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Répertoire Historique de Porquerolles
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Par Yves Le Ber
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Table des matières
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Le village vers 1880.
Avant-propos __ Présentation 1/2 __ Présentation 2/2 __ Genèse du village romain 1/2 __ Genèse du village romain 2/2 __ Le village romain 1/2 __ Le village romain 2/2 __ Un ermitage  __ Sites archéologiques recensés __ Du ve au xe siècle __ La famille Fos __  Les pirates __ Le retour des moines __ Hyères __ Sainte-Agathe __ Les Barbaresques et le trou du pirate __ Deux propriétaires de l’île __ Les canons, Toulon, Porquerolles  __ Le xviie siècle et la famille Molé __ La carte Phélypeaux (vers 1690) __ La flotte de Toulon se saborde (1707) __ Quelques anecdotes __ Suite des seigneurs de Porquerolles  __ 1744 : arrivée des militaires __ La population  __ La Croix de Castries __ La carte des feux d’assurance __ La maison Agarrat  __ Les bâtiments __ La tuilerie de Notre-Dame : une inconnue __ Bonaparte  __ La Garonne  __ La carte de Cassini  __ Le chemin à couvert __ Le poste de douane __ Les batteries de 1810 __ Le village  __  Le port __  Le cimetière __ L’usine de soude (1826) __ Le phare (1834) __ Les forts semi-enterrés (1848) __ L’église (1851) __ Population et propriétaires __ La fin des baux militaires (1851) __ M. de Roussen __ L’hôpital __ Le sémaphore (1863) __  Le fort de la Repentance (1881)  __  La butte de tir, le Iéna et les ducs-d’Albe __ Le poste de TSF __ Les derniers propriétaires de Porquerolles 1 / 1 __  Les derniers propriétaires de Porquerolles 2 / 2 __  La batterie haute des Mèdes  __ Le filet anti-sous-marins  __ Les Italiens de Porquerolles  __ La guerre de 1940 __ L’école de détection de la Marine nationale et le câble EDF __ Conclusion
Abréviations CAV: Centre archéologique du Var AMH: Archives municipales de Hyères SHDT: Service historique de La Défense, Toulon SHDV: Service historique de La Défense, Vincennes LA VERSION PDF EST DISPONIBLE EN CLIQUANT SUR CE LIEN: http://bit.ly/repertoirehistoriquedeporquerolles
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Avant-propos
Si vous êtes curieux comme moi, ce texte devrait répondre à vos questions. J’avais environ quarante-cinq ans lorsque j’appris que cet oiseau de nuit qui fait un ouu n’était pas une chouette hulotte, comme le pensaient ma mère et d’autres habitants, mais un petit-duc. Cet éclaircissement a été un révélateur et m’a conduit à entreprendre des recherches pour trouver des informations fiables sur des événements, bâtiments et personnages ayant marqué le passé de Porquerolles. Pour cela, je me suis attaché à ne prendre en considération que des parutions scientifiques (comme des recherches archéologiques), des archives (notamment celles du Service historique de la Défense), ainsi que les témoignages ou écrits de personnages contemporains de la période évoquée. Même si j’ai pu faire des erreurs, j’ai cherché à connaître le « qui, quoi, pourquoi et comment ». Désolé, mais j’ai volontairement omis de mentionner certains détails, afin que subsiste une part de mystère…
Ah ! Ce qui est une évidence pour tous ne l’est pas toujours pour moi : quand on parle, par exemple, du xiie siècle, cela correspond à la période située entre le 1er janvier 1100 et le 31 décembre 1199.
Je remercie vivement Carole Péchereau et Aurélie Delafon pour leurs relectures et Élodie Dewaële-Verma pour la mise en ligne.
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Présentation 1 / 2
À propos des noms de lieux, voici quelques informations.
Porquerolles : certains le prononcent « por-crolles » ; maintenant, si vous prenez le temps de vivre, vous pouvez dire : « por – que – rolles ». C’est plus long mais tellement plus chantant.
Les noms des lieux suivants se rencontrent dans les écrits du géographe Strabon (58 av. J.-C.-25 apr. J.-C.) et de l’écrivain Pline l’Ancien (23 apr. J.-C.-79 apr. J.-C.). L’étude de ces documents par des archéologues n’a pas abouti à des certitudes ; de ce fait, les noms énoncés sont susceptibles, un jour, de changer d’affectation. Pour reprendre l’expression d’un archéologue, il est « probable » que Protée (« la première » en grec) désigne Porquerolles, Mese (« celle du milieu ») Port-Cros, et Hypaea l’île du Levant. Il est également « probable », et c’est une certitude pour Strabon, que les Stoechades, nom venu d’un mot grec qui signifie « alignement », désigne uniquement les îles d’Hyères. Voici une preuve de la complexité d’une analyse d’un texte ancien : Pline associe le site de Pomponiana à l’île de Mese, or c’est à Porquerolles (Protée) que l’on trouve les vestiges d’un port et d’une agglomération.
