Tumgik
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Durant la marche de nuit de lutte contre les violences faites aux LGBTQI, nous avons été violemment agressé.e.s par des personnes faisant partie du milieu militant.
Cette agression est le point d'orgue d'une entreprise de harcèlement et d'intimidation à l'égard d'une poignée de militant.e.s de la part de ces personnes suite à la dénonciation sur facebook d’une tentative d’agression sexuelle commise par l’un d’entre eux, et la remise en question de certains de leurs choix d’alliance dans une conversation privée.
Avant la manifestation, ils ont entre autres exercé des pressions via du harcèlement par téléphone et des menaces sur internet. Ils ont également tenté de rentrer de force dans le logement de la victime qui dénonçait la tentative d’agression sexuelle puis glissé un sticker de leur organisation sous sa porte pour l’intimider et la faire taire, avant de revenir une seconde fois s’en prendre à ses colocataires, tenter de collecter des adresses et menacer de « casser des bouches ». Elle s'était rendue dans un bar ou elle savait les trouver suite a l'échange sur facebook afin de discuter, elle a été menacée, slutshamée et sa santé a été utilisée comme outil de décrédibilisation.
 Dès le lieu de rassemblement, au monument aux morts, l'un d'entre nous diffusait des tracts de prévention édités par les street médics. Un homme se revendiquant militant et faisant partie d'au moins une organisation d’extrême gauche l’a alors interpellé, profitant de l’occasion pour le provoquer violemment en le mégenrant volontairement avant de le frapper sans réaction de la part du groupe de personnes qui l’accompagnait, tous cisgenres et hétéros à notre connaissance.
Le camarade agressé s’est retiré sans répondre à l’agression, et a demandé de l’aide aux organisateur.ice.s, qui n’ont pas pu intervenir, trop occupé.e.s par la manifestation qui était en train de démarrer.
Suite à cette agression, un camarade allié a sommé l’agresseur de quitter la marche. Ce dernier a fini par quitter notre cortège mais a attaqué notre allié quelques rues plus loin dans le but de se venger pendant que les autres membres du groupe tentaient une nouvelle fois de nous agresser avant que des membres de l’organisation de la marche de nuit nous séparent, nous permettant de rejoindre la tête de cortège où nous nous sentions plus en sécurité.
Jamais deux sans trois, le groupe d’ami.e.s de l’agresseur a continué à nous insulter en remontant le cortège pour nous suivre, en tentant de nous mettre la pression et en appelant des «renforts» via leur téléphone portable, à savoir d’autres personnes cisgenres et hétéros, qui n’étaient pas originellement dans la manifestation mais l’ont ensuite rejointe.
Lors de l’arrivée du cortège au Capitole, et profitant d’un arrêt destiné aux prises de parole, le groupe nous a de nouveau agressé.e.s, en s’en prenant également aux camarades qui nous soutenaient et portaient avec nous la banderole de tête.
Elles ont jeté à terre une camarade pour la tabasser et essayé d’extraire le camarade trans de la manifestation sous les yeux des autres participant.e.s. Aux coups de pieds et coups de poings se sont ajoutées des insultes transphobes et putophobes, des menaces de mort (« sale pute on va te crever », « on va venir en bas de chez toi ») ainsi que de la désinformation au sein du cortège : l’une d’elle hurle au cortège qu’elle a été agressée alors qu’aucun coup même de défense n’a encore été porté de notre côté.
La police étant intervenue (entre autres la bac qui nous a dit : « c’est la police, quittez immédiatement les lieux »), le groupe nous a accusé de nous cacher derrière elle, avant de demander à ce qu’on quitte la manifestation, ce que l’on est obligés de faire toujours sous les insultes et les menaces. Dans la confusion, certain.e.s « camarades » ont alors tenu ces propos : « si ils se font frapper il doit y avoir une raison », tandis que d’autres insinuaient que quand on sait qu’on peut être la cible d’agressions transphobes, on ne va pas en manifestation pour ne pas mettre le cortège en péril.
Comme il l’a été dit, les violences physiques ont été ponctuées de menaces et insultes putophobes et transphobes. Même si nous comprenons que dans le feu de l’action certaines personnes n’identifient pas clairement la situation, il nous semble grave que les propos tenus n’aient pas créé de réaction dans le cortège qui criait quelques minutes plus tôt : « Les transphobes hors de nos fiertés » et « Putophobie hors de nos vies ». De plus il nous semble intolérable que la plupart des organisations présentes et signataires d’une marche contre les violences faites aux LGBTQI ne prennent pas leurs responsabilités en se désolidarisant des personnes ayant commis l’agression, laissant la porte ouverte à d’autres agressions futures. Ceci nous semble encore plus vrai dans le cas des organisations qui comptent les agresseur.se.s parmi leurs membres.
Nous tenons à rappeler aux organisations que ne pas se positionner dans le cas d'une agression, c'est se mettre du coté des agresseur.se.s et nous trouvons inconcevable que des organisations révolutionnaires d’extrême gauche changent de position (une fois radicale et solidaire des victimes, l'autre fois indécise et donc solidaire des agresseur.se.s) selon les personnes concerné.e.s et leur statut social, révélant non seulement une transphobie et putophobie latente (être mégenré.e publiquement ce n’est « pas grave », quand on est traité.e de « sale pute » si l’on est TDS c’est qu’on l’a un peu cherché), mais également un manquement politique :  il est évident que certain.e.s refusent de choisir un camp dans l'affaire car les personnes responsables de l'agression sont des personnes faisant parti du milieu militant, hébergeant pour certaines des soirées de soutien, et qui bénéficient alors d’une sorte d’immunité, et ceci même si elles se permettent de commettre des agressions ponctuées d'insulte et menace à caractère putophobes et transphobes en pleine manif, et de charger la banderole de tête, nous rappelant tristement les agressions  commises par des groupes LGBTQIphobes dans les manifs LGBTQI.
Ainsi, la soirée de soutien au cortège radical de la marche des fiertés était dès lors prévue dans un bar géré entre autres par une agresseuse. Il nous semble clair que cela compromet clairement la présence des victimes à cet événement, et a conditionné la décision de certaines organisations de ne pas prendre position.
Nous nous trouvons à devoir faire un choix entre risquer l’agression à la marche des fiertés, et renoncer à y aller par peur de ces personnes.
Encore une fois nous constatons que les agresseur.se.s sont encore et toujours présent.e.s dans notre milieu et continuent de participer aux événements, nous contraignant à éviter les lieux et manifestations de peur d'être de nouveau agressé.e.s . Une organisation d'extrême gauche a d'ores et déjà choisi son camp en choisissant de défendre leur présence à la manifestation passée du 3 Juin sous prétexte que les agresseur.se.s ne pourront pas progresser si on les « exclut »… Nous rappelons que vouloir progresser et se remettre en cause passe par le fait de ne pas imposer sa présence aux personnes agressé.e.s, et que la réhabilitation d’un.e agresseur.se doit dépendre non seulement de sa volonté mais aussi de la volonté de ses victimes. De plus, les agresseur.se.s n’ont jusqu’à aujourd’hui pas montré de volonté de se remettre en question et assument les agressions.
Il nous semble dès lors que nous sommes en danger dans notre propre milieu militant, si prompt à donner des leçons de lutte contre le sexisme et les LGBTQIphobies, mais qui ne réagit pas quand ces oppressions se manifestent dans ses lieux, ses luttes, ses espaces, qui sont pourtant les seuls où nous espérons évoluer un peu plus librement, en tant que personnes bien trop souvent mises au ban par la société.
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