#pourtant ça aurait pu ne pas s'y prêter
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Jour 18
Quand aujourd'hui j'ai suivi le match dans la gare et dans le train, qu'on était 4 personnes à chopper le peu de réseau dispo pour partager nos écrans avec tout le monde voit et que ça se finit par une défaite.
#j'ai beaucoup aimé le voir comme ça par contre#hyper convivial#pourtant ça aurait pu ne pas s'y prêter#bon allez#je vous laisse#je vais bruler des photos de Messi pour le reste de la nuit#ide#nurse#infirmière#réanimation
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POURQUOI JE NE CONSEILLERAI PAS JUSTE LA FIN DU MONDE DE JEAN-LUC LAGARCE (mais un peu quand même)
COMMENÇONS DE MANIÈRE ADÉQUATE CE NOUVEAU CHAPITRE DU CARNET DE LECTURE:
Juste la fin du monde, c'est une pièce de théâtre écrite à Berlin en 1990 par Jean-Luc Lagarce et ayant été adaptée au cinéma par Xavier Dolan en 2016,, Cette pièce d'inspiration biographique raconte comment, après douze ans d'absence, l'ainé d'une famille de trois enfants revient à l'improviste au foyer familial avec un oubli laissé sur le dos, quelque chose à dire. Un jour, un repas de famille, et tout commence... Sorte d'Odyssée moderne, Antoine frère jaloux, Suzanne la soeur à l'enfance manquée, la Mère, figure maternelle effacée, Catherine, l'inconnue et pourtant seul catalyseur, tous attendent le retour du fils prodigue dont les lettres se font sporadiques. De loin, tous l'aiment non plus comme un vivant mais comme un mort. Tous enfin sont surmontés par la figure absente, non nommée, fantomatique, du père, celle que Lagarce fait parler au moment de sa dernière heure avant la mort en 1995, dans Le pays lointain, sa dernière pièce; c'est l'ultime tentative de dire le malaise, à jamais insatisfaite. La pièce de Lagarce est un acte manqué, où rien ne se passe, où les mots se disent pas, presque. La communication est rendue impossible: le non-langage est maitre et les corps entassés dans les lieux communs du canonique diner dominical - la salle à manger, le salon, la cuisine - sont autant de barrières aux révélations qui pointent sur le bout des lèvres de chacun, tombent à l'eau ou sont noyées sous les cris. Sur fond d'épidémie de SIDA, Lagarce décrit via Louis ses propres difficultés à avouer son homosexualité, révélant en ce même temps des traumas familiaux plus profonds: la mort du père, le ressentiment du frère, le mutisme de la mère, la jalousie, les souvenirs qui se fanent irrémédiablement, la peur de mourir ou l'incompréhension entre les êtres sont autant de clous apportés au tableau d'une famille dissonante, qui peine à avancer. ect. ect.
Maintenant que je vous ai bien vendu l'intrigue et que vous avez quelques éléments de contexte, on peut passer à ce que j'ai à dire - non pas dire: à expulser
FRAGMENTS D'UNE NOTE À MOI-MÊME À CHAUD APRÈS LECTURE
Ce livre me frustre
On y avance pas Ça parle fort pour rien Ça bégaie
On se fait chercheur d'or au fond de la mine
On lit beaucoup pour de maigres jouissances Mais Qui n'ont pas de prix PAS DE PRIX
Lorsque Lagarce fait finalement arriver les mots
On se mord On s'y mord
Rien n'a plus la même saveur et
On est pris
J'ai lu la première page
Qui a suffi à me convaincre de rester pour les soixante-quinze autres
pour en Finir
"Seul les imbéciles ou ceux-là, saisis par la peur, ils auraient pu en rire"
Ça m'a fait l'effet d'un coup de poing
ceux-là c'est nous, et oui j'ai peur, Jean-Luc
Un coup de poing
Pas en pleine face mais ceux qui frôlent créent l'hématome par dommage collatéral calculé Raide de précisions dans son apparente maladresse C'est ça Lagarce
"Louis - je ne les ai pas entendus."
J'aurais presque pu en rire moi aussi
Nous spectateurs prisonniers de notre oreille universelle On entend tout mais nous sommes muets Prisonnier de réponses que Le Frère La soeur La mère n'auront jamais Sommes-nous LE PÈRE ? Lien distendu entre les corps ? Cloué au châtiment du silence face au drame ? J'aurais presque pu en rire
Mais à la place j'ai eu envie d'accuser tout le monde autour J'ai eu moi aussi envie De parler fort pour rien De bégayer (c'est chose faite aujourd'hui grâce au grand monde de l'internet)
J'ai peur de prêter ce livre
Parce que finalement (oui toujours des adverbes) Qui aurait envie d'arracher sa veste
Pour exposer son thorax palpitant de souvenirs vaseux et de pleurs
À des inconnus (des connaissances)
source media : www.librairie-theatrale.com (mais vous pouvez aussi leur acheter des bouquins c'est bien aussi)
(PS: les parenthèses c'est pour les faibles)
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Une tasse de thé à la framboise dans une main, une cigarette à la menthe dans l'autre, dans un peignoir azur son corps se penche au-dessus du balcon. Ses yeux glacés se perdent dans l'immensité enneigée, sa respiration essoufflée se mêle aux vapeurs fruitées du réveil : l'hiver est vraiment la plus belle des saisons. Ses mèches décoiffées ruissellent sur son corps encore nu et humide, le risque d'attraper un rhume est immense – mais pas autant que son besoin immédiat d'aller contempler l'étendue blanche et lumineuse qu'est la campagne depuis quelques semaines. Sentant le liquide chaud couler dans sa gorge, la nuit lui revient par flashs : les souvenirs intenses clignotent au rythme des guirlandes du sapin, seule source de lumière dans la maison depuis hier soir. Rouge, bleu, rouge-vert-jaune, bleu encore puis jaune ensuite, un rythme dont uniquement ce couple a le secret. Les lueurs colorées flottent dans la chambre et ses pensées s'envolent au-delà de l'horizon ; lucioles éphémères, elles tremblent un peu, tout comme ses jambes épuisées, tout comme son corps qui se laisse envelopper par le froid. La transformation en glaçon aurait pu s'opérer, mais un regard chaud et accueillant attire son esprit vers le moment présent. Thé avalé, cigarette fumée, ses pas ramènent son désir sous la couette, auprès des bras accueillant de l'être aimé, de l'être aimant d'un amour magnétique. Ensemble, c'est leur petit nom ; Ensemble c'est cette maison qui cristallise leur rêves et les fait scintiller de mille éclats ; Ensemble, ce n'est plus qu'une entité de chair qui fusionne à nouveau au coin de la cheminée, unissant leurs destins dans les promesses silencieuses de l'année qui commence.
