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Questionnements artistiques et pas que, par Mathieu Huot
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ohmymahu-blog · 7 years ago
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Activer le désir
A Vincent Mignerot, scientifique, et Arnaud Pygmy Johnson, rockeur.
« Le plus urgent ne me paraĂźt pas tant de dĂ©fendre une culture dont l’existence n’a jamais sauvĂ© un homme du souci de mieux vivre et d’avoir faim, que d’extraire de ce que l’on appelle la culture, des idĂ©es dont la force vivante est identique Ă  celle de la faim. » (Antonin Artaud, Le ThĂ©Ăątre et son double)
« Ca rĂ©pond Ă  une envie, je savais mĂȘme pas que je l’avais. » C’est cette phrase, dite par une spectatrice dans le groupe de spectateurs que j’animais le mois dernier Ă  Avignon (1), qui pour moi concentre toute ma rĂ©flexion qu’a suscitĂ©e le trĂšs bel article de Vincent Mignerot.
Changement & dĂ©sir Vincent y pose (pardon pour la paraphrase, qui prend le risque de l’approximation de sa pensĂ©e) que, lorsque l’ĂȘtre humain est suffisamment satisfait et jouit d’un certain confort, il prĂ©fĂ©rera ne rien changer Ă  sa situation (2) : je suis bien, alors pourquoi changer ? Le rĂ©flexe conservateur est toujours gagnant sur la prise de risque qu’implique le changement. Vincent se pose donc la question : qu’est-ce qui nous pousserait alors Ă  changer (3) ? Et il en dĂ©duit que c’est toujours une Ă©volution externe de situation oĂč le rĂ©flexe de survie est en jeu. Et plus prĂ©cisĂ©ment, c’est une situation de compĂ©tition qui est en jeu : lutte pour l’acquisition de ressources limitĂ©es entre deux personnes, deux groupes, deux espĂšces, ressources sans lesquelles il y a danger de mort.
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Conflit sur des enjeux de vie et de mort : si c’est pas du drame, je ne sais pas ce que c’est. Pas Ă©tonnant qu’un thĂ©Ăątreux comme moi s’intĂ©resse Ă  la question.
Je propose de ne pas se satisfaire de cette seule rĂ©ponse sur la lutte pour la survie. Ni de la question d’ailleurs : qu’est-ce qui nous pousse Ă  changer ? Parfois rien ne me pousse Ă  changer, mais je change quand mĂȘme, parce que tout m’y attire. Je change parce que j’ai envie, et pas parce que j’ai besoin. J’oppose Ă  la notion de contrainte celle de dĂ©sir, dont j’estime la force tout aussi
 vitale, sinon mĂȘme plus. Ce qui me permet au passage de rappeler qu’il y a plus dans la vie que la question de la survie. Et le dĂ©sir en fait certainement partie.
Qu’on me pardonne la platitude avec laquelle j’exprime sans doute ma pensĂ©e, et que le scientifique ou l’érudit pourront balayer d’un revers de la main : je suis artiste plus qu’essayiste. Je crois aussi que dans les pensĂ©es les plus Ă©tonnamment simples se cache parfois une puissance injustement mĂ©prisĂ©e. Je m’y intĂ©resse beaucoup. Ma pensĂ©e a donc une rigueur, plus intuitive (c’est-Ă -dire qu’elle fait appel au corps et aux sens), et qui prend sa source dans le secret de l’intime, toujours difficile Ă  dĂ©celer.
Et c’est bien ce dont il s’agit : l’intime. Puisque le dĂ©sir fait surgir de l’intime.