Dans le livre d’Émile Jahandiez sur les îles d’Hyères (1929), on trouve des étymologies de Porquerolles. Selon moi, celle qui suit est peut-être moins poétique, mais c’est la plus réaliste. Dans le Bulletin archéologique de Provence (2003), l’archéologue P. Rigaud indique qu’au Moyen Âge l’île portait le nom de Por Cayrol, ce qui se traduit par « le port des pierres ». Selon une autre parution du Centre archéologique du Var, signée par Pierre Excoffon, Porquerolles était connue, dès l’Antiquité, pour ses carrières : les phyllades (pierres en feuilles) des Mèdes et le tuf de la Courtade. Ceci pourrait expliquer le nom de Por Cayrol. Il est probable que ce nom ait, au cours des siècles et des écrivains, évolué. L’île prendra les noms de Porcayrolas, Porcairolas ou Porcorola, puis à partir du xvie siècle, le c est remplacé par le q, comme Porquerame, Porquerollos, bien qu’on utilise toujours Porcayrollas, mais avec deux l.
Les Stoechades prennent les noms d’isles d’Yères en français et de las illas d’Hieras en occitan. Un temps, on les nomma illas de Bormas suite à une revendication territoriale du village de Bormes, ainsi qu’insulae Austriacae lors de la présence de Charles Quint en Provence. Une autre appellation des îles d’Hyères fait son apparition au cours du xvie siècle : les îles d’Or. Cette désignation est considérée par certains scientifiques comme le fruit d’une erreur d’écriture ou d’une contraction ; en effet, les « îles d’Hyères » se traduisent en latin par insularum Arearum, or insularum Aureum signifie les « îles d’Or ».
Limité à l’est par la rivière le Var, notre département prend tout naturellement son nom ; or le rattachement à la France du très ancien comté de Nice conduit à la création du département des Alpes-Maritimes en 1860. L’annexion par ce dernier d’une partie des territoires du Var explique pourquoi le Var est le seul département de France où la rivière du même nom ne coule pas. Autre anecdote : en 1897, l’Académie du Var propose de renommer le département en Îles-d’Or…
Porquerolles fait partie de la commune d’Hyères. Il aurait pu en être autrement : en 1927, les démarches administratives du docteur Lert, de MM. Gilly, Barbier, Canessa et Pernet étaient suffisamment avancées pour que l’île ait le statut de commune. À une voix près, le conseil municipal refusa que les îles d’Hyères ne fassent plus partie de sa juridiction.
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Présentation 2 / 2
Un peu de sciences naturelles, à présent.
L’une des richesses des paysages de Porquerolles tient au fait que l’île est un assemblage de trois unités rocheuses totalement différentes.
Voici une carte du Bureau de recherches géologiques et minières.
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Schiste hercynien - Zone de décrochement - Gondwana
À droite, l’unité de la Galère est un fragment de l’un des deux premiers continent de notre Terre : le Gondwana. À gauche, l’unité du Langoustier : ces roches font partie de la chaîne hercynienne (350 millions d’années) qui est venue couvrir celle du Gondwana il y a environ 300 millions d’années. Lors de ce déplacement, les roches hercyniennes ont poussé devant elles des dépôts de sédiments et formé la partie centrale de l’île : la zone de décrochement (en gris sur la carte). Le gros rocher des Mèdes fait, lui, partie du Gondwana.
Au sujet de la Corse : il est probable que la formation de la chaîne alpine et des mouvements dans le massif des Pyrénées soient à l’origine de sa formation. Alors située entre les Baléares et Nice, une bande de terre qui faisait partie de l’Europe se décroche, forme le micro-continent Corse-Sardaigne et dérive vers le sud-est. C’est depuis cette scission, il y a 20 millions d’années, que Porquerolles se trouve en bordure de notre continent euro-asiatique.
Autre particularité : les plaines de l’île sont prolongées par des calanques dans les falaises du sud. Ces érosions, résultant du ruissellement des eaux pluviales, sont de nos jours impossibles puisque les plaines sont inclinées vers le nord. Cette incohérence est probablement liée au fait qu’il y a environ 20 000 ans, les parties nord de Porquerolles et de Giens se sont enfoncées et, de ce fait, ont inversé le sens d’écoulement des eaux.
Un mot concernant les limites de nos plages : les géologues estiment que depuis 2 000 ans, les plages ont reculé de 40 mètres par rapport à aujourd’hui. Ce phénomène d’érosion trouvera toute son importance lorsque nous évoquerons la période romaine.
Toutes ces informations m’ont été données par le géologue Pierre Laville, président de l’association Les Amis de la presqu’île de Giens.
Pour les amateurs de botanique, je vous conseille la lecture du livre publié en 1929 par Émile Jahandiez. À ce propos, il serait intéressant de comparer ses observations aux plantes actuelles.
On recense, dans l’île, près de 700 espèces végétales, bien plus qu’à Port-Cros ; ceci est dû à la topographie et à la nature des sols (argileux, sableux ou rocheux). Sur le littoral, on trouve des plantes halophiles (qui aiment le sel), principalement dans les falaises, quant aux plaines, toutes sortes de cistaies s’y sont développées. En bordure de forêt, le maquis est surtout composé d’arbousiers et de bruyères arborescentes (ces dernières pouvant atteindre la taille impressionnante de 8 mètres de haut). En théorie, la forêt de Porquerolles devrait compter uniquement des chênes verts, mais la présence de milieux ouverts et la vivacité du pin d’Alep et du pin parasol ont permis leur prolifération.