Des notes se font entendre depuis le salon. Cartographie des nuages, évidemment, c'est sa musique de film préférée – amusant quand même, que la première mélodie jouée par ce piano soit celle des crédits de fin. Depuis le cocon formé par son plaid aux motifs inspirés de divers mangas, les sonorités lui remémorent le fameux film : ses scènes favorites, ses citations les plus inspirantes, le crépitement de la cheminée lors de cette fameuse soirée-cinéma, et bien sûr – un sourire se dessine sur le coin de ses lèvres – son envie irrépressible de trouver les partitions de la bande-son. « Tu verras A., je les connaîtrai rapidement, c'est si beau comme fond sonore pour la Maison », impossible de tenir tête à B. quand ses idées ont émergé. Avoir littéralement la tête dans les nuages, sans même quitter la chambre : c'était le but. En repensant à la nuit blanche passée à chercher, à pianoter, son sourire devient rire aux éclats ; le bonheur tient parfois à peu de choses, à quelques rituels. Et son rituel avec le piano, c'est d'aller faire du chocolat chaud. Après, tout n'est plus que contemplation de l'artiste, les yeux fermés, avec cet éternel sourire aux lèvres.
« C'est quoi ton meilleur souvenir de l'année dernière ? », nostalgiquement. On ne s'y fait jamais au changement d'année, on se dit que ce sera complètement différent – et ça le sera, évidemment –, et pourtant on s'accroche aux mois révolus, comme s'ils allaient partir s'enterrer dans d'obscurs recoins de la mémoire à tout jamais : comme s'il fallait à tout prix les garder en surface pour ne pas les oublier. « Quand on a fait le weekend en montagne, tu te rappelles ? À notre arrivée on a eu peur qu'il fasse nuageux, et finalement le lendemain le ciel était tout clair. », oui, tout est clair : si les souvenirs doivent s'élever tels des nuages, c'est pour qu'on puisse mieux apprécier la lumière une fois l'esprit dégagé. Et, malgré tout, il reste le plaisir de voir surgir des formes dans le ciel sans y prêter une grande attention : les vestiges du passé passent et repassent toujours sans prévenir. « Oui, je me souviens de cette soirée à rager contre la pluie imprévue, et finalement notre joie une fois le soleil revenu. », car, en fin de compte, tout passe, et tout s'oublie. À moins que…
Bannières, ballons et confetti, la fête d'anniversaire bat son plein. Au centre du cercle de l'amitié, c'est l'instant du tête-à-tête avec le gâteau : les bougies seront-elles toutes éteintes du premier coup ? Le suspense est insoutenable. Des regards se croisent. Des voix clament « Allez A. ! Fais ton vœu ! », « On a faim ! On a faim ! ». Le vœu est fait. La grande inspiration est prise. Des battements de cœur sont manqués. Ses yeux s'ouvrent. Souffle. Vacillements. Extinctions. Les unes après les autres. Jusqu'à la dernière. La foule en délire applaudit de joie, se remet à respirer et à rire de cette nouvelle victoire – un rituel comme un autre. La forêt noire est coupée en parts égales, savourée dans un silence presque religieux, puis la musique relance ces partenaires de crime dans une succession de danses endiablées, sensuelles, au-delà des limites sociales. Dans cette maison, leur maison, la Maison, les conventions sont laissées à l'entrée. La liberté est leur cri, et chaque jour – particulièrement aujourd'hui – est appliqué à créer du bonheur, à fabriquer du sens, même s'il n'aurait de la valeur qu'à leur yeux. Le stroboscope arc-en-ciel les projette dans un salon aux allures de rêves, projette des ombres mouvantes sur les murs décorés de photos, des projections d'avenirs proches et lointains se dessinent par-ci et là, au milieu des sourires complices. Tant de chemin parcouru. Et tant encore à parcourir.
« Je souhaite que cette année soit encore plus belle que les précédentes. »
« Je souhaite que cette année la Maison s'agrandisse avec une nouvelle personne. »
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Destin français, le nouvel ouvrage d'Éric Zemmour, est une méditation puissante et profonde sur l'Histoire. Fidèle à lui-même, l'essayiste revisite le passé pour mieux déconstruire le présent. Surprise : dans une introduction poignante en forme de confession, il lève aussi le voile sur son enfance et sa famille.
«On est de son enfance comme on est d'un pays», écrivait Saint-Exupéry. Et pour comprendre Eric Zemmour, c'est à cette source qu'il faut puiser. Son nom commence par un Z, comme Zorro, mais à 10 ans, Zemmour rêve d'être Bonaparte. Il dévore le Napoléon d'André Castelot, «avec sa couverture verte cartonnée», que sa mère lui a offert pour son anniversaire. Son esprit vagabonde en 1800 au milieu des champs de bataille. Il revit l'épopée impériale. Sur son cheval au galop, l'enfant coiffé de son bicorne charge avec les soldats de la Grande Armée, vibre à la victoire d'Austerlitz et pleure après la retraite de Russie et Waterloo. Plus tard, il découvre Illusions perdues. Balzac est son Vautrin, qui lui apprend à grandir. C'est décidé, faute de pouvoir être empereur, il sera Rubempré. A moins qu'il ne soit l'auteur de La Comédie humaine lui-même. «Dès l'enfance, j'avais compris que la France était ce pays singulier fait de héros et d'écrivains, de héros qui se prétendaient écrivains, et d'écrivains qui se rêvaient en héros», écrit-il dans Destin français.
