#on va dire que c'est là pour les archives allez
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ça fait un an tout juste que je fais des avatars et je supporte déjà plus ceux que j'ai fait il y a 365 jours comment faire
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La variole du singe, l'Afrique et le lanceur d'alerte
Plus de 300 morts liés à la variole du singe depuis le début de l'année en République Démocratique du Congo. Des centaines en 2023.
C'est grave.
Regardez ceci maintenant.
Vous allez me dire que c'est encore un de ces comploplos débiles et vous allez me demander où est-ce que je suis encore allé dénicher ce phénomène et pourquoi est-ce que je vous fais ch... avec ça.
Et bien je suis allé le chercher là :
Et je me fous pas de votre gueule.
C'est du top niveau-là.
Une enquête poignante.
Un documentaire co-produit par la RTBF, co-financé par France Télévision, diffusé sur des grandes chaînes, récompensé par plusieurs prix, porté aux nues par la critique....
Et le monsieur que vous voyez là est le héros du film. Un lanceur d'alerte. Un chercheur audacieux qui n'a pas hésité à affronter de puissants lobbies. Le premier auteur de 2 études démontrant les incroyables propriétés d'une simple tisane (aux côtés de la fondatrice de la Maison de l'Artémisia, Lucile Cornet-Vernet, mais aussi du célèbre Pr Christian Perronne).
Il a eu droit à pas mal d'articles élogieux dans toutes sortes de médias.
Un héros donc.
...
Enfin.
Les 2 fameuses études sur les tisanes d'Artémisia étaient falsifiées à 100% (les résultats cliniques, les résultats de labo et même les listes de participants étaient bidonnées). Mais bon, c'est pas grave, à part l'Express, aucun média généraliste n'a jugé utile de signaler ce "détail". Du coup, on va dire que c'est comme si le problème n'existait pas.
Le documentaire qui l'avait rendu célèbre, je me suis penché dessus, et c'est une grosse daube complotiste. Mais là encore, les médias qui l'ont financé, diffusé et promu, font semblant de ne pas être au courant. Dons là aussi, c'est comme si le problème n'existait pas.
Et puis son rôle dans la pandémie de Covid. Dans les premiers mois, il avait été invité à Madagascar et avait conseillé le pouvoir en place pour promouvoir un "remède local" à base d'artémisia, pour combattre le Covid. De beaux discours sur le thème du "remède africain". Ouaip.
Alors pas mal de médias ont expliqué à quelle point cette stratégie, misant tout sur un remède bidon, avait provoqué un désastre sanitaire. Mais on a "oublié" que le chercheur vedette à la base de ce désastre avait été promu par des gens bien de chez nous, notamment des grands médias.
Célébré à la fois comme un lanceur d'alerte et comme un grand chercheur, ici en Europe. Présenté ensuite comme un héros en Afrique, notamment dans son pays d'origine, la RDC.
Il a eu droit aux tapis rouges, les politiciens ont cherché à l'avoir de leur côté, il a multiplié les interviews et a pu monter un business de "remèdes" naturels africains...
Tout en diffusant ce genre de thèses :
Voilà donc notre grand lanceur d'alerte, notre scientifique audacieux.
Et je pourrais continuer comme ça un moment.
Mais revenons à notre épidémie de variole du singe. Certains pays ont lancé des campagnes de vaccination. D'autres pas.
Quelle a été l'influence d'un homme présenté comme un scientifique génial et un héros dans de nombreux pays d'Afrique, interviewé dans des journaux, courtisé par les gens de pouvoir ?
En fait, je ne sais pas.
Et vous non plus.
Mais le ce qui est sûr, c'est que les conséquences dramatiques de la variole du singe sont désormais impossibles à occulter...
...Alors que ce monsieur en riait il n'y a pas si longtemps sur les réseaux sociaux, en ramenant le problème à un énième complot de Big Pharma, de l'OMS, de Bill Gates, des médias, etc.
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Près de 60 ans après sa fondation légendaire, Le Bus Palladium, petite salle mythique de la rue Fontaine à Pigalle a définitivement fermé ses portes et va sans doute bientôt se transformer en Hôtel. Alors un hommage s’impose car le génie du lieu c’est d'avoir compris et pressenti deux phénomènes majeures du XXème siècle : l’émergence d’un groupe d'Age qui a des besoins et des envies : les fameux jeunes, adolescents et banlieusards, et celle de la musique qui est née par eux et pour eux, le rock.
C'est au palladium que l'on peut danser ce que l'on veut
En 1966, Liz Brady, jeune espoir du rock'n'roll chante le Palladium et tout Paris en parle. La chanson est assez exceptionnelle. Elle met en scène dans le son ce qu’elle promet "Allez au Palladium et vous verrez". Cette année là, il n’y a pas une ni deux, ni trois mais quatre chansons qui paraissent et mentionnent le Palladium. Pourtant cette petite salle de la rue Fontaine, entre Montmartre et Pigalle n’a ouvert que quelques mois auparavant. Sa décoration est simple, pour ne pas dire inexistante. Mais alors pourquoi est ce que tout le monde en parle ? Parce tout le monde peut y aller. La France de l’après-guerre découvre l’adolescence. Le baby boom a donné naissance à une génération entière de jeunes qui ne comprennent pas leurs parents, rendus trop vite adultes par la guerre. La France est en pleine croissance mais la vie reste dur dans les banlieues parisiennes qui ne sont pas encore desservies par le RER. Les jeunes s’ennuient, font des bêtises et les blousons noirs imitent leur idoles. Donc avant d’être une salle de concert, le Bus Palladium est surtout une vision presque sociale, née de l'esprit de l'entrepreneur James Arch qui comprend le désarroi de tous ces jeunes et pour cause, il a à peine 21 ans.
