sa parution, le livre a bénéficié du Prix des Critiques, décerné notamment par Jean Paulhan, Georges Bataille, Roger Caillois et Maurice Nadeau. Ces gages d’autorité ont lancé la carrière de Sagan. Ils expliquent également pourquoi Barthes n’a pas écrit sur Sagan : le sujet n’est pas encore assez popularisé, il échappe par son opacité à une lecture réductrice. Si Bonjour tristesse a d’abord retenu l’attention de ces éminents lecteurs, c’est pour des raisons à la fois esthétiques et morales. Raisons esthétiques : tous s’accordent alors à reconnaître une qualité d’écriture classique, comportant des afféteries un peu trop prononcées certes[5] mais qu’on impute, non sans condescendance ni sexisme[6], au jeune âge de l’auteure. Bien plus décisives paraissent les raisons morales. En effet, si Bonjour tristesse remporte ce prix, c’est parce que le livre met à mal des conventions littéraires et sociales admises. Interdit en Espagne et au Portugal, mentionné dans la liste des trois mille ouvrages prohibés par le gouvernement d’Afrique du Sud, condamné par le Vatican en 1958 ainsi que les autres ouvrages de l’auteure, Bonjour tristesse est accueilli par des critiques dithyrambiques outre-Atlantique. Plus que jamais, ce premier roman est le signe du bouleversement des valeurs encore dominantes dans la vieille Europe et ses colonies et déjà dépassées aux Etats-Unis. 5On mesure mal aujourd’hui l’ampleur d’un tel scandale tant les usages sociaux et moraux ont changé. Il importe donc de situer le livre dans sa toile de fond historique. Au moment de la parution de Bonjour tristesse, Sagan incarne une forme d’émancipation sexuelle, éminemment subversive, comme le montrent les réactions du lectorat catholique représenté par Mauriac. L’auteure s’inscrit ainsi dans le sillage d’une Colette ou d’une Beauvoir qui a publié le Deuxième Sexe en 1949 puis Les Mandarins en 1954. Document historique, voire ethnographique aujourd’hui, le livre cristallise les désirs féminins d’une époque révolue. Dans Les Années, Annie Ernaux associe ainsi Bonjour tristesse à la liste des interdits qui pèsent sur la morale publique : “On recopiait des poèmes de Prévert, les chansons de Brassens, Je suis un voyou et La première fille, interdites à la radio. On lisait en cachette Bonjour tristesse et Trois essais sur la théorie de la sexualité”[7]. Lectrice des existentialistes Sartre et Beauvoir, Sagan affranchit son personnage des interdits traditionnellement rattachés à sa condition de jeune fille de bonne famille. La romancière libère ainsi les fantasmes de toute une jeunesse bridée par les valeurs officielles des années cinquante : “Le travail, l’effort et la volonté”[8], comme le rappelle Ernaux, mais aussi la chasteté avant le mariage[9]. La chance dont bénéficie Cécile, l’héroïne et narratrice du récit, est d’être libre de se choisir. Le temps d’un été propice à l’oisiveté et à la sensualité, l’adolescente revendique en effet les plaisirs de la chair en toute impunité. Elle a des relations sexuelles avec Cyril, un jeune étudiant en droit, sans pour autant vouloir se marier ou même avoir un enfant avec lui. Cette aventure charnelle librement menée se présente comme le contrepoint exact de la relation sérieuse que son père, don Juan vieillissant, noue avec Anne, canon de l’idéal bourgeois classique. Pour chasser la future épouse, Cécile manipule son jeune amant et la jeune maîtresse répudiée par son père, Elsa. La protagoniste représente doublement l’immoralité dans la mesure où elle trahit la norme supposée régir la sexualité des adolescents d’une part, et où elle se félicite, d’autre part, de blesser le beau modèle de conformisme incarné par Anne. 6Ce qui frappe aujourd’hui, ce n’est pas tant la liberté sexuelle de Cécile, qui renvoie sinon à une aspiration banale de l’adolescence du moins à un acquis évident. C’est bien plutôt la férocité machiavélique de Cécile qui retient notre attention, la haine disproportionnée que l’héroïne voue à Anne. Si nous ne plaçons pas le curseur au même endroit, il n’en demeure pas moins que la force du livre provient de la même source : une mise à mal des figures de la moralité et de l’autorité traditionnelles par le personnage dont on épouse le point de vue. Si les lecteurs catholiques ont été scandalisés