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reseau-actu · 5 years
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FIGAROVOX/GRAND ENTRETIEN - Les violences gratuites sont en augmentation constante en France. Pour le pédopsychiatre Maurice Berger, auteur d’un livre sur son expérience auprès des adolescents hyperviolents, elles sont le fruit de facteurs psychologiques et culturels.
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Maurice Berger est pédopsychiatre, psychanaliste, ex-professeur associé de psychologie de l’enfant. Il travaille en Centre Éducatif Renforcé et enseigne à l’École Nationale de la Magistrature. Il vient de publier, Sur la violence gratuite en France. Adolescents, hyperviolents, témoignages et analyses (L’Artilleur, 2019)
FIGAROVOX.- En tant que pédopsychiatre dans un centre éducatif renforcé (CER), vous êtes confronté quotidiennement aux jeunes qui commettent des «violences gratuites». Un terme revient souvent dans le débat public, surtout récemment: jugez-vous que l’on assiste à un «ensauvagement» de la société?
Maurice BERGER.- Toutes les deux minutes, une plainte est déposée à la police pour une violence gratuite et tout citoyen peut être confronté à une telle agression. Pour moi, l’ensauvagement, c’est lorsque la parole ne fait plus tiers, lorsqu’existe un différend même minime entre individus. Il y a quelques années, 85 % des mineurs traduits devant la justice changeaient de comportement après leur rencontre avec l’institution judiciaire, la parole du juge. Ils ne sont plus que 65% actuellement, et c’est d’eux dont je parle ici. L’impulsivité prime, l’autre n’est plus considéré que comme un objet sur lequel décharger la tension qu’on ressent dans l’immédiateté, comme une gêne à éliminer. Ceci soulève la question de savoir quelles sont conditions nécessaires pour qu’un individu se civilise.
En tant que médecin, j’affirme que ces comportements extrêmes sont de plus en plus fréquents et de plus en plus grave.
Cette évolution n’est pas soudaine, j’en écrivais la certitude en 1992. L’attitude des gouvernements successifs a été de penser implicitement «après moi, le déluge», déluge qui est là maintenant ; et aussi de se plier à une idéologie qui définit comme «sécuritaire» et animée d’intentions électorales toute personne qui alarme sur ce sujet. En tant que médecin qui, depuis 40 ans, a le plus travaillé en France sur la prise en charge des enfants et adolescents violents, j’affirme que ces comportements extrêmes sont de plus en plus fréquents et de plus en plus graves. Un facteur parmi d’autres est l’impunité importante concernant la première atteinte aux personnes, que j’appelle le droit de tabassage. En réadaptation fonctionnelle où je travaille aussi, je reçois des adultes qui gardent à vie des séquelles physiques ou cérébrales définitives après une agression pour un supposé mauvais regard, et dont l’agresseur mineur n’est puni que d’un sursis car il n’était pas récidiviste. La vie ou la qualité de la vie restante de la victime est ainsi démonétisée. Or c’est simple, quand on n’est pas puni, on recommence.
À partir de votre expérience, vous choisissez d’écrire ce livre pour dénoncer certaines idées reçues sur la violence: selon vous, l’explication par la «ghettoïsation» et la «stigmatisation» n’est pas la bonne, pourquoi?
Car lorsqu’il existe de graves dysfonctionnements familiaux, donner 3 000 euros à une famille tous les mois n’arrêtera pas, par exemple, un homme de frapper sa femme devant leurs enfants petits, maltraitance qui est souvent liée dans mes recherches à une culture intégrant l’inégalité homme-femme. 69 % des adolescents très violents ont été exposés à des scènes de violences conjugales pendant les deux premières années de leur vie. Ils ont en eux l’image violente de leur père qui resurgit lorsqu’ils subissent une bousculade ou un mauvais regard.
Détruire, comme frapper, est le jeu de ceux qui n’ont pas d’imagination.
Les causes premières de la violence se situent dans la petite enfance. Les mères elles-mêmes ont souvent eu une enfance tellement désastreuse qu’elles sont incapables de sourire à leur bébé, de lui parler, de comprendre quand il a besoin d’être rassuré par un câlin. Surtout, ces parents ne jouent jamais avec leur enfant petit (les jeux vidéos ne sont pas de vrais jeux). Ces enfants n’apprennent jamais le «faire semblant», et devenus adolescents, leur pensée est pauvre, le mot qui revient le plus souvent dans mes entretiens est «normal», sans plus d’explication sur leurs actes. Quand on n’a pas joué à faire des accidents avec des petites voitures, ou avec des figurines de pompiers qui viennent éteindre le feu en faisant «pin pon», on ne sait jouer qu’en vrai. Un jeune m’explique «on s’ennuyait, alors on a mis le feu à un entrepôt» (coût 1.700.00 euros totalement remboursés par les assurances responsabilité civile scolaires). Pas de «comme si» signifie que tout mot peut être pris au sens littéral. Ces adolescents ne comprennent pas le mot «rêvasser». Quand je demande ce qu’ils feraient s’ils gagnaient un million d’euros au loto, rêverie universelle, la réponse est «votre question est bête, je n’y penserai que lorsque j’aurai le million posé devant moi». Dans ce contexte, détruire, comme frapper, est le jeu de ceux qui n’ont pas d’imagination. Faire venir les pompiers pour les attaquer n’est pas une révolte contre l’uniforme en général, c’est un jeu des plus sommaires, qui peut être à «mort réelle». Il est évident qu’avec une pensée aussi endommagée, la scolarité au collège unique est vouée à l’échec et que ces sujets ne progressent qu’avec des dispositifs qui passent par des apprentissages manuels: «Il faut me montrer pour que je comprenne».
Faute d’attention et d’échanges avec leurs parents, certains jeunes que vous accompagnez ne sont même pas capables de reconnaître les émotions d’autrui…
Un bébé ne sait qu’il sourit que s’il rencontre un sourire en miroir sur le visage du parent, il ne reconnaît ses émotions que si un adulte lui nomme ce qu’il ressent. Conséquence, certains de ces jeunes ne sont pas capables de comprendre la structure d’un visage. Les émotions qu’exprime le visage d’autrui peuvent être aussi indéchiffrables et ses mimiques sont alors interprétées comme menaçantes, donc il faut l’attaquer.
Aucun des jeunes que j’ai rencontrés n’a manifesté de réel sentiment de culpabilité pour ses violences.
Le plus grave est l’absence d’empathie, de capacité de comprendre ce que l’autre peut ressentir. Ainsi je demande à un jeune qui a mis un adulte dans le coma pour un supposé mauvais regard, pourquoi il n’a pas tué sa victime. Réponse: «parce qu’un copain m’a tiré en arrière par mon sweat». Je l’interroge sur ce que cela aurait fait à la mère de sa victime si son fils était mort. «Elle aurait été triste un moment, puis il faut passer à autre chose, ne pas s’apitoyer toute sa vie, c’est ballot. Il aurait dû mourir un jour de toute manière». Aucun des jeunes que j’ai rencontrés n’a manifesté de réel sentiment de culpabilité pour ses violences, ce qui est très déstabilisant pour les professionnels, il faut passer par d’autres voies.
En quoi les structures familiales sont-elles en partie responsables de l’apparition de comportements violents?
Je demande à chaque jeune que je rencontre de me raconter son histoire, et il apparaît que dans la région où je travaille, la grande majorité de ces mineurs sont issus de l’immigration originaire du Maghreb. Ce qui m’a amené à travailler à partir des écrits de psychologues maghrébins, et les membres de l’équipe de Centres Éducatifs Renforcés, en majorité originaires eux aussi d’Afrique du Nord, m’ont aidé à comprendre.
Les codes du groupe priment sur la loi extérieure.
Les familles concernées ici, et ce n’est pas le cas de toutes les familles d’origine maghrébine en France, où prime la solidarité, ont un fonctionnement clanique, c’est un corps dont chaque individu est un membre, sous l’autorité d’un patriarche ou d’une matriarche. Si un sujet s’éloigne géographiquement, ou se met à penser différemment, le groupe se vit comme amputé d’un membre et va chercher à le récupérer. Alors que le but d’une famille devrait être que les parents cherchent à ce que leur enfant se construise une pensée personnelle et puisse s’éloigner d’eux pour se construire un projet personnel, dans une famille clanique le mode de pensée est indifférencié, le but n’est pas qu’un sujet pense par lui-même, son identité est d’abord d’appartenir au groupe. Ainsi 50% des jeunes admis au CER ont pour projet de vivre à l’âge adulte dans l’appartement familial ou dans le même immeuble, et quand je demande ce qui se passerait si leur épouse souhaitait un appartement avec plus d’intimité, la réponse est «elle dégage». Dans ce cadre indifférencié, certains parents nous déclarent avoir décidé de ne jamais dire non à leur enfant! Les conséquences de ce fonctionnement sont d’abord que les codes du groupe priment sur la loi extérieure. Et la représentation que ces jeunes ont de la relation n’est pas de personne à personne mais de groupe à groupe. Si l’un d’eux est en difficulté dans une relation, il rameute son groupe: «mes frères vont venir te tuer». Un autre demande que le stage professionnel que l’éducateur lui cherche se situe précisément dans l’arrondissement où il vit. Le terme de ghettoïsation est donc inexact, car on est enfermé dans un ghetto ; alors qu’ici au contraire, la contrainte est intérieure, autosécrétée, car c’est l’éloignement qui est angoissant, en pensée, ou physiquement hors du territoire.
En quoi la réponse judiciaire est-elle insuffisante? Comment «mettre une butée», pour reprendre votre expression?
Le plus souvent, il n’y a pas eu d’interdit cohérent dans ces familles, mais des moments de collage alternant avec des moments de rejet.
Ces jeunes ont besoin d’un interdit d’agir réel, d’une butée matérialisée, pour comprendre que la loi a une existence.