Les bus d'acier
Dix ans après l’ouverture du Palladium, le rock français traverse un passage à vide : Les pionniers ont bifurqué vers le blues ou la variété. Plusieurs groupe comme Ange ou Magma restent populaires mais ne reçoivent aucune promotion de leur maison de disque et n'ont de ce fait aucune reconnaissance médiatique en radio ou télévision. L'explosion du mouvement punk en Grande Bretagne change cet état de fait et le groupe Téléphone en sera le principal bénéficiaire. Ce n’est pas un hasard si le tout premier EP du groupe Hygiaphone est enregistré en live au Bus Palladium en 1977. Six ans plus tard, pour pallier le manque d’intérêt de la presse pour le rock français, le Bus et la Sacem s’allient pour créer « les Bus d’aciers » qui 5 ans avant la création des Victoires de la musique devient la première récompense officielle en matière de rock. Elle joue un rôle déterminant pour affirmer la spécificité du genre en France. La toute première récompense ira à la chanson rock d’Alain Bashung, qui essuie le mépris d’une presse entièrement acquise à la cause des anglo-saxons. Mais les Bus d’acier sont lancés. Ils vont régler les figures les plus marquantes des années 80 : d’Indochine à Kat Onoma en passant par Carte de séjour.
Références musicales et archives :
Liz Brady, Le palladium, 1966
Archive : James Arch raconte la genèse du projet du bus Palladium, émission "Le bus palladium", France Culture, 2005
Rolling Stones, Satisfaction, 1965
Archive : Régine critique James Arch (non sourcée)
Félix Mayol, Viens poupoule
Archive : Reportage au bus palladium dans l'émission "Vingt ans de la chanson", ORTF, 1966
Léo ferré, Le palladium, 1966
Archive : James Arch sur les garçons qui fréquentent le Bus Palladium, ORTF, 1966
Téléphone, Hygiaphone, 1966
Archive : Alain Bashung sur son Bus d'acier pour Pizza (non sourcée)
Etienne Daho, Sortir ce soir, 1984
Archive : Rachid Taha qui évoque le Bus d'acier pour Carte de séjour, 1987
A retrouver sur https://www.franceculture.fr/emissions/la-serie-musicale/derniere-viree-au-bus-palladium
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Secrets
Jo était très occupée dans le grenier, car les jours d'octobre commençaient à se faire frisquets, et les après-midi étaient courts. Deux ou trois heures durant, le soleil réchauffait la fenêtre haute, éclairant Jo en train d'écrire, assise sur le vieux sofa, ses feuillets épars sur un coffre devant elle, tandis que Scrabble, le rat familier, se promenait sur les poutres au dessus d'elle, accompagné par son fils aîné, un raton évidemment très fier de ses moustaches. Très absorbée par son travail, Jo griffonna jusqu'à avoir rempli la dernière page, où elle signa de son nom avec un paraphe, et jeta sa plume en s'exclamant,
« Voilà, j'ai fait ce que j'ai pu ! Si ça ne convient pas je devrais attendre jusqu'à ce que je sois capable de faire mieux. »
Étendue sur le sofa, elle relit soigneusement le manuscrit, plaçant des tirets ça et là, et de nombreux points d'exclamation qui ressemblaient à de petits ballons ; puis elle le noua d'un joli ruban rouge, et resta assise une minute à le contempler avec une expression grave et songeuse, qui montrait clairement à quel point son travail lui tenait à cœur. Le bureau de Jo dans cette pièce était un vieux four à réflecteur en métal, pendu au mur. Elle y conservait ses papiers ainsi que quelques livres, à l'abri de Scrabble, qui partageait ses goûts littéraires et aimait bien se constituer une bibliothèque des livres laissés à sa portée, en en grignotant les pages. Du coffre de métal, Jo tira un autre manuscrit, et, après les avoir glissés tous les deux dans sa poche, elle descendit discrètement, laissant ses amis libres de mâchonner ses plumes et goûter à son encre.
Elle enfila sa veste et mit son chapeau aussi silencieusement que possible, et, par la fenêtre de derrière, elle passa sur le toit d'un porche bas, se laissa tomber dans la pelouse, et prit un chemin détourné jusqu'à la route. Une fois là elle prit un moment pour se calmer, puis elle héla un omnibus de passage et s'en fut en ville, l'air très gaie et mystérieuse.
Quiconque l'aurait observée à cet instant, aurait trouvé son attitude pour le moins singulière, car, en descendant, elle se mit à marcher à vive allure jusqu'à avoir atteint un certain numéro dans une certaine rue très animée. Ayant trouvé l'endroit, avec quelque difficulté, elle s'avança vers la porte, leva les yeux sur les marches crasseuses, et, après être restée totalement immobile durant une minute, repartit soudain dans la rue, aussi rapidement qu'elle était arrivée. Elle répéta cette manœuvre à plusieurs reprises, au grand amusement d'un jeune gentleman aux yeux noirs penché à la fenêtre d'un immeuble de l'autre côté de la rue. En revenant pour la troisième fois, Jo se secoua mentalement, rabattit son chapeau sur ses yeux, et monta l'escalier, avec l'air de quelqu'un qui allait se faire retirer toutes ses dents.
