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C’est quoi le problème avec l’appropriation culturelle?
Traduction d’un billet de Maisha Z. Johnson - Juin 2015 pour Everyday Feminism
Vous venez d'entrer dans une fête d'Halloween. Vous pensez que vous portez un costume bad-ass, mais au lieu de recevoir des compliments, quelqu’un-e vous dit que votre costume est de l’appropriation culturelle. Et vous pensez que cette accusation est ridicule. Moi? Faire quelque chose de raciste?
Vous n'aviez pas de mauvaises intentions, alors vous ne comprenez pas comment vous pourriez avoir un impact négatif. Par ailleurs, personne n'aime qu'on lui dise qu'il “n’a pas le droit” de faire quelque chose — et vous avez l'impression que cette personne dit que vous ne pouvez pas porter votre costume - même si vous ne voulez blesser personne.
Bref - si vous vous demandez quel est le problème avec l'appropriation culturelle, je suis là. Lisez ce billet pour comprendre pourquoi les gens pourraient se fâcher si vous empruntez des éléments à une autre culture.
Qu’est-ce que appropriation culturelle ? (et qu’est-ce qu’elle n’est pas?)
En bref: L'appropriation culturelle est l’adoption d’aspects d'une culture par quelqu’un-e qui en est extérieur. Mais ça c’est la définition la plus basique.
Une compréhension plus profonde de l'appropriation culturelle fait aussi référence à une certaine dynamique de pouvoir, dans laquelle les membres d'une culture dominante reprennent des éléments culturels de personnes systématiquement opprimées par ce groupe.
C'est pourquoi l'appropriation culturelle n'est pas la même chose que l'échange culturel, quand les gens partagent des éléments culturels mutuellement - parce que l'échange culturel ne comporte pas cette dynamique de domination systémique.
Ce n'est pas non plus la même chose que l'assimilation, qui fait référence aux circonstances dans lesquelles les personnes marginalisées adoptent des éléments de la culture dominante par survie, dans un contexte qui leur rend la vie difficile autrement. Certain-e-s disent, par exemple, que les non-occidentaux/les qui portent des jeans et les autochtones qui parlent anglais reprennent aussi des éléments des cultures dominantes. Mais les groupes marginalisés n'ont pas le pouvoir de décider s'ils préfèrent s'en tenir à leurs coutumes ou essayer les traditions de la culture dominante pour s'amuser. Lorsque les dernier-ère-s survivant-e-s des tribus amérindiennes massacrées se battent pour sauver leur langue avant de mourir, quand les étudiant-e-s amérindien-e-s sont suspendu-e-s pour avoir parlé dans leurs propres langues indigènes, comme les abus pratiqués dans les pensionnats américains qui ont tenté d'anéantir les cultures amérindiennes jusque dans les années 1980, il est clair que toutes les personnes qui parlaient anglais ne le faisaient pas par choix.
En d'autres termes, il faut prendre en compte le contexte.
Ce qui signifie qu'il ne s'agit pas de dire que vous, en tant qu’individu-e, êtes une mauvaise personne si vous prenez des éléments de la culture de quelqu’un-e d'autre. C'est une question compliquée qui rassemble notre histoire, situation actuelle, et avenir, quand nous agissons pour éliminer les systèmes d’oppression au lieu de les perpétuer.
Donc, si vous êtes toujours déconcerté-e-s quand vous voyez les gens se fâcher là dessus, considérez les contextes suivants.
1. L’appropriation culturelle trivialise une histoire d’oppression violente
Pour vous, il peut être très difficile d'abandonner quelque chose que vous avez emprunté à une autre culture et que vous avez incorporé dans votre vie, surtout si cela a un sens pour vous. Par exemple, les propriétaires et les fans de l'équipe de la NFL, les “Rouges” de Washington, ont largement défendu leur nom, en ayant recours à toutes les justifications, telles que «honorer les Indiens», «respecter la tradition» et «vous êtes trop sensibles», en réaction aux activistes amérindien-ne-s appelant à la fin de ces mascottes. Les fans et la NFL sont émotionnellement et financièrement investi-e-s dans le nom et ne veulent pas prendre de temps et d'argent pour le changer. Ce qui a du sens.
