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MAURICE CARÊME •• LE CHAT ET LE SOLEIL Musique : Marie-Annick Lépine Interprète : Marie-Annick Lépine Le chat ouvrit les yeux, Le soleil y entra. Le chat ferma les yeux Le soleil y resta. Voilà pourquoi, le soir, Quand le chat se réveille J’aperçois dans le noir Deux morceaux de soleil. — L’Arlequin
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JACQUES PRÉVERT •• « FILLE DE MARS… » Musique : Marjo Tal Interprète : Marjo Tal Fille de Mars garçon d’Avril amoureux de Mai Dans la ferraille de la Fête les feux de la Saint-Elme sur les trolleys crépitent Fille de Mars garçon d’Avril amoureux de Mai Bercés par le doux fracas du manège en caressant un rêve se caressant aussi Ils s’aiment pour la vie Ce rêve est aussi vrai que le vacarme de cette fête c’est pour la vie qu’ils s’aiment c’est à cause de la vie et même s’ils se quittent elle les a réunis. — Grand Bal du printemps
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PHILIPPE JACCOTTET •• LES NOUVELLES DU SOIR
Musique : Jacques Bertin Interprète : Jacques Bertin
À l’heure où la lumière enfouit [cache] son visage dans notre cou, on crie les nouvelles du soir, on nous écorche. L’air est doux. Gens de passage dans cette ville, on pourra juste un peu s’asseoir au bord du fleuve où bouge un arbre à peine vert, après avoir mangé en hâte ; aurai-je même le temps de faire ce voyage [cet ouvrage] avant l’hiver, de t’embrasser avant de partir ? Si tu m’aimes, retiens-moi, le temps de reprendre souffle, au moins juste pour ce printemps, qu’on nous laisse tranquilles longer la tremblante paix du fleuve, très loin, jusqu’où s’allument les fabriques immobiles… Mais pas moyen. Il ne faut pas que l’étranger qui marche se retourne, ou il serait changé en statue : on ne peut qu’avancer. Et les villes qui sont encor debout brûleront. Une chance [que j’aie au moins visité Rome, l’an passé,] que nous nous soyons vite aimés, avant l’absence, regardés encore une fois, vite embrassés, [avant qu’on crie « Le Monde » à notre dernier monde ou « Ce soir » au dernier beau soir qui nous confonde…] Tu partiras. Déjà ton corps est moins réel que le courant qui l’use, et ces fumées au ciel ont plus de racines que nous. C’est inutile de nous forcer. Regarde l’eau, comme elle file par la faille entre nos deux ombres. C’est la fin, qui nous passe le goût de jouer au plus fin.
— L’Effraie, 1946-1950
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PIERRE MAC ORLAN •• LES SIX ÉLÉMENTS Musique : Lino Leonardi Interprète : Monique Morelli Les palais de justice Regardons, en suivant la Seine et ses ponts déjà célébrés, les fillettes des vingt quartiers qui s’en vont deux fois la semaine, un renard chauve autour du cou, avec la morgue du hibou, oiseau rebelle à l’allégresse, chez les médecins du Palais où la Main de gloire est au frais chercher franchise pour leurs fesses. Les Champs-Élysées Rien n’est encor plus détestable que les retraits des boulingrins où l’on voit errer des putains qui semblent grand’mères du Diable. Seigneur où vont en de tels lieux ces ombres dévorées au feu qui flambe à leurs tristes bouzines. Les Bilitis d’un jour sans pain se mêlent dans la limousine ronflant en douce et feux éteints. Montmartre Les bougnats bordent le cratère de ce petit mont de Vénus et chacun d’eux y désaltère Cartouche et Jenin l’Avenu. On estime ici les pucelles autant qu’un pet de veau mort-né. L’art n’a besoin de chasteté et la muse ici n’est cruelle qu’à ceux qu’elle doit restaurer. Montparnasse On y voit venir d’Amérique les yeux encore à peine ouverts sur la perversité publique les blondes girls de Mortimer. Mais sur leurs muqueuses trop neuves elle attendent de l’amour la très intime extase pour en établir enfin la preuve, les yeux cernés au point du jour. L’école militaire La Grande Roue est démolie avec ses boudoirs aériens ; la culotte rouge est bannie d’un tableau jadis quotidien ; les bobinards parés de glaces, dont Mars absorbait tous les dons, n’offrent que des décors sans fonds où les servantes se prélassent dedans leur peau bleu d’horizon. Cimetière Saint-Vincent Comme un bonbon frais dans la bouche d’un soldat blessé en juillet et le repos de qui se couche ayant pour un soir son lit fait, le charnier Saint-Vincent s’impose aux amateurs de ce quartier, mais pour ceux-ci et leurs péchés l’avenir n’est pas peint en rose. Pourtant je les crois guerdonnés. — Poésies documentaires complètes