Tenant l'un de ses oncles par la main, Eric Zemmour dans les rues de Drancy où il vécut une grande partie de son enfance. - Crédits photo : D.R
L'une des immenses surprises des 569 pages foisonnantes de son nouvel essai, concerne les 40 premières. A 60 ans, dans une introduction poignante en forme de confession, l'essayiste révèle la part de lui-même la plus précieuse, celle qu'il gardait jusqu'ici jalousement pour lui: sa part d'enfance. Il a fallu six mois à Lise Boëll, la directrice éditoriale essais et documents d'Albin Michel, pour convaincre ce grand pudique de se livrer. Zemmour se moque d'être aimé. Il veut convaincre par ses idées, pas par ce qu'il est. Par la raison, pas par l'émotion. Et pourtant, comment ne pas être touché par le destin du petit Zemmour et de sa famille? Comme Camus avait dédié Le Premier Homme, son œuvre la plus personnelle, à sa mère, Zemmour dédie son livre à ses parents. Ils ont connu la tragédie des rapatriés jetés à la mer avec une valise en carton. Pour autant, ils n'en ont conçu aucune rancune à l'égard de la France. «La France, c'était la vie ; l'Algérie, la nostalgie. La France, la grande nation ; l'Algérie, la petite patrie», résume Zemmour. A la maison, on chante Aznavour dans la journée et Oum Kalsoum la nuit. Son père parle arabe dans les cafés de la Goutte-d'Or, mais tient la littérature française pour ce qu'il y a de plus grand au monde, et note avec soin sur un calepin les phrases de Victor Hugo…
Un jour, peu de temps avant sa mort, il confie à son fils: «J'en ai assez d'entendre à la télévision “les Juifs de France”. Je ne suis pas un Juif de France, je suis un Français juif. Je ne suis pas un étranger ni un immigré…» Cette phrase dit presque tout d'Eric Zemmour. Elle résume le sens de son combat. Non pas pour la pureté ethnique, comme l'affirment ses détracteurs qui n'ont rien compris. Mais pour l'assimilation par la transmission et la culture. «Je n'ai pas une goutte de sang français, mais la France coule dans mes veines», disait Romain Gary. «L'histoire de France coulait dans mes veines», écrit Zemmour.
La France comme paradis perdu
Pour l'émission Les Terriens du dimanche! de Thierry Ardisson, qui sera diffusée le 16 septembre à 19h05 sur C8, Zemmour est retourné à Drancy. Là où il a passé ses jeunes années. Depuis ses 11 ans, il n'y était jamais revenu.
Les premiers bains de mer. - Crédits photo : D.R
Derrière son éternel sourire malicieux, Zemmour masque mal son trouble. Il s'arrête longuement devant le numéro 22 où logeait sa famille au rez-de-chaussée. Il arpente le parc où il faisait du toboggan et jouait au foot avec ses copains. La résidence Faidherbe n'a pas vraiment changé. Le décor est resté identique. La petite barre est restée la même. Ce sont les acteurs qui ont changé. Dans le parc, Zemmour croise une jeune fille voilée. «A mon époque, cela aurait été impensable», glisse-t-il. Le petit Zemmour a grandi dans les années 1960 dans une France où l'expression «le vivre-ensemble» n'existait pas, mais où la cohésion nationale et le sentiment d'appartenance étaient une réalité. Dans la banlieue d'avant le regroupement familial et les caïds de la drogue, d'avant les barbus et les burqas. «Je n'ai aucun mauvais souvenir ici, à part celui d'être parti. C'était un havre de paix, un paradis», explique l'essayiste. Zemmour sera à jamais inconsolable de ce paradis perdu, de cette France pacifiée qu'il refuse de voir disparaître pour toujours.
«Éric Zemmour a retourné la situation et montré à toute la tablée que le con, ça n'était pas lui…»
Très tôt, bien avant Charlie et le Bataclan, il a tout vu: le multiculturalisme et l'antiracisme militant conjugués à l'immigration de masse, la réduction de l'histoire de France à ses «heures les plus sombres», l'individualisme consumériste exacerbé par la mondialisation soi-disant heureuse, devaient compromettre l'assimilation des nouveaux venus et attiser le feu identitaire. Rétrospectivement, Le Suicide français (2014) apparaît en tout point prophétique. Son succès phénoménal (500.000 exemplaires vendus) prouve qu'il faisait écho à l'angoisse sourde qui habitait beaucoup de Français. Mais comme le disait Nicolas de Chamfort: «En France, on laisse en repos ceux qui mettent le feu et on persécute ceux qui sonnent le tocsin.» Tant que les salons parisiens pensaient pouvoir le tourner en ridicule, Zemmour était toléré. Comme Michel Onfray l'a noté dans FigaroVox avec son sens de la formule habituel: «Invité en bout de table, pour le dîner de cons, oui, mais Eric Zemmour a retourné la situation et montré à toute la tablée que le con, ça n'était pas lui…» Ils ne lui ont pas pardonné. Nourri au lait de Balzac, Zemmour avait appris «à connaître les hommes, les femmes, à les craindre et s'en méfier, à ne rien attendre d'eux sinon l'envie et la mesquinerie». Il n'ignorait pas, en outre, que «la polémique est le piédestal des célébrités»(Illusions perdues). Il y a cédé parfois au risque de prêter le flanc aux caricatures. Il faut dire aussi que rien ne lui fut épargné: ni les procès à répétition, ni les calomnies les plus délirantes. Un jour il est présenté comme sioniste, le suivant comme antisémite. Désigné comme islamophobe le matin, portraituré en islamiste le soir. Certains veulent le faire taire par tous les moyens. La sortie de son livre de chroniques, Un quinquennat pour rien (2016), est torpillée. Son espace d'expression se réduit d'année en année: malgré des audiences au sommet, i-Télé le congédie brutalement en décembre 2014, aujourd'hui RTL lui retire son édito…
Le piège manque de peu de se refermer sur lui. Zemmour aurait pu faire feu de tout bois. Il évite au contraire la surenchère. Comprend qu'il ne doit pas devenir une figure de talk-show et se fait rare. Tel le comte de Monte-Cristo, il médite sa revanche. Elle prendra la forme de Destin français, son œuvre à la fois la plus personnelle et la plus accomplie. Il aurait pu faire la suite du Suicide français. Il a au contraire choisi d'écrire le livre de la genèse. Sa propre genèse et celle de la France d'aujourd'hui. Le Suicide… racontait les quarante années qui ont défait la France ; Destin… revisite les mille cinq cents ans qui ont fait la Grande Nation. Un travail titanesque qui lui a pris trois ans et demi. Stakhanoviste méticuleux, Zemmour réécrit chaque chapitre des dizaines de fois. Avec souffle et style, il se confronte à ses maîtres: Michelet, Bainville, Taine. Mais aussi parce que la France est une nation littéraire, à Bossuet, Voltaire, Rousseau, Hugo et bien sûr Balzac.