Mais considérez ceci: Lorsque la violence cible systématiquement un groupe de personnes, par un génocide, l'esclavage ou la colonisation, le traumatisme qui en résulte se transmet de génération en génération. Voici ce qui est en jeu pour les Amérindien-ne-s: Le terme “p*** r**ge” provient du temps où les gouvernements et les entreprises coloniales et étatiques payaient les Blanc-he-s pour tuer les Amérindien-ne-s et utilisaient leurs scalps ou même leurs organes génitaux (pour prouver leur sexe), ou “peaux rouges”, comme preuve de leur victime.
Compte tenu de cette histoire, est-ce une surprise que tant d’Amérindien-ne-s soient fâché-e-s contre les amateur-ice-s de football qui pensent qu’ils/elles «honorent» les Amérindien-ne-s avec cette mascotte et ces justifications ? Nous devrions avoir honte de cette époque de notre histoire - et nous devrions travailler pour en réparer les dégâts. Mais au lieu de cela, la NFL (et d'autres équipes sportives) insistent pour célébrer le génocide d'un peuple pour le plaisir et le profit.
2. L’appropriation culturelle permet aux personnes de montrer leur goût pour une culture tout en restant intolérantes
Les Blanc-he-s ne demandent pas à naître avec des privilèges, mais ce qu’ils et elles choisissent d’en faire, c'est une autre histoire.
Dans la région de la baie de San Francisco, je vois des gens prendre ce qu'ils veulent d’une culture, sans vouloir s’y associer, tout le temps. Ici, des personnes arrivées récemment dans la région écrivent des critiques sur Yelp cherchant de la “nourriture mexicaine authentique” mais pas dans les “quartiers chauds” - c’est à dire, ce qu'ils appellent généralement les quartiers qui comprennent un plus grand nombre de personnes racisées. Les Yelpers obtiennent ce qu'ils veulent, au moins en termes de quartier, car la gentrification pousse rapidement les personnes racisées hors de leurs maisons, et les Blanc-he-s commencent à ouvrir des restaurants gastronomiques “ethniques”.
C'est comme ça que ça se passe avec l'appropriation culturelle: il n’y a pas de partage pour qu’il y en ai plus pour tout le monde, mais un différentiel de pouvoir avantage les blanc-he-s aisé-e-s et désavantage les personnes racisées pauvres.
Et tout ça repose sur le fait qu’on vit dans un monde dans lequel les Blanc-he-s racistes peuvent essentiellement dire «Nous voulons votre fond de commerce, mais nous ne vous aimons pas» en appropriant les traditions des gens tout en étant biaisé-e-s contre ce qu’ils sont en tant que personne.
L'appropriation culturelle montre que vous n'êtes pas obligé-e d'aimer une personne ou de respecter son identité pour avoir le droit de leur prendre des choses.
Est-ce que toute personne non-mexicaine qui profite d'un bon burrito est coupable d'appropriation culturelle? Ne me dites pas ça! Cela m’inclurait et presque toutes mes connaissances. Mais maintenant que vous savez que la popularisation de la nourriture “ethnique” peut être un moyen de nuire à un groupe de personnes tout en reprenant leurs traditions, vous pouvez penser à des façons de satisfaire vos envies alimentaires internationales sans participer à ce mal.
3. L’appropriation culturelle rend certaines choses «cool» pour les Blanc-he-s mais trop “ethnique” pour les personnes racisées
Les États-Unis sont une société dominée par les Blanc-he-s, et si vous en cherchez la preuve, regardez comment les migrant-e-s, Amérindien-ne-s et les gens racisés sont critiqué-e-s sur tout ce qui nous distingue des Américain-e-s blanc-he-s.
Par exemple, les normes de professionnalisme excluent toutes sortes de personnes qui ne sont pas des hommes blancs. En tant que femme noire, il y a beaucoup d'emplois qui me sont hors d’atteinte si je porte des tresses, des dreadlocks, ou une afro - soit les façons les plus naturelles de porter mes cheveux. Pour moi, porter mes cheveux au naturel est une déclaration chargée de sens, que je crois en ma beauté naturelle. Il est risqué de faire cette déclaration dans une société qui dit que je dois aspirer à la blanchité.
