Explorations et ivresses auditives. Disques à déguster et à conserver.
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Avant-cuvée 2024 : 6/8
Entre stridence et élégance, entre frénésie et poésie : toutes les esthétiques et toutes les émotions sont dignes d'exploration. Cette antépénultième avant-cuvée de l'année 2024 l'illustre à nouveau.
Chat Pile | Cool World
🇺🇸 Etats-Unis | The Flenser | 43 minutes | 10 morceaux
Oppressante, poisseuse, angoissée, voire cauchemardesque : les qualitatifs de ce type conviennent parfaitement bien à la musique de Chat Pile, sans en rendre compte entièrement. Car il y a aussi et surtout une intensité sidérante dans cet univers nourri au punk hardcore comme au métal. Plus terrifiant encore que God’s Country, Cool World ensevelit littéralement l’auditeur sous des assauts répétés de riffs surpuissants, de distorsions viscérales, de propos dystopiques et de féroce ironie.
🎧 The New World
Mabe Fratti | Sentir que no sabes
🇬🇹 Guatemala | Unheard of Hope | 42 minutes | 13 morceaux
L’œuvre musicale de Mabe Fratti, l’une des plus envoutantes de la décennie, continue de grandir à un rythme épatant ; pour la quatrième année consécutive, l’artiste nous délivre une représentation merveilleusement élégante de son univers étrange et poétique. Aux intersections de l’avant-garde, de l’electro, de la pop, du jazz et du classique, sa musique épouse sur Sentir Que No Sabes des formes plus évidentes que jamais – mais sans rien perdre de son aura mystérieuse ni de sa beauté expérimentale.
🎧 Oídos
Ibelisse Guardia Ferragutti & Frank Rosaly | MESTIZX
🇧🇴 Bolivie & 🇺🇸 Etats-Unis | International Anthem | 42 minutes | 11 morceaux
Avec MESTIZX, Ibelisse Guardia Ferragutti et Frank Rosaly livrent un album aussi personnel que politique, où leurs racines boliviennes, brésiliennes et portoricaines se confrontent aux sonorités jazz, electro, rock et latines (cumbia, bomba …) dans une expérimentation audacieuse. À travers des morceaux tantôt frénétiques, tantôt méditatifs, le duo invite à un voyage sonore empreint de spiritualité et de célébration. Une œuvre pensée comme un « document d’amour » pour les ancêtres tout en restant solidement ancrée dans le présent, abordant sans détour mais avec nuance les difficiles questions de l’identité et de la décolonisation.
🎧 Invocação
Hermanos Gutiérrez | Sonido Cósmico
🇨🇭 Suisse | Easy Eye Sound | 40 minutes | 12 morceaux
Les frères Gutiérrez partent à la conquête des grands espaces tout en contemplant le ciel étoilé. Produit par Dan Auerbach (Black Keys), leur son est profondément imprégné des paysages désertiques du Far West, mais aussi d’une mystique latino-américaine exprimée de manière épurée. Une musique profondément cinématographique, une sorte d’ « ambient americana » gorgée de chaleur émotionnelle.
🎧 Low Sun
Melt-Banana | 3+5
🇯🇵 Japon | A-Zap Records | 24 minutes | 9 morceaux
Vingt-et-un ans après "Cell-Scape", onze années après "Fetch", le duo Yasuko Onuki / Ichiro Agata confirme sa tendance à manier en parallèle deux types de cadence radicalement opposés : il lui faut à peu près dix ans pour passer d'un grand album à un autre, mais il ne laisse à l'intérieur de chacun d'entre eux aucune espèce de temps mort. "3+5" partage avec ses deux glorieux prédécesseurs une densité et une frénésie euphorisantes, un éclectisme exubérant et une volonté farouche d'envoyer du lourd. Une petite bombe de rock brutiste et excentrique.
🎧 Scar
Xiu Xiu | 13" Frank Beltrame Italian Stiletto with Bison Horn Grips
🇺🇸 Etats-Unis | Polyvinyl | 36 minutes | 9 morceaux
Cela fait maintenant deux décennies que ce groupe californien inclassable est en perpétuel mouvement, changeant de line-up et de style en permanence (avec, il faut le dire, des productions beaucoup plus convaincantes que d’autres). 13" Frank Beltrame Italian Stiletto With Bison Horn Grips s’affirme immédiatement comme l’un de ses tous meilleurs albums, conciliant ambition et radicalité avec accessibilité et fluidité. Jamie Stewart, âme et pilier de Xiu Xiu, peut encore une fois compter sur l’excellente Angela Seo (l’autre cerveau du groupe) et sur David Kendrick (recrue récente, ancien batteur des Sparks et de Devo) pour accompagner ses intenses pérégrinations sonores et textuelles. De la pop industrielle gorgée de glam rock et débordante d’émotion brute.
🎧 Veneficium
#avant-cuvée 2024#noise rock#sludge metal#art pop#avant-folk#ambient americana#post hardcore#experimental rock#industrial rock
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Avant-cuvée 2024 : 5/8
Retour aux standards habituels en cette fin septembre, avec "seulement" six disques sélectionnés. C'est désormais près d'un tiers de la cuvée 2024 qui est couverte !
Fontaines D.C. | Romance
🇮🇪 Irlande | XL Recordings | 37 minutes | 11 morceaux
La bande à Grian Chatten affirme ici moins clairement son irlandité (notamment par rapport à l’album précédent), et délivre un rock plus direct taillé pour les stades – avec changement de label à la clé. Un tournant sans compromission ni relâchement créatif cependant. Fontaines D.C. va sans doute élargir son audience avec ce disque, mais il reste le groupe intransigeant et passionnant découvert il y a plus de cinq ans dans les caves de Dublin.