À noter la présence de la dauphinelle de Requien (Delphinium pictum subsp. requienii, D.C., 1815) : cette plante endémique existe uniquement sur les îles d’Hyères.
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Des dauphinelles de Requien en fleur (juin).
En octobre, M. Astier et ses confrères mycologues viennent clôturer leur saison d’observation des champignons à Porquerolles. Sur les 20 000 espèces présentes en France, les mycologues ont recensé 1 500 variétés dans l’île.
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Genèse du village romain 1/2
Ce chapitre traite des protagonistes qui ont permis aux Romains de s’implanter à Porquerolles en 64 av. J.-C. Porquerolles a de tout temps été abordée par des navigateurs, comme le prouve un perçoir en silex et des céramiques datant de 3 000 ans avant notre ère.
Parmi les civilisations qui l’ont côtoyée, une nous intéresse plus particulièrement : la civilisation phocéenne. Située à l’ouest de l’actuelle Turquie, la ville de Phocée était pauvre en ressources maritimes et pourvue d’un sol stérile. Ses habitants ne pouvaient prospérer qu’en s’implantant dans d’autres régions et pour cela, ils ont fait appel aux peiratès (pirates). Ces derniers, par force, ruse ou commerce, étendent cette civilisation dans tout le bassin méditerranéen par l’implantation de comptoirs ou de colonies.
C’est ainsi qu’en 600 av. J.-C., les Phocéens s’installent à Massalia (Marseille) et amorcent un commerce avec les habitants du littoral : les Liguriens. Ils utilisent la voie maritime, avec un bateau qu’on appelle la coque ronde.
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Une coque ronde.
Taillé pour la mer, ses qualités sont indiscutables, et ce n’est qu’au xiiie siècle, avec la nef vénitienne, puis la caraque, premier navire muni d’un gouvernail, que son utilisation sera abandonnée. Mené par seulement quatre ou cinq marins, il navigue de jour comme de nuit pendant la belle saison, pour éviter les tempêtes d’hiver. Contrairement à ce que certains pensent, ses voiles lui permettaient aisément de remonter au vent à une vitesse maximale estimée à quatre nœuds.
L’épave de la Madrague est un bel exemple de coque ronde. Ce navire, qui sombra vers 65 av. J.-C. à Giens, est un bateau de grand cabotage, c’est-à-dire reliant directement les grandes agglomérations, comme Nice ou Marseille. Ses caractéristiques sont les suivantes : 40 mètres de long, une pompe de cale utilisant le principe de la noria, deux mâts et une double coque, dont la partie extérieure était recouverte de plomb pour éviter la présence de coquillages ou d’algues. Dans sa cale de 4,50 mètres de haut, étaient entreposées 10 000 amphores de type italique d’une contenance de 26,3 litres, mais également des cratères (vases utilisés pour le transport de vin fin) ainsi que des céramiques campaniennes. La présence d’un casque laisse supposer que ce navire était sous la protection d’un légionnaire. Quant à sa cargaison, elle ne fut pas totalement perdue, puisque des pierres de lest, permettant aux plongeurs de descendre plus rapidement, ont été trouvées aux milieux des amphores.
C’est ainsi que céréales, coquillages et poissons (salés ou en saumure) sont, entre autres, troqués contre du vin, de l’huile d’olive et des poteries. Cette idylle commerciale prend fin vers – 380 lorsque les Liguriens se sentent floués et remettent en question l’équilibre des balances commerciales. Maîtres des lieux, ils contraignent les Marseillais à quitter l’intérieur des terres, ne laissant d’autre choix aux Phocéens, pour développer leur commerce, que la construction de colonies-forteresses en bord de mer (à l’exception d’Arles). Ainsi, en – 350, le site fortifié d’Olbia, à l’entrée du tombolo ouest de la presqu’île de Giens, voit le jour.
Au cours de leurs traversées, les navires pouvaient faire relâche dans les Stoechades, notamment à Protée (Porquerolles). L’île avait de nombreux atouts pour les navigateurs : ressources en bois, en eau, ainsi qu’un excellent mouillage. Elle offrait une certaine sécurité du fait de l’insularité, mais sa situation au milieu de la plus riche des voies maritimes de l’époque, entre l’Italie et l’Espagne, était aussi appréciée des pirates.
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Genèse du village romain 2/2
À tout commerçant, ses pirates. Les peiratès, responsables du développement de la Grèce mais n’ayant plus de territoires à découvrir, se tournent vers la piraterie. Les pirates locaux assurent la protection des côtes en cas d’attaque par des pirates étrangers ; cela fait d’eux des individus très respectés, qui jouissent auprès de la population, comme des instances politiques et militaires, d’une totale impunité. Voici une anecdote qui contredit ceci. En 78 av. J.-C., un jeune éphèbe romain est fait prisonnier par des pirates. Fort de sa personne et vexé de ne pas avoir été reconnu comme un grand personnage, ce jeune homme méprise son ravisseur qui a demandé 10 talents d’or pour sa libération, alors qu’il estime en valoir 50. Une fois libéré, désobéissant au général de région, il affrète quatre galères, retrouve ses geôliers, emprisonne l’équipage et exécute ses capitaines. Le nom de ce sympathique personnage ? Caius Julius César, futur empereur…
Les choses prennent une nouvelle tournure lorsque les exactions des pirates sont telles que la ville de Rome se trouve à de nombreuses occasions en état de disette. Cela conduit le sénat romain, en – 67, à charger Pompée de mettre un terme à cette situation. Ce dernier entreprend la construction de navires et recrute parmi les pirates ou les esclaves des marins et capitaines. Il divise les mers en onze régions et confie celle comprenant la Provence, la Corse et la Sardaigne au général Atilius, avec ordre de nettoyer la mer de ses pirates. Il s’ensuit une guerre entre la légion romaine et la piraterie.
