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Critique sur œuvre
De la brièveté de la vie – Sénèque
Présentation de l’œuvre et de son auteur
De la brièveté de la vie est un essai de philosophie morale écrit vers 49 ap J.C, par Sénèque, philosophe stoïcien, dramaturge, et homme politique de l’empire romain. Cette œuvre est un traité adressé à Paulinus ( son beau-père ), le philosophe lui montre comment atteindre le bonheur, il affirme que pour cela, il faut consacrer son temps à la sagesse, et qu’il ne faut pas perdre son temps dans des activités qu’il juge futiles.
En premier lieu, Sénèque expose la thèse du traité « Ce n��est pas nous qui disposons de très peu de temps, c’est plutôt que nous en perdons beaucoup », puis dans un deuxième moment, pour argumenter sa thèse, il explique comment l’être humain perd son temps, et enfin dans un dernier temps, il explique pourquoi la vie des hommes occupés est très courte. Il conclut son traité en incitant Paulinus à suivre tous ses préceptes.
Critique personnel sur l’œuvre
Éditions Payot et rivages
Collection petite bibliothèque
Format poche, 96 pages
Parution : juin 2016
6,10 euros
Parlons avant toute chose de la première page de couverture , c’est une peinture de paysage qui a l’air d’être une peinture topographique. On y trouve une belle cohérence entre cette dernière et le titre du livre. En effet, on peut supposer que l’espace vert représente la vie , et que le ciel rappelle la mort. On remarque également que le ciel et l’espace vert sont en premier plan, et qu’il n’y a aucun contraste entre deux, mais qu’au contraire, la peinture offre un point de vue du ciel et de l’espace vert unifiés, cela est notamment dû aux arbres qui donnent l’impression d’être au même niveau que le ciel car ils recouvrent quelques parties du ciel. On remarque aussi que des constructions « humaines » ( habitations etc. ) sont en deuxième plan. Ainsi, nous pouvons interpréter cela telle une allégorie, le premier plan exprimerait l’importance de la Nature ; l’absence de contraste entre le ciel et l’espace vert représenterait l’unicité de la mort et de la vie ; le deuxième plan exprimerait la futilité des choses artificielles.
Concernant l’intérieur du livre, j’ai aimé lire ce traité notamment parce que la collection petite bibliothèque de l’éditions Payot & rivages offre une grande facilité de compréhension grâce à l’utilisation d’un vocabulaire assez courant, je trouve sincèrement que ce livre philosophique est accessible à tous et à toutes. À propos de la typographie, la taille des caractères n’est ni trop petite ni trop grande à mon goût, en outre, les caractères sont en gras ; comme j’aime. Par ailleurs, chaque idée est sous forme de paragraphes qui sont plutôt bien marqués.
Au sujet de la forme, j’ai moins apprécié la façon dont Sénèque expose sa thèse et son argumentation.
En effet, je trouve qu’il y a beaucoup de répétitions ; il prend énormément de temps à mettre en avant sa thèse de façon précise ; il s’attarde également à exposer l’argumentation de celle-ci . Je trouve ça dommage car le plan en soi (énoncé précédemment) est vraiment bien structuré. Les répétitions ne sont pas toujours futiles et elles sont même parfois essentielles pour la compréhension d’un texte, notamment pour un texte philosophique, néanmoins, dans ce traité les répétitions ne sont pas seulement présentes, elles sont beaucoup trop présentes à mon goût, au point où ça m’a donnée envie de sauter quelques pages ( je n’ai pas céder ). En outre, à partir de la moitié du traité, après avoir énoncé sa thèse de plusieurs façons sans forcément la préciser, Sénèque pose cette fameuse question rhétorique « Peut-être te demandes tu quels sont les gens que j’appelles accaparés par leurs occupations ? » PEUT ÊTRE ???? Au point où j’ai surligner cette question et que j’ai écris en grand près de celle ci « OUI ENFIN ! ».
Bref.