Qu'on ne s'y trompe pas: son dernier ouvrage n'est pas seulement un monumental livre d'histoire. Certes, l'essayiste embarque le lecteur dans «la machine à remonter le temps», de Clovis à Jeanne d'Arc, des croisades aux guerres de Religion, de la monarchie absolue à la Révolution, de l'Empire à la République, de la Grande Guerre à la «drôle de guerre», de Pétain à de Gaulle, de Beauvoir à Butler (philosophe américaine, spécialiste des études de genre), mais c'est surtout un livre d'Eric Zemmour. Son roman national intérieur. L'auteur ne renonce à rien de ce qui a fait son succès comme nourri l'ire de ses adversaires: les formules qui tranchent dans le vif, les analogies historiques vertigineuses, les théories systémiques, les raccourcis discutables, les paradoxes scandaleux, le refus de ménager les susceptibilités et le plaisir de déplaire au clergé de l'époque. Si Zemmour explore le passé, c'est encore une fois pour mieux déconstruire les dogmes et les aveuglements du présent. Zemmour reste Zemmour. Un guerrier. Son épée est sa plume.
Les vengeances de l'histoire
Sa patrie? Héritière de l'Empire romain, l'originalité de la civilisation française fut de fondre et d'amalgamer des éléments méditerranéens et des éléments barbares, nous dit Eric Zemmour. «La France fut, par sa côte méditerranéenne, en contact intime avec les mondes grec, romain, byzantin ; par sa côte atlantique, avec les Vikings scandinaves ; par sa frontière pyrénéenne, avec l'Islam ; par le Rhin, avec les Barbares», écrit-il. Mais l'unité de ce mélange complexe, qui fit notre force comme notre faiblesse, ne put être maintenue, selon lui, que par un Etat fort et après une série de guerres intestines sanglantes.
À l'époque révolue du contrôle des changes, le carnet nécessaire pour passer les frontières. - Crédits photo : Archives personnelles
Eric Zemmour refuse d'appliquer à l'Histoire notre morale contemporaine. On pourra lui reprocher de se défier toujours de l'émotion, jamais d'être manichéen. Chez lui, rien n'est jamais tout blanc ou tout noir: tout est gris. Les héros agissent comme des salauds, les salauds comme des héros. Les faibles comme des forts, les forts comme des faibles. Zemmour démonte les légendes noires une par une: celles des croisades, des guerres de Religion, de la colonisation, de la France collabo. Montaigne disait qu'il aimait Paris «jusque dans ses verrues et ses taches». Zemmour reprend le mot célèbre de Bonaparte: «De Clovis au Comité de salut public, j'assume tout.» Au risque de choquer, il le prolonge: «De Clovis à Pétain et à Bugeaud, j'assume tout.» Non pour réhabiliter Vichy, comme les bonnes consciences s'en indignent. Mais parce qu'il sait que l'Histoire est complexe, tragique. Pour Zemmour, elle ne se répète pas, elle se venge. Et le poison mortifère de la repentance infuse les nouvelles guerres civiles à venir.
Avec Destin français, Zemmour montre à tous ceux qui voulaient le réduire au rôle de polémiste champion du buzz qu'il est bien plus que cela: un intellectuel et un écrivain.
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Une tasse de thé à la framboise dans une main, une cigarette à la menthe dans l'autre, dans un peignoir azur son corps se penche au-dessus du balcon. Ses yeux glacés se perdent dans l'immensité enneigée, sa respiration essoufflée se mêle aux vapeurs fruitées du réveil : l'hiver est vraiment la plus belle des saisons. Ses mèches décoiffées ruissellent sur son corps encore nu et humide, le risque d'attraper un rhume est immense – mais pas autant que son besoin immédiat d'aller contempler l'étendue blanche et lumineuse qu'est la campagne depuis quelques semaines. Sentant le liquide chaud couler dans sa gorge, la nuit lui revient par flashs : les souvenirs intenses clignotent au rythme des guirlandes du sapin, seule source de lumière dans la maison depuis hier soir. Rouge, bleu, rouge-vert-jaune, bleu encore puis jaune ensuite, un rythme dont uniquement ce couple a le secret. Les lueurs colorées flottent dans la chambre et ses pensées s'envolent au-delà de l'horizon ; lucioles éphémères, elles tremblent un peu, tout comme ses jambes épuisées, tout comme son corps qui se laisse envelopper par le froid. La transformation en glaçon aurait pu s'opérer, mais un regard chaud et accueillant attire son esprit vers le moment présent. Thé avalé, cigarette fumée, ses pas ramènent son désir sous la couette, auprès des bras accueillant de l'être aimé, de l'être aimant d'un amour magnétique. Ensemble, c'est leur petit nom ; Ensemble c'est cette maison qui cristallise leur rêves et les fait scintiller de mille éclats ; Ensemble, ce n'est plus qu'une entité de chair qui fusionne à nouveau au coin de la cheminée, unissant leurs destins dans les promesses silencieuses de l'année qui commence.
Des notes se font entendre depuis le salon. Cartographie des nuages, évidemment, c'est sa musique de film préférée – amusant quand même, que la première mélodie jouée par ce piano soit celle des crédits de fin. Depuis le cocon formé par son plaid aux motifs inspirés de divers mangas, les sonorités lui remémorent le fameux film : ses scènes favorites, ses citations les plus inspirantes, le crépitement de la cheminée lors de cette fameuse soirée-cinéma, et bien sûr – un sourire se dessine sur le coin de ses lèvres – son envie irrépressible de trouver les partitions de la bande-son. « Tu verras A., je les connaîtrai rapidement, c'est si beau comme fond sonore pour la Maison », impossible de tenir tête à B. quand ses idées ont émergé. Avoir littéralement la tête dans les nuages, sans même quitter la chambre : c'était le but. En repensant à la nuit blanche passée à chercher, à pianoter, son sourire devient rire aux éclats ; le bonheur tient parfois à peu de choses, à quelques rituels. Et son rituel avec le piano, c'est d'aller faire du chocolat chaud. Après, tout n'est plus que contemplation de l'artiste, les yeux fermés, avec cet éternel sourire aux lèvres.