Comparez cela à comment les magazines de mode parlent des tresses “épiques” de Kylie Jenner, ou de ses dreadlocks “tendance”.
Quand les femmes noires doivent se battre pour l'acceptation - alors que les mêmes styles sont admirés chez une jeune femme blanche, quel message cela envoie-t-il aux femmes et aux filles noires? Cela nous renvoie que notre beauté naturelle n'est pas belle du tout - et que nos caractéristiques ne sont attrayantes que lorsqu'elles sont adoptées par des femmes blanches.
4. L’appropriation culturelle permet aux personnes privilégiées de profiter du travail des personnes opprimées
Supposément, dans les bon vieux USA, nous sommes tou-te-s libres de poursuivre le rêve américain capitaliste de construire notre propre richesse.
Mais en réalité, ce n'est pas si simple.
Pour beaucoup de gens, des barrières comme la classe sociale, le racisme et la xénophobie signifient qu'ils n'ont pas l'apparence, le langage ou la position privilégiée pour gagner de l'argent avec leurs outils culturels spécifiques - et pourtant souvent, les Blanc-he-s peuvent utiliser ces mêmes outils culturels et en tirer profit, blessant ainsi la communauté à qui ils empruntent.
Ainsi, par exemple, une femme blanche de classe moyenne entre dans la spiritualité amérindienne et y voit l'occasion de démarrer une entreprise en fonction de ce qu'elle a appris. Cela peut sembler assez innocent. Elle a un intérêt et elle veut en tirer de l'argent. C'est le rêve, non?
Mais le problème est que pour vendre ses produits, elle doit participer à un système discriminant. Ce système comprend des politiques du gouvernement fédéral qui rendent difficile aux Amérindien-ne-s de lancer leur propre entreprise, ainsi qu'une culture professionnelle dans laquelle les femmes blanches et les femmes de la classe moyenne peuvent s'adapter plus facilement que les femmes amérindiennes pauvres.
Ainsi, alors qu'elle profite des femmes amérindiennes dont elle a adopté les produits, ces dernières naviguent des cycles de pauvreté et de chômage dont il est difficile de s’extraire. Ainsi, les femmes blanches dominent l'industrie des produits New Age, avec des versions édulcorées des pratiques de spiritualité amérindienne, noyant les voix amérindiennes exprimant ce dont les communautés amérindiennes ont besoin pour survivre.
Dans son essai fantastique "Pour tous ceux qui étaient Amérindiens dans une vie antérieure", Andrea Smith déconstruit comment tout cela se déroule quand les féministes blanches revendiquent la spiritualité indienne et "veulent devenir Indiennes sans rendre des comptes aux communautés indiennes".
Quelqu’un-e vivant avec le privilège blanc et le privilège de classe a d'autres options pour gagner un revenu, ainsi ils/elles n'ont pas besoin de profiter du travail ou de la culture de quelqu’un-e d'autre. Et les risques encourus par les personnes marginalisées montrent qu'il est plus éthique de suivre une autre voie.
5. L’appropriation culturelle permet à certaines personnes d'être récompensées pour des choses pour lesquelles leurs créateur- ice-s n'ont jamais été crédité-e-s
Qui vous vient à l'esprit quand on pense au rock and roll? Est-ce une personne blanche? Qui a commencé le rock and roll selon vous? Est-ce Elvis Presley, le soi-disant "roi du rock and roll"?
Surprise! Le rock and roll est sorti du blues et a d'abord été largement façonné par des artistes noir-e-s. Le problème était que dans les années 1950, les Blanc-he-s racistes étaient clair-e-s sur le fait qu'ils ne voulaient pas soutenir un-e artiste noir-e. Alors devinez ce qu'ils ont fait.
L'industrie du disque a mis sur scène des stars blanches populaires qui ont façonné un look et un son traditionnel, d’après les artistes noir-e-s qu’un public raciste blanc n’aurait jamais soutenu. Sam Phillips, le recordman qui a découvert Elvis, l'a résumé quand il a dit: “Si je pouvais trouver un homme blanc qui avait le son noir et un feeling noir, je pourrais gagner un milliard de dollars.”
