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A quoi servent les genres musicaux ? Une exploration de la minimal synth. (2/2)
Voici le second épisode du podcast consacré à la minimal synth. C’est l’occasion de rentrer dans les couleurs du genre, de s’arrêter sur certains morceaux emblématiques et sur les artistes qu’il y a derrière.
On décrira le genre comme inséré entre trois genres musicaux qui ont marqué les années 1980 : la musique industrielle, la new-wave et l’indie-pop. Puis il s’agira de répondre à la question qui sert de fil rouge à cette exploration, celle des usages et de l’utilité des genres musicaux.
Ce deuxième épisode parle de futurisme, de simplicité, de danse et de charlotte de douche.
Bonne écoute.
Références utilisées :
Stenia J. Broiza, « Twee, bonbons et chatons. Not That Innocent », Retard Magazine, 2017, https://retard-magazine.com/twee-bonbons-et-chatons-not-that-innocent/
Marta Defoe, Bob George (dir.), International Discography of New Wave, One Ten Records, 1980.
« Xeno & Oaklander nous ont parlé de hardcore, de littérature et de l’enfer qu’est devenu New-York », interview par Rod Glacial, Vice.com, https://www.vice.com/fr/article/6ve95m/xeno-and-oaklander-interview-brooklyn
Tony Leduc-Gugnalons, Afterpunk highlights. L’ère de la glaciation sonore. Camion Blanc, 2018, p. 708.
Jennifer C. Lena, Richard A. Peterson, « Classification as Culture: Types and Trajectories of Music Genres », American Sociological Review, 5/73, 2008, p. 703.
Alexander Reed, Assimilate. Une histoire critique de la musique industrielle, 2018, Camion Blanc, p. 313.
Nick Richardson, « Private decadence », The Wire, 319, 2010, p. 40.
Morceaux :
Arvid Tuba – Rehabilitation
Arvid Tuba – The Seasons Are Seating On Chairs
Oppenheimer Analysis – The Devil’s Dancers
Ghosts Of Dance – Sunset Across Kyoto
Karen Marks – Cold Café (cassette demo)
Xeno And Oaklander – Nuit
Solid Space – Tenth Planet
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A quoi servent les genres musicaux ? Une exploration de la minimal synth. (1/2)
En 2017, après avoir arrêté de faire de la radio, j’ai créé un podcast avec l’ambition d’y mettre tout ce que j’aimais. La sociologie, la musique, la politique, le cinéma, les gens. J’ai travaillé avec passion sur un premier épisode, et il n’est resté que lui. J’y avais mis deux mois de travail, je n’ai jamais retrouvé ce temps.
Je suis contente aujourd’hui que cette première pierre existe, parce qu’elle rend possible ce prolongement. Ce travail sur la mininal synth est une incursion dans un genre musical et une réflexion sur la classification en musique. Un travail qui devait à l’origine rester un texte, mais dont je ne regrette pas le passage à l’oralité. Le fait de pouvoir ponctuer les paroles de musique lui donne une portée différente. Ça me rappelle la découverte de la musique à la radio, que ce soit par les chroniques matinales de Matthieu Conquet, à une époque sur France Culture, ou par la géniale émission Juke-Box d’Amaury Chardeau.
Ce premier épisode parle de discours, de réputation, de technologie et de faire de la musique dans sa chambre.
Bonne écoute.
Références utilisées :
Julien Faure, « La Synth Wave, c’était demain », L’Influx, 2011, modifié en 2016 http://www.linflux.com/musique/la-synth-wave-cetait-demain/
“Aux origines de Kas Product”, interview par Rod Glacial, 2017, Vice.com, https://www.vice.com/fr/article/ypqybv/aux-origines-de-kas-product
Tony Leduc-Gugnalons, Afterpunk highlights. L’ère de la glaciation sonore. Camion Blanc, 2018, p. 708.
Jennifer C. Lena, Richard A. Peterson, « Classification as Culture: Types and Trajectories of Music Genres », American Sociological Review, 5/73, 2008, p. 703.
Alexander Reed, Assimilate. Une histoire critique de la musique industrielle, 2018, Camion Blanc, p. 313.
Joseph Rothstein, MIDI: A Comprehensive Introduction, A-R Editions, 1995.
Simon Reynolds, Rip It Up and Start Again. Post-punk 1978-1984, Editions Allia, 2007, p. 406.
Morceaux :
Victrola – Maritime Tatami
Solid Space – Destination Moon
BUZZ – Petite poupée japonaise
Disque Omo – Toujours L’Amour
Absolute Body Control – Baby’s On Fire
Ceramic Hello – Footsteps In The Fog
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Pacôme Thiellement ou la transcendance des obsessions
Comment est-ce que je me suis retrouvée à lire un bouquin sur Jésus ? Durant les premières pages de "La victoire des Sans Roi. Révolution gnostique", qui passent en revue différentes appropriations par les apôtres de la pensée de Jésus, j'ai eu le temps de me poser la question. Je n'ai pas le moindre rapport avec la religion et un intérêt en dessous de zéro pour le christianisme. Mais il a fallu deux phrases, en fin de chapitre, pour que craque l'allumette de la curiosité et que je me souvienne ce que j'étais venue faire là.
"Dieu est le pire ennemi de Jésus et Jésus est le pire ennemi de Dieu. Et c'est là que les problèmes commencent."
Si je viens de finir un bouquin sur les Gnostiques, les premiers adversaires du christianisme, fidèles de Jésus mais dissidents de l'Eglise chrétienne, c'est de la faute de Pacôme Thiellement.
J'ai rencontré ses écrits autour de 2012-2013. Je lisais à l'époque avidement le site qui a le plus bâti ma conscience politique, Les Mots Sont Importants, créé par Sylvie Tissot et Pierre Tevanian. Les articles de Pacôme Thiellement portaient sur "Céline et Julie vont en bateau", le film de Jacques Rivette. Je me souviens, je n'y comprenais rien. C'étaient parmi les textes les plus ésotériques, confus et colorés que j'avais pu lire. Mais il élaborait une analyse qui avait créé en moi une petite déflagration. Sa proposition consistait à dire que les films dans lesquels les femmes sont amies, collaborent entre elles et ne sont pas punies pour ça, sont rarissimes. "Céline et Julie" en est le parangon. Le film, que j'ai fini par découvrir lors d'un mini ciné-club féministe, compte depuis parmi ce que j'ai vu de plus ésotérique, confus et coloré. Et les bouquins de Pacôme Thiellement me happent peu importe le sujet.