Les pères sont souvent partis car pas intéressés par l’enfant. Dans ces conditions, aucune loi ne peut être intégrée, sauf celle du plus fort. Nous, nous n’avons pas besoin d’agir pour savoir que la loi existe, alors que ces sujets n’ont pas la loi dans la tête, certains me disent que les lois ne servent à rien, et ils ont besoin d’un interdit d’agir réel et non symbolique, d’une butée matérialisée, pour comprendre que la loi a une existence et arrêter de commettre des actes au moment même où cela leur vient à l’esprit. Nous avons du mal à comprendre qu’il faut d’abord empêcher ces sujets d’agir pour qu’ils se mettent à penser. La décision judiciaire est très souvent le seul repère qui fournit à un jeune un reflet de la gravité de ses actes. La progressivité de la sanction prive certains de ce miroir nécessaire qui leur indique ce qui est permis ou défendu, sans même parler de ce qui est bien ou mal. Et certains jeunes ne profitent du travail éducatif qu’après un passage dans un lieu de privation de liberté, privation de la liberté de frapper. La question n’est pas la prison en soi, mais la qualité de contenance et de pensée qui peut y être proposée. La multiplication des sursis, cette justice de la dernière chance, peut alors être pour ces sujets précisément une perte de chance. Ceci est loin d’être compris par beaucoup de responsables politiques. Et c’est souvent seulement lorsqu’une réponse judiciaire est suffisamment ferme que certaines familles sont obligées de venir s’interroger sur leurs dysfonctionnements.
Jugez-vous qu’en règle générale, y compris en l’absence de drames familiaux comme ceux évoqués précédemment, cette autorité tend à diminuer?
Oui, l’autorité diminue. Elle vise à réguler les désirs de chacun, à passer du «je» veux ça au «nous». Qu’est-ce que cela donnerait si tout le monde faisait comme moi et ne respectait pas les lois? Mais pour un parent, poser un interdit cohérent nécessite d’accepter de ne pas être aimé temporairement par son enfant, de souhaiter avoir un enfant aimable par les personnes extérieures à la famille et qui ait envie d’être un citoyen; d’être un parent capable de sortir de son confort personnel pour faire l’effort d’interdire, donc de délaisser temporairement la télévision ou son jeu vidéo, et ne pas se dire que l’école ou le club de foot fera ce travail à sa place. Tout ceci est d’autant plus difficile à comprendre qu’à notre époque, les interdits ne sont plus «portés» par le groupe social, beaucoup de parents ne prennent plus en compte le «qu’en-dira-t-on», le regard des autres qui souligne que «ça ne se fait pas», sorte de honte qui aidait les parents à réguler les comportements de leurs enfants. Difficile aussi à notre époque où beaucoup de médias tournent systématiquement en dérision toute tentative de rétablissement des interdits nécessaires. Pourtant il est devenu inévitable de relégitimer un principe d’autorité très ferme à tous les niveaux (école, respect de la police, etc.) pour restructurer notre fonctionnement collectif et pour empêcher la perte de toute idée de «bien commun».
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reseau-actu · 5 years
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Facebook a déployé une mise à jour pour mettre fin au dysfonctionnement. Seuls des propriétaires d'iPhone sous iOS 13.2.2 avaient constaté que leur appareil photo était allumé sans raison apparente.
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Dimanche, une vidéo publiée sur Twitter a révélé un bug d’interface sur l’application Facebook qui activait la caméra arrière du smartphone sans raison particulière. Un journaliste de BFMTV a également constaté ce problème. Une nouvelle affaire qui risque d’apporter de l’eau au moulin des détracteurs de Facebook. 
Seulement pour les iPhone avec iOS 13.2.2 
L’application Facebook requiert l’accès au micro et à l’appareil photo de ses utilisateurs dans le cas où ces derniers souhaiteraient par exemple profiter de la fonction “story”. Une autorisation à laquelle personne n’est forcé de consentir.
Selon l’auteur de la découverte, un certain Joshua Maddux, le “bug” serait lié à la dernière mise à jour du système d’exploitation d’Apple, iOS 13.2.2, sortie le jeudi 7 novembre. Aucun propriétaire d'iPhone tournant sous iOS 12 n'aurait constaté cette anomalie.
Les témoignages des internautes laissent à penser que le bug se déclencherait quand un utilisateur regarde une photo et la fait glisser pour fermer l'aperçu, ou quand il passe du mode paysage au mode portrait dans le cas d’une vidéo. 
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Share: Interrogé sur les publicités politiques ciblées sur Facebook, Mark Zuckerberg a été bousculé par Alexandria Ocasio-Cortez
Mark Zuckerberg était jeudi auditionné au Congrès américain concernant les publicités politiques ciblées sur Facebook, et leur influence possible sur le vote américain. Le créateur de Facebook a notamment été bousculé par l'élue démocrate Alexandr
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  Facebook déploie une mise à jour 
Face à la polémique, Facebook a rapidement réagi et indiqué au média américain Gizmodo qu’une mise à jour était en cours de déploiement sur l’App Store. Elle est numérotée 247.0.
“Ce bug activait l’aperçu de l’appareil photo. Une fois déclenché, l’aperçu restait actif jusqu’à ce que vous tapotiez ailleurs dans l’application“, s’est justifié le réseau social. 
Cette découverte a surtout suscité la crainte que l’entreprise ait procédé à des enregistrements à l’insu des utilisateurs.
“À aucun moment, le contenu de prévisualisation n’a été stocké par l’application ou téléchargé sur nos serveurs. Nous avons confirmé que nous n’avions rien téléchargé sur Facebook et que l’appareil photo ne capturait rien car il était en mode prévisualisation.”, a ajouté l'entreprise.
Dans le doute, il est toujours possible de révoquer l’accès à l’appareil photo et au microphone à Facebook dans les réglages de son iPhone. 
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reseau-actu · 5 years
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Les défis écologiques et globaux pour notre planète sont les nouveaux challenges du XXIème siècle. Nous devons les analyser et trouver des solutions permettant de conserver le respect de l’évolution de notre humanité !
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Article écrit par Eric Van Vaerenbergh  Director http://socoel.asia - General Manager http://atenas.be - Lecturer at Brussels Engineering School http://ecam.be
Retrouvez le sur twitter https://twitter.com/EVANVAERENBERGH
On peut reprendre deux sujets majeurs qui se présentent à nous et qu’on connaît bien aujourd’hui : les problèmes de démographie et d’alimentation à cause de l’augmentation du nombre d’êtres humains qui vivront sur notre planète et les enjeux écologiques reprenant en partie, le réchauffement climatique et la pollution atmosphérique dus aux activités humaines. 
Face à ce constat, il est intéressant d’analyser si les écologistes technophobes ont réfléchi aux conséquences à long terme de leur phobie de vouloir la décroissance pour protéger notre planète ! On peut regarder ces deux dangers a priori majeurs dans tous les sens, ce sont tous les deux des événements qu’on doit appeler des dangers écologiques et démographiques auxquels une méthode de gestion des risques s’imposera naturellement. 
Le souci de la sécurité et de la gestion des risques existe depuis très longtemps, probablement depuis que l'homme existe. L'expérience issue de son évolution a permis à l'homme d’évoluer. La cindynique, la science du danger et donc l'apprentissage par l'accident, a constitué pendant des millénaires le principal moyen à homos sapiens, peut-être le seul, d’améliorer sa sécurité, ses conditions de survie et de celle de son clan, de sa tribu, et plus généralement de la survie de toute société organisée. 
Les mouvements écologistes actuels ne disent pas qu’à terme si on veut sauver notre planète en renonçant à la croissance et au progrès technologique, qu’il faudra faire de l’eugénisme écologique ! À ce sujet, face à toutes les évolutions potentielles démiurgiques à laquelle l’humanité est exposée, on doit s’intéresser à une question majeure très intéressante que Jacques Attali a posée dans l'émission "les grandes questions". Elle était la suivante : « quel est le sanctuaire de l’humanité qui doit être protégé » ? En lisant, Laurent Alexandre et Pierre Tarissi à propos des évolutions technologiques et du besoin de croissance de notre humanité, Virginie Tellene à propos des risques de la marchandisation de la reproduction humaine, ChrisRabane à propos de l’intelligence artificielle générale et d’une société full automatisée, Guillaume VOGT et Stoeklé Henri-Corto à propos de la bioéthique, on peut faire ressortir un point commun central entre toutes ces personnalités et leurs visions qui pourrait apporter une potentielle réponse à la question de Jacques Attali. Si on les prend dans l’ordre, il y a les risques de la décroissance avec le refus des avancées technologiques, de mener l’humanité à limiter les naissances étant donné que la terre est un élément fini.
La marchandisation et la technologisation de la reproduction de l’être humain, avec le risque qu’on empêche un jour les êtres humains de se reproduire. La création d’une société full automatisée avec une forme de revenu universelle pour les êtres humains. Un des principes bioéthiques consistant à dire qu’il faut tout mettre en œuvre et accepter toutes les solutions, même technologiques, pour assurer la survie de l’être humain et de l’humanité. En réfléchissant bien à ces quatre aspects, le sanctuaire de l’humanité pourrait être de s’interdire toutes excuses ou raisons à limiter les naissances et la reproduction des êtres humains.
Si nous acceptons ce sanctuaire pour l’humanité, des chantiers démiurgiques nous attendent pour ne pas interdire notre reproduction.
Phase 1 : Développement des moyens technologiques pour résoudre nos problèmes écologiques urgents et nous permettre d’optimaliser les ressources terrestres et la place sur terre pour éviter tout eugénisme écologique !
Phase 2 : Développement des premiers lieux habitables temporaires dans le cosmos où la terre serait encore l’origine des ressources nécessaires pour y vivre. Cette phase étant dans l’objectif d’apprendre à vivre dans le cosmos et où plein d’expériences seraient menées. Ces premiers lieux habitables temporaires seraient fulls robotisés pour évaluer la faisabilité d’une société full automatisée. Le développement de la technologie de la fusion nucléaire est arrivé à maturation !
Phase 3 : Développement des premiers moyens technologiques fulls automatisés pour utiliser et ramener des ressources cosmiques sur terre et dans les lieux de vie spatiaux temporaires. Développement dans le cosmos, par des systèmes full automatisés, des ressources vitales à la vie des humains sur terre, par exemple l’alimentation.
Phase 4 : L’humanité mettant une priorité absolue à ne jamais limiter les naissances, elle condamnera à jamais la biodiversité non conservable et la remplacera technologiquement pour que la terre reste vivable. Les êtres humains occuperont toutes les terres habitables et de moins en moins de cultures seront faites sur terre. Les espaces aquatiques seront de plus en plus exploités comme lieux de vie.
