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Feuilleton de l'été SEMAINE #5
Semaine du 2 août
Je suis fatiguée. C’est l’absence lourde, immense qui m’affaisse. Je m’étais promis que ça ne pourrait pas, qu’il n’y aurait jamais ni toi ni un ni une autre dont l’étreinte évanouie continuerait d’être là, particulaire, là comme un trou où tombent mes bras.
Mon bras, mon bleu, c’était quoi, peut-être Ida. Peut-être que je m’enlace toute seule quand je dors, je serre très fort. Fatigue. Je me fatigue.
Je m’étais dit je ne dépend de personne. Je ne dépend de personne. Personne.
De ma fenêtre à moi je vois le vieil homme, la télévision bleuit son visage. J’entends l’émission qu’il peine à entendre. Chez lui l’un des fauteuils est vacant, toujours le même.
J’en peux plus des fantômes. Les peaux sans texture et les odeurs vagues.
Lève toi. Lève toi.
Lily Nyssen
la porte frappe la porte peut-être toi ou la radio mais la radio éteinte dans ma tête éteinte aussi il faudrait se bouger
La lumière est comme de la lumière mais plus sombre et la journée passée bien plus courte que la nuit. Encore dans le bois un poing qui résonne, la sonnette est cassée, elle n'a jamais été utile.
je palpe mon sein ma main remonte au cou la nuque trop raide
Le peignoir s'est ouvert.
le peignoir je le ferme l'ajuste à nouveau me lève les pieds au sol marche un pas deux autres c'est petit chez moi les efforts sont moins grands j'arrive je cris
peut-être que c'est toi
Alors la porte grince comme dans un film, il y a du temps qui passe un peu trop de suspens. Une silhouette. Une main.
Juliette Buffard
Main sur la poignée, silhouette le temps ne s'écoule il y a des flashs, je (cours l'ombre s'enfuit ouvre la porte poursuis dévale les escaliers arrive dehors, le peignoir s'affaisse, cours après les ombres, le peignoir s'ouvre, cours plonge poursuis les bateaux nage dans le canal, le peignoir tombe au fond de l'eau, nue ma peau devient écailles plonge crawl plus rapide nageoire remonte les fleuves, jusqu'au jour où, jusque l'arbre quand, l'ombre qui plane remonte le temps les histoires, décolle les pansements, attrape l'ombre, suis poisson et oiseau et femme et vers luisant.)
Main sur la poignée, je ne distingue personne exactement, il fait sombre et j’aimerais savoir, rien que le vide en personne devant ma porte, la main fantôme franchit elle s’avance, vide presque tout contre mon corps, à travers le peignoir, les cils clignent, je (ferme les yeux me laisse lâche prise, la main se pose sur mon sein elle est froide et caresse, les frissons sur ma nuque, la main il y en a deux et un corps enlace et frôle et peignoir sur la taille retenu, ne vois rien mais sens, quelque chose prend mon corps comme une envie, reste là ne bouge pas ne peux pas aime n'aime pas, où sont les mains maintenant ne sens pas, suis pour toi ?)
Main sur la poignée, le vide appuie sur l'interrupteur et allume la lumière et, et je (Ida Ida Ida Ida ou le facteur un voisin les pompiers une enquête ou Ida ou toi ou facteur enquête voisin pompiers.)
Main sur la poignée. Le vide a un visage que je ne connais pas. Au seuil il y a l'inconnu et le peignoir. Le peignoir est fermé serré. Plus rien ne clignote. Je veux parler. Je (ne peux rien dire rien ne sort rien n'est prononcé.)
Main sur la poignée se décolle, mon bras en apesanteur doucement, le temps recommence. La main du vide je la reconnais, sur son poignet un bleu, la trace une marque miroir de la mienne. La nuit demi-lune que nous avons en commun.
Je tends mon bras et j'attrape
Marie HL
Le goût du thé vert aura toujours celui des mots qui se bousculent hors de la bouche. Des silences qu’on écoute en regardant l’autre à travers les volutes d’air chaud.
Elle avait dû apercevoir quelque chose prêt à se déverser sous les plis inquiets de mon visage. Elle avait dû comprendre une urgence derrière les crispations nerveuses de mon corps.
Elle avait pris en main l’espace-temps et avait investi ma cuisine, mon appartement blanc et bois, encore humide, le dehors tout gris.
Elle avait fouillé distraitement ma cuisine. Je sentais son esprit scindé en deux, une partie relié à ses mains qui cherchait les petits sachets de plantes qui allaient nous sauver. L’autre totalement centrée sur moi, attentive à mes paroles qui sortaient en hoquets, à mes silences. Ses gestes étaient précis, l’eau, choisir, verser, mais quelque chose restait tendu vers moi. J’étais immobile, perdue, les bras embrassés autour de moi-même.