par l’affranchissement des mœurs sexuelles de Cécile se projetant “idéalement” dans “une vie de bassesses et de turpitudes” (p. 29), c’est parce qu’ils identifiaient chez Sagan le ferment d’une révolution morale qui éclata réellement en 1968. L’auteure de Bonjour tristesse semble donc avoir une longueur d’avance sur deux points au moins. Le livre libère tout d’abord la voix féminine d’une jeunesse doublement muselée dans la France rigide des institutions catholiques. Acquise aux idées nouvelles de l’existentialisme, Cécile critique ainsi la mère de Cyril satisfaite d’avoir accompli son “devoir” tandis qu’elle n’a fait que reproduire l’aliénation de sa condition : “Elle a eu la vie qu’ont des milliers de femmes et elle en est fière […]. Elle était dans la situation d’une jeune bourgeoise épouse et mère et elle n’a rien fait pour en sortir. Elle se glorifie de n’avoir fait ni ceci ni cela et non pas d’avoir accompli quelque chose” (p. 43). Cécile entend ainsi s’affirmer contre la figure d’autorité incarnée par Anne qui souhaite la remettre sur la voie des études et de la bonne conduite. L’antagonisme Anne / Cécile met en évidence le poids des interdits et des devoirs pesant sur la jeunesse et la violence nécessaire à leur levée. La protagoniste imagine un stratagème cruel pour expulser Anne de la structure familiale. 7Mais ce conflit entre le respect de la tradition et la rage de vivre intensément met en lumière, à un second niveau, un discours plus déstabilisant encore. En effet, le roman associe modernisation des mœurs et mélancolie. Il résiste aux étiquetages faciles qui placent sa composition sous le signe d’une immoralité diabolique ou de l’hystérisation euphorique des désirs. D’emblée la voix de l’adolescente porte le voile du deuil : la modernisation accélérée des mœurs françaises institue la faillite de tous les modèles. Aussi la construction de l’identité s’expose-t-elle au désordre et à la mélancolie. Ce qu’affirme Bonjour tristesse, ce n’est pas tant la volonté impérieuse de troquer la morale ancienne contre le libre épanouissement de la chair. Le roman définit bien plutôt l’émergence d’une écriture de l’intime fondée sur le clivage névrotique du sujet, prisonnier d’un conflit intérieur que nulle croyance extérieure, nul Dieu –comme le déplore alors Mauriac – ne vient apaiser ou secourir. 8Roman cruel d’une éducation sentimentale avortée, Bonjour tristesse montre les dysfonctionnements du désir mimétique qui, selon René Girard, motive traditionnellement la quête des héros romanesques. Tout au long du récit, les rivalités mimétiques poussent moins Cécile à conquérir la proie facile qu’est Cyril qu’à lutter contre Anne pour la possession du père. Certes, Cécile se donne avec d’autant plus de fougue à Cyril après que ce dernier a joué le rôle du partenaire auprès de la belle Elsa. Mais cette jalousie envers Elsa est secondaire. Le véritable objet du désir est le père avec lequel Cécile semble vivre une idylle. Les preuves d’amour unique et absolu entre père et fille se répètent au début et à la fin du récit[10]. Cet amour platonique quasi incestueux met l’accent sur l’aporie de la quête de Cécile. En désirant son père, la fille refuse de grandir, préférant le désordre et le cercle vicieux, à l’ordre. Mais un tel choix en faveur d’une vie dissolue, associée à la modernité[11], est entaché de crime (la mort d’Anne) voire de tabou (le rapport quasi incestueux père-fille). Il exhibe davantage une faillite du roman d’apprentissage qu’un succès. Tel est le paradoxe de ce premier roman : Bonjour tristesse donne à sa protagoniste une liberté morale et existentielle inédite à l’époque. Mais cette émancipation individuelle se leste aussitôt du poids de la régression et de la désillusion. Tout se passe comme si la satisfaction de tous les possibles ouverts par le monde moderne – dépense d’argent au casino, voitures de luxe, boîtes de nuit à Saint-Tropez, libération sexuelle – n’offrait rien d’autre in fine que la “tristesse”. Empruntant son titre à un poème d’Eluard, Sagan propose un de ces raccourcis édifiants dont elle a le secret : la lumière d’un éveil (des sens de l’adolescente, de la jeunesse du monde moderne) se replie aussi vite sur la “soie” du mot “tristesse” qui “sépare” (p. 11) le sujet des autres. Cette image de la soie traduit l’impossibilité de s’envoler tel un papillon, c’est-à-dire de s’affranchir réellement. La jeune fille qui prend la parole au début du livre est censée avoir mûri. Or elle reste emmurée dans le temps intermédiaire de l’adolescence, comme si la découverte du monde adulte n’entraînait aucune adhésion possible. Le monologue intérieur narre cette révélation d’une inadéquation de soi à soi : “Je passais par toutes les affres de l’introspection sans, pour cela, me réconcilier avec moi-même” (p. 71). 