« C'est quoi ton meilleur souvenir de l'année dernière ? », nostalgiquement. On ne s'y fait jamais au changement d'année, on se dit que ce sera complètement différent – et ça le sera, évidemment –, et pourtant on s'accroche aux mois révolus, comme s'ils allaient partir s'enterrer dans d'obscurs recoins de la mémoire à tout jamais : comme s'il fallait à tout prix les garder en surface pour ne pas les oublier. « Quand on a fait le weekend en montagne, tu te rappelles ? À notre arrivée on a eu peur qu'il fasse nuageux, et finalement le lendemain le ciel était tout clair. », oui, tout est clair : si les souvenirs doivent s'élever tels des nuages, c'est pour qu'on puisse mieux apprécier la lumière une fois l'esprit dégagé. Et, malgré tout, il reste le plaisir de voir surgir des formes dans le ciel sans y prêter une grande attention : les vestiges du passé passent et repassent toujours sans prévenir. « Oui, je me souviens de cette soirée à rager contre la pluie imprévue, et finalement notre joie une fois le soleil revenu. », car, en fin de compte, tout passe, et tout s'oublie. À moins que…
Bannières, ballons et confetti, la fête d'anniversaire bat son plein. Au centre du cercle de l'amitié, c'est l'instant du tête-à-tête avec le gâteau : les bougies seront-elles toutes éteintes du premier coup ? Le suspense est insoutenable. Des regards se croisent. Des voix clament « Allez A. ! Fais ton vœu ! », « On a faim ! On a faim ! ». Le vœu est fait. La grande inspiration est prise. Des battements de cœur sont manqués. Ses yeux s'ouvrent. Souffle. Vacillements. Extinctions. Les unes après les autres. Jusqu'à la dernière. La foule en délire applaudit de joie, se remet à respirer et à rire de cette nouvelle victoire – un rituel comme un autre. La forêt noire est coupée en parts égales, savourée dans un silence presque religieux, puis la musique relance ces partenaires de crime dans une succession de danses endiablées, sensuelles, au-delà des limites sociales. Dans cette maison, leur maison, la Maison, les conventions sont laissées à l'entrée. La liberté est leur cri, et chaque jour – particulièrement aujourd'hui – est appliqué à créer du bonheur, à fabriquer du sens, même s'il n'aurait de la valeur qu'à leur yeux. Le stroboscope arc-en-ciel les projette dans un salon aux allures de rêves, projette des ombres mouvantes sur les murs décorés de photos, des projections d'avenirs proches et lointains se dessinent par-ci et là, au milieu des sourires complices. Tant de chemin parcouru. Et tant encore à parcourir.
« Je souhaite que cette année soit encore plus belle que les précédentes. »
« Je souhaite que cette année la Maison s'agrandisse avec une nouvelle personne. »
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If I could start again, I would find a way ☾ (6/11)
La douleur lui comprimait la poitrine face à ce corps presque sans vie étalé sur le sol. La colère, sourde, l'étreignait, et elle aurait voulu hurler, s'arracher les cheveux, se cogner la tête contre le mur, tant la sensation était bouleversante et écrasante. Comment avait-elle pu être si idiote, si aveuglée par sa haine, et tellement, tellement stupide qu'elle en avait causé tout ceci ? Elle n'osait imaginer ce qu'il avait dû se passer dans sa salle commune pour qu'Elijah se retrouve dans une telle situation. Elle eu un instant peur que ses émotions ne trahissent sa culpabilité, mais la peur sourde qui la paralysait était la même que sur les autres visages autour d'elle. Elle aurait voulu l'accompagner jusqu'à l'infirmerie, s'assurer qu'elle n'était pas si coupable que ça, mais elle savait qu'elle ne faisait ni parti des gens qui étaient censé se soucier de lui, ni des gens qui pouvaient se le permettre sans paraître coupable. Elle regarda les deux Poufsouffles embarquer Elijah jusqu'à l'infirmerie, et on regard resta fixé un instant sur la porte de la salle commune, les yeux perdus dans le vide.
C'était comme si son monde s'écroulait : la prise de conscience qu'elle avait eu lors de leur altercation dans la hutte de Hagrid n'était rien face à la honte qu'elle ressentait, et l'image d'Elijah étendu ne cessait de revenir dans son esprit, comme un refrain monotone qui aurait hanté son âme. Quelqu'un la secoua légèrement, la réveillant à moitié de sa flanerie, et elle retrouva sa contenance. Mais rien n'y faisait : tout au long de la journée, l'image revenait, sans relache, sans faute, lui martelant la honte, la tristesse, la colère. Elle ne pouvait prêter attention aux cours, et les professeurs lui jetaient des regards inquiets : Shoena n'était d'ordinaire pas de ceux qui étaient distraits en classe. Mais il lui était impossible de penser à autre chose, et les rares fois où elle daigna lever les yeux vers les quelques mots marqués sur un tableau, elle ne réussi qu'à entrevoir une série de lettres sans signification, sans aucun sens. Elle se coucha dans son lit, mais ses yeux restèrent ouverts, ressassant cet instant, ce moment où tout avait basculé. Et si elle n'avait pas déposé la peluche ? Et si elle avait abandonné ? Et si rien de tout cela n'était arrivé ? Et si elle n'était pas Shoena, mais une fille avenante et que tout le monde aimait ? Et si, et si, et si …
Le refrain tournait dans sa tête sans relâche, et ce ne fut que plusieurs heures plus tard qu'elle réussit à trouver le sommeil, s'octroyant un repos de quelques heures avant d'être réveillée par le son strident de son réveil.
