Partage d’expériences de trois soeurs triplées et de leurs parents atypiques. Le blog d’une famille aux parcours singuliers.
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Confinés depuis le 16 mars, une crise sanitaire précipite le pays dans un nouvel espace-temps, celui du confinement : L'espace du domicile (pour celles et ceux qui ont la chance d'en avoir un), en un temps désormais suspendu... Et pourtant, l'école doit poursuivre son travail. C'est M. le Ministre qui l'a dit. L'injonction aux professeur-e-s des écoles, collèges et lycées est lancée. Abracadabra, et tout le monde a été pris de cours : les profs, les Conseillers Principaux d'Éducation (CPE), élèves, parents... Retour sur cette période mouvementée, depuis le début du confinement jusqu'aux vacances de printemps.
La crise sanitaire que le monde traverse a remis en cause toute l'organisation du pays. Les établissements scolaires n'ont pas échappés à la règle, les jeunes sont ainsi renvoyés chez eux pour suivre une scolarité distante en liaison avec les professeur-e-s.
Sur la corde raide
Nous voici donc assignés à résidence, avec un défi à relever : suivre la scolarité de nos filles à distance, ainsi que notre Ministre l'a demandé, en vertu de la « Continuité Pédagogique ». Faire cours à distance, tout un art... Et les profs ne manquent pas d'idées, dès les premiers jours de confinement. Des trésors d'imagination sont déployés pour répondre à la demande. Ici, 3 filles en 4e, sur deux collèges différents. Une 10aine de matières à suivre, avec une 10aine de profs. Un véritable marathon qui ne peut se courir qu'avec les élèves qui suivent. C'est le cas de 2 de mes 3 filles. Alors la 3e.... c'est le début d'un cauchemar qui nous mène tout droit vers le décrochage scolaire pour Gabrielle. Le cas est trop lourd à gérer, nous sommes malheureusement contraints de nous concentrer sur les deux autres, pour ne pas perdre les 3. J'en parlerai de manière plus spécifique dans un autre billet.
Les mails arrivent de toute part sur les plateformes numériques de suivi de scolarité. Les leçons et exercices affluent selon des modalités disparates. La situation est tendue. Pour Raphaelle et Nathanaelle, c'est le début d'une course effrénée pour maintenir le rythme. Elles démarrent cette période avec une certaine volonté. L'idée de relever le défi leur donne assez d'énergie pour démarrer.
A balles réelles
Mais seulement pour démarrer. Car très vite, plusieurs problèmes pratiques vont se poser, et la belle énergie de départ va peu à peu laisser place à un sentiment de submersion. Pour plusieurs raisons.
La première, celui que les fratries / sorories connaissent bien : enfants d'âges proches (voire identiques dans notre cas). Il est illusoire de penser que ces enfants qui travaillent les mêmes choses vont pouvoir le faire ensemble, et s'entraider. Les rivalités et comparaisons qui existent entre soeurs prennent souvent le pas sur le travail, au point de le rendre simplement impossible. Et bien qu'il y ait assez de place, elles restent ensembles. Pour se surveiller, bien entendu, je précise afin de dissiper toute supposition pacifique. Et lorsque cela arrive, il faut être là. Non pas pour les remettre au travail car ce n'est plus possible à ce stade de la dispute, mais pour les séparer. Et voilà comment perdre 2 à 3 précieuses heures lorsqu'il y à 4 matières à travailler par jour.
La deuxième tient au volume et la dispersion du travail. Volume, car le report pur et simple d'un travail en présentiel au domicile, dans des conditions qui ne sont pas celles de la classe va multiplier le temps qu'il va falloir y passer pour recréer les conditions de la classe. Se pose avec ce constat le problème de la méthodologie. Nous y reviendrons. La dispersion car, pour répondre à l'urgence de la continuité, il a fallu imaginer en un temps record les moyens de transmettre la connaissance et le travail qui va avec, ce qui, comme on peut l'imaginer, ne s'est pas fait de manière coordonnée : les plateformes d'échanges, de partage d'écran (pour les cours en vidéo), ou plus prosaïquement, la messagerie ou les outils scolaires habituels : Pronote, Espaces Numériques de Travail, etc... sont mobilisés au gré des habitudes de chacun. Pour certains, il faudra changer de manuel scolaire, afin d'en utiliser un qui permette la consultation en ligne. Il devient alors indispensable d'être au clair sur les différentes plateformes où se rendre pour récupérer le travail (au besoin, s'y créer un accès), télécharger et imprimer les ressources. Même chose dans l'autre sens, pour envoyer les productions vers les professeur-e-s, une fois scannées. Et attention à ne pas envoyer la mauvaise copie au mauvais endroit. Tout ceci part bien entendu du principe que nous (familles et enseignants) possédons un matériel adéquat.
Le bon câblage
Car la première chose indispensable est bien là : avoir le matériel. Pour les enfants, un matériel suffisamment récent et puissant afin de leur permettre de suivre les cours "en direct" avec leur professeur-e et les camarades de classe sur des plateformes diverses de cours vidéos avec partage d'écran. Avec une connexion internet haut-débit et quelques connaissance en informatique en cas de problème technique. Ce n'est pas notre cas, le résultat est sans appel : les heures de cours organisées de cette manière n'ont pas pu avoir lieu pour elles (bugs, images figées, sons coupés...). Pour nous les parents, la possession d'un matériel bureautique est indispensable : un PC de bureau, une imprimante, un scanner.
Le bon secrétariat
Une fois ces conditions réunies, nous passons l'étape suivante, et nous nous lançons dans les joies du secrétariat scolaire : une indispensable intendance chronophage et dispendieuse en impression / scan / mails (interface avec l'équipe enseignante, questions diverses aux professeur-e-s...). Commence alors pour les parents une traque disparate aux leçons et devoirs par mail, Pronote, ou sur des plateformes internet X, Y ou Z.
Avec pour effet immédiat : le temps passé à la chasse-aux-devoirs est un temps où les enfants sont seuls devant leur cahier. Plus assez de temps pour m'asseoir à côté d'elles, répondre à d'éventuelles questions, si je le peux... Et que font-elles pendant ce temps ? Je vous laisse deviner :-) Ce temps incompressible de mise en place matérielle est sans valeur ajoutée pédagogique, de la pure perte. C'est en plus un coup à déclencher une nouvelle bataille fratricide qui plombe définitivement toute possibilité de travailler quand je reviens avec mon paquet de copies à la main, chacune partant bouder dans son coin.
Autre point de l'intendance incontournable : le collage des impressions dans le cahier. Il peut y en avoir beaucoup, et pour bien faire les choses, ces feuilles doivent parfois s'accompagner d'une saisie écran du manuel en ligne (que l'enfant n'a pas en version imprimé dans son cartable), sans quoi le document d'exercice envoyé n'a pas de sens.