L’art, activateur de dĂ©sir
Curieux mĂ©canisme que le dĂ©sir. Julie (j’ai changĂ© les prĂ©noms), une spectatrice, est une fan de spectacles d’humour. Elle arrive Ă  notre stage le mois dernier Ă  Avignon en nous disant : « J’ai envie de dĂ©couvrir autre chose. » C’est l’intuition qui la guide, ou, pourrait-on dire, la curiositĂ©. Je pressens quelque chose que je ne vois pas, que je n’ai pas encore rencontrĂ©. Je veux voir. LĂ©a, une autre spectatrice, sort enchantĂ©e d’un spectacle : « On se reconnait tellement dans ce personnage. C’est nous, ça ! » C’est le rĂ©flexe conservateur ici qui est Ă  l’oeuvre: j’identifie dans l’acteur du mĂȘme, de l’identique. Je n’apprends peut-ĂȘtre rien, mais je suis confortĂ© : je me sens moins seul. Maigre satisfaction, pour d’autres : « Si j’apprends ce que je sais dĂ©jĂ , je me fais chier. Moi, ça ne m’intĂ©resse pas. » , me disait un ami rockeur. Je crois que c’est un enjeu des temps qui court, et je renvoie lĂ -dessus au titre de mon dernier spectacle avec Haim Adri : La RuĂ©e vers soi. Cette question du moi, c’est l’obsession de notre civilisation occidentale, mais avec une urgence nouvelle liĂ©e sans doute Ă  l’individualisme que sous-tend notre modĂšle actuel de capitalisme nĂ©o-libĂ©ral et de ploutocratie libĂ©rale: on se rue chacun vers soi comme si c’était la nouvelle mine d’or Ă  explorer, prenant pour modĂšle une poignĂ©e d’individus dominants ou influants censĂ©s ĂȘtre les plus « accomplis ».
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C’est une troisiĂšme rĂ©action qui m’intĂ©resse le plus : Hortense sort de notre stage du spectateur Ă  Avignon en rĂ©alisant que les spectacles qui lui ont le plus plu sont ceux pour lesquels « Ca rĂ©pond Ă  une envie, je savais mĂȘme pas que je l’avais. » Ici c’est peut-ĂȘtre un dĂ©sir autre qui l’a fait venir voir les spectacles (je doute en tout cas que ce soit une contrainte), mais finalement, par sĂ©rendipitĂ©, elle trouve autre chose. Un nouveau dĂ©sir s’active. Une nouvelle zone de l’intime se dĂ©voile, qu’elle sera libre de continuer Ă  explorer par la suite.
Je souscris totalement Ă  cette derniĂšre rĂ©action, et j’y vois la raison d’ĂȘtre mĂȘme de l’art : un activateur de dĂ©sir.
J’en reviens donc Ă  la question de Vincent Mignerot : comment change-t-on ? Ma proposition : quand un nouveau dĂ©sir apparaĂźt. Et comment apparaĂźt-il, alors? Par sĂ©rendipitĂ© : on cherche une chose, on en trouve une autre. Ou bien : par goĂ»t de l’inconnu, de l’inexplorĂ©. L’appel du vide, en quelque sorte. Le peintre a besoin de la toile blanche pour crĂ©er, le maçon, du terrain vierge pour construire. Un vide qu’il faut combler (la nature continue d’avoir horreur du vide) : combler l’ennui que la monotonie du confort induit insidieusement, combler l’anesthĂ©sie humaine du travailleur matĂ©rialiste, combler l’épuisement du dĂ©pressif
 Le dĂ©sir, force vitale. Ce n’est qu’une intuition, mais j’ai cette intuition trĂšs forte. Et, en tant qu’artiste, j’ai consacrĂ© ma vie au dĂ©sir. (Je dis bien : dĂ©sir, et pas : besoin, n’en dĂ©plaise Ă  tous les Ă©conomistes et au risque de me rĂ©pĂ©ter. Pour l’économie, la vie se rĂ©sume Ă  la satisfaction de nos besoins en puisant dans des ressources plus ou moins rares. Je prĂ©tends que le dĂ©sir est une ressource illimitĂ©e qui ne rĂ©pond pas nĂ©cessairement Ă  un besoin. Peut-ĂȘtre que le dĂ©sir ne sert Ă  rien, ne rĂ©pond Ă  aucune fonction, qu’il est gratuit, inutile: il est, c’est tout, et ça me va trĂšs bien comme ça.)