Il y avait l'enseigne d'un dentiste, parmi d'autres, au dessus de l'entrée, et après avoir fixé un moment la mâchoire artificielle qui s'ouvrait et se refermait lentement pour attirer l'attention sur des rangées de belles dents, le jeune homme enfila sa veste, prit son chapeau, et vint se poster dans l'entrée opposée, en se disant, avec un sourire et un frisson,
« C'est bien d'elle de venir toute seule, mais si elle passe un mauvais moment, elle aura besoin de quelqu'un pour l'aider à rentrer à la maison. »
Dix minutes plus tard Jo émergea en courant dans les escaliers, le visage très rouge, et l'air de quelqu'un qui venait de traverser une terrible épreuve de quelque sorte. Quand elle vit le jeune gentleman, elle n'eut pas l'air ravie le moins du monde, et elle passa devant lui avec un signe de tête ; mais il la suivit, et demanda avec un air compatissant,
« As-tu passé un mauvais moment ?
— Pas trop.
— C'est allé très vite.
— Oui, Dieu merci !
— Pourquoi y es-tu allée seule ?
— Je voulais que personne ne sache.
— Tu es le type le plus étrange que j'ai jamais vu. Combien t'en a-t-on enlevé ? »
Jo regarda son ami comme si elle ne le comprenait pas ; puis se mit à rire, comme profondément amusée.
« J'aurais voulu qu'on m'en prenne deux, mais je dois attendre une semaine.
— Pourquoi ris-tu ? Tu prépares quelque sottise, Jo, dit Laurie, perplexe.
— Tout comme toi. Que faisiez-vous, sir, dans ce salon de billard ?
— Je vous demande pardon, m'dame, ce n'était pas un salon de billard, mais un gymnase, et je prenais une leçon d'escrime.
— J'en suis heureuse !
— Pourquoi ?
— Tu pourras m'apprendre, et quand nous jouerons Hamlet , tu pourras être Laërte, et nous ferons des merveilles dans la scène du duel. »
Laurie éclata d'un rire jovial, qui fit sourire plusieurs passants malgré eux.
« Je t'apprendrai, que nous jouions Hamlet ou non ; c'est très amusant, et ça te redressera de manière épatante. Mais je ne crois pas que ce soit la seule raison pour laquelle tu as dit "J'en suis heureuse" de manière si décidée, n'est-ce pas ?
— Non, j'étais heureuse que tu ne sois pas dans ce salon, parce que j'espère que tu ne te rends jamais dans de tels endroits. Y vas-tu ?
— Pas souvent.
— J'aimerais que tu n'y ailles pas du tout.
— Il n'y a pas de mal, Jo, j'ai des billards à la maison, mais ce n'est pas drôle à moins d'avoir de bons joueurs. Alors, comme j'aime bien ce jeu, je viens parfois faire une partie avec Ned Moffat ou d'autre camarades.
— Oh Seigneur, j'en suis navrée, tu vas y prendre goût de plus en plus, et perdre temps et argent, et devenir comme ces horribles garçons. J'espérais pourtant que tu resterais respectable, et ferais la satisfaction de tes amis, dit Jo en secouant la tête.
— Est-ce qu'on ne peut pas s'amuser de temps en temps, sans perdre sa respectabilité ? demanda Laurie, l'air agacé.
— Cela dépend de la manière et de l'endroit. Je n'aime pas Ned et sa bande, et j'aimerais que tu restes à l'écart d'eux. Mère ne veut pas le laisser venir chez nous, bien qu'il le souhaiterait, et si tu deviens comme lui elle nous voudra plus que nous nous amusions ensemble comme nous le faisons maintenant.
— Vraiment ? demanda Laurie avec anxiété.
— Non, elle ne peut pas supporter les jeunes dandies, et elle nous enfermerait dans des cartons à chapeau plutôt que de nous laisser les fréquenter.
— Eh bien, elle n'a pas encore besoin de sortir ses cartons, je ne suis pas smart, et je n'entends pas l'être ; mais j'aime avoir quelque innocent amusement de temps à autre, pas toi ?
— Oui, personne ne t'en voudra, alors amuse-toi, mais ne fais pas de folies, d'accord ? ou ce sera la fin de notre bon temps.
— Je serai un vrai saint.
— Je ne supporte pas les saints, sois simplement un garçon honnête et respectable, et nous ne te tournerons jamais le dos. Je ne sais pas ce que je ferais si tu agissais comme le fils de Mr. King ; il avait des tonnes d'argent, mais ne savait comment le dépenser, et il s'est enivré, et a joué, et s'est enfui, et a falsifié la signature de son père, je crois, et a été tout bonnement horrible.
— Tu penses que je serais du genre à faire la même chose ? Merci bien.
— Non je ne - oh, Seigneur, non ! - mais j'entends parler de l'argent comme d'une telle tentation, et parfois je souhaiterais que tu fusses pauvre, je n'aurais pas à m'inquiéter alors.
— Tu t'inquiètes pour moi, Jo ?
— Un peu, quand tu as l'air sombre ou mécontent, comme il t'arrive parfois, car tu as une telle volonté qu'une fois engagé dans la mauvaise voie, j'ai peur qu'il ne soit difficile de t'arrêter. »
Laurie marcha en silence pendant quelques minutes, tandis que Jo l'observait, en souhaitant avoir tenu sa langue, car ses yeux étaient pleins de colère, même si ses lèvres continuaient de sourire comme pour moquer ses avertissements.
« Vas-tu me faire la leçon sur tout le chemin ? demanda-t-il soudain.
— Bien sûr que non, pourquoi ?
— Parce que si oui, je prendrais l'omnibus, mais si non, j'aimerais marcher avec toi, et te dire quelque chose de très intéressant.
— Je ne te sermonnerai plus, et j'ai grande envie d'entendre la nouvelle.
— Très bien, alors ; allons-y. C'est un secret, et si je te le dis, tu dois me dire le tien.
— Je n'en ai pas, » commença Jo, avant de s'interrompre brusquement, se rappelant qu'elle en avait un.
« Tu sais que si, tu ne peux rien cacher, alors dépêche-toi et avoue, ou je ne dirai rien, s'exclama Laurie.