Je passe sur la problématique du rachat des cartouches d'encre dont le stock décline à vue d'oeil, quand les courses de premières nécessités (seules autorisées) n'incluent pas les cartouches d'encre... Je n'ose pas imaginer ce qui se passera lorsque nous ne serons plus en capacité d'imprimer leçons et exercices.
Le problème du format
Un mot encore pour expliciter le problème méthodologique évoqué plus haut. Le report du cours dans son format « classe » et dans ses méthodes de travail vers la maison sans repenser le format génère un surplus de travail qui va s'ajouter au temps d'intendance et de pédagogie qui frôle la limite du faisable.
Qu'il s'agisse de paramétrage informatique et de faire fonctionner une webcam pour un cours virtuel, imprimer des cours, des exercices, ou les pages d'un manuel qui n'existe qu'en ligne (et que les enfants ne connaissaient pas avant le début de la scolarité à la maison), pour y ajouter la feuille d'exercice à coller dans le cahier qui s'y rapporte,
Qu'il s'agisse de reporter sur une copie de ma fille les corrections et précieux commentaires que l'enseignant-e m'a envoyé par mail (et non sur la copie elle-même).
Qu'il s'agisse de remplacer le cours pris sous la dictée par un travail de recopie dans le cahier, parfois avec une couleur spécifique, comme cela se faisait en classe, d'un texte transmis par messagerie, alors qu'il suffirait de l'imprimer et le coller.
Non. Le temps ne nous le permet plus. Nous irions tout droit dans le mur, avec le risque d'exploser même avant l'impact.
Stop, maman, on n'en peut plus
Voilà pourquoi nos filles pourtant appliquées et sérieuses avec la chose scolaire sont aujourd'hui arrivées au bout de leurs forces, et nous ont demandé d'arrêter, épuisées. Malgré le retard qui s'est accumulé, qui les obligent désormais à rattraper sur des vacances scolaires que nous attendions pourtant avec impatience.
Cette situation a installé un certain chaos dans notre quotidien, mis nos nerfs à rude épreuve. Un burn-out de toute la famille avec ce sentiment d'abandon de l'institution, et d'impuissance pour les parents. Avec pour les enfants, une fatigue extrême. Et que dire du désarroi des enseignant-e-s placé-e-s au pieds du mur, bien souvent eux-mêmes parents impuissants devant les mêmes aberrations de la situation ? Tout ceci pour que l'école continue à distance. Et à quel prix ?
Celui de de prendre les profs de cours, submergés par la situation. Celui de mettre une pression inédite aux élèves, face à des devoirs inégaux en volumes (quand on peut les récupérer), de format non adapté à l'enseignement à distance, faute de temps, et d'imposer aux enseignant-es et aux familles l'usage de l'informatique : quand on l'a, et quand elle fonctionne (la connexion obligatoire aux plateformes diverses étant le maillon faible du process). Chez nous, c'est un marathon imprimante / mail / scanner pour nos 3 ados qui prédomine, pour un ratio temps d'intendance / temps pédagogique contre-productif.
Bref, une grande illusion qui prend profs et parents en otage, à devoir jouer un rôle qui n'est pas le leur. Une illusion qui, de surcroît risque d'aggraver la situation des familles, et des enfants. Ce qui s'annonçait comme une mesure de maintien d'un service en situation de crise s'avère finalement chez nous une terrible course contre la montre, une marche forcée pour boucler le programme quoi qu'il en coûte et finalement, pour toues les familles, une fracassante caisse de résonance aux inégalités -numériques, territoriales- face à l'école.
Pour se détendre un peu
Comme vous l'aurez compris, ces images d'ennuis en famille qui tournent en boucle à la télé ou sur les réseaux sociaux ne nous concernent pas. J'ai cette chance de ne pas (télé)travailler (et n'ose pas imaginer ce que cela aurait été avec un travail) et pense à toutes celles et tous ceux qui doivent mener de front un travail, la gestion de la maison et l'école des enfants....
Pour rétablir l'équilibre, il faut parfois forcer l'occasion. L'occasion de regarder un film, écouter de la musique, jouer un peu avec les enfants.... Et cela tombe bien : entre l'opéra, les cinémas, les musées, les archives diverses qui ouvrent des accès libres à leurs trésors, on n'a que l'embarras du choix. Je ne citerai que cette initiative, moins connue mais toute aussi généreuse : Faites connaissance avec la musique italienne d'auteurs, en profitant d'un CD par jour offert en téléchargement, jusqu'à la fin du confinement. Un grand merci à la direction de Storie di Note pour cette belle initiative ! https://www.storiedinote.fr
Je laisse le mot de la fin à cet élève de Mme_la_CPE (compte Twitter), avec son aimable autorisation :
A lire, cet article de Médiapart https://www.mediapart.fr/journal/france/310320/des-gens-vont-mourir-mais-il-faut-que-tu-passes-ton-bac
L'Appel des 11 maires de Seine-Saint-Denis de paru sur le Parisien http://www.leparisien.fr/societe/coronavirus-n-ajoutez-pas-une-crise-scolaire-a-la-crise-sanitaire-05-04-2020-8294274.php
Laissez vos enfants tranquilles ! Le cri d'alarme du psychopédagogue Bruno Humbeeck sur France Inter https://www.franceinter.fr/vie-quotidienne/confinement-laissez-vos-enfants-tranquilles
Et ces fiches-outils des services pédopsychiatrique du CHU Robert Debré https://www.pedopsydebre.org/post/burn-out-parental-pendant-le-confinement-pr%C3%A9venir-et-en-sortir
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A tous les enfants, les ados, les spéciaux, les dys, les tda, les hauts potentiels leurs profs, parents, psys orthophonistes orthoptistes, les éducs, les animateurs, les aidants et tous les proches ....
Toute la famille des C'est Nous ! vous souhaite l'énergie nécessaire, et même plus ! Le plein de tous ces petits instants de bonheur trouvés dans la joie d'une réussite, d'un dépassement... Que tout ceci permette bien plus de 2020 succès dans les parcours scolaires, périscolaires de nos enfants.
Le travail continue, pour toujours plus d'inclusion, d'adaptation, alors......
Que la force soit avec vous...
Et à très vite pour de prochains partages ;-)
Bonne année XXL à tou-s-tes
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C'est un fait quasi universel. Dans tout travail de réflexion ou de rédaction, les idées ne viennent jamais dans le bon ordre, ni au bon moment. C'est vrai pour tout le monde, mais ça l'est plus particulièrement pour les personnes qui vivent avec un trouble déficitaire de l'attention, avec ou sans hyperactvitié (TDA/H). Et quand ce trouble cohabite avec un haut-potentiel intellectuel, eh bien ce n'est pas triste : vous ajoutez à vos difficultés de concentration un flot de pensées incontrôlables qui vous submerge. Bref : c'est le problème que nous connaissons tous, mais puissance 10. Ici je vous livre mes petites astuces pour tirer profit de la situation, plutôt que de la subir.