Il parvient à écrire avec suspense des essais qui articulent une mosaïque d'objets culturels populaires et des enseignements théoriques et spirituels qui, on l'aura compris, peuvent remonter à perpète. Il a l'art de semer des graines qui font lever un sourcil, tendre l'oreille, et qu'on ne comprendra pourtant que deux ouvrages plus loin. Il parle de gens, de lieux, en énonçant des noms qui ne sont pas toujours explicités. Sans nécessairement de contexte ni de pédagogie, le lecteur doit accepter de ne pas savoir où il va, où il est. Pour la blague, j'ai lu tout "Tu m'as donné de la crasse et j'en ai fait de l'or" et un bon tiers de "La victoire des Sans Roi" en pensant que le lieu de la découverte des textes des Gnostiques en 1945, la bibliothèque de Nag Hammadi, appartenait à quelqu'un. Je pensais que Nag Hammadi était une personne. (C'est une ville égyptienne proche de Louxor). Mais quand bien même on est souvent paumé, quand bien même la langue, les correspondances et les symboles sont parfois obscurs, je n'ai jamais été passionnée par des essais de cette façon. A part chez Mona Chollet, ce n'est jamais un type de littérature que je n'arrive pas à lâcher. Pourquoi est-ce que j'aime autant les livres de Pacôme Thiellement ?
Je partage peu de ses obsessions culturelles. Il y a bien Lynch, Philip K. Dick, The OA... Mais je ne suis ni proche de Franck Zappa, ni des Beatles, ni de Beaudelaire, ni de Blake, ni de Shakespeare. Je n'ai fini ni Lost, ni Buffy, ni The Leftovers. Mais ce n'est pas un problème. J'ai mes propres obsessions et je sais ce que ça peut faire à l'âme. De ça découle ma fascination pour le travail d'alchimiste qu'il opère, connectant des séries TV à des préceptes datant du début de la chrétienté, reliant au divin des récits de science-fiction et tirant de pop songs des enseignements existentiels. Il me semble être l'un de ceux qui parviennent le mieux à penser avec ses obsessions culturelles. Et il fournit généreusement la possibilité de penser avec lui. Son appropriation des œuvres, l'exégèse qu'il en fait, consiste à en retirer ce qui peut s'appliquer à l'existence. Ce qui peut résonner dans des petits bouts d'histoires personnelles, pour les connecter, les réconcilier ou en adoucir les contours. Il réussit à aller très haut dans l'abstraction, à nous égarer dans des circonvolutions vaporeuses, pour ensuite revenir tout en bas, l'appliquer au plus concret. Pacôme Thiellement nous dit littéralement comment l'art aide à vire.
Je suis parfois déstabilisée par sa façon de connecter des choses qui semblent n'avoir rien à voir. Chez Thiellement, si deux choses renvoient le même éclat, c'est qu'elles ont une essence en commun. Il a une façon de planter des connexions entre les idées avec un aplomb qui leur donnerait presque de l'objectivité. Avec une habileté d'illusionniste, Il fait apparaitre un pont entre deux rives avant de vous regarder droit dans les yeux : "Evidemment qu'il a toujours été là, ce pont. Vous ne l'aviez jamais remarqué ?". La pratique n'est pas pour autant sans rigueur. Il y a bien des références aux Sans Roi dans les discours de John Lennon, quand bien même la lecture des paroles d'une chanson ne nous semble pas immédiatement probante. Mais si la pratique trouble, c'est que le fait de plaquer ses propres conceptions sur un contexte différent, de tisser une narration entre des évènements indépendants, est considéré dans des domaines comme les sciences humaines comme un écueil. Mais là, il le peut. Il y a dans la pensée critique sur l'art une liberté d'un autre ordre. Ce qu'il y a de chouette, quand on parle de forces supérieures, de pop culture et de prescriptions spirituelles (avec le même sérieux) c'est qu'on peut se permettre de bâtir des ponts qui finissent par ressembler à des tourbillons arachnéens. La sensibilité n'obéit à aucune autre loi que la subjectivité.
Même si on n'a pas les mêmes codes ou les mêmes interprétations de l'univers, on peut se retrouver dans ce que Pacôme Thiellement garde du monde pour en faire une planche de salut : "l'art, l'amour et la politique".
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Domestic DJs ou l'art de la playlist
J'ai eu très envie d'écrire ces derniers temps. Parce que je ressentais le besoin de me concentrer sur quelque chose qui me procure plaisir et excitation, et parce que lire chez les autres me faisait beaucoup de bien. J'avais envie d'écrire sur la musique sans parvenir à trouver de support. Je n'ai pas d'album à chroniquer, pas d'artiste écouté en boucle dont j'aurais envie de creuser l'histoire. J'écoute juste des mixes toute la journée.
La pratique est simple mais obéit à des exigences. Contrairement à un album, un mix dans mon cas ne s'écoute qu'une seule fois. L'écoute est toujours active, chaque morceau qui interpelle est fouillé, identifié, la vidéo est débusquée et enregistrée sur Youtube. L'existence d'une tracklist est donc impérative (la flemme sa race de shazamer quoique ce soit). Mais l'immense majorité des podcasts sur Soundcloud n'en fournit pas. Ça me rend dingue, me donne envie d'insulter tout le monde mais il faut faire avec. Les accès de qualité n'en sont que plus rares.
Quand le virage vers ce mode d'écoute a eu lieu, il y a presque deux ans, j'ai été assez fascinée par cette question du rapport au format, des usages qu'on en fait. J'avais envie d'interroger plein de gens sur leur utilisation de Youtube, de Soulseek, de Soundcloud, de Spotify... J'en suis resté à observer ma propre pratique et à garder ces conversations dans un cercle proche. L'envie d'écouter des albums resurgit parfois, quand je ressens le besoin d'une écoute plus diluée, moins aux aguets. Mais les playlists restent mon canal privilégié de découvertes et cela n'est pas sans effets. Il y a d'abord celui de ne s'intéresser que rarement aux albums d'où les titres proviennent. Cela suscite moins de recherche et d'intérêt pour l'histoire et la discographie d'un groupe. Le plus souvent, on en reste à l'amour du morceau lui-même. Est-ce que le rapport à la musique s'en trouve désincarné ? Dans les faits, je trouve que cela implique une nouvelle forme d'attachement.
De la même manière que l'on peut devenir fidèle à un DJ ou à un programmateur de radio, on s'attache dès lors aux passeurs. Aux personnes qui assemblent et publient les sélections. Des selectors de chambre qui mettent de la vie dans d'autres salons. C'est rare de découvrir la bonne personne, quelqu'un chez qui on reconnait des points d'accroches, des endroits où les goûts communiquent. Presque autant que dans la vraie vie. Beaucoup de rencontres chez moi, amicales ou amoureuses, sont marquées par la proximité musicale. La façon dont des sensibilités se touchent et se parlent peut porter une charge affective très forte. (Au point que, lorsque ça ne marche pas à tous les coups, on peut être déstabilisé. Découvrir chez quelqu'un une facette qu'on ne partage pas, qui ne renvoie pas la lumière de la même façon, peut provoquer un sentiment de trahison tout à fait disproportionné) (Mais je m'égare.)