Et bien qu'Elvis n'ait jamais prétendu l'avoir lancé (et était clair à propos des artistes noir-e-s qui l'ont influencé), nos médias ont réécrit l'histoire pour prétendre qu'Elvis a inventé le rock and roll. Et maintenant, il est difficile de penser que le rock and roll a toujours été une musique issue de la communauté noire. Avez-vous déjà entendu parler de Sister Rosetta Tharpe?
Cette tradition d’”emprunter” à des artistes noir-e-s et de promouvoir des artistes blanc-he-s par rapport à des artistes noir-e-s plus talentueux continue de faire vendre des milliards de disques aujourd'hui.
Quand Iggy Azalea accède à la célébrité et la fortune grâce à l'imitation en blackface, les personnes noires et les fans de hip-hop se fâchent légitimement. Lorsque Macklemore a remporté quatre Grammy Awards, même Macklemore est confus et pense que Kendrick Lamar aurait dû gagner le meilleur album de rap.
Parcourez les nominations pour de nombreux grands prix pour avoir une idée d’à quel point blanchité rime avec grandeur dans la conscience des États-Unis. Repensez ensuite au mythe selon lequel les gens qui réussissent réussissent parce qu'ils travaillent le plus.
6. L’appropriation culturelle répand des mensonges sur les cultures marginalisées
Les gens disent que le partage entre les cultures est supposé nous aider à apprendre, mais l'appropriation culturelle nous enseigne les mauvaises leçons.
Souvent, notre référence la plus commune à quelque chose d'atroce déforme la vérité, donnant l’idée que tout ça est drôle ou amusant.
Par exemple, quand on pense à la vraie histoire de Pocahontas, que votre fille se déguise en elle pour Halloween est assez dérangeant. La vraie Pocahontas, dont le prénom était Matoaka, a été enlevée à l'adolescence, forcée d'épouser un Anglais (pas John Smith, en passant), et utilisée comme propagande par racisme avant de mourir à l'âge de 21 ans.
Et on dirait presque que cette propagande n'a jamais pris fin, car nos leçons populaires sur ce qui s'est passé entre les colons colonisateurs et les peuples amérindiens dépeignent les Amérindien-ne-s comme des sauvages, ou comme des personnes heureux-ses et mystiques, ou comme totalement absent-e-s.
Nous n'entendons pas les vraies histoires, et la plupart d'entre nous ne vivent pas avec un lien direct à leur souffrance.
Est-ce que la vérité compte, quand il s'agit d'une petite fille qui essaie juste de profiter de Halloween ? Vous pourriez le penser si elle voulait s'habiller en quelqu'un dont l’histoire tragique est plus familière, comme Anne Frank.
Ce sont deux filles avec des histoires poignantes. Mais beaucoup d'entre nous pensent que banaliser la vie d'Anne Frank serait de très mauvais goût. Pouvez-vous imaginer le tollé si Disney essayait de romancer son journal en l'élevant dans une jeune femme avec une histoire d'amour avec un officier nazi et une fin heureuse?
Maintenant, imaginez si ce film de Disney était la principale référence de la culture dominante sur la Shoah. Et si elle était vendue aux Allemand-e-s, on leur aurait dit que les personnages historiques qui opprimaient le peuple juif étaient les héros de leur pays.
Dégueu, n'est-ce pas?
Comment tant d'entre nous peuvent-ils être si insensibles aux histoires de certaines victimes que nous pouvons les transformer en costumes? Cela montre le privilège - et un énorme échec de notre système éducatif. Nous ne devrions pas minimiser l'injustice pour agir sur ce privilège.
7. L’appropriation culturelle perpétue les stéréotypes racistes
Comme le dit Dr. Adrienne Keene de Native Appropriations : “Vous prétendez faire partie d’un groupe racisé, et vous utilisez des stéréotypes pour le faire.”