🎧 Starbuster
Magdalena Bay | Imaginal Disk
🇺🇸 Etats-Unis | Mom + Pop | 54 minutes | 15 morceaux
Le duo formé par Mica Tenenbaum et Matthew Lewin, tous deux échappés du groupe de prog rock Tabula Rasa, franchit un cap spectaculaire avec ce second album d’une ampleur folle. Synthpop psychédélique puisant son inspiration dans une variété foisonnante de styles (et d’époques), leur musique marrie ici l’audace à l’évidence, l’étrangeté à l’émotion. Indépendamment du récit conceptuel bien loUFOque qu’il développe, Imaginal Disk emporte irrésistiblement l’auditeur par sa fantaisie et par son éclat.
🎧 Cry for Me
Nala Sinephro | Endlessness
🇧🇪 Belgique | Warp Records | 45 minutes | 10 morceaux
Multi-instrumentiste belgo-caribéenne installée à Londres, Nala Sinephro approfondit le chemin méditatif tracé sur son premier album (Space 1.8, sorti en 2021) mais avec un résultat d'une toute autre altitude : plus dense, plus fluide et plus cosmique. Bâti autour d’un motif de synthétiseur arpégé qui mute subtilement en traversant chacun des dix morceaux du disque, Endlessness est un continuum harmonieux d’une grâce éblouissante, une célébration extatique mêlant harpe, saxophone, textures électroniques et orchestre jazz (avec quelques pointures de la scène londonienne actuelle).
🎧 Continuum 6
Tristwch Y Fenywod | s/t
🏴 Pays de Galles | Night School Records | 37 minutes | 8 morceaux
Tristwch Y Fenywod, qui signifie "Le chagrin des femmes" en gallois (langue de chant exclusif de ce trio féminin), présente sur ce premier album un univers goth-folk imprégné de mythologie celtique et de références à la nature. Composé de trois artistes de la scène underground de Leeds (en Angleterre), le groupe parvient à créer une atmosphère mystique saisissante en maniant les chants incantatoires, les percussions martiales et les sons de cithare.
🎧 Y Trawsnewidiad
Water Damage | In E
🇺🇸 Etats-Unis | 12XU | 83 minutes | 4 morceaux
Ce 4e album du collectif texan Water Damage hisse le rock répétitif au rang d’expérience sensorielle radicale. Naviguant entre noise et krautrock, In E est un chaos organisé et hypnotique oscillant durant plus de 80 minutes d’une variation à une autre, sans jamais rompre l’état de transe qu’il génère. Avec, au milieu d’une armada de batteurs, de bassistes et de guitaristes, un violon tranchant et martial comme fil conducteur.
🎧 Reel E
Nilüfer Yanya | My Method Actor
🏴 Angleterre | Ninja Tune | 44 minutes | 11 morceaux
Nilufer Yanya ajoute un magnifique troisième côté à sa discographie, parachevant un triangle créatif qui a très peu d’équivalent parmi les songwriters contemporains. On retrouve sur My Method Actor, avec un plaisir immense, les ingrédients de tout premier ordre présents sur ses deux prédécesseurs (cette voix et ce phrasé, captivants ; ce jeu de guitare et cette complexité émotionnelle, enivrants). Mais on savoure aussi la subtile évolution apportée dans l’approche et la tonalité générale, qui en font un disque différent et qui témoigne d’un cheminement artistique réfléchi, maitrisé mais plein de vitalité et de tensions.
🎧 Mutations
#avant-cuvée 2024#indie rock#synthpop#progressive pop#jazz fusion#space ambient#neofolk#gothic rock#noise rock#drone#krautrock#experimental rock#singer songwriter
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Avant-cuvée 2024 : 4/8
Oyez, oh yeah, c'est le retour des avant-cuvées ! On reprend les choses là où on les avait laissées à la fin du mois de mai. Ce quatrième article de la série a lui aussi pour objet de mettre en lumière quelques unes des œuvres les plus marquantes de l'année en cours. Une sélection de rentrée un peu plus généreuse cette fois-ci, avec non pas 6 mais 8 disques (un peu de rab pour affronter la reprise !).
Comme d'habitude, les horizons sont divers (tant dans le style que dans la géographie), mais ils convergent tous vers une même évidence : la capacité universelle de la musique à dialoguer avec l'âme humaine et à y laisser une empreinte durable.
Actress | Statik
🏴 Angleterre | Smalltown Supersound | 48 minutes | 11 morceaux
Changement de label pour Darren Cunningham, dont le dixième album débarque chez les osloïtes de Smalltown Supersound. Un mariage auquel nous n’avions pas pensé, mais qui tombe pourtant sous le sens. Cette maison norvégienne est un acteur de tout premier plan dans les nouvelles formes de jazz et de musique électronique et on a justement affaire ici à un des projets electro les plus captivants et novateurs des quinze dernières années. Les influences jazz qui étaient à l’œuvre dans le fantastique LXXXVIII sont paradoxalement un peu moins à l’œuvre, mais la profondeur onirique de la musique d’Actress s’abreuve subtilement à d’autres sources tout aussi fertiles (on pense à l’univers sonore de Drexciya ou encore aux mélodies obliques de l’expérimentateur portugais Nuno Canavarro).
🎧 Cafe del Mars
Arooj Aftab | Night Reign
🇵🇰 Pakistan | Verve Records | 49 minutes | 9 morceaux
Night Reign est une toile sonore nocturne absolument somptueuse, tissée des plus beaux fils issus du jazz, du ghazal, du folk et du qawwalî. Le chant en ourdu d’Arooj Aftab est loin d’avoir épuisé son pouvoir d’envoûtement, malgré les nombreuses heures passées à écouter les magnifiques Vulture Prince et Love in Exile. Plus expérimentale et en même temps plus dynamique que jamais, sa musique explore ici des territoires imprégnés d’un romantisme mélancolique enivrant.