Vous êtes assis à votre bureau devant un bloc-notes désespérément vide, face à un problème. Malgré un labourage cérébral intense et prolongé, rien ne vient, aucune inspiration. Pas grave, demain sera votre jour de repos. Le lendemain, le jour de repos, vous relâchez toute la pression sous une bonne douche tiède. L'esprit vagabonde, vous pensez au repas de ce midi, et là bam ! Une petite idée furtive fait irruption. Celle-ci va résoudre le problème qui vous avait retourné le cerveau toute la journée d'hier en vain. Vous n'avez rien pour noter, et pour cause, vous êtes sous la douche. Qui plus est, lorsque la tête se met en marche, elle ouvre le débit, il va donc falloir noter cette idée au plus vite avant qu'elle ne soit délogée par le flot des idées suivantes. C'est le déclic qui a déclenché l'avalanche. La douche devra donc être écourtée pour courir dans la chambre et prendre des notes, dans votre plus simple appareil (parce que bien entendu, vous n'aurez pas le temps de vous habiller, ce serait trop facile).
Autre exemple, dans la situation inverse : vous avez un souci avec votre fournisseur internet, le support technique ne trouve pas de solution, il n'y a pas d'autre issue que de résilier et aller voir la concurrence. Mais il va falloir montrer que ce problème n'est pas de votre fait pour échapper aux frais de résiliation. C'est compliqué, c'est un peu technique, et vous ne savez pas par où commencer... Scène suivante, vous voilà au travail, vous devez rendre le compte-rendu de la réunion d'hier. Vous relisez vos notes et là bam, et re-bam ! Une idée d'argument, l'argument central, le meilleur, celui que vous trouvez dans l'utilisation quotidienne de votre box. Vite, vous lâchez votre compte-rendu pour jeter rapidement les idées qui vous sont venues à l'esprit sur un bout de papier. Encore heureux que ce flash ne soit pas apparu à la cantine avec les collègues en pleine conversation "vacances" !.
Tout noter tout de suite, ici et maintenant
Vous êtes en train de vivre un problème de cloisonnement. Tout le monde peut vivre cela, mais la difficulté lorsque l'on vit un TDA tient dans le fait qu'il est très difficile de retenir ces idées plus de quelques secondes. Il n'y a rien d'autres à faire que de se plier à cet état de fait, et d'avoir toujours son carnet de notes sur soi pour tout noter, tout de suite. La pensée n'est pas linéaire, nous en subissons les assauts irréguliers et capricieux, sans lien avec notre propre organisation. Et les idées les plus capricieuses sont souvent les meilleures. C'est l'inspiration des artistes ou des ingénieurs, mais le terme est généralisable au delà de la sphère des créateurs. Donc en toute circonstances, toutes, y compris à la salle de bain et aux toilettes, il vous faudra un bloc-notes et un crayon. Et ce principe est d'autant plus impératif que la capacité à garder ses idées en mémoire est limitée avec un TDA, parce qu'il y en a plusieurs en même temps et parce que n'importe quelle source de distraction dans votre environnement devient une menace pour votre mémoire. Les idées qui suivent en torrent sont souvent sans rapport avec le sujet, et pas toutes d'un intérêt égal. Il n'est pourtant pas possible d'appuyer sur pause jusqu'à trouver son bloc-notes. Alors avant de voir vos pensées vous entraîner toujours plus loin du déclic originel, notez...
Reste ensuite à reprendre le cours de ce qui a été interrompu, ce qui n'est pas simple non plus, à moins d'être assez rapide pour noter votre idée puis de reprendre le fil de ce que vous faisiez avant son apparition, sans vous perdre. Encore toute une histoire avec un TDA...
Dans l'ordre ?
Certains travaux nécessitent de mettre en ordre des séquences, ou de réaliser des actions dans un ordre précis : 1 puis 2 puis 3. Or, toujours dans le même esprit, vous pouvez avoir l'intuition géniale pour la 3e étapes mais aucune pour celles qui précèdent, pourtant indispensables à la réalisation de la 3e. Là aussi, tant pis pour l'ordre qui pourra être vu après. Pour ne pas perdre cette 3e étape, il faut la noter, quitte à mettre 2 tirets au dessus pour indiquer que vous devez continuer à chercher. Sinon, le temps de chercher les préalables vous fera courir le risque de perdre cette 3e étape. Cela revient finalement à passer à l'étape suivante dans n'importe quelle situation si nous bloquons sur celle d'avant, en acceptant d'appréhender la séquence dans un ordre que vous n'anticipez pas.
La liste des tâches
On la fait parfois pour les courses, on peut la faire pour tout ce qui est à réaliser. Parce que notre esprit bien distrait aura toujours plein d'autres sources d'attraction que de se focaliser sur le travail qui doit être pris en charge. C'est un moindre mal qui permet de tenir à distance autant que possible le « tout tout de suite », quand l'efficacité d'une pensée se réduit à sa mise en oeuvre immédiate.
D'ailleurs, c'est aussi un classique de la dispersion mentale : une fois la liste dressée, vous passez à l'action, et vous vous apercevez que vous avez oublié un point important. Alors, au lieu d'aller rallonger votre liste, vous vous interrompez pour passer à cette dernière idée, comme ça on n'en parlera plus, pensez-vous. Mais vous n'êtes pas à l'abri d'en voir encore d'autres s'inviter par surprise. Et vous aurez finalement passé votre journée à faire tout autre chose que ce que vous aviez noté. La liste est donc reportée au lendemain, avec cette désagréable impression -et fausse- que vous n'avez pas avancé dans votre journée, parce que la liste vous a juste permis de fixer.... ce que vous ne ferez pas aujourd'hui, mais plus tard. Mais.... du moment que c'est noté, ce n'est pas perdu. La liste est donc, malgré tout, un incontournable que la gestion mentale pour tenter de sortir de l'oppression de l'immédiateté, et planifier un minimum.
Et si les vannes ne s'ouvrent pas toutes seules ?
Aucune idée ne vient, ce qui et compliqué lorsqu'il y a un délai à respecter. Vous attendez l'étincelle, mais le temps passe et rien ne vient. En fait, si l'étincelle vient souvent au mauvais moment, elle vient aussi parce qu'auparavant, vous aviez déjà débuté une réflexion. Tout ce qui précède n'a donc pas pour objectif de vous dire qu'il est inutile de réfléchir, et d'attendre. Pas du tout. Le fait d'avoir commencé des recherches qui n'ont pas abouti sur le moment peut faciliter la bonne idée, mais pas tout de suite (quand vous serez sous la douche, par exemple). La solution est donc de vous y mettre, face à votre page blanche, mais de ne pas vous accrocher si rien ne vient, et passer à autre chose. Il faut se faire confiance, un processus a été lancé à bas bruit, votre réflexion n'aura pas été inutile, même si on ne maîtrise pas le moment où elle portera ses fruits, vous en aurez juste favorisé l'apparition. Il est donc indispensable de ne pas s'y prendre au dernier moment pour ouvrir la réflexion. Quelques heures, ou quelques jours après, il n'est pas rare d'avoir LA bonne idée, comme d'habitude, lorsque vous n'y penserez plus du tout.
