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Canicule
Il fait beaucoup trop chaud, c’est la canicule, c’est tous les étés maintenant, 45°, ressenti 220, je suis aplatie par la chaleur, séchée. J’ai beau ne pas bouger, rester allongée devant le ventilateur, je transpire quand même, il me semble que mon matelas prend feu, que mes draps sont calcinés, tout est bouillant, j’ai mal au crâne, je pars me doucher. Je m’assois sur le carrelage, je laisse couler l’eau longtemps, elle sort tiède du pommeau, il lui faut quelques instants pour redevenir froide, je n’ai pas la force de me laver, je reste immobile, la tête sous le flot glacé. Le ruissellement vient tomber sur mes seins, mes tétons durcissent, c’est presque douloureux, ils reprennent vie, je les sens s’animer, j’écarte les cuisses, les genoux pliés, pour que l’eau vienne couler entre mes cuisses. C’est l’orage, la rencontre du très chaud et du congelé, tout se recroqueville, je peux cartographier le tracé du torrent, de ma tête à mon cul, chaque centimètre de peau, chaque millimètre de muqueuse, le choc thermique me sort de ma torpeur et m’excite.
J’attrape le pommeau, je promène le jet le long de mon corps maintenant, tant pis pour ma migraine, le froid mord ma peau, la brûle, tout fond. J’insiste sur l’arrière de mes cuisses, c’est comme un courant électrique, comme une torture que je m’inflige, des aiguilles qui viennent me piquer, sous les fesses, près de ma chatte, je module l’intensité du jet, je cherche le réglage parfait. Je pousse sur un taquet, et le jet devient brutal, sauvage, c’est le réglage massage, auquel personne ne croit, comme ces godemichets qu’on promène sur une joue dans les catalogues de VPC, c’est le réglage branlette, tout le monde le sait. Je joue à me faire peur, je l’approche de mes lèvres, je recule, je le passe sur mes seins qui se creusent sur son passage, je crée un lac entre mon aine et mon pubis, je passe le jet sur mes épaules, je fais vibrer mes bourrelets.
Je me laisse le temps du désir car je connais la suite, je connais mon corps, les angles et puis la pression, je sais me faire jouir en 12 secondes, alors je me fais languir. Je m’imagine dans un de ces bars du Marais, où de très jolis garçons viennent se doucher en public, pour faire bander d’autres jolis garçons. Ce soir c’est moi la vedette, c’est moi le spectacle, j’aime me raconter que je suis regardée, épiée, je veux voir des ombres se toucher derrière la vitre de la cabine, je veux me faire jouir sans être touchée, juste portée par les désirs de ces inconnu-e-s que j’aime imaginer.
Le froid commence à anesthésier ma peau, je monte un peu la température, je baisse l’intensité du jet, je masse mes lèvres, elles s’écartent sous la pression, mon clitoris est malmené, je cale le pommeau entre mes cuisses, je le serre, je le bloque, j’ai l’impression d’avoir revêtu mon strap-on le plus élégant, je branle l’aluminium du manche comme une queue fantastique, chaque mouvement fait palpiter ma chatte, chaque branlée me fait sursauter, je suis prête. Je repasse en mode sauvage, l’eau me défonce, je trouve l’angle parfait, à droite, juste là, juste en dessous, tout se crispe, je jouis une première fois, comme pour du beure, je ne relâche rien, j’enchaîne les orgasmes puissants, trois ou quatre, avant que mes mains ne laissent échapper ma bite imaginaire, que mes genoux s’écroulent, que ma migraine ne revienne frapper un peu plus fort, mon cœur dans la paupière.
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Le blocage
Je sais pas quoi faire de ses cheveux, y’en a trop, y’en a partout, j’ai l’impression que je suis maladroite, je les coince sous mes coudes, je vois bien que ca lui fait mal, j’en ai plein la bouche quand j’embrasse son cou, j’ai l’impression que je me perds dans sa crinière, help. Y’a les boutons de sa chemise aussi, j’ai voulu faire la reine en les faisant sauter à deux doigts, mais j’ai du rendre mon sceptre et utiliser mes deux mains, c’est comme si les fentes étaient trop petites, je galère comme une bleue, si je coince la fermeture éclair de son jean je me casse, ca sera le signe de l’apocalypse. Pourtant c’est pas ma première fois, j’ai déjà vu des gens tous nus, j’ai envie de la rassurer, de lui dire que je vais me reprendre, que je vais y arriver. Elle n’a pas l’air trop perturbée, en tout cas elle ne dit rien , elle préserve ma fierté, elle est belle, lascive sur ma couette Ikea, merde elle a encore ses chaussures, est ce que je fois lui dire de les enlever ? J’ai commencé les réjouissances en coinçant mon septum dans sa chaîne, grosse ambiance, je suis le Benny Hill du cul, la Bigard du sexe, est ce que c’est ca que les mecs cis ressentent quand ils arrivent pas à bander ?
Elle m’aide un peu, elle enlève sa chemise, en dessous, un débardeur, ok, ca je peux gérer, j’ai l’impression qu’elle porte pas de soutif, la météo se lève, je prévois des éclaircies entre ses cuisses dans 7 à 10 minutes, j’ai coince ses cheveux dans mon poing, j’espère que c’est sexy. Faut juste que j’arrête de me cogner à ses branches de lunettes dès que je l’embrasse et j’aurai la situation 100% sous contrôle, remarque je peux peut-être lui enlever, mais elle a envie de voir ce qu’il se passe, ou alors je dois lui proposer, merde, je fais quoi moi, j’ai pas de lunettes et si j’en avais je les enlèverai, ok, bon, je lui laisse ses lunettes. Elle a toujours ses chaussures, du coup j’hésite à attaquer le bouton de son jean, parce qu’elle aura l’air maline avec son fut roulé sur ses baskets, elle est pas super organisée quand même, ou alors c’est un signal ? elle a pas envie en fait ? c’est ca les chaussures ? Elle fait gaffe de pas les poser sur le drap, ses pieds dépassent du lit, c’est donc qu’elle a conscience de ses pieds, je veux dire elle a pas oublié qu’elle en avait, transportée par la passion et par mes dons. Enfin je crois que j’ai jamais oublié que j’avais des pieds en fait, donc c’est un peu con.
J’enlève son débardeur sans trop d’embrouilles, son téton droit est percé, sexy as fuck, ok, elle prend ma tête entre ses mains, elle me dirige vers son sein, l’autre. Je m’applique, ca lui plaît, elle respire un peu plus fort, je sens ses cuisses se serrer sur mon genou, alors je me redresse un peu pour qu’elle me sente encore mieux. J’ai retrouvé mon game, j’enchaîne les passes, je me perds autour de son nombril, je l’embrasse, je la lèche, j’effleure ses flans, elle se cambre, elle a toujours ses chaussures, je ne sais pas quoi faire. Je fais ce truc un peu timide d’embrasser sa chatte à travers la toile de son jean, comme pour lui indiquer que j’irai bien, mais que j’ose point, je crois que le message se perd dans la traduction, elle doit penser que je veux l’exciter, elle appuie ses mains sur mon crâne pour que ma bouche s’enfonce un peu plus, je me râpe le nez sur le tissu élimé. Ok en fait je vais dire un truc pour les chaussures non, parce que là ca devient ridicule, je pense plus qu’à ca, aux 120 interprétations du pourquoi la meuf garde ses Air Max alors que je veux lui bouffer la chatte, je pourrais en faire une encyclopédie, est-elle fétichiste, est-elle crado, est-elle pudique des pieds ? ces questions commencent à me préoccuper plus que la douceur de sa peau, c’est qu’il y a un sérieux problème dans l’ordre de mes priorités.
Je remonte vers sa tête, je me pose à côté d’elle, on s’embrasse un moment, elle se serre contre moi, on est repassées en mode câlin, je caresse ses bras. Ok je vais lui dire, hey au fait, tu peux enlever tes pompes ahah, genre naturelle, genre je viens pas de bloquer pendant 39 minutes sur le fait que tu ne les as pas enlevées. J’ouvre la bouche, et tout ce qui sort c’est « ah bah si tu veux je peux t’apporter quelque chose à boire », me demandez pas pourquoi, j’ai eu un bug, elle dit ouais ok. Alors je me lève, je sors de la chambre, je passe à la cuisine, je prends une bouteille d’eau, je repars vers la chambre et puis je me ravise, une meuf qui enlève pas ses chaussures c’est surement une meuf qui boit pas à la bouteille, je chope donc des verres. Je pousse la porte de ma chambre avec mon coude pour ne rien faire tomber, et je la trouve entièrement déshabillée, chaussures comprises, les jambes écartées, en train de se branler. Comme quoi. Peut-être qu’elle avait soif. Ou peut-être qu’il faut que j’arrête de penser.
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L’ellipse
Je sais pas si j’y vais. Putain je sais pas si j’y vais. Je suis devant la porte entrouverte de cet inconnu à l’exact opposé de chez moi, il est presque 23h, j’ai claqué trop de tunes dans un taxi, je suis juste devant et je sais pas. On est vendredi soir, j’avais pas envie de sortir, j’étais sur mon canapé, je glandais sur un site de rencontres en regardant des vidéos de gourous américains qui t’expliquent comment optimiser ton matin, je me suis emballée. J’ai commencé à parler avec ce gars, il est très joli, faut se dire ca, il est vraiment tout à fait à mon goût, avec des cils longs comme des spaghettis pas cuits, et des poils plein le torse, juste assez pour que mes doigts puissent s’y accrocher. Il est pas trop con, enfin, j’ai pas trop cherché à creuser, il est juste pas désagréable, mais surtout très joli, je crois que je l’ai déjà dit. On passe rapidement sur WhatsApp, d’ailleurs j’ai jamais compris cette arnaque, on demande maintenant si on a WhatsApp, au lieu de demander son 06, alors qu’en fait on demande le 06, bref, autres temps, autres manières de se faire draguer, j’ai arrêté de chercher à capter.
Il me bombarde de photos, de vidéos, il est réel, il dit mon nom, il se met les doigts dans le nez pour me prouver qu’il est bien celui qu’il prétend être, c’est mon petit test perso, pas le temps de me faire catfisher, je déteste la publicité mensongère, j’envoie volontiers mes bourrelets et mes angles les moins flatteurs, j’attends qu’on me rende la même politesse. Il me chauffe, ca fonctionne, les échanges deviennent plus précis, il me propose de venir chez moi, de traverser Paris vite fait et d’atterrir dans mon lit. Je suis pas contre l’idée, on sait pourquoi on est là, on sait ce qu’on attend, le week-end commence bien. Je dois dire oui trop vite, il doit penser que je suis prête à tout, alors il me propose de l’attendre les yeux bandés, de me laisser faire, il repartira sans qu’on se soit vus, c’est excitant non ? Alors non pas du tout, enfin moi ca me pétrifie, de savoir que ma porte est ouverte, que tu peux venir avec tes potes, me filmer, ou peut-être que c’est ton voisin Jean-Boris qui va me niquer, que tu fais juste le Cyrano pour tes potes moins bien montés, no way, je veux de la lumière je veux de la sécurité. Ca jette un froid dans nos promesses d’ébats, tu me fais pas confiance, tu vois bien que c’est moi, t’as mon numéro de téléphone, je vais pas te faire de mal, ca négocie sec mais je ne bouge pas, je jouis pas quand j’ai peur, tu peux rester chez toi. Il est malin, c’est toi qui vient alors, c’est moi qui me bande les yeux, c’est toi qui contrôle tout, c’est moi qui prend le risque, et je ne sais pas pourquoi, mais ca me semble tout à fait bien, une solution acceptable, un compromis optimal. J’accepte. Je saute dans ma douche, enfin surtout pour me laver le cul, je suis encore maquillée, j’ai pas le temps de recommencer. Quelques minutes plus tard, je suis déjà dans un taxi.
Le chauffeur est sympa, on papote, il me taquine un peu, il me demande où je peux bien aller à cette heure de la nuit, je dis à moitié la vérité, ca le fait marrer, le temps passe vite, le périph roule comme jamais, j’ai pas le temps de réfléchir, mon téléphone vibre toutes les 5 minutes, c’est lui qui continue à me teaser. Il m’explique comment son appartement est fait, dans quelle tenue il m’attend, il me donne les codes, l’interphone, il m’envoie une dernière photo, c’est lui avec un bandeau noir entre les dents. Miam. On arrive, mon conducteur me souhaite bonne chance avec un sourire en coin. J’allume une cigarette, il me faut ca avant de monter, et je ne sais pas si c’est la nicotine, ou la pluie qui commence à tomber, mais je me mets à flipper. Et si son plan des le début, c’était de m’attirer chez lui, et si ils étaient 10, et si son appart était blindé de caméras, et si il me découpait en morceaux, j’ai même pas pris un couteau. C’est cette histoire de bandeau, ca m’a perturbé, d’habitude je me pose moins de questions, c’est comme si je réalisais à cause de ce morceau de tissu tous les risques que je prends à baiser avec des inconnus. J’écrase ma clope, je fais le premier code. Dans le hall, je prends en photo les boîtes aux lettres, je ne sais pas pourquoi, je me les envoie par mail, comme si ca laissait une preuve, c’est n’importe quoi. Je sonne à l’interphone, un bip débloque la porte, il ne me parle pas, le scénario commence. Je rentre dans l’ascenseur, je me fais un pari, si on monte au 3ème en moins de 20 secondes j’y vais, si c’est plus je me barre en courant, et puis j’oublie de compter et je suis déjà sur le palier.
La porte est bien entrouverte, l’intérieur de l’appartement est noir, on ne distingue rien. Il doit m’attendre dans sa chambre, au bout du couloir à droite, je relis nos échanges, je pousse la porte d’entrée, je rentre, je ne la referme pas, je me laisse cette ouverture magique, j’essaie de regarder les affiches au mur, le bordel, les clés qui traînent, tout est d’une grande normalité. J’avance de quelques pas, il doit savoir que je suis là, mes pas ne sont pas discrets sur le plancher, ca grince, je respire fort, il ne dit rien pourtant, je suis maintenant devant la porte grande ouverte de la chambre, il fait si noir, je dis je suis là, il me dit bah vient, j’ose pas, on reste quelques instants là, je n’arrive pas à avancer, je m’habitue à l’obscurité, je distingue mieux son corps maintenant, les poils, le bandeau sur les yeux, les boucles de ses cheveux. Je ne peux pas, je ne sais pas pourquoi, je ne peux pas, j’ai l’impression que je vais toucher un mec endormi qui ne m’a rien demandé, je ne veux plus, je dis je vais partir en fait, je le sens pas, il se redresse, il allume la lumière de sa table de chevet. Je le reconnais bien, il est toujours joli, il sourit, il n’est pas nu, il a triché, il me propose de prendre un verre, t’as pas fait tout ce chemin pour rien. On passe dans sa cuisine, il est graphiste en fait, ce tableau tu vois, c’était son projet de fin d’études, tu préfères quoi comme vin ?
En marchant vers le métro, le lendemain matin, j’ai tout Paris qui me porte, les oiseaux chantent, je me sens invincible, je ne sais pas si c’est d’avoir chopé un mignon pas con, les trois orgasmes successifs ou juste le soulagement d’être encore en vie malgré mes conneries.
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BDSM
Je sais pas bien comment le BDSM a commencé à être le nouvel indicateur de tendance de nos libidos. C’est comme si par magie, un matin, on s’était tous et toutes retrouvées chez Décathlon pour acheter des cravaches et des cordes d’escalades. Ca devenait la question obligatoire des rencontres virtuelles, alors toi, t’es plutôt soumise, t’es plutôt top véner ? Si tu couches avec des mecs cis, c’est encore pire, ils sont tous persuadés que leur bite leur permet de se déclarer dominateurs expérimentés certification Christian Grey, ils te promettent le grand frisson en toute sécurité, alors qu’ils savent juste se balader sur Youporn avec le tag « fessée » ou « levrette claquée ». J’en ai croisé quelques uns, des maîtres Jean-Claude-j’ai-un-donjon-dans-mon-garage, qui te demandent de les vouvoyer et de devenir leur employée de maison, de leur sucer la bite sur commande et de briquer les chromes de la Xantia en collier de cuir, sans qu’ils soient doués d’aucune imagination, trop sûrs de leur privilège pour s’apercevoir du ridicule de leurs propositions. Ca marche avec certaines, ils ont donc raison de s’entêter, le BDSM donne aux femmes cette fausse impression de sécurité, il comble le manque d’amour, on appartient enfin à quelqu’un qui ne peut pas nous abandonner. La domination devient alors le reflet de nos rôles genrés et de leurs névroses, rien de neuf, rien de bandant, de la tristesse pendue à la chaîne installée pour suspendre Monique dans le salon.
Mêmes les mecs cis soumis cherchent à dominer finalement, ils veulent bien se faire pisser dessus, mais pas enculer, ils veulent bien se faire fister le cul, mais pas se faire broyer les couilles, ils commandent à la carte leur petit menu, pas de négociation, c’est à prendre ou à laisser, ils trouveront bien quelqu’une d’autre pour exécuter parfaitement la chorégraphie qu’ils ont fantasmé. Il ne s’agit pas de rogner sur leur consentement, le D/s est à priori une école de respect, en tout ca c’est ce que la légende raconte, mais ce n’est pas un drive-in, pour des prestations choisies, mieux vaut s’adresser à des professionnelles qui pourront vous proposer des tarifs adaptés. Les inconnues que vous croisez sur Internet n’ont que faire de vos agendas, 13h je me fais traiter de petite chienne par Amanda, 15h réunion de stratégie en visio avec l’équipe de Limoges, 18h je passe prendre une baguette pour avoir l’air de participer aux travaux ménagers avant de rentrer m’écrouler dans le canapé du foyer. Le BDSM est une relation comme les autres, avec son apprentissage, son acclimatation, ses difficultés de communication, il s’adapte à chacun-e, il exige du temps, de la confiance et du respect. Un peu comme en amour, il faut gratter sous le vernis des premières dates, des promesses, pour voir à qui on vient se frotter, éviter de se laisser attacher sur une aire d’autoroute par le premier soupirant rencontré.
Je n’ai pas d’avis sur les pratiques BDSM, je n’ai pas à en avoir, chacun-e fait bien ce qu’il veut, j’ai un avis sur la sexualité en général, de ce qu’elle dit de nos failles, de nos histoires, de nos positions en société. Je m’agace de voir le cuir et la violence proposés comme libérateurs, comme nouvelle forme de progrès, comme féministe presque, comme passage obligé vers la libération des opprimées. On se libère très bien pas la douceur, on se libère parfaitement sans sexualité, le désir est une chose compliquée, violente souvent, profondément ancrée dans nos ventres, dans le plus intime et le plus secret. J’admire les quelques personnes qui vivent un BDSM éthique, soucieux de leurs partenaires, ce sont souvent des ami-e-s fidèles et des oreilles attentionnées, des personnes joyeuses et inventives, bien loin des clichés noirs et rouges, cuir et boule dans la bouche.
Un de mes souvenirs les plus érotico-émouvant se passe dans une soirée parisienne bien connue pour son public averti, on y sort en grandes pompes son soumis, on y attache en public sa soumise pour des démonstrations expertes de fouet, on y croise des zentaï, des furrys, tout ce petit monde s’autorise pour un soir à vivre sa bizarrerie. J’y vais pour le folklore, parce que tout ce monde est joli, j’y vais pour accompagner des amies qui performent ce soir là, elles se moulent l’une à l’autre dans le plâtre avant d’être découpées par un faux Hannibal Lecter, c’est drôle et un peu sexy. Au sous-sol, forcément plus sombre, une femme a attaché son soumis à un tuyau, il est momifié, tout couvert de cordes, son visage est recouvert d’une cagoule en latex, il respire par une paille, il fait 40°, elle tire sur ses tétons avec une pince en acier. Je les regarde depuis plusieurs minutes, quand l’homme secoue plusieurs fois sa tête de haut en bas, et d’un coup, sa dominatrice le libère, elle a juste à tirer sur un nœud précis pour que l’édifice de chanvre s’écroule. Elle arrache la cagoule, libère les menottes, et allonge son ami, prenant sa tête sur ses genoux, elle lui caresse les cheveux, elle semble le récompenser, lui dire des mots gentils, le rassurer. Elle était si dure il y a un instant, si impressionnante, elle n’est maintenant qu’attention et petits câlins mignons, elle masse avec des mains gantées les traces des liens sur le torse de son cobaye, ils sont dans une bulle, ils ne sont plus en représentation, le jeu s’arrête pour les laisser d’accorder du temps, de la douceur et de l’émotion. A côtés d’eux, d’autres jouent encore à des choses bien plus hard, mais cela ne les perturbe pas, ils restent longtemps allongés là, comme un piéta un peu particulière, la maîtresse et son amant sont à terre.
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L’alien
Ca me fait toujours peur de coucher avec des gens que j’aime. Comme si j’allais tomber d’une falaise, comme si j’allais tout montrer d’un coup, comme si tout pouvait foirer. C’est compliqué d’aimer tout court, mais s’il faut en plus que les chairs se répondent et se comprennent, il me semble qu’on est dans le domaine de la science-fiction, que ca ne peut pas exister, le fameux accord parfait. C’est souvent l’un ou l’autre pour moi, le frisson fugace et violent d’un corps inconnu, ou l’amour contemplatif d’une personne montée sur un piédestal, inatteignable et forcément fantasmée. J’ai souvent raté les premières fois avec mes amours, transformée en un baiser en planche de bois, incapable de bouger, de toucher, ou même de respirer. Tout le monde rate, il paraît, c’est normal, c’est comme la première crêpe, il faut la jeter. Parfois il n’y a qu’une seule crêpe, et tu passes ta vie à regretter.
Je suis trop jeune, je viens de découvrir que mon corps n’était pas dégueulasse, je viens de comprendre que mes gros seins me faisaient remarquer, j’abuse des décolletés, je cherche à valider ma nouvelle sensualité par n’importe qui, j’ai tellement besoin d’exister, je rattrape mon adolescence passée à être la copine grosse et moche en un été. Il n’y a pas pas pire cocktail qu’une ville au soleil, une estime de soi dans les chaussettes, et les premiers orgasmes qui te donnent enfin l’impression de pouvoir respirer. Je rencontre beaucoup, je me laisse draguer, je me sens puissante de toute cette attention, je me sens normale, moi aussi j’ai des histoires à raconter. Je suis une proie facile, j’enchaîne les situations qu’il me faudra 10 ans de féminisme à reconnaître comme violentes et abusives. Je suis une grosse oie blanche prête à fourrer, c’est Noël pour les crevards, mais je ne le vois pas, toute concentrée à célébrer la Samantha en moi.
Un soir, dans un énième bar, dans une énième semi-ébriété, tout change quand je rencontre ce mec un peu moche, qui me parle de son été dans le désert, près d’un lac salé, qui me montre des photos des monstres qu’il tricote avec des sacs en plastique, c’est pas du tout le genre de gars qui me donne envie de m’allonger, il ne respire pas la virilité, il est chelou, gentil, trop doux pour être vrai. Alors je ne rentre pas avec lui, mais il me laisse son mail, je mets quelques jours à lui écrire, il met une semaine à me répondre, je rafraîchis ma boîte toutes les 30 secondes, j’arrête de sortir, je suis bloquée, je veux juste le voir, mon cerveau vient de switcher. On s’écrit beaucoup, on échange des poèmes de Neruda, il dessine des pays qu’on ira visiter, il ne propose jamais qu’on se voit. Je n’ose pas demander, je pense qu’il n’en a pas vraiment envie, j’énumère dans ma tête la litanie de mes défauts, je fume jusqu’à ce que mon écran devienne jaune, j’attends, je rêve, je tombe amoureuse de cet alien.
Un matin, alors qu’on a passé toute la nuit à se parler, il me donne enfin rendez-vous, sous les bulles de la République, il n’en dit pas plus, je mets deux heures à comprendre, puis deux heures à choisir comment m’habiller. Je l’attends devant ce bar, il arrive en retard, il me fait la bise, il me demande de le suivre, je pensais boire un verre, me voilà partie pour une randonnée, on monte par les petites rues, je marche derrière lui, au bout d’un moment je ne sais même plus où je suis. Il s’arrête devant une porte d’immeuble, il tape le code, on entre dans un cour, il se retourne vers moi et m’embrasse, enfin. Je ne comprends plus rien. On est pas chez lui, on est chez un pote à lui, parce qu’il n’osait pas me le dire, mais il est marié, j’ai même pas le temps de me réjouir de ce baiser que je suis devenue l’autre femme, la maîtresse, je dis que c’est pas grave, que je m’en doutais, je souris. Au fond tout se brise, tout se casse, je n’ai pas l’âge d’envisager mes relations autrement que passionnées et monogames, d’ailleurs il ne s’agit pas de cela, juste d’un homme qui trompe sa femme.
Ca fait trop d’un coup, aujourd’hui je m’en irai, mais je reste, persuadée de l’aimer, pressée de voir ce que les prochaines heures vont me faire vivre, excitée à l’idée de ce rencard secret. On monte, je me tais, lui aussi, il me tend un verre d’eau, un silence s’installe, il m’entraîne jusqu’au lit. J’ai répété ce moment dans ma tête toutes ces semaines, je me suis préparée des chorégraphies, je veux le rendre dingue de moi, je veux qu’il oublie sa femme et son autre vie. Ca devrait être fluide, comme nos conversations, comme nos rires, ca devrait être facile, mais ca ne l’est pas. Je suis paralysée, coincée entre le fantasme de ce type tombé du ciel pour me sauver, et la réalité moche d’un 5 à 7 dans une garçonnière empruntée. Je crois tellement l’aimer, je crois tellement qu’il m’aime, mais tout mon credo est resté au rez-de-chaussée. Il ne reste que ma chair sur le drap gris, son corps malingre, tout me semble froid et dur, sa langue me pique et ses ongles me griffent. J’ai envie d’aller jusqu’au bout, je n’envisage pas d’autres sorties, il faut que les réalités se rejoignent, il faut que je comprenne. Il me semble que je couche avec un robot, tout n’est que saccades, chocs et bruits de dents, je ne sais plus me mouvoir, j’ai oublié comment on faisait, je ne le touche presque pas, c’est lui qui s’affaire au dessus de moi comme si j’étais une expérience scientifique, il soupèse, il se souvient parfois que j’existe et plaque des baisers trop humides sur mes joues glacées. Il me semble que je nous regarde, assise à côté du lit, comme dans ce film. Je ne regrette pas d’être là. C’est comme un sacrifice, une épreuve pour me souvenir, pour me méfier à l’avenir, mais aussi pour célébrer l’amour que j’ai cultivé, même sans réponse, même pour rien, je n’aime pas gâcher.
Ca ne dure pas longtemps. Je prends une douche. Il est rhabillé quand je sors de la salle de bain, les clés à la main. Il n’y aura pas de dédales dans les petites rues pour repartir, il m’indique le métro le plus proche, il promet de m’écrire. Il ne m’embrasse pas en public, il me dit qu’il a peur d’être vu, il part dans l’autre sens. Je reste un bon moment plantée là, sur le trottoir, à me demander ce qu’il vient de se passer. Je ne le reverrai pas, il essaiera longtemps. Je lui ferai croire parfois, que tout était parfait, que je veux recommencer, car je reste encore amoureuse de celui qui m’écrit, de cet alien fantasmé qui n’existera jamais.
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Le club
Je rentre dans le club et je sais très bien ce que je viens y chercher. Du sale, du rapide, des corps sans visages, des membres sous plastique, je veux juste me frotter d’un peu plus près au vice, faire taire ce truc qui me consume depuis trois jours, cette béance absolue qui se réveille lorsque j’enchaîne les mauvaises lunes. C’est moche à l’intérieur, c’est kitsch, il y a des lampions, des tableaux phosphorescents de scènes pornographiques, ca sent le caoutchouc sec et la bière triste. Au centre de la première pièce, un buffet métallique comme à la cantine, on peut venir entre deux levrettes se servir une louche de macédoine de légumes industriels, une tranche de poulet aggloméré sur une assiette en carton aux motifs désuets, quelques tables autour, quelques couples assis qui commentent les nouvelles entrées. A première vue, je fais perdre 30 ans à la moyenne d’âge ce soir, les cheveux sont décolorés tirant vers le bleu, les vestes de costume datent du mariage de la petite, tout le monde est sur son 31, tout le monde pense pouvoir séduire.
Il faut traverser la cantine, puis la piste de danse pour arriver à l’escalier, celui qui conduit vers les coins câlins, ces alcôves tristes au matelas qui glissent. Je n’ai pas de temps à perdre, j’espère que la pêche sera meilleure, je me fous de l’âge ou de l’allure de mon partenaire, mais je refuse de me laisser assaillir par des Jean Jacques qui sentent la mayonnaise et qui peinent à bander. J’ai pas le temps, je l’ai déjà dit, il me faut du mort de faim prêt à dégainer. Je monte les escaliers et derrière moi je sens que ca s’agite, c’est le jeu de ces endroits, une femme qui erre c’est qu’elle cherche quelque chose, alors on la suit, dans l’espoir de la palper ou de regarder, parce qu’avec un peu de chance on pourra attraper un sein, laisser traîner un doigt. Le consentement c’est pas vraiment leur fort, ils ont beau le crier partout, qu’on peut venir pour ne rien faire, que tout est permis, même de refuser, en réalité les mecs cis libertins sont souvent à l’affût de la moindre opportunité, du moindre carré de chair, il faut rentabiliser la soirée, ici ils paient plus cher pour rentrer, les chattes c’est gratuit, c’est elles le produit.
Je sais tout ca, c’est pour ca que moi aussi, je capitalise mon temps passé ici, je ne veux pas m’attarder, j’ai juste le temps de mon rush d’adrénaline, il faut que je sois sortie juste avant la redescente. Si j’ouvre les yeux au milieu, je vais voir les tâches sur la moquette, je vais voir le grotesque des ces humains qui payent pour se monter dessus, comme des animaux affamés, comme moi, comme eux, je verrai que je suis aussi triste, aussi paumée. Plus tard, ca viendra, comme une vague de boue une fois rentrée. Pour l’instant je suis aux aguets, la plupart des espaces sont fermés, on entend des râles, des cris, ca baise, quelques voyeurs se branlent devant les portes, je les frôle dans le couloir, je regarde leur queue, je les toise. Je veux qu’ils comprennent que je ne me ferai pas prier, que je suis disposée à me faire prendre sans cérémonie, je veux qu’ils abandonnent l’idée de m’offrir un mauvais cocktail et de me donner leur faux prénom, j’ai pas le temps, tic-toc, j’ai peur d’exploser.
Je trouve un matelas libre, juste avant les toilettes, ca rajoute un peu de cachet à l’aventure, ca sent le désinfectant, le mec qui s’occupe de ramasser les poubelles à capotes me fait signe, il vient de passer un coup de lingette, je peux y aller. Je m’installe, ca colle encore un peu, mes genoux s’enfoncent, je relève mon cul, je ferme les yeux. J’attends. La bande son, c’est la plus grande discothèque du monde volume années 80, c’est Daddy Cool remixé par ton cousin, ca me fait rire, je vais me faire démonter sur Les Démons de Minuit, je suis à deux doigts de me barrer, je sens ma précieuse réserve à adrénaline se fissurer. Une main se pose sur mon cul. Enfin. Je la sens se rapprocher de ma chatte, je l’attrape entre me cuisses. Je dis non, juste ta bite. Il y a comme un flottement. Je sens que ca s’excite derrière moi, je ne veux pas me retourner, si je regarde, tout est gâché, je vais me barrer en courant. Ils doivent être quelques uns à se branler sur mon gros cul, je les imagine, ca suffit à m’exciter. J’entends le bruit d’un emballage qu’on déchire, ma main est toujours sur ma chatte, un pénis vient cogner sur mes doigts, je l’entoure, je m’assure qu’il est couvert d’un préservatif. Je laisse ma main à la base de sa verge, je serre le latex entre mes doigts pour qu’il ne puisse pas s’échapper, et je le guide vers mon vagin. C’est moi qui décide. C’est moi qui bouge sur ce gode de chair, sur cet inconnu qui ne sait pas qu’il ne va servir qu’à ca. Il essaie bien, dès que ses jambes bougent, je me dérobe, il s’échoue dans mon aine. Au bout de quelques fois, il comprend, il me laisse faire. Je fais comme je le sens. Je m’enfonce complétement, je roule un peu des hanches, je me retire puis je le reprends. Cela dure quelques minutes, avant que je ne l’autorise à me baiser vraiment. Quelques secondes, quelques coups maladroits, trop forts, trop prêts à éjaculer, qui me permettent quand même de me faire jouir en me touchant le clitoris. Il beugle, j’aurai préféré qu’il se taise, comme si sa voix me donnait un indice donc je me passerais bien. J’attrape sa bite une dernière fois, pour vérifier que la protection est toujours là. Parfait. Je la laisse. Je dis, barre toi. Il rigole. Il me dit retourne toi. Je dis barre toi. Mes yeux sont toujours fermés. Derrière ca rigole. OK.
Je me laisse admirer quelques minutes, enfin c’est ce que j’imagine, je ne vois toujours rien, j’attends que les bruits se taisent un peu, j’attends que le petit groupe des pervers voyeurs trace sa route vers des aventures plus exotiques. A côté ca se met à gueuler, ca m’arrange, quelqu’une d’autre assure le spectacle on dirait. Je me relève, je prends grand soin de ne rien voir, mon regard baissé, je passe aux toilettes pour une dernière inspection, tout est bon. Je reprends le couloir, je ne regarde que la moquette, je marche le plus vite possible, évitant les corps que je veux garder anonymes. Je descends les escaliers, je trace, j’évite le buffet, les desserts sont servis, fraisier et mousse au chocolat, pas pour moi. Au vestiaire, on me demande pourquoi je pars déjà. Parce que j’ai joui, parce que je regrette déjà, parce que j’ai envie de me doucher trois fois, et de me toucher en pensant à ce que je viens de faire. Je dis juste que je suis pressée.
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Tous les chats sont gris
Y’a cette meuf qui me regarde depuis le début de la soirée. Au début j’y croyais pas, parce que je ne crois jamais qu’on peut me regarder pour les bonnes raisons, je m’imagine toujours que j’ai le gras qui dépasse ou un morceau de persil dans le nez, que c’est ma pote de derrière qu’on vise, que la personne souffre de strabisme. Tous les prétextes sont bons pour m’éviter de m’imaginer désirée, j’ai bien appris ma leçon, des années à écouter que personne ne voudrait jamais me baiser, des années à ne jamais pouvoir faire confiance aux compliments de mes amant-e-s.
Je ne fais rien d’exceptionnel pourtant, je ne danse pas, je ne bouge pas, je contemple mon coca d’un air concentré, j’attends quelqu’un qui ne viendra jamais, je suis restée là car c’est un peu la maison, j’ai presque un tabouret à mon nom. Elle est à l’autre bout, près du DJ, elle danse elle, au début je ne voyais que son dos, se bras levés vers les enceintes, et puis elle s’est retournée, le front mouillé, les yeux immenses, elle a attrapé mes yeux pour ne plus les lâcher. Je dois me faire des films, ce genre de truc ne m’arrive pas, j’ai l’impression qu’elle bouge juste pour moi, ca me gêne presque, je suis obligée de baisser le regard, j’ai l’impression de regarder un truc super intime qui ne m’appartient pas tout à fait. Mes potes derrière le bar commencent à capter, ca charrie, ca lance des glaçons, c’est potache mais ca me donne un peu confiance, elles n’ont aucun doute que c’est moi l’objet du désir, j’arrive presque à me rassurer.
Moi je suis venue là comme dans mon salon, pas coiffée, mal aimable, j’ai rien fait pour me préparer à une avalanche de sensualité, je suis pas contre l’idée, faut juste que je me déride, que j’arrive à m’ambiancer. Elle arrive. Enfin je crois qu’elle arrive, mais elle traverse juste la piste de danse, elle passe à moins d’un mètre de moi, elle m’évite parfaitement, elle passe derrière moi, elle sort. Je me retourne et je la regarde allumer une cigarette à travers la vitrine. Il me semble qu’on est à l’instant pile où ma soirée peut changer. Je peux rester au bar, continuer à rigoler, et faire de ce moment quelque chose à ranger dans les souvenirs étranges de mes nuits. Je peux aussi me lever, sortir, aller vers elle, lui dire quelque chose, prendre le risque d’avoir mal interprété nos regards et son déhanché. Qu’est ce que je pourrais lui dire, je n’ai même plus l’excuse du tabac, je pourrais faire une blague, je pourrais juste dire bonsoir, je pourrais aussi m’en aller. Il faut que je me décide, je me lève, j’ouvre la porte, je reste quelques secondes sur le seuil, je peux encore rentrer. Elle me fait un signe. C’est gagné.
Je ne sais plus qui parle en premier, je ne sais pas trop ce qu’on se dit, je sais juste qu’elle sent un peu la sueur, qu’elle a un piercing au nombril, que ses cheveux sont collés sur ses tempes, qu’elle a chaud, qu’elle irait bien marcher. C’est un code, aller marcher, enfin je pense, alors on va marcher, ou plutôt on se déplace de quelques mètres, sous une immense porte cochère, je me m’accoude contre la pierre, elle est debout devant moi, et très vite je l’embrasse, parce que je n’ai plus rien à dire, parce qu’on est là pour ca. C’est pas le meilleur baiser de ma vie, c’est un peu n’importe quoi, j’ai l’impression qu’on a trois mentons et douze incisives, ca s’entrechoque, ca se cogne, ca goute l’alcool. Ses mains sont déjà sur moi, les miennes ballantes contre mes hanches, ca va un peu vite cette histoire, j’entends les gens qui continuent à marcher sur le trottoir juste là, je crois que c’était pas une bonne idée. Je me recule, c’est quoi ton prénom déjà, c’est pour la faire rire, c’est pour temporiser, on s’en fout, t’as pas envie, tu veux pas me baiser vite fait, je sais pas quoi répondre, je me sens mi-conne mi-amusée, je le sens pas, je la sens pas, y’a quelque chose de trop dans tout ca, ou alors je suis trop vieille, ma libido s’écrase dans le caniveau.
Alors je lui dis, que non, là, c’est pas très prudent, on se connaît pas, y’a plein de gens dans la rue, on est deux meufs, elle a bu, que je trouvais ca très mignon d’embrasser une inconnue sans lui parler dans un bar, mais là, non je crois pas. Elle insiste un peu, c’est très tentant, elle est tout ce que je ne suis pas, l’assurance un peu exaltée après minuit, si je n’étais pas si consciente de tout, de la rue du monde de la situation de moi, alors peut-être, mais pas cette fois. Je me dégage, je lui dis que je vais y aller, mon scooter est garé juste là. Elle me dit qu’elle rentre au bar, elle trouvera bien quelqu’un d’autre, faut pas m’inquiéter.
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Les voisins
Depuis le début du confinement, je regrette que mon appartement soit si calme. Dans ma résidence toute grise, habitée de petites vieilles bleues, seules les sirènes des ambulances viennent déranger les merles et les pigeons qui se kiffent sur les balcons. Parfois, une courageuse passe le porche, la démarche mal assurée, elle pousse la grille avec son pied, comme on rentrerait au bloc, on devine juste ses yeux entre le masque et le bonnet. Tout est lent, tout est silencieux, la ville ici n’est plus énervée, elle est confite, léthargique, coincée entre deux directs sur BFM. Mon chien doit produire la majorité des décibels du quartier, il aboie joyeusement sur les scooters, les piétons, il entretient de grandes conversations avec le shiba de l’immeuble d’à côté.
Je passe la majorité de mon temps dans mon immense lit, que je ne regrette plus d’avoir choisi si imposant. Il accueille ma ménagerie, mon ordinateur, mes chargeurs, mes télécommandes, mon gel hydro-alcoolique, mes peluches anti-phobiques, mais surtout mes angoisses, mes fantasmes, mes projections de l’après, quand le monde sera désinfecté, quand on pourra retourner danser. Les rideaux mécaniques sont toujours fermés, les rayons de lumière me permettent quelques nudes que j’aime à penser distingués, se trouver bonne devient un exercice solitaire, j’y travaille avec application, multipliant les stratagèmes et les secondes du retardateur. Je regarde mon corps sous tous les angles, je l’aplatis sur le drap, je me regarde à l’envers, je me demande ce qu’on voit quand je suis en levrette, je documente ma géographie intime comme pour ne pas l’oublier, pour être prête quand il s’agira de la réactiver. Les nuits sont longues, je m’endors au petit matin, j’aime entendre les bruits des tuyaux, mes voisins se lèvent trop tôt, ils pissent, ils prennent leur douche, j’entends l’eau qui coule, un peu plus tard les chaises crissent, j’imagine l’odeur des tartines. Cette cohabitation fantôme m’enchante, je me sens moins seule, je me sens proche d’eux, la simple humanité de leur quotidien imperturbable me rassure. Je ne les connais pas, je ne les ai jamais croisés, mon immeuble est immense et parisien, on est pas doués pour le lien.
Au fil des jours j’arrive à déterminer qu’il s’agit sans doute d’une famille, j’entends les petits pas légers parfois, le bruit des casseroles quand j’ouvre ma cuisine, le rire d’un homme qui téléphone en fumant au rebord de sa fenêtre. Je me demande ce qu’ils entendent, à part le chien, ce qu’ils ont entendu plutôt, des mes amours, de mes colères, ce qu’ils imaginent de leur voisine. Hier soir, les bruits ont changés. La nuit m’appartient d’habitude, ils dorment, je m’active. En enlevant mes écouteurs, je suis surprise par un bruit métallique, un froissement presque. Ca ressemble aux volets automatiques qu’on ferme un peu trop vite. Je me lève, je fais le tour de l’appartement, qui ose déranger ma forteresse de solitude, je me fais des films, j’attrape mon rouleau à pâtisserie au dessus du frigo, je sors sur mon balcon, je suis prête à en découdre, guerrière en pyjama dinosaure à paillettes.
Dehors, rien, tout est noir, pas d’ennemi à tabasser. Le bruit revient pourtant, plus fort à présent, comme si quelqu’un essayait de rentrer au bélier dans les volets des voisins. J’essaie d’identifier l’étage, c’est juste au dessus je crois. Les bruits se rapprochent, ca ressemblent de plus à en plus à une petite fanfare quincaillère, y’a du rythme, y’a de l’envie, je pose mon arme, je reste dans l’ombre, je me fais silencieuse. Au bout d’une minute à peine, j’arrive à distinguer les soupirs qui entrecoupent les assauts, je ferme les yeux pour mieux les séquencer, un soupir, un bruit, un soupir, mes voisins baisent sur leur balcon, c’est la seule solution. Bien sur il faudrait que je rentre, que je remette mes écouteurs, que je les laisse profiter, mais l’occasion est trop belle, j’imagine ces deux parents poussés au vice en extérieur pour échapper à leur progéniture endormie. Ils préfèrent risquer le vis-à-vis, les regards lubriques des voisins, plutôt que de s’engager à payer une thérapie sur 10 ans à leur enfant, j’apprécie le geste et le divertissement. Je les imagine à la hussarde, les coups de reins qui font trembler les volets, je les imagine pressés, je les imagine à peine déshabillés, je ne vois rien mais je vois tout, je suis spectatrice enthousiaste de leurs ébats, j’ai presque envie de crier merci, d’applaudir, mais je sais que c’est une mauvaise idée, je préfère leur laisser croire qu’ils sont discrets. Je ne sais pas vraiment comment cela finit, les bruits ralentissent, les soupirs aussi, pas de cri de libération, pas d’orgasme qui résonne dans la nuit, juste le silence qui revient peu à peu, quelques froissements, l’odeur âcre d’une cigarette qu’on vient d’allumer. La parenthèse se referme, il faut juste que j’arrive à regagner ma chambre sans le moindre bruit, pour ne pas gâcher leur nuit.
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Les ombres
C’est la première fois que je rentre dans une back-room. D’habitude, je n’y trouve pas ma place, et puis on ne me laisse pas rentrer, c’est réglé. Tout ce que je connais de ces endroits, ce sont les images fantasmées des films, quelques passages dans les livres de mes idoles PD, ambiance nuits fauves et Marais des années 80, balançoire en cuir et baskets neuves, eurodance à fond et porno de minets sur l’écran géant.
C’est ma première fois, mais ce n’est pas tout à fait une vraie fois, cette back-room est un atelier, une reconstitution de la réalité, une récréation du cul dans un festival que je fréquente chaque été. La proposition est simple : permettre à tous et toutes, sans distinction de genre ou d’orientation sexuelle, de faire l’expérience de ce lieu si particulier. Le maître de cérémonie a travaillé à rendre notre aventure la plus réaliste possible, il a construit un glory-hole, pendu un sling, installé des cabines, fignolé la playlist. Je décide de m’équiper, je veux faire honneur au dispositif, on me prête un appendice conséquent, je plaque ma nouvelle bite contre mon ventre, j’ai du mal à fermer mon jean, la bosse énorme et provoquante déforme le tissu fatigué le long de ma cuisse.
Les portes s’ouvrent, tout est noir et rouge, je ne distingue plus les visages, juste des ombres, certaines sont masquées, nous errons toutes un moment, émerveillées par le décor et l’ambiance. Tout est électrique, le moindre frôlement est interprété comme une proposition, des équipes se forment, les voyeurs et les regardés, les premiers s’installent, les seconds se mettent en position. Dans un couloir sans lumière, une ombre est déjà installée à quatre pattes, au sol, sur son cul l’inscription suivante : prenez-moi. Elle avait prévu, elle est venue préparée, des capotes, du gel, un sac en plastique, tout est installé minutieusement, j’admire son sens pratique et son audace. D’autres ombres se pressent déjà derrière moi pour atteindre la belle, je m’éclipse.
Je regagne la pièce principale, je m’affale sur un matelas pour profiter du spectacle. J’ai du mal à sonder mon envie, tout est si nouveau, tout est possible, je suis perdue devant la multitude des combinaisons possibles, je ne sais pas de qui avoir envie. Devant moi deux ombres s’affairent sur une verge inconnue, juste échappée d’un trou à travers le bois, c’est à la fois grotesque et magnifique, il me semble que mon cerveau prend trop de recul pour me permettre d’apprécier le moment, je dois faire des efforts pour m’autoriser à ressentir, pour m’autoriser à rester présente. Je ferme les yeux. C’est presque trop de tout voir, de tout regarder. J’écoute seulement, les pas qui se rapprochent et qui s’éloignent, le caoutchouc du matelas d’à côté qui crisse, l’impact d’une main, les gémissements, la mauvaise musique. Je me rappelle que j’ai une bite. Je commence à caresser ma queue à travers mon jean. Le sentiment est incroyable. Ce morceau de plastique, cette chose inerte, elle prend vie, il me semble qu’elle est sensible. Je m’amuse à serrer mon gland (mon gland ?), à le frotter contre la toile. Quand j’appuie un peu plus, la base de mon pénis descend sur mon clitoris. Je baisse ma fermeture éclair, juste assez pour caler ma queue, pour qu’elle se tienne bien rigide. Je relève la tête. Je regarde les autres. Je regarde les autres me regarder, m’observer me branler. Je me sens puissante. Je me sens en contrôle. Je sais enfin de quoi j’ai envie. Je fais spectacle de ma bite, je crache dans mes mains, je la fais glisser de plus en plus vite dans ma main, je ne perds plus les gens des yeux, j’attire leur regard, je m’exhibe, ca me plaît. Une ombre s’approche, elle rejoint mon matelas, elle est gracieuse, petite, elle se pose juste au bord, juste à côté de moi. Je lui propose ma queue, elle se penche, elle me suce, et je ne sais toujours pas comment l’expliquer, mais c’est comme si c’était vrai, c’est comme si mes nerfs se démultipliaient, qu’ils envahissaient le gode froid, comme si je prenais chair dans sa bouche. Mon bassin se soulève, je m’enfonce en elle, je me rappelle de ce que les autres font, mettre une main dans les cheveux, caresser la joue, je veux tout vivre de cette première fois, l’ombre m’encourage, je passe mon gland trempé sur ses lèvres, je suis dans un film, le meilleur des pornos jamais streamé. L’ombre s’arrête soudain, elle attrape une capote à côté du matelas, j’ai plus les mots, je la regarde juste, elle sait quoi faire elle, moi je suis à l’ouest, dans les nuages, quelque part, bientôt dans sa chatte. Elle pose le préservatif au sommet de ma bite, elle a besoin de ses deux mains pour le dérouler, il craque misérablement au bout d’un centimètre, ma bite est énorme, je suis désolée. On attrape un fou rire, c’est le comble, d’avoir cette énorme queue et de ne pas pouvoir la protéger, d’avoir cette grosse envie d’elle et de ne pas pouvoir la baiser. On cherche un peu, d’autres tailles, d’autres marques, la magie est passée, plus rien entre les cuisses, juste un morceau de plastique.
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Le dimanche
C’était pas la première fois qu’on se voyait. C’était souvent le dimanche, en fin d’après-midi, au réveil de la sieste, une sorte de goûter de voisinage amélioré, l’avantage de la drague de proximité. Au début, on faisait un peu semblant, je faisais du thé, je sortais mes jolies tasses bleues et blanches, on restait presque une heure à se regarder du bout du canapé. Une fois la théière vidée, un silence un peu lourd s’installait, on ne trouvait plus rien à se dire, alors on s’embrassait, comme une suite logique, comme s’il fallait remplir l’air de quelque chose de tangible.
Il avait fallu quelques dimanches pour qu’on se découvre un peu plus, pour que je lui montre mes vergetures et que je passe mes doigts le long de ses cicatrices. Tout était très lent, très doux, tout était prudent et pourtant si sexy, je me souviens avoir passé une heure à suivre les dessins de ses tatouages le long de ses jambes. Tout était prétexte à la chair, mon ventre se retrouvait compact, écrasé par son poids, tordu dans ses mains, pétri, adoré. Nous formions sur mon lit un magma tiède, nos membres décomposés, nous ne cherchions pas nos sexes, pas de frottements, pas de grognements, juste des respirations profondes ou saccadées. C’est l’horloge de mon radioréveil qui nous rappelait à la réalité, il n’y avait pas de fin, juste un arrêt, pas de rendez-vous pris à l’avance, juste l’évidence de se savoir là, disponibles et caressés.
Une fois la comédie du canapé expédiée, nous avons commencé à nous retrouver directement dans ma chambre, je répondais à l’interphone puis je laissais la porte entrouverte, j’allais m’allonger sur le ventre, j’attendais. Encore aujourd’hui, je ne sais pas si j’ai connu de bruit plus excitant que celui de la porte qui se ferme et de sa veste qui tombe sur le parquet de l’entrée. L’attente se prolongeait parfois, je ne sais pas pourquoi, parce que nous aimions jouer, parce que je fermais les yeux, parce que je sentais son regard sur moi, depuis le bord du lit, sans contact, parce que je l’entendais respirer.
Ses mains sont chaudes sur mes mollets, mes muscles lâchent soudainement, rien ne bouge pourtant, ce sont juste ses mains, ce sont juste mes jambes. Ne bouge pas. Les bruits changent aujourd’hui. Un cliquetis de plastique peut-être, le col de son t-shirt qui se coince autour de sa tête. Ecarte les cuisses. Le matelas s’enfonce sous le poids de ses genoux, je sens ses jambes repliées contre l’intérieur des miennes, ses mains viennent se poser à plat le long de mon torse, son souffle sur ma nuque. Ses mains se posent sur les miennes, pas pour me contenir, pas pour m’empêcher, juste pour serrer mes doigts sans les siens, une de ses mains est glissante, mouillée. Sa poitrine commence à glisser contre mon dos, je comprends qu’elle est recouverte d’huile, sa peau masse la mienne, elle se fait puissante et douce, le poids de son corps s’imprime sur mes épaules, son bassin est collé à mes fesses. Je sens l’air, ses cheveux, sa peau, je sens toute la mienne aussi, c’est le meilleur dimanche jusqu’ici. Ses mains lâchent les miennes, sa position change, ses jambes au dessus des miennes, son bassin près de mon sexe, je sens l’huile couler juste au dessus de mes fesses, puis dégouliner. Je crois que je suis en apnée. Ses mains me recouvrent grossièrement de liquide, ses mains s’amusent avec mes grosses fesses molles et ca me plaît, elles tremblent, gigotent, s’écartent au gré de ses mouvements et de ses petits coups de reins. C’est glissant, c’est très chaud juste en dessous, je me frotte malgré moi contre le drap, je cherche le contact avec ses doigts. J’ai l’impression de devoir mériter, je me soulève, je me cambre, je m’imagine provoquante, je sens le poids de son entrejambe de plus en plus lourd contre ma chatte, ses doigts de plus en plus étourdis, tombant par mégarde ou par envie le long de mon cul, pour finir par caler son pouce contre mon anus. Il n’y a pas de pression, pas d’entrée forcée, c’est moi qui vient reculer doucement sur son doigt, c’est moi qui vient me prendre, pendant que la chaleur de son sexe inonde le mien à travers le tissu de son vêtement. Je ne tiens pas à jouer plus longtemps, je ne vois plus d’intérêt à garder le personnage de la jeune fille effarouchée adepte de longues caresses chastes, je m’empale, mes yeux sont fermés depuis trop longtemps, je suis ailleurs, je me fais jouir rapidement, en imaginant mon cul ouvert pour ses yeux curieux, frottant mon sexe contre le sien à chaque ruade. Je m’écroule. Je n’ose pas me retourner.
C’est sa joue qui vient se frotter à la mienne. Sa bouche qui vient trouver la mienne. Sa tête qui fait sortir la mienne de l’oreiller. T’étais belle. J’avais besoin d’entendre ca, j’avais encore besoin d’être rassurée, c’est stupide. J’avais peur d’avoir cassé la magie du dimanche, d’avoir été trop brute, trop sexuelle. C’était bien. Pour la première fois, je vais faire du thé, après.
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Le pire date
C’était le pire date de l’histoire des dates. J’étais arrivée en avance, dans ce bar trop propre aux serveurs bien peignés mais mal tatoués qui font semblant de te reconnaître alors que tu n’y as jamais mis un pied. Je déteste la fausse sympathie commerçante des limonadiers, non, je ne veux pas profiter de l’happy hour, non, je ne veux pas de cocktail exotique à la glace pilée. Un mauvais allongé, une table sous la terrasse couverte pour pouvoir fumer, un œil qui traîne sur son fil Instagram pour être sûre de la reconnaître, j’étais parée.
Elle était au téléphone quand elle est venue vers moi, elle s’est assise, m’a fait un signe de la main pour me faire patienter, elle parlait trop vite, l’air excédée. Je ne suis pas particulièrement à cheval sur les conventions sociales, mais c’était mal parti. La meuf finit par raccrocher, je me penche pour l’embrasser, elle se détourne et se lève, elle part pisser. Bon. Premier vent pour une première bise, mon cœur de grosse se met à palpiter, je me dis qu’elle avait peut-être mal regardé mes photos, qu’elle ne s’imaginait pas que j’étais à ce point un gros tas, j’ai envie de me casser, et puis je me souviens que moi non plus, je ne suis pas particulièrement séduite par cette boss-lady, je respire, je reprends une gorgée. Mon café est froid lorsqu’elle revient s’asseoir, elle est différente, comme exaltée, je me demande si elle a pris quelque chose, je scrute ses narines, elle doit me prendre pour une folle, je regarde ses pupilles. Elle parle toujours trop vite, avec des mots qui finissent par –ing, elle me raconte son travail, le stress, le marché, moi j’écoute à peine, j’essaie de faire mes plus jolis ronds de fumée, ca ne l’amuse pas, elle voudrait bien savoir, pour qui je travaille et qui je connais. C’est la petite épreuve stressante de la géographie lesbienne, est-ce qu’elle connaît mon ex, est-ce que j’ai couché avec sa coloc, est-ce qu’on milite dans des collectif ennemis qui se foutent sur la gueule en manif ? Rien de tout ça, je ne dis rien sur personne, elle ne connaît pas tout cela, elle est hors sol, elle trouve que le milieu c’est très surfait, qu’il ne faut pas s’y enfermer, elle trouve que ca fait ghetto, elle préfère les soirées hétéros. Je me demande si je suis dans une caméra cachée ou dans une sorte de blague cosmique, je me repasse son profil Tinder en boucle, y’avait bien un emoji arc-en-ciel et deux danseuses de flamenco, on a parlé du nouveau L World et d’Adèle avant de se rencontrer, mon radar ne peut pas être complétement pété. Plus elle parle, plus je me tais, j’ai même arrêté de faire semblant de m’intéresser, j’ai sorti mon portable, on vit deux réalités superposées, elle croit qu’elle me parle, je crois que je vais me casser.
Elle attaque sa dernière gorgée de vin, j’annonce que je vais décoller, j’ai du boulot, et puis je dois sortir le chien, ses yeux se voilent une seconde, je crois qu’elle comprend qu’elle a merdé, je laisse des pièces sur la table, je ne fais pas semblant de vouloir l’embrasser. Je récupère mon scooter, j’écris un texto aux copines avant de démarrer, ca a duré 18 minutes, encore raté, je jure de ne plus retourner sur Tinder, je mets mon casque et je me barre. Dans l’ascenseur, je me demande si je dois quand même lui envoyer un message, si je dois lui dire merci mais non merci, t’es jolie mais t’es conne, t’es bonne mais t’es chiante, et puis je trouve ca présomptueux, elle n’a rien dit non plus, c’est peut-être moi la conne, c’est peut-être moi la moche. Demain il y aura un autre match, demain un autre bar, mon choix cette fois, je classe cette fille dans la catégorie des erreurs de casting, pas de mal, pas de rancune, next, c’est la vie.
Il est une heure du mat, je suis perdue dans un méandre de merdes sur Youtube, quand je reçois un message d’elle. Une vidéo en fait. Elle est sur une terrasse bondée, elle a du boire, elle m’engueule gentiment, de ne pas être restée, de ne pas voir parlé plus, elle me dit qu’on peut se revoir, qu’elle était stressée. Je la trouve mignonne, toute éméchée, sa frange de travers, les yeux un peu mouillés, elle a l’air moins conne maintenant qu’elle est vulnérable, est-ce que ca fait de moi une horrible personne de penser ca ? Je ne devrais pas, mais je réponds, pas en video, faut pas déconner, mais j’envoie un truc un peu mignon, genre deuxième date accepté. Elle me dit de venir, maintenant, la rejoindre, qu’il n’est pas tard, qu’on est vendredi, qu’il faut saisir le moment, et si j’étais pas si confortablement calée, ca me ferait presque bouger. Je dis que c’est pas raisonnable, qu’elle a bu, je fais genre la féministe qui ne veut pas profiter, mais en vrai, j’ai juste la flemme de remettre un jean. Je m’avance un peu en lui parlant de son état, comme si elle avait déjà envie de consentir à quoique ce soit. Ca marche. Elle a envie, je crois. A partir de la, tout va un peu trop vite, y’a encore 5 minutes j’imaginais jamais revoir cette fille, et voilà que je reçois une copie d’écran de son trajet en Uber pour arriver chez moi. J’ai 18 minutes pour planquer la misère, allumer quelques bougies stratégiques, changer mes draps et mettre la bonne playlist. Et remettre un jean.
L’interphone sonne alors que je suis perdue dans ma housse de couette, tant pis pour mon image de bonne ménagère, je la regarde sortir de l’ascenseur, y’a comme un flottement devant ma porte, elle me regarde une seconde de trop, comme si elle décidait, comme si elle s’assurait de son désir. Elle me dit, tu me dis pas de rentrer. Alors je lui dis de rentrer. Elle me dit tu me proposes rien à boire ? Alors je lui propose à boire, je me sens maladroite, pas douée, est ce qu’il faut que je la plaque contre le mur, qu’est ce qu’elle est venue chercher, de quoi j’ai envie, pourquoi est-ce qu’on prend des décisions le vendredi après minuit ? je sors de la cuisine, je lui tends son verre, elle boit, je la regarde, je crois que j’aime bien me taire, je crois qu’elle sait que je ne vais pas parler. Tu dis rien ? Je secoue la tête pour dire non. Tu fais rien ? Alors je m’approche d’elle, juste contre elle, mon nez touche presque le sien, et je ne fais rien. C’est elle qui vient, sa joue d’abord contre la mienne, puis sa bouche, timide d’abord, des baisers chastes qui finissent par m’agacer, je force ma langue à travers ses lèvres, je l’embrasse, pour de vrai, elle recule, son dos plaqué contre la porte d’entrée. Je m’arrête pour respirer, ca va ? oui ca va, ma jambe droite se bloque entre ses cuisses, elle s’appuie sur mon genou et je la sens vaciller, je mords son cou, je prends ses cheveux à grosses poignées dans mes mains, je tire un peu trop fort, elle soupire, j’arrête. Je la regarde. Je ne dis rien. Elle dit encore. Mes mains sur sa poitrine, la porte vibre derrière elle, mon genou s’enfonce, mes dents sur son oreille. Elle laisse tomber son verre, enfin. Ca ne m’arrête pas, ma main droite se glisse sous son jean, ma paume sur son pubis, sans bouger, c’est elle qui se frotte, c’est elle qui me cherche, je la regarde se tordre et ses yeux me supplier, mes doigts bougent à peine, ils écartent juste ses grands lèvres à travers le tissu de sa culotte, c’est mouillé. Son clitoris bandé entre le majeur et l’index, entravé par le coton trempé, ma bouche dans son cou, et soudain je m’arrête pour la trouver belle, sa frange trempée de sueur, son haleine vodka orange, alors je lui dis, t’es belle, et je la branle brusquement, un peu trop fort, un peu trop vite, ma main presque écorchée par la boucle de sa ceinture, je sens le poids de son corps tomber dans ma paume, comme si tout entier elle se coulait là, ses dents se ferment sur ma langue et ses doigts s’enfoncent dans mes épaules, elle tremble, elle gueule, je crois qu’elle a joui. Il me semble que je la porte quelques minutes encore, sa chatte dans la paume de ma main, que je la berce en silence, que je l’étreins, et que c’est elle qui vient démonter l’engrenage en se redressant, son corps repoussant naturellement ma main. Je ne dis rien. Je ramasse le verre, je le pose sur l’étagère. Elle reprend son sac, elle ouvre la porte. C’était pas le pire date.
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On y va ?
Daria Marx doesn’t live here anymore.
She moved her things to www.dariamarx.com
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Bonjour Connasse. La rechute.
Bonjour Connasse, tu vas bien ? Ton jean slim ne rentre pas trop dans ton anus fraîchement épilé par l'apprentie de chez Body Minute ? Tes Minnetokas à talons de chez New Look ne frottent pas trop contre tes talons fragiles et gracieux ? Tu vis bien ta vie de pouffiasse en agence de communication ? Des journées entières à sucer des bites ca doit fatiguer quand même, être à quatre pattes pour se faire enculer et passer de la pommade en simultané, ca doit être difficile à gérer. Et puis tes journées sont tellement remplies, les déjeuners en terrasse, Ray Ban posées négligemment dans tes cheveux fraîchement méchés, ta copine Chacha qui te raconte les derniers potins absolument fabuleux et nécessaires à ta survie, pour que tu puisses toi aussi alimenter tes soubrettes avides de conneries et de putasseries. Et ce soir tu fais quelque chose connasse ? Une présentation du dernier fard à paupière de chez Lancôme, est-il en tube ou en boîte, est-il perlé, nacré ou mat, le suspens me flingue, j'ai envie de crier, raconte moi tout, avec des photos et des didascalies, prend toi en photo adossée au bar, la tête posée entre deux assiettes de sushis. Fais moi rêver, meuf, donne moi les détails, la façon dont la nana du vestiaire t'a reconnu, les gens que tu as croisé et ce mec qui n'a pas arrêté de te regarder, saute dans un taxi et pond moi 10 lignes sur ta bête de soirée, avec concours à la clé, la première qui devine la taille de la bite de ton PDG gagne un crayon pour lèvres que tu auras à peine essayé, compte tes visiteurs, publie tes statistiques sur Twitter, fais nous kiffer, on bave tous devant ton statut de putain de VIP du rien, on te jalouse et on t'envie, t'as tout compris, on est tous des putain de paysans, poussière sous tes ongles manucurés, balaie nous de ton orgueil de tenancière de bordel pour bobos décomplexés, le fric c'est chic, les thunes c'est la vie, ton sac Chloé, la cerise tatouée derrière ton oreille, t'es rebelle mais t'es normée, t'es parfaite, t'es au top, t'es la reine de la Prom.
Y'a les connasses intelligentes aussi, celles qui sont payées pour rendre sexy des articles chiants comme la pluie, mise en valeur machiste, community manager de la bite, je twitte mi-graveleux mi-smart, c'est une putain de stratégie, je suis débordée mec, tu peux pas comprendre, tout le monde m'acclame, tout le monde me demande, on ne saura jamais si c'est vrai, mais t'essaie si fort de nous le faire croire qu'on s'en fout de la vérité. Ton snood American Apparel limited edition shoppé à NY l'hiver dernier, ton sac vintage trop class et tes boots à clous, t'es rock'n'roll, t'es une artiste, t'as des connexions dans les milieux trop hype, limite de l'underground, t'es pas une bitch tendance Grazia-Envy-Be, ta came c'est les Inrock, Technikart c'est has been, tu méprises les dindes qui se trémoussent sur Lady Gaga, la musique c'est sérieux, quand tu sais pas, tais toi. Ta philosophie de vie c'est Kerouac mal digeré, tu l'as lu en terminale et depuis t'as décompensé, dans ton studio du 18e dans les cartons sous ton lit, le vomi de ton adolescence, le poster du Che et ton keffié, t'es bouffée par le système mais tu luttes, c'est pour de vrai, tu partiras en vacances en Toscane, pas parce que c'est trop cool, mais parce que c'est écologiquement responsable.
Connasses, pouffiasses, unissez vous parce qu'on est plein à vous détester, à avoir envie de vous tabasser, à vous envoyer en camp de réeducation en Slovénie, vous voir gratter des montagnes de patates crues avec vos ongles niqués, vous filmer en train de chier dans la neige le cul dans les orties, ca ferait une putain de télé-réalité, je serai la kapo de cette belle assemblée, je te ferai tellement trimer que tu chialeras, j'écraserai ton blackberry sous mes rangers et je couvrirai ton visage de merde, tu te laveras les cheveux dans la rivière glacée, à genou tu imploreras mon pardon, tu jureras de lire le journal et de faire attention à ta vieille voisine, mais je te nomine pas, tu restes jusqu'à la fin, jusqu'à ce que ton cerveau habitué aux douceurs et aux macarons Ladurée s'affermisse et se prépare à la vraie vie, retour en France, terminus Roubaix-City, je te lâche là et démerde toi pour rentrer, point d'orgue de la démarche initiatique forcée.
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