Les bateaux engagés lors de cette guerre sont le plus couramment la trirème d’Atilius (3 hauteurs de rames) et la birème des pirates, toutes deux mesurant 35 mètres de long. Construits pour répondre à des critères de manœuvrabilité et vitesse (12 nœuds lors d’éperonnages), ils sont fragiles et nécessitent des conditions météo clémentes. Les manœuvres de ces galères demandent une grande dextérité, aussi ne faut-il pas s’étonner si la présence d’environ cent cinquante marins par bateau relevait davantage du volontariat que d’une obligation (au Moyen Âge, on utilisera des bagnards car les « galiots volontaires » ou « buenevoglies » étaient rares).
À la mort de Jules César en – 44, la légion romaine rentre au port, laissant le contrôle des mers à la piraterie et notamment au propre fils de Pompée, Sextus, dont l’armada est installée en Sicile.
À propos des galères : le Léontophore fut construit en – 300 lors de la lutte entre Démétrios et Lysimaque. Il mesurait 110 mètres de long et était manœuvré par 1 600 rameurs. Quant au Célès, il était si petit qu’il pouvait tailler sa route au milieu des rochers et échapper à tous ses poursuivants.
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Le village romain 1/2
Avant de découvrir le village de Porquerolles, nous allons parler de celui de la Galère. Il fut édifié à partir de – 120 et occupé une cinquantaine d’années de façon saisonnière. La découverte de plombs utilisés pour lester les filets ainsi que de roches creusées pour la préparation de la saumure laisse supposer que des pêcheurs, venus probablement du site d’Olbia, sont à l’origine de ce village, qu’ils occupaient lors de leurs campagnes de pêche. D’après les archéologues, il est possible que ces pêcheurs aient également eu une mission : informer Olbia de la présence de pirates dans les parages.
Le site comporte deux groupes de maisons de part et d’autre de la calanque (secteurs 1, 2, 3, 4 sur la carte ci-dessous). Quant aux terrasses, elles étaient utilisées pour des cultures céréalières et expliquent la présence d’aires à battre dans certaines maisons.
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Plan général du site (Jean-Pierre Brun, « Le village massaliote de la Galère », Documents d’archéologie méridionale, no 14, 1991).
Lors de sa prise de fonction, le général Atilius se réfère tout naturellement aux instructions nautiques littérales contenues dans les portulans pour établir ses ports. Il relève qu’au centre de son dispositif militaire se situent quelques îles bien connues des marins et notamment des pirates. C’est ainsi qu’est implanté, en – 64, à Protée (Porquerolles), le portus Pomponiana. Concernant le terme portus ou port : il s’agissait d’un lieu aménagé, mais dans sa plus simple expression, il se limitait à une simple plage.
La présence de la légion romaine dans l’île va très rapidement conduire à l’établissement d’une population civile. En effet, Les Phocéens (qui avec le temps ont pris le nom de Romains) ont l’opportunité de s’installer à Porquerolles, sur une terre vierge pourvue de larges plaines, à proximité de l’important centre économique et militaire d’Olbia. Ils sont également protégés vis-à-vis des Liguriens par l’insularité, ainsi que des pirates par la présence de la légion romaine.
Les fondations de ce village antique se trouvent sous le village actuel. Avant 2017, sur la place d’Armes, nous pouvions observer des pierres affleurant le sol. Elles délimitaient des ruelles de l’agglomération romaine. L’orientation de ces ruelles est la même que celle de fondations mises au jour par des fouilles archéologiques effectuées lors de la construction de bâtiments récents.
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La place d’Armes et la rue de la Douane (CAV). En jaune : les rues romaines.
Les rues sont à angle droit et parfois pourvues d’un réseau d’eaux usées. Le village abrite tout naturellement son lot d’entrepôts et de commerces, pour les pêcheurs et les autres corporations, comme le suggèrent ces instruments d’oculiste découverts dans un habitat. Il est probable que certaines habitations ou magasins étaient dotés d’un étage ainsi que d’une cour.
Les maisons étaient édifiées avec un soubassement en pierre pour éviter les remontées d’humidité, des murs en terre crue et des toitures en bois ou tuiles plates. La partie habitable est constituée de chambres et d’une pièce principale où l’on trouve le foyer, voire un four. Quant au sol, il est généralement en terre battue mais peut être dallé. L’urbanisme et l’aménagement des maisons ont toutefois évolué, comme le prouve une fouille conduite par Philippe Aycard du Centre archéologique du Var en 2003 dans la rue de la Douane. Elle a notamment mis au jour une maison du ier siècle, pourvue de thermes, décorée de mosaïques et dont les murs sont enduits d’un ciment à la chaux. À proximité se trouve un bâtiment de la même période. Abandonné puis reconstruit au début du iie siècle, il possède un pressoir ainsi que sa cuve (maçonnée à deux reprises). À la fin de ce siècle, deux pièces sont comblées pour être transformées en lieu de vie. Plus tard, deux autres espaces abandonnés feront partie de la rue.