Elle savait que c'était risqué, que si elle croisait les amis d'Elijah, ils comprendraient. Après tout, avait-elle une autre raison que la culpabilité pour venir lui rendre visite ? Mais elle n'avait que faire des risques, et elle savait toujours trouver un moyen de se rendre à l'infirmerie en dehors des moments ou Jonathan ou Ismaël s'y rendaient eux même. Alors, elle s'asseyait à son chevet, et elle le regardait, sans rien dire : ces visites n'avaient pas d'utilité, ni même de sens. Mais il lui était nécessaire de venir voir au jour le jour le teint du jeune homme retrouver peu à peu ses couleurs. Elle remontait parfois la couverture qui avait glissé sur le côté, ou remettait le coussin qui avait légèrement été décalé, puis s'éclipsait toujours avant même que Madame Pomfresh ne lui demande de laisser le malade tranquille.
Et un jour, elle s'assit sur son lit, prit un morceau de parchemin, et écrit. Le processus fut long, douloureux, et fastidieux, car elle devait prendre garde à ne pas étaler d'encre sur le linge qui recouvrait sa couverture, et elle devait s'arrêter à chaque fois qu'une de ses camarade rentrait dans la chambre, soucieuse que son projet demeure totalement inconnu. Mais malgré la difficulté de l'exercice, les mots coulaient sur le papier de manière fluide, et elle ne trouva guère difficile d'exprimer ce qu'elle ressentait. Le plus hardu fut de prendre le rouleau dans sa main, raide à force d'écrire, et de marcher jusqu'à l'infirmerie, comme si une force inconnue tentait de la retenir. Cette fois, pourtant, elle savait qu'elle n'avait plus le choix, et elle ne voulait pas avoir le choix.
Il était couché, comme d'ordinaire, sur le lit, pâle. Mais bien que blême, il avait fini par retrouver la carnation des vivants, qui avait manqué à son teint les premiers jours de sa convalescence. Elle s'approcha doucement du lit, et s'assit sur la chaise la plus proche, contemplant son visage silencieusement, une fois de plus rongée par la culpabilité. Elle avait d'abord pensé qu'elle finirait par s'estomper à force de lui rendre visite – peut-être même était-elle inconsciemment motivée par ce motif – mais elle n'avait fait qu'empirer, la laissant exténuée et brisée.
Ses paupières ne tremblaient pas comme les paupières de ceux qui étaient habités par les rêves, et elle en déduit qu'il était toujours bel et bien inconscient de ce qui l'entourait et de lui même. Elle se surprit à regarder les traits harmonieux de son visage, remarquant pour la première fois qu'il n'avait pas ces traits déformés par la colère ou le dédain qu'elle lui avait attribué jusque là, aveuglée par sa rancoeur. Elle n'avait jamais fait attention à l'angle doux que formait sa joue, ni à la barbe claire qui poussait sur sa peau constelée de tâche de rousseurs, tout comme la sienne, allant jusqu'à souligner la pulpe de ses lèvres. Des rides d'expression entouraient ses yeux, malgré qu'il n'ai que vingt et un ans, et cette vision lui arracha un sourire – sûrement le premier depuis plusieurs jours. Elle s'en rappelait, désormais : lorsqu'il laissait échapper un éclat de rire, ses yeux finissaient toujours par se plisser, comme si son rictus était contagieux et se répandait dans tout son corps.
Une étrange rougeur lui monta aux joues alors qu'elle détournait le regard : elle n'était pas de celles qui s'extasiait d'ordinaire sur la gent masculine. Elle n'avait que faire des critères de beauté, ou simplement de la beauté en elle même ; et elle surprenait toujours Rosamund lorsque cette dernière relevait la présence d'un beau garçon dans un corridor, lorsqu'elle constatait que son amie ne lui avait pas même accordé un seul regard. Elle n'avait jamais compris pourquoi les filles de son âge gloussaient lorsqu'elles croisaient le regard d'un garçon à l'angle d'un couloir. Mais maintenant qu'ele y pensait, elle avait toujours été plongée dans un univers masculin, et ce, depuis sa naissance. Elle n'avait jamais vu les hommes comme une espèce étrangère, qui pourraient faire l'objet d'une attirance, ou d'un intérêt quelconque de sa part. Elle en savait sur les garçons sûrement beaucoup plus que la majeure partie de ses camarades, et l'étendue de cette connaissance l'avait anesthésiée face à ce que la gent masculine pouvait représenter.
Elle releva le visage vers Elijah, et esquissa un sourire tout en remettant en place du bout des doigts une mèche de ses cheveux qui était tombée sur son front, prenant garde à ne pas le toucher. Elle retomba presque instantanément sur son front, en entraînant une autre avec elle.
Son regard se baissa sur ses mains, tordues d'anxiété, puis elle se mit à parler d'une voix basse et douce.
« Je ne sais pas si tu peux seulement m'entendre … Certains médecins assurent que les gens dans le coma peuvent entendre ce qu'il se passe autour d'eux, mais ... » Elle laissa échapper un léger rire nerveux. « Je suis en train de parler à un garçon dans le coma … Je suis sûrement folle. » Son rire s'éteint, alors que des larmes silencieuses se mettaient à couler sur ses joues. « Je suis désolée. Je suis désolée d'avoir posé cette peluche près de toi, cette nuit là, et je suis désolée de t'avoir crié dessus alors que tu n'étais pour rien de ce qui m'arrivait, et je suis désolée d'avoir agit comme une conne, et … Je suis désolée. » Elle essuya ses larmes qui gagnaient en intensité, et sa gorge, tendue, laissa échapper un sanglot involontaire. « Je ne voulais pas … Je ne savais pas que … Que tu finirais dans cet état là. Je sais que nous ne sommes pas amis, et que tu me détestes sûrement – et si ce n'est pas le cas maintenant, ça le sera sûrement lorsque tu te réveilleras et que tu liras cette lettre ... » Elle posa la lettre sur la table de chevet près de son lit. « Mais tout ça … Je ne sais pas pourquoi j'ai agis comme je l'ai fait. C'était stupide, et … J'espère seulement que tu t'en remettras vite. »
Elle replaça une nouvelle fois les mèches de cheveux roux qui tombaient sur son front, effleurant cette fois malencontreusement sa peau, puis se leva brusquement à la vue de Madame Pomfresh qui s'approchait d'elle. Elle tourna les talons, quittant l'infirmerie ; un bruit de pas frénétique retentit alors qu'elle se retrouvait dans le couloir, et elle pu voir deux têtes disparaître au coin du corridor alors qu'elle s'arrêtait, intriguée. Mais il n'y avait plus personne, et elle n'avait aucune raison de poursuivre les deux personnages.
crédit: balaclava
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Destin français, le nouvel ouvrage d'Éric Zemmour, est une méditation puissante et profonde sur l'Histoire. Fidèle à lui-même, l'essayiste revisite le passé pour mieux déconstruire le présent. Surprise : dans une introduction poignante en forme de confession, il lève aussi le voile sur son enfance et sa famille.