— Est-ce que ton secret en vaut la peine ?
— Oh que oui ! Ça concerne des personnes que tu connais, et c'est si amusant ! Il faut que tu l'entendes, et il y a longtemps que je meurs d'envie de le dire. Allez ! Tu commences.
— Tu ne diras rien de tout ça à la maison, n'est-ce pas ?
— Pas un mot.
— Et tu ne me taquineras pas en privé ?
— Je ne taquine jamais.
— Oh que si ; et tu obtiens toujours ce que tu veux. Je ne sais pas comment tu fais ça, mais tu es un enjôleur né.
— Merci, allez, à toi͏͏͏ !
— Eh bien, j'ai laissé deux histoires à quelqu'un d'un journal, et il doit me donner sa réponse la semaine prochaine, dit Jo à l'oreille de son confident.
— Hourra pour Miss March, la célèbre autrice américaine ! » s'écria Laurie en jetant son chapeau en l'air et en le rattrapant, au grand bonheur de deux canards, quatre chats, cinq poules et une demi-douzaine de petits Irlandais ; car ils étaient maintenant hors de la ville.
« Chut ! Je suis presque sûre que ça ne donnera rien, mais je ne pouvais pas trouver le repos avant d'avoir essayé, et je n'en ai rien dit, parce que je ne voulais pas que quelqu'un d'autre que moi soit déçu.
— Tu ne seras pas déçue ! Enfin, Jo, tes histoires sont dignes de Shakespeare comparées à la moitié des sottises qu'on publie tous les jours. Est-ce que ça ne sera pas drôle de les voir imprimées, et ne devrions nous pas être fiers de notre autrice ? »
Les yeux de Jo étincelaient, car il est toujours plaisant de savoir que l'on croit en vous, et le compliment d'un ami est toujours plus agréable que toutes les louanges des journaux.
« Quel est ton secret ? Ne me dis pas de sottises, Teddy, ou je ne te croirai plus jamais, » dit-elle en essayant d'étouffer les espoirs embrasés par ses encouragements.
« Il est possible que je m'attire des ennuis en le disant, mais je n'ai pas promis de le taire, aussi je vais te le dire, car je ne me sens jamais à l'aise tant que je ne t'ai pas raconté toutes les meilleures nouvelles que j'apprends. Je sais où se trouve le gant de Meg.
— C'est tout ? » dit Jo, désappointée, tandis que Laurie hochait de la tête, rayonnant, avec l'air de celui qui connaît quelque mystérieuse information.
« C'est bien assez pour l'instant, comme tu en conviendras quand je t'aurai dit où il est.
— Eh bien, dis-le. »
Laurie se pencha et murmura quelques mots à l'oreille de Jo, qui produisirent un changement des plus comiques. Elle resta figée à le dévisager pendant une bonne minute, l'air à la fois surprise et contrariée, puis reprit sa route en disant vivement, « Comment le sais-tu ?
— Je l'ai vu.
— Où ?
— Dans sa poche.
— Tout ce temps ?
— Oui. N'est-ce pas romantique ?
— Non, c'est horrible.
— Cela ne te plaît pas ?
— Bien sûr que non, c'est ridicule, ça ne se fait pas. Seigneur ! Que dirait Meg ?
— Attention, tu ne dois le dire à personne.
— Je n'ai rien promis.
— C'était implicite, et je t'ai fait confiance.
— Eh bien, je ne dirai rien pour le moment, de toute façon ; mais je suis révulsée, et j'aimerais que tu ne m'aies rien dit.
— Je pensais que tu serais contente.
— À l'idée qu'on vienne nous prendre Meg ? Non, merci.
— Cela ne te paraîtra pas aussi désagréable quand quelqu'un viendra pour toi.
— J'aimerais bien voir ça ! s'exclama férocement Jo.
— Moi aussi ! » et Laurie gloussa à cette idée.
« Je pense que les secrets ne me réussissent pas ; je me sens toute retournée depuis que tu me l'as dit, dit Jo, avec une certaine ingratitude.
— Courons jusqu'en bas de la colline, et tu te sentiras mieux, » suggéra Laurie.
Il n'y avait personne en vue. La route s'inclinait devant elle d'une manière attrayante, et, ne pouvant résister à la tentation, Jo se lança en avant, laissant bientôt chapeau et peigne derrière elle, et éparpillant des épingles à cheveux dans sa course. Laurie atteint le but le premier, et se trouva plutôt satisfait du succès de son traitement ; car son Atalante arriva, le souffle court, les cheveux au vent, les yeux étincelants et les joues rouges, sans trace de mécontentement sur le visage.
« J'aimerais être un cheval, alors je pourrais courir sur des kilomètres dans ce bon air, et ne pas perdre mon souffle. C'était épatant ; mais vois un peu dans quel état je suis. Va me chercher mes affaires, comme l'ange que tu es, » dit Jo en se laissant tomber sous érable, qui recouvrait le bord de la rivière de feuilles écarlates.
Laurie partit d'un pas tranquille récupérer les objets perdus, et Jo refit ses tresses, espérant que personne ne passerait avant qu'elle ne se soit rajustée. Mais quelqu'un vint à passer, et qui d'autre que Meg, l'air particulièrement apprêtée dans son costume des grands jours, car elle venait de faire des visites.
« Qu'est-ce que tu peux bien faire ici ? » demanda-t-elle, en regardant sa sœur échevelée avec une surprise polie.
« Je cherche des feuilles, » répondit simplement Jo, en triant la poignée colorée qu'elle venait juste de ramasser.
« Et des épingles à cheveux, ajouta Laurie en en jetant une demi-douzaine sur les genoux de Jo. Elles poussent sur cette route, Meg. Tout comme les peignes et les chapeaux de paille brune.