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Le village romain 2/2
La vie de ces habitants reste simple. Ils se marient mais sont très vigilants quant il s’agit de procréation : c’est un des piliers de la société et la stérilité est une cause de divorce. Il faut dire que même si certains individus deviennent centenaires, la mortalité infantile est d’environ 7 sur 10. Le repas familial s’organise dans la pièce principale. Pots ou marmites sont disposés sur une plaque d’argile au préalable portée au rouge à l’aide d’un feu, puis des plats de transition permettent de servir la nourriture dans des assiettes ou des bols. À l’aide de leurs doigts ou de cuillères, les convives trempent des galettes de blé, ou de la polenta d’orge (maza), dans une soupe de légumes, de bulbes, de poissons et exceptionnellement de viande. En général, le repas est accompagné d’huile d’olive et se termine par des fruits ou du miel.
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Ustensiles trouvés à la Courtade (CAV).
Les obsèques suivent différents rites au cours des siècles : incinération, inhumation en pleine terre, avec urne ou en caisson. Certains éléments ont été mis au jour par l’avancée du rivage (environ 40 mètres) et l’érosion de la falaisette de la Courtade. Toutefois, dire que ce site était le cimetière d’environ 300 villageois, pendant près de cinq cents ans, est un pas que les archéologues n’ont pas franchi. Des têtes décapitées, différemment inhumées, sur le site de la Courtade, laissent perplexes les archéologues. Une théorie voudrait qu’elles appartiennent aux compagnons du général Valens qui, fuyant l’armée flavienne, trouva refuge auprès de sympathisants insulaires, en 69 apr. J.-C. Capturés, ils furent décapités, comme le voulait la loi en cas de trahison.
Il serait logique de penser que la localisation du port romain (portus) soit identique à celle du port d’aujourd’hui, même si à l’emplacement de l’actuel Pré des Palmiers se trouvait un marécage. Toutefois, des fouilles sur la plage de la Courtade ont mis au jour des calandages (sortes de routes) d’une largeur assez exceptionnelle de 9 mètres ; cette découverte remet donc en question la position du portus Pomponiana.
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Les calandages de la Courtade (photo de Philipe Aycard, CAV).
Ne cherchez pas ces calandages : par mesure de précaution, ils ont été recouverts de terre.
Si le village est le centre économique de l’île, les ressources viennent, outre de la mer, de l’exploitation agricole des plaines. Le mobilier archéologique retrouvé dans les différents lieux de Porquerolles laisse penser que toutes étaient cultivées. Après avoir été défrichées, elles étaient plantées d’oliviers, de vigne, de céréales ainsi que de différents bulbes. Malheureusement, faute de moyens financiers pour des recherches archéologiques, ou parce qu’elles ont été détruites par des travaux de labours, l’étendues de ces cultures n’est pas connue.
Les archéologues estiment, toutefois, que la plaine de Notre-Dame était le centre d’une importante exploitation agricole. On y a trouvé : deux sarcophages en pierre de calcaire (photo de l’un d’eux page suivante), la table funéraire en marbre blanc d’une esclave affranchie, portant la mention « Aux dieux mânes, Vassia Tychè, affranchie de Caius, repose ici » (photo page suivante), la partie supérieure d’un autel funéraire de 32 centimètres de côté ainsi que des murs de maisons dans la plaine. Tous ces vestiges confirment la richesse de cette villa.
Malheureusement, il est probable que cette ferme ait disparu avec l’avancée de la mer, comme le prouve une dalle de calcaire extraite de la plage de Notre-Dame, qui a pu servir d’autel dédié à un dieu.
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Ce sarcophage en pierre calcaire est un vestige de l’époque romaine trouvé dans la plaine de Notre-Dame.
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Également trouvée dans la plaine de Notre-Dame, la table funéraire en marbre blanc d’une esclave affranchie, portant la mention : « Aux dieux mânes, Vassia Tychè, affranchie de Caius, repose ici ».
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Un ermitage
En 325, l’empereur Constantin fait du christianisme la religion officielle de l’Empire romain. Entre le ive et le ve siècle naît un mouvement spirituel qui pousse des moines à quitter leurs frères des villes et à partir s’installer dans des îles ou des déserts pour y trouver l’éloignement nécessaire au recueillement. Les réflexions des « moines des îles » font partie de la spiritualité chrétienne des premiers siècles.
Dans notre région, saint Honorat établit une congrégation sur les îles de Lérins en 375, et vingt ans plus tard, des moines édifient un monastère sur le site du Castelas, sur l’île du Levant. Cette vie monastique est évoquée dans une des préfaces des Conférences (426-427) de Jean Casssien, moine et fondateur de l’abbaye de Saint-Victor à Marseille, ainsi que le rôle des « saints frères » Jovinien, Minervius, Léonce et Théodore, qui ont « fait fleurir dans les régions du couchant et jusque dans les îles en les peuplant de frères » (source : Jean Guyon, « Frères des îles et de la côte », Des îles côte à côte).