Quant au contenu, je trouve sincèrement qu’il y’a une part de vérité dans les propos de Sénèque, et ce qui m’a le plus submerger lors de ma lecture (excessive) c’est qu’il pose sur table des vérités qui sont encore d’actualité, notamment quand il dit « Mais quand donc dit-il, prendrais- je des vacances ? » « Chacun conduit sa vie à grande allure et souffre de tout attendre du futur et d’être insatisfait du présent » La plupart des élèves pourraient se reconnaître dans ces propos là, je ne m’inclue pas dedans bien évidemment, j’aime l’école et j’aime également l’ironie. En parlant de l’actualité, ce traité datant de l’empire romain a quand même réussi à me faire penser à la chanson d’Orelsan « Notes pour trop tard » qui date de 2017, notamment dans le passage où Sénèque dit « Ils se font passer pour plus jeunes qu’ils le sont [...] ils crient qu’ils ont été assez stupides pour ne pas avoir vécu, et que pour peu qu’ils réchappent à cette maladie ; ils vivront pour eux-mêmes » quelques décennies plus tard Orelsan poursuit « […] Pour pas qu’un jour tu te réveilles à 40 ans, genre putain je vais crever mais j’ai jamais kiffé, ma famille m’empêche de vivre je vais devoir les quitter, pour snifer en boite de nuit et trouver des gamines à vampiriser ». Bon, en effet, ça n’est pas formulé de la même façon, mais l’essentiel ne réside pas dans l’apparence ; l’essentiel réside dans l’Idée ( Merci Platon ). Néanmoins, Sénèque ne serait pas tellement d’accord avec la globalité de la chanson, notamment quand le rappeur dit « le seul remède c’est le temps ». En effet, pour le philosophe, le seul remède n’est pas le temps ; la sagesse est le seul remède pour le temps ; nuance. Sénèque le jeune ne serait également pas d’accord avec le fait que Orelsan pousse les jeunes à s’amuser, il jugerait cette activité de futile, il dirait même que c’est une activité de débauchés, de son côté, il pousserait les jeunes à philosopher ; grande opposition ou peut-être pas en soi, c’est peut-être amusant de philosopher ? Pourquoi pas ? Après tout, on appelle les enfants « les premiers philosophes », et pourtant nous savons tous et toutes que les enfants adorent s’amuser, on peut donc penser que pour eux ; philosopher c’est drôlement amusant.
Je tiens également à souligner le fait que Sénèque oppose la vie et le temps ; une opposition très intéressante « Je ne mets pas en doute de cette sorte d’oracle énoncé par le plus grand des poètes : « La partie de la vie au cours de laquelle nous vivons est infime » Il est certain que tout le reste n’est pas de la vie mais du temps » On comprend par là, que selon lui, vivre c’est philosopher, et que en dehors de ça, la pratique de certaines activités ( sexe, vin etc. ) ne sont que du temps perdus..Je suis d’accord avec Sénèque sur certains points notamment sur le fait que la philosophie et la méditation sont essentielles à la vie et qu’il n’y a pas plus précieux que le temps. Je trouve également qu’il est important de ne pas tout remettre à plus tard, et vivre chaque jour de sa vie comme si c’était le dernier, je trouve que certaines activités entraînent de l’insatisfaction, et qu’il est important de vivre dans le juste milieu ou de moins savoir prendre du recul, faire la part des choses, je suis également d’accord avec le fait que vivre peut détenir deux sens ; sens abstrait et sens concret. Mais vue d’un autre œil, tout cela est en réalité subjectif, tout cela est en fonction de ma sensibilité, de ma réflexion, de ma pensée, de mon expérience etc. Chaque pensée est différente, chaque réflexion est différente, chaque sensibilité est différente, chaque expérience est différente.Selon Sénèque et moi, la philosophie est essentielle à la vie et au bien-être mais pour d’autres la philosophie est une source de maux. Pourquoi pas ? Qui suis-je pour affirmer ce qui est vrai et ce qui est faux notamment pour ce genre de sujet ( le bonheur ) qui ne détient pas de Vérité fixe car chaque être détient sa propre pensée, sa réflexion, sa sensibilité, son expérience. Pour d’autres la notion de bonheur se définit par la richesse de biens matériels, pour d’autres cela se définit par la richesse de savoirs etc. D’un point de vue objectif, le bonheur au sens propre signifie atteindre le bien-être absolu durant une longue période ( psychologiquement et physiquement parlant ) , ce qui est subjectif, c’est le moyen de l’atteindre, cela est en effet propre à chacun, en aucun cas la notion objective du bonheur signifie philosopher pour être heureux.se. Ce que je critique de façon péjorative dans le traité de Sénèque, c’est justement la non reconnaissance de cette subjectivité en ce qui concerne le moyen d’atteindre le bonheur. Néanmoins, en ce qui concerne le temps, je trouve qu’il est un peu plus objectif, du sens où il met en lumière de réels enjeux de la vie quotidienne d’un être humain, notamment le fait d’imaginer le futur au lieu de vivre l’instant présent etc. Pour Sénèque et moi, le moyen de vaincre tout cela est la philosophie et la méditation. Pour d’autres, ça serait peut-être le sport, ou quelconque autres activités qui enrichissent leurs esprits et leurs corps. Pourquoi pas ?Par ailleurs, ce traité m’a également fait penser au roman Mademoiselle Else d' Arthur Schnitzer ; une jeune fille perdue dans ses rêveries et qui accordait très peu d’intention à l’instant présent.Sénèque dit dans son traité « Le retrait de la vie politique ( bourgeoise pour Else ) lui paraissait d’un bien d’une telle importance que ne pouvant le goûter dans la réalité , il le goûtait mentalement par anticipation »
En définitive, si nous devions résumer en une phrase son traité, ça serait : Suivre les préceptes du stoïcisme est le seul chemin qui mène au bonheur.
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