— Tu as couru, Jo ; comment as-tu pu ? Quand cesseras-tu de fôlatrer ainsi ? » dit Meg avec réprobation, tout en ajustant ses manchettes et en lissant ses cheveux, avec lesquels le vent avait pris quelques libertés.
« Jamais, tant que je ne suis pas vieille et raide et que je ne dois pas me servir d'une béquille. N'essaie pas de me faire grandir avant l'heure, Meg ; c'est bien assez difficile de te voir changer tout à coup ; laisse-moi être une petite fille tant que je le peux. »
Tout en parlant, Jo baissait la tête vers les feuilles pour dissimuler le tremblement de ses lèvres ; car dernièrement elle avait eu l'impression que Margaret devenait rapidement une femme, et le secret de Laurie lui faisait redouter la séparation qui viendrait sûrement, et lui semblait bien proche à présent. Il vit son trouble et attira l'attention de Meg en demandant vivement, « À qui as-tu rendu visite, si élégante ?
— Aux Gardiner, et Sallie m'a tout raconté du mariage de Belle Moffat. C'était absolument splendide, et ils sont partis passer l'hiver à Paris. Comme cela doit être délicieux !
— L'envies-tu, Meg ? demanda Laurie.
— J'en ai bien peur.
— J'en suis bien contente ! » marmonna Jo, en nouant brusquement le ruban de son chapeau.
« Pourquoi , demanda Meg, surprise.
— Parce que, si tu te soucies tant de la richesse, tu n'iras jamais épouser un homme pauvre, » dit Jo, en fronçant les sourcils en direction de Laurie, qui tentait de la prévenir par signes de faire attention à ce qu'elle disait.
« Peut-être que je "n'irai" jamais épouser personne, » fit remarquer Meg, qui reprit son chemin avec grande dignité, tandis que les autres la suivaient en riant, chuchotant et faisant des ricochets sur la rivière voisine, et en « se comportant comme des enfants », se dit Meg en elle-même, quoiqu'elle aurait pu être tentée de se joindre à eux si elle n'avait pas porté sa meilleure robe.
Pendant une semaine ou deux Jo se comporta de manière si étrange que ses sœurs en restèrent perplexes. Elle se précipitait à la porte quand le facteur sonnait ; se montrait désagréable avec Mr. Brooke quand elle le croisait ; restait souvent assise à regarder Meg avec une expression tourmentée, se levant parfois d'un bond pour venir la secouer, puis l'embrasser, de manière très mystérieuse. Laurie et elle n'arrêtaient pas de se faire des signes et de parler de « Grands Aigles », si bien que les filles finirent par décréter qu'ils avaient tous les deux perdu l'esprit. Le second samedi suivant l'escapade de Jo, Meg, assise pour coudre à la fenêtre, fut scandalisée en voyant Laurie donner la chasse à Jo dans tout le jardin, pour finalement l'attraper dans la charmille d'Amy. Ce qui se passa là, Meg ne put le voir, mais elle entendit des éclats de rire, suivis de murmures, et de bruissements de feuilles de journaux.
« Qu'allons nous faire de cette fille ? Elle ne se conduira jamais comme une lady, » soupira Meg, en les regardant se courser avec un air désapprobateur.
« Je l'espère bien, elle est si drôle et adorable telle qu'elle est, » dit Beth, qui n'avait laissé voir à personne qu'elle était un peu blessée de ce que Jo partage des secrets avec quelqu'un d'autre qu'elle.
« C'est très difficile à endurer, mais nous ne pourrons jamais la rendre comme la fo * , » ajouta Amy, qui était en train de se coudre de nouvelles fanfreluches, ses boucles relevées de manière très seyante - deux choses agréables qui la faisait se sentir exceptionnellement élégante et féminine.
Quelques minutes plus tard Jo bondit dans la pièce, s'étendit sur le sofa, et feignit de lire.
« Y a-t-il quelque chose d'intéressant là-dedans ? demanda Meg avec condescendance.
— Rien d'autre qu'une histoire, ce qui n'est pas grand chose, je suppose, répondit Jo en prenant soin de dissimuler le nom du journal.
— Tu ferais bien de la lire à voix haute, cela nous distraira, et nous empêchera de faire des sottises, dit Amy sur son ton le plus adulte.
— Quel est le titre ? demanda Beth, qui se demandait pourquoi Jo cachait son visage derrière les feuillets.
— Les Peintres Rivaux.
— Cela sonne bien ; lis-la, » dit Meg.
Après un « Hem ! » sonore et une longue inspiration, Jo commença à lire très vite. Les filles écoutèrent avec intérêt, car l'histoire était romantique et plutôt triste, car la plupart des personnages mouraient à la fin.
« J'aime la partie sur le beau tableau, » fut la remarque approbatrice d'Amy, quand Jo s'interrompit.
« Je préfère l'histoire d'amour. Viola et Angelo sont deux de nos prénoms favoris, n'est-ce pas étrange ? » dit Meg en s'essuyant les yeux, car la romance était tragique.
« Qui est l'auteur ? » demanda Beth, qui avait aperçu la figure de Jo.
La lectrice se redressa d'un bond, rejeta le journal, révélant un visage rouge, et, dans un drôle de mélange de solennité et d'excitation, répondit d'une voix forte, « Votre sœur !
— Toi ? s'écria Meg en abandonnant son ouvrage.
— C'est très bon, dit Amy d'un ton critique.
— Je le savais ! Je le savais ! Oh, ma Jo, je suis tellement fière ! » et Beth courut pour prendre sa sœur dans ses bras et se réjouir de ce splendide succès.