Écarter les sources de distraction que vous estimez non productives
Autre point important : sur le web, éviter absolument les « pièges attentionnels », les sites à forte présence publicitaire et certains réseaux sociaux sont ainsi fait qu'une fois dedans, l'attention est sollicitée de toute part et partout en même temps. Ce n'est déjà pas simple de garder le cap (de l'information recherchée par exemple), alors imaginez pour les personnes atteintes du TDA, c'est littéralement impossible !
D'ailleurs, c'est un aspect qui est considéré dans la liste des critères de référence dont les professionnels du développement web sont censés tenir compte lorsque les sites mis en place se disent conforme à ces référentiels. On y trouve ainsi quelques critères à l'égard des personnes atteintes de troubles cognitifs (appellation qui recoupe des difficultés très larges) préconisant, par exemple, que chaque contenu en mouvement ou clignotant soit contrôlable par l'utilisateur [1]. Imaginez la ruine que pourrait provoquer l'application de ce critère sur les plus importantes plateformes de streaming vidéo ou autres réseaux sociaux tirant profit de revenus publicitaires....
Donc vous m'avez compris, votre efficacité devant un écran sera optimisée si l'onglet de votre réseau social préféré reste fermé, si celui-ci n'est pas indispensable à votre travail, bien entendu !
En conclusion, la clé de voûte, c'est renoncer à l'ordre. Les idées sont des feux de paille, il faut les fixer comme elles viennent pour ne pas les perdre, quitte à les organiser ensuite, une fois notées. Ces idées qui s'invitent à l'improviste, et repartent aussitôt sont souvent meilleures que celles que sommes allés chercher. Il faut en profiter !
[1] Pour plus de détails, le lecteur peut se reporter à la version française de ces recommandations sur le Référentiel Général d'Amélioration de l'Accessibilité - rubrique Consultation - mis en ligne dans sa version 4 par la direction interministérielle du numérique (DINUM), sur numerique.gouv.fr
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Nous y sommes ! La traditionnelle « journée de l'Intelligence » organisée par l'association Mensa aura enfin lieu le samedi 16 mars à Paris ! Programmée puis annulée en décembre 2018, la voici reprogrammée ce prochain samedi 16 mars au CNAM (Conservatoire National des Arts et Métiers), 292 rue Saint-Martin, 75003 Paris, dans l'amphithéâtre Paul Painlevé. Et tout ceci, pour notre plus grand.....Bonheur !
Une Intelligence Day qui aura pour thème le bonheur de la personne à Haut-Potentiel. Inaccessible ? Difficile, ou au contraire à portée de main ? Tout un programme de conférences sur la journée, que rythmera un casting d'intervenants de haute volée :
Fabrice Bak, psychologue cognitiviste
Camille Lefrançois, psychologue chercheur
Arielle Adda, psychologue clinicienne
Hubert Ripoll, psychologue du sport
Clément Pichol-Thievend, conseiller en management et en communication
Le Programme :
Accueil entre 8h30 et 9h Première conférence "La construction du bonheur chez les personnes à haut potentiel" de Fabrice Bak à 9h Deuxième Conférence "L'accomplissement et la réalisation de soi chez la personne HPI" de Camille Lefrançois à 10h45
Pause déjeuner, puis reprise de l'accueil entre 13h et 13h30
Troisième Conférence "Le rapport au bonheur des HPI, enfants et adultes" d'Arielle Adda à 13h30 Quatrième Conférence "Les champions sont-ils programmés pour gagner ?" de Hubert Ripoll à 15h15 Cinquième Conférence "Leadership, manuel de combat" de Clément Pichol-Thievend à 16h30
Place à prendre ici : https://www.helloasso.com/associations/mensa-idf/evenements/intelligence-day-2019
Attention, à ce jour et à cette heure, plus que 31 places disponibles sur un amphi de 500 places environ. Faîtes vite !
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Voilà, deux journées de rentrée échelonnée dans les écoles, collèges, lycées.... C'est officiel, les grandes vacances sont finies.
Alors pour la souhaiter la plus douce possible, la moins compliquée possible, la plus optimiste et prometteuse possible, deux des triplettes du blog vous ont fait un petit dessin qui raconte une petite histoire (les 2 « R » ont un rôle dans le déroulé). Je vous la laisse deviner, comme le dit une certaine chanson...
:-)
Et en attendant, une très bonne rentrée à toutes et à tous !
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C'est officiel depuis 2 jours, nous sommes en vacances ! Des milliers d'écoliers, collégiens et lycéens de l'hexagone et d'outre-mer peuvent enfin souffler. Une pause estivale bien méritée, en particulier lorsque l'année scolaire a été éprouvante, pour les enfants, les ados fragilisés par des situations compliquées, des besoins spécifiques plus ou moins pris en charge.
Et pour nous, l'année s'achève en demi-teinte. Les triplées passent en classe supérieure. Mais dans un contexte bien difficile à plus d'un titre, notamment celui de restrictions budgétaires qui imposent la fermeture de l'une des sections bilangues, cursus dans lequel elles se trouvent. Une sélection a dû être faite pour la rentrée scolaire prochaine, mais ce sera la surprise du mois de septembre. Cette situation est quelque peu ... angoissante. D'autre part, Gabrielle arrive en fin d'année avec beaucoup de fatigue. La mauvaise compréhension de ses aménagements scolaires et les heures de rééducations suivies en dehors du temps scolaire (avec 4h30 de transport par semaine rien que pour les trajets rééducations / école / maison) en sont en partie responsables. S'y ajoute le signalement d'une vidéo prise à la dérobée et diffusée sur les réseaux sociaux.... Une histoire dont Gabrielle a été victime, qui s'est terminée en commissariat.
J'aurai l'occasion de vous reparler de ces événements. Mais pour l'heure, les vacances vont nous permettre de tenir cela à distance.
De mon côté, je termine les restitutions de ce dernier colloque Compétences et Difficultés des Enfants à Haut Potentiel tenu le 10 avril dernier sous la houlette du CNAHP de Rennes [1] et du Ministère de l'Éducation Nationale, travail d'ores et déjà débuté ici :
Les enfants à haut potentiel : compétences et difficultés
Prochaine conférence : L'intelligence en action dans le cerveau de l'enfant, tout un programme !
Nous attendons aussi l' Intelligence Day pour ce mois d'octobre, et ses manifestations sur le territoire français orchestrées l'association Mensa.
Bref, faisons le plein d'énergie avant toute chose, les vacances sont faites pour cela. Et quelle meilleure idée que celle de vous souhaiter une bonne absence à travers la simple omission du « S » dans cette formule « Bonne Vacance » ? (merci aux triplettes !)