Katy Perry, par exemple, a déclaré que sa performance en tant que geisha lors des American Music Awards 2013 était un hommage à la culture japonaise. Mais elle a complètement déformé ce qu'elle prétendait honorer - et a utilisé une plate-forme massive pour perpétuer des stéréotypes négatifs, trop communs sur les femmes asiatiques.
Avec son single "Unconditionally", Perry a chanté l'amour éternel en jouant l'image d'un objet sexuel passif et soumis d'une femme asiatique.
Pour elle, c'était juste un personnage - mais cette image stéréotypée a de réelles conséquences pour les femmes asiatiques aux États-Unis. Leurs expériences de rencontres, de harcèlement sexuel racialisé et de fétichisation révèlent que les Blanc-he-s s'attendent à ce que les femmes asiatiques soient à la hauteur du stéréotype de la “geisha exotique” d'être soumise sexuellement et docile.
Lauren Smash a décrit ses expériences dans "Yellow Fever: La vie amoureuse d’une femme asiatique" comme ceci: “Il est (...) déshumanisant d'être constamment comparée à un stéréotype et d'avoir des gens qui vous poursuivent non comme une personne, mais comme une incarnation des stéréotypes qu'ils mobilisent pour vous définir.”
Après ses performances, Katy Perry peut enlever le costume et profiter des millions de dollars que cela rapporte, et retourner à celles et ceux qui la voient comme un être humain dynamique, et non pas une caricature discrète.
D'un autre côté, les femmes asiatiques devront faire face aux normes sociales racistes et sexistes que Perry a contribué à perpétuer, ce qui arrive quand la seule image dominante de votre sexualité est un stéréotype négatif renforcé par l'appropriation culturelle.
Il n'est certainement pas inoffensif ou respectueux de déformer la culture des gens et de répandre des mythes toxiques qui leur nuisent.
8. Les Blanc-he-s peuvent librement faire ce que les personnes racisées ont été punies pour avoir fait
Voir des Blanc-he-s insouciant-e-s profiter de pratiques pour lesquelles vos ancêtres ont été puni-e-s est comme recevoir une gifle en pleine figure. C'est aussi un rappel troublant que le processus de confiscation de nos pratiques n'est pas terminé, car les Blanc-he-s finissent par avoir plus accès à nos pratiques que nous.
La tendance montante du yoga aux États-Unis en est un exemple.
Saviez-vous que le yoga était autrefois interdit en Inde dans le cadre des récits racistes et orientalistes qui caractérisaient les Indien-ne-s comme des “païen-ne-s mal-intentionné-e-s” qui devaient se conformer aux règles occidentales? Les groups de yogis qui ont résisté à l'interdiction se sont levées pour défier la domination britannique oppressive.
Ces jours-ci, il semble que le yoga est partout, et les pratiquant-e-s n'ont pas à défier les règles du gouvernement pour ce faire. Cela peut faire évoquer des choses très sensibles de se dire que les personnes qui ne sont pas originaires du sud de l’Asie qui pratiquent le yoga s'approprient la culture, parce que la pratique profite à beaucoup de gens à travers les États-Unis.
Mais vous savez qui ne bénéficie pas de la commercialisation du yoga comme les femmes blanches de la classe moyenne? Les personnes d’Asie du sud pour qui le yoga a une signification culturelle et religieuse profonde.
Un moment émouvant dans cette discussion avec des professeur-e-s sud-asiatiques de yoga du groupe South Asian Art & Perspectives on Yoga and America (SAAPYA) montre les explications d'une femme en larmes sur la façon dont les aîné-e-s de sa communauté n'ont pas accès aux studios de yoga qui dominent l’industrie, avec une pratique qui leur est si précieuse.
Comme l'écrit Susanna Barkataki, séparer le yoga de ses véritables racines et objectifs, et des gens qui ont dû se battre pour le maintenir en vie, signifie «éradiquer la véritable pratique, comme cela a été accompli dans de nombreux endroits sous l'occupation britannique de l'Inde».
Il y a une raison pour laquelle les Britanniques ont utilisé les attaques contre le yoga comme un outil pour opprimer tout un pays. Le retrait d'une ressource culturellement significative de bien-être et de spiritualité est une façon de déchirer les liens essentiels qui aident les gens à survivre. C'est ce que fait aujourd'hui la commercialisation du yoga pour les Sud-Asiatiques - en augmentant l'accès des personnes blanches, tout en continuant à l'éloigner des gens qui ont dû se battre pour la maintenir en vie en premier lieu.