À Porquerolles, vers 400, un petit groupe de personnes s’installe sur la crête du piton rocheux des Mèdes. D’après une étude archéologique (Brun, Laurier, Ollivier et Tréglia), le site aurait été occupé entre 400 et 450. Il est constitué de sept cases simples ou doubles, ainsi que de restanques pour des cultures intramuros. L’accès est non seulement rendu très difficile par l’emplacement, mais il est protégé par une double rangée de murs donnant sur une poterne (porte). En l’absence de preuves formelles telles qu’une église, les archéologues ne peuvent que constater la présence d’un village. Toutefois, le lieu et la période les ont conduits à formuler l’hypothèse que ce site ait pu être celui d’un ermitage.
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Plan du site de l’ermitage des Mèdes (CAV).
Ce lieu est désigné sur certaines cartes comme le « village maure », mais ce nom porte à confusion, car ceux qu’on appelle « les Maures », c’est-à-dire des musulmans d’Afrique du Nord, envahiront la Provence près de trois cents ans après l’abandon du site.
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Sites archéologiques recensés
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Carte et liste extraites de l’ouvrage Des îles côte à côte.
Toutes les études scientifiques de la période romaine révèlent que le mobilier archéologique ne dépasse pas 450 apr. J.-C. ; il est donc probable qu’à cette période, les habitants ont déserté l’île et permis aux pirates de reprendre pied sur Porquerolles, pour plusieurs siècles.
À lire : M. Pasqualini, P. Arnaud, C. Varaldo (dir.), Des îles côte à côte. Histoire du peuplement des îles de l’Antiquité au Moyen Âge. Provence, Alpes-Maritimes, Ligurie, Toscane, actes de la table ronde de Bordighera, (déc. 1997), Bulletin archéologique de Provence, supplément no 1, 2003.Une page de l’histoire de Porquerolles est tournée avec le départ de ses habitants vers 450 et, même s’il n’y a plus de village jusqu’à 1825, l’île reste fréquentée par des pêcheurs, des navigateurs et autres visiteurs.
Une partie des informations contenues dans les entrées suivantes viennent du livre publié en 1997 aux éditions Actes Sud sous la direction de l’archéo­logue Jean-Pierre Brun : Les Îles d’Hyères, fragments d’histoire.
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Du Ve au Xe siècle
Au cours de cette période du haut Moyen Âge, Porquerolles n’est plus évoquée, mais nous pouvons avoir une idée du contexte régional. Avec le déclin de l’Empire romain, les institutions ainsi que le commerce vont progressivement péricliter. Pendant près de cinq cents ans, une accumulation d’indices fait dire que la région est sinistrée.
Au vie siècle, notre région connaît une grave épidémie de peste dont l’origine semble être liée à l’accostage d’un navire espagnol dans le port de Marseille.
La chute des institutions romaines a profité à l’Église qui, petit à petit, est devenue un des principaux acteurs politiques et économiques. Cela ne va pas sans irriter l’aristocratie locale ; aussi, est-ce dû à ce climat conflictuel ou à l’émergence de troubles sociaux, mais à la fin du vie siècle les listes épiscopales s’interrompent.
Au siècle suivant, on observe une chute du fret dans le port de Marseille ainsi que l’abandon du site fortifié d’Olbia. On a même laissé entendre que les habitants d’Olbia sont à l’origine de la création de la ville d’Hyères. Pourquoi pas !
Le viiie siècle est marqué par une alliance surprenante. Après avoir pillé la région, les Maures sédentarisés prêtent main-forte au représentant de la royauté, le patrice Mauronte. Ils combinent leurs forces pour combattre les Francs, devenus oppresseurs ; cependant, face à Charles Martel, la campagne de Mauronte est un échec et la répression est importante.
Le pire vient avec le partage de l’Empire carolingien en 843. En effet, les exigences de la noblesse bourguignonne sont si exorbitantes qu’un grand nombre de notables et d’habitants préfèrent s’expatrier, laissant la Provence désolée.
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La famille Fos
L’essor régional revient avec l’arrivée des tout nouveaux comtes de Provence. Forts de leur victoire sur les Sarrasins en 974 et grâce à la passivité du roi Rodolphe III de Bourgogne, ils obtiennent l’indépendance de la Provence et dynamisent la région. Dans leur entourage se trouve la famille Fos. Installée à Hyères en 940, elle s’est comme tant d’autres approprié les terres de l’Église. Pendant trois siècles, cette famille va présider aux destinées de la ville. Son fief s’étend du petit port de Toulon à Bormes, puis s’agrandit, en 1140, avec le marquisat de Fos (Marseille).
Concernant Porquerolles, l’île n’avait d’intérêt pour cette famille que d’être un terrain de chasse où le lapin pullule. Il faut dire que la présence de ces petits mammifères est telle qu’en l’an 1056, la fondation de l’église Saint-Nicolas aux Salins (à proximité de l’actuel port d’Hyères) fut dotée, par charte, des revenus engendrés par la « dîme des lapins des îles ».
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Les pirates
Tous les événements précédemment décrits se déroulent sous les yeux des Sarrasins qui, utilisant Porquerolles comme base arrière, opèrent des pillages sur le continent. Ces exactions prennent fin avec les guerres qui les opposent aux Mongols venus de l’est et, plus tard, avec la Reconquista espagnole. En 1197, les Sarrasins effectuent leurs derniers grands raids à Toulon et aux îles de Lérins, mais déjà se profilent à l’horizon les redoutables Barbaresques.
