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A la rencontre des femmes oubliées
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Parqués sur des terrains cerclés de barbelés, toisés par des entremêlements de fils, sans eau courante, sans salle de bains et sans réfrigérateur, c’est dans ce contexte que des nourrissons, des enfants et des adolescents évoluent au quotidien dans les bidonvilles.
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Au détour d’une allée d’un des bidonvilles en Seine-Saint-Denis, une Rom interpelle une bénévole. Elle s’inquiète de ne pas réussir à tomber enceinte. En épluchant son dossier, la sage-femme découvre que la jeune femme a effectué des examens médicaux qui n’ont rien révélé. Elle lui explique alors que l’infertilité n’est pas l’apanage des femmes et que le problème peut venir de son mari. Une hypothèse qui laisse l’intéressée dubitative. Finalement, à la fois rassurée et décontenancée, elle s’engage à retourner voir un médecin avec son compagnon.
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Dans une ambiance détendue, une équipe de l’ADSF échange avec une collégienne abonnée à l’école buissonnière, car contrainte de s’occuper de son père diabétique. Les maraudes permettent aussi ces parenthèses, où la simple parole permet de soulager brièvement les blessures. Dans chaque foyer, une attention particulière est portée à la décoration intérieure. Les murs des bicoques, coquettes et étrangement propres, sont ornés de photographies, de bibelots, et d’accessoires, sortes de reliques d’une vie passée.
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Visions de désolation, insalubrité, température qui frôle zéro degré, l’instabilité règne dans ce bidonville en Seine-Saint-Denis à la tombée de la nuit. Vieux poêles branlants et radiateurs d’appoint font office de chauffage collectif pour toute la famille. En guise d’isolants, des lambeaux de cartons cornés par l’humidité entourent les fenêtres. Les branchements électriques anarchiques et les cloisons semblent à deux doigts de prendre feu ou de s’écrouler. Pourtant, en dépit de ce tableau hostile, les baraques offrent une surprenante intimité.
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Lors des maraudes, l’un des objectifs de l’association vise à « retrouver » les femmes déjà suivies.
Et c’est parfois mission impossible. Ces dernières effectuent des allers retours fréquents entre leur pays d’origine et la France, ou disparaissent purement et simplement, ou sont expulsées de manière itérative. Pour conserver leur trace, les bénévoles tiennent des fiches de liaison. Ne jamais oublier sa lampe frontale pour réussir à les déchiffrer dans la nuit noire et voir où on met les pieds !
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Elle est un personnage-clé du bidonville en Seine-Saint-Denis qui depuis a été évacué. C’est elle qui fait le lien, garantit la cohésion et la solidarité féminine. Tantôt traductrice, tantôt conseillère ou superviseuse, elle facilite grandement la communication entre les bénévoles et les habitantes du campement, plus enclines à se livrer en sa présence.
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Contrairement aux bidonvilles, principalement, les hôtels sociaux abritent une grande diversité de populations. Tchétchènes, Soudanaises, Maliennes, Algériennes, Arméniennes. Des femmes du monde entier se côtoient dans ces hébergements d’urgence d’Ile-de- France. Ici, elles font face à une autre forme de précarité : l’éloignement de Paris qui complique la venue d’autres associations, l’accès aux services médicaux ou la recherche de travail et la crainte permanente d’une expulsion ou d’un changement d’hôtel par le 115.
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Arrivée de Russie en 2006, elle vit dans cet hôtel situé dans le département des Yvelines (78) depuis neuf ans. Son mari vient de décrocher un CDI dans le bâtiment ; c’est peut-être la chance d’accéder enfin à un logement. Elle se voit contrainte de renoncer à chercher du travail afin de s’occuper de ses six enfants, dont Dimitri, qui souffre d’autisme faute de moyens de garde adaptés. La famille dispose de deux chambres de chaque côté du couloir. C’est dans l’une d’elles qu’ils sont tous réunis aujourd’hui pour fêter les 4 ans de Dimitri.
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Dans les bidonvilles, à la nuit tombée, aucune femme à l’horizon. L’extérieur demeure le territoire des hommes. A cette heure-là, il faut rentrer dans les baraques pour dénicher les femmes, qui s’affairent pour préparer le dîner, souvent modeste et s’occuper des enfants. C’est le moment idéal pour les rencontrer, en dehors de la présence masculine, qui offre un moment propice aux confidences.
En effet, certaines, pudiques et gênées d’aborder leur vie intime devant leur mari, restent mutiques.
D’autres peuvent ainsi confier vivre une grossesse non désirée et tenir un discours différent devant le père. L’un des rôles de l’ADSF consiste à détecter ces situations.
