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Projet Alliance-Europa
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Université de Nantes - Master 1 Histoire (HCP)
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« Cet accord, ou pas de Brexit du tout »
- Theresa May, le 15 novembre
L’unité du Royaume-Uni en question.
Certains diront : « ils l’ont bien cherché » d’autres se désoleront d’une situation qui confine à l’absurde. Loin d’apaiser les tensions, le projet d’accord du 14 novembre les exacerbe et provoque démissions dans le gouvernement britannique et tollés aux Communes. Une majorité divisée entre partisans d’un « hard » ou d’un « soft » Brexit et les rescapés de l’ère Cameron parmi lesquels certains se verraient bien retourner aux urnes, c’est le soutien dont bénéficie Theresa May dans une démarche qui va conditionner pour longtemps la vie des Britanniques et qui pourrait conduire le Royaume-Uni à une situation pire que celle dont il voulait sortir.
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Le Democratic Unionist Party (DUP) irlandais n’est pas la plus petite des épines dans le pied de la Première ministre. Le soutien de ses dix députés eurosceptiques est indispensable aux Communes. Pourtant, l’Ulster a voté Remain et rester provisoirement dans le Marché unique, comme le prévoit le projet d’accord, satisferait sans doute ses habitants à défaut du DUP.
Une « légère bosse sur la route » c’est ainsi que les Irlandais perçoivent la frontière entre le pays et la province. Héritage de la partition de l'île énoncée dans l’Ireland act de 1920, cette ligne symbolise l’âpreté des rapports entre Irlandais et Anglais, un lourd contentieux exacerbé par les tensions religieuses. La révolte de la minorité catholique d’Ulster pèse sur trois décennies d’histoire européenne. En 1998, l’accord du Vendredi saint est rendu possible après l’arrivée de Tony Blair au pouvoir. Il prévoit notamment le partage du pouvoir entre unionistes protestants et nationalistes catholiques. Le Good Friday agreement permet aux citoyens nord-irlandais de choisir leur nationalité, une avancée remise en cause dans l’hypothèse d’un hard Brexit nécessitant la révision de l’accord. Après le vote du Brexit, la frontière ne séparera plus seulement une nation en deux pays, mais bien par hypothèse l’Union européenne (UE), et un pays tiers non soumis aux mêmes accords commerciaux. L’accord du 14 novembre écarte provisoirement cet écueil en maintenant la Grande-Bretagne dans l’union douanière et l’Irlande du Nord dans le Marché unique.
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Les enjeux commerciaux du Brexit sont également perceptibles au Pays de Galles où le Leave passe mal. Malgré un vote à 53%, les Gallois sont divisés. La peur d’une perte d’identité culturelle, la hausse de la pauvreté et le nombre important d’Anglais retraités vivant dans une heureuse ruralité galloise sont autant de facteurs qui expliquent ce Leave.
Culturellement et linguistiquement détaché, mais lié politiquement à la couronne, le Pays de Galles se distingue par un gouvernement travailliste et une opposition où domine le Plaid Cymru, défenseur de la langue galloise et indépendantiste. Dans la confusion née de l’accord du 14 novembre, Carwyn Jones, Premier ministre au pouvoir depuis 2009, suggère l’idée d’un nouveau référendum à défaut d’élections générales. Tout indique que la question du statut particulier de l’Irlande, maintenue provisoirement dans le Marché unique, sera un point de focalisation du débat. C’est ce que semble indiquer la démarche commune entreprise dès le lendemain de l’accord avec Nicola Sturgeon, Première ministre d’Écosse, demandant en urgence une réunion du Joint ministerial committee.
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Car si le cas de l’Écosse diffère par son choix du Remain, le débat ouvert après l’accord du 14 novembre tourne bien autour d’un différentiel de statut économique entre les trois entités. Favorable au Remain, le Scottish National Party (SNP) au pouvoir à Édimbourg, considère que l’éviction de l’UE aurait des conséquences économiques catastrophiques pour le pays.
Le vote de rejet du Brexit a ranimé un vif débat sur l’indépendance de l’Écosse. Il se focalise sur l’opportunité d’un nouveau référendum qui requiert l’accord de Londres. Après le précédent catalan, il était peu probable que Nicola Sturgeon prenne l’initiative d’un référendum entaché d’illégalité. La clarification du Brexit est la priorité, et la Première ministre écossaise l’a bien compris repoussant un éventuel référendum sur l’indépendance à sa finalisation … ou à son rejet.
Irlande du Nord, Pays de Galles, Écosse, trois approches contrastées de l’Union européenne. Quel message Londres entendra-t-elle ? Celui des dirigeants écossais et gallois redoutant une mise à l’écart économique ou celui des unionistes eurosceptiques nord-Irlandais qui la craignent moins ? Pour l’heure, le projet d’accord du 14 novembre qui a toutes les allures d’un soft Brexit est rejeté par tous et Theresa May, toute partisane du Remain qu’elle fut, refuse de reposer la question du Brexit. Aux uns comme aux autres son message est clair : « cet accord, ou pas de Brexit du tout ».
Pour aller plus loin : – https://www.liberation.fr/planete/2018/11/19/accord-sur-le-brexit-theresa-may-persiste-et-veut-signer_1693021 – https://www.liberation.fr/debats/2018/11/19/brexit-le-grain-de-sable-irlandais-dans-la-marche-de-l-histoire-britannique_1693010 – https://www.express.co.uk/news/politics/856271/EU-Brexit-withdrawal-bill-Sturgeon-Carwyn-Jones-Theresa-May – https://www.express.co.uk/news/politics/844603/Nicola-Sturgeon-strikes-deal-Wales-confront-key-Brexit-legislation – https://www.francetvinfo.fr/monde/europe/la-grande-bretagne-et-l-ue/brexit-pourquoi-le-sort-de-l-irlande-du-nord-empeche-les-negociations-d-aboutir_2986795.html – https://www.lemonde.fr/referendum-sur-le-brexit/article/2018/11/14/brexit-pour-l-ecosse-le-projet-d-accord-serait-le-pire-scenario-possible_5383574_4872498.html – https://www.france24.com/fr/20170307-brexit-pays-galles-malgre-leave-gallois-veulent-rester-marche-unique-plaid-cymru – http://www.lejournalinternational.info/brexit-paradoxe-pays-de-galles/ – https://www.bbc.com/news/uk-wales-politics-45724287?intlink_from_url=https://www.bbc.com/news/topics/cgrzzg29zp1t/wales-brexit&link_location=live-reporting-story – https://www.bbc.com/news/uk-wales-politics-44567487 – https://www.bbc.com/news/uk-wales-politics-45685886
Auteurs :
· Thomas BERNARD
· Paul MANDIN
· Stélios MORAITIS
· Patrice PIPAUD
· Pol QUINTIN
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