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Le retour des moines
La présence des moines, dans au moins une des îles, est confirmée par des documents du xiie siècle. De plus, des études archéologiques attestent l’installation d’une abbaye aux xiie et xiiie siècles sur l’ancien site du Castelas dans l’île du Levant. Le tout est corroboré par l’anecdote suivante.
La maison Fos cède aux cisterciens du Thoronet un terrain pour la construction d’une abbaye en 1150 au Castelas ; malheureusement, dix ans plus tard, les moines présents sont capturés par des pirates pour être vendus en Afrique. Laissés à l’abandon, les chanoines de Saint-Augustin, relevant directement du Saint-Siège, profitent de la situation pour remettre en état ce lieu de culte. C’était sans compter la détermination de l’abbé du Thoronet, qui, prétextant des raisons plus ou moins douteuses, obtient en 1198 du pape Innocent III le retour des cisterciens dans l’île. Par son ambition, l’abbé fait fi de la médiation de l’archevêque d’Arles voulue par le pape et, avec le concours d’hommes en armes du seigneur Fos, il contraint les chanoines à se convertir aux règles de son ordre, sous peine d’être « précipités du haut de la roche escarpée ». L’histoire ne pouvait en rester là et ce coup de force conduit le pape à condamner l’abbé.
Il n’existe pas de preuves formelles, mais certains indices laissent supposer que Porquerolles fut également occupée par des moines. Comme nous le verrons, un mur daté du xiiie siècle a été mis au jour lors de travaux de restauration dans le fort Sainte-Agathe. De plus, le nom de « château Sainte-Agathe » est mentionné pour la première fois dans un document en 1304. Or, d’après le père Porte, responsable des archives de l’évêché, il était d’usage, au Moyen Âge, de donner un nom de saint à un bâtiment dont les fondations reposaient sur un ancien lieu de culte. Une ancienne tour de guet romaine pouvait avoir été édifiée là, puis une autre construction faite par des moines, mais il est probable qu’en ce lieu se trouvait un monastère.
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Hyères
Depuis 1246, les comtes de Provence sont sous la férule de la maison d’Anjou – plus précisément, de l’ambitieux et sans scrupules Charles d’Anjou. Après avoir conquis Marseille, Arles et Avignon, ce dernier cherche à asseoir sa domination sur la Provence en acquérant le fief d’Hyères. Après cinq mois de lutte, Roger d’Hyères et Bertrand Fos doivent se soumettre et remettre les clefs de la ville en 1257. En compensation – et c’est une preuve de l’importance du fief –, vingt-deux villes et villages, dont notamment Pierrefeu, Cavalaire, La Môle et Bormes, sont donnés à la famille Fos. Comme ses prédécesseurs, Charles d’Anjou ne semble pas intéressé par les îles, mais bien davantage par les salines et les impôts (gabelle) qu’elles engendrent.
Parti d’Aigues-Mortes en 1248, Saint Louis entreprend la VIIe croisade, qui le conduit en Égypte et en Syrie. Son expédition est un échec. Six ans plus tard, il manque de vent au cours de sa traversée de retour vers la terre française. Marqué par ces événements, le roi refuse de quitter son bateau mouillé en rade d’Hyères. Ce n’est qu’au bout d’une semaine de tractations avec ses conseillers qu’il accepte l’hospitalité de la ville, qui sera digne de son rang. Son échec ne l’empêche pas, en 1270, de partir de nouveau en croisade, accompagné cette fois de sa fille Isabelle et de son gendre Thibaud V. Cette campagne aura de funestes conséquences. Le choléra entraîne la mort du roi ainsi que d’une partie de son armée. Peu de temps après, il en va de même pour son gendre. Quant à Isabelle de France, elle s’éteint dans les îles d’Hyères, probablement à Porquerolles, en avril 1271.
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Sainte-Agathe
En 1304, pour services rendus, Charles II d’Anjou, comte de Provence, donne l’île en fief à Pierre Mège et à ses héritiers, sous certaines conditions : les revenus de mouillage, culture et chasse ne doivent pas dépasser 25 livres. De plus, ils ont la charge de « tenir garnison au château Sainte-Agathe », qui à l’époque devait se limiter à un bâtiment fortifié. En effet, dans son procès-verbal d’une visite des fortifications de Provence en 1323, Robert de Milet, trésorier général du comté, ne fait mention d’aucun fort dans les îles. Les terres de Porquerolles sont ensuite remises par le roi René d’Anjou à Palamède de Forbin en 1471.
C’est grâce au travail de Palamède de Forbin que Charles VIII hérite de la Provence en 1482. Annexion qui permet à la France de retrouver ses frontières du temps de la Gaule et fait du roi de France le propriétaire de Porquerolles jusqu’à la Révolution.
Un descendant de Palamède, Honorat de Forbin, poursuit le travail entrepris par son aïeul et restaure le château Sainte-Agathe en 1518. Au cours de ces travaux, des ouvriers venus travailler sont enlevés par les Barbaresques en 1519, alors qu’une bénédiction de l’édifice était prévue.