Bonne Vacance
:-D
[1] CNAHP : Centre national d'aide aux enfants et aux adolescents à haut potentiel
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C'était le premier sujet du Colloque International Compétences et Difficultés des Enfants à Haut Potentiel de ce mardi 10 avril 2018, à Paris. Première intervenante de la matinée après l'ouverture sous les majestueuses voûtes du grand amphi de la Sorbonne, Mme Maria Pereira Da Costa. La Théorie de l'intelligence a grandement évoluée dans ses concepts et l'évaluation du haut potentiel qui en découle.
Mme Pereira Da Costa nous présente le sujet sous l'angle historique. Vice présidente du Conseil d'Administration de l'université Paris Descartes, elle est également maître de conférences et chercheuse au Laboratoire Adaptations Travail-Individu (LATI). Sous la direction de Todd Lubart, ce laboratoire de l'université Paris Descartes travaille sur les approches sociétales des questions d'acquisition et l'évolution des compétences, de transmission des savoirs ou encore d'innovation ou de potentiels créatifs.
De quoi parle-t-on ?
Si le LATI mesure le haut potentiel académique pour le besoin de ses études, il y associe également sur une autre approche pluridisciplinaire enrichie d'un ensemble de facteurs, moins connus que ceux classiquement testés. Celle-ci ajoute à la définition quantitative des performances mesurées par des scores une définition qualitative où personnalité et fonctionnement spécifique apportent un éclairage complémentaire à une réalité complexe.
Les débuts du QI
En pratiquement un siècle nous sommes passés de la vision unitaire d'Alfred Binet à la conception pluraliste du début des années 80. Binet qui étudiait l'intelligence des enfants a jeté les premières bases de mesures à partir du calcul d'un d'âge mental sur un âge réel. La première approche de quotient intellectuel défendue par Louis William Stern, contemporain de Binet venait de faire son apparition, ainsi que celle de facteur g défendue par Charles Edward Spearman [1]. Binet avait identifié une dizaine d'entités unitaires, dont la mémoire, les images mentales... Ses tests permettaient d'apprécier des aptitudes de vocabulaire, de logique abstraite, ou encore mécaniques (des connaissances tacites, des règles de bons sens).
Le QI aujourd'hui
Mais le principe de cette mesure a évolué pour se détacher finalement de ses origines. En 1939, David Wechsler introduit la notion de moyenne de groupe et d'écart de la personne testée à cette moyenne. Les groupes de comparaison sont déterminés par tranche d'âge. Les scores obtenus sont dits standardisés, parce qu'étalonnés en référence à une courbe statistique. Ces échelles dites de Wechsler donnent un profil plus riche en plusieurs indices. Aujourd'hui ils sont au nombre de 5 (échelle en cours d'utilisation : le WISC5 pour les enfants de 6 à 16 ans). Le LATI a d'ailleurs illustré la grande variété des profils des enfants à haut potentiel à l'aune de ces indices (qui n'étaient alors que 4 au moment de l'étude, dans la version précédente du WISC, le WISC4), et défend l'idée qu'il n'est pas possible de déterminer une typologie de profils. C'est ce que montre le graphique projeté lors de la présentation. En voici une reconstitution : une superposition de tracés reliant les indices obtenus lors du test d'un groupe d'enfants à haut potentiel, avec une tracé par enfant. Nous précisons que ces enfant ne présentent pas de trouble des apprentissages en apparence.
Les nouvelles approches hiérarchiques
C'est cette mesure de l'intelligence académique qui prévaut encore de nos jours. Mais les années 80 soufflent un vent d'innovation et amènent son lot d'approches plus globales. Elles sont dites hiérarchiques pour signifier l'apport supplémentaire (et non substitutif) à la vision historique jugée néanmoins trop simple, unidimensionnelle. Nous y trouvons notamment la théorie des aptitudes, la théorie triarchique, la théorie des intelligences multiples.
Des aptitudes aux profils
C'est sur le terrain de la psychologie différentielle que nous abordons les profils multiples d'individus, avec la théorie des aptitudes. Ceux-ci se déterminent selon ces trois axes :
Celui de l'utilité de l'intelligence (à quoi sert-elle ?)
Le constat et l'explication des différences individuelles de performances observées
et l'identification de processus psychiques de natures différentes.
La réponse à ces questions amène à dégager des profils. La question de l'utilité de l'intelligence doit nous indiquer ce qu'il faut rechercher : les processus de résolution de problèmes, les stratégies, ou bien la rapidité de résolution des problèmes posés ? La présence des compétences académiques pour réussir à l'école ? La pluralité des des réponses à la question de l'utilité de l'intelligence est sans doute la plus riche de renseignements quant à la diversité des approches, et des profils possibles.
Le trépied de l'intelligence humaine
La théorie triarchique de Robert Stenberg nous amène sur le terrain de la psychologie de l'éducation qui l'utilise, et fait référence hors de nos frontières françaises. Posé en 1988, l'objectif est clair. Il s'agit ici de compléter les approches psychométriques c'est-à-dire, se basant uniquement sur les résultats aux tests de quotient intellectuel. La théorie triarchique considère trois intelligences :
analytique
pratique
Créative.
L'intelligence analytique est celle que l'on mesure traditionnellement avec les tests de quotient intellectuel (sur les échelles de Wechsler). Elle est utile dans les contextes académiques. L'intelligence pratique concerne les connaissances tacites constituées de procédures. Cette forme d'intelligence se construit avec l'expérience. Elle est testée avec des déplacements, à la lecture de plans de métro par exemple. Ou toute forme d'exercice pratique qui nécessite une analyse de la situation, de la logique et du bon sens. L'intelligence créative est utilisée face à une situation nouvelle. Elle permet de développer l'approche inédite nécessaire à la solution. Cet aspect fait l'objet de la 3e conférence de la matinée présentée par Olivier Houdé : L'intelligence en action dans le cerveau de l'enfant.
Les intelligences multiples
Mais c'est sans doute l'approche de Gardner qui résonne le plus dans le champ des sciences de l'éducation. Les 8 formes d'intelligence que Gardner défend existent selon lui indépendamment les unes des autres. Il s'agit de :
l'intelligence langagière
l'intelligence logico-mathématique
l'intelligence visuo-spatiale
l'intelligence musicale
l'intelligence kinesthésique
l'intelligence interpersonnelle
l'intelligence intrapersonnelle
l'intelligence naturaliste
Il n'y a pas de validation scientifique de cette théorie. Gardner lui-même ne souhaitait pas développer d'outils de mesure de ces aptitudes, ce qui a été contourné par la mesure des intérêts de l'enfant au moyen de grilles, questionnaires de mesure. Pour autant, les programmes éducatifs basés sur cette approche connaissent une certaine réussite.
Le modèle des trois anneaux
Cette conférence ne saurait se terminer sans présenter le modèle de Joseph Renzulli. Ce psychologue américain, spécialiste des questions éducatives ne conçoit pas le talent d'un haut potentiel en dehors de son environnement. Ainsi le haut potentiel trouve son expression au croisement d'aptitudes cognitives, créatives, et de capacités à investir les apprentissages. Renzulli en tire un schéma en trois anneaux qui résume sa pensée, et qui pourrait se traduire ainsi.
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[1] Sur le principe, le facteur g désigne un ensemble d'éléments communs de 1er niveau définissant l'intelligence générale. Ces éléments tendent à mesurer des compétences sur lesquelles des individus auront des scores corrélés, car sous-tendues par des mécanismes communs. Ils s'opposent aux éléments de 2e niveau qui définissent des intelligences spécifiques. Ceux-ci tendent à montrer des compétences hétérogènes, moins corrélées entre elles.
Présentation du Laboratoire Adaptations Travail - Individu (LATI) http://recherche.parisdescartes.fr/LATI
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Professeur de psychologie, Todd Lubart est directeur du Laboratoire Adaptations Travail-Individu (LATI) de l'université Paris Descartes. Il s'intéresse à la créativité, et nous en parle à l'occasion du colloque international Compétences et Difficulté des enfants à haut potentiel, tenu le 10 avril 2018 au grand amphi de la Sorbonne. Son intervention : La créativité - une ressource potentielle à évaluer et développer pour l'enfant dans son environnement scolaire, familial, social et thérapeutique.
De quoi parle-t-on ?
C'est une partie de notre héritage, nous sommes des êtres de création. L'invention d'outils de chasse il y a 2 millions d'années démontrent déjà de telles capacités. Les traces laissées par les activités des homos sapiens il y a 40 mille ans nous valent cette appellation de Lubart d'Homos Creativus.
Parce que l'intelligence est corrélée à la créativité, comme l'activité d'un expert à celle d'un inventeur. La créativité, c'est la capacité à créer un contenu qui soit à la fois utile et esthétique. Ce lien a fait l'objet de mesures, notamment dans le cas du haut potentiel [1]. L'histoire a montré que l'enfant se sert de sa créativité à différents degrés et portée. On les retrouve à différents moments de l'histoire à des stades divers, allant du développement personnel à l'accomplissement sociétal. Todd Lubart en reconnaît 4 stades qu'il nomme :
micro « c » pour parler d'une idée créative pour l'enfant au service du développement cognitif et personnel
mini « c » pur une production créative reconnue dans son milieu social (famille, école)
pro « c » pour une production créative reconnu dans un champ professionnel
big « C » pour une manifestation créative éminente reconnue dans le champ professionnel et par la société (par exemple Mozart).
Les ingrédients et la dynamique
On ne peut pas distinguer conceptuellement le haut potentiel académique et le haut potentiel créatif. Mais dans les faits, on peut observer deux profils distincts. Il faut avant tout considérer les ingrédients de la créativité que sont
les activités mentales liées à la connaissance à travers le langage, la mémoire, le raisonnement...(la cognition)
l'impulsion dirigée en faveur de l'action (la conation)
les émotions propres à l'individu
l'environnement familial, scolaire, local...
Un processus en mouvement
Mais il faut aussi considérer la créativité dans sa dynamique. C'est le processus créatif, que Lubart définit comme la mise en action du potentiel créatif en une production. Lubart donne un exemple de ce processus dans la téléphonie, l'invention du mobile résultant de la perception fine des changements sociaux à l'égard du téléphone. Il est parti du constat d'une baisse de fréquentation des cabines publiques, il fallait alors trouver le moyen d'inverser la tendance. La cognition créative représente ce type de pensée permettant la détection de signaux faibles et la production de réponses adaptées.
Deux temps
Divergence et convergence. Voilà qui résume bien les deux temps du processus de création. Les deux phases qui fondent le geste créateur se trouve donc dans cette réalité.
La première, c'est l'exploration de l'espace conceptuel, la divergence.
La seconde, c'est l'intégration des éléments vers un même résultat, dans le mouvement inverse au premier, appelé la convergence.
La question de la mesure, toute une EPoC !
Reste alors maintenant à résoudre la question de la mesure des capacités créatives, au même titre que celui des capacités cognitives académique avec les échelles de Wechsler. Nous voici au coeur du travail de Lubart et de son équipe, à travers l'outil de mesure EPoC pour Évaluation du Potentiel Créatif.
Un peu d'histoire
Il s'agit d'une batterie de tests développée entre les années 2000 et 2010 dont les premières hypothèses de travail se sont attachées à répondre à ces questions :
Cherche-t-on à mesurer le potentiel lui-même, ou son accomplissement ?
De même, la mesure s'effectue-t-elle par domaine ou selon un facteur général de créativité ?
Enfin, l'objet de la mesure doit-il porter sur une performance ou sur une auto-évaluation ? D'abord développés dans les domaines graphiques et en français en 2011, ces tests se sont internationalisés en 2013 et étendus aux domaines de la créativité sociale, mathématique, scientifique, musicale et kinesthésique. Ce parcours a permis une étude internationale en 2015 portant sur 10 pays de l'OCDE [2].
Les choix
Les enfants sont mis en situation de création à travers des productions (dessin, composition littéraire...), l'outil évalue un potentiel créatif. Le sujet testé, enfant ou adolescent, s'engage dans le processus de création. Il met en oeuvre sa pensée exploratoire-divergente et intégrative-convergente, selon les tests, ce qui permet à l'équipe de mesurer les ingrédients et la dynamique vus plus haut : motivation, prise de risque, émotions... . Les tests, structurés par domaines d'activités, comportent des familles d'épreuves qui appartiennent aux compétences verbales ou graphiques.
Un exemple de mesure de la de pensée convergente se trouve dans l'épreuve dite de Nombre-séquence intégrative. Il s'agit de produire un maximum de séquences mathématiques à l'aide d'une calculette pour trouver un nombre donné en un temps limité (voir l'image Nombres : comvergence-intégration). Par exemple : trouver toutes les combinaisons de chiffres et d'opérations entre eux donnant comme résultat le nombre 8, en 10 minutes. On s'intéresse ici à la quantité de réponses, mais aussi à leur originalité. Ainsi, sur l'ensemble des enfants soumis au test, de 1 à 54 idées ont été trouvées, soit 13,5 idées en moyenne avec un écart-type de 8,7. Réponse parmi les plus fréquentes : 5+4-1=8. Réponse parmi les plus rares (moins de 1% de l'échantillon) : (2+6)*2-8=8.]]
Puisqu'il s'agit de comparer le potentiel créatif et cognitif, l'échelle de notation d'EPoC adopte l'étalonnage Wechsler. Les 4 indices mesurés croisent les capacités graphiques et verbal, de pensée convergente et divergente, soient :
DG est l'indice graphique divergent
DV est l'indice verbal divergent
IG est l'indice graphique intégratif et
IV est l'indice verbal intégratif.
Chaque épreuve est associé à l'un de ces 4 indices. La structure totale totale de la batterie EPoC est modélisée en un graphe.
Un haut potentiel créatif se situe à 130 pour faciliter la superposition des mesures et établir des corrélations [3] entre haut potentiel intellectuel et le haut potentiel créatif. Les coefficients qui les expriment montrent une corrélation qui, bien que modérée, confirme un certain rapport entre le QI Total mesuré sur les échelles de Wechsler et l'indice graphique convergent du potentiel créatif sous EPoC. Il en va de même pour la vitesse de traitement dans la mesure du potentiel intellectuel en lien avec ce même indice graphique convergent. Un lien un peu plus lâche, existe également entre l'indice de compréhension verbal des échelles de Wechsler et l'indice verbal intégratif sous EPoC. Pour les plus curieu-x-ses, je vous reporte ici le tableau complet des coefficients de corrélation EPoC / WISC4 :
EPoC et ses liens avec les scores du WISC 4 DG DV IG IV ICV 0.14 -0.16 0.21 0.26 IRP -0.24 -0.07 0.11 0.06 IMT -0.15 -0.07 0.19 0.09 IVT -0.23 0.13 0.28 0.10 QIT -0.14 0.07 0.28 0.21
Et voici à quoi ressemble un profil sous EPoC. Cette illustration montre un exemple de profil graphique, sur les 4 indices.
La création à l'école ?
Comment tenir compte du potentiel créatif à l'école ? C'est LA question qui donne sens à cette belle recherche. Je vous avoue être un peu restée sur ma faim, peut-être que le temps venait à manquer pour cette conférence-ci. Nous avons néanmoins évoqué les tentatives pédagogiques à travers Freinet ou Montessori, par comparaison aux méthodes classiques. Quoi qu'il en soit, pour Lubart, la valorisation de ce potentiel passe par l'usage des outils de mesure. Ceux-ci favorisent l'émergence d'une prise de conscience, et en initie le développement dans l'institution scolaire. Les projets de groupe et l'encouragement de la coopération entre élèves ne pourront qu'aller dans le bon sens. La créativité peut aussi s'éduquer par voie d'enseignement.
par l'éducation aux techniques de pensées créatives,
par la mise en place d'activités permettant de développer les ressources cognitives, conatives (ou motivationnelles) et affectives.
et par l'organisation de l'environnement de la classe à dessein.
Il faut aussi noter l'existence de ressources web dédiées aux enseignants. Todd Lubbart propose la très graphique Creative Profiler [4] ! L'interface offre une démonstration interactive de l'outil et de ses mesures et permet son utilisation en créant un compte. On en regrette seulement la technologie obsolète, non universelle (et de fait non conforme aux exigences d'accessibilité du web).
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[1] Le LATI illustre la relation entre capacités académiques et créativité sur une courbe, qui montre néanmoins un drôle de contre-exemple dans le cas des plasticiens, pour qui le potentiel créateur décroit en proportion du temps passé dans les études supérieures !
[2] Organisation de Coopération et de Développement Économique
[3] Ce calcul passe par l'établissement d'un coefficient de corrélation. C'est un chiffre situé entre -1 et 1 qui exprime le lien plus ou moins fort qui existe entre deux variables : plus le chiffre issu de ce calcul est proche de l'un de ces 2 chiffres, plus la corrélation est forte, en proportion ou proportion inverse. Plus le chiffre se rapproche de 0, et moins le lien est fort. Diapo 102201
[4] Visuel de l'application web Creative Profiler - Copyright Pierre Berloquin - Crealude
Bibliographie :
Psychologie de la créativité (2e edition) - Lubart, Mouchiroud, Tordjman & Zenasni Ed Armand Colin, Paris 2015
EPoC : évaluation du potentiel créatif - Lubart, Besançon & Barbot Ed Hogrefe, Paris 2011 (il s'agit du test en lui-même)
La créativité chez l'enfant - Besançon & Lubart Ed Mardaga, Bruxelles 2016
On peut aussi lire cet article de la revue Recherche et Education de Maud Besançon, Baptiste Barbot et Todd Lubart, d'octobre 2011 https://journals.openedition.org/rechercheseducations/840
L'accès à l'application web Creative Profiler : http://www.creativeprofiler.com
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Scolariser un enfant qui en a besoin à temps partiel : voilà une idée qui pourrait faire bondir certains parents et enseignants. Le principe existe dans le cadre spécifique des élèves en « double cursus », c'est-à-dire pratiquant à haute dose et à côté de l'école une activité artistique (danse, musique...) ou sportive. Ce cas de figure répond à un besoin pratique. Celui de poursuivre autant que possible la scolarité de ces enfants et ces ados qui font le choix de se professionnaliser dans un sport ou un art de façon précoce. Pour autant, d'autres élèves pourraient aussi y trouver leur compte. L'école à temps partiel, au delà du besoin pratique, devient alors une réponse pédagogique. Explication du besoin par l'exemple.
On ne la présente plus, Gabrielle ! La voici repartie pour une nouvelle année scolaire, désormais sur une section bilangue, avec un professeur d'italien et un autre d'anglais dès la 6e. Il faut dire qu'elle adore parler, déjà, en français, dans sa langue maternelle. Alors avec une marraine italienne, ce choix coulait de source, malgré les quelques heures de cours supplémentaires. A la clé, une section à double-bac, français et italien ! Donc les parents y trouvent aussi leur compte. Passionnée d'archéologie, elle se voit déjà partir en expédition sur le sol italien, Rome n'a peut-être pas encore livré tous ses secrets, allez savoir... Et puis, vous savez, « Quand je serai grande je serai..... » non rien. Tout est dit là. Mais ce n'est pas tout. Gabrielle est aussi passionnée de danse classique et de musique. Au cas où, pour éviter l'ennui, nous ajoutons 5 heures de pratique hebdomadaire. Cerise sur le gâteau, les arts plastiques. Allez, nous casons encore 2 heures de plus ! Cela fait trop ? Il faut choisir ? Il va falloir s'y résoudre. Mais la question n'est pas de savoir que garder, mais que supprimer. On peut éventuellement gratter un peu du côté des arts plastiques. Et encore... en cas de réussite, d'autres activités sont sur la liste d'attente. La nature a horreur du vide, dit-on....
Ecole, métro, ortho, psycho...
Mais ce n'est pas encore fini. Gabrielle a des passions, mais aussi quelques difficultés dont nous parlons déjà ici : dyslexie, dysorthographie, dysgraphie, avec troubles attentionnels (Tda/h) et vision monoculaire. Le tout dans un contexte de haut potentiel intellectuel. Donc, vous l'aurez compris, nous repartons pour quelques heures d'orthophonie, d'orthoptie, de psychomotricité et d'ergothérapie supplémentaires dans la semaine, entre 3 heures et 3 heures 30... Et pour quelques années encore.
Alors comme tous les ans en début d'année, les parents repartent sur le casse-tête du planning. Tout doit rentrer en une semaine. Je me suis améliorée en quelques années de pratique : jouer à Tétris [1] avec des briques temporelles, des contraintes de créneaux horaires, de déplacements et un bon algorithme décisionnel nous a sauvé la mise jusqu'ici. Là, je m'entraîne pour l'année prochaine.
Face à tout cela, heureusement, Gabrielle bénéficie d'aménagements. Il en existe surtout au regard de ses difficultés. Avec un plan d'aide personnalisé, une auxiliaire de vie scolaire (AVS), Gabrielle a ce qu'il faut pour réussir, et ses résultats scolaires s'en ressentent. Tant mieux. Mais nous avons un autre souci.
L'équation à résoudre
Gabrielle n'apprécie l'école que pour y retrouver ses camarades. Le reste, elle s'en accommode tant que les résultats la valorisent. Pourtant, elle s'ennuie. Non pas que ses professeurs soient mauvais, ou confus. Loin de là. D'ailleurs, l'environnement d'une classe bilangue est intellectuellement stimulant, ce qui n'est pas négligeable. Mais elle s'ennuie en cours. Son naturel agité reprend alors le dessus, et ce comportement lui joue régulièrement des tours. A côté de cela, une fois les grilles de l'école franchies, l'emploi du temps de Gabrielle s'alourdit soudainement. Qu'il s'agisse de ses rééducations multiples ou de ses activités, ses mercredis après-midi, ses fins de journées et ses samedis, tout son temps libre y passe. Résultat : plus assez de temps pour les devoirs (ce qui l'arrange d'ailleurs, mais ça c'est encore un autre problème !) et pour souffler, la semaine est trop chargée.
Finalement, le problème est simple dans son expression mais complexe dans sa solution. Il faut considérer ce déséquilibre. Beaucoup de temps passé à l'école, avec ennui, et trop peu de temps restant pour tout le reste, y compris ses besoins para-médicaux. L'enjeu est double :
Éviter que cet ennui ne finisse par lui faire prendre l'école en grippe, même si ses activités extérieures qu'elle vit à 200% comblent ce besoin d'adrénaline.
Trouver du temps supplémentaire pour aérer le planning et y placer parcours de soins et activités.
L'équilibre scolaire / périscolaire
Des réponses scolaires qui conviennent aux enfants comme elle existent. Saut de classe ? Pédagogie différentiée ? Oui, peut-être, mais pas totalement satisfaisant. Le problème numéro un dans le cas de Gabrielle est un problème de gestion du temps.
Le premier conseil prodigué autour de nous : réduire la voilure sur les activités périscolaires qui risquent de l'épuiser. Nous sommes d'accord sur le constat de ce risque. Mais la solution n'est pas adaptée à son profil. Non seulement elle continuera de s'ennuyer en classe, mais les échappatoires qu'elles pouvait trouver en dehors seront amoindris. Moins chargée, mais frustrée, donnera-t-elle toujours autant le meilleur d'elle-même à l'école dans cette configuration ? Le remède n'est-il pas pire que le mal ?
Peut-on alors envisager les choses autrement, et oser réfléchir dans le sens inverse : réduire la voilure côté école.... Impensable ? Pas tant que cela. Puisque des dispositifs existent pour les artistes et les sportifs, dans le système français, ce sont des Classes à Horaires Aménagées (CHA) : Sport, Musique, Danse, Théâtre.... Cours le matin, conservatoire ou club de sport l'après-midi (ou l'inverse). Gabrielle ne demanderait pas mieux. Qu'à cela ne tienne, puisque sa pratique au conservatoire le lui permettrait. Elle n'aurait plus le temps de s'ennuyer à l'école, puisque le même programme est suivi en moins de temps, et on en profiterait pour placer les rééducations multiples, sans se sentir à l'étroit dans un emploi du temps, de fait, plus détendu et peut-être plus serein. De plus, elle ne serait plus obligée de considérer ses activités comme simple variable d'ajustement sur sa fatigue.
Un choix cornélien
Oui mais.... on abandonne le cursus bilangue. Des heures entières de recherches pour en arriver à cette conclusion : les parcours à horaires aménagés pour des raisons pratiques ne sont accessibles que sur une scolarisation sans option spécifique, ou du moins sur des options plus populaires. Et inutile d'aller chercher le complément au CNED [2] : l'italien en 1ère langue n'est pas proposé. Autrement dit, cette réalité nous place face à un cas de conscience : devons-nous miser sur les études en privilégiant la section bilangue et les ouvertures bi-nationales, voire européennes ou miser sur l'accessibilité et l'adéquation au profil de Gabrielle en privilégiant les horaires aménagés ?Comment peut-on mettre une famille face à un tel choix, qui implique un sacrifice dans les deux cas, avec des risques :
Celui de voir une enfant frustrée, épuisée, se désintéresser peu à peu du monde qui l'entoure pour lui permettre de déployer ses compétences académiques (tout en poursuivant les rééducations dont elle a besoin).
Celui de sacrifier des compétences académiques, et un possible avenir étudiant prometteur dans un contexte international. Faciliter ainsi l'organisation de son temps au plus près de ses besoins dans une filière à horaire aménagés. Dit autrement : Y a-t-il compatibilité entre un parcours scolaire à options spécifiques choisies dans l'école publique ordinaire et les besoins particuliers d'organisation du temps d'un enfant liés à un fonctionnement et / ou à des troubles spécifiques ?
Une piste à creuser ?
Aussi pourrait-on considérer qu'une scolarité aménagée sur des demi-journées quelles que soient les options, aussi rares soient-elles, puisse constituer une réponse pédagogique.
Que cette réponse convienne à des enfants qui en ont besoin pour leur bon développement. Cela vaut pour un enfant souffrant de troubles dans ses apprentissages, et plus largement, en présence d'un handicap dont les prises en charges sont indispensables, lourdes et durables. Cela vaut aussi pour un enfant à haut potentiel face à l'ennui, et pourtant curieux de tout. Un enfant qui ne peut pas envisager ses journées sans les vivre avec intensité dans le monde qui l'entoure.
Pour Gabrielle, cela vaut à double titre. Parce qu'elle est l'un ET l'autre. Cela pour satisfaire un grand appétit, quasi vital, d'art et de culture, et pour envisager ses rééducations multiples en raison des troubles qui accompagnent son potentiel, sans sacrifice sur la scolarité qu'elle a choisie. L'enjeu pour nous est de lui laisser le temps d'être ce qu'elle est : une enfant hors norme avec des aptitudes scolaires, extra-scolaires ET des troubles spécifiques.
[1] Tétris est un jeu de puzzle vidéo avec des briques de géométrie variable que le joueur doit agencer au fur et à mesure qu'elles tombent pour réaliser des lignes complètes dans un espace délimité.
[2] Dans le système français, le Centre National d'Enseignement à Distance est une structure de l'enseignement public permettant l'accès à des cours lorsque ceux-ci ne sont pas disponibles ou envisageables pour des raisons liés aux établissements ou aux situations. Des cours libres en dehors de toute contrainte sont aussi possibles.
Un exemple de rythmes scolaires dans le système traditionnel allemand, expliqué ici : Le système scolaire allemand : un système idéal ?
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