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Ivan Aivazovski, Yalta, 1899
« Le Tombeau du poÚte
DerriĂšre ce mort seule et dans la crainte
LâĂąme se traĂźnait jusquâĂ ses ultimes forces,
A moi sâoffrait lâimmortelle perspective
Des tombeaux qui disparaissent dans le passé.
Feuilles, herbes - tout cela demeurait par trop vivant,
Comme si quelquâun avait posĂ© une loupe
Sur ce monde au mouvement trouble,
Sur ce filet de veines qui battent.
Je rentrai chez moi, me lavai les mains
Et me couchai, fermai les yeux. Dans un vague bruit
Elle a pĂ©nĂ©trĂ© par la fenĂȘtre de la chambre,
Et sous le crĂ©puscule menaçant comme avant lâorage,
Sans aucune immortalité, triviale
Et nu se tenait la mort, la seule mort »
ArsĂ©ni Tarvovski, Lâavenir seul
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« Jâai laissĂ© tomber la psychanalyse. Je ne sais pas pour combien de temps. Je vais trĂšs mal. Je ne sais pas si je suis nĂ©vrosĂ©e, ça mâest Ă©gal. Jâai simplement une sensation dâabandon absolu. De solitude absolue. Je me sens toute petite, une toute petite fille. Et tout le monde mâabandonne. Absolument tout le monde. A prĂ©sent, ma solitude est faite de chimĂšres amoureuses, dâhallucinations⊠Je rĂȘve dâune enfance que je nâai pas eue, et je me revois heureuse - moi, qui ne lâai jamais Ă©tĂ©. Quand je sors de ces rĂȘves, je nâexiste plus au regard de la rĂ©alitĂ© extĂ©rieure et prĂ©sente. Il nây a jamais eu autant de distance entre mon rĂȘve et mon action. Je ne sors pas je nâappelle personne. Je purge une Ă©trange pĂ©nitence. Mon coeur me fait funestement souffrir. Tant de solitude. Tant de dĂ©sir. Et la famille qui e tourne autour, qui pĂšse avec ses horribles problĂšmes quotidiens. Mais je ne les vois pas. Câest comme sâils nâexistaient pas. Quand ils sâapprochent de moi, je sens des ombres qui mâennuient. Jâai envie de pleurer. Je le fais. Je pleure parce quâil nây a pas dâĂȘtre magiques. Mon ĂȘtre ne tremble devant aucun nom, devant aucun regard. Tout est pauvre et vide de sens. Ne disons pas que je suis coupable de cela. Ne parlons pas de coupables. Jâai pensĂ© Ă la folie. Jâai pleurĂ© en implorant le Ciel de devenir folle. Ne plus jamais sortir des rĂȘves. Câest mon image du paradis. Je nâĂ©cris presque pas dâailleurs. Il y a pourtant un dĂ©sir dâĂ©quilibre. Un dĂ©sir de faire quelque chose de ma solitude. Une solitude orgueilleuse, industrieuse et forte. Ătudier, Ă©crire, me distraire. Tout ça, seule. IndiffĂ©rente Ă tout et Ă tous » Alejandra Pizarnik, Journaux, 3 janvier 1959.
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