J'ai envie de m'arrêter sur ces rencontres virtuelles, à sens unique, et sur l'identité et l'esthétique parfois très marquées qu'on peut percevoir chez quelqu'un qui fait des playlists sur son temps libre. Avec en exergue un exemple de morceau découvert par leur biais et jamais oublié.
- Starsky -
Retour en 2016. Les playlists Spotify de Starsky m'ont sortie de la misère. J'ai pu renouer avec tout un pan de la pop duquel je m'étais coupée pendant des années à n'écouter que de la musique électronique chelou. C'était une source d'eau claire pour une assoiffée. Pop 90's, songwriting contemporain et indie-rock à sous-bassement mélancolique : la dominante rejoignait ce avec quoi je m'étais construite à l'adolescence. Ces découvertes ont été le pied à l'étrier d'une année, deux ans plus tard, passée à écouter exclusivement de la pop. Une rencontre musicale aussi régénérante qu'une soudaine amitié.
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- Okonkole y Trompa -
Satoshi et PAM incarnent l'ethos du digger qui se voue aux pépites méconnues. Culture critiquée s'il en est, mais pratiquée ici avec beaucoup de générosité. Le blog est érudit, la chaine Youtube bien nourrie, et l'émission sur NTS ressemble au plus bel endroit d'internet. L'éclectisme bordel ! La puissance du tube inconnu ! Ils ne tombent jamais à côté. Synth-pop, street soul, reggae, funk, post-punk crève-coeur. Tout ce qu'il y a meilleur, agencé avec une classe absolue. Rien ne clashe. Ce qu'il y a d'obscur (et de lumineux) dans les années 80 s'y trouve magnifié. Les seules fois où je me suis vue considérer un mix comme un vrai chef-d’œuvre, c'était chez eux.
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- Ban Ban Ton Ton -
C'est le dernier en date. Robert Harris entretient une passion pour les DJ d'Ibiza de la grande époque (1976-1988), un temps où pop, jazz, funk et disco se rencontraient de manière moelleuse entre deux couchers de soleil. Le blog de Harris est une mine d'or et ses playlists se divisent en rubriques : "Looking For The Balearic Beat", pour la danse, et "Chocolate Milk and Brandy", pour la douceur. Ces dernières sont mes préférées, elles sont comme un ruisseau qui coule sans perturbation. Il est finalement assez rare que je m'arrête pour retrouver un titre. C'est le meilleur objet pour une écoute un peu en retrait, sans la moindre anicroche, dans un esprit solaire tamisé, comme les rayons qui perdent en intensité sur une plage à 19h.
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- hrv -
J'ai déjà parlé des playlists d'Hervé (ici), je revendique de façon suffisamment éhontée mon statut de fan n°1 pour ne pas m'étendre. Quand je parlais de petits endroits, très précis, où des sensibilités se rencontrent, je peux citer ici : - l'indie-pop naïve mais à qui on ne la fait pas, qui te ravage en deux accords. - la musique électronique répétitive, dont les beats hypnotisent et roulent des hanches. - La mélancolie où qu'elle soit. - John T. Gast.
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- DJ Sundae -
La transition avec DJ Sundae est naturelle. Impossible d'aimer l'un sans aimer l'autre. Outre de réelles compilations (Sky Girl l'indétrônable), les sélections de DJ Sundae se retrouvent dans l'émission No Weapon Is Absolute qu'il partage avec Cosmo Vitelli. C'est la parfaite conjonction de musique électronique harmonieuse, de pop dépressive et de songwriting qui donne envie de s'allonger pour contempler l'espace en ressentant toutes les émotions du monde en même temps.
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D'autres relations n'en sont qu'à leurs prémisses. Mais je me suis déjà pas mal entichée des anciennes émissions de Michael Kucyk, le patron d'Efficient Space, ainsi que de celles du duo Pender Street Steppers. Et je découvre à peine les playlists de So The Wind, parfois surprenantes, mais donc l'hétérogénéité et le nombre (+700) me ravissent.
Quant à savoir ce que je fais de tous ces morceaux accumulés, et bien vous vous en doutez, je fais des playlists.
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Ecoutes en boucle 2019 : 14 disques
J'ai repris le concept des disques écoutés en boucle à la super Pauline Le Gall. Ça me parlait plus que de faire un top des sorties de l'année, qui aurait laissé de gros trous. Comme l'année dernière, j'aime bien l'idée de regarder ce qui a pris de la place. Ça revient à observer son année attentivement, en la soupesant, le sourcil relevé, puis à convenir de la glisser dans sa poche d'un air entendu en se disant, ok c'était pas si mal.
• Arthur Russell - Iowa Dream - (Réédition 2019 - Audika)
Cet album a surgi pile au moment où j'avais besoin de lui, dans un creux de la vague musical. Les disques de folk enveloppants mais joyeux ne sont pas légion dans mes étagères. J'ai plus de familiarité avec l'horizon dépressif du spectre. Alors quand je tombe sur une telle collection de balades miroitantes, qu'elles soient funky, épurées ou acoustiques, l'émoi est total.
• Blonde Redhead - 3 O'Clock EP - (2017 - Ponderosa Music & Art, Asa Wa Kuru)
Blonde Redhead est l'un de mes groupes préférés. Je ne m'attendais pas à trouver dans cet EP sorti en 2017, écouté par hasard, ce qu'ils ont fait de plus beau. Il y a quelque chose dans le traitement des percussions, dans leur allure un peu bossa, qui lui donne un charme pénétrant. Nulle abrasion dans ces guitares qui roulent calmement. Juste l'espace et la douceur nécessaires pour que l'émotion déborde. Chaque morceau de l'EP franchit un cran dans le sublime. Des titres bons à vous accompagner toute une vie.
• Death and Vanilla - Are You A Dreamer - (2019 - Fire Records)
J'aurais écouté beaucoup moins de dream-pop en 2019 que durant les deux années précédentes. Mais l'air de rien, cet album de Death And Vanilla s'est glissé discrétos à la tête de mes écoutes pendant presque quatre mois. Il n'y a pas un titre en dessous des autres. Comme un bal musette qui vire au truc inquiétant, le disque vogue entre légèreté retro et psychédélisme trouble.
• Ghost Of Dance - Walking Through Gardens - (1996 - Réédition 2019, Dark Entries)
Découverte l'hiver dernier, la musique de Ghosts Of Dance a frappé là où ça fait mal. C'est comme si ça condensait tout ce que j'aimais. Twee-pop électronique imparable, vignettes dessinées par un duo masculin / féminin, jams instrumentales avec la juste de dose de gimmicks 80. Un chef-d’œuvre insoupçonné.