«On est de son enfance comme on est d'un pays», écrivait Saint-Exupéry. Et pour comprendre Eric Zemmour, c'est à cette source qu'il faut puiser. Son nom commence par un Z, comme Zorro, mais à 10 ans, Zemmour rêve d'être Bonaparte. Il dévore le Napoléon d'André Castelot, «avec sa couverture verte cartonnée», que sa mère lui a offert pour son anniversaire. Son esprit vagabonde en 1800 au milieu des champs de bataille. Il revit l'épopée impériale. Sur son cheval au galop, l'enfant coiffé de son bicorne charge avec les soldats de la Grande Armée, vibre à la victoire d'Austerlitz et pleure après la retraite de Russie et Waterloo. Plus tard, il découvre Illusions perdues. Balzac est son Vautrin, qui lui apprend à grandir. C'est décidé, faute de pouvoir être empereur, il sera Rubempré. A moins qu'il ne soit l'auteur de La Comédie humaine lui-même. «Dès l'enfance, j'avais compris que la France était ce pays singulier fait de héros et d'écrivains, de héros qui se prétendaient écrivains, et d'écrivains qui se rêvaient en héros», écrit-il dans Destin français.
Tenant l'un de ses oncles par la main, Eric Zemmour dans les rues de Drancy où il vécut une grande partie de son enfance. - Crédits photo : D.R
L'une des immenses surprises des 569 pages foisonnantes de son nouvel essai, concerne les 40 premières. A 60 ans, dans une introduction poignante en forme de confession, l'essayiste révèle la part de lui-même la plus précieuse, celle qu'il gardait jusqu'ici jalousement pour lui: sa part d'enfance. Il a fallu six mois à Lise Boëll, la directrice éditoriale essais et documents d'Albin Michel, pour convaincre ce grand pudique de se livrer. Zemmour se moque d'être aimé. Il veut convaincre par ses idées, pas par ce qu'il est. Par la raison, pas par l'émotion. Et pourtant, comment ne pas être touché par le destin du petit Zemmour et de sa famille? Comme Camus avait dédié Le Premier Homme, son œuvre la plus personnelle, à sa mère, Zemmour dédie son livre à ses parents. Ils ont connu la tragédie des rapatriés jetés à la mer avec une valise en carton. Pour autant, ils n'en ont conçu aucune rancune à l'égard de la France. «La France, c'était la vie ; l'Algérie, la nostalgie. La France, la grande nation ; l'Algérie, la petite patrie», résume Zemmour. A la maison, on chante Aznavour dans la journée et Oum Kalsoum la nuit. Son père parle arabe dans les cafés de la Goutte-d'Or, mais tient la littérature française pour ce qu'il y a de plus grand au monde, et note avec soin sur un calepin les phrases de Victor Hugo…
Un jour, peu de temps avant sa mort, il confie à son fils: «J'en ai assez d'entendre à la télévision “les Juifs de France”. Je ne suis pas un Juif de France, je suis un Français juif. Je ne suis pas un étranger ni un immigré…» Cette phrase dit presque tout d'Eric Zemmour. Elle résume le sens de son combat. Non pas pour la pureté ethnique, comme l'affirment ses détracteurs qui n'ont rien compris. Mais pour l'assimilation par la transmission et la culture. «Je n'ai pas une goutte de sang français, mais la France coule dans mes veines», disait Romain Gary. «L'histoire de France coulait dans mes veines», écrit Zemmour.
La France comme paradis perdu
Pour l'émission Les Terriens du dimanche! de Thierry Ardisson, qui sera diffusée le 16 septembre à 19h05 sur C8, Zemmour est retourné à Drancy. Là où il a passé ses jeunes années. Depuis ses 11 ans, il n'y était jamais revenu.
Les premiers bains de mer. - Crédits photo : D.R
Derrière son éternel sourire malicieux, Zemmour masque mal son trouble. Il s'arrête longuement devant le numéro 22 où logeait sa famille au rez-de-chaussée. Il arpente le parc où il faisait du toboggan et jouait au foot avec ses copains. La résidence Faidherbe n'a pas vraiment changé. Le décor est resté identique. La petite barre est restée la même. Ce sont les acteurs qui ont changé. Dans le parc, Zemmour croise une jeune fille voilée. «A mon époque, cela aurait été impensable», glisse-t-il. Le petit Zemmour a grandi dans les années 1960 dans une France où l'expression «le vivre-ensemble» n'existait pas, mais où la cohésion nationale et le sentiment d'appartenance étaient une réalité. Dans la banlieue d'avant le regroupement familial et les caïds de la drogue, d'avant les barbus et les burqas. «Je n'ai aucun mauvais souvenir ici, à part celui d'être parti. C'était un havre de paix, un paradis», explique l'essayiste. Zemmour sera à jamais inconsolable de ce paradis perdu, de cette France pacifiée qu'il refuse de voir disparaître pour toujours.