DĂ©sir & rĂ©alitĂ© Le risque, me dira-t-on, c’est alors de « prendre ses dĂ©sirs pour des rĂ©alitĂ©s ». 
Je constate autour de moi beaucoup de gens qui ont en effet Ă©touffĂ© leurs dĂ©sirs au nom d’un principe de rĂ©alitĂ©, qu’ils rĂ©sument effectivement par ce genre de maximes. Et j’en vois un nombre hallucinant qui finissent en dĂ©pression, burn-out, etc. Et en mĂȘme temps, force est de constater que, par exemple, on ne vit pas de thĂ©Ăątre et d’eau fraĂźche. Je constate aussi autour de moi beaucoup de gens qui finissent, usĂ©s,  par renoncer Ă  leur dĂ©sir de faire du thĂ©Ăątre professionnellement, rattrapĂ©s par les impitoyables moulins Ă  vent de la rĂ©alitĂ© matĂ©rielle (entendez : financiĂšre) qu’ils ont tentĂ© de combattre pendant des annĂ©es.
Comment faire, si le désir, qui par définition est une projection, est incompatible avec la réalité pragmatique ?
Le scientifique dĂ©veloppe une rigueur et une exigence qui lui servent de garde-fou en posant un postulat, Ă  partir duquel il formule une hypothĂšse puis la confronte par l’expĂ©rience Ă  la rĂ©alitĂ©, et tire les conclusions de cette expĂ©rience, qui soit confirme l’hypothĂšse, soit l’infirme et exigent de formuler une nouvelle hypothĂšse. Je prĂ©tends avoir une rigueur Ă©quivalente, par une confrontation Ă  l’expĂ©rience sous le paradigme dĂ©sir/plaisir : j’ai envie, j’essaie, je vois si effectivement ça me plait suffisamment, sinon je change d’expĂ©rience. Je mesure l’expĂ©rience non pas Ă  l’aune du dĂ©sir qui l’a initiĂ©e, mais du plaisir que j’y ai pris. Plus le plaisir est fort, plus mon dĂ©sir se rĂ©active et mĂȘme s’augmente : « On continue, j’ai envie. » Plus il diminue, plus mon envie s’étiole : « J’arrĂȘte, je n’ai plus envie. » Avec cette nuance complexe que le plaisir n’est pas forcĂ©ment immĂ©diat - il peut-ĂȘtre mĂȘme d’autant plus intense qu’il prend son temps : plus c’est long, plus c’est bon. On peut aimer des choses qu’on a commencĂ© par dĂ©tester, et les aimer d’autant plus. Alors on peut prendre ses dĂ©sirs avec la rĂ©alitĂ©, sans avoir Ă  choisir entre les deux. Alors on peut changer sans automatiquement passer par la contrainte, la peur, la survie. Alors la mise en danger devient un plaisir. Et je prĂ©tends que ce processus de changement par dĂ©sir et plaisir ne sera pas moins puissant ni moins durable que par contrainte et enjeux de survie. Fin du mythe de l’artiste maudit, qui doit ĂȘtre acculĂ© pour bien crĂ©er. Fin du mythe du survivor, hĂ©ros des temps modernes Ă  l’amĂ©ricaine obsĂ©dĂ© par la survie et qui veut sauver le monde. Fin du besoin d’une catastrophe apocalyptique pour avoir envie de se bouger le cul. Fin de la crise de confiance. Fin du thĂ©Ăątre, et de toute forme de reprĂ©sentation (par exemple mĂ©diatique) qui se nourrirait d’un conflit dont on fait monter les enjeux jusqu’au danger de mort. VoilĂ  ce que je cherche : un thĂ©Ăątre du plaisir et du dĂ©sir. Respire, pĂšte un coup, Ă©coute un peu plus ce qui te fait envie et ce qui te fait plaisir, ça ira mieux.
Ca ne rĂ©soudra pas, comme dit Artaud, le problĂšme de la faim, mais en ça en rĂ©soudra d’autres. C’est peut-ĂȘtre pas la survie, mais la vie, sans aucun doute, et dans toute sa force.
