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L'encre de Némésis
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Bribes de Catharsis éparpillées dans mon esprit, je vais les rassembler ici. Sombres, palpitantes seront ces lignes.
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lightplutonian-blog · 6 years ago
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Quand les anges meurent
Le jeune ange souffrait. Il le sentait, sa fin était proche. Le poison qu'on lui avait injecté courait dans ses veines et se diffusait dans tout son corps, à chaque battement de coeur. Une douleur insidieuse, sourde, mais impitoyable. Dans l'artère principale de la ville-fourmillière, entouré par des buildings de béton qui crevaient le ciel, sous le regard indifférent des passants, il agonisait. Personne ne vint lui porter secours, malgré son visage crispé de douleur. Que les Hommes peuvent-être aveugles et égoistes! Ils vivent tels des spectres dans un monde sans saveur, cantonné à leur préoccupations futiles. Sont-ils seulement vivants, ces êtres de chair, qui, pressés, se ferment au monde entier, obnubilés  par l'argent et la réussite? Ou sont-ils juste les spectateurs impuissants de leur existence? Pourtant, tout près d'eux, un ange, dont la grâce divine se lisait dans ses traits harmonieux, dans ses yeux azurs empreints d'une pureté surnaturelle, allait mourir. Une mort atroce, un piège tendu par les sbires du Mal, qui agit toujours sournoisement. Le Mal allait-il gagner cette fois-ci? L'ange se mit à pleurer. Pauvre humanité. Tout effort pour la sauver, pour insuffler en elle l'amour et l'espoir, était vain.
Une pluie glaciale transperça ses vêtements déchirés, s'écoulant le long de son corps brûlant de fièvre. A bout de force, l'Ange trébucha et se retient maladroitement à l'épaule d'une dame en manteau de fourrure. Celle-ci le toisa avec dédain et le repoussa sans douceur.
- C'est écoeurant! s'exclama t-elle. Un manteau de cette valeur!
La voix cruelle de cette mortelle heurta au plus profond de son être l'Ange agonisant. Cette femme était peut-être riche, mais son coeur était sec, sec comme une pierre, et son âme égarée, terreau de la malveillance.
L'ange leva les yeux vers le ciel. Il semblait étouffer. Etouffer par la pollution, étouffer par l'indécence grandeur des immeubles, temples de la superficialité et du profit. “Les humains ont tellement de pouvoir, et pourtant, ils sont si vides.“
“Peut-être vaux t-il mieux que je meure, que d'assister à la chute de ces mortels décadents...”
La douleur s'intensifia, déployant une cage d'acier sur sa cage thoracique. Le souffle court, il tomba à genoux sur le bitume, et s'effondra sur le sol. Les gouttes de pluie s'écoulaient le long de son visage, se mêlant à ses larmes.
- Maman! Maman regarde l'Ange! Il va très mal!  
Une petite fille qui avait échappé à la vigilance de sa mère vint près de lui. Elle prit le visage de l'Ange dans ses mains, caressa maladroitement ses cheveux blonds emmêlés. 
- Mais Anna, laisse-le, ne le touche pas, on ne sait pas qui il est...
C'est un Ange, tu ne vois pas! répondit la fillette avec un regard étonnamment sage et lucide pour son si jeune âge. Il faut l'aider, il va mourir!
Malgré la mort qui approchait, l'Ange sourit. L'enfant avait vu la vérité, son coeur était pur, et sans doute qu'il restait de l'espoir. Une lueur d'espoir, si faible dans toutes ces ténèbres, mais elle méritait qu'on se batte pour elle, car tant qu'elle existerait, il y aura encore du bien en ce monde. Tout le béton, tout l'argent, le culte du paraître, tout cela serait dérisoire face à l'absolue puissance de l'innocence, de la bienveillance, de l'Amour.
- Merci... murmura t-il faiblement, et il expira.
La petite fille vit l'âme de l'Ange, une lumière d'une blancheur éclatante, se détacher de la poitrine désormais immobile et s'envoler vers le ciel, avec la douceur et la légèreté d'un papillon. Elle se mit à pleurer.
“L'Ange est mort...”
Sa mère eu toutes les peines du monde à l'arracher de la fragile dépouille. Elle ne cessait de serrer l'Ange contre elle, inconsolable.
Calme toi, il est pas mort, il a sûrement trop bu, c'est souvent le cas des gens comme lui, qui vivent dans la rue...
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lightplutonian-blog · 6 years ago
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Celui qui marche avec les Ombres
Autoroute.
Un enfer de lignes blanches sur l'asphalte détrempé, qui se jettent sur l'horizon vorace.
La pluie.
Une pluie constante, fine, froide, qui jaillit tel des sanglots d'un ciel grisâtre. Le défilement des voitures sur cette route à grande vitesse, coquilles de métal habritant tant de corps, loin de la vigueur du froid de Novembre.
Où vont-elles, toutes ces âmes anonymes, quelle impulsion anime tout ces coeurs, ces destinées en mouvement ? Pas une ne se soucie de la silhouette qui marche sur le bas-côté, tel un spectre de brûme.
C'est Théo.
Un jeune homme âgé d'une vingtaine d'années, seulement vêtu d'un jean et d'un tee shirt tout imprégné d'eau. Son visage à la grâce des êtres écorchés vifs: des traits délicats, innocents, encadrés par un rideau de longs cheveux noirs, mais un regard dur, acéré.
Le regard de celui qui n'a plus rien à perdre.
Son sac à dos contient toute sa vie, témoignant d'une existence solitaire. Quelques livres, des CD de black métal, un Tarot divinatoire, un petit carnet bleu ou il a noté sur le papier des citations, des réflexions personnelles, des pensées philosophiques. La dernière en date, il l'a encadré avec ferveur.