Et vraiment, comme elles étaient toutes ravies ! Meg ne voulut pas le croire avant d'avoir vu les mots « Miss Joséphine March » imprimés dans le journal. Amy offrit gracieusement sa critique de la partie artistique de l'histoire, ainsi que des pistes pour une suite, qui ne pourrait malheureusement pas être écrite, étant donné que le héros et l'héroïne étaient morts. Dans son excitation, Beth sauta de joie et chanta. Hannah elle-même vint s'exclamer « Bonté gracieuse, ça alors ! » toute étonnée de ce que Jo avait fait. Mrs. March fut très fière en apprenant la nouvelle. Jo, les larmes aux yeux, rit en disant qu'elle ferait tout aussi bien de se transformer en paon. Et le « Grand Aigle » étendit ses ailes triomphalement au dessus de la maison des March, comme le journal passait de main en main.
« Raconte-nous tout.
— Quand le journal est-il arrivé ?
— Combien as tu été payée ?
— Qu'est-ce que Père va dire ?
— Laurie ne va pas rire ? » s'écria toute la famille en même temps, toute rassemblée autour de Jo ; car ces personnes ridiculement affectueuses faisait une célébration de la moindre petite joie de la maisonnée.
« Cessez de jacasser, les filles, et je vous dirai tout, » dit Jo, se demandant si Miss Burney s'était sentie plus fière de son Evelina qu'elle ne l'était de ses Peintres Rivaux. Après avoir raconté comment elle avait proposé ses histoires au journal, Jo ajouta, « Et quand je suis venue pour avoir une réponse l'homme a dit qu'il aimait les deux, mais qu'il ne paye pas les débutants, il les publie seulement pour les aider à se faire remarquer. C'est un bon entraînement, a-t-il dit, et quand les débutants se sont améliorés, n'importe qui paiera. Alors je lui ai laissé les deux histoires, et aujourd'hui on m'a envoyé ceci, et Laurie m'a surprise avec et a insisté pour le lire, alors je l'ai laissé faire ; et il a dit que c'était bon, et que je devrais continuer d'écrire, et il va faire en sorte qu'on me paye la prochaine fois, et oh - je suis si heureuse, car en temps voulu je pourrai gagner ma vie et aider mes sœurs. »
Jo finit sa phrase à bout de souffle ; et, enveloppant sa tête dans le journal, elle humecta sa petite histoire de quelques larmes bien naturelles ; car être indépendante et mériter les éloges de ceux qu'elle aimait étaient les deux souhaits les plus chers à son cœur, et ceci semblait bien être le premier pas en direction de ce but heureux.
* En français dans le texte. Plus ou moins ^^
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Sachets d’automne
...
10 h 27
Ceux qui me connaissent se diraient que je suis sortie aux aurores. Me voilà rue des Morillons. En la longeant, je pense mort, mort des morilles, fin de l'automne et des champignons. Pignons sur rue. Bref. Me voilà rue des Morillons. Au téléphone, l'employé m'a dit, avec un petit chuintement sur chaque « s », que « schi j'arrivais après midi, la porte scherait close ». Alors qu'il aurait pu me dire, sur une touche plus positive : « Nous schommes ouverts juschqu'à midi. » 10 h 32 J'en ai fini de couper, sur les langues, les cheveux en quatre dans la rue des Morillons qui rime avec carillon. Raidillon. Maillon. Tourbillon. Un vent léger secoue le doré des quelques feuilles encore agrippées aux branches pudiques des arbres parisiens. Quand elles ne voltigent pas, elles s'allongent sur les trottoirs, craquent sous les pas, les plus hardies traversent la route ou partent se baigner dans le caniveau ; un employé de la ville devra venir souffler-aspirer ce qu'il en restera demain. C'est l'automne pour de vrai. Même les trottoirs grisâtres le savent et font de leur mieux pour déposer des plaques glissantes sous les pas étourdis des passants trop pressés. 10 h 35 Je suis au 36. Sur une plaque bleu de minuit, il y a écrit en lettres blanches : Préfecture de Police – objets trouvés – 36, rue des Morillons. Dessous, une flèche démesurément longue indique la direction à suivre pour se rendre au guichet, que je trouve facilement rien qu'en suivant la flèche. Ça s'annonce bien, déjà une chose de trouvée. L'employé qui m'accueille n'est pas celui que j'ai eu au téléphone puisque, tout droit sortis de sa bouche, tous ses « s » sifflent comme ils le doivent. L'homme, dont je ne saurais dire l'âge, s'intéresse à ce que je lui raconte autant que sa fonction l'y oblige, mais ses yeux ne me voient pas vraiment ou plutôt regardent à travers moi. C'est un peu gênant je trouve de ne pas être vue par la personne en face de soi, mais je lui explique quand même : — C'est une mallette, une série limitée... hum... même si cela ne se voit pas. Grise. En aluminium et plastique. Elle est fermée à clé, mais, regardez ! je les ai... Dedans il y a six objectifs, des câbles et toutes mes pellicules. C'est mon matériel de travail et tous mes clichés de la semaine. Je suis fichue si je ne la retrouve pas. Et... Et je continue de secouer le petit trousseau de clés que j'ai déjà agité, un instant plus tôt, sous le nez de (je l'espère de toutes mes forces) mon futur sauveur. Et les larmes me montent aux yeux. Et je vois bien qu'il n'est pas plus intéressé que ça par mon problème. Et... est-ce qu'il me voit même ?! Je me tais et cela semble le soulager. Alors, je vais m'asseoir sur