Alors, activons les désirs !
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Photo 1 : Monstres Humains, 2011. CrĂ©dit photo : Fabien Gardin Photo 2 : La RuĂ©e vers soi, 2017. CrĂ©dit photo : Louis Develay Photo 3 : La BĂȘte Humaine, 2013. CrĂ©dit photo : ClĂ©mentine Poquet
(1) Parcours d’accompagnement critique du spectateur au Festival d’Avignon, organisĂ© par la Plateforme de la crĂ©ation franco-allemande: http://www.plateforme-plattform.org/wp-content/uploads/2017/02/Avignon-2017-FR.pdf (2) Son analyse s’inscrit dans une rĂ©flexion Ă©cologique, mais pas que. (3) En l’occurrence, face Ă  un risque climatique avĂ©rĂ©.
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ohmymahu-blog · 8 years ago
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Notes en rĂ©pĂ©tition de “La RuĂ©e vers soi”
(Pour la premiĂšre fois je teste la prise de note en dictĂ©e, en l’occurrence dans les transports en commun. Du coup Ă©crire peut se faire dans le mouvement, dans un temps entre-deux, et je suis curieux de voir oĂč ça peut me mener.)
Ou bien c'est la peur de manquer qui nous anime et on serait amenĂ©s Ă  capitaliser des provisions de blĂ© pour pas en manquer des provisions d'amour et du mariage et des enfants et de l'hĂ©ritage pour ne pas manquer d'amour des provisions de liens et finalement ce qui nous aurait conduit Ă  la ruĂ©e vers soi c'est cette idĂ©e de se suffire Ă  soi-mĂȘme pour n'ĂȘtre jamais en situation de manque situation Ă©videmment illusoire que de se suffire Ă  soi-mĂȘme ĂȘtre indĂ©pendant et le mythe de l'indĂ©pendance (je suis les 2 pieds dedans) serait une tentative de ne jamais se trouver en manque de drogue d'amour d'argent de blĂ© en manque matĂ©riel ou immatĂ©riel de ne jamais se retrouver Ă  demander quoi que ce soit Ă  qui que ce soit se suffire Ă  soi-mĂȘme alors la ruĂ©e vers soi viendrait de maniĂšre Ă  ne jamais ĂȘtre en manque mais si on va au bout de la ruĂ©e vers soi on trouve toujours ce creux ce manque (de l'autre, d'amour etc) la solution serait donc de s'habituer au manque au creux Ă  l'absence serait-ce Ă  la mort de l'autre pas sĂ»r apprendre Ă  vivre avec Ă  l'accepter ou du moins accepter son Ă©ventualitĂ© sans que ce soit un drame mais je ne sais pas si c'est possible en tout cas ca rendrait terriblement fragile vulnĂ©rable mais ça ma bonne dame oh lala de toute façon hein
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ohmymahu-blog · 8 years ago
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Et le 2e volet de ma restitution de la session “La Photo, partenaire actif”
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ohmymahu-blog · 8 years ago
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Et du coup je retomber sur ces vidĂ©os que j’avais faites en restitution de la session de recherche du collectif Open Source “la Photographie, partenaire actif sur le plateau”
En fait il faudrait que je les regarde rĂ©guliĂšrement, ces vidĂ©os. Je l’avais oubliĂ©e. Je redĂ©couvre mes pensĂ©es avec un certain plaisir. Je raccroche les wagons. Comme des objets qui m’accompagnent dans le temps. Ce que ce blog tente d’ĂȘtre, d’ailleurs.
J’ai toujours tendance Ă  croire qu’une fois que c’est Ă©crit (avec des mots, de la lumiĂšre ou de la mise en scĂšne, c’est pareil) c’est derriĂšre moi; d’une certaine maniĂšre, c’est mort.