🎧 Aey Nehin
Bab L' Bluz | Swaken
🇲🇦 Maroc | Real World Records | 45 minutes | 11 morceaux
Fondé en 2018 à Marrakech et signé par le prestigieux label Real World, ce power quartet propose une potion musicale très personnelle, survoltée et spirituelle, mêlant traditions gnawa, rock, expérimentations psychédéliques et chaâbi. Swaken (qui signifie « possession et transcendance » en darija, dialecte marocain) est son deuxième album. Le premier (Nayda !, sorti en 2020) lui avait valu une belle reconnaissance critique, et lui avait ouvert les portes d’une longue tournée mondiale riche en enseignements. Mené par la chanteuse et joueuse de guembri Yousra Mansour, il aborde de manière intense et conquérante de nombreux thèmes politiques et sociétaux avec la volonté de faire bouger les lignes, particulièrement pour l'émancipation des femmes. De la révolte, de la transe mais aussi de la magie irriguent ce disque, à l’image des prestations live du groupe.
🎧 AmmA
Camera Obscura | Look to the East, Look to the West
🏴 Ecosse | Merge Records | 45 minutes | 11 morceaux
On ne l’attendait plus, ce sixième album du si délectable groupe indie pop de Glasgow. En pause depuis 2015, après un Desire Lines (2013) assez décevant et suite au décès de la claviériste Carey Lander, Camera Obscura a repris son parcours discographique sur les meilleures bases. On retrouve ici tous les ingrédients qui font la magie de sa musique (mélodies délicates et entêtantes, textes qui touchent et qui font mouche, sans parler du chant magnétique de Tracyanne Campbell, le tout dans un subtil mélange de chaleur et de nostalgie, de spleen et d’énergie) mais on découvre aussi quelques pistes nouvelles (textures électroniques par ci, influences country plus marquées par là). Sans prétendre égaler les deux albums phares que sont Let's Get Out of This Country et My Maudlin Career (mais on parle ici de deux des tous meilleurs disques d’indie pop des vingt dernières années), Look to the East, Look to the West nous offrent des retrouvailles réjouissantes avec un groupe irremplaçable dans son genre.
🎧 Liberty Print
Charli XCX | brat
🏴 Angleterre | Atlantic | 41 minutes | 15 morceaux
Un ou une « brat », c’est littéralement un ou une sale gosse. Une jeune personne dont le manque d’éducation peut susciter chez autrui un certain degré d’hostilité. Dans une des chansons de leur premier album (en 1976), les pionniers du punk Ramones suggéraient d’ailleurs de réserver à ce type d'individu un traitement bien peu amène. Mais ça, c’était avant. Avant que ne déboule dans un tourbillon festif, déluré et touchant de sincérité, un été 2024 marqué au fer vert fluo de Charli XCX. L’artiste britannique, plus confiante et conquérante que jamais (sans pour autant avoir dissimulé ses vulnérabilités), a semble-t-il arraché des mains toutes les battes de baseball qui cherchaient à la tenir en respect. Pas tant pour les retourner contre leurs porteurs (même si elle ne se prive pas toujours de rendre quelques coups bien sentis) que pour inviter tout ce petit monde à une célébration jubilatoire. La fête est toujours plus belle quand on est désarmé. Plus de dix ans après ses débuts, et tout en conservant une esthétique audacieuse faisant penser au label hyperpop PC Music (sur lequel elle n’a jamais rien publié malgré sa collaboration artistique au long cours avec A.G. Cook), Charli XCX tient avec « BRAT » l’album frontal et extatique qui la propulse au rang de phénomène de société.
🎧 Von Dutch
Cindy Lee | Diamond Jubilee
🇨🇦 Canada | Realistik Studios | 122 minutes | 32 morceaux
Ses 32 morceaux et ses 122 minutes pourraient conférer à Diamond Jubilee une image de mastodonte tentaculaire et écrasant. Mais il suffit de lever le nez de la tracklist et d’entamer l’exploration de l’œuvre avec les oreilles pour ne ressentir que douceur et légèreté, comme en lévitation entre plusieurs époques étrangement familières qui s’entremêlent et se répondent. Profondément habité par la pop music des girls bands sixties, Patrick Flegel campe à travers son personnage drag queen Cindy Lee un groupe féminin réduit à une seule fille, rescapée mystérieuse et nostalgique plongée dans une brume d’échos lointains. Les expérimentations vénéneuses et autres assauts bruitistes entendus dans le génialissime What's Tonight to Eternity ? ne sont plus de la partie, mais il résulte de ce flot ininterrompu de chansons immédiates et accueillantes, presque dépourvues d'aspérité, un doux et troublant sentiment de vertige.
🎧 Kingdom Come
Meridian Brothers | Mi Latinoamérica sufre
🇨🇴 Colombie | Ansonia | 48 minutes | 11 morceaux
Chaque nouvel album du projet Meridian Brothers d’Eblis Álvarez s’accompagne d’une certitude absolue : l’auditeur va être plongé de manière irrésistible dans une joie bizarre et endiablée, emporté par des flots musicaux tropicalement décalés. Pour le reste, rien n’est absolument prévisible avec notre énergumène colombien, à commencer par les histoires abracadabrantesques racontées dans ses chansons. Un univers sonore unique en son genre, qui relève d’une alchimie miraculeuse entre avant-garde psychédélique et sons afro / latino-américains traditionnels (ceux de la salsa, comme sur son brillant disque précédent, ceux de la champeta et de la rumba sur le présent opus et bien sûr ceux de la cumbia, qui ont toujours irrigué l’ensemble).