9Dans l’adaptation cinématographique de 1958, Otto Preminger transpose les conflits intérieurs en jouant habilement d’une alternance de scènes en noir et blanc et de scènes en couleur. Le film s’ouvre sur la vie de bohème menée par Cécile à Paris. Or le noir et blanc nappe d’une ombre crépusculaire et spectrale ces tableaux parisiens. Rongée par les souvenirs d’un fantôme enseveli, Cécile porte un masque de fête qui l’insensibilise au monde. La scène finale de démaquillage révèle cependant son vrai visage, noyé de larmes. L’instant où le personnage peut enfin se reconquérir dans l’intimité sans fard du tête à tête avec le miroir coïncide avec une crise morale insurmontable. Héroïne romantique du monde moderne, Cécile porte le deuil d’un état d’innocence perdu. Le récit d’apprentissage dramatise la prise de conscience qui précipite l’adolescente dans l’âge adulte. Or cette révélation de la médiocrité de soi passe par l’irruption de l’autre, à savoir Anne, figure maternelle, miroir idéal et bientôt repoussoir. Si le sujet moderne finit par triompher d’un autre héroïque et archaïque, ce n’est qu’en consentant à son insuffisance et à sa culpabilité. Il est intéressant qu’Hollywood reprenne quatre ans seulement après sa parution la matière de Bonjour tristesse. Si le roman a très vite été un best-seller aux Etats-Unis et si Preminger a pu tourner le film avec des stars telles que David Niven, Jean Seberg, c’est aussi parce qu’il décrit avec efficacité l’insouciance d’une jeunesse qui embrasse pleinement l’élan d’après-guerre, emboitant le pas d’un impérialisme américain qui se nourrit de ses ruptures avec le vieux continent. Modèle triomphant des trente glorieuses, les Etats-Unis découvrent dans le récit de Sagan une consécration de leurs valeurs, magnifiées un an plus tard à l’écran par James Dean dans La Fureur de vivre. Mais comme dans tout récit mythique, l’acte de fondation se paye d’un sacrifice propitiatoire. L’idéal, l’unique, la figure d’autorité, immuable et rigide à la manière d’une loi, fera éternellement défaut à l’ère de la modernité, vivant de ses modèles reproduits en série. Dans cette nouvelle société de consommation où tout – objet, sentiment – peut s’acquérir et s’échanger, tout devient indifférencié. Le contraste des couleurs du film traduit cette dévaluation générale. Le séjour sur la côte d’Azur joue sur la profusion et la sensualité des couleurs pour mettre en lumière les objets de désir ou de répulsion. La scène finale de cette séquence méditerranéenne sature cette gamme chatoyante : vêtue de vert, Cécile se confond avec la végétation environnante pour poursuivre Anne dont le chapeau se voit tragiquement noué d’un turban rouge, annonciateur du drame à venir. Face à l’animal traqué qu’est devenu Anne, Cécile apparaît dans toute sa perversité, figure du camouflage, mimant l’innocence de la nature, pour mieux mystifier son adversaire. Là encore, le film restitue une ambivalence déjà à l’œuvre dans le roman, perturbant constamment le régime aléthique du vrai et du faux. Cécile multiplie les ruses et les faux-semblants, fait sans cesse retour sur ses opinions, ses dires tant dans ses monologues intérieurs que dans ses dialogues avec les autres. À ces louvoiements de la conscience s’oppose la franchise d’Anne d’une part, la frivolité d’Elsa d’autre part. L’orthodoxie d’Anne qui “ne tol[ère] pas les compromissions” (p. 105) n’est plus d’actualité : le personnage meurt de ne pas avoir su littéralement prendre le virage des mœurs nouvelles. Louée pour son euphorie, la légèreté d’Elsa est aussitôt ramenée à une forme de “bêtise” (p. 37). Les modèles intermédiaires qu’offrent les personnages secondaires d’épouse ou de mère (la mère de Cyril, Madame Webb) sont condamnés pour leur hypocrisie et leur frustration dans le roman. Ce qui résulte d’une telle confrontation du sujet à ces différents modèles ou anti-modèles, c’est une crise de l’identité féminine qui ne cadre avec aucun des rôles proposés par la comédie sociale. 10Roman du désenchantement, Bonjour tristesse fait du trompe-l’œil l’emblème d’une certaine modernité. Dans le temps édénique du séjour sur la Riviera, Cécile est déjà coupable, passant son temps à se mentir à elle-même. Tout est faussé dès l’origine par l’influence d’un père viveur, soucieux d’enfouir la mémoire traumatisante de la guerre et le coût social du progrès sous l’air des fêtes. Mais ce qui change avec la décision de se débarrasser d’Anne, c’est que Cécile ne peut plus se jouer la comédie innocemment. Il lui faut feindre constamment la désinvolture, ravaler la conscience de sa médiocrité sous le masque de la frivolité. D’abord porté par le personnage d’Anne, le tragique se confond bientôt avec l’intériorité de la narratrice, lucide sur sa vanité. 11La force du livre vient de ce qu’il proclame le triomphe de nouvelles mœurs tout en suivant une forme narrative apparemment classique, celle du récit psychologique, réduit à un nombre limité de personnages et d’actions dans un temps et un espace restreint. En reprenant la trame du roman psychologique, Sagan s’inscrit dans une tradition française bien établie, qui remonte à La Princesse de Clèves et se voit réhabilitée dans la première moitié du XXe siècle, notamment dans l’œuvre de Gide. Dès 1928, François Mauriac prescrit au romancier de sonder en psychologue les profondeurs de l’âme humaine. Contre la grille de lecture déterministe qui assimile l’individu à un groupe d’un Taine, l’auteur de Thérèse Desqueyroux valorise la différence qui fait de chacun un “monstre” pour lui-même. À l’appui de sa démonstration, Mauriac cite les exemples de Dostoïevski, Colette et Radiguet, figures de référence pour Sagan. Au moment de sa publication, Bonjour tristesse arbore sur sa couverture le bandeau “Le diable au cœur”, établissant une connivence immédiate avec Le diable au corps de Raymond Radiguet (1923). Comme Radiguet, Sagan met à nu la figure monstrueuse que le protagoniste devient pour lui-même. La jeunesse de l’auteure, le scandale qui entoure rapidement son livre la rapprochent encore de l’écrivain mort à vingt ans. 12Cependant, Sagan ne se contente pas de reproduire une forme convenue du roman psychologique : elle lui donne une inflexion nouvelle. L’auteure a vraisemblablement fait sienne les critiques que Sartre adresse à Mauriac quant à sa théorie du roman. Aussi a-t-elle le souci de donner voix à sa protagoniste et de ne pas l’enfermer dans quelque destinée ou discours sentencieux. Cette modernisation du modèle romanesque traditionnel a valu à Sagan les critiques moralisatrices de Mauriac. Il explique la confusion durable entre le moi de la narratrice et le moi de l’auteur. Il rend également compte du cortège de commentaires sexistes et paternalistes qui a nimbé le livre d’un parfum de scandale à sa parution. De Sagan à Satan, il n’y a qu’un pas que la diabolique Cécile franchit en combinant tromperie et plaisir, immoralité et légèreté : Je faisais semblant d’ignorer les tourments de mon père. […] Je devais faire semblant de considérer son amour pour Anne comme sacré et la personne d’Anne elle-même. […] En attendant nous coulions des jours heureux : je multipliais les occasions d’exciter mon père sur Elsa. Le visage d’Anne ne me remplissait plus de remords. […] je voyais souvent Cyril et nous nous aimions en cachette. L’odeur des pins, le bruit de la mer, le contact de son corps... [p. 137-139] Sagan prête à son héroïne la maîtrise du démiurge, nouant et tirant toutes les ficelles d’une tragi-comédie : “Elle se redressa alors, décomposée. […] ce visage, ce visage, c’était mon oeuvre” (p. 144). Mais le drame de Cécile vient de ce qu’Anne, Cyril, Elsa et son père ne sont pas des personnages dont elle peut à sa guise diriger les actes, à la manière du Dieu romancier selon Mauriac. C’est au moment où elle dénoue la trame qu’elle a créée de toutes pièces que Cécile constate la complexité d’Anne : “Alors je compris brusquement que je m’étais attaquée à un être vivant et sensible et non pas à une entité.” (p. 144). Sagan refuse de réduire son personnage à “une entité” démontrant, à travers elle, une thèse sur le rapport de la jeune génération au monde nouveau de l’après-guerre. Si elle reprend le canevas du roman psychologique, c’est pour y introduire un questionnement sur l’ordre et le désordre qui ne reçoit pas de solution satisfaisante. Car la fin de l’histoire expose un retour à l’ordre ancien, dénoncé comme mensonge. Quant au désordre introduit par Anne, il se présente comme la mise au pas d’une vie déréglée, un retour à un ordre fantasmatique, niant son propre effondrement. Face à l’empire séduisant des images incarné par Elsa, figurante “dans les studios et les bars des Champs Elysées” (p. 12), il n’est guère de stabilité ou d’authenticité possible. Le père est ainsi “un homme léger, habile en affaires, toujours curieux et vite lassé, et qui plaisait aux femmes” (p. 12). Cette mobilité, associant réussite sociale et sexuelle, se pose comme la garante du triomphe du capitalisme des années cinquante. Si Sagan l’exploite, c’est aussitôt pour la porter à son comble, en faire déraper la mécanique – excès de la dépense, excès de la vitesse –, mettre en évidence le substrat tragique de cette modernité. 13Sagan complexifie le modèle du roman psychologique traditionnel en y introduisant une voix nouvelle, celle d’une femme-enfant à la fois rebelle et prisonnière de la cage dorée qu’elle s’est donnée. On mesure un tel déplacement lorsqu’on place le livre de Sagan en regard de l’œuvre de Colette. On a souvent fait de l’auteure de Aimez-vous Brahms une héritière de Colette, qui s’éteint en 1954, année de la publication de Bonjour tristesse. Subsistent néanmoins des différences irréductibles qui tiennent au contexte des œuvres respectives. Alors que Colette mène entre deux guerres une lutte tantôt joyeuse tantôt mélancolique en faveur de la reconnaissance des femmes contre l’emprise des hommes, la jeune fille de Sagan, créature de l’après-guerre, a déjà tout connu et semble revenue de tout[12]. La filiation avec l’œuvre de Colette, remarquable dans la reprise du thème des plaisirs féminins émancipés de la tutelle masculine, doit ainsi être nuancée. Si Sagan emprunte à son aînée le motif hédoniste, elle lui offre un cadre résolument moderne, occulté par la prédominance de la nature chez Colette. Certes, la nature méditerranéenne joue un rôle décisif dans la construction de l’idylle des amants de Bonjour tristesse. Mais cette nature est sans cesse contrariée par l’objet par excellence de la modernisation[13] : la voiture, qui fascine Cécile, unit le couple Raymond-Anne (p. 49), amène Anne plus tôt que prévu et la fourvoie dans une corniche. Moteur du drame et métaphore d’une métamorphose des mœurs, le véhicule concentre les ambivalences de la modernisation, entre euphorie de la vitesse, intimité nouvelle de l’habitacle et accidents mortels. En réservant cette destinée tragique au personnage d’Anne, Sagan opère une analogie entre machination d’une mise à bas des modèles anciens et machine incontrôlable importée des Etats-Unis. Le résultat de cet accident opère également sur le modèle analogique : la voiture luxueuse est brisée, sa tôle resplendissante froissée ; la frivolité dans laquelle se complaisait Cécile a perdu tout éclat. Ce que révèle une telle dramaturgie de la confrontation des valeurs anciennes et modernes, c’est une inadéquation des deux modèles et non la valorisation d’un monde au détriment de l’autre, comme on l’a souvent dit à propos de Sagan. ⁂ 14Prise dans l’accélération d’un monde changeant, la narratrice de Bonjour tristesse en décline le versant euphorique, met en évidence ses plus beaux atours, son air de fête luxueuse. Mais sous cette surface joueuse, décomplexée, s’immisce sans cesse une mélancolie euphémisée, qui ne s’avoue pas comme telle, préférant la légèreté de “soie” du mot “tristesse”. Peut-être est-il temps de ne plus se laisser piéger par les faux-semblants de la prose de Sagan, sa frivolité en trompe-l’œil, qui lui a valu d’être mise au rebut ? Contre une Sagan superficielle, il convient sans doute de repenser une Sagan artificieuse, avançant résolument masquée. Aurélie Adler Université Sorbonne Nouvelle-Paris 3
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