Certes. Mais c’est aussi l’occasion d’y revenir. Sophie Perez dit que ses spectacles, c’est le cadeau qu’ils se font Ă  eux-mĂȘmes des spectacles qu’ils auraient envie de voir et qu’ils ne voient pas ailleurs. Peut-ĂȘtre que c’est vrai de tout ce qu’on Ă©crit. En tout cas une exigence Ă  garder en tĂȘte. Et qui du coup ouvre la possibilitĂ© d’y retourner sans cesse (ne serait-ce, pour les mises en scĂšnes, forcĂ©ment Ă©phĂ©mĂšres, que par la mĂ©moire). Des compagnons de route, en quelque sorte.
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ohmymahu-blog · 8 years ago
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Et la derniĂšre vidĂ©o de restitution de la session de recherche du collectif Open Source “Andy Warhol / Collectif de crĂ©ation”
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ohmymahu-blog · 8 years ago
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Autre bout de restitution de la session Open Source “Andy Warhol / collectif de crĂ©ation”
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ohmymahu-blog · 8 years ago
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Pourquoi créer en collectif?
Vidéo de restitution de la session de recherche du collectif Open Source
“Andy Warhol / Le collectif de crĂ©ation”
session dirigée par Gaston Dubois et Fabien Gardin à Anis Gras, Arcueil, nov 2016.
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ohmymahu-blog · 8 years ago
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Quand soudain, je tombe sur cette phrase de Jean Genet : “Tant de fragilitĂ© est une agression qui exige une rĂ©pression.” (Un Captif Amoureux, Gallimard, 1986)
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ohmymahu-blog · 8 years ago
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Mon assurance & la place du spectateur
Je reçois hier un e-mail de mon assurance qui me propose de voter.
Mon assurance se dĂ©clare “assureur militant”, sur un principe mutualiste. Je peux Ă©lire chaque annĂ©e un comitĂ© qui me reprĂ©sentera dans les prises de dĂ©cisions Ă  haut niveau. 
Je dĂ©couvre en cliquant sur le lien dans l’email qu’il n’y a qu’une seule liste. Et que cette liste est proposĂ©e par le conseil d’administration, organe dĂ©cisionnel du groupe. Pour voter, j’ai le choix entre voter pour la liste choisie par les dirigeants, voter blanc ou ne pas voter du tout. J’ai bien ri. Parodie de dĂ©mocratie. Reflet d’une Ă©poque.
Mais sous ma douche ce matin, en y rĂ©flĂ©chissant, le thĂ©Ăątre n’échappe pas Ă  cette Ă©poque. Bien souvent je vais voir (ou je fais) un spectacle d’un artiste (ou un groupe d’artistes) qui nous donne son regard, son point de vue, son interprĂ©tation, et je n’ai pas d’autre choix en tant que spectateur que d’ĂȘtre pour, contre (mais avec l’obligation de se taire pendant le spectacle) ou de ne pas y aller. Comme mon assureur militant : vote pour, vote blanc, ou ne viens pas.
Ca rejoint des conversations que j’ai beaucoup dans ma collaboration avec le chorĂ©graphe HaĂŻm Adri. Haim cherche Ă  donner un endroit “oĂč le spectateur peut mordre”: il s’expose. Je crois que je cherche un endroit oĂč nos points de vue peuvent se construire ensemble: HaĂŻm, moi, les autres artistes impliquĂ©s sur le projet, et les spectateurs, que je ne connais pas Ă  l’avance (toute la difficultĂ© Ă©tant de faire de la place Ă  quelqu’un sans savoir qui il est ni Ă  combien il viendra). De maniĂšre Ă  ne pas ĂȘtre le premier en fonction de qui les autres se positionnent, et qui oriente tout, mais pour prĂ©server la plus grande part possible Ă  la diversitĂ©, au doute, Ă  l’inconnu. 
Il ne s’agit pas tant pour moi de faire une proposition (qui serait validĂ©e ou non par le vote du public) mais de crĂ©er les conditions d’une expĂ©rience. Sur laquelle on pourra revenir aprĂšs-coup, qui puisse nous accompagner par la suite. Et une expĂ©rience qui soit Ă  la fois collective et personnelle. 
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ohmymahu-blog · 16 years ago
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I am a disco dancer
And a sweet romancer.
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