🎧 Mandala
Pomme | Saisons
🇫🇷 France | Virgin | 36 minutes | 12 morceaux
Le quatrième album de Claire Pommet est un accomplissement esthétique et conceptuel captivant. Epaulée par l’artiste pluridisciplinaire Malvina (qui habille les douze chansons du disque d’orchestrations et d’arrangements absolument sublimes) ou encore par Aaron Dessner (The National) et Flavien Berger, cette lyonnaise de naissance brille de mille feux dans ce monde sonore envoûtant qu’elle a composé puis magnifiquement façonné de sa voix et par ses textes. Une ode d’une douceur infinie à la nature, au vivant qui nous entoure et aux sentiments humains.
🎧 _jun perseides
#avant-cuvée 2024#ambient techno#idm#chamber jazz#chamber folk#ghazal#qawwali#gnawa#psychedelic rock#chaabi#indie pop#chamber pop#electropop#electroclash#hypnagogic pop#tropicanibalismo#cumbia colombiana#champeta#art pop#chanson française
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Avant-cuvée 2024 : 3/8
Même principe que pour la première et la deuxième avant-cuvée : on prend un peu d'avance sur le top 100 de fin d'année et on savoure sans plus attendre, en conclusion du mois de mai, 6 œuvres d'ores-et-déjà incontournables sorties en 2024.
Clarissa Connelly | World of Work
🏴 Ecosse | Warp Records | 42 minutes | 10 morceaux
Clarissa Connelly est une songwriteuse écossaise exilée depuis son plus jeune âge au Danemark. Son univers artistique encapsule mythologie nordique, folklore celtique, littérature médiévale et pop music moderne, mais il puise aussi abondamment dans la poésie et dans la philosophie (en particulier l'œuvre de Georges Bataille). A la suite d’un deuxième album très remarqué (The Voyager, 2020), elle a rejoint l’iconique label Warp et livre avec World of Work une fascinante épopée gorgée de mysticisme. Un labyrinthe musical peuplé d’audaces et de fantaisies, guidées par une voix cérémonieusement habitée.
🎧 Life Of The Forbidden
Couch Slut | You Could Do It Tonight
🇺🇸 Etats-Unis | Brutal Panda | 38 minutes | 9 morceaux
En bon rejeton de la scène noise-rock new yorkaise, Couch Slut puise son inspiration dans les égouts et les bas-fonds les plus répugnants de la ville. D’un point de vue strictement sonore, ce quatrième album est déjà aussi violent que la réception d’un énorme parpaing en pleine figure. Mais la performance vocale de Megan Osztrosits, assénant brutalement des textes férocement dérangeants, ajoute une bonne épaisseur de verre pilé au fracas implacable du béton. On est ici dans du narratif provocateur et horrifique, dans une plongée aussi glauque qu’épique dans les tréfonds de l’âme (in)humaine.
🎧 Wilkinson's Sword
Beth Gibbons | Lives Outgrown
🏴 Angleterre | Domino | 46 minutes | 10 morceaux
Chanteuse emblématique de Portishead, Beth Gibbons a également à son actif un très beau disque de folk pastorale (Out of Season, 2002) et une stupéfiante performance vocale sur la troisième symphonie de Górecki (enregistrement publié en 2019). Deux magnifiques fenêtres supplémentaires sur la profondeur d’âme d’une des artistes les plus intenses et vitales de ces trente dernières années. Lives Outgrown a gardé quelques traces de ces deux projets. Mais il les surpasse cependant par un syncrétisme esthétique hors du commun, faisant de ce premier véritable album solo une renaissance exploratoire particulièrement émouvante. La mélancolie et l’introspection s’allient à des émotions plus brutes, parfois sauvages, notamment perceptibles dans des percussions grondantes semblant venir d’Afrique du Nord ou s’inspirer du taïko japonais. Les thématiques abordées sont certes essentiellement douloureuses (fugacité du temps, mortalité, instants perdus, changements non désirés ...) mais on n'en reste pas moins ébloui par le caractère authentiquement humain de cette artiste de tout premier plan, à la voix décidemment intemporelle.
🎧 Beyond the Sun
Jessica Pratt | Here in the Pitch
🇺🇸 Etats-Unis | Mexican Summer | 27 minutes | 9 morceaux
Jessica Pratt poursuit sa délicieuse ascension vers la perfection folk pop, offrant à la merveille qu’était déjà Quiet Signs (2019) un successeur à l’altitude encore supérieure. L’artiste californienne atteint ici un tel niveau d’orfèvrerie (y compris dans ses textes rêveurs et enigmatiques) que personne ne songera sérieusement à lui reprocher, malgré cinq années d'attente, d’avoir fait trop court. Chacune des 27 petites minutes de Here in the Pitch dégage un envoutant parfum d’éternité et déploie une magie dépourvue de toute pesanteur. Psychédélique et baroque, enveloppée dans un fascinant écrin de réverbérations et portée par une douce voix sublimement « hypnagogique », sa musique s’enrichit par endroits de délicates influences brésiliennes. Un ravissement absolu.
🎧 Better Hate
Shellac | To All Trains
🇺🇸 Etats-Unis | Touch and Go | 28 minutes | 10 morceaux
La mort soudaine de Steve Albini, survenue dix jours avant la sortie de ce sixième album de Shellac, est une déflagration dans l’univers du rock indépendant – dont il était une des figures tutélaires les plus emblématiques depuis plus de 30 ans. Artisan du son visionnaire et à l’éthique irréprochable, il laisse derrière lui un héritage incommensurable, tant par les disques cultes dont il assuré l’enregistrement (la liste donne le vertige) que par ses projets en propre. "To All Trains" le voit renouer avec ses compères Bob Weston et Todd Trainer (énorme à la batterie !) après dix ans de silence discographique de ce trio de rock dévastateur, incisif et sans fioritures. Et c’est sans doute leur meilleure production commune depuis plus de 20 ans (malgré la courte durée de l’album) !