• Issam Hajali - Mouasalat Ila Jacad El Ard - (1977 - Réédition 2019, Habibi Funk Records)
Face au folk torturé du libanais Issam Hajali, rien que l'écoute du premier titre est une expérience. Une pièce en 8 actes, longue de 11 minutes, dont la trame psychédélique connait des évolutions rythmiques étourdissantes et diffuse une mélancolie violente, qui ne vous lâche pas. Même sans les comprendre, les chansons d'amour sont bouleversantes. Trop de tristesse dans ces "habiba" juste murmurés.
• Lana Del Rey - Norman Fucking Rockwell - (2019 - Polydor, Interscope Records)
Un paquet de monde est tombé d'accord sur ce disque. Quand on vit dans une quête perpétuelle du parfait album de sieste, de l'enveloppe la plus douce qui soit, on est prédisposé à s'y sentir bien. Dans les faits, ça a donné un sacré nombre d'écoutes quotidiennes (surtout au réveil) pendant un mois entier de convalescence. Qui n'en a été que plus efficace.
• PNL - Deux Frères - (2019 - QLF Records)
Je ne vais certainement pas tenter un semblant de critique de cet album (ahah). Il n'y a que l'abcdr qui ait su le faire. Je sais juste que ça s'écoute comme une histoire, c'est presque aussi prenant qu'un livre. C'est rare, les disques aussi absorbants. Ça donne de la force et en même temps, ça rend visible le fait d'être tout cassé à l'intérieur.
• RAP - Export - (2019 - Jolly Discs)
Je craignais de ne pas avoir les mots pour parler d'Export (finalement, si). Mais je ne sais toujours pas si c'est sa beauté ou son audace qui m'écarquille à ce point les pupilles. Meilleur album de 2019 (n°1).
• Reymour - Enigme - (2018 - Kinship)
Duo suisse promis à de grandes choses (main à couper), Reymour m'a accompagnée cette année à coup de claques dans le dos (quand ça allait pas) et de bulles de rêvasserie (quand ça allait mieux). Synth-pop au cordeau et krautrock chancelant, j'aurais écouté bien 500 fois ces comptines. Les paroles sont aussi tranchantes qu'ingénues et les instrumentaux, implacables. De la musique comme je voudrais en faire si je savais comment.
• Roger Rodier - Upon Velveatur - (1972 - Columbia)
Androgyne, la voix de Roger Rodier donne l’impression qu’il sourit en chantant. Upon Velveatur est l'unique album de ce Québécois qui aimait beaucoup les jours de pluie. Un Nick Drake qui aurait pris plaisir à vivre. La densité de l'album est incroyable. Tout en restant dans une veine soft-rock veloutée, il y a à l'intérieur une variété d'esthétiques et de tonalités émotionnelles qui continuent de m'ébahir.
• Sade - Diamond Life - (1984 - Epic)
En se fiant à la première écoute de Diamond Life, on n'aurait pas pu anticiper toutes les suivantes. Ne remontaient d'abord que des atmosphères cheesy de piano-bar d'un autre temps. Cet album situé sur un territoire bien éloigné de ma culture musicale a pourtant ouvert tout un pan de découvertes, de la street soul au jazz narcotique.
• Sara Fuego - Sara Fuego - (2018 - Midi Fish)
Sara Fuego chante son spleen avec une évanescence chromée. Son ambient-trap chantée en français ou en espagnol est confectionnée en Bretagne. Sous leur dehors lo-fi, ces complaintes couleur poussière et néon révèlent des trésors de mélodies et d'écriture. Meilleurs clips du game et punchlines à l'avenant ("j'capterai la 4G pour te raconter des mytho").
• TRjj - Music Compilation: 12 Dances - (2019 - STROOM)
Electro-acoustique en dentelle, obscure et tendre, la musique de ce collectif de Munich déclenche chez moi des sentiments familiers et hallucinés à la fois. Ils brassent ambient, folk trafiqué, chant lointain et kicks alanguis, et imbibent le tout d'une mélancolie terrassante. Dans ce flou, les rythmiques mécaniques évoquent de la musique industrielle qui aurait été dissoute dans du lait. Comme RAP (mais différemment) TRjj combine des squelettes électroniques avec la culture de la musique chantée. Meilleur album de 2019 (n°2).
• Weyes Blood - Titanic Rising - (2019 - Sub Pop)
J'ai voué une vraie obsession pour Weyes Blood pendant plusieurs semaines. L'entendre parler en interview de sa vie, de ses difficultés, des histoires d'amour pourries qui ont nourri ses chansons, me donnait une sensation d'absurdité. Ce n'est pas une personne, c'est une créature. Les banalités de l'existence ne peuvent pas la concerner.
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Viv Albertine, une éthique de l’insoumission
J’ai un goût particulier pour les livres qui traitent du désespoir que la vie domestique peut causer aux femmes. « La femme gelée » d’Annie Ernaux ou « La condition pavillonnaire » de Sophie Divry ont déclenché en moi des sentiments contrastés et exaltants. Il y a d’abord une certaine horreur suscitée par les contraintes qui enserrent les héroïnes. En parallèle, ces lectures libèrent un souffle bouillonnant, lié au fait d’imaginer en miroir une vie différente. La volonté de s’en distancier ne vient pas d’un jugement sur le mode de vie mais au contraire d’une identification très forte. Je me sens puissamment proche d’elles, un « putain ça pourrait tellement être moi » jaillit de toutes mes cellules. Et donc il y a l’admiration. Pour la force vitale dont témoigne l’état neurasthénique dans lequel l’ennui et les tâches permanentes et vides les plongent. Leur façon de s’éteindre renvoie, assez tragiquement, au fait qu’elles aspirent à tellement plus que ça.
Sorti en 2014, « De fringues, de musique et de mecs » de Viv Albertine, (ou « Clothes, clothes, clothes. Music, music, music. Boys, boys, boys », comme assénait sa mère pour résumer ses centres d’intérêt) rentre dans cette catégorie. Mais les points de résonance n’en restent pas là. Ce bouquin m’a subjuguée sur 560 pages d’affilée sans temps mort. La guitariste du groupe The Slits revient dans son autobiographie sur les années punk en Angleterre. A regret, je n’ai pas beaucoup d’accointance avec le punk (je n’aime pas trop les cris…) mais j’ai été surprise d’adorer ce que j’ai écouté des Slits. Les influences dub qui imprègnent la basse et la batterie, le côté joyeux et sale gosse, le chant délié, acrobate d’Ari Up… Comment voulez-vous ne pas être séduit au visionnage d’une telle vidéo ?