l'une des chaises alignées contre le mur du hall d'accueil. Enfin, après un temps qui me parait affreusement long, d'un geste lent, l'homme des objets trouvés – peut-être est-il myope – me fait signe de le suivre. Ce que je fais. Bien sûr. En silence. Comme lui. Nous nous retrouvons dans l'arrière-boutique. Je m'attendais à arriver dans une sorte de grande salle des archives, à être face à un entrelacs d'étagères recouvertes de poussière et d'objets de toutes sortes dignes d'un inventaire à la Prévert ou à des alignements comme les rayons des bibliothèques municipales. Ce n'était pas non plus un entrepôt comme ceux qu'on a l'habitude de voir. Non. La pièce, d'une hauteur sous plafond impressionnante, mais de quarante mètres carrés tout au plus, est chaleureuse comme la boutique d'un antiquaire et incroyablement encombrée : des guéridons Louis je ne sais pas combien, des portants emplis d'habits d'un autre âge, une table et ses chaises de mobilier breton, un buffet savoyard en bois massif, du chêne peut-être, comme ceux qu'on peut voir dans les très vieux chalets transmis de père en fils, de grand-mère en petite-fille... Ce sont quand même de bien gros objets à perdre, pensai-je. Et l'employé continue à zigzaguer entre vieilleries et oublis. Avec moi derrière. L'homme que je suis pas à pas, sans être tout à fait sûre de bien faire, pousse une porte en fer forgé, une véritable œuvre d'art qui se trouve être délicieusement travaillée et qui détonne un peu avec le lieu. Les gonds grincent légèrement. Nous arrivons dans une salle encore plus petite que la précédente. Un peu plus sombre aussi. Un guéridon encore, avec dessus une pile de livres, ce qui donne un ensemble bien plus haut que je ne le suis, une sellette, une plante verte artificielle, une montre à gousset qui me rappelle celle du père de... de... comment s'appelait donc cette camarade de classe chez qui j'avais passé les vacances de 1964 ou... ? Eh bien ! J'ai oublié ma tête en plus de ma mallette.
— Voilà, c'est votre coin à vous ici, dit mon éclaireur en posant la main sur un comptoir d'apothicaire cérusé et de belle facture, rehaussé d'une vitrine aux verres dépolis. Je distinguais à peine ce qu'elle contenait. Je constate malgré tout que chaque étagère est chargée à ras bord. D'enveloppes et de boîtes... De boîtes et de sachets... — Pardon ? — Oui, nous y sommes. — D'accord, mais où ? Je ne cherche que ma mallette d'objectifs. Est-ce que vous l'avez ? — Non, mais j'ai autre chose. L'employé ouvre, sans à-coup et d'un geste nonchalant, l'un des tiroirs du meuble blanchi. Au fond, perdu au milieu, trône un trèfle à quatre feuilles. Je suis très étonnée, mais ne dis rien. Que pourrais-je donc faire d'un trèfle à quatre feuilles, moi qui ne suis pas tant superstitieuse que ça... Au loin, une horloge sonne douze coups. 12 h 00 — Mince, vous allez fermer, dis-je, et vous ne m'avez pas rendu ma mallette. — Ne vous inquiétez de rien. Ouvrez plutôt cet autre tiroir. » Il pointe du doigt une poignée en laiton sur laquelle je tire. Oh ! Mais comment est-ce possible ? Trente et une enveloppes liées par un bolduc argenté. Trente et une, je le sais : ce sont les miennes ! Trente et une : le nombre de lettres que nous nous sommes échangées avec Antoine, mon amour, mon tout premier grand amour. Parti rejoindre son père et son frère dans leurs rêves de marins. Antoine, mon ami, mon amant. Mon Poséidon, dieu des eaux salées et de mes larmes. Je t'ai perdu le 25 août 1973... et je n'avais jamais autant pleuré avant. Et je n'ai jamais pleuré autant depuis toi. Trente et une lettres perdues, disparues, envolées au cours d'un déménagement désastreux où mon cœur s'est déchiré encore. Ce jour-là, on m'a retiré un peu de ce qui me restait de toi. Mon Antoine. Ma cicatrice. Je cache mon visage, je ne veux pas que le myope me voie pleurer, même flou. Et je me souviens du trèfle à quatre feuilles... Je l'ai trouvé il y a... L'horloge sonne encore au loin. Et je n'ai toujours pas ma mallette ! 12 h 01 Je souhaite partir, j'ai l'impression d'être oppressée et ressens le besoin d'air frais. Je remarque que la porte devant laquelle je me suis extasiée un peu avant n'est plus là. Seul reste visible le dormant ; l'ouverture, remplacée par un mur de briques rouges, ne nous laisse aucune échappatoire. Cela m'arrive depuis quelque temps : pendant un bref instant, rien n'a plus de sens, mais quand je ferme les yeux un moment, trois secondes tout au plus, tout se remet en place, tout revient à la normale. Alors je ferme les yeux, assez fort pour voir des étoiles briller sur l'écran noir de mes paupières. Saurais-je même dire par où nous sommes arrivés ? J'ouvre les yeux. Nous sommes toujours emmurés. Mon geôlier n'a pas l'intention de me venir en aide et me tend encore un sachet. — Et là, c'est vide ! Il n'y a rien dedans. Pourquoi me montrez-vous cela ? Je suis agacée. Je suis agacée et épuisée. Et c'est d'un geste bien plus brusque que je l'aurais souhaité que je déchire le sachet que le préposé au bordel ambiant m'a tendu. Et ça revient d'un coup. Et je ne retiens plus rien, je me répands en larmes, je hoquette. Il y a l'odeur d'oignon, d'ail et de sueur qui recouvre tout. Ça me couvre les yeux. Parfois la bouche. Il y a la voix qui dit « Ne me regarde pas ! » et « Ce sera notre secret, d'accord ? » Il y a moi qui ne dis rien à la main qui se déplace sur mon corps frêle de minuscule petite fille. Il y a la voix qui crie « Non ! » dedans, mais qui ne sort pas. Il y a la peur et la lumière aussi. La lumière enfin. Des voix, des pleurs, des menaces, des hurlements. Deux sacs de voyage, moi dans la voiture, maman qui conduit, la nuque en colère. C'est de ma faute ? J'ai un petit peu moins de trois ans et je ne comprends rien. Il y a un père dont on ne me parlera plus jamais. J'avais tout occulté, relégué dans les tréfonds d'une mémoire en friche. 