🎧 WSOD
Still House Plants | If I Don't Make It, I Love U
🏴 Angleterre | Bison | 46 minutes | 11 morceaux
Abby Thomas travaillait au Cafe Oto, une salle de concert londonienne spécialisée dans les « nouvelles musiques créatives », lorsqu’elle assista – stupéfaite – à la performance de ce trio de musiciens formé à la Glasgow School of Art. Elle décida ce jour-là de fonder son propre label indépendant, Bison, pour accompagner leur développement. Six ans plus tard, Still House Plants fait incontestablement partie des projets musicaux les plus originaux et captivants du rock experimental contemporain. Ses membres proclament haut et fort leur amour pour le UK garage et pour la musique de club, mais c’est surtout certains pionniers du post-rock qui semblent les avoir profondément (mais subtilement) influencés : le son arachnéen et ralenti de Slint, les manipulations électroniques rêveuses de Bark Psychosis ou encore les accointances free-jazz de Tortoise. La voix soul de Jessica Hickie-Kallenbach insuffle par ailleurs à l’ensemble une énergie émotionnelle tout à fait singulière.
🎧 M M M
(Pas d'avant-cuvée en juin ni en juillet. Rendez-vous fin août pour la prochaine fournée)
#avant-cuvée 2024#progressive folk#chamber folk#art pop#noise-rock#sludge metal#post-hardcore#art rock#singer songwriter#contemporary folk#folk pop#brill building#math rock#experimental rock#post-rock#slowcore
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Avant-cuvée 2024 : 2/8
Deuxième épisode des avant-cuvées 2024 en cette fin du mois d'avril, avec 6 nouveaux disques verrouillant d'ores-et-déjà leur place dans mon futur top 100 musical de l'année.
Ahmed | Wood Blues
🏴 Angleterre | Astral Spirits | 59 minutes | 1 morceau
Ce quartet de jazz fondé à Londres est composé des britanniques Pat Thomas (piano) et Seymour Wright (saxo), du suédois Joel Grip (basse) et du français Antonin Gerbal (percussions). Depuis maintenant une décennie, il revisite les compositions du jazzman défunt Ahmed Abdul-Malik (bassiste et joueur d’oud) en les poussant dans de nouveaux retranchements. Ici, c’est un morceau daté de 1961, Oud blues (d’une durée de 4 minutes seulement) qu’il transforme en une improvisation live avant-gardiste et tourbillonnante de près d’une heure. Un hommage époustouflant de créativité et d’énergie brute.
🎧 Wood Blues
Donato Dozzy | Magda
🇮🇹 Italie | Spazio Disponibile | 51 minutes | 6 morceaux
Le maestro romain de l’ambient techno nous plonge ici dans un paysage sonore aquatique d’une douce et belle sérénité, livrant son meilleur album depuis plus de dix ans (et son remarquable Plays Bee Mask de 2013). Rappelant par endroits l’esthétique minimaliste accueillante du double album de référence Voices From the Lake (produit avec son compère Giuseppe Tillieci en 2012), Magda est une bande son tout aussi réconfortante que captivante, délicieusement propice aux instants de réflexion et de contemplation.
🎧 Le Chaser
Hannah Frances | Keeper of the Shepherd
🇺🇸 Etats-Unis | Ruination Record Co. | 37 minutes | 7 morceaux
Dans la plus pure tradition d'un folk progressif séculaire, à la fois mystique et rédempteur, ce troisième album d'Hannah Frances livre une fresque sonore et poétique absolument éblouissante. Profondément terrien mais majestueusement audacieux, il transforme le deuil (la perte du père) en une méditation aussi vibrante qu'hypnotique, aussi émouvante que sophistiquée. Instants suspendus beaux et apaisés, fulgurances orchestrales qui emportent tout sur leur passage : l'artiste se montre brillante dans chacun de ces registres, parée d'une voix et d'une plume d'un magnétisme à toute épreuve.
🎧 Keeper of the Shepherd
Mary Halvorson | Cloudward
🇺🇸 Etats-Unis | Nonesuch Records | 48 minutes | 8 morceaux
Mary Halvorson fait partie des esprits les plus affutés de la création artistique contemporaine. Elle a d’ailleurs reçu en 2019 la prestigieuse bourse MacArthur, dont l’objet est de libérer de toute contrainte financière pendant 5 années (afin qu’ils puissent se consacrer entièrement à leurs travaux de recherche) une vingtaine de citoyens américains se distinguant par leur intelligence, leur créativité et leur motivation à innover. Avant-gardiste et exploratoire, l’œuvre de la guitariste de jazz n’en est pas moins marquée par une profonde humilité, cherchant toujours à équilibrer l’improvisation libre avec des compositions structurées et expressives. Une patte absolument inimitable, laissant son empreinte de manière durable (les vibrations d’Amaryllis ne se sont toujours pas dissipées) et qui ne cessera jamais de nous transporter (comme ici, vers les nuages).
🎧 Desiderata
Helado Negro | Phasor
🇺🇸 Etats-Unis | 4AD Records | 35 minutes | 9 morceaux
Peu d'artistes inspirent autant de sympathie que Roberto Carlos Lange. L'avoir vu en concert ne fait que renforcer ce sentiment. Au delà de la bonhomie du personnage, il se dégage de sa musique et de ses textes beaucoup de délicatesse et une douceur pleine de sagesse. Pour autant, l'expérimentation fait partie intégrante de son approche créative et la simplicité apparente de ses morceaux repose sur un travail en profondeur (textural comme émotionnel). Une très belle suite au Far In sorti en 2021.