Barkataki dit aussi que cela ne signifie pas que les personnes blanches ne peuvent pas pratiquer le yoga. Mais si vous le faites d'une manière qui contribue à exclure les Indien-ne-s, à prioriser les désirs des pratiquant-e-s blanc-he-s sur les besoins des personnes d’Asie du sud, ou à faire des Blanc-he-s l'image du yoga, vous faites partie du problème.
9. L’appropriation culturelle fait passer les sentiments des personnes privilégiées avant la justice pour les personnes marginalisées
L'un des principaux refus à mettre fin à l'appropriation culturelle est la justification par la “liberté d’expression”.
Vous devriez avoir le droit de vous exprimer comme vous le souhaitez - et vous le faites. Personne ne peut vous forcer à cesser de prendre des choses d'autres cultures. Les personnes marginalisées dont les cultures sont appropriées n'ont pas le pouvoir institutionnel de vous forcer à arrêter, même si elles le voulaient.
Mais prétendre que la culture dominante a le droit de prendre librement à des groupes opprimés ressemble beaucoup au mensonge du “fardeau de l'homme blanc” du passé. Les colonisateurs ont utilisé ce concept pour affirmer qu'ils avaient le “devoir” de prendre possession de la terre, des ressources et de l'identité des peuples amérindiens - en essayant de justifier tout, de l'esclavage au génocide.
Nous avons beaucoup de travail à faire pour guérir de l'impact de l'oppression du passé jusqu'à aujourd’hui. De nombreux exemples d'appropriation culturelle peuvent sembler peu importants, comme si nous devions nous préoccuper de choses “plus importantes”.
Mais changer les habitudes oppressives quotidiennes est une énorme partie du travail. C'est l'une des façons dont nous pouvons arrêter de déshumaniser, effacer et exclure les personnes racisées.
Si le choix se pose entre votre liberté de porter un costume parce que cela pourrait être amusant, ou la capacité d'un groupe à maintenir le caractère sacré d'une tradition qui les aide à résister, il est clair qu’éviter le costume vous place du côté de la résistance à l’oppression .
Et, devinez quoi : C'est le côté que vous devriez choisir.
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Je ne dis pas que vous ne pouvez pas profiter de la cuisine mexicaine si vous n'êtes pas mexicain-e, ou pratiquer une pratique inspirée du yoga si vous n'êtes pas indien-ne, ou utiliser une autre pratique culturellement spécifique aux États-Unis.
Mais je vous encourage à réfléchir à l'utilisation des choses d'autres cultures, à considérer le contexte et à apprendre les meilleures pratiques pour faire preuve de respect.
Peut-être que vous avez porté un costume dont vous ne connaissiez pas l’histoire violente, ou que vous aviez l'intention d'honorer une culture sans réaliser que c’était offensant. Ou vous avez appris sur ces histoires oppressives, mais vous réalisez maintenant que ce que vous avez appris n'était même pas proche de toute la vérité.
Alors maintenant, quelle est votre prochaine étape dans l'intégration de cette information dans votre travail antiraciste? Défier les stéréotypes? Dénoncer l'appropriation quand vous la voyez? Passer le mot sur le besoin urgent de changer la façon inexacte dont nous enseignons les luttes des personnes opprimées?
Au moins, vous savez que vous avez des alternatives à l’irrespect de cultures qui ne sont pas les vôtres.
Ne continuez pas à rendre les autres cultures invisibles via les ambitions de «melting-pot» de notre société. Faites de la place pour que nous puissions tou-te-s nous épanouir en nous amusant sans oppression.
