#le sexe opposé sera toujours un pb pour nous mon pote
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semena--mertvykh · 2 years ago
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Bilan musical 2022 : 100 titres
Et prendre conscience, d'un coup : je me suis sentie tellement bien à l'UVSQ que j'ai passé toute l'année à danser ; partout, tout le temps - dans mon salon le matin, en me désapant pour aller prendre ma douche, en faisant ma vaisselle, ou quand j'arrivais tôt le matin, sur mon lieu de stage, empruntant les couloirs souterrains depuis le parking pour rejoindre ma caverne aux archives, esquissant un pas de danse en sachant que personne ne me verrait (et m'arrêtant, le rouge aux joues, si j'entendais quelqu'un pousser l'une des portes à battants).
Chaque titre qui a marqué mon esprit, durant ces quelques mois, ravive pêle-mêle une masse d'impressions et de visions mêlées, une bouffée de réminiscences sensorielles qui imprègne chaque chanson d'une couleur affective inoubliable. Je reparcours la petite centaine de titres indispensables qui me restent de cette période et chaque nouvelle écoute me renvoie une impression de fête, d’énergie increvable, de pulsion obstinée :
-- la perruque de Tyler, the Creator ;
-- les invocations musicales d’Yves Tumor, transcription sonore de son espace mental où le gloubiboulga de références qu’il a dans la tête ressemblerait étrangement au sabbat de sorcières qu’abrite la mienne ;
-– les Flowers cancéreuses, proliférantes, fascinantes, inquiétantes, de Julianna Barwick ;
-- le Feels Like Summer de Childish Gambino, découvert en pleine canicule, sa déploration de la catastrophe climatique troussée comme le tube de l’été, tout en chaloupements et chœurs énamourés et effets de reverb ;
-- Run The Jewel et leur beat absolument irrésistible sur Goonies vs ET, qui me rappelle toujours ce que j’avais répondu, ado, à mon père, en pleine Brosmania (« Si t’as pas envie de danser là-dessus, c’est que t’es vieux ») ;
-- la brume mordorée s’élevant sur les reflets dansants d’une eau calme, un matin où le son porte bien : c'est My Father In Hong Kong (toujours un plaisir de prendre des nouvelles de Gold Panda, sirène solitaire dans l'océan electro qui travaille l'harmonie en modifiant la tonique, à intervalles, au lieu de fonctionner par aplats de chants/contrechants successifs) ;
-- les miaulements d’Amaraae sur Feel A Way, qui me rappelaient opportunément que çà fait tellement longtemps que je n’ai pas fait de sexe, que je suis probablement redevenue vierge entre temps ;
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-- Roisin Murphy et sa deep house grandiloquente (We Get Together !), et ce moment où je fonçais tranquillement à 130 sur l’A13 et où, en approchant du tunnel de Saint-Cloud, contre toute attente, le gars qui roulait loin derrière moi, sur la file de gauche, m’a gentiment fait un appel de phares pour me prévenir du radar (ami conducteur, où que tu sois, je te salue et je te souhaite des plaquettes de frein aussi neuves que les miennes) ;
-- la Jeanette que Kelly Lee Owens a dû composer pour une petite fille, tellement j’y entends cette qualité perdue depuis longtemps, et que je chéris chaque fois que je la retrouve chez un artiste : la candeur (alors pourquoi j'ai l'impression qu'elle l'a composée pour ma voiture ?) ;
-- et tout en haut du podium : Fashionista des Chai, en parfaite résonance avec les pistons de ma voiture tricotant le kilométrage à toute allure, dans une synchronie à deux temps avec la pulsation de mon propre cœur – une blanche pour moi, une triple croche pour eux – et je n'ai pas d'images plus juste ni plus succincte de l’osmose vécue l’année dernière avec ma voiture, femelle centaure que j’étais devenue à rouler quatre heures par jour, seule usagère du Périph à prendre encore son pied au stade terminal de l’embouteillage – seule conductrice à avoir la banane d’une oreille à l’autre, de la Porte d'Auteuil à la Porte de Vincennes ;
-- même la suffocation qu’expose Astrid Sonne et son The Air Is Unfit – mise en son d’un cauchemar technologique peut-être, où ne rôderait entre les machines clignotantes qu’un fantôme vengeur s’abattant sur le visiteur imprudent pour l’étrangler – même ce bref corps-à-corps avec un ennemi invisible était une belle mort, à la lumière de cette année-là.
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