🎧 Best For You and Me
Lord Spikeheart | The Adept
🇰🇪 Kenya | Haekalu | 37 minutes | 13 morceaux
Martin Kanja est une des figures les plus importantes de la scène électronique expérimentale de Nairobi. On avait déjà pu mesurer l’ampleur de sa force de frappe à travers différents projets, dont on retiendra prioritairement le groupe noise/indus Duma (avec un album éponyme qui avait fait grande sensation en 2020). Son premier opus solo, sous l’alias Lord Spikeheart, est une expérience sonore surpuissante et implacable, fusionnant métal, noise et rap dans un déferlement incessant de percussions explosives, de basses tonitruantes, de guitares distordues, de textures électroniques abrasives et de chants tantôt lugubres tantôt stridents. Aucun répit n’est offert pendant 37 minutes, avec en prime le renfort d’une véritable internationale bruitiste venue du Japon, du Venezuela, d’Europe ou encore d’Indonésie.
🎧 Nobody
#avant-cuvée 2024#free jazz#ambient techno#progressive electronic#progressive folk#singer-songwriter#avant garde jazz#chamber jazz#art pop#chillwave#power noise#industrial hip hop
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Avant-cuvée 2024 : 1/8
Les trois premières cuvées se sont construites à l'abri des regards, révélées d'un seul bloc une fois toutes les explorations sonores de l'année menées à leur terme. Changement de rythme en 2024 : des sélections musicales intermédiaires viendront ponctuer la plupart des fins de mois à compter de mars, dévoilant de manière progressive et anticipée environ la moitié de la cuvée annuelle de 100 disques.
Ces avant-cuvées mensuelles permettront de célébrer sans trop attendre les œuvres les plus marquantes de l'actualité musicale, tout en ménageant un indispensable temps de décantation - car il s'agit de distinguer des univers sonores laissant durablement leur empreinte, et non de simples engouements passagers.
À noter que les disques sont présentés par ordre alphabétique de l'artiste, sans aucune hiérarchie. Première étape en cette fin du mois de mars avec les 6 superbes albums suivants.
Four Tet | Three
🏴 Angleterre | Text | 45 minutes | 8 morceaux
Kieran Hebden est un des artistes les plus créatifs et talentueux de la scène électronique depuis maintenant plus de vingt ans, et ce douzième album sous l’alias Four Tet est une démonstration éclatante de maitrise et de vision. On y retrouve cet équilibre caractéristique entre ambiances oniriques, virées psychédéliques, grooves inspirés du hip-hop, profondeur hypnotique de la house, le tout dans un breuvage sonore organique d’une fluidité exemplaire (mais cependant parsemé de surprises). Il s’agit de son disque le plus envoutant depuis le sublime There Is Love in You (2010), digne de former avec ce dernier et avec le fondamental Rounds (2003) la trinité de référence de sa riche discographie.
🎧 Daydream Repeat
Amaro Freitas | Y'Y
🇧🇷 Brésil | Psychic Hotline | 43 minutes | 9 morceaux
Trois années ou presque se sont écoulées depuis le réjouissant Sankofa, et le moins que l’on puisse dire c’est qu’Amaro Freitas a parcouru du chemin sur cet intervalle de temps. 4 600 kilomètres plus exactement, distance séparant son Pernambouc natal du voisinage forestier de la mythique localité amazonienne de Manaus. En immersion profonde au sein de la communauté indigène des Sateré-Mawé, reconnue pour la vitalité de ses pratiques culturelles, pour la sacralité extrême de ses liens avec la nature mais aussi pour la dureté de ses rites initiatiques (coucou les fourmis tucandeira, dites « balles de fusil ») , le pianiste virtuose semble avoir accédé à de nouveaux états de conscience et c’est par sa musique qu’il parvient à nous y entrainer à sa suite. Aussi foisonnant que méditatif, son quatrième album a fait basculer son jazz dans une nouvelle dimension third stream, plus complexe mais aussi plus saisissante.
🎧 Encantados
Julia Holter | Something in the Room She Moves
🇺🇸 Etats-Unis | Domino | 54 minutes | 10 morceaux
Julia Holter a illuminé la décennie musicale 2010s par son inventivité et son exigence artistique hors du commun, trouvant une sublime ligne de crète entre composition savante et expressivité élégante. Elle a aussi impressionné par sa prolificité, enchainant cinq disques importants en l’espace de huit années. Le dernier d’entre eux, Aviary (2018), album somme d’une heure et demie, peut être vu rétrospectivement comme la conclusion d’un cycle de créativité bouillonnante comme très peu d’artistes ont pu en traverser toutes époques confondues. Six ans, une pandémie mondiale et une maternité plus tard, Something in the Room She Moves ouvre un nouveau chapitre dans le parcours de la californienne. Sa cérébralité légendaire y est un peu moins prégnante, au profit d’une connexion plus profonde au corps et à ses bouleversements internes – comme dans un mouvement de lâcher-prise créatif puissamment libérateur que les épreuves traversées (dont la panne d’inspiration) auraient patiemment préparé. Fusionnant jazz, folk, prog et néoclassique dans un ensemble sonore océanique et organique de toute beauté, ce retour discographique baigné d’ombres mais surtout de lumières réinstalle Julia Holter au sommet de l’art pop contemporaine.
🎧 Something in the Room She Moves
Vijay Iyer Trio | Compassion
🇺🇸 Etats-Unis | ECM | 65 minutes | 12 morceaux
Vijay Iyer est un des pianistes les plus talentueux du jazz américain contemporain, avec un jeu vibrant et des compositions intellectuellement stimulantes qui explorent les frontières entre les chapelles musicales. Changeant régulièrement de configuration et de partenaires artistiques, on a pu l’entendre en 2023 arpenter de sublimes territoires orientaux en compagnie d’Arooj Aftab et de Shahzad Ismaily. « Compassion » réactive un précédent trio qui avait déjà fait ses preuves, tant en studio (Uneasy – 2021) qu’en concert, avec la contrebassiste d’origine malaisienne Linda May Han Oh et le percussionniste avant-gardiste Tyshawn Sorey. Comme son nom l’indique, ce second album de la bande est habité par une dimension humaniste très profonde, mêlant la beauté et la résilience dans des paysages sonores magnifiquement aériens et puissamment électrisants.