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Maisha Z. Johnson est chargée du contenu numérique et rédactrice en chef de Everyday Feminism. Vous pouvez la trouver en train d'écrire aux intersections et se livrer sans vergogne à son obsession de la culture pop sur le web. Dans le passé Maisha travaillait à la Communauté unie contre la violence (CUAV), la plus ancienne organisation anti-violence LGBTQ du pays, et Fired Up !, un programme de la California Coalition for Women Prisoners. Grâce à son propre projet, Inkblot Arts, Maisha puise dans les arts créatifs et les médias numériques pour amplifier les voix de ceux qui sont souvent réduits au silence. Vous pouvez la suivre sur Facebook ou suivez-la sur Twitter @mzjwords.
Via la page Facebook Parlons privilège blanc.
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“Pour vous aider à trouver un-e praticien-ne de santé psy* accueillant toutes les différences.”
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“Enfin une liste de soignantE*s féministes !“
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“Le Winckler’s Webzine est un site d’opinions et d’informations culturelles et médicales. Les informations médicales y sont délivrées gratuitement, dans le but de permettre aux internautes des choix éclairés dans les domaines de la santé qu’ils abordent. Ils ne sont pas destinés à se substituer à l’avis d’un médecin, et ne sont bien entendu pas destinés à remplacer d’autres sources d’informations sur les mêmes sujets, mais à apporter une information complémentaire et/ou critique, en particulier sur la contraception, la santé des femmes et l’industrie du médicament.“
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“Première femme d’Adam, avant Eve, Lilith n’est pas issue de lui, mais son égale et à ce titre, insoumise.“
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“Pénis pénétrant, vagin pénétré : il faut en finir avec la norme imposée dans les années 50 par la médecine et son lot de mutilations génitales. D’autres esthétiques sexuelles sont possibles, mais pas sans une révolution transféministe.“
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Sorcières, sages-femmes et infirmières. Une histoirE des femmes soignantes
Engagées dans le Mouvement pour la santé des femmes dans les années 1970, Barbara Ehrenreich et Deirdre English enquêtent sur les racines historiques de la professionnalisation du corps médical. Portant un regard féministe sur les chasses aux sorcières en Europe et la suppression de la profession de sage-femme aux États-Unis, elles s’interrogent : et si, derrière ces événements, se cachait une véritable monopolisation politique et économique de la médecine par les hommes de la classe dominante, reléguant peu à peu les femmes à la fonction subalterne d’infirmière docile et maternelle ? Depuis sa parution aux États-Unis en 1973, cet essai concis et incisif a ouvert la voie à de nombreux travaux de recherche et prises de conscience. Cette traduction s’ouvre sur une préface inédite des deux auteures.
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Starhawk - Rêver l’obscur
“En Europe, certains connaissent Starhawk, la sorcière néopaïenne de San Francisco, pour l’avoir croisée lors des rassemblements de Seattle, de Gênes ou de Québec. Femmes, magie et politique, qu’ont publié ce printemps les Empêcheurs de penser en rond, est son premier livre traduit en français. Il date de 1982 - elle avait alors trente ans -, mais les enjeux qu’il définit, élaborés dans le contexte du reaganisme triomphant et de ce que l’on apercevait de l’évolution globale du monde à cette époque, collent parfaitement aujourd’hui. Si bien que c’est un livre qui tombe à pic, et même, qui produit une accélération, qui bouscule sérieusement, qui invite à s’aventurer plus loin, à penser autrement. Même s’il a été écrit avant la naissance et le baptême officiel de l’altermondialisation (et même si Starhawk a publié récemment aux Etats-Unis un livre sur les mobilisations de ces dernières années), on peut le prendre comme un soutien de poids aux quelques penseurs francophones qui mettent en garde le mouvement actuel contre les insuffisances et les faiblesses constitutives auxquelles il s’expose lorsqu’il se contente de - comme elle l’écrivait déjà à l’époque - « dénoncer les abus les plus criants de la propriété ». Comme Annie Le Brun, qui juge dérisoire de ne faire que « brandir l’épouvantail économique », et qui doute que l’on puisse « lutter contre la séparation avec les armes de la séparation », Starhawk nous dit (dans un style très différent, certes) que la seule raison raisonnante est impuissante à nous tirer du très mauvais pas où nous sommes ; qu’elle ne fera même que nous y enfoncer un peu plus.“
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Femmes qui courent avec les loups
Clarissa Pinkola Estés
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