Phase 5 : Les naissances augmentant sans cesse sur terre, les jeunes générations partent toutes étudier dans les premières villes cosmiques, beaucoup plus évoluées technologiquement. Des moyens de transport ultras modernes leur permettent de revenir de temps en temps sur terre près de leur famille. Les premiers moyens de propulsions transluminiques voient le jour.
Phase 6 : Les premières générations ayant été étudier dans les premières villes cosmiques décident après la mort de leurs parents de rester vivre dans ces villes et commencent à former les premières colonies d’humains cosmiques. Toutes les technologies génétiques sont utilisées pour permettre aux humains de s’adapter et pouvoir vivre dans le cosmos ! Les premiers humains amortels commencent à voir le jour et ne reviennent plus sur terre ! Les modifications génétiques et biologiques ne permettent plus à ces êtres humains de revenir sur notre planète. Pendant le développement de cette colonisation cosmique, le nombre d’humains sur terre diminue et tous les humains non modifiés génétiquement pour rester vivre dans le cosmos reviennent sur terre pour passer des vacances.
Phase 7 : Les colonies d’humains dans le cosmos continuent à se reproduire, les premières villes cosmiques avec les ressources cosmiques s’étendent de plus en plus dans le cosmos ! L’absence de limites spatiales ne freine plus l’agrandissement de l’humanité. Contrairement aux idées du passé, l’humanité comprend que son avenir sera dans ces villes cosmiques et non sur d’autres planètes où les anciens problèmes terrestres ne pourront que se reproduire ! L’ensemble des planètes connues du cosmos sont exploitées et utilisées par des systèmes full automatisés comme ressources à l’agrandissement de la nouvelle humanité cosmique. La terre se transforme en lieu de vacances et comme les cavernes au paléolithique, en un musée de la naissance de l’humanité. À gogol années, l’humanité a tenu sa promesse et aucune naissance d’être humain n’a été interdite !
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reseau-actu · 5 years
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Le géant américain doit renforcer un équipement clé du 737 NG.
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Boeing subit la loi de Murphy, du nom de l’ingénieur américain spécialisé dans la sécurité des systèmes critiques aéronautiques, qui postula, à la fin des années 1940, que «tout ce qui est susceptible d’aller mal ira mal».
À lire aussi : Boeing se dote d’un supergendarme de la sécurité
Pour Boeing, depuis des mois, le pire semble toujours certain. Englué dans la crise du 737 Max, interdit de vol depuis mi-mars 2019 après deux crashs meurtriers, le best-seller du géant américain est confronté à un nouveau problème technique. Il concerne, cette fois, le prédécesseur du Max, la version NG qui a été produite à 6340 exemplaires depuis son lancement en 1996.
En octobre dernier, plus d’un millier de 737 NG avaient déjà été inspectés et 5 % environ réparés, après la découverte de fissures sur le fuselage d’un avion en Chine. Aujourd’hui, ses nacelles sont mises en cause par le Conseil national de la sécurité des transports (NTSB) américain, à la suite d’un incident sur un moteur, lors d’un vol New York-Dallas de Southwest Airlines, en avril 2018. L’incident s’était soldé par la mort d’une passagère et huit blessés. Le rapport d’enquête préliminaire explique qu’une aube de soufflante, c’est-à-dire une des pales qui entourent le moteur, s’était fissurée et avait, en explosant, entraîné la désintégration partielle de la nacelle.
Le Max n’est pas concerné
Cette dernière protège le moteur et intègre l’inverseur de poussée qui permet à l’avion de freiner lors de l’atterrissage. La nacelle doit contenir les pales confinées si elles se détachent en vol, ce qui est «très rare», assure Safran, co-fournisseur du CFM-56, le moteur du 737 NG, avec son partenaire GE. Mais dans le cas du vol Southwest, des débris avaient perforé un hublot, provoquant une dépressurisation de la cabine et obligeant les pilotes à atterrir en urgence.
Mercredi 20 novembre, le NTSB, qui est une agence indépendante du gouvernement fédéral, a recommandé à Boeing d’améliorer la conception et les matériaux utilisés afin que la nacelle soit plus «robuste» et qu’elle confine correctement les éventuels débris. Plus largement, le NTSB appelle «constructeurs d’avion et de moteurs» à suivre sa recommandation. Cet accident «démontre qu’une lamelle de soufflante peut s’user et se détacher de manière différente de celle observée lors des essais de certification du moteur», a ajouté son président, Robert Sumwalt.
La FAA, agence fédérale en charge de la sécurité aérienne, a déclaré «examiner» les recommandations du NTSB, qui l’a prise de vitesse sur ce dossier. Boeing, qui est responsable de la nacelle dont la conception a été sous-traitée à UTC, est d’ailleurs prêt à appliquer les recommandations du NTSB.
Boeing « travaille à des améliorations de la conception » de la nacelle qui seront apportées à la flotte en service, une fois certifiées.
Boeing «travaille à des améliorations de la conception» de la nacelle qui seront apportées à la flotte en service, une fois certifiées. Pour l’heure, les 737 NG «en service sont sûrs» et peuvent voler «normalement», ajoute le constructeur. «Le problème a été traité par des inspections des aubes de soufflante.» Safran et GE avaient achevé, en août 2018, l’inspection des aubes de 15 000 moteurs. Le motoriste français relève aussi que «la recommandation du NTSB ne concerne ni les aubes ni le moteur du 737 NG». Boeing a, de son côté, précisé que le Max n’était pas concerné. La FAA a indiqué qu’elle n’avait de calendrier précis pour la reprise des vols de l’avion, espérée début 2020 par le géant américain.
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reseau-actu · 5 years
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Dans un nouveau livre, Euny Hong explore l’art social de compréhension que les Coréens cultivent depuis leur enfance.
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Vous avez toujours voulu lire les pensées? Ou souhaiteriez-vous avoir un peu plus de la qualité ineffable qui fait que certaines personnes semblent être facilement populaires lors de fêtes, chanceuses en amour et avoir du succès au travail?
Peut-être avez-vous besoin de rafraîchir votre nunchi - un concept coréen traditionnel de conscience de la situation et le focus du nouveau livre du journaliste et auteur américain Euny Hong, Euny Hong, Le pouvoir du nunchi: le secret coréen du bonheur et du succès.
Selon Hong, le nunchi est «l'art de comprendre ce que les gens pensent et ressentent», une qualité que possèdent ceux qui sont sensibles à la dynamique au sein d'un groupe donné.
Les Coréens cultivent le nunchi depuis leur plus jeune âge. «En Corée, les enfants connaissent le mot avant trois ans», dit-elle. «Vous l’apprenez généralement par la négative; Si tout le monde se tient du côté droit d'un escalator et qu'un enfant se prélasse du côté gauche, le parent dira: "Pourquoi n'avez-vous pas de nunchi?" Il s'agit en partie de ne pas être impoli, mais également: 'Pourquoi n'êtes-vous pas branché sur votre environnement?' "
Le mot «nunchi» lui-même se traduit approximativement par «mesure à l'œil», une sorte de dimensionnement, non pas d'individu mais du contexte général et de l'atmosphère d'une situation. Cela s'applique à presque tous les contextes sociaux, du mariage à l'entretien d'embauche.
En action, nunchi consiste à remarquer qui, dans un contexte donné, parle, qui écoute, qui interrompt, qui s'excuse, qui roule des yeux. À partir de là, on peut faire des évaluations potentiellement utiles sur la nature des relations et des hiérarchies au sein d'un groupe, sur l'ambiance générale et sur la manière de se comporter en conséquence.
En tant que véritables experts discernent intuitivement ces signaux, même s'ils sont en constante mutation, les Coréens ne disent pas que quelqu'un a un «bon» nunchi, mais un «rapide» nunchi - la capacité de traiter rapidement des informations sociales en évolution.
Faux: pourrais-je passer d'introverti à extraverti en une semaine?
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Parce que les personnes atteintes de nunchi rapide prennent le temps de lire la salle, leurs chances de réussir dans n'importe quel environnement social sont plus grandes - elles ont plus de chances de s'intégrer et de créer des liens et sont moins enclines à se montrer naïves ou incompétentes, ou à s'engager faux pas maladroit.
«À un niveau très basique, les gens seront plus heureux d’être autour de vous si vous avez un nunchi rapide», dit Hong, «et d’un point de vue machiavélique, vous pouvez mieux négocier» en restant silencieux, en écoutant attentivement et en recueillant des informations auprès de d'autres avant de parler.
Parce que le nunchi est une compétence douce basée sur la discrétion, Hong note qu'il peut être une superpuissance pour les introvertis. Selon elle, le fait d’avoir abordé des situations sociales sous l’angle du nunchi l’a même aidée à lutter contre l’anxiété sociale, lui permettant de rester enracinée dans des circonstances stressantes.
Dans son livre, Hong explique également que le nunchi aide non seulement les individus, mais a également contribué au développement rapide de la Corée, qui est passé de l’un des pays les plus pauvres du monde à un pays riche en revenus et culturellement fort en quelques générations.
C’est, comme on dit, gros si vrai.
Pourtant, si l'art subtil du nunchi est si puissant, pourquoi semble-t-il qu'aujourd'hui, les grandes entreprises et les dirigeants mondiaux semblent être plus souvent des fanfarons éclatants que des types sensibles et calmes?
L'enquête de Hong Kong sur cette question met en lumière la raison pour laquelle le concept de nunchi - mettant l'accent sur l'unité, l'établissement de relations et l'harmonie collective - peut être particulièrement pertinent à un moment culturel et politique caractérisé par la division. Après tout, c'est essentiellement le pouvoir de comprendre les autres.
"En Occident, on met l'accent sur l'autonomie et l'individualisme, et le nunchi semble préconiser le contraire", dit-elle. "Mais développer nunchi ne signifie pas devenir un lemming, cela signifie simplement que vous utilisez les données à votre avantage pour créer un confort pour vous-même et pour tous les autres."
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reseau-actu · 5 years
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Cette information judiciaire a été ouverte par le parquet de Paris  "pour soustraction de documents ou objets concernant un crime ou un délit en vue de faire obstacle à la manifestation de la vérité".
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Le parquet de Paris a ouvert, le mardi 5 novembre dernier, une information judiciaire contre X "pour soustraction de documents ou objets concernant un crime ou un délit en vue de faire obstacle à la manifestation de la vérité", afin de faire la lumière dans l'un des principaux angles morts de l'affaire Benalla: la disparition de son coffre-fort, a appris franceinfo auprès du parquet de Paris jeudi.  Cela signifie que l'enquête est désormais confiée à un juge d'instruction.
Le 15 février dernier, le parquet de Paris avait ouvert une enquête préliminaire pour "entrave à la manifestation de la vérité".
Un coffre-fort contenant des armes
Les investigations portent notamment sur le mystérieux coffre-fort que l'ex-chargé de mission à l'Élysée possédait à son domicile pour stocker ses armes. Des propos d'Alexandre Benalla en garde à vue cet été puis de récents articles de presse, notamment de Libération, ont laissé entendre qu'il avait sollicité un tiers pour le faire disparaître de chez lui.
Quelques jours après le début de l'affaire des violences commises le 1er mai, le parquet avait d'abord refusé d'élargir le champ des investigations pour rechercher ce coffre-fort, comme le lui demandait un avocat de partie civile.
A l'époque, le ministère public avait estimé qu'il n'y avait pas lieu d'étendre l'enquête puisqu'aucune infraction en lien avec des armes n'était reprochée à l'ancien homme fort du dispositif sécuritaire autour d'Emmanuel Macron.
Au total, cinq procédures judiciaires ont été ouvertes dans la tentaculaire affaire Benalla. Ce dernier a été mis en examen à ce stade dans deux volets, portant sur des violences commises en marge du défilé du 1er-Mai 2018 et sur son usage abusif de ses passeports 
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reseau-actu · 5 years
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Un employé de l'Apple Store se serait envoyé une photo "extrêmement personnelle" d'une femme depuis son téléphone après avoir pris l'appareil pour le faire réparer.
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Gloria Fuentes a apporté son téléphone dans un magasin en Californie la semaine dernière, après en avoir retiré quelques données personnelles.
Toutefois, elle a déclaré que, par l'entremise de Facebook, un employé a trouvé une photo intime sur l'appareil et l'a transférée, à l'insu de la propriétaire, vers un appareil vers son propre appareil.
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L'employée qui travaillait sur son téléphone avait passé "pas mal de temps" avec et lui avait demandé deux fois son code d'accès, écrit-elle.
"Je n'ai pas pu exprimer à quel point j'étais dégoûtée et combien de temps j'ai pleuré après avoir vu ça", a expliqué la cliente d'Apple.
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Copyright de l’image Getty Images
Image caption Apple dit qu'il a immédiatement enquêté sur l'incident
"Ce type a parcouru ma galerie et s'est envoyé une de mes photos très personnelles que j'ai prises pour mon petit ami et qui portait ma géolocalisation, alors il sait aussi où j'habite," dit-elle.Ce n'est que lorsque Gloiria Fuentes est rentrée chez elle qu'elle a réalisé que son téléphone avait été utilisé pour envoyer un SMS à un numéro inconnu.
Elle a déclaré qu'elle était retournée à l'Apple Store mais que l'employé en question avait affirmé qu'il ne savait pas comment le texte avait été envoyé.
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Apple a dit qu'elle était reconnaissante à la cliente d'avoir porté à son attention la "situation profondément préoccupante".L'entreprise a déclaré qu'elle avait enquêté sur l'incident et que le travailleur n'était plus associé à l'entreprise.
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reseau-actu · 5 years
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Avec une population à 34% d’origine étrangère, l’île de Montréal fait figure de village-monde : à mi-chemin entre le multiculturalisme anglo-saxon et le modèle républicain français, la capitale du Québec cherche une troisième voie pour construire son modèle de société. Au-devant de la scène, l’art et la culture brassent des débats complexes sur une identité toujours en construction. Cet article est le 3ème épisode du documentaire multimédia KATHARSIS, qui explore l’impact de l’art sur le monde de demain, diffusé ici en une série de 4 articles et 12 podcasts dans le cadre d’un partenariat avec Usbek & Rica. 
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Au cœur de l’été, sur l’île de Montréal, les passants flânent dans les parcs où flotte un parfum convivial de barbecue. Les terrasses débordent, la chaleur prolonge les nuits, les festivals s’enchaînent : après les Francophonies et Juste pour Rire, se succèdent les Nuits d’Afrique et le festival Présence Autochtone, célébrant d’autres facettes culturelles de la Belle Province. L’heure serait-elle à la fête tout au long de l’année entre les nombreuses communautés qui composent ce village-monde ? « L’utopie des années 1990, au Québec, c’était d’emprunter au modèle multiculturaliste canadien et au modèle républicain français ce qu’ils ont de meilleur : d’un côté, la valorisation de la différence et le désir de coexistence, et de l’autre, la cohésion sociale autour de valeurs partagées », analyse Rachida Azdouz, psychologue en relations interculturelles et autrice de l’essai Le vivre ensemble n’est pas un rince-bouche (Édito Montréal, 2018). 
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— Rachida Azdouz - Le meilleur des deux mondes — 
Cette diversité culturelle est devenue l’un des étendards de Montréal, qui affiche une politique d’ouverture et valorise touristiquement sa « multiculture ». Au cœur de la vieille ville, l’exposition Montréal, Terre d’Artistes mettait à l’honneur durant l’été 2019 les créateurs et créatrices originaires d’Afrique, d’Asie, d’Europe ou d’Amérique Latine contribuant au rayonnement international de la ville. « Sans nier mes origines mexicaines, dont je suis fier, j’ai le sentiment avec le temps que cette diversité en moi est ce qui devient le plus important », évoque Damian Siquieros, auteur de l’exposition. « Ici, on croise des communautés dont les racines sont très présentes. Il faut voir comment les deux identités se mélangent plutôt que de les regarder de façon séparée. C’est plus un syncrétisme qu’une cohabitation. »
Le rêve à l’épreuve du réel 
Il faut dire que la bonne entente interculturelle a fait du chemin au Québec, depuis l’installation des premières colonies francophones quatre siècles plus tôt jusqu’à aujourd’hui. Initialement peuplée par dix nations amérindiennes et une nation inuite, le territoire de la Belle Province a vu défiler sur ses plaines de nouveaux arrivants des quatre coins du monde. Installés à partir du XVIIème siècle au Canada, francophones et anglo-saxons ont entretenu une rivalité tenace : celle-ci se manifestait encore lors du référendum serré de 1995, « remporté » d’un rien (50,6% des voix) par les opposants à l’indépendance du Québec.
Les Premières Nations, quant à elles, célébraient cette année le 50ème anniversaire de leur accès au droit de vote. Un jalon qui n’efface pas les discriminations et l’acculturation forcée que déplorent ces communautés : « On ne redeviendra jamais nomades, regrette Joséphine Bacon, poétesse innue et membre de l’Ordre des Arts et des Lettres du Québec. C’est en s’éloignant de tout ce modernisme qu’on va se retrouver. Avant, on était un peu invisibles, les gens faisaient tout pour ne pas nous voir. Les Québécois savaient qu’il y avait des indiens, mais pas plus. »
L’immigration graduelle de nouvelles nationalités à Montréal a bigarré cette mosaïque. L’afflux de nouveaux arrivants au cours de la dernière décennie, attirés par les opportunités économiques et une politique d’ouverture, a achevé de transformer la ville en laboratoire culturel : entre 2011 et 2016, la proportion d’immigrants à Montréal a progressé de 27% à 34% - un chiffre qui atteint près de 60% lorsqu’on cumule les immigrés de première et de deuxième génération : Haïtiens, Algériens, Italiens, Marocains et Chinois forment, aux côtés des Français, les six nationalités les plus représentées dans l’agglomération.
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Concert de rue estival à Montréal ©Alizée Gau
Derrière ces chiffres impressionnants, l’idéal d’une société interculturelle se confronte pourtant à de profondes dissonances. La dépendance vis-à-vis du géant nord-américain encourage les « irréductibles Québécois » à maintenir une posture défensive. La victoire du parti nationaliste Coalition Avenir Québec en octobre 2018 marque un tournant dans la politique d’ouverture de la Belle Province : rien qu’au premier semestre 2019, le nombre d’arrivées de migrants économiques a chuté de 32% par rapport à l’année précédente. Une majorité de Québécois francophones exprime par ce vote une prise de position contre la politique multiculturaliste de l’Etat fédéral canadien : on accuse ce-dernier de diluer la proportion de francophones pour mieux régner sur le Québec.
Simultanément, artistes et acteurs culturels issus de l’immigration déplorent une persistance des discriminations, un cloisonnement communautaire et un multiculturalisme de façade : « En Haïti, je ne savais pas ce que j’étais ; c’est quand je suis arrivé ici qu’on m’a dit que j’étais noir, raconte Rodney Saint-Eloi, poète et fondateur de la maison d’édition Mémoire d’Encrier. Je suis tombé dans une sorte de schizophrénie, du statut de privilégié à celui de minorité visible. Ici, il y a une réaction bipolaire à l’accueil, les politiques sont très racialisantes – elles désorientent en souhaitant cadrer ce qui est de l’ordre de l’intime. » 
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— Rodney Saint-Eloi – Voyage au-dessus des cultures —
Crises d’identités 
L’essayiste Rachida Azdouz, qui cumule des influences culturelles marocaines, françaises et québécoises, fait fi du politiquement correct pour tenter de comprendre les racines du malaise. D’après elle, l’une des difficultés réside dans le passage à l’échelle – de l’identité individuelle agrégeant plusieurs sous-cultures à l’identité collective confrontée aux mêmes contradictions : « Tant que la question identitaire est interrogée du point de vue de l'individu, il est possible de jongler entre différentes sous-cultures sans avoir le sentiment d'être en morcellement identitaire. C’est fréquent d’être plus solidaire avec certaines parties de sa sous-culture que d’autres, en particulier lorsqu’on sent que l’une d’elles est menacée. » À l’échelle du collectif, les conflits de valeurs sont transformés en conflits de droit.
Une juridiction adaptée peut-elle permettre de résoudre les différents – et préserver une unité sans écraser les différences ?  « L'identité multiculturelle pose problème quand on l'analyse sous l'angle du collectif et du politique. On demande à l'État de se doter d'un modèle pour aménager le vivre ensemble, mais on ne peut pas régler tous les problèmes dans les tribunaux. » Sans valeurs communes, le risque de l’interculturalisme serait d’aboutir à une juxtaposition des particuliers : « Il faut accepter le fait qu’on ne construit pas quelque chose d’aussi complexe qu’une utopie du vivre ensemble comme on construirait une maison, précise l’essayiste. C’est quelque chose qui prend du temps. » 
Un contexte sensible qui rend la liberté de la parole elle aussi plus complexe : l’humoriste Roberto Sierra, comédien depuis 36 ans, observe aujourd’hui une certaine crispation sur les sujets de religion, de race ou de genre : « Il y a un côté plus politiquement correct qu’avant. Tout le monde est devenu critique sur son compte Facebook et devient défenseur de gens qui n’ont pas demandé à être défendus. On a peur, non pas de blesser, mais d’être jugé qu’on blesse. » Né au Québec de parents espagnols et fondateur d’une école d’improvisation, Roberto Sierra fait partie des pionniers ayant contribué au rayonnement du théâtre d’impro : une approche populaire du théâtre née au Québec, reprenant les codes grand-public du hockey, le sport national, et qui reflète selon lui plusieurs aspects de la culture québécoise : « Au Québec, ça fait longtemps qu’on mise sur l’humour, on a toujours été très portés au rire, évoque-t-il. Quand j’étais gamin, j’ai été fasciné par l’impro par ce qu’on voyait enfin des gens qui s’exprimaient comme dans la vie de tous les jours, sans se forcer à adopter l’accent français. Le mandat de mon école, c’est de donner accès à l’impro à tout le monde, parce que je trouve que ça véhicule des valeurs importantes pour tous. »
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 — Roberto Sierra – liberté de rire —
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Spectacle d’impro de la troupe Les Cravates à Montréal ©Alizée Gau
La recherche des communs 
Rassembler autour de valeurs communes : la tâche est d’autant plus complexe pour la jeune société québécoise quand on connaît son émancipation récente vis-à-vis de « parents » Français et Canadiens un peu trop présents. À 80 ans passés, Rodrigue Guité, co-fondateur du premier mouvement politique pour l’indépendance du Québec, se rappelle : « La culture québécoise ? Il n’y en avait pas avant 1960. Jusqu’à la Révolution Tranquille, nous étions tous des Canadiens français. La véritable motivation derrière l’indépendance, c’était la liberté, la possibilité d’agir sans demander l’autorisation d’un autre. » 
Paradoxalement, cette quête de liberté individuelle et d’émancipation est aussi celle qui a conduit de nombreux immigrants aux Québec. Quel autre continent que l’Amérique du Nord respecte davantage cette valeur fondatrice ? Dans l’article introductif présentant la saga Katharsis, l’art-thérapeute d’origine roumaine Vera Heller et l’artiste française LEM présentaient le choix de partir pour le Québec comme une aspiration à la réinvention et à la liberté. Un droit que les peuples autochtones, longtemps laissés pour compte de cette utopie libérale - au premier sens du terme) - réclament désormais à leur tour en demandant à vivre selon des principes étrangers à l’idéologie occidentale : le nomadisme et le respect inconditionnel de la nature.
« Les blancs ne comprennent pas notre culture. En fait, je pense que ça les effraie. Nous disons la vérité sur le territoire et la nécessité de le protéger. Admettre ceci, c’est retirer les privilèges qu’on s’octroie à exploiter la terre comme on l’entend », dénonce dans un documentaire le porte-parole des indiens Cris, Allan Saganash. Dans un contexte de crise climatique, ces principes fondateurs commencent pourtant à éveiller un intérêt nouveau : « La chance du Québec, aujourd’hui, ce sont les Premières Nations, suggère Rodney Saint-Eloi. Il faut réactiver cette mémoire-là. »
Parmi les fondamentaux d’une identité québécoise en construction, la langue revient régulièrement, de même que le climat. « Je suis un cactus qui s’est adapté à l’hiver », évoque avec humour l’artiste Adib Alkhalidey dans le documentaire Crise d’Identité, produit en 2015 par Télé-Québec. Pendant une heure, le film interroge artistes, intellectuels, natifs ou immigrants sur cette épineuse question : comment définir l’identité québécoise ? « Une culture, c’est une langue, propose le conteur et chansonnier Fred Pellerin. Une heure pour déjeuner, une façon de cuisiner le poulet… Puis un territoire. Puis un projet. » 
Au-devant de la scène, l’art et la culture continuent de brasser ces débats aussi passionnants que complexes. La multiculturalité montréalaise s’exprime en français, en anglais, en innu, en musique, en poésie ou en peinture – et parfois dans toutes ces langues en même temps. Débat cacophonique ou superposition créatrice ? À défaut d’un langage unique et consensuel, certains invoquent le potentiel de l’expression artistique pour rassembler et faire converger les émotions. Férue d’expérimentations, la ville de Montréal semble faire le pari d’une catharsis collective par l’art et la culture.
Au Musée des Beaux-Arts de Montréal, Stephen Legari pilote un pôle dédié exclusivement à l’Art-thérapie, au profit d’adolescents, d’immigrants ou encore de personnes âgées. Le thérapeute rappelle le rôle libérateur de l’art quand le verbe ou le raisonnement cartésien échouent à apaiser les angoisses liées aux transitions : « Pour des personnes issues de l’immigration, l’art-thérapie aide à redéfinir son identité dans une société nouvelle et, parfois, à travailler sur le deuil de ce qu’on a perdu. » Les sociétés d’accueil, quant à elles, développeraient via cette pratique leur sens de l’empathie – équivalent interculturaliste de la fraternité républicaine. Une utopie ? Peut-être. Mais qui mérite qu’on se donne les moyens de l’atteindre. 
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 — Stephen Legari – L’Art qui sauvera le monde — 
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Le mauvais vitrier – Mosaïque du palais des congrès ©Alizée Gau
Ecoutez prochainement d’autres témoignages d'acteurs culturels québécois sur USBEK & RICA PODCAST et découvrez le projet KATHARSIS en image sur les réseaux sociaux.
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reseau-actu · 5 years
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Les algorithmes se sont bel et bien installés dans le paysage électoral, et ce depuis la campagne de Barack Obama en 2008. Extrait du hors-série de Sciences et Avenir 199 daté octobre-novembre 2019.
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Un Européen sur quatre serait prêt à laisser une intelligence artificielle (IA) prendre d'importantes décisions politiques, selon une étude de l'IE University, à Madrid, parue au printemps 2019. Preuve que les algorithmes se sont bel et bien installés dans le paysage électoral, et ce depuis la campagne de Barack Obama en 2008. Pour élaborer des campagnes ciblées, les partis ont repris les techniques de micro-ciblage du marketing digital, qui exploitent les traces laissées sur internet et les données géographiques ou démographiques pour définir, voire prédire, le comportement des électeurs.
Macron s’est servi d'un logiciel d’analyse sémantique pour construire son programme
"En France, la palette d'outils numériques utilisée est très large, détaille Éric Treille, chercheur en science politique à l'université de Rennes. En 2012, l'exploitation, notamment, de données des précédentes élections a permis à l'équipe de François Hollande de cartographier les territoires pour rationaliser le porte-à-porte. En 2017, Emmanuel Macron s'est servi du logiciel d'analyse sémantique Proxem pour construire son programme, grâce à la collecte de 100 000 témoignages. Le recours au big data est devenu systématique et quasi industriel." Le seul fait de cliquer sur le bouton "j'ai voté" de Facebook peut influer sur la participation.
Les mouvements populistes ont bien compris la puissance combinée du big data et des réseaux sociaux. Le mouvement 5 Étoiles (M5S) en Italie élabore son programme à partir d'une plateforme baptisé Rousseau sur laquelle tout citoyen peut voter sur les sujets du moment. "Le M5S fonctionne comme une page de résultats Google. C'est un algorithme construit pour capter les sujets qui marchent", estime Giuliano da Empoli, auteur des Ingénieurs du chaos (JC Lattès, mars 2019).
L'affaire Cambridge Analytica
De l'influence à la manipulation… Le pas a été franchi aux États-Unis. Grâce aux données de millions d'utilisateurs de Facebook récoltées à leur insu par la société Cambridge Analytica pour le compte du candidat Trump en 2016, des actions marketing ciblées ont été entreprises. La désinformation va également bon train. La même année, aux États-Unis, une entreprise russe, Internet Research Agency, a organisé une campagne virale de désinformation, générant 77 millions de réactions sur Facebook, 187 millions sur Instagram et 73 millions sur Twitter. Et combien de votes ou de refus de vote ? Nul ne le sait.
"La réglementation est plus protectrice en France, principalement grâce au travail de la Cnil (Commission nationale informatique et libertés)", souligne Éric Treille. Malgré tout, l'IA n'a pas fini de faire bouger les lignes… électorales.
Par Sylvie Lecherbonnier
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reseau-actu · 5 years
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Les chiffres sont inquiétants, l’Inde recense près de 67000 décès chaque année à cause du cancer du col de l’utérus. Face à un chiffre mondial qui s’élève à 260 000 décès par an, certaines entreprises ont décidé d’agir. Microsoft a choisi de s’associer à l’entreprise SRL Diagnostics pour tenter de faciliter le processus d’analyse des nombreux échantillons perçus par les scientifiques.
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L’AI : clef de voûte du projet
Le cancer du col de l’utérus peut être traité s’il est détecté en amont à partir d’un dépistage efficace. Agir rapidement dans le processus de détection est la problématique actuelle de l’Inde. Pour pallier au manque de cytopathologistes présent en Inde, Microsoft et SRL Diagnostics, une entreprise spécialisée dans les diagnostics de pathologie et en radiologie, ont décidé de travailler autrement, grâce à l’intelligence artificielle.
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Cette étude ternit les espoirs d’une découverte de forme de vie extraterrestre
Afin de détecter plus rapidement le cancer du col de l’utérus et de traiter les échantillons reçus, les deux entreprises mettent au point un algorithme capable de regrouper différents systèmes d’analyses pour repérer ce cancer. Il faut savoir que les cytopathologistes reçoivent près de 100 000 échantillons chaque année.