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JEAN TARDIEU •• CHŒUR D’ENFANTS Musique : Gérard Jouannest Interprète : Juliette Gréco Tout ça qui a commencé il faut bien que ça finisse : la maison zon sous l’orage le bateau dans le naufrage le voyageur chez les sauvages. Ce qui s'est manifesté il faut que ça disparaisse : feuilles vertes de l’été espoir jeunesse et beauté an-ci-en-nes vérités. Moralité. Si vous ne voulez rien finir évitez de rien commencer. Si vous ne voulez pas mourir, quelques mois avant de naître faites-vous décommander. — Monsieur Monsieur
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GUILLAUME APOLLINAIRE •• LA BOUCLE RETROUVÉE Musique : Robert Caby Interprète : Kiki de Montparnasse Il retrouve dans sa mémoire La boucle de cheveux châtains T’en souvient-il à n’y point croire De nos deux étranges destins Du boulevard de la Chapelle Du joli Montmartre et d’Auteuil Je me souviens murmure-t-elle Du jour où j’ai franchi ton seuil Il y tomba comme un automne La boucle de mon souvenir Et notre destin qui t’étonne Se joint au jour qui va finir — Calligrammes
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GUILLAUME APOLLINAIRE •• LA BOUCLE RETROUVÉE Musique : Robert Caby Interprète : Marianne Oswald Il retrouve dans sa mémoire La boucle de cheveux châtains T’en souvient-il à n’y point croire De nos deux étranges destins Du boulevard de la Chapelle Du joli Montmartre et d’Auteuil Je me souviens murmure-t-elle Du jour où j’ai franchi ton seuil Il y tomba comme un automne La boucle de mon souvenir Et notre destin qui t’étonne Se joint au jour qui va finir — Calligrammes
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CLAUDE ROY •• LA NUIT Musique : Jacques Douai Interprète : Jacques Douai Elle est venue la nuit de plus loin que la nuit à pas de vent de loup de fougère et de menthe voleuse de parfum impure fausse nuit fille aux cheveux d’écume issue de l’eau dormante Après l’aube la nuit tisseuse de chansons s’endort d’un songe lourd d’astres et de méduses et les jambes mêlées aux fuseaux des saisons veille sur le repos des étoiles confuses Sa main laisse glisser les constellations le sable fabuleux des mondes solitaires la poussière de Dieu et de sa création la semence de feu qui féconde les terres Mais elle vient la nuit de plus loin que la nuit à pas de vent de mer de feu de loup de piège bergère sans troupeaux glaneuse sans épis aveugle aux lèvres d’or qui marche sur la neige. — Poésies
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CHARLES BAUDELAIRE •• ÉLÉVATION Musique : Bertrand Louis Interprète : Bertrand Louis Au-dessus des étangs, au-dessus des vallées, Des montagnes, des bois, des nuages, des mers, Par delà le soleil, par delà les éthers, Par delà les confins des sphères étoilées, Mon esprit, tu te meus avec agilité, Et, comme un bon nageur qui se pâme dans l’onde, Tu sillonnes gaiement l’immensité profonde Avec une indicible et mâle volupté. Envole-toi bien loin de ces miasmes morbides ; Va te purifier dans l’air supérieur, Et bois, comme une pure et divine liqueur, Le feu clair qui remplit les espaces limpides. Derrière les ennuis et les vastes chagrins Qui chargent de leur poids l’existence brumeuse, Heureux celui qui peut d’une aile vigoureuse S’élancer vers les champs lumineux et sereins ; Celui dont les pensers, comme des alouettes, Vers les cieux le matin prennent un libre essor, — Qui plane sur la vie, et comprend sans effort Le langage des fleurs et des choses muettes ! — Les Fleurs du mal
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ÉMILE NELLIGAN •• L’IDIOTE AUX CLOCHES Musique : François Dompierre Interprète : Renée Claude I Elle a voulu trouver les cloches Du Jeudi-Saint sur les chemins ; Elle a saigné ses pieds aux roches À les chercher dans les soirs maints, Ah ! lon lan laire, Elle a meurtri ses pieds aux roches ; On lui disait : « Fouille tes poches. — Nenni, sont vers les cieux romains : Je veux trouver les cloches, cloches, Je veux trouver les cloches Et je les aurai dans mes mains. » Ah ! lon lan laire et lon lan la. II Or vers les heures vespérales Elle allait, solitaire, aux bois. Elle rêvait des cathédrales Et des cloches dans les beffrois ; Ah ! lon lan laire, Elle rêvait des cathédrales, Puis tout à coup, en de fous râles S’élevait tout au loin sa voix : « Je veux trouver les cloches, cloches, Je veux trouver les cloches Et je les aurai dans mes mains. » Ah ! lon lan laire et lon lan la. III Une aube triste, aux routes croches, On la trouva dans un fossé. Dans la nuit du retour des cloches L’idiote avait trépassé ; Ah ! lon lan laire, Dans la nuit du retour des cloches, À leurs métalliques approches, Son rêve d’or fut exaucé : Un ange mit les cloches, cloches Lui mit toutes les cloches, Là-haut, lui mit toutes aux mains. Ah ! lon lan laire et lon lan la. — Poésies complètes
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ARTHUR RIMBAUD •• ROMAN Musique : Léo Ferré Interprète : Julien Clerc I On n’est pas sérieux, quand on a dix-sept ans. — Un beau soir, foin des bocks et de la limonade, Des cafés tapageurs aux lustres éclatants ! — On va sous les tilleuls verts de la promenade. Les tilleuls sentent bon dans les bons soirs de juin ! L’air est parfois si doux, qu’on ferme la paupière ; Le vent chargé de bruits, — la ville n’est pas loin, — A des parfums de vigne et des parfums de bière… II — Voilà qu’on aperçoit un tout petit chiffon D’azur sombre, encadré d’une petite branche, Piqué d’une mauvaise étoile, qui se fond Avec de doux frissons, petite et toute blanche… Nuit de juin ! Dix-sept ans ! — On se laisse griser. La sève est du champagne et vous monte à la tête… On divague ; on se sent aux lèvres un baiser Qui palpite là, comme une petite bête… III Le cœur fou Robinsonne à travers les romans, — Lorsque, dans la clarté d’un pâle réverbère, Passe une demoiselle aux petits airs charmants, Sous l’ombre du faux-col effrayant de son père… Et, comme elle vous trouve immensément naïf, Tout en faisant trotter ses petites bottines, Elle se tourne, alerte et d’un mouvement vif… — Sur vos lèvres alors meurent les cavatines… IV Vous êtes amoureux. Loué jusqu’au mois d’août. Vous êtes amoureux. — Vos sonnets la font rire. Tous vos amis s’en vont, vous êtes mauvais goût. — Puis l’adorée, un soir, a daigné vous écrire… ! — Ce soir-là,… — vous rentrez aux cafés éclatants, Vous demandez des bocks ou de la limonade… — On n’est pas sérieux, quand on a dix-sept ans Et qu’on a des tilleuls verts sur la promenade. — Poésies complètes
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GÉRALD GODIN •• CANTOUQUES ET CIE Musique : Bernard Adamus Interprète : Bernard Adamus beau joual triste faraud tu ne la [re]verras pas de sitôt Mèré Mèré disait-elle avant karize des autres karizdondelle tu n’étais pas que déjà tu n’es plus tu me faisais qui es-tu ma perdue le soir venait de naître était-ce à Mékinac ouatche-toé stun crisse un tabarnaque [il prend] le malheur à bras-le-corps à pic hier, en maudit à soir en hostie demain [avec] le motton tout le temps [il se] tire une touche en attendant tout est laid il pleut des clous la fin de semaine il prend un coup sur un noël abasourdi [il est] muet cinquante pour cent de son cri sur la chanson sale des fonds de cour éperdus de mots cherchant à dire pourquoi puant pays de mes amours on t’aime encore et pour toujours je joue mes freegames sans les compter dans l’air d’automne un amour est passé je monte vers toi muet les bras coupés ouache-[t]oé chu un crisse un tabarbaque — Cantouques et Cie Note : Collage de vers tirés des poèmes À Mary (1-3, 6-9), Cantouque à répondre (5-6, 10, 16-18, 29), Cantouque de la fin de semaine (11-15, 24), C’était un temps (19), Cantouque du soir (20-23), Vers toi (25-28).
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ANNE HÉBERT •• IL Y A CERTAINEMENT QUELQU’UN Musique : Sylvie Paquette Interprète : Sylvie Paquette Il y a certainement quelqu’un Qui m’a tuée Puis s’en est allé Sur la pointe des pieds Sans rompre sa danse parfaite. A oublié de me coucher M’a laissée debout Toute liée Sur le chemin Le cœur dans son coffret ancien Les prunelles pareilles À leur plus pure image d’eau A oublié d’effacer la beauté du monde Autour de moi A oublié de fermer mes yeux avides Et permis leur passion perdue. — Le Tombeau des rois
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RAYMOND QUENEAU •• POUR UN ART POÉTIQUE (EXTRAIT) Musique : Henry Sullivan Interprète : Henri Salvador III Bien placés bien choisis quelques mots font une poésie les mots il suffit qu’on les aime pour écrire un poème on sait pas toujours ce qu’on dit lorsque naît la poésie faut ensuite rechercher le thème pour intituler le poème mais d’autres fois on pleure on rit en écrivant la poésie ça a toujours kékchose d’extrême un poème — L’Instant fatal
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MAURICE FOMBEURE •• LE RETOUR DU SERGENT Musique : Michel Fugain Interprète : Michel Fugain Le sergent s’en revient de guerre, Les pieds gonflés, sifflant du nez. Le sergent s’en revient de guerre Entre les buissons étonnés. [A gagné la croix de Saint-Georges, Les pieds gonflés, sifflant du nez, A gagné la croix de Saint-Georges, Son pécule a sous son bonnet.] Bourre sa pipe en terre rouge, Les pieds gonflés, sifflant du nez, Bourre sa pipe en terre rouge Puis soudain se met à pleurer. Il revoit tous ses copains morts, Les pieds gonflés, sifflant du nez. Il revoit tous ses copains morts Qui sont pourris dans les guérets. Ils ne verront plus leur village, Les pieds gonflés, sifflant du nez. Ils ne verront plus leur village, Ni le calme bleu des fumées. Les fiancées, va, marche ou crève, Les pieds gonflés, sifflant du nez, Envolées comme dans un rêve Les copains s’les sont envoyées. Et le sergent verse une larme, Les pieds gonflés, sifflant du nez. Et le sergent verse une larme Le long des buissons étonnés. — Chansons de la grande hune
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PAUL-JEAN TOULET •• TROTTOIR DE L’ÉLYSÉ’-PALACE… Musique : Fabien Martin Interprète : Fabien Martin XVI Trottoir de l’Élysé’-Palace Dans la nuit en velours Où nos cœurs nous semblaient si lourds Et notre chair si lasse ; Dôme d’étoiles, noble toit, Sur nos âmes brisées, Taxautos des Champs-Élysées, Soyez témoins ; et toi, Sous-sol dont les vapeurs vineuses Encensaient nos adieux — Tandis que lui perlaient aux yeux Ses larmes vénéneuses. — Les Contrerimes
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JEAN RACINE •• ANDROMAQUE (EXTRAIT) Musique : Dan Bigras Interprète : Dan Bigras ORESTE. Grâce aux dieux, mon malheur passe mon espérance ! Oui, je te loue, ô ciel, de ta persévérance ! Appliqué sans relâche au soin de me punir, Au comble des douleurs tu m’as fait parvenir ; Ta haine a pris plaisir à former ma misère ; J’étais né pour servir d’exemple à ta colère, Pour être du malheur un modèle accompli. Eh bien ! je meurs content, et mon sort est rempli. Où sont ces deux amants ? Pour couronner ma joie, Dans leur sang, dans le mien, il faut que je me noie ; L’un et l’autre en mourant je les veux regarder : Réunissons trois cœurs qui n’ont pu s’accorder… Mais quelle épaisse nuit tout à coup m’environne ? De quel côté sortir ? D’où vient que je frissonne ? Quelle horreur me saisit ? Grâce au ciel, j’entrevoi… Dieux ! quels ruisseaux de sang coulent autour de moi ! PYLADE. Ah, seigneur ! ORESTE. Quoi ! Pyrrhus, je te rencontre encore ! Trouverai-je partout un rival que j’abhorre ? Percé de tant de coups, comment t’es-tu sauvé ? Tiens, tiens, voilà le coup que je t’ai réservé. Mais que vois-je ? À mes yeux Hermione l’embrasse ! Elle vient l’arracher au coup qui le menace ! Dieux ! quels affreux regards elle jette sur moi ! Quels démons ! quels serpents traîne-t-elle après soi ? Eh bien ! filles d’enfer, vos mains sont-elles prêtes ? Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ? À qui destinez-vous l’appareil qui vous suit ? Venez-vous m’enlever dans l’éternelle nuit ? Venez, à vos fureurs Oreste s’abandonne. Mais non, retirez-vous, laissez faire Hermione : L’ingrate mieux que vous saura me déchirer ; Et je lui porte enfin mon cœur à dévorer. — Andromaque, acte V, scène V
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