🎧 Maelstrom
The Smile | Wall of Eyes
🏴 Angleterre | XL Recordings | 45 minutes | 8 morceaux
Wall of Eyes s’inscrit dans le prolongement du premier album du trio, avec une approche peut être plus impressionniste. Ce qui pouvait apparaitre comme une belle parenthèse inspirée en 2022, un side-project particulièrement réussi de Radiohead, prend finalement racine et semble pouvoir s’installer dans la durée comme un projet à part entière. Un très beau disque d’art rock nourri au jazz et au krautock.
🎧 Bending Hectic
Rafael Toral | Spectral Evolution
🇵🇹 Portugal | Moikai | 47 minutes | 1 morceau
Riche d’une trentaine d’années d’exploration sonore exigeante (notamment dans le cadre d’un projet au long court intitulé « Space Program »), le compositeur portugais Rafael Toral aligne ici toutes les planètes et délivre une symphonie drone-jazz absolument éblouissante. Créée à partir d’accords de guitare ralentis et à l’aide d’un arsenal de synthétiseurs faits maison, Spectral Evolution est une odyssée étonnamment organique, convoquant tout à la fois la beauté hypnotique et infinie de la nature (symbolisée par le chant des oiseaux) et les possibilités vertigineuses de création offertes par la technologie. C’est une œuvre intensément émouvante, peut être aussi parce qu’elle représente un accomplissement inouï, une sorte de graal sonore d’une limpidité miraculeuse compte tenu de l’ampleur des ambitions artistico-scientifiques poursuivies par Toral sur plusieurs décennies.
🎧 Spectral Evolution
#avant-cuvée 2024#ambient#spiritual jazz#art pop#chamber jazz#post-minimalism#experimental#drone#electronic#post-bop
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Cuvée 2023
Les propos introductifs écrits dans le cadre des cuvées précédentes (2021 et 2022) restent pleinement valables en 2023. Ceci étant posé, passons directement à cette nouvelle sélection de 100 disques, soit autant d'univers sonores marquants et passionnants à explorer.
(les deux premières cuvées restent disponibles ici et là)
Bonnes écoutes !
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1. Jaimie Branch | Fly or Die Fly or Die Fly or Die ((World War))
🇺🇸 Etats-Unis | International Anthem Recording Co. | 47 minutes | 9 morceaux
Le décès de Jaimie Branch en août 2022 avait suscité beaucoup d’émotion, non seulement pour le jeune âge de la trompettiste américaine (39 ans) à la personnalité généreuse et engagée mais aussi pour la perte artistique incommensurable qu’il signifiait. La publication posthume du troisième volet de sa série Fly or Die, plus éblouissant encore que les œuvres précédentes, accroit l’intensité des regrets éprouvés. L’artiste y apparaît en effet au sommet de son art, embrassant un spectre sonore plus large que jamais (free-jazz, hip-hop, blues, punk, musiques caribéennes …) et ouvrant de nouvelles perspectives créatives. A lui seul, ((World War)) regroupe trois des morceaux les plus inoubliables de l’année 2023 : la belle énergie cosmique et enivrante de Borealis Dancing, la décharge de joie pure qui traverse Baba Louie, et la combativité électrisante, pleine d'espoir, de Burning Grey. Trois joyaux qui hissent jusqu’aux plus hauts sommets un album puissant, vibrant, émouvant. Et plein de vie.
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2. Liturgy | 93696
🇺🇸 Etats-Unis | Thrill Jockey Records | 82 minutes | 15 morceaux
Liturgy est un des groupes actuels les plus déroutants, voguant dans une matrice ésotérique riche en symbolisme et développant un appareil théorique pour le moins abscons. Embrasser cet habillage mystico-philosophique nébuleux n’est cependant pas nécessaire pour prendre leur musique de plein fouet. L’excellent H.A.Q.Q. (album sorti en 2019) l’avait déjà brillamment prouvé, emportant l’auditeur dans des territoires black metal alambiqués sur le papier mais puissamment captivants au ressenti. Malgré ses 80 minutes et sa densité cyclopéenne, 93696 va encore plus loin dans la démonstration : la musique d’Haela Ravenna Hunt-Hendrix et sa bande devient même par moment incroyablement radieuse, mêlant le chaos le plus extrême à la beauté la plus irradiante. Entre riffs de guitare explosifs, orchestrations de musique baroque et touches électroniques subtiles, cette œuvre colossale et chargée de signification suscite un envoutement sensoriel qui transcende toute dimension intellectuelle.
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#sonmelier2023#avant garde metal#black metal#chamber music#totalism#glitch#progressive metal#Youtube
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3. Tirzah | trip9love...???
🏴 Angleterre | Domino | 33 minutes | 11 morceaux
Sitôt annoncé, sitôt publié. Le troisième album de Tirzah Mastin a déboulé sans prévenir un beau matin de septembre 2023, sans single préalable et avec toute la discrétion qui caractérise l’artiste britannique. Ici, son R&B minimaliste et envoûtant s’acoquine avec les rythmes agités du trap, conférant à l’ensemble une simplicité brute qui s’agrège magnifiquement avec des mélodies de piano et une douce voix intimistes. « Trip9love… ??? » pourrait s’entendre comme un seul et unique morceau hypnotique, faisant défiler sans aucun temps mort les variations les plus captivantes. Paradoxalement, cette grande homogénéité héberge une sorte de conflictualité nouvelle, de lutte incessante avec la matière sonore, menée de mains de maitres par un duo en totale symbiose (la géniale Mica Levi est encore une fois de la partie). Un supplément de rugosité, en particulier par rapport à Colourgrade, qui touche au sublime.