«Éric Zemmour a retourné la situation et montré à toute la tablée que le con, ça n'était pas lui…»
Michel Onfray en 2014
Très tôt, bien avant Charlie et le Bataclan, il a tout vu: le multiculturalisme et l'antiracisme militant conjugués à l'immigration de masse, la réduction de l'histoire de France à ses «heures les plus sombres», l'individualisme consumériste exacerbé par la mondialisation soi-disant heureuse, devaient compromettre l'assimilation des nouveaux venus et attiser le feu identitaire. Rétrospectivement, Le Suicide français (2014) apparaît en tout point prophétique. Son succès phénoménal (500.000 exemplaires vendus) prouve qu'il faisait écho à l'angoisse sourde qui habitait beaucoup de Français. Mais comme le disait Nicolas de Chamfort: «En France, on laisse en repos ceux qui mettent le feu et on persécute ceux qui sonnent le tocsin.» Tant que les salons parisiens pensaient pouvoir le tourner en ridicule, Zemmour était toléré. Comme Michel Onfray l'a noté dans FigaroVox avec son sens de la formule habituel: «Invité en bout de table, pour le dîner de cons, oui, mais Eric Zemmour a retourné la situation et montré à toute la tablée que le con, ça n'était pas lui…» Ils ne lui ont pas pardonné. Nourri au lait de Balzac, Zemmour avait appris «à connaître les hommes, les femmes, à les craindre et s'en méfier, à ne rien attendre d'eux sinon l'envie et la mesquinerie». Il n'ignorait pas, en outre, que «la polémique est le piédestal des célébrités»(Illusions perdues). Il y a cédé parfois au risque de prêter le flanc aux caricatures. Il faut dire aussi que rien ne lui fut épargné: ni les procès à répétition, ni les calomnies les plus délirantes. Un jour il est présenté comme sioniste, le suivant comme antisémite. Désigné comme islamophobe le matin, portraituré en islamiste le soir. Certains veulent le faire taire par tous les moyens. La sortie de son livre de chroniques, Un quinquennat pour rien (2016), est torpillée. Son espace d'expression se réduit d'année en année: malgré des audiences au sommet, i-Télé le congédie brutalement en décembre 2014, aujourd'hui RTL lui retire son édito…
A Drancy, où il a vécu jusqu'à ses 11 ans. Il arpente le parc où il faisait du toboggan et jouait au foot avec ses copains. Le décor de la résidence Faidherbe est resté identique. Ce sont les acteurs qui ont changé.
Le piège manque de peu de se refermer sur lui. Zemmour aurait pu faire feu de tout bois. Il évite au contraire la surenchère. Comprend qu'il ne doit pas devenir une figure de talk-show et se fait rare. Tel le comte de Monte-Cristo, il médite sa revanche. Elle prendra la forme de Destin français, son œuvre à la fois la plus personnelle et la plus accomplie. Il aurait pu faire la suite du Suicide français. Il a au contraire choisi d'écrire le livre de la genèse. Sa propre genèse et celle de la France d'aujourd'hui. Le Suicide… racontait les quarante années qui ont défait la France ; Destin… revisite les mille cinq cents ans qui ont fait la Grande Nation. Un travail titanesque qui lui a pris trois ans et demi. Stakhanoviste méticuleux, Zemmour réécrit chaque chapitre des dizaines de fois. Avec souffle et style, il se confronte à ses maîtres: Michelet, Bainville, Taine. Mais aussi parce que la France est une nation littéraire, à Bossuet, Voltaire, Rousseau, Hugo et bien sûr Balzac.
Qu'on ne s'y trompe pas: son dernier ouvrage n'est pas seulement un monumental livre d'histoire. Certes, l'essayiste embarque le lecteur dans «la machine à remonter le temps», de Clovis à Jeanne d'Arc, des croisades aux guerres de Religion, de la monarchie absolue à la Révolution, de l'Empire à la République, de la Grande Guerre à la «drôle de guerre», de Pétain à de Gaulle, de Beauvoir à Butler (philosophe américaine, spécialiste des études de genre), mais c'est surtout un livre d'Eric Zemmour. Son roman national intérieur. L'auteur ne renonce à rien de ce qui a fait son succès comme nourri l'ire de ses adversaires: les formules qui tranchent dans le vif, les analogies historiques vertigineuses, les théories systémiques, les raccourcis discutables, les paradoxes scandaleux, le refus de ménager les susceptibilités et le plaisir de déplaire au clergé de l'époque. Si Zemmour explore le passé, c'est encore une fois pour mieux déconstruire les dogmes et les aveuglements du présent. Zemmour reste Zemmour. Un guerrier. Son épée est sa plume.
Pour l'émission L es Terriens du dimanche!, qui sera diffusée le 16 septembre sur C8, Zemmour revient à Château-Rouge où son père était ambulancier.
Les vengeances de l'histoire
Sa patrie? Héritière de l'Empire romain, l'originalité de la civilisation française fut de fondre et d'amalgamer des éléments méditerranéens et des éléments barbares, nous dit Eric Zemmour. «La France fut, par sa côte méditerranéenne, en contact intime avec les mondes grec, romain, byzantin ; par sa côte atlantique, avec les Vikings scandinaves ; par sa frontière pyrénéenne, avec l'Islam ; par le Rhin, avec les Barbares», écrit-il. Mais l'unité de ce mélange complexe, qui fit notre force comme notre faiblesse, ne put être maintenue, selon lui, que par un Etat fort et après une série de guerres intestines sanglantes.
À l'époque révolue du contrôle des changes, le carnet nécessaire pour passer les frontières. - Crédits photo : Archives personnelles
Eric Zemmour refuse d'appliquer à l'Histoire notre morale contemporaine. On pourra lui reprocher de se défier toujours de l'émotion, jamais d'être manichéen. Chez lui, rien n'est jamais tout blanc ou tout noir: tout est gris. Les héros agissent comme des salauds, les salauds comme des héros. Les faibles comme des forts, les forts comme des faibles. Zemmour démonte les légendes noires une par une: celles des croisades, des guerres de Religion, de la colonisation, de la France collabo. Montaigne disait qu'il aimait Paris «jusque dans ses verrues et ses taches». Zemmour reprend le mot célèbre de Bonaparte: «De Clovis au Comité de salut public, j'assume tout.» Au risque de choquer, il le prolonge: «De Clovis à Pétain et à Bugeaud, j'assume tout.» Non pour réhabiliter Vichy, comme les bonnes consciences s'en indignent. Mais parce qu'il sait que l'Histoire est complexe, tragique. Pour Zemmour, elle ne se répète pas, elle se venge. Et le poison mortifère de la repentance infuse les nouvelles guerres civiles à venir.
Avec Destin français, Zemmour montre à tous ceux qui voulaient le réduire au rôle de polémiste champion du buzz qu'il est bien plus que cela: un intellectuel et un écrivain.
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