Si tu regardes longtemps dans l'Abîme, l'Abîme te regarde aussi.
Nietzsche.
Cette citation le hante, comme un mantra il la murmure, c'est peut-être sa devise, après tout.
Soudain, une voiture s'arrête. Une femme ouvre la portière et lui propose de le prendre en stop. Théo prends place dans l'habitacle, sur le siège passager, il s'assit à la place du mort. La voiture démarre. Il se sent rapidement mal à l'aise, malgré la chaleur qui aurait dû le réconforter. Une chaleur qui devient presque suffocante au bout de quelques minutes. En fait quelque chose l'étouffe, c'est peut être ce parfum féminin à l'odeur fanée. Il se retourne alors vers la conductrice.
C'est une femme d'à peine 30 ans, outrageusement maquillée, avec des cheveux fades blonds peroxydés, jeune encore, mais terne comme un cadavre. Tant de médiocrité, de vacuité, dans ce qui se dégage de cette personne, est écoeurant. Cette parodie de beauté l'insupporte. Il ferme les yeux.
La voiture ralentit avant de s'arrêter sur la bande d'arrêt d'urgence. La femme plante son regard vide dans celui de Théo, et l'âme de celui-ci frissonne de dégoût. Elle pose sa main aux ongles manucurés sur l'entrejambe du jeune homme. Peut-être espère t-elle qu'il bande. Sa langue pointe entre ses lèvres luisantes de gloss.
Et là, tout s'accélère. Théo n'en peut plus.
Il dégaine un cutter qui traînait dans sa poche et en un éclair lui déchire le ventre. Sa voix s'élève, glaciale.
" Femme médiocre, tu ne concevra jamais. Ton ventre sera stérile"
La conductrice sourit, un sourire sanglant.
Pour une fois qu'on me pénètre avec une telle passion...
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lightplutonian-blog · 6 years ago
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Minuit
Minuit n'était pas une adolescente comme les autres. Le feu qui habitait son âme était bien plus sombre. C'était une jeune fille à la beauté presque douloureuse, aux cheveux teints en noir et au grands yeux soulignés de khôl. Autrefois Minuit s'appelait Océane. Elle jouait, vive et innocente, dans le verger de son grand-père, ses cheveux blonds agités par une brise de printemps. Elle restait des heures, guillerette, aidait parfois son grand-père à élaguer les rosiers et s'enivrait du parfum des fleurs.
Mais désormais Océane n'existait plus. Tout comme son grand-père qu'elle avait tant aimé, elle gisait froide et putréfiée sous terre. Progressivement, elle avait enfouit toute lumière en elle, si profondément que la noirceur c'était emparé de son être et en était le gardien. Elle ne croyait plus au bonheur.
Minuit lui sembla être un nom convenable. Elle aimait les ténèbres. Elle les amadouait et les portait sur son corps comme un emblème. Elle se vêtissait avec indécence, arborant des mini jupes et des jambières en cuir. Au lycée, elle choquait et fascinait. La plupart des mecs se branlaient en imaginant la posséder. Ils imaginaient la saveur nocturne de son corps, l'éclat irisé de son corps nu, la fragrance suave de ses cheveux ailes de corbeau.
Minuit aimait le sexe autant que cela la souillait. La jouissance lui donnait le temps d'un soupir le sentiment d'exister. Alors parfois, elle s'abandonnait à la luxure dans les chiottes délabrés du 4 ème étage avec un de ses camarades de classe et retournait en cours, impassible. La plupart de ses amants s'était épris d'elle, mais elle avait écrasé leur coeur de ses talons hauts. Elle n'avait pas d'état d'âme. Sa mélancolie la rendait aussi inaccessible qu'une statue de nacre. Le soir après les cours, elle rentrait chez elle, dans cette maison familiale, si souvent vide. Elle voyait rarement sa mère, cadre dynamique toujours en déplacement professionnel et cela lui convenait.
Elle restait souvent dans sa chambre, une pièce désordonnée saturée d'elle et de ses révoltes intérieures. Elle allumait la chaine Hifi qui diffusait dans l'atmosphère confinée des rifs de guitare lancinants. Elle s'allongeait sur son lit, les yeux noyés dans la pénombre. Elle imaginait un Ailleurs, une existence ou elle aurait sa place, ou elle retournerait dans le verger de son enfance. Parfois elle parlait en silence à son soi du passé, ressucitant la blonde Océane. Alors Océane s'allongeait à ses côtés, leurs deux chevelures entrelacées.
- Mais pourquoi ? murmurait la blonde. Pourquoi es-tu si triste ?
- Ta gueule, répondait Minuit en refoulant ses larmes. Je suis Minuit, je ne ressens rien.
- Laisse moi t'aider, implorait Océane en serrant les mains de Minuit dans les siennes.
Mais Minuit la repoussait, écoeurée, et la blonde retournait dans son cercueil.
Au fil des jours Minuit s'enfonçait davantage dans le marasme et le désespoir. Elle négligeait le lycée, ne mangeait presque plus, et restait gisante, sur son lit défait. Un soir une fièvre violente s'empara de son corps. Elle ne parvenait pas à bouger de son lit, et tremblait, sentant sa vie s'échapper au rythme de la sueur qui perlait sur son front. Elle avait mal, chaque fibre de son corps était endolorie. Elle cria silencieusement. Ainsi elle allait mourir, si jeune encore, rejoindre la terre accueillante, fuir ce monde médiocre qui l'avait assassinée. Elle esquissa un sourire triste avant de perdre conscience.
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