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Une équipe de l’ADSF arpente les couloirs d’un hôtel social dans le département des Yvelines (78) et toque à chaque porte afin d’annoncer sa présence. Si nécessaire, les bénévoles formant un trinôme, composé par un gynécologue ou une sage femme et des non médicaux, effectuent des évaluations cliniques sur place. Ils préconisent des examens et les orientent vers les structures de santé de droit commun pour répondre à leurs besoins médicaux.
Ici, elles interrogent une maman qui vient d’accoucher pour s’assurer qu’elle bénéficie d’un suivi, et qu’elle ait accès à une contraception. Si elle allaite son enfant, elles prodiguent les conseils nécessaires pour son allaitement se passe pour le mieux.
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Pour l’ADSF, la contraception est un droit pour ces femmes. Elle doivent pouvoir choisir d’avoir ou non des grossesses. L’accompagnement à la mise en place de la contraception commence bien en amont de la grossesse et se poursuit bien après. L’association dépiste les situations à risque de violence chez les femmes qu’elles soient jeunes ou âgées. Il est fréquent de rencontrer des femmes séparées de leur(s) enfant(s) depuis des années. Leur famille restée au pays exerce une pression affective sur elles pour qu’elles leur envoient de l’argent et le schéma se répète à chaque nouvelle naissance…
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Prévenir et sensibiliser les femmes au contrôle de leur santé reproductive constitue une priorité majeure de l’ADSF. Il n’est pas rare de rencontrer des adolescentes qui ont déjà eu une première grossesse. Ici, dans un bidonville de Porte de La Chapelle à Paris, une jeune femme discute avec les bénévoles. C’est grâce à un suivi régulier qu’elle a pu détecter à temps une tumeur utérine et se faire soigner.
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Avertie de la présence de l’ADSF, cette femme qui souffre de douleurs au ventre est venue spontanément à notre rencontre pour demander une consultation. Après l’avoir suivie chez elle, une bénévole l’ausculte et lui demande depuis quand Estelle arrivée en France ? Au cours des maraudes, l’association se heurte régulièrement à des problèmes administratifs. En effet, les femmes ne sont pas toujours en mesure de fournir des informations qui peuvent nous paraître basiques, comme leurs dates et lieux de naissance, nécessaires pour solliciter un rendez-vous avec une assistance sociale ou faire une demande d’AME (Aide Médicale de l’Etat), soit parce qu’elles ont perdu leurs papiers soit parce que ces renseignements n’y figurent pas.
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Dans ce bidonville en Seine-Saint- Denis (93), en plein hiver, impossible de dénicher la moindre présence féminine. On la devine par des éclats de voix derrière une porte branlante, on entraperçoit des silhouettes dans l’embrasure d’une fenêtre, mais rien de plus. Les femmes se cachent du froid, de la nuit, mais aussi de l’insécurité perma- nente que représente la vie dans la précarité. Curieu- sement, ce repli leur permet aussi de se retrouver et de développer une véritable entraide, indispensable à leur survie.
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Les enfants sont souvent notre porte d’entrée dans le bidonville. Moins méfiants que les adultes, ils maîtrisent aussi beaucoup mieux notre langue car ils sont nés ou scolarisés en France. Ils viennent spontanément nous parler, font les interpr��tes auprès de leur mère pour qu’elle puisse exprimer clairement ses besoins aux bénévoles et apportent une fraîcheur et une allégresse qui feraient presque oublier la misère dans laquelle ils grandissent.
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Ce jour-là, la réceptionniste de cet hôtel dans le département du Val-d’Oise (95) refuse de laisser les membres de l’association monter dans les chambres des femmes, comme à leur habitude. Des rendez-vous spontanés s’improvisent alors dans la salle à manger collective, où les femmes défilent une à une, accompagnées de leurs enfants. Certaines sont en quête d’informations sur leur suivi gynécologique ou souhaitent juste faire le point avec l’ADSF. D’autres sont venues se fournir en protections périodiques, souvent trop chères pour qu’elles puissent s’en procurer.
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Dans les ruelles inégales de ce bidonville de Saint-Denis (93), on est d’abord frappé par le froid saisissant, la nuit et l’insalubrité. Au-dessus de nos têtes, un enchevêtrement de câbles. Des morceaux de ferrailles, des meubles et des objets en tous genres encadrent les allées, jonchées de débris. En franchissant la porte de ces habitations de fortune, on découvre avec surprise des intérieurs propres et accueillants, bien chauffés, où l’art du Tetris est de rigueur pour dompter l’espace restreint.
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