La sensation de brûlant contre mes mains, presque trop, presque douloureuse. Mais, à partir de mes paumes, un petit cœur chaud commençait à irradier dans mon corps.
Elle savait l’importance des gestes rituels et de cet instant où mes mains se serreraient contre le gobelet. Ses yeux ne me quittaient pas. Ils restaient grand ouverts sur moi. Elle ne pouvait pas faire grand-chose de plus, à ce moment-là, que de m’offrir ses gestes et ses yeux. Son air était à la fois rassurant et inquiet. Alors c’est comme un flot, ça sort de ma bouche et ça se précipite, je parle et je lâche, lâche, lâche.
Floriane Gitenay
Ida ne répond rien ; ce n’est pas qu’elle ne veut pas répondre. Ida ne répond rien, elle laisse les mots résonner dans l’espace. C’est pour mieux trouver leurs contours. J’attends. Ida va comprendre.
Ida se tait avec de grandes précautions. Elle se laisse couler dans le fond des tasses vides, là où les sachets collent, et puis revient. Son regard glisse partout sans m’effleurer, s’accroche aux murs, s’accroche aux meubles. Il y a partout ses longs yeux transparents, ses yeux couleur piscine dans la lumière du jour. J’attends.
Ida s’arrête. Elle me fait peur. Sa main glisse vers la droite, cherche quelque chose dans les replis du sac en cuir. Ses yeux, toujours, inondent la pièce. Je ne respire plus. Ses doigts ressortent, ses longs doigts serrés sur le vernis rouge, ils s’enfoncent légèrement dans la matière. Ses yeux tombent dans les miens.
Ida n’a pas compris. Les mots n’ont pas pris forme.
Elle me tend le portefeuille, étire son bras devant pour ne pas s’approcher. Je tremble, ne réagis pas. Elle dit : c’est à toi. Le pose. Elle se lève. J’ai l’impression qu’elle se lève mille fois et mille fois je voudrais faire un geste, et mille fois, je ne fais rien. La silhouette d’Ida l’inconnue s’avance vers la porte, ses jambes longues, sa nuque. Elle se tourne. Son regard saisit l’espace une dernière fois. Il reste quelque chose d’indéfinissable dans le creux de ses paupières, une question ou un cri. Je voudrais dire quelque chose mais tout se noie.
La porte claque.
Manon Secq
THE END
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Feuilleton de l’été SEMAINE #4
Semaine du 26 juillet
J’ai fui le bleu des yeux d’Ida, d’un coup sa douceur m’a retourné l’estomac et je n’avais plus faim, j’avais peur. J’avais peur de lui plaire, de sentir dans ses yeux ma propre valeur mon propre ego, je n’ai pas besoin de ça merci, prière de ne pas me mettre sur un piédestal, j’ai déjà des failles narcissiques qu’il ne faudrait pas creuser. Ou bien j’ai eu peur de finir par la trouver trop belle sous le soleil, trop nonchalante avec sa clope à la main au dessus des croissants, habituée à payer le petit déjeuner à ses amantes de la veille. Peur qu’elle ne remarque mon visage défait. J’avais peur de sentir sous son regard l’envie de me revoir, alors j’aurais du lui dire, la prévenir, lui agiter mon panneau « indisponible émotionnellement » sous le nez.
J’aurais dû lui expliquer que quelque chose s’était posé comme une ombre, que je l’avais senti dans le soleil qui se voilait, lorsque la lumière glisse vers le gris, que la peau devient vide et qu’il n’y a rien à faire parce qu’on ne peut pas souffler sur un nuage. L’angoisse, avant de se rouler en boule dans mon ventre, avant grimpé sur mon corps comme une plante.
J’ai remis en catastrophe mes vêtements humides de pluie et j’ai dévalé les escaliers. Le bruits de mes pas en cavale semblait scander des petites phrases, « qu’est ce qui ne va pas chez toi, quelque chose ne marche pas, pourquoi je suis comme ça ».
Je sens la fatigue qui pèse en couches mauves sous mes yeux et les émotions remuer juste à la surface du cœur. Surtout ne pas déborder.
Qu’est ce que j’ai emporté d’Ida sur moi ? Un reste d’odeur de coton ? Une douceur qui donne presque la nausée ? Qu’est ce qui ne partira pas avec l’eau de la douche ?
Floriane Gitenay
Les clés retentissent dans la coupelle de l’entrée, la porte claque. Ici, c’est chez moi. Enfin. La ville ne m’a pas engloutie finalement. Le téléphone rechargé affiche les notifications qui s’enchaînent, l’une en entraîne une autre, elles se remplacent et s’accumulent sur l’écran. Brièvement c’est ma mère puis la banque, messages groupés, souvenirs d’enfance, mails newsletters spam, messages sur répondeur, une promo Body’Minute épilez-vous pour plus de plaisir, des amis inquiets que j’ai laissés sans nouvelles. Toi, tes messages sont transparents. Répondre à tous : Je vais bien, oubliez-moi. Satanée intelligence. Puis l’écran, à nouveau, posé sur la commode qui ne vibre plus, s’éteint. Laisse paraître mon reflet à la surface.
Je passe devant la baie vitrée de l’appartement. Silhouette élancée, boucles rousses sur épaules, mascara qui a coulé, ma chair projetée sur la cime des arbres. Quelques oiseaux s’envolent.
Douche, ma peau nue. La température augmente et j’ai chaud à nouveau, ça fait vingt-quatre heures que je suis liquide. Il y a de la buée sur le miroir. Faudrait la fixer une bonne fois pour toute, cette buée ! Arrêter les mirages, parce que c’est éblouissant, parce qu’on a déjà lu cette histoire quelque part. Accrocher un filtre poreux entre les corps que je touche et mes propres désirs. Qu’ils ne se ressemblent plus. Ça ne suffit plus de vivre libre, j’aimerais que les autres aussi se libèrent. Toi, comme Ida. Comme elle sait faire Ida. En chantant. Ou quelque chose comme ça.
Sur la platine que tu as laissée dans le salon, je passe le disque d’Eunice Collins. At the hotel se répand dans la pièce. Avec la fumée d’une clope. Je me fous des nuages.
Marie HL
J'ai un bleu sur le bras. Un bleu marron roussi sur le bras blanc, beige, moucheté depuis l'enfance, pas blanc vraiment, peau de peur du jour.
J'appuie sur le bleu, dans le bras je sens. La douleur indolore qui rappelle seulement le coup, le bras a percuté, quoi, je ne sais plus.
Bleu brun dédoublé, l'ombre portée turquoise. Qu'est-ce que tu t'es fait là ? Je sais pas. Je parle seule. T'as mal, non. J'aime bien, je me sens comme à la guerre. T'as mal. Non j'aimerais bien peut être mais non. J'aimerais. Eprouver le jour qui fait peur à la peau. Le jour, où le silence se décortique comme une coque de noisette sous la dent. Sans douleur, l'écaille.
L'arnica sent la maternelle.
Lili Nyssen
il y a plus longtemps que l'instant la nuit s'est marquée sur moi j'ai au-dessus de l'arcade gauche la cicatrice d'une branche que j'oublie souvent
souvent je ne me vois pas je me touche ne me sens pas
parfois même si je l'aime peur que mon corps s'échappe alors je tire je pince je tape je cours m'épuise secoue me force écarte mes paupières constate c'est toi oui c'est toi c'est moi et pourtant le visage étranger quand le reste parti ailleurs
peut-être qu'il faut dormir et seule renouer
je n'enlève jamais la buée sur le miroir préfère quand elle s'estompe moins de traces l'eau dans l'air je m'hydrate comme ça
Juliette Buffard
Peignoir de coton blanc serré autour de la taille, la fumée docile entre mes lèvres. Il n’est pas midi. J’apprivoise le vide.
Le parquet a gardé l’empreinte de mes pas après la douche. Je frissonne dans l’air du couloir. Fixe la porte au fond. Il y a toujours ce moment qui m’arrête. Ce moment chaque fois dans l’air embué, dans les restes refroidis des vapeurs d’eau, ma main suspendue entre deux gestes. La poignée, métal froid, qui m’appelle repousse. Il y a tout ce que je ne trouve pas de l’autre côté, tout ce qui ne m’attend plus.
Ton corps tiède après la douche ; nicher mon visage à l’intérieur de ton bras, là où la peau est fine. Sentir l’engourdissement et se taire, s’emmener l’un et l’autre dans les draps, les baisers lents, les caresses lentes aussi. Et puis doucement les corps qui s’affaissent, points lumineux sous les paupières, doucement l’impression que rien n’a jamais eu d’autre place, qu’il n’y a jamais rien eu que ton cou contre ma tempe, tes doigts sous mes doigts, ton souffle en ruisseau dans mes cheveux.
Je reste assise au bord du lit défait, les odeurs sont plus froides après la nuit d’absence. La musique s’est éteinte dans un soubresaut et il ne reste que le bruit caoutchouc de la platine. Je pourrais me lever et l’éteindre. Je fixe mes jambes. Les gouttes s’accrochent, froides, sur la peau qui hérisse.
Le bruit continue comme une vague. Je tends le cou vers la fenêtre. De chez toi je voyais la mer, ses rouleaux verts les jours d’orage. Par la fenêtre, les toits penchés, cercles d’oiseaux sur ciel hésitant. Je laisse ma tête retomber dans les reliefs doux, les fibres avaler l’humidité des cheveux.
Manon Secq
Next on : @collectiffape
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Feuilleton de l’été SEMAINE #3
Semaine du 19 juillet
ce son
les gens qui pleurent
je marche mes pas ne s'arrêtent se joignent encore au sol et je tremble moins dans l'impact pieds liés colonne tressaute n'y a-t-il pas de fin
ce son
je meute m'appelle plus loin vibre dedans l'extérieur
les grondements qui éteignent la nuit
je décide rester plantée là crier répondre ma gorge s'ouvre enveloppe je sursaute du cri moins seule comme entendue la chaleur vers les joues c'est devenu un rire qui fait alors fuir mes yeux
ce son les eaux qui coulent toujours
je plus loin cri éclat j'entends que ça résonne plus loin j'entends contre mur cri dans d'autres gorges d'autres peaux où est passée la lune
Juliette Buffard
Demi-lune ce soir !
Voix parvient de cette meute que je devine.
C’est un groupe de zonard des creux de nuit. De ceux que la pluie ne retient pas, vrai gang. Comme avant. Je me suis avancée. Cachée derrière un lampadaire. Casquette jogging, l’air, gentil l’air, étonnamment dans les éclats les cris. Préjugés s’éteignent dans la rencontre ?
Ce soir c’est la demi-lune ! elles hurlent.
J’ai marché jusqu’au fond de la ville. Pas traversé le bitume pour trouver les égouts les écoulements. Marché marché marché, oui, jusqu’à l’origine des cris. Toutes celles qui crient encore ! Qui sont-elles ?
La demi-luuuuuune ! en chœur.
Crieuses sur le chemin tournent les bras contre les murs de peinture. Chorégraphient, entonnent des choses compréhensibles, puis plus rien, incompréhensibles les choses. Elles recommencent et j’observe. Femmes femmes sous demi-lune. Femmes femmes jogging, casquette, l’air gentil, gentil l’air, mais féroce. Femmes femmes lune, je vous regarde. C’est mon secret.
Demi-lune demi-lune demi-lune demi-lune demi-lune demi-lune demi-lune demi-lune demi-lune paumes contre paumes contre mur contre pluie, la clameur ne s’arrêtera pas.
Lampions dans les mains, comme la scène d’une fin, les femmes s’apprêtent. Elles vont s’en aller. Les gorges accordées. Elles s’en vont. Partir en Guérillères, celles dont on m’avait dessiné le cercle, je me souviens, cercle c’est la demi-lune deux fois. Demi-lune-demi-lune. Je te vois.
Je te vois.
Des yeux ronds et bleus se sont avancés près du réverbère et je suis encerclée par eux ils ne semblent pas me laisser le choix, de regarder à mon tour les yeux, on m’a démasquée on m’aborde comme si je renfermais un trésor au fond d’une malle j’ai perdu les clés. Quelques centimètres nous séparent.
Pleures pas. Viens maintenant, disent les yeux.
On me tend un lampion. On me tend un sourire. Je pourrais prendre les deux à fois dans mes bras. Le vide s’effacera.
Les yeux bleus, on me dit, s’appellent Ida.
Marie HL
Ida les yeux bleus et la fraîcheur du dentifrice entre les lèvres
Elle me dit dors ici.
Ida les draps de coton, l’odeur de son corps devinée dedans.
Ida sourit. Elle a le sourire étroit de ceux qui ont des choses à dire.
Ida s’approche, l’odeur du coton se devine dans son cou.
Ida Ida. Pose ses mains, ses mains complètes, doigts écartés sur les reliefs.
Dans ses mains mon corps, mon corps tient dans les mains d’Ida.
Jamais avant. Jamais.
Mon corps renverse dans les draps. Le lit et la chambre d’Ida se replient sur moi.
À la fenêtre je distingue la nuit qui s’affine.
Le souffle d’Ida a la fraîcheur du matin.
Il me tombe sur les yeux et je m’endors doucement avec le soleil.
Manon Secq
Ida.
J'ouvre les yeux sur son absence, c’est la première chose que je ressens, l’absence contre mon ventre, la peau de mes avant-bras, mon torse et la pointe de mes genoux.
Le soleil est plus haut maintenant. Il découpe des formes éclatantes de lumière sur le parquet sombre.
Je repose ma tête dans l’obscurité trouble, je respire le coton, un frisson passe dans mon corps, monte ou descend je ne sais pas, mais en tout cas je sais très bien où il va, il déferle avec un sursaut, un hoquet de mon sexe. Ma joue, contre mes deux mains empaumées ensemble, s’arrondit d’un sourire.
Dehors soudain un fredonnement, sous une pluie de gouttelettes, une voix soyeuse qui monte et descend.
Ida.
Les gouttes s’arrêtent. Bruit de pas.
Ida les cheveux mouillés, en culotte et t-shirt.
Ses yeux me trouvent.
Elle aussi sourit.
Hier ses yeux dans les miens. Nos sourires timides, des bébés sourires qui faisaient naître en cascade des sourires plus grands. Ses cheveux collés à sa bouche que j’enlevais sans lui faire mal.
Son corps miroir du mien, familier mais unique.
Ida s’assoit à côté de moi, pose délicatement la main sur mon corps recouvert du drap.
Ses lèvres bougent.
Elle parle d’un petit déjeuner dans la ville. Elle dit que la ville brille sous le soleil après la pluie.
Que c’est joli.
Floriane Gitenay
L'appartement renversé.
À gauche, la peinture s'écaille au plafond.
À droite le parquet retient l'eau ça gondole. Tendue entre les deux Ida articule, les mots s'engrènent mal, j'ai un pied encore dans le sommeil dans ton absence.
J'ai rêvé que les corps étaient les mêmes, interchangeables, le mien le tien et celui d'Ida.
I
Da
Les syllabes se démantèlent, ne me semblent plus un nom ni elle non plus une femme, soudain c'est un corps oreiller, la joue qui enfle chaude.
Peut-être que pour elle aussi je suis la peau, le sexe pareil, la fièvre comme un espoir, seulement comme.
Je souris, faire pareil.
Elle ne sait pas que je n'ai pas faim si tôt.
Lili Nyssen
À retrouver sur l’Instafape du lundi au vendredi !
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Feuilleton de l’été SEMAINE#2
Semaine du 12 juillet 2021
Et puis l’œil s’adoucit un peu, la colère s’émousse aux bords, la fatigue s’affaisse entre mes omoplates. Je suis lasse soudain, je ne sais pas pourquoi. Tout retombe dans mon corps comme du plomb, et s’arrête.
On m’apporte une large tasse remplie d’eau fumante, un sachet de thé. Il y a deux biscuits sur la soucoupe ; je soupçonne la ruine sur mon visage, la sollicitude du serveur. Ça me rend triste, c’est idiot. Ça me rend triste les biscuits par gentillesse. Je ne sais pas pourquoi. Je ne sais pas ce que j’ai aujourd’hui. La vie est plus âpre que d’habitude.
Je colle les doigts autour de la tasse, je les laisse s’y brûler un instant. J’essaie de m’accrocher. J’essaie de m’accorder au vide. Je respire, ferme les yeux. Je laisse la ville autour s’imprégner sur ma peau. Doucement me dissoudre dans les remous humains, doucement disparaître entre les nous inconnus, les eux et tous les toi qui sont partout. Je ferme les yeux, je respire.
Il y a trop partout donc je me laisse être peu de choses, ne garder que la sensation ; je n’existe que pour l’eau brûlante, l’air mouillé. Ça m’apaise un peu. La rage est passée, le reste aussi. Ça ne va pas mieux, ce n’est pas fini. Mais c’est quelque chose.
Tu disais que la rage ne durait pas chez moi, qu’elle ne durait jamais, que c’était un problème. Tu disais que je n’étais pas quelqu’un qui a des solutions. Tu n’es pas quelqu’un qui a des solutions. Que je me laissais plier par l’habitude. Tu disais en riant puis tu disais sans voix. Tu disais en colère, tu ne disais plus rien.
Plus rien, ça fait longtemps.
Rien, ça me manque un peu. C’est ça, peut-être, que j’ai aujourd’hui, au fond des yeux, au fond du ventre ; ça, peut-être, qui pèse entre les omoplates.
Manon Secq
C’est peut-être ça. Que j’ai. T’aimer à la place de. Qualifier le vide. Battement de mes cils. Photographier les immeubles où tu ne vis pas. Ceux qui miroitent dans une tasse. Toutes ces larmes qui ont rempli le canal, je ne les tiens que d’une seule main. L’eau, et mes rêves en mouvements oscillatoires. Je plonge dans la vapeur. Balcons verts transparents, c’est un peu ringard. On ne t’avait pas dit que le quartier se gentrifiait dans la désuétude ? Un toit argenté de zinc, chiens assis en carrelages dégueulasses, d’autres façades voilées par rideau d’arbres bien rangés.
Et quelque chose point.
Comme une musique lointaine qui s’emballerait, vaporeuse trompette jazz sur tympans fatigués, puissance parvenue jusqu’ici, une aura qui me touche. Tu as toujours su comment te propager. Je t’adore, cuivre. Tu courbes le regard. Que dis-tu. Laisse-moi t’écouter. Que ventre yeux dos se remplissent encore un peu. L’écho des vibrations. Madame excusez-moi vous aurez pas une petite pièce si vous plaît ? Yeux se rouvrent torves. Non. Non je n’ai rien. J’ai bouffé les biscuits. Pardon. Désolée non. Non vraiment rien. Main sur le thorax. Rien à vous offrir. Pas à vous ni à toi. Il reste si peu. Déjà. À peine de quoi déclencher ma propre joie.
Le thé a refroidi. Des bulles comme un bateau naviguent lentement. Troublent cet état. Les balcons verts ringards se brouillent à la surface. Géométrie psychédélique. Un court instant j’ai cru que. Plonger pour te récupérer c’est pas une bonne idée.
Marie HL
l’errance c’est se taire à nouveau repartir chaque fois
immobile s’arrêter encore un instant
Je porte un pull écru mais le froid dans la nuque.
de trop se trouver là l’ombre plus loin moins nette mettre encore retrouver quelque chose qui serait une fêlure
Plus je m’éloigne de l’ampoule plus mes contours se floutent.
s'éloignent déforme le tout petit détail il disparaît
J’ai un peu trop marché ce soir et j’ai été suivie.
vouloir que ce soit l’ombre seulement qui ait porté
les pas
un corps vers le coin des cils l’autre l’ombre se joint se joindre en passant
Tout autour il avait plu. L’humidité ruisselante sur les peaux, sur le sol. Du haut du lampadaire une goutte tombe à mes pieds. Je ne marche pas dessus, je l’évite, une foulée plus grande. Une goutte tombe derrière moi, je suis passée dans l’intervalle. Une autre goutte, la personne qui m’observe a fondu.
la faille ou encore interstice
Juliette Buffard
Dans le soir tombé je n’entends plus que mes pas. La bruine sur le capot des voitures se dépose encore, sans bruit, l’eau coagule dessus, sans bruit, les lampadaires luttent en vain contre la nuit qui arrive muette.
J’entends mes baskets trempées qui font flop, je ne peux pas taire l’eau qui s’imbibe. J’aimerais toucher au silence. Glisser sur le pavé comme un courant d’air. Personne ne suit les courants d’air.
L'œil panoramique. Je croyais que je n’avais pas peur. Je croyais que la nuit n’était que la version atténuée du jour mais j’y suis trop, dans la nuit, flop flop sur le trottoir, flop flop ça réveille les monstres.
Je ne sais plus ce que j’aime, si c’est ton absence ou nos souvenirs. Je n’ai besoin de personne.
Celui qui m’a suivie s’est évanoui, une braise de cigarette sur le béton mouillé. Traîne comme une cendre pâteuse, quelque part. Je me dépêche mais feins la nonchalance, peut-être qu’il observe encore. Plus de batterie dans le téléphone. Eloignée des rires et des ivresses du quartier des terrasses, je m’enfonce dans les rues tristes vers notre, vers mon appartement. Pas peur. Tristes mais je les aime, ces rues, j’entends l’écho de tes pas encore, ils faisaient flop aussi. Il pleut tout le temps dans cette foutue ville.
Lili Nyssen
Alors je marche à travers le rideau de pluie, qui s’ouvre seulement pour moi, autour de mon corps d’ombre. Au rythme de mes pas de louve, le voile qui m’entoure se colore. La couleur devient chorégraphie. Orange s’étend vers violet, violet glisse vers bleu, bleu fonce, fonce, fonce encore, et juste quand je crois tomber dans l’ombre, orange, orange pâle au coin de mes yeux.
La couleur s’accompagne d’un bruit de fond, celui des gouttes infatigables sur le pavé, obsédant, répétitif. Parfois s’y accorde le son de leur frottement aux feuilles d’arbres, parfois surgit le tapotement agressif contre une gouttière, décalé, hors du rythme. Et partout ce clapotis, ce bruit de ruissellement, car la ville dégouline, la ville est traversée par un réseau de petits ruisseaux. Si je les suis, est-ce qu’ils se rejoignent ? Est-ce qu’ils forment un grand lac qui noie la ville ? Mais non bien sûr, on a prévu des trous pour ça. L’eau s’infiltre dans des grilles noires, le clapotement y prend un goût de ferraille. L’eau est donc partout, au dessus de moi et en dessous, et en dépôt humide sur mes mains et mes joues. Ce n’est pas une forte pluie, mais elle est têtue. Elle n’a pas prévu de s’arrêter.
Alors moi aussi je vais continuer. Puisque je suis toute seule, puisque personne ne me suit, autant suivre la pluie. Suivre les rivières, chercher le lac.
Puisque rien ne dure, puisque même la colère passe, il faut bien trouver quelque chose.
Tu sais je ne t'ai pas pleuré. Pas une seule fois.
Floriane Gitenay
À suivre !
Instafape
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Feuilleton de l’été SEMAINE#1
Semaine du 5 juillet 2021
Le Rabbit est cassé. Il vibre sans prévenir dans le tiroir de la commode, à travers l’étui en tissu satiné. Bruit de perceuse à colonne. Les voisins vont me détester. Ça me réveille, ça va bien finir par s’arrêter, non il continue, je suis obligée de me lever, le seul moyen de faire taire le facsimilé de caoutchouc c’est de le brancher sur secteur. La petite LED s’allume, verte. Le phallus se calme. Quelle emmerde. Lors de l’achat, mon ex se figeait de fascination pour la puissance de vibration du moteur. Cinq vitesses, autant de tempos différents. Et pour sa taille. Comme si nous introduisions dans l’intime le symbole d’une force supérieure, capable de me faire jouir vite de me faire mal de faire vibrer mon corps jusqu’à l’anesthésie, laquelle, celle de mon clitoris morphologie dissimulée dans la chair, inimitable organe dont on ignore de lourds secrets. Derrière son comptoir, le monsieur nous avait donné un ticket de garantie. Ce monsieur savait-il que je perdrais ce ticket, que le jouet n’était pas démontable, pas réparable, que les circuits électriques s’emballeraient, un jour, quelques années après cette brève entrevue, que tout serait différent. Ça se mesure à peu de choses, le changement. Un engin charge dans ma chambre. Il est silencieux. Est-ce que ça se recycle ? Demain, j’appelle le service de tri de la mairie.
Marie HL
Je ne sais pas ce qui se recycle
Je ne sais
Ne sais pas pourquoi
Attendre que le corps se marque
En allant à la mairie le métro
Et des femmes
Prennent soin entre elles
Protègent des regards prédateurs
Préviennent que l'homme la photo
Sous la jupe plus tard il se branle
Elles ne laissent pas faire
Préviennent que l'homme prédateur agresse
Préviennent que la photo il l'a prise
Le grondement les femmes rassemblées
Autour de l'homme il ne part pas
Il ne peut plus partir
Sur le quai du métro
Les femmes encerclent l'homme
La photo il l'a prise
La photo dégueulasse
L'homme la police arrive
Les femmes encerclent et grondent unies
C'est la force des choses
Qui bougent des femmes entre elles
Qui se soutiennent
Juliette Buffard
Je deviens mauvaise. Hier, j’ai hurlé sur des adolescents sur la plage. Ils s’amusaient à lancer les galets les plus gros possible le plus loin possible. L'impact de l’un d’eux a projeté un petit cailloux qui m'a atteint au genou. Ça a été instinctif. J'en avais déjà marre de leur voix entre le grave et l'aigu, leurs éclats trop forts qui résonnaient en l'air, leur sans-gêne bruyant dans le monde. Je me suis retournée et je les ai agressés. J’ai bégayé, ce que je disais n'avait pas un sens absolu, mais j'ai dû avoir l’air suffisamment énervée et plus âgée qu'eux pour qu’ils s'arrêtent et ne disent rien, pas vraiment penauds mais pas totalement à l’aise non plus.
Aujourd'hui je déboulais au coin d’un passage piéton. Une voiture est arrivée, un peu trop vite. Elle a freiné brusquement. J’ai traversé en levant les yeux au ciel, en soupirant entre mes lèvres pincées. La conductrice a baissé sa vitre pour me lancer une phrase agressive. Je me suis souri à moi même, j’étais contente de l’avoir énervée.
Après toute cette douceur, tous ces sourires et ces silences, pendant des années, je me fais libre d’être mauvaise. C’est jouissif.
Floriane Gitenay
Sortie du métro, la foule qui bouillonne, les gens en paquets moites, marcher dans les pas dans les pas dans les pas des autres. Tout est lent, j'ai les nerfs qui gonflent.
Dehors, 15 heures, 15°C. Le vent et la pluie fine. Je porte une robe d'été. Je porte le bronzage et le jet lag et la fatigue de la nuit interrompue par les vibrations du tiroir.
Tout est foncièrement inadéquat.
Marche, marche, marche, lumière du jour, stop. Mauvais calcul. On me bouscule, siffle, mate. Avec les yeux j'envoie des signaux. Encore un peu et je te. Je deviens mauvaise. Mais tout le monde ignore. On ne voit que la robe, le bronzage, le jet lag. On ne voit que l'arrondi des mollets mordu par le froid. Les hommes regardent là où c'est fragile. Ils regardent toujours là où ça tremble.
Des fois je pourrais être une sale chienne, comme ils disent, et vraiment leur arracher la gueule.
Respire, recule, ignore.
Trois pas de côté, j'ouvre Google, tap tap tap, point de collecte, tap tap tap, searching, barre de chargement trop lente, pas de résultats, écran neige.
Fais chier fais chier fais chier.
Je sens les nerfs et les yeux qui gonflent, le dos qui s'arrondit, doigts et orteils repliés, tout replié, le ventre replié et la langue qui appuie sur le palais les dents.
Tant pis. Marche marche marche sous la lumière affaiblie par le ciel lourd. Le ciel gris qui coule jusqu'au sol. Marche marche marche pour s'épuiser un peu.
Poubelle grise à ma droite, tout venant. Ça vient tout seul, zip zip, trouver l'engin dans le sac. L'engin c'est le totem, l'emblème de tous ces types, tous ces mecs désinvoltes avec leur menace dans les yeux, leurs voix poussives, la menace dans le mate, siffle, bouscule, dans la permission qu'ils se donnent, le privilège de pas savoir ce que ça fait, le privilège de faire même quand ils savent. Ça devient le totem. L'emblème des connards.
Fais chier fais chier fais chier.
Femme-chienne sort les crocs, ongles enfoncés dans le plastique mauve.
J'ouvre la poubelle en furie, attrape jette l'engin, dégage, fort, très fort, le machin mauve frappe le fond dans un bruit sourd.
Ça va mieux.
Marche marche marche. Ça va mieux. Ça va mieux, j'ai envie de rire. J'ai envie de rire sous le ciel sombre, le ciel plus sombre encore, rire sous l'orage qui menace. Marche marche marche. Je vais aller leur dire à tous, je veux leur rire au nez, à tous, tous autant qu'ils sont, et je continue de marcher, poings serrés, dents dehors, j'attends qu'ils viennent.
Manon Secq
J’attends qu’ils viennent. J’attends activement, presque je hurlerais déjà, presque, je viendrais à eux mais je n’ai que mes yeux comme arme. Pas de couteau pas de bombe lacrymo pas de flingue. Rien dans le sac que le téléphone éteint, les ongles enfoncés dans les paumes, rongés les ongles, à force d’angoisses repoussées aux extrémités, inaperçues - le cerveau est bien fait.
J’attends avec mes yeux ; je dévisage. Mentalement je les dépèce, les visages. N’ai jamais soutenu les regards comme ça, toute acérée, pupilles qui trouent les autres, mâchoire tendue. Je regarde, je domine – c’est autre chose que l’adolescence : il n’y avait pas de colère encore mais une sorte de dalle d’être, exister enfin quand l’œil de l’autre me mangeait, me serrait les contours, amoindrissait comme ça ce qui peine encore à exister hors du corps, cette colère d’aujourd’hui, par exemple, tassée toujours et qui me semble jaillir en vrac comme une mauvaise herbe.
Je me souviens des chevaux, la porte de bois cassée, l’écurie désertée. Ils savaient où était le champ, ils l’avaient ravagé, mangé les fleurs et ça avait pris des heures au palefrenier pour les ramener. Il était à bout, contre les juments il criait « sale pute ».
C’est moi qui mate. Je m’assieds à la table du rade au bord du trottoir. Je dévêtis les hommes qui passent, les militaires avec le famas qui encombre, le serveur dont le plateau alourdi vient tendre le biceps. D’autres hommes encore, je croise leurs yeux patauds ; n’ont pas l’habitude d’être mis à nus comme ça, baisés, démembrés – même si ce n’est que des yeux, ce sont des choses que l’on sent quand l’œil nous enserre. Je regarde leurs culs, je commente silencieusement, ton petit cul ton gros cul ton cul flasque. Ils baissent la tête, filent droit dans la rue, disparaissent au coin. Au retour ils prendront la parallèle.
Lili Nyssen
à suivre...
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Le feuilleton de l'été de la FÀPE c'est :
5 autrices / 5 textes par semaine / 5 semaines
Un cadavre exquis longue durée pour ton été !
A suivre ici et sur notre page Insta : collectiffape
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Road Trip
Un ciné-poème écrit et réalisé par Manon Secq, membre du collectif de création littéraire FàPE // Frontière(s) à petite échelle. Avec le merveilleux accompagnement de l’artiste, écrivaine et cinéaste Hélèna Villovitch.
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Retrouvez ce film et d’autres contenus créés par Manon Secq sur sa page Instagram : Substance Silence
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Quatre livres sont nés !
Le vivant grandit des naufrages, de Lili Nyssen
Ce matin la mer, de Manon Secq
M, comme, de Marie HL
La nuit peut être ailleurs, de Juliette Buffard
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La FÀPE était en résidence d’écriture à Colonge, en Bourgogne.
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La FÀPE a participé au 10ème épisode de Demain est annulé, émission diffusée deux fois par mois sur Radio Ouest Track ! Cet épisode est consacré à la question de la Déconstruction.
Notre pièce sonore “Visite de chantier” (diffusée à la toute fin de l’émission) a été écrite collectivement. C’est une création à dix mains, les phrases de chacune sont entremêlées, une manière de frotter nos idées et nos voix les unes aux autres, pour faire émerger une voix nouvelle, un terrain commun peut-être. Cette expérience d’écriture puzzle fait apparaitre des frictions entre nos phrases, fabriquent des sens et des échos. Est-ce que c’est ça, la Déconstruction ?
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FÀPE, collectif de littérature contemporaine.
Nous sommes cinq autrices qui cheminent sur des voies en mouvement simultané. A travers les questionnements que posent les seuils et interfaces que produisent nos différentes pratiques, nous laissons grandir ces voix, nos voix. C’est à cette échelle que se tissent les frontières qui nous séparent et qui nous lient.
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