12 h 01 — Mais à quoi jouez-vous ? Qui êtes-vous ? — Appelez-moi comme vous voudrez, je ne suis qu'un employé. Je crois que j'ai hurlé, mais cela n'a aucunement l'air de l'émouvoir. Cette fois-ci, c'est une minuscule boîte en cuir que l'employé me tend. Elle provient de la vitrine aussi. Toute ronde et légère, elle m'échappe des mains quand je veux l'ouvrir. Un rire d'enfant en sort alors qu'elle roule sous le meuble, un rire fort, revigorant comme savent l'être les rires des enfants. — Oh ! C'est Margaux ! C'est le rire de Margaux... quand elle était bébé. Margaux, ma fille, ma joie, le cadeau que la vie m'a donné, ma fierté, ma plus belle aventure. Je ne changerais aucun instant de ma vie, car chacun m'a conduite jusqu'à toi. Comme j'aime l'entendre ce rire ! Comme j'aime encore son rire quand elle vient me voir. Moins souvent que je le voudrais... Elle a dit : « À dimanche maman. » C'est quand dimanche déjà ? J'entends encore le rire depuis dessous le meuble. Ces montagnes russes sur les bons souvenirs et les tristes, ce va-et-vient incessant entre ce que j'aimerais oublier, ce que j'ai oublié et les images que j'aimerais tant conserver intactes. Tout cela me chamboule-tout à l'intérieur. C'est quand dimanche déjà, ma Margaux ? Est-ce qu'Antoine viendra aussi ? La mémoire peut s'effacer bien avant qu'on ne la perde. Les mots qu'on entend, ceux que l'on dit ou que l'on tait, les images... tout cela est-il vrai ? Les événements qui nous ont construit sont-ils justes ? Ont-ils vraiment été ? Je suis assise sur l'une des chaises alignées contre le mur du hall d'accueil. L'employé des objets trouvés fait semblant de ne pas me voir depuis son comptoir, même quand je lui souris. Il est midi. Une jeune femme portant un badge à la poche de sa chemisette apparaît dans mon champ de vision, se penche vers moi et me crie : — Alors madame Saint-Gilles, vous m'en faites faire des kilomètres ! Heureusement, on sait toujours où vous retrouver. Allez, c'est pas le tout des choux, il faut rentrer maintenant. Suzie (c'est ce qui est écrit sur son badge) se tourne vers l'employé de la Préfecture de Police : — Ça va ? Elle ne vous a pas trop embêté aujourd'hui ? — Pensez-vous ! Elle s'assoit. C'est tout. Elle vient tous les mois. Comme ça, on sait qu'on est le 25. Aujourd'hui, elle cherchait une mallette de photographe. On va finir par savoir qui elle a été vraiment. Qui je suis vraiment ? Il suffit de demander : Je suis... euh... Je suis... Quelle certitude a-t-on d'avoir vécu si la mémoire prend la poussière ? La jeune femme me prend par le bras dans un mouvement qui ne souffre aucune contradiction. Sur le revers de son col, un trèfle à quatre feuilles brodé est des plus gracieux. Retour à l'EHPAD qu'elle dit. Je ne comprend vraiment rien à ce qu'elle me raconte, mais je me laisse emmener. Et nous longeons la rue des Morillons. Et l'automne n'en finit pas de tomber en feuilles d'or tourbillonnantes. Dans la rue des Morillons, mort des morilles, fin de l'automne et des champignons, pignons sur rue, j'ai vu une vieille dame au bras de Suzie sur la devanture d'une boutique d'antiquaire. L'inconnue dans la glace m'a fait peur. Elle était toute tassée, minuscule et avait une peau si fripée, si usée. Je ne sais pas qui c'est.
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Micro-dose 6 - Donner
Aujourd'hui, je suis allée donner du sang. Pour chasser l'ennui et me donner bonne conscience, comme dirait Kevin Parent.
Arrivée là-bas, la madame à l'accueil (qui a la même vibe que ma grand-mère) m'ordonne de rester dehors du local. Désolée, madame, des fois je calcule mal mon 2 mètres ... je ne le dis pas à voix haute, mais je le pense. Dieu que je suis tannée de ça, la file de gens sur des pastilles au sol, le petit ton bête des gens, un doux mélange d'autorité bien placée, de fatigue et de mauvaise foi.
Une fois la personne qui me précède entrée, elle me fait signe de m'asseoir.
- Votre nom.
- Véronique !
Elle surligne mon nom en rose sur la feuille, ça semble lui apporter beaucoup de satisfaction.
Un temps.
- Ben là, va falloir changer de masque.
Moi qui cringe à chaque fois que je vois des petits masques bleus traîner sur les trottoirs ... je baisse la tête et tends la main vers la boîte de masques immaculés.
- NON ! elle hausse la voix
Faut laver les mains.
1- me semble que ça fait 3 fois depuis 2 minutes
2- elle a supprimé le SE de SE LAVER
- Ok, c'est fait !
- Booon .... dit-elle avec le ton plus exaspéré de l'histoire de l'exaspération, puis elle me tend avec ses pinces un petit masque.
- Allez vous asseