caypso
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et écrire des phrases qui ne seront jamais prononcées
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caypso · 5 months ago
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Comment toi, Caypso, tu témoignes ton amour, amical, amoureux, platonique ou même sexuel à une tierce personne ? Comment Toi tu fais, avec des mots, des paroles ou des gestes pour dire « je t’aime » ?
Pour exprimer mon amour, qu'il soit amical, amoureux, platonique ou même sexuel, je m'efforce de trouver la forme la plus authentique et sincère possible.
Dans le domaine amoureux, bien que cette expérience me soit encore peu familière et que mes mots soient encore juvéniles, j'offre sans compter, par les regards, les attentions et les gestes qui ressemblent à un ballet muet, procurant à l'autre, je l'espère, un réconfort éternel. Mon temps se partage entre cette personne, mes pensées qui lui sont dédiées, et moi-même, avec quelques moments consacrés aux amis car chacun a sa propre vie. Par les mots, je lui dis qu'elle est belle, qu'elle a le droit de se tromper, qu'elle est la meilleure chose qui me soit arrivée, tout cela en écrivant maladroitement sur des bouquets. Par les gestes, je transmets le besoin de la toucher physiquement : je passe ma main dans ses cheveux aussi souvent que possible, et même en l'absence de mots, je lui tiens la main. Pour savourer une éternité éphémère, je goûte à ses lèvres aussi souvent que possible. Cependant, le plus important est de passer du temps ensemble, de parcourir cette existence à petits pas, de rire aux éclats dans une valse nocturne où les pupilles expriment ce que les mots ne peuvent pas, de voyager à l'horizon des jours entiers sous la couette et dans les bras l'un de l'autre, de partager cette vie entière avec une autre personne. J'offre aussi des cadeaux, des petites attentions, même un simple message plus ou moins beau sans paraître un peu niais. Je fais tomber le masque et j'adoucis la carapace que je me suis créée.
Dans le cadre amical, c'est assez similaire à la manière amoureuse, sans le contact physique car je n'y suis pas habitué (je frissonne d'ailleurs lorsque l'on me touche sans que j'y sois mentalement préparé). J'offre des mots moins personnels mais destinés aux autres, j'écoute en silence quand leurs cœurs battent plus fort, je fais sourire et rire car j'ai toujours un mot pour tout en composant des phrases avec peu de choses. Par les mots, je me concentre sur eux en oubliant qui je suis pour laisser place à l'étendue de tout ce qu'ils sont, même lorsque le silence règne. Par les gestes, je suis attentionné, je regarde droit dans les yeux lorsque l'on me parle, car tous ces moments partagés, plus ou moins raisonnables, deviennent des fables plus ou moins belles dans le récit de ma vie joyeuse. Je garde cependant toujours mon masque et ma carapace reste aussi imperméable qu'un gilet pare-balles, car je ne suis pas le seul à posséder des armes, à avoir des balles dans le barillet.
Dans le cadre platonique, j'évite d'entretenir ce genre de relation. Je ne dis rien, je ne cherche pas à faire autant rire que je le pourrais, je me contente d'échanger sur l'autre et lorsque celui-ci me répond, je n'écoute que d'une oreille, l'autre étant concentrée sur ses défauts. Je ne dis rien car ça n'en vaut pas la peine, rien de nouveau à l'horizon, c'est comme si j'entretenais une relation avec le cœur coincé dans une prison. Si l'autre n'est pas capable de me faire sentir que j'existe, s'il n'est pas capable de voir qu'il existe aussi, alors rien n'a de valeur, rien n'est fait pour plaire. Je porte un masque et ma carapace ne bouge finalement pas.
Dans le cadre sexuel, c'est un mélange des deux premières manières : je ne dis rien mais je montre tout, se mettre à nu physiquement sans les sentiments pour une première position qu'on ne prend pas vraiment. Ensuite, par les mots, je dis que j'aime ce qu'il se passe. Je n'ai jamais couché contre ma volonté, je n'ai jamais couché sans ressentir une intimité, car ce n'est pas le genre de chose que j'aime donner. En revanche, je donne volontiers ma place pour le plaisir, car l'autre compte avant tout. Mes doigts dansent sur cette peau comme un ultime tango. Je passe du temps après l'acte à me blottir dans les bras de la personne, à la caresser méticuleusement pour qu'elle oublie, le temps d'un instant, toutes les misères du monde.
Avec des mots, je choisis des expressions qui viennent du cœur, des mots doux et attentionnés (avec toute la voix que je m'efforce de contrôler), des compliments sincères qui reflètent l'importance de la personne pour moi. Parfois, une simple lettre contient ce que j'éprouve mais que je ne dis pas de vive voix, car ce qui n'est pas dit du bout des lèvres ou du bout du stylo, s'en va crier au fond de l'âme.
De manière générale, dans ces quatre façons, je privilégie les petites attentions quotidiennes qui montrent que je me soucie vraiment de l'autre. Cela peut être des câlins chaleureux, des regards complices ou des surprises personnalisées qui témoignent de ma compréhension et de mon affection. Parfois, un simple geste comme préparer un repas préféré ou offrir une fleur peut dire plus que mille mots. Je témoigne mon amour par une combinaison harmonieuse de mots, de paroles et de gestes, chacun portant une part de mon cœur et de mon dévouement envers l'autre.
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caypso · 1 year ago
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Dans le silence des âmes parlantes,
Les cœurs s'étreignent en un ballet muet,
Chaque battement, une étoile filante,
Dans l'immense ciel de l'indicible secret.
Sensibilité à fleur de peau,
Des cœurs qui dansent sans aucun écho,
L'absence de mot, douce caresse,
Un langage né de la tendresse.
Ému par l'invisible, par l'inaudible,
Là où les mots perdent leur sens,
L'amour s'exprime, pur et indicible,
Dans l'abandon total et immense.
J'aurais vu dans ce silence,
Une toile vierge pour l'espérance,
Les cœurs sensibles, en leur essence,
N'ont nul besoin de mots pour leur danse.
Dans le grand théâtre de l'existence,
Les âmes s'effleurent sans résonance,
Et dans ce monde où tout est absence,
Le cœur parle, suprême élégance.
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caypso · 1 year ago
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On s’est aimé comme on se quitte
Quand l’âme fait toujours face au quotidien
Il en fallait peu pour s’aimer vite
Il en fallait beaucoup pour s’aimer bien
Et ce sont toujours dans ces nuits-là
Que la peur de ces jours aimés
Où rien ne nous ramènera
Ne reviennent finalement jamais.
On s’aime dans l’existence du soir
Pour se quitter sous le ciel bleu
Parce qu’il y aura ces aux revoirs
Qui résonnent toujours comme des adieux.
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caypso · 2 years ago
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Je crois que je suis dans le même état que toi 5 ans après cette réponse, 5 ans après tout, 5 ans après le rien. Je ne sais plus ce que tu as écrit, je ne sais plus pourquoi tu as écrit tout ça mais j’espère qu’après 5 ans, tu ne pense plus ce que tu dis, que tu panse ce que tu as écrit.
Envoie moi un message privé, qu'on crée une histoire presque par hasard
Le vide n'a jamais été aussi pleinEt j'y repense tous les jours Comme si on s'etait aimé Et j'avale toujours la même fumée J'déambule malsaine dans la brume À croire qu'elle peut m'guider J’m e racroche à des bribes de pensées ivres d'espoir A defaut d'gloire, j’t'itube, je hurle J'ecarquille les yeux dans l'noir Me amor j'suis amère J'respire plus tu m'disais Me amor regarde la mer T'sais la vie, t'sais le temps, t'sais nous, Tu vois le tout, à l'échelle atomique chaque plus petite particule est pratiquement vide Ton regard à brûlé mon âme Ton absence à tué les émotions Et j'ai la sale certitude que le vide n'a jamais été aussi plein.
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caypso · 2 years ago
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“Ecrire, c'est comme craquer une allumette au coeur de la nuit en plein milieu d'un bois. Ce que vous comprenez alors, c'est combien il y a d'obscurité partout. La littérature ne sert pas à mieux voir. Elle sert seulement à mieux mesurer l'épaisseur de l'ombre.”
— William Faulkner
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caypso · 2 years ago
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Faire la paix avec sa propre mort
La brièveté même de l’existence, d’ailleurs, entraîne un certain principe de réalité, avec lequel il convient de faire la paix : nous ne réaliserons pas, en une seule vie, l’ensemble de nos rêves. Il y a trop de livre à lire, trop de lieux à visiter, trop de musiques à écouter, trop de femmes à aimer, trop de mets à déguster, trop de choses à découvrir, à conquérir, à explorer, à apprendre … le monde est trop vaste pour qu’une seule existence étanche en nous la soif de vivre ; la mort s’invite toujours à la fête trop tôt; et si cette soif de vivre s’étanche, c’est que nous sommes dans les ténèbres et la dépression la plus noire.Chaque instant qui passe représente donc un choix, et un choix par élimination : tout ce que nous ne faisons pas à l’instant T, nous perdons, à jamais, la possibilité de l’avoir fait à ce moment-là de notre existence. Et rien ne nous dit que d’autres instants viendront. Même la plus banale et la plus routinière des tâches est concernée : l’entraînement que je rate aujourd’hui ne sera jamais rattrapé ; le rendez-vous que je n’honore pas disparaît dans le néant ; la soirée à laquelle je ne participe pas, parce que j’en préfère une autre, n’existera plus jamais. Choisir, c’est renoncer.Parce que nous avons le sentiment, faux mais bien ancré en nous, qu’il y aura toujours un « demain », nous tendons à repousser à ce jour hypothétique bien des devoirs, mais aussi bien des plaisirs : je remplirai ma déclaration d’impôts demain ; mais j’appellerai également mon père demain.Ce n’est que lorsque nous perdons un être cher que nous prenons conscience que « demain » n’existera pas toujours, ou en tout cas, pas pour tout le monde. Et que nombre des promesses remises à « demain » ne seront jamais tenues. Pourtant, quelques jours après les obsèques, ou quelques semaines au mieux, tout tend à revenir à la normale : « demain » réapparaît dans nos pensées, comme s’il n’en était jamais parti.Quand viendra l’heure des comptes, quel résumé ferai-je de ma vie ? Aurai-je laissé derrière moi une œuvre ? Une famille ? Un patrimoine ? Un témoin de mon passage sur Terre ? Aurai-je participé, à un degré ou à un autre, à la grande aventure humaine ? Mon existence influencera-t-elle, même à un degré minime, le reste de l’histoire de notre espèce ? Ou ne serai-je qu’un anonyme parmi d’autres, un lambda parmi les milliards de lambdas ? Un être dont toute l’existence aura tourné autour de l’oubli de soi, de la jouissance immédiate, du caprice ? Que restera-t-il de moi ? Un souvenir ? Un livre ? Ou seulement un abonnement Xhamster premium, quelques personnages sur un jeu en ligne et un compte Facebook qui me survivra des années durant ?
Autant de questions qu’il n’est pas toujours facile, ni confortable, de se poser, tant il est vrai que la majorité des hommes vivent, aujourd’hui, des vies absurdes, sans but ni sens, sans direction ni signification.
La Mort est-elle vraiment à craindre ? Ou est-elle ce qui donne un sens à notre existence ?
La conscience de sa propre finitude est l’un des éléments essentiels définissant l’homme sage. Seul le fou oublie que son temps sur Terre est limité et que chaque jour vécu est, potentiellement, le dernier. Nous sommes mortels et notre existence touchera, tôt ou tard, à sa fin. Et nous ne savons, ni ne saurons jamais, avant qu’il ne soit trop tard, quand viendra cette fin. Pour certains, elle viendra dans le sommeil, comme un doux glissement du rêve aux ténèbres. Pour d’autres, elle sera soudaine, violente ou douloureuse, et ne laissera même pas le temps de dire adieu à ceux qui nous sont chers.
Pour autant, à moins que nous n’exercions un métier dans lequel la mort est omniprésente (qu’il s’agisse des métiers de la police, des secours, ou encore des métiers du soin et de l’urgence), il est rare, au cours de nos journées, que nous soyons confrontés à l’idée de notre propre date d’expiration. Bien souvent, nous vivons notre quotidien comme si celui-ci était infini. Et, comme l’écrivait le stoïcien Sénèque (Lettre sur la brièveté de l’existence), nous laissons les corbeaux dévorer les lambeaux de nos jours. Sans doute, également, évitons-nous de trop y penser : après tout, la plupart d’entre nous, s’ils prenaient conscience que chacun de leurs jours pourrait bien être le dernier, en deviendraient incapables de continuer à vivre comme ils le font. L’absurdité de leur existence leur sauterait au visage. Car la silhouette de la Faucheuse, qui plane au-dessus de nous, appelle également à la reddition des comptes. Et à la question lancinante : quand la Mort viendra, qu’aurai-je fait de mon existence qui me permette de l’accueillir en paix ? Qui me permette de me dire que ma vie a valu la peine d’être vécue ? 
L’heure du bilan
Quand viendra l’heure des comptes, quel résumé ferai-je de ma vie ? Aurai-je laissé derrière moi une œuvre ? Une famille ? Un patrimoine ? Un témoin de mon passage sur Terre ? Aurai-je participé, à un degré ou à un autre, à la grande aventure humaine ? Mon existence influencera-t-elle, même à un degré minime, le reste de l’histoire de notre espèce ? Ou ne serai-je qu’un anonyme parmi d’autres, un lambda parmi les milliards de lambdas ? Un être dont toute l’existence aura tourné autour de l’oubli de soi, de la jouissance immédiate, du caprice ? Que restera-t-il de moi ? Un souvenir ? Un livre ? Ou seulement un abonnement Xhamster premium, quelques personnages sur un jeu en ligne et un compte Facebook qui me survivra des années durant ?
Autant de questions qu’il n’est pas toujours facile, ni confortable, de se poser, tant il est vrai que la majorité des hommes vivent, aujourd’hui, des vies absurdes, sans but ni sens, sans direction ni signification.
Les vertus d’aujourd’hui
Parce que nous avons le sentiment, faux mais bien ancré en nous, qu’il y aura toujours un « demain », nous tendons à repousser à ce jour hypothétique bien des devoirs, mais aussi bien des plaisirs : je remplirai ma déclaration d’impôts demain ; mais j’appellerai également mon père demain.
Ce n’est que lorsque nous perdons un être cher que nous prenons conscience que « demain » n’existera pas toujours, ou en tout cas, pas pour tout le monde. Et que nombre des promesses remises à « demain » ne seront jamais tenues. Pourtant, quelques jours après les obsèques, ou quelques semaines au mieux, tout tend à revenir à la normale : « demain » réapparaît dans nos pensées, comme s’il n’en était jamais parti.
La prise de conscience de notre propre finitude et de notre inévitable trépas doit nous encourager à nous opposer à cette tendance. Nous pousser à penser à aujourd’hui, qu’il s’agisse de nos devoirs ou de nos joies. Cela ne veut pas dire qu’il faille oublier la notion de gratification différée, ni éviter les plans de long terme. Cela veut, en revanche, dire que nous devons apprendre à dresser nos désirs afin que notre paresse ou notre lâcheté naturelles ne nous empêche pas d’agir aujourd’hui. Sans quoi nous risquons bien de passer notre vie à attendre Godot.
Bonheur de ce qui est
La comparaison avec les autres, et en particulier, par le biais d’Internet, avec tous ceux qui sont plus, qui ont plus, qui font plus que nous-même, n’est pas toujours une bonne chose. Comme le rappelle Jordan Peterson dans Douze leçons pour une vie, ce n’est pas à un autre qu’il faut nous comparer, mais bien à nous-même, hier, la semaine dernière, le mois dernier, l’an dernier.
Cette comparaison a deux vertus : d’une part, elle nous empêche de tomber dans l’autocomplaisance. Oui, d’accord, ce que j’ai réalisé jusqu’ici n’est pas terrible, mais c’est déjà mieux que ce gros con de Machin est une pensée mortifère : elle nous enferme dans le présent et nous compare à pire que nous (et pire uniquement selon des critères arbitraires, que nous décidons, et donc qui nous arrangent), plutôt que de nous amener à nous questionner sur le sens de notre propre existence. D’autre part, éviter de se comparer aux autres permet de se satisfaire de ce que l’on a accompli par et pour soi-même : après tout, que savons-nous au juste de l’idiosyncrasie d’un autre ? Nous ne la connaissons que superficiellement et sommes incapables de mesurer précisément le prix qu’il a eu à payer pour obtenir ce qu’il a. Peut-être ce prix était-il terrible, et bien plus élevé que nous ne serions prêts à payer. Ou peut-être était-il ridicule, et a-t-il gagné ce qu’il a dans une pochette surprise. Mais dans tous les cas, nous ne saurons jamais avec certitude quels sont ses efforts, ni quels sont ses mérites. Aussi est-il vain de jouer au concours de quéquette.
En revanche, nous connaissons le prix subjectif de nos propres réalisations. Nous savons bien, au fond de nous, ce que nous devons à nos efforts, ce qui nous est arrivé par chance et ce dont nous avons usurpé le mérite. Et c’est de nous-mêmes que nous nous devons d’être le juge.
Un juge sévère mais conciliant, strict mais pas inhumain. Et un juge qui doit réussir à se souvenir qu’on n’est que rarement à la hauteur de ses propres principes ni de ses propres ambitions. Un juge, donc, qui doit porter un regard sans concession mais non sans tendresse ni sans empathie sur nos manquements, nos erreurs, nos fautes, et parvenir à trouver, dans tout cela, matière à tout de même nous satisfaire de nos réalisations.
Il ne s’agit aucunement ici de cesser de chercher à améliorer sa vie. Il s’agit de prendre conscience du chemin déjà parcouru, du fait que la vie a des hauts et des bas, et que l’existence de « bas » ne signifie pas que l’on soit incapable, même dans ces moments, de trouver quelque étincelle de joie ou de satisfaction. Conscience, enfin, que quels que soient les objectifs que nous nous fixons, il est probable que nous ne les réaliserons pas tous. Et que ce n’est pas forcément grave. Cela peut l’être si cette non-réalisation provient d’un renoncement, d’une chute dans la médiocrité ou le nihilisme ; mais pas si elle vient du fait que nous avons changé de route, que la vie nous a apporté son lot de surprises et que nous nous y sommes adapté.
Vita brevis
La brièveté même de l’existence, d’ailleurs, entraîne un certain principe de réalité, avec lequel il convient de faire la paix : nous ne réaliserons pas, en une seule vie, l’ensemble de nos rêves. Il y a trop de livre à lire, trop de lieux à visiter, trop de musiques à écouter, trop de femmes à aimer, trop de mets à déguster, trop de choses à découvrir, à conquérir, à explorer, à apprendre … le monde est trop vaste pour qu’une seule existence étanche en nous la soif de vivre ; la mort s’invite toujours à la fête trop tôt; et si cette soif de vivre s’étanche, c’est que nous sommes dans les ténèbres et la dépression la plus noire.
Chaque instant qui passe représente donc un choix, et un choix par élimination : tout ce que nous ne faisons pas à l’instant T, nous perdons, à jamais, la possibilité de l’avoir fait à ce moment-là de notre existence. Et rien ne nous dit que d’autres instants viendront. Même la plus banale et la plus routinière des tâches est concernée : l’entraînement que je rate aujourd’hui ne sera jamais rattrapé ; le rendez-vous que je n’honore pas disparaît dans le néant ; la soirée à laquelle je ne participe pas, parce que j’en préfère une autre, n’existera plus jamais. Choisir, c’est renoncer.
Et c’est ce renoncement qui nous forge et forge notre existence. Nous ne sommes pas tant celui que nous croyons être que celui que nous forgeons au quotidien, par nos choix, par nos non-choix, par nos renoncements. Hier, peut-être ai-je été un homme qui renonce à écrire un chapitre du livre qu’il projette pour trouver le temps de soulever de la fonte. Et si hier avait été mon dernier jour, si j’étais mort ce jour-là, je serais, pour l’éternité, resté cet homme-là. Et même si hier n’est pas mon dernier jour : je garde hier en moi, et le garderai pour tout le restant de mon existence, et pour tout le restant de mon existence je demeurerai un homme qui a préféré, un jour au moins, la musculation à l’écriture. Est-ce un bien ? Est-ce un mal ? Ni l’un ni l’autre. Mais ce choix a contribué à me définir. Celui que je suis aujourd’hui découle de ce choix. Celui que je serai demain découlera du choix que je ferai aujourd’hui. Mais en aucun cas, les mille-et-uns petits actes et petits renoncements qui parsèment nos jours et tissent la trame de notre existence ne peuvent être considérés comme anodins. Tout prend sens, dès lors qu’on a conscience que le moindre de nos choix contribue à la définition de notre être. Et que nous ne disposons, pour formuler cette définition, que d’un temps limité : la mort tient le chronomètre et il est déjà bien plus tard que nous ne le pensons.
Ne pas craindre la mort
Comme l’expliquait Epicure en son temps, la mort elle-même (ou en tout cas notre propre décès) n’est pas à craindre, et cette absence de crainte est l’une des clefs d’une vie heureuse. En effet, ce qui nous pose réellement un problème, c’est la mort des autres, bien plus que la nôtre. La nôtre, en définitive, nous concerne très peu, et pendant très peu de temps : tant que nous sommes là, c’est qu’elle n’est pas encore arrivée. Dès qu’elle arrive, c’est que nous ne sommes plus là. La seule chose à craindre est une éventuelle douleur au moment du passage d’un état à l’autre.
Et une fois passé … c’est question de foi. Mais soit on tombe dans le néant (et on ne sera plus jamais capable de s’en rendre compte, donc ça n’a plus aucune importance pour nous), soit on accède à un Au-Delà qui, à moins que nous ne nous soyons comporté en infâme ordure, devrait être heureux. Dans les deux cas, c’est la fin des emmerdements. Et si vous pensez avoir mérité l’Enfer, raison de plus pour agir, aujourd’hui, maintenant, afin de parvenir à une forme de rédemption.
Ne pas craindre la Faucheuse, c’est aussi considérer que la mort est dans la nature de l’existence. Tout ce qui existe, du cafard aux galaxies, a un cycle de vie : formation, maturité, dévolution, disparition. Les fantasmes transhumanistes ne sont rien d’autre qu’une réédition modernisée du mythe de la Pierre Philosophale ; mais en définitive, il est inutile de regretter ce qui est inévitable. Et c’est parce que notre trépas est inévitable qu’il contribue à donner du sens à notre existence.
Car s’il y avait toujours un « demain », s’il y avait toujours un « après », alors aucun de nos choix ni de nos renoncements ne serait irrémédiable. Il n’y aurait pas de signification à chercher à sa vie, puisque toutes les options seraient possibles, à un moment ou à un autre. Il n’y aurait pas d’enjeu, puisque tout serait réalisable, à condition d’en prendre le temps. Il n’y aurait même peut-être pas d’identité propre, puisque nous pourrions, tour à tour, tout être et tout devenir. La Mort n’est donc pas à craindre : elle est à accepter. Et elle est même, à un certain degré, à apprécier, tant elle contribue à nous donner un sens. C’est parce qu’elle est éphémère que la vie est précieuse.
Écrire un testament
Tout le monde n’a pas un patrimoine important à transmettre. Mais tout le monde a quelque chose à transmettre : quelques phrases, des vœux, des conseils, un livre, une pensée… Écrire son testament, ou, en tout cas, une longue lettre destinée aux personnes qui comptent à nos yeux, constitue un examen de conscience passionnant. Il permet de prendre le temps, ce temps qu’habituellement on ne prend jamais, pour parler seul à seul avec chacun de ceux qui comptent pour nous. N’hésitez pas, dans la rédaction, à aller très au-delà de ce que la loi autorise. Il ne vous est par exemple pas possible, légalement parlant, de « léguer » votre autorité parentale à un ami sûr. Mais si vous le pouviez, le feriez-vous ? à qui transmettriez-vous ainsi votre tutelle sur vos enfants ? Qui aimeriez-vous voir présent dans leur éducation ? Si vous disparaissiez demain, quel message, quelle leçon, lègueriez-vous à votre enfant, en sachant que ces ultimes paroles résonneront longtemps dans son existence. Plus généralement : qui aimeriez-vous voir hériter de vos biens, pour le cas où vous n’auriez pas de descendants ?
La rédaction du testament appelle aussi d’autres questions : où aimerais-je reposer ? et comment ? Cérémonie religieuse ou non ? Quelle musique pour l’office funéraire ?
L’exercice est difficile mais fascinant et on se surprend souvent, après rédaction, à lire et relire l’ensemble et à y découvrir des éléments que l’on ne soupçonnait pas. On s’y surprend à faire amende honorable, à demander pardon, à regretter certaines choses. Autant d’éléments qui doivent nous encourager non à laisser ces mots sur le papier, mais bien à les dire, à les exprimer, à les vivre tant qu’il est encore temps.
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caypso · 2 years ago
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J'ai attendu de longues secondes
J'ai attendu une éternité
J'ai attendu tant de lunes rondes
Pour enfin te rencontrer
J'ai attendu de longues heures
J'ai attendu tous ces étés
Sous le poids de mon petit cœur
Avant de pouvoir t'embrasser
J'ai evité bien des enfers
J'ai affronté bien des orages
J'ai navigué sur toutes les mers
Avant que tu ne sois mon plus beau naufrage
J'ai attendu des décennies
J'ai attendu tout en secret
Avant que la plus belle de mes vies
Se passe à tes côtés
J'ai attendu toute mon enfance
En essayant de te trouver
Et ces odeurs rances
Avec toi, se sont envolées
Tu es le plus doux des parfums
Tu es la plus belle musique
Tu es mes plus beaux matins
Tu es cet amour unique
Que j'ai beaucoup trop attendu
Et je suis si heureux
Que tu partages ma vie, toi, l'élue
Car j'existe mieux à deux
J'ai beaucoup trop attendu et j'en tremble
J'ai traversé tant d'obscurité
Avant de goûté à la clarté
Lorsque nous sommes ensemble
J'ai attendu et je me repose enfin
Car je suis soulagé
Que ta main tienne ma main
Et que tu sois cette éternité
Car je me lèverai demain
En me disant que je t'aime et que je t'aimerai
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caypso · 2 years ago
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On passe une moitié de sa vie à attendre ceux qu'on aimera et l'autre moitié à quitter ceux qu'on aime.
- Victor Hugo
Peut-être mon amour, mieux vaut ne pas s’aimer, qu’un jour ne plus s’aimer.
- Dominique A
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caypso · 2 years ago
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C'est toujours la même douceur
j’ai trop d’amour à donner. peut-être qu’il est trop grand, trop fort, cet amour. visiblement, personne n’est capable de le contenir, cet amour.
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caypso · 3 years ago
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Je me contente d'un rien, je me satisfait des petites choses de la vie, ce qui m'anime sont les matins rappelant les ivresses de la nuit, j'aime voir le mouvement lent des gens et la rapidité avec laquelle ils s'aiment, ce temps où le présent sonne comme un poème, j'aime les couchers de soleil autant que les levers de lune, et ces milliards de merveilles qui rayonnent autour de la lune, le regard des passants un peu insistant que je n'ai jamais croisés, et la douceur des filles en vélo, et peut-être toi, qui sait ?
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caypso · 3 years ago
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caypso · 3 years ago
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Ce soir, la mer est calme et le ciel bleu
Je me retrouve encore dans cette valse solitaire
Il y a les odeurs, les souvenirs et les nuages cotonneux
Qui donnent du sens au verbe plaire
Ce soir, la mer est calme et le ciel est bleu
Et je me revois moi essayant de t'atteindre
De regarder la tendresse que tu dégages de ces cieux
Je crois que j'en serai presque à plaindre
Ce soir, la mer est calme et le ciel plus somptueux
La mélodie courant encore le long de mes doigts
Je ne croises que des sourires merveilleux
Mais ils ne viennent toujours pas de toi
Ce soir, la mer s'agite et le ciel s'assombrit
Les mots se meurtrissent à petit feu
Combien de fois me suis-je dis durant ces nuits
Qu'une valse se fait toujours mieux à deux ?
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caypso · 4 years ago
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Il y avait tous ça : la vie, les filles, le vin et les soirées d'été, pourtant je ne rentre toujours pas dans la danse car je ne sais pas danser.
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caypso · 4 years ago
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Je l'ai vu sur un vélo, aller plus vite que le vent, comme une habitude. Je ne savais pas que la beauté pouvait résider en une si simple chose.
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caypso · 4 years ago
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J'ai pensé "je l'aime", comme on aime les fruits de saisons, comme on aime les boissons un peu trop alcoolisées, comme on aime les sucreries, j'ai pensé "je l'aime" parce qu'elle a eu la répartie des mots que j'aime depuis toujours
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caypso · 4 years ago
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J'essaie de me faire écrivain, sans artifices et sans vin malgré l'ivresse de la douceur de ces nuits jusqu'au petit matin.
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caypso · 4 years ago
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J'attends, comme on attend les couchés de soleil autant que les levés de lune, pour que la pureté des sentiments et des mots qui vont avec, éclosent.
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