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4. Blonde Redhead | Sit Down for Dinner
🇺🇸 Etats-Unis | section1 | 48 minutes | 11 morceaux
Dans son très beau roman « L’année de la pensée magique », véritable chef d’œuvre littéraire sur la question du deuil, l’auteure américaine Joan Didion relate la mort soudaine de son époux alors que le couple dinait. Une lecture qui aura fortement nourri la chanteuse Kazu Makino durant les mois de pandémie et qui l’aura amenée à se recentrer sur l’essentiel : les beaux instants partagés et la complicité qui naît d’un processus créatif commun. Un besoin de connexion (et de communion) qui s’est naturellement tourné vers ses vieux complices italiens, les jumeaux Amadeo et Simone Pace – rapprochement qui se sera finalement traduit par un retour de Blonde Redhead après neuf ans de silence discographique. Pour tout dire, le deuil était aussi présent dans notre rapport au groupe new-yorkais, jadis adoré (de leurs débuts dans le sillage brutiste de Sonic Youth à leur conversion aux effluves gainsbouriennes période Melody Nelson) avant d’être poliment ignoré durant toute la décennie 2010s. D’où cette joie incommensurable de retrouver le trio bardé d’une si belle inspiration, de le voir remettre le couvert pour une œuvre vibrante, aussi spleenétique que capiteuse, comme il n’en n’avait plus fait depuis leur immense classique Misery Is a Butterfly (2004). Sit Down for Dinner est clairement plus apaisé que son illustre prédécesseur, se montrant parfois même chaleureux. Comme l’étreinte d’un vieil ami longtemps absent et enfin retrouvé.
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5. ØXN | CYRM
🇮🇪 Irlande | Claddagh Records | 46 minutes | 6 morceaux
Le folklore irlandais a été mis à l’honneur comme rarement en 2023, avec par exemple le bel album de John Francis Flynn (qui n’était vraiment pas loin du cut final de la cuvée) et surtout l’exceptionnel (et très justement acclamé) disque de Lankum (voir un peu plus bas). Et si une artiste symbolise mieux que quiconque cette vitalité contemporaine, c’est bien la chanteuse et multi-instrumentiste Radie Peat, membre éminente de ce dernier groupe mais aussi d’un collectif influencé par ailleurs par le doom folk et la darkwave, ØXN. Contes traditionnels sinistres, murder ballads et autres récits sur l’oppression et l’injustice (particulièrement envers les femmes) peuplent ce tourbillon sonore magnétique, sombre et terrassant.
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6. Bar Italia | Tracey Denim
🏴 Angleterre | Matador Records | 44 minutes | 15 morceaux
Le nom Bar Italia évoque à la fois un café londonien emblématique du quartier de Soho, le morceau de clôture du Different Class de Pulp (1995) et il constitue également un clin d’œil à la nationalité transalpine de la chanteuse du groupe, Nina Cristante. Cette dernière, proche du mage de l’underground britannique qu’est Dean Blunt, est totalement à son aise dans ce projet rock nonchalant et hyper référencé (coucou le meilleur du rock alternatif des années 90s) qui parvient avec beaucoup de personnalité à enchainer les hymnes débraillés imparfaits mais follement captivants. A noter la sortie également en 2023 du second album de ce trio de branleurs géniaux, le recommandable (mais sans doute moins essentiel) The Twits.
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7. PJ Harvey | I Inside the Old Year Dying
🏴 Angleterre | Partisan Records | 40 minutes | 12 morceaux
La grande dame du Dorset retrouve ici les altitudes célestes et les atmosphères hantées de White Chalk, reprenant son bâton de prêtresse pour une œuvre emplie d’une ruralité surnaturelle. I Inside the Old Year Dying n’en reste pas moins une œuvre magnifiquement singulière, ajoutant un chapitre à part entière à la légende de PJ Harvey. Une artiste essentielle depuis ses débuts (abrasifs), il y a un peu plus de trente ans.
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8. Kara Jackson | Why Does the Earth Give Us People to Love ?
🇺🇸 Etats-Unis | September Recordings Limited | 52 minutes | 13 morceaux
Kara Jackson n’a que 23 ans, mais son cheminement artistique d’une extraordinaire épaisseur lui confère déjà l’aura d’une grande ancienne. Poète reconnue, elle transpose ici ses réflexions existentielles et sa sincérité crue et poignante dans un folk peuplé d’espoirs et de fantômes, usant de la simplicité comme de la dissonance pour mettre en une chair musicale habitée et irradiante des récits absolument inoubliables.
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9. Avalon Emerson | & the Charm
🇺🇸 Etats-Unis | Another Dove | 40 minutes | 9 morceaux
Pour son premier album, la DJ californienne en résidence à Berlin délaisse la techno au profit d’une dream pop à la douceur désarmante. Un remède subtilement sucré à la fatigue émotionnelle, gorgé d’influences esthétiques mêlant le soleil à la mélancolie, la connexion à l’introspection (citons en vrac la house baléarique, la city pop japonaise ou encore le vacarme cotonneux du shoegaze).
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10. Lamp | 一夜のペーソス (Dusk to Dawn)
🇯🇵 Japon | Botanical House | 75 minutes | 20 morceaux
Malgré sa durée de 75 minutes, le 9ème album du trio tokyoïte Lamp se prête merveilleusement bien à l’écoute en boucle. La douceur d’ensemble de ce voyage sonore invite à la contemplation, avec notamment un dialogue d’une grande délicatesse entre la voix féminine de Kaori Sakakibara et la voix masculine de Yusuke Nagai. La richesse des influences musicales du groupe (folk, sons traditionnels japonais mais aussi bossa nova) et la fluidité avec laquelle il les agence dans un tout qui ne cesse à aucune seconde d’être captivant éloignent tout risque d’ennui. Ravissant et réjouissant.
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