Une accélération des diagnostics
À partir de différentes données récupérées auprès des cytopathologistes, les entreprises ont pu regrouper les nombreuses techniques d’observation pour les intégrer au sein d’un seul algorithme. Cet algorithme fonctionne sur la base d’échantillons numérisés. Ainsi, cette intelligence artificielle vient étudier chaque image, pour détecter la potentielle présence d’un cancer du col de l’utérus.
Pour l’instant, cet algorithme est capable de différencier les échantillons de frottis normaux et anomaux. L’étude est pour le moment menée en interne, l’intelligence artificielle devra être capable d’analyser plus d’un demi-million d’images avant de procéder à des examens externes. L’intelligence artificielle présente un grand intérêt pour la médecine, une AI est par exemple utilisée pour détecter les maladies rares à partir d’un visage.
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reseau-actu · 5 years
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Les parents accordent beaucoup plus d'importance dans leur éducation à la transmission de valeurs d'accomplissement individuel et de bonheur pour leurs enfants, qu'à la transmission d'autres valeurs comme la gentillesse ou la bienveillance. Cette évolution impacte les nouvelles générations.
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Atlantico.fr : Comme le montrent un certain nombre d’études, dans les pays développés, les parents accordent beaucoup plus d'importance dans leur éducation à la transmission de valeurs d'accomplissement individuel et de bonheur pour leurs enfants, qu'à la transmission d'autres valeurs comme la gentillesse ou la bienveillance. Un changement qui n'est pas sans répercussion pour les nouvelles générations.
Une étude de la Harvard School of Education, publiée en 2014, montre que 81% des enfants américains estiment que leurs parents placent la réussite et le bonheur avant la bienveillance. Ce phénomène est-il général ? Pourquoi les parents sont-ils dans cette logique ?
Bertrand Vergely :  Vouloir que ses enfants réussissent et soient heureux n’a en soi rien de choquant. Quel père, quelle mère désire le contraire ? Tous les parents souhaitent que leurs enfants réussissent et soient heureux. Il s’agit là de l’aspiration  la plus normale et la plus banale qui soit. 
Ce souhait va-t-il contre la bienveillance ? Est-il incompatible avec elle? Nullement. Si tous les parents souhaitent la réussite et le bonheur de leurs enfants, tous souhaitent qu’ils soient bienveillants en estimant que la  bienveillance n’est nullement incompatible avec la réussite et le bonheur.  
On ne devrait donc nullement s’alarmer du fait que les parents souhaitent ceux-ci pour leurs enfants. Or, on s’alarme en ne trouvant pas normal que 81 % des parents américains poursuivent un tel projet. Plus grave, on en déduit que cela se fait au détriment de la bienveillance. C’est cela qu’il importe d’analyser.
Comment se fait-il que la réussite d’un côté et la  bienveillance d’un l’autre sont incompatibles ? Osons cette explication : cela vient de ce que l’on n’en parle pas vraiment. On fait semblant. 
Quand les parents rêvent de réussite pour leurs enfants, qu’y a-t-il derrière ce rêve ? De la peur et, avec elle, une obsession : que leurs enfants ratent et souffrent et qu’ils leur retombent sur le dos.  Ayant cette peur, ils poussent leurs enfants à réussir coûte que coûte.  Rien d’étonnant de ce fait à ce que la réussite  donne l’impression d’avoir été  survalorisée. 
Ayant été élevés dans l’obsession de l’échec et de la souffrance, les jeunes ont appris la réussite dans la douleur, sans bienveillance. Ils ne sont pas les seuls. 
Nous avons tous collectivement peur de rater et de souffrir. Ayant cette peur, nous sommes sourdement tristes. Pensant dans la tristesse, nous n’imaginons  pas possible de vaincre l’échec et la souffrance autrement que par la violence et en souffrant. 
Ce phénomène profondément occidental et américain est planétaire Le monde adhère à l’American dream, au grand rêve américain, parce que, derrière ce rêve, il entend  cette promesse : « Tu as peur de rater et de souffrir ? Viens avec nous. Nous allons faire mal à l’échec et à la souffrance qui te font si mal. Nous allons guérir ta peur en la terrassant  par la réussite et le bonheur ». 
Monique de Kermadec : Nombreux sont les parents qui évoquent en premier leur désir que leur enfant soit heureux. Ce désir est ainsi tout particulièrement énoncé en entretien par les mères mais le désir que leur enfant réussisse s’est sensiblement accru au cours des dernières années.
Le contexte économique est certes responsable en partie de cette évolution. Les parents inquiets pour l’avenir de leur enfant perçoivent la réussite scolaire comme une première protection contre un avenir incertain. Une arithmétique affective semble s’être mise en place: nombre limité d’emplois=seuls les meilleurs seront pris.
Mais, le parent peut aussi souhaiter la réussite de son enfant comme preuve de sa propre réussite. L’enfant devient alors l’objet d’un enjeu narcissique, la réussite de son enfant est une sorte de badge d’honneur.
Qu'est-ce que cela implique pour les enfants des nouvelles générations ? Comment considèrent-ils la gentillesse ?
Bertrand Vergely : Au prime abord, les jeunes d’aujourd’hui sont plutôt plein de bienveillance et de gentillesse.  Il y a chez eux un côté sympa, courtois et prometteur. Reste qu’ils ne sont pas simplement sympas et prometteurs. Il y a aussi chez eux une dureté proportionnelle à leur fragilité. 
Vivant dans un monde qui a peur de rater et de souffrir, ils ont eux aussi peur de rater et de souffrir. Aussi leur préoccupation numéro un est-elle de savoir s’ils vont pouvoir avoir un emploi et s’insérer dans la société. De ce fait, ils développent des attitudes conjuratoires qui peuvent prendre trois formes. 
I. Un individualisme exacerbant une posture cynique avec comme devise : « La réussite pour moi ! ». II. Un compromis aspirant à la réussite et au bonheur non seulement pour soi mais pour les autres avec comme devise : « La réussite pour tous ! ».  III. Une attitude« anti-système » rejetant tout, réussite et bonheur, bienveillance et gentillesse, en voulant simplement casser.  
Majoritairement, les jeunes se retrouvent dans la deuxième devise « La réussite pour tous », devise proposée par une ex-ministre de l’Éducation Nationale qui avait bien senti le vent de l’époque. Si on peut réussir et que les copains et les copines réussissent aussi, c’est sympa ! La réussite sans oublier les autres, le collectif dans la réussite, on est pour. Programme fédérateur, alléchant même.  Du moins en apparence. 
La bienveillance que l’on trouve dans la formule « la réussite pour tous » n’est pas  bienveillante mais hypocrite. Parlant de réussite, elle se donne bonne conscience en y rajoutant de la bienveillance. Parlant de bienveillance, elle garde les pieds sur la terre de l’égoïsme et compte bien réussir.  De sorte qu’en définitive, tout en faisant mine d’y croire, en fait, les jeunes ne croient pas trop dans la bienveillance. 
Monique de Kermadec : L’enfant élevé pour réussir, pour être le meilleur sera tout naturellement focalisé sur lui. L’autre est un obstacle à sa réussite, il n’existe que pour être dépassé, « écrasé ».
La gentillesse ne peut avoir de place dans un tel contexte.
Il est important que le parent aide l’enfant à prendre conscience que la gentillesse, l’attention à l’autre, permet une collaboration positive et un enrichissement pour les deux. Pour cela les paroles ne suffiront pas. L’exemple est essentiel. Le rôle de modèle du parent ne doit donc pas être sous-estimé. Il est évident que la parent lui-même ne sera pas toujours à la hauteur de ses propres attentes. Parler alors avec son enfant de ses regrets permettra une réflexion et un partage positif pour les deux.
La réussite aide-t-elle  les enfants à être heureux et à réussir ? Sa pression n'est-elle pas contre-productive ?
Bertrand Vergely : Le fait de vraiment parler de réussite et de bonheur est fondamental et aide les jeunes quels qu’ils soient. 
Tout être humain rêve d’être quelqu’un de bien en vivant une vie digne et belle. Éduquer un enfant, un adolescent et un jeune, c’est lui transmettre ce désir de bien faire en donnant le meilleur de lui-même. 
Quand parler de réussite et de bonheur consiste à parler vraiment de la perfection intime et profonde d’où vient toute réussite et tout bonheur, non seulement cela aide mais cela sauve. Le problème n’est donc pas là où on le pense. 
Il n’est pas de faire taire les mots réussite et bonheur sous prétexte que ceux-ci peuvent être des termes chargés de rivalité et de poursuite de confort matériel, mais de vraiment en parler. 
Il est vrai qu’aujourd’hui ces termes créent une pression. Est-ce leur faute?  Au Japon, quand ils échouent à tel ou tel examen ou à pouvoir rentrer dans telle ou telle université, certains jeunes se suicident, pourquoi ? À cause des termes réussite et bonheur ? Non. À cause de ce qu’il y a derrière à savoir l’idée que l’on n’est rien si l’on n’a pas réussi. C’est l’échec vécu comme faute qui rend la réussite violente. 
Quand un musicien fait des fausses notes, ce n’est pas la musique qu’il faut supprimer mais les fausses notes. Quand on parle bêtement et  de façon barbare de la réussite ce n’est pas la réussite qu’il faut supprimer mais la bêtise et la barbarie. On fait l’inverse. 
Quand on est intelligent, on parle bien de la réussite. Et quand on en parle mal, au lieu de la supprimer on s’emploie à revenir à une parole juste  Au lieu de cela que fait-on ? Au lieu de bien parler de la réussite, on s’emploie à supprimer ce terme afin de mettre la bienveillance à sa place. Alors que cette dernière n’est pas une arme on en fait une arme.  On en parle insidieusement  dans la haine et la violence. Forcément, cela fascine. 
Quand on est dans une bienveillance agressive, on a tout, la gentillesse et le combat, l’amour et la haine, l’amitié et l’adversité. Séduits,   les jeunes tombent dans le panneau. Ils se lancent dans un combat pour la bienveillance afin de faire advenir une société inclusive, terriblement autoritaire et sournoisement totalitaire.  
Monique de Kermadec : Attendre que son enfant réussisse n’est pas sans induire un stress important chez l’enfant. Un stress que le parent pourra ne pas percevoir ou ignorer. Il est essentiel que le parent sache que son regard, son approbation, sont essentiel pour l’enfant désireux d’être aimé. Ce désir peut en effet inciter l’enfant, l’obliger, à donner toujours plus et peut paradoxalement le conduire parfois à l’échec, à la dévalorisation de lui-même, voire à la dépression. 
Il importe donc que le parent, quel que soit son désir de voir son enfant réussir, fasse passer le message que son amour n’est pas en lien direct avec les résultats, les victoires remportées, que l’échec fait partie des apprentissages et prépare à la réussite quand on sait en tirer des leçons.
Quels risques pour nos sociétés si ce mouvement se poursuit ?
Bertrand Vergely :  On pense que la réussite est une valeur antisociale. On a tort. C’est la façon dont nous parlons et dont nous pensons qui l’est. 
Ainsi, ce n’est pas parce que l’on parle de réussite que l’on est antisocial. C’est parce qu’on en parle bêtement. De même, ce n’est pas parce que l’on parle de bienveillance que l’on est social. C’est parce qu’on en parle intelligemment. 
Aussi convient-il d’être vigilant. On peut être fort peu social en parlant bêtement de choses nobles comme  la bienveillance, la gentillesse et l’amour universel. 
Ainsi, quand on fait de la bienveillance une arme, introduisant de la violence dans  celle-ci, on en pervertit la nature. On met de ce fait le lien social à mal. 
Pour qu’il y ait société, il faut y croire et avoir envie d’y croire. Quand la bienveillance devient une arme, comment avoir envie d’une société bienveillante ? 
Aujourd’hui, ce n’est pas tant la réussite que la bienveillance  qui s’avère être antisociale. La formule « la réussite pour tous » qui est très bienveillante en est l’illustration.  
Il s’agit là d’une formule impossible : les termes « réussite » et « pour tous » étant incompatibles. 
Réussir voulant dire gagner, il n’existe aucune compétition où tout le monde gagne. Quand on a affaire à une compétition, tout le monde ne gagne pas. Quand tout le monde gagne, on n’a pas affaire à une compétition. 
Ou tout le monde gagne et il n’y a plus de réussite. Ou il y a réussite et tout le monde ne gagne pas. Aussi arrêtons de rêver et de faire rêver. Ne faisons pas croire qu’il peut y avoir réussite et réussite pour tous.  Seul un démagogue désirant se faire élire s’amuse avec ce genre d’oxymores ou bien encore une ministre désireuse de ne pas déplaire aux syndicats, aux parents d’élèves et à la gauche de l’école.   
La formule « la réussite pour tous », formule très bienveillante, se moque du monde. Plus grave, elle fait rêver d’une société totalement démagogique noyant les esprits dans une illusion collective. On a là l’essence de ce qui est parfaitement antisocial, être social consistant à respecter les citoyens et non à les prendre pour des imbéciles.
Une société se bâtit autour de l’excellence. On devrait honorer ce principe. On ne l’honore pas. Quand on fait de la réussite un instrument de pouvoir, on ne respecte pas l’excellence. Quand on fait de la bienveillance un contre-pouvoir, non plus. 
La formule « la réussite pour tous » qui prétend abolir la violence de la réussite pour soi en passant à la réussite pour tous ne supprime pas l’obsession de l’échec et de la souffrance qui hante la réussite. Elle la mutualise. Elle fait croire qu’elle change le monde parce qu’elle parle de bienveillance au lieu de réussite. En fait, elle ne fait  que masquer la peur de rater et de souffrir avec la violence que cette peur peut générer en la saupoudrant avec un mirage de gentillesse collective.
Monique de Kermadec :  Une société essentiellement basée sur la compétition, sur la réussite, est une société en souffrance. La compétition à l’excès produit de l’hostilité, prive le groupe des richesses d’une collaboration positive, a un impact sur la santé mentale de ses membres qui ne peuvent que se sentir inadéquats et incapables. 
 Notre société, pour préparer un avenir vivable, a besoin de prendre conscience que la gentillesse, se soucier de l’autre, n’est pas un signe de faiblesse mais au contraire qu’elle est essentielle pour construire un avenir humainement riche et épanouissant. 
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reseau-actu · 5 years
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Les taux alarmants d'automutilation, de suicide et d'anxiété parmi les enfants et les jeunes du monde entier ont poussé l'UNICEF, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et des experts à joindre leurs efforts pour s’attaquer à cette menace croissante.
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« Trop d'enfants et de jeunes, riches et pauvres, aux quatre coins du monde, souffrent de problèmes de santé mentale », a dénoncé la Directrice exécutive du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), Henrietta Fore, dans un communiqué publié mardi. « Cette crise imminente n'a ni limites, ni frontières », a-t-elle ajouté.
Selon l'UNICEF, la moitié des troubles mentaux commencent avant l'âge de 14 ans. Il faut ainsi se doter de stratégies urgentes et innovantes pour les prévenir, les détecter et, si nécessaire, les traiter à un âge précoce.
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UNICEF/Khaled Abd El Wahab
Le harcèlement via les médias sociaux peut entrainer de la violence chez les jeunes et aboutir au suicide.
Selon les dernières données :
Près de 20% des adolescents dans le monde souffrent de troubles mentaux.
Le suicide est la deuxième cause de décès chez les 15-19 ans dans le monde.
Environ 15% des adolescents des pays à revenu faible ou intermédiaire ont envisagé de se suicider.
Les deux agences onusiennes soulignent également que le coût des troubles mentaux n'est pas seulement personnel, il est aussi sociétal et économique. Pourtant, la santé mentale des enfants et des adolescents est souvent négligée dans les programmes de santé mondiaux et nationaux.
« Trop peu d'enfants ont accès à des programmes qui leur apprennent à gérer des émotions difficiles. Très peu d'enfants atteints de troubles mentaux ont accès aux services dont ils ont besoin », a pour sa part affirmé le Directeur général de l'OMS, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, décrétant : « Cela doit changer ».
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Des enfants dans le Nord-Waziristan, au Pakistan, une région où la persistance d'un conflit armé depuis près d'une décennie fait craindre aux psychiatres les effets à long terme sur leur santé mentale. Photo : IRIN / Fakhar Kakahel
Mettre les troubles mentaux des adolescents au coeur des priorités de santé
Afin de placer les troubles mentaux de l'enfant et de l'adolescent au premier rang des priorités mondiales en matière de santé, l’UNICEF et l’OMS organisent une conférence conjointe à Florence, en Italie, du 7 au 9 novembre.
La conférence fait partie de Leading Minds, la série de conférences mondiales annuelles de l'UNICEF pour mettre en lumière les principaux problèmes qui touchent les enfants et les jeunes au XXIe siècle.
La conférence devrait déboucher sur des recommandations par des universitaires, des scientifiques, des gouvernements, des philanthropes, des entreprises, la société civile et les jeunes eux-mêmes.
Elle examinera la raison d'être et les résultats de l'état de la science et de la pratique, y compris les plus récentes données probantes sur la santé du cerveau au cours des premières années de la vie, de la petite et moyenne enfance à l'adolescence.
Les lacunes dans les données qui doivent être comblées, les programmes qui ont été couronnés de succès, la prévalence globale de la maladie mentale selon l'âge et la géographie, les causes et les facteurs contributifs, ainsi que les programmes de prévention et de traitement des troubles et de promotion de la santé mentale, seront également au programme de la Conférence.
UN/Partners Tags: 
UNICEF
OMS
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reseau-actu · 5 years
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L’établissement de la ville sacrée de Mathura accueille les pachydermes malades et en fin de vie…
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La semaine dernière, le premier centre de soins destinés aux éléphants a été inauguré dans la ville sacrée de Mathura en Inde, rapporte Reuters. L’établissement de plus de 2.000 mètres carrés comprend un service gériatrique pour accompagner les vieux pachydermes dans leurs derniers jours. Des soins vétérinaires sont également dispensés aux éléphants blessés et malades.
Doté de rayons X numériques sans fil, d’imagerie thermique, d’ultrasons mais aussi d’une section de quarantaine, le centre attire de nombreux touristes locaux et étrangers curieux de découvrir le nouvel abri vétérinaire des pachydermes. « En construisant un hôpital, nous soulignons que l’éléphant a autant besoin de mesures de protection que tout autre animal », a déclaré Geeta Seshamani, cofondatrice de Wildlife SOS, l’organisation à but non lucratif à l’initiative de l’hôpital. Et de poursuivre : « Ces éléphants en captivité ne sont pas destinés à être utilisés ni maltraités et doivent recevoir le respect dont un animal a besoin ».
Une espèce menacée
Les éléphants sont un symbole culturel et religieux en Inde. Ils sont largement exploités pour les attractions touristiques du pays. Nombreux d’entre eux sont maltraités et torturés par leurs propriétaires. Leur espèce est menacée en Inde où leur population est passée d’entre 29.391 et 30.711 en 2012 à 27.312 en 2017, selon les données du gouvernement. L’activité humaine pousse les éléphants à quitter leur environnement naturel où ils peuvent être tués par des braconniers pour leurs défenses d’ivoire très convoitées.
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reseau-actu · 5 years
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Des chercheurs britanniques entendent mettre au point des analyses à faire chez soi. Pratique pour les femmes qui ne bénéficient pas de dépistage dans leur pays.
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C'est le quatrième cancer le plus fréquent chez la femme dans le monde. Un test sur des prélèvements vaginaux et de l'urine, recueillis par la femme elle-même à domicile, permet de détecter des lésions du col de l'utérus à haut risque d'évoluer en cancer, selon des chercheurs britanniques.
La docteure Belindad Nedjai et ses collègues de la Queen Mary University de Londres ont présenté leurs travaux lundi à la 2019 NCRI cancer conférence qui se tient jusqu'au 5 novembre à Glasgow.
Leur étude, non encore publiée dans une revue scientifique mais communiquée à la presse, a porté sur 620 femmes qui ont envoyé au laboratoire des écouvillons de prélèvements vaginaux et un prélèvement d'urine pour 503 d'entre elles.
Quatre types de papillomavirus ciblés
Le test S5 mesure la méthylation de l'ADN - un changement chimique d'une des quatre lettres de base de l'ADN qui composent le code génétique humain. Ce test recherche cette modification sur les quatre types de papillomavirus (VPH), sexuellement transmissibles, les plus fortement associés à ce cancer pour produire un score qui indique le niveau de risque. Plus le score est élevé, plus le risque de cancer est élevé.
Le cancer du col de l'utérus est précédé d'une croissance anormale de cellules précurseurs à la surface du col de l'utérus, qui peuvent se transformer en cancer du col.
« Le test a permis de distinguer les femmes qui n'avaient pas de lésions précancéreuses et celles qui avaient des lésions au stade CIN3 (probabilité élevée de cancérisation, ndlr) ou plus », selon la docteure Nedjai. Les chercheurs travaillent pour essayer d'améliorer encore la précision de leur test qu'ils jugent « prometteur ».
Viser de nouvelles patientes
« Ces résultats représentent un progrès dans le dépistage du cancer du col de l'utérus, en particulier pour les femmes qui ne fréquentent pas la clinique, comme les femmes âgées, ou qui trouvent le frottis trop douloureux ou ne bénéficient pas d'un programme de dépistage dans leur pays », estime la docteure.
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En 2018, 570 000 nouveaux cas de cancer du col de l'utérus ont été diagnostiqués dans le monde et environ 310 000 femmes en meurent chaque année. En France, le cancer du col de l'utérus a causé 1 117 décès en France en 2018.
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reseau-actu · 5 years
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Derrière le psychanalyste, quel scientifique était Sigmund Freud ? Médecine, biologie, neurologie, quels ont été les divers travaux de Freud dans la première partie de sa carrière ? De la neuropathologie, comment s’est il intéressé à la psychiatrie et ses troubles ?
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Il y a des noms qui font frémir les amateurs de science, parfois pour de très mauvaises raisons. C’est le cas de Sigmund Freud, dont la théorie psychanalytique est considérée par les poppériens comme une pseudo-science, impossible à vérifier ou réfuter expérimentalement. Mais c’est oublier un peu vite qu’avant cette théorie, FREUD a eu une longue carrière de neurobiologiste et de psychiatre, qu’il a notamment travaillé sur les paralysies et l’hystérie auprès de Charcot, et que ses travaux lui ont valu le fait d’être proposé 12 fois au Prix Nobel de Médecine. C’est de ce Freud-ci dont nous allons aujourd’hui vous parler.
Freud, de l’autre côté du divan : c’est le programme préanalytique qui est le nôtre pour l’heure qui vient. Bienvenue dans La Méthode scientifique.
Et pour évoquer ces contributions scientifiques et comment elles débouchèrent, in fine, à la formalisation de la psychanalyse, nous avons le plaisir de recevoir aujourd’hui Laura Bossi, neurologue et historienne des sciences au laboratoire SPHERE de l’Université Paris-Diderot et Andreas Mayer, historien et sociologue, directeur de recherche CNRS affilié au centre Alexandre Koyré à l’EHESS.
Le reportage du jour
Freud sera marqué par les travaux du neurologue Jean-Martin Charcot. Lors d’un séjour à Paris, il fait un stage à l’Ecole de la Salpêtrière entre octobre 1885 et février 1886 et assiste aux leçons du mardi données par ce grand savant sur l’étude et le traitement de l’hystérie. Reportage à la bibliothèque Charcot, sur le site de l’Hôpital de la Pitié-Salpêtrière, avec le conservateur en charge de ces collections Florian Horrein. Par Céline Loozen :
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Écouter LA_METHODE_SCIENTIFIQUE - Reportage dans la bibliothèque Charcot, neurologue qui a influencé Freud, avec Florien Horrein, ICM
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Les repères
Sigismund Freud, de son vrai nom, est né le 6 mai 1856, à Freiberg en Moravie (actuelle république Tchèque), dans l’Empire austro-hongrois. Après un parcours scolaire brillant, il s’engage à l’université de Vienne dans un cursus de médecine, d’où il sort diplômé à l’âge de 25 ans.
Il entame ensuite plusieurs séjours de formations scientifiques auprès de grands médecins savants entre Trieste, Paris et Berlin pour étudier la biologie, la zoologie, la physiologie et la neuropathologie. Dans cette période, il fera des rencontres déterminantes pour la suite de sa carrière, notamment le médecin autrichien Josef Breuer, qui vont guider son approche “scientiste” et matérialiste du vivant.
Après un stage marquant auprès du neurologue Jean-Martin Charcot à l’Ecole de la Salpêtrière de Paris, il découvre les méthode d’hypnose pour traiter l’hystérie à travers des leçons spectaculaires et publiques. Il revient à Vienne début 1886 pour étudier le système nerveux, et se spécialiser en neuropathologie. Il va étudier de nombreux patients à l’hôpital de Vienne et approfondir l’examen clinique de cas multiples de paralysies. Il va en parallèle développer des méthodes d’observation histologiques. 
Ses travaux en neurologie lui feront gagner en notoriété dont il a besoin. Après avoir épousé Martha Bernays, une fille de commerçant, il doit subvenir aux besoin de son foyer et de ses six enfants. Le besoin d’ouvrir un cabinet et de se doter d’une bonne clientèle sera source d’ennui car le détourne de son activité primordiale : la recherche médicale. Cela ne l’empêchera pas de publier des travaux nombreux en neurologie et la neuropharmacologie, comme l’étude des effets dopants et anesthésiants de la cocaïne.
Progressivement, et avec ses proches collaborateurs, il va s’intéresser à l’hystérie et l’étude de ses causes. A l’époque, l’étiologie concernant ces troubles psychiatriques est divisée. Il va se pencher sur le cas qui deviendra célèbre d’Anna O, avec l’hypnose et la méthode cathartique développée par Breuer. Ensemble, ils publient Etudes sur l’hystérie, qui deviendra une référence pour la communauté. Puis, suivant son anti-dogmatisme naturel, il va se détacher de ces méthodes pour instaurer lui-même une nouvelle approche : le transfert et la cure psychanalytique. La psychanalyse, qu’il invente, vers 1896, repose sur la recherche des souvenirs archaïques en lien avec les symptômes, via la libre association des idées. Il rompt ainsi avec toute tradition médicale et les idées de ses collaborateurs. 
Pour aller plus loin
[Thread] Retrouvez aussi toutes les sources de cette émission sur le fil Twitter de La Méthode scientifique.
Freud, neurologue (Pour la Science)
Freud, les paralysies hystériques et la psychopathologie par Patrick Juignet
[Dossier] 2018 > Sigmund Freud - Du regard à l'écoute
Présentation de la conférence de Freud du 14 février 1884 “La structure des éléments du système nerveux” par Thierry Longé (Cairninfo)
[A découvrir] >Freud, la neurologie, la psychiatrie et la psychanalyse (Et un peu de neurologie)
[Vidéo] 2018 > Médecine au carrefour des sciences  avec LauraBossi sur RCJ RADIO
[Dossier] 2018 > Freud, les paralysies hystériques et la psychopathologie par Patrick Juignet
Neuroscience et psychanalyse par PierreBuser (Cairninfo, 2007)
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reseau-actu · 5 years
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Nous savons que l'histoire est écrite par les vainqueurs et dès le début de notre scolarité, nous nous habituons à lire les faits et les événements du passé de ce point de vue unique, où les héros, quels qu'ils soient et qu'importe les atrocités qu'ils ont commises, sont toujours les sauveurs du pays.
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L'histoire du continent américain en est un exemple : un territoire déjà existant, re-découvert en 1492 par Christophe Colomb, qui apparaît dans les livres d'histoire comme le grand explorateur qui a découvert l'Amérique. Les peuples indigènes qui habitaient ces lieux ont été presque complètement exterminés les siècles suivants et, à ce jour, l'historiographie américaine a encore tendance à omettre la violence avec laquelle la conquête a été menée à bien.
via: ancient-origins.net
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image: Wikimedia Commons
Pourquoi n'y a-t-il aucune trace de la carte des tribus amérindiennes dans les livres d'histoire ? Une question provocatrice qui veut nous faire réfléchir sur des concepts tels que "extermination" et "génocide", mots longtemps évités par l'historiographie occidentale. Dans les écoles américaines, les populations autochtones ne sont toujours pas étudiées comme une partie fondamentale de l'histoire du continent. Cela nous fait réfléchir sur la version la plus répandue dans les livres d'histoire, mais aussi dans la culture occidentale en général : on parle de "découverte" de l'Amérique du Nord et non de "conquête", comme si avant l'homme blanc, le continent n'existait pas ou accueillait des populations sans valeur. Ce n'est que grâce à la sortie de livres tels que "Enterre mon cœur à Wounded Knee" et autres, au milieu du XXe siècle, que l'on a commencé à prendre conscience d'une histoire presque inconnue à l'époque. 
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image: emersonkent.com
Au moment de la conquête, la population autochtone des Amériques comptait environ 500 millions de personnes. On estime qu'entre 80 % et 95 % de la population mondiale est décédée entre 1492 et 1550 à la suite de maladies importées par les Européens.
Au XIXe siècle, l'Amérique du Nord comptait plus de 1 000 tribus, alors qu'il n'y a aujourd'hui que 566 groupes ethniques distincts au Bureau des affaires indiennes. Pendant les guerres de conquête, l'ère du Far West et toutes les années suivantes, la population totale d'Amérindiens aux États-Unis a atteint son plus bas niveau historique de 250.000 personnes. Aujourd'hui, les Amérindiens sont légèrement plus nombreux (ils sont 2,9 millions) mais ils ne représentent que 1,5% de tous les Américains des Etats-Unis. Les tribus les plus peuplées sont les Navajos, les Cherokees, les Choctaw, les Sioux, les Chippewas, les Apache, les Pieds-Noirs, les Iroquois et les Pueblo.
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image: cellcode.us
Les Amérindiens ne parlaient pas qu'une seule langue : il existe près de 1 000 formes de communication différentes. De ce nombre, il n'en reste que 296 aujourd'hui, et seuls quelques-uns résisteront à l'épreuve du temps.
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image: Wikipedia
Ce que nous espérons, c'est que l'historiographie moderne pourra inclure cette partie très importante de l'histoire des peuples amérindiens, en rendant enfin justice à une population qui, déjà avant l'apparition de l'homme blanc, semblait très évoluée et avec des valeurs profondes, loin du désir de conquête et de la cruauté affichés par certains Européens.
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