L’occupation du site depuis 1304 est corroborée par une découverte. Lors de travaux de restauration dans le corps de logis attenant à la tour Sainte-Agathe, un pan de mur sous le dallage d’une pièce a été mis au jour. L’archéologue David Ollivier (CAV) l’a étudié : il s’agissait probablement d’un mur d’enceinte car ses abords étaient dépourvus de tuiles. Des céramiques trouvées dans les couches de terre les plus profondes permettent de situer la construction de ce mur vers le courant du XIIIe siècle. Toutefois, l’occupation de l’endroit a dû être restreinte vu le nombre limité de traces de charbon. La couche de terre intermédiaire, datée du début du XIVe siècle et du XVe, a révélé un certain nombre de céramiques et de foyers qui laissent penser que cet emplacement était régulièrement fréquenté. Enfin, le contenu des couches de terre supé-rieures, datées du XVIe, correspond certainement à la restauration entreprise par Honorat de Forbin, puis à la construction de la tour actuelle.
En 1531, le roi François Ier, en visite dans la région, s’arrête à Hyères, où il est particulièrement bien reçu par les habitants. Ces derniers en profitent pour lui faire part de leur peur et des déprédations qu’engendre la présence de pirates mouillant en rade des îles, tout particulièrement à Porquerolles. Fortement impressionné par leurs doléances, il décide de créer le marquisat des îles d’Or. Bertrand d’Ornezan, corsaire du roi, hérite du fort de Brégançon ainsi que des îles de Bagaud, de Port-Cros et du Levant. À charge pour lui de payer le cens (redevance) annuel de dix mailles d’or, mais également de construire la tour actuelle de Sainte-Agathe pour la défense des îles, le tout sous le regard de M. de Forbin, seigneur de Porquerolles. En fait, il est très probable que François Ier ait usé du prétexte de l’insécurité pour, en réalité, maintenir une garnison destinée à parer tout rassemblement de la flotte de l’empereur Charles Quint, son principal ennemi.
Si le titre de marquis des îles d’Or est glorieux pour Bertrand d’Ornezan, l’accueil des garnisons dans des îles désertes est un vrai problème et ce, jusqu’à la construction du village en 1825. Voici par exemple un épisode qui s’est déroulé à Port-Cros quelques années après la construction de la tour de Porquerolles. Après la mort du marquis, le marquisat des îles d’Or fut de nouveau érigé en 1549 par Henri II, qui le remit à un émigré allemand : Rocquendoff ou Rocquendolf. Ce dernier s’établit à Port-Cros. Après avoir passé un an à tenter de recruter des hommes, il obtint du parlement d’Aix l’autorisation d’employer des repris de justice (sauf ceux condamnés pour crime de lèse-majesté), car il lui était impossible de maintenir une garnison d’hommes libres dans un site aussi reculé. Aussi ne faut-il pas s’étonner si, en 1539, François de Forbin informe le roi que l’île de Porquerolles est déserte.
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Les Barbaresques et le trou des pirates
Pour protéger son commerce maritime et défendre ses côtes des incursions barbaresques, Charles Quint mène une véritable guerre contre la piraterie. De plus, il est en conflit avec François Ier, car la France est en plein centre de son empire (composé des territoires de ce que sont aujourd’hui l’Allemagne et l’Italie, et de l’Espagne). C’est dans ce contexte que va se jouer une incroyable alliance : Barberousse et François Ier se liguent pour un temps contre l’empereur. Cette coalition se traduit, en 1535, par l’accès des Barbaresques au port de Toulon. Et en 1558, comme preuve de leur amitié, musulmans et catholiques fêtent la fin du ramadan à Porquerolles.
Pour donner une idée des exactions barbaresques, voici un épisode qui s’est déroulé à Madère. En 1617, 800 Turcs répartis sur 8 navires quittent Alger pour débarquer à Madère. L’île est mise à sac, mais outre le vol des joyaux et ornements d’église, 1 200 personnes, de tous sexes et âges, sont déplacées pour être vendues comme esclaves. Il est probable que cette expé­dition a été rendue possible grâce à M. Simon. Ce dernier, qui avait combattu les Barbaresques, s’est mis à leur service en 1606, et a pris le nom de Dali Capitan (« capitaine Diable »), puis il leur a enseigné l’art de la navigation à voile.
Venons-en au trou des pirates. Ces galeries du Langoustier ont fait l’objet d’une étude réalisée en 2014 par les archéologues Louise Roche et Jules Masson-Mourey. Ils nous informent qu’en l’absence de docu­mentation et de matériel archéologique, ces galeries restent un mystère. Des fouilles complémentaires seraient nécessaires. Dans le cas où ce site serait bien lié à la piraterie, les archéologues pensent qu’il serait antérieur à la construction des forts en étoile du Petit et du Grand Langoustier, datée de 1634.
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L’escalier qui descend communique avec la galerie creusée depuis la mer. Il y a un deuxième escalier mais qui n’aboutit à rien.
Personnellement, si je devais parier, je dirais que le trou des pirates porte bien son nom et qu’il date de l’époque de François Ier (1550). En effet, à cette période, Porquerolles est quasiment déserte ; de plus, les Barba­resques sont les alliés de la France et de ce fait, ils ne sont pas sous surveillance. Ce concours de circonstances a sans doute permis à l’auteur de ces excavations de les réaliser en toute discrétion.
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