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L’exercice qui consiste à décrire un moment d’émulation au sein d’une scène musicale à partir de sa propre expérience n’est pas évident. J’ai détesté “Just Kids” de Patti Smith pour la teneur de sa relation avec Robert Mapplethorpe, qui met un point d’honneur à l’entraver sous prétexte de protection - démarche qu’elle voit comme une attendrissante preuve d’amour. (On a envie de hurler DUMP HIM pendant tout le bouquin.) Mais au delà, le livre me semble échouer à rendre vivante la galerie de portrait qu’il dresse. Et c’est sur ce point précis que « De fringues… » est exceptionnel. Albertine raconte la fin des années 70 en se situant au plus près des garçons et des filles qui constituent le microcosme punk. Elle ne cite pas les noms des gens avec révérence, elle n’évoque pas les lieux en les entourant de mystique. Elle décrit des circulations et des activités qui sont celles d’une constellation d’adolescents, enflammés et en marge. Oui, il y a de la violence, oui ils vivent dangereusement vite. Mais il y a un effet désacralisant à revenir sur ce moment de l’histoire de la musique à hauteur d’individu. Le fait de s’arrêter sur les vêtements que les gens portent, sur les squats où ils vivent et répètent et sur leurs façons de communiquer (personne n’a le téléphone donc n’importe qui peut débarquer chez soi à peu près n’importe quand) ancre le récit dans des formes tangibles de sociabilités juvéniles.
Viv Albertine, Ari Up, Tessa Pollitt
Une des plus belles réussites de l’ouvrage réside dans la finesse avec laquelle Albertine restitue la personnalité de celles et ceux qui l’entourent. Il lui suffit de quelques paragraphes pour faire exister un Sid Vicious complexé et tête de nœud, ou pour donner vie à l’exubérance et la vitalité fracassante d’Ari Up, la chanteuse et fondatrice (à 14 ans…) des Slits. Ce traitement sans fard et cette acuité psychologique, Albertine se l’applique à elle-même. J’ai très rarement lu un livre en ressentant, non pas des bouffées de tendresse pour son auteur, mais de l’amour, du vrai. Un tombereau d’affection chauffée à blanc et une envie de le crier sur les toits. L’artiste restitue le temps qu’elle a passé à ronger son frein face à l’envie de faire de la musique sans jamais considérer en être capable, tant il est impossible à l’époque pour une jeune femme de s’imaginer une guitare à la main. Il y a une honnêteté brute dans la façon dont elle fait état de son hypersensibilité, des maux de ventre que ça lui cause, de son attention tourmentée aux autres et de la façon dont elle ne baisse jamais sa garde devant ceux dont elle redoute le jugement (Sid Vicious, again). L’esprit critique dont elle fait preuve n’épargne personne, ni elle-même, ni la scène à laquelle elle appartient. Si l’éthique de l’impulsion créative sans technique et l’enthousiasme autodidacte ont représenté une idée fondamentale du punk, elle rappelle que la course à la performance allait bon train et qu’il fallait démontrer une bonne dose de technicité pour être pris au sérieux. A ses yeux, le mouvement n’était pas beaucoup moins rigide qu’un autre.
La masculinité n’est pas pour rien dans ces valeurs dominantes. Personnellement, j’ai plus souvent entendu des femmes que des hommes exprimer les difficultés techniques du processus créatif dans la musique. Dans « De fringues… », ça ne loupe pas. Albertine retrace ses premiers pas à la guitare et son perçant sentiment d’imposture. Assumer ce genre de tribulation permet à l’autrice de rentrer dans le détail de la création musicale, « ce fameux stade où le son qu’on a en tête ne sort pas, avec l’excitation et la tension créative que ça suppose ». C’est à la fois passionnant et trop rare.
Ça m’a fait doucement rigoler de lire dans « Lizzy Mercier Descloux, une éclipse » de Simon Clair (une excellente lecture) qu’un certain Seth Tillett décrit les mecs de la scène no-wave comme « anti-machos » : « A la limite, nous préférions la posture de l’écorché vif fragile ou du junkie tragique ». Je veux bien croire que les codes de la masculinité se sont renouvelés depuis Led Zeppelin, mais mec dans QUEL MONDE on a vu l’ethos de l’artiste torturé participer à limiter la domination masculine et à faire une place aux meufs ? Savoir qu’Albertine a longtemps refusé d’officialiser son couple avec Mick Jones des Clash pour ne pas être vue comme la « copine de », et donc pour exister par elle-même, m’a semblé presque rassurant. Ça m’a confortée dans le fait que dans tout milieu musical, la « copine de » est une place maudite.
Après une jeunesse à cracher à la gueule du monde et à déglinguer des chambres d’hôtel, adopter un mode de vie dans la norme est une épreuve. Les pages sur sa vie de famille sont à la fois fascinantes et un peu terrifiantes. Là où le bouquin achève de me bouleverser, c’est lorsqu’Albertine narre la façon dont elle s’est réinventée, à coup de talons dans la fourmilière de la conformité domestique. Elle ne s’est pas seulement sortie du marasme, elle en a fait de l’art. Elle a nourri la musique qu’elle a composé dans la deuxième partie de sa vie d’artiste de l’apathie qu’elle a vécu. « I hate my beautiful, clean, white, pristine, neat, tidy, interior designed, architect built, minimal… shoes off ! » chante-t-elle dans Confessions of a MILF, extrait de The Vermillon Border, sorti en 2013. Après son divorce, sa vie solitaire de quinquagénaire, dotée de son espace, d’amis et de temps pour écrire et faire de la musique, m’apparaît comme un rêve. Viv Albertine constitue l’incarnation la plus punk des femmes qui trouvent dans l’âge mur une félicité qui leur a manqué pendant la majorité de leur vie. Il serait temps de ne plus attendre.
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Weyes Blood, l’astre
Sa voix me donne envie de chanter à m’en péter les cordes vocales. Elle m’évoque un monde musical que je ne connais pas, la décennie 70, le soft-rock, la pop éclatante de fin 60 qui serait comme voilée, caressée de mystique. Je n’ai pas l’habitude des voix si claires, tenues longtemps et très haut. J’ai fréquenté plutôt les chants noyés d’effets du shoegaze, l’acoustique portée par des timbres masculins, les chants féminins profonds ou un peu fragiles qui ricochent sur de la pop bricolée. Natalie Mering n’a pas le temps de danser un pied sur l’autre. Elle ne prend aucune pincette avec l’émotion. Pas de parlé-chanté ou de jeu de camouflage. Son chant est total, absolu, occupe toute la place et n’a nulle peur d’embrasser la forme la plus radicale des émotions qu’il charrie. Sa musique n’est pas mélancolique, impossible de réduire cela à de la tristesse. C’est comme si tous nos sentiments, du plus réjouissant au plus difficile, s’étaient fondus en un noyau incandescent qui traverse l’espace comme une comète.
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J’écoute sa musique comme on regarde quelqu’un qui nous subjugue : immobile, les nerfs en alerte, en désirant que le moment ne s’arrête pas. (Autant dire que je mate tous ses clips de la même façon). Pourtant, je ne suis pas tombée dans son univers de façon complètement immédiate. A sa sortie il y a quelques mois, Titanic Rising m’a fait l’effet d’un disque étonnant, superbe. Mais il a fallu du temps pour que sa musique émerge, sans volonté conscience de ma part, qu’elle remonte à la surface de mes écoutes quotidiennes (pour ces jours-ci en représenter 90%). Aujourd’hui je vis dans l’ambre de ses orchestrations, dans cette atmosphère baroque, boisée, rendue éblouissante par ses explorations vocales. Il y a dans Do You Need My Love (extrait de Front Row Seat To Earth sorti en 2016) une dynamique de mise en tension et de libération violente, lorsque la lumière du refrain perce les limbes avec la force d’un barrage qui cède, qui procure des effets proches de l’expérience extatique.
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Etienne Menu parlait de sa musique comme aquatique. Elle est comme une averse à laquelle on s’abandonne, cessant de lutter, pour sentir l’onde qui ruissèle sur la peau et qui nous lave de tout ce qui est moins pur qu’elle. On se doute que Titanic Rising sera considéré comme l’un des meilleurs albums de 2019 un peu partout. En attendant, si quiconque a des recommandations d’artistes qui pourraient se rapprocher d’elle (au delà des Carpenters et de Brian Wilson) et combler ma soif de beauté aveuglante, surtout il ne faut pas hésiter.
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Play It I Watch You #6 – Wurlitzer Jukebox
C’est le retour des (sad) pop songs. De celles qui s’accumulent dans une pile intitulée « moody » sur mon compte Youtube, ce qui est super emo mais je m’y suis habituée. Les morceaux acoustiques, doux et tristes sont très importants dans une vie quotidienne, pour le début et pour les fins de journée. Ça produit un effet de transition avec le monde extérieur, comme une petite épaisseur molletonnée entre la nuit et le jour.
La sélection joue à saute-mouton sur les décennies du rock et ça traverse un peu l’Europe aussi. Il y a un paquet de meufs (parce que y’a que ça de vrai, les meufs). Il y a des fulgurances, des trucs qui te traversent, tu sais même pas comment c’est possible, comme cette chanson de Cindy Lee (ce refrain sérieux, vous voulez ma mort ?) Et des trucs qui te plongent dans un état de mélancolie transcendantale, comme il n’y a que Slowdive pour le faire (et ce morceau d’Hydroplane). Il y a aussi un peu de synthpop et des petits bouts d’années 80 parce que sinon on rigolerait moins et qu’on peut pas être triste tout le temps non plus.
Grouper – Vital Maxine Funke – White Birds Hydroplane – Completed Extract From The Previous 7" Cindy Lee – Dry Drive The Wailers - Driftwood The Chantells With The Aqua Lads – Don’t Look Bulbous Creation – End Of The Page Momus – Strawberry Hill Ceramic Hello – Footsteps In The Fog Q – Déjame Ahora Dormir Maria Violenza – Falso Samurai RoBERT – Das Modell Snapper – Gentle Hour Matching Mole – O Caroline Maston – Looks Maurice Jarre – Thème Romantique
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Play It I Watch You #5 - Holiday Doldrums
Tony Hymas - Pictures Of Departure Solid Space - Contemplation Lena Platonos - Shadows Of Blood Mariah - Shinzō no Tobira Sebastian Gandera - Et L'Obscurité Toute Entière Pour Me Rappeler Cela The Third Eye Foundation - There's A Fight At The End Of The Tunnel Alfa Suspiria - Obsession Born Days - Analogue Carmody - Messengers of love Arvid Tuba - The Seasons Are Sitting On Chairs Maoupa Mazzocchetti - Sultan 1997 Dollkraut - Amadou (feat Bafana) Miko & Mubare - Komoma Ya-Ya-Ya
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Des trucs de 2018
En 2018, il y a eu un orage dans la montagne, des écureuils noirs, Rrose à Comme Nous Brulons, de la power-pop, des jeux de ballon, Scout Niblett qui te fait regretter le mascara waterproof, des pistes de danse, l’Italie deux fois, les tresses de Frankie Cosmos, la porte de Bagnolet, l’envie de cramer des mecs (surtout ceux de la Concrete).
2018 a poursuivi un processus mis en sommeil depuis longtemps : celui de découvrir de la musique avec une excitation de gamine. De retrouver le goût d’écrire dessus, de façon imprévue et irréfléchie. Il y a des périodes qui fournissent les conditions de remettre à plat les envies et les implications. Ça reste pas évident de trancher entre l’individuel et le collectif. Il y a toujours un risque de s’engager dans quelque chose dont le cadre peut devenir écrasant. Peut-être que les contours les plus souples permettent d’avancer plus librement. Peut-être qu’être seule à la barre permet de garantir la possibilité de jouer avec les lignes à tout moment. Mais c’est pas sûr. Un truc qui serait bien – comme faire davantage de vélo et aller plus au cinéma – ce serait d’essayer d’apprendre à ne pas se gaver d’un truc jusqu’à l’écœurement et à ne pas voir de l’échec dans ce qui ne se poursuit pas. Ça vaut pour les livres interminés, pour les participations auxquelles on met fin, pour le tout et le n’importe quoi. Regarder ce qui n’est plus sans en considérer la fin comme trop tardive ou trop anticipée. Juste, en étant contente que ça ait existé.
Cet article n’est pas une liste. Pas par rejet des tops, j’adore les tops, malgré leur mauvaise réputation. Mais parce que ça n’aurait pas de sens de compiler mes albums préférés de 2018. La plupart sont des albums de pop, comme ceux de Princesse Chelsea, Snail Mail ou Jaromil Sabor. En évacuant d’autres formats de productions, un top ne serait pas représentatif de ce que j’ai aimé cette année. C’est drôle d’ailleurs de voir les genres se distribuer selon les formats. Cette année, la musique électronique est venue par morceaux, par maxis ou mixtapes. Parce qu’il n’y a pas de raison de réifier le format album, ce best-of va tenter de décrire ce type de répartition. Ce sera des zooms, sur un disque, un morceau, une radio. Des flashs d’une année dont la persistance s’évaluera avec le temps.
John T. Gast – BETC Version #1 et #2 (12’’)
Cette année, j’ai l’impression d’avoir farfouillé dans un pan nouveau pour moi des musiques électroniques. Un champ : - dont les acteurs semblent se prendre un peu moins au sérieux que ce à quoi j’ai été habituée. - où les artworks évoquent le garage-punk et les blazes, le rap west-coast. - où on perçoit une dimension loufoque, bordélique, presque pop, dans l’esthétique. C’est parfois même (argh) ensoleillé. - où la catégorisation par genre est une tannée. Le meilleur tag rencontré demeure à ce jour POWER-ELECTRONICA (que je compte bien me faire tatouer).
Les labels qui incarnent cet espace aux contours aussi flous qu’arbitraires s’appellent L.I.E.S Records, Editions Gravats, Knekelhuis, Le Syndicat des Scorpions, Simple Music Experience, Antinote Records, Macadam Mambo ou Johnkôôl Records. On y retrouve beaucoup de Belges et de Néerlandais, un brouillage entre ce qui se danse et ce qui ne se danse pas et un penchant pour l’héritage de l’époque où la technologie MIDI n’existait pas. Par son va-et-vient entre les alias, son invisibilité en mode jeu de piste, et ses productions dont je ne me remets toujours pas, John T. Gast symbolise bien tout ça.
Les pourtours sont un peu sales, industriels. Ça tape doux mais sec. Au delà de la structure binaire, les rythmiques suivent des trames bancales, traquent le contretemps et creusent des tunnels subaquatiques. Le mec fait un tel usage des synthés qu’on croirait à des volutes de cuivres, organiques et profondes, qui sonnent comme des bouffées entêtantes s’élevant du font d’un bunker.
Angela sans déconner c’est un des morceaux les plus ouf de toute cette année.
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Leonardo Martelli – Menti Singole Vol. 2 (EP)
Martelli c’est le moelleux, la crème, un parasol abandonné, le soleil couchant, la nostalgie d’un truc que t’as pas connu. Ça faisait longtemps que j’avais pas été à ce point béate devant les qualités en termes de production, de mélodie, de groove et de texture d’une musique d’apparence légère, mais où l’agencement du moindre détail relève de l’orfèvrerie. Ça convoque la library music comme la deep-house allemande, et jamais des synthés d’inspiration 80 n’ont sonné de façon si pure. Son album sorti en 2016, L’immaginario, était déjà à tomber par terre et à convulser. Il n’y a rien que ce type ait fait qui ne soit pas éclaboussé par la classe.
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Thousand – Le Tunnel Végétal
Si j’avais fait un top, il serait tout en haut. J’en avais déjà parlé ici, alors que je n’étais qu’au tout début de mes écoutes. Il n’y a pas d’albums que j’ai dévorés à ce point, tout en aillant la conscience aiguë que ce sera encore le cas dans 20 ans. Au point d’en connaître chaque mouvement, chaque syllabe. Il a des morceaux que j’écoute plus que d’autres, même un ou deux que j’aime franchement moins. Pourtant rien n’enlève l’impression d’avoir face à soi un monument. Il m’aura suivi tout du long, accompagnant la nuit à Belleville, les moments de chaos immobile ou les trajets en train. Se mariant à la joie sautillante et au marasme. Les arrangements sonnent de façon à la fois limpide et tamisée. On a tout le long une impression d’aura, d’un flou nébuleux où la lumière perce comme des rayons jouant avec des gouttes de rosée sur une toile d’araignée. Cette sensation d’aube claire enveloppe un chant qui se joue du sens des mots et qui cavale avec l’absurde. Guillaume Delcourt sur Pop News avait souligné l’inventivité de l’écriture de Stephane Milochevitch dans un article qui honore la critique musicale (et c’est pas tous les jours). A lire, à écouter et à connaître par cœur.
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Lyl Radio
LYL Radio, c’est comme Guerrisol, faut y passer du temps, faut bien chercher, mais quand tu trouves, t’es trop content. Cette radio indépendante qui se divise entre Lyon et Paris offre des créneaux à tout un tas d’artistes, DJ et labels. La musique électronique y est hégémonique - quoique certaines émissions offrent de cools mélanges de post-punk, rock 60’s et bizarreries à guitare. Sérieux, c’est un super endroit. J’en cale une pour un autre générateur incroyable de playlists aux oignons nouveaux. Les mixtapes de hrv (@noblazoblij) ont représenté cette année une source de découvertes musicales comme j’en ai rarement connues. La moitié des morceaux de chaque sélection me fait bondir de ma chaise, ce qui rend les écoutes assez sport et riches en émotions.
Spiritualized – A Perfect Miracle
C’est des plus belles chansons de cette année. Je ne suis pas familière de l’ami Jason Pierce et j’ai peu écouté cet album en entier. Mais celle là, elle restera. Parce que la gracilité de cordes, les vibrations, la tendresse et la tristesse foudroyante des paroles, l’emphase, le feu d’artifice et l’au revoir.
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Play It I Watch You #4 - Rocket Trip To Nowhere
Klimperei & Sacha Czerwone - La compote de pomme Ela Orleans - Rocket Trip To Nowhere How Do I - Knowing Me, Knowing You Silly Boy Blue - The Fight Molly Nilsson - Hotel Home Black Fantasy - Fade Away From Me Colin Johnco - Head 2 Heart Techno Thriller - Vaste Nuit Ryan James Ford - Nos Ummi Eva Geist - Desfãn Balladur - Jalan Jimmy Scott - Sycamore Trees
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Play It I Watch You #3 - Bretelle d’Autoroute
ANBB (Alva Noto & Blixa Bargeld) - One Jenny Hval - Sabbath Johnny Hawaii - The Parrots Are Not What They Seem (They're Just Pigeons On Acid) Frigidaire Tango - Recall De Ambassade - Jerney Tryphème - Pas Comme Les Autres Geins't Naït / Laurent Petitgand - Rain Sano - La Grua (Toulouse Low Trax - The Interview Remix) Iueke - Dem A Burning Dollkraut - Zero Clara! y Maoupa - Ruge Princess Chelsea - I Miss My Man Mille colombes - Un aurevoir Mendelson - Le soulèvement
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Michael Wookey, sauvage et fatigué
Octobre et novembre signent le retour des brouillards de cordes et des chants rembrunis. C’est le moment de l’année où s’engage la quête des songwritters et où le folk se refait une place dans les écoutes journalières. Le printemps était traversé d’indie-pop perlée et de clairs timbres féminins. (Je n’ai pas encore poussé l’analyse de mon rapport aux voix de femmes et d’hommes - toujours vaguement peur d’une forme de fétichisation. A creuser, un jour). L’été signa le retour fracassant de la musique électronique au premier rang des obsessions quotidiennes, d’une forme nouvelle pourtant, de celle qui fait rouler les hanches sous les éclipses de lune. L’automne, comme toujours, vient avec le besoin d’envelopper ses journées d’une épaisseur tiède. Que la première musique du matin et la dernière musique du soir soit crépitante, organique et réchauffée d’accents voilés.
Les voix masculines qui plongent dans les graves et s’adossent à des tourbillons mélancoliques occupent chez moi une place non négligeable. C’est un quartier tout entier, où vaquent les Nick Cave, les Leonard Cohen ou les Matt Elliott, où on croise The National et Tindersticks. Des figures à la gloire desquelles on pourrait construire des autels et des palais, mais qui cohabitent en bonne entente dans une grande maison qui craque avec des tapis au sol. Dans le coin des voix éthérées et des sanglots longs, se tiennent aussi Gravenhurst ou les plus discrets The Loner(s) ou The Red F (automnal devant l’éternel). Mais fi de passage en revue, le point du jour concerne un nouveau venu.
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Son nom fait très urban dictionnary - un mix entre woke et low-key - et la pochette de Hollywood Hex, à la fois drôle et cafardeuse, évoque un Martin Parr qui aurait donné dans la nature morte. La musique de Michael Wookey prodigue à merveille cette atmosphère de coin du feu panachée de sensations britanniques. (Pour faire les choses bien, en automne, les romans lus doivent se dérouler au Royaume-Uni.) Je navigue donc entre Hollywood Hex, qui vient de sortir chez We Are Unique! et Wild And Weary qui date de 2016. Le premier sonne plus pop et fonctionne bien avec les températures qui font de la résistance. La transition en est d’autant plus douce.
Le chant de l’Anglais décrit parfois des scansions qui le placent entre Baxter Dury et The Streets. C’est le cas sur Red Hot Dollas, dont l’assemblage de rap, violon, piano et pop à l’anglaise donne une chanson à la puissance et à la gouaille incroyables. Le reste du temps, les ballades se parent d’une tristesse lumineuse, qui rougeoie et pulse sous les orchestrations délicates. Face à la foultitude d’instruments baroques - qui répondent aux doux noms de celesta, dulcitone, orchestron ou marxophone – on pourrait se croire dans un atelier de jouets en bois, dans un rade vieillot et accueillant ou quelque part dans la lande détrempée des Cornouailles.
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Mais ce ne sont pas les seuls territoires convoqués. Alors que ce genre de ponts est plutôt rare, on distingue chez Wookey de vraies accointances avec la musique classique moderne. C’est particulièrement vrai sur Wild And Weary, plus aéré et plus introspectif que son successeur. Plusieurs titres sont ainsi parfaitement instrumentaux, rythmé de seules gouttes de glockenspiel et parcourus d’éclairs venteux, parfois menaçants. Nulle trace ici de presque-rap ou de mélodie débonnaire. Les paysages ont l’austérité sauvage du grand Nord et l’appel de la chaleur intérieure n’en est que plus impérieux. On s’étonne moins de ce climat quand on constate que le mastering de ses disques est signé Valgeir Sigurðsson, fondateur de Bedroom Community – depuis son studio islandais.
Michael Wookey passe en concert à Paris les 28 octobre et 25 novembre au Nez Rouge, un endroit du bassin de la Villette qui a l’air de programmer surtout du stand-up (?). La promo est à la hauteur de l’audience du bonhomme : relative. Un coup à écouter à quelques-un.es des balades veloutées dans la cale d’un bateau. Comptez sur moi.
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Play It I Watch You #02 - No Rain Or Cutting Words
Pour les jours plus courts mais encore dorés.
Spinning Coin - Raining On Hope Street Vanille - Cherry Twerps - Dreamin The Cannanes - Lamington Lane Lambchop - NIV dDash - Settle Down Woods - Bleeding Blue John Maus - Just Wait Till Next Year MrOstga ft. Ventre de Biche - Chose Performance - Pilotes Nick Cave & The Bad Seeds - The Weeping Song Paul Simon - My Little Town The Field Mice - When Morning Comes to Town
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CHAMBRE - Je t’imagine (2018). Songe à la moiteur
La dernière sortie du Syndicat des Scorpions est une cassette bricolée par un certain Paul-Alexis Leveugle, (ex)étudiant aux Beaux-Arts de Cergy, un endroit de gens biens. Ça s’appelle CHAMBRE – Je t’imagine. Rien que le nom donne un ancrage spatial et narratif au déroulé. L’apathie de draps solitaires, le crâne embrumé de sensations encore jeunes ou d’instants révolus. L’auteur n’emprunte ni quatrième chemin ni troisième degré. Ses morceaux, plages instrumentales à la production maison, sont des histoires d’amour avec des titres à faire frémir Sébastien Tellier. On s’est perdu, Reviens Danser, Ta peau brûlante, Sur les rochers. Et c’est qu’il te collerait une boule dans la gorge, le con.
Entre emo-ambient et techno lo-fi, les huit morceaux de la cassette donnent la primauté aux nappes de synthétiseurs qui dessinent plusieurs tableaux. Certaines tapissent l’espace de loops vaporeux, d’autres ont la texture cotonneuse d’un orgue étouffé. Loin de l’ambient pur ou de la synthwave trop vive, les mélodies prennent des teintes tantôt nacrées, tantôt métalliques qui s’élèvent de la superposition de boucles dans des reflets chatoyants. (Quand t’es un peu synesthète, c’est un bonheur). Les errances du clavier prennent une épaisseur mélodique dont les sonorités peuvent verser dans de l’électronica façon Plaid, dans une relecture de space music en forme de rubans cosmiques ou dans un hybride folâtre de The Caretaker et Vive La Fête.
Oui parce que la rythmique n’est pas en reste. Le cœur de la cassette donne à voir des squelettes binaires qui pulsent de manière sourde sous les arabesques de loops. C’est là que se loge le tour de force. En maintenant à distance les coups de butoirs, la mélancolie nébuleuse reste dominante et pour autant, on n’a pas moins envie de danser à en oublier qui l’on est. Ces kicks assourdis, comme de l’autre côté du mur du club, ramènent à l’incertitude électrique de l’issue de nos nuits.
Seul bémol, la trop courte durée des morceaux. Un titre dont le kick ne surgit qu’à la mi-temps ne peut pas durer que trois minutes. C’est interdit. Mais sinon, ne rechignons pas sur les superlatifs. Le grain, l’immédiateté mélodique et la patine hantologique sont à se pâmer. C’est dépouillé et bouleversant. J’étais saoulée par la musique instrumentale et là je ne peux plus écouter que ça. Ça peut nourrir l’orage qu’on a dans la poitrine, donner chaud ou adoucir les aubes. Ça ira bien avec la sueur, l’urgence, le seum et l’extase. Bonnes vacances.
Je t'imagine by CHAMBRE
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Play It I Watch You #01 - Smell Of Wet Wood
Il fait très chaud, c'est l'été, j'ai fait une playlist goût tôle froissée.
Klaus Kinski – Baby Krikor & The Dead Hillbillies – Serpico’s Wallet Profligate – A Circle Of Mamaleek – The White Marble Stone Geins’t Naït + Laurent Petitgand - Iroshima Mago – Spaceships And Piles Of Mud Orphan Swords – Orobas Born Days – From Nothing Kuedo – Onset (Escapism) Blondy Brownie (avec Marc Melià) – Cariño Vete Psychic TV – Farewell Sand – May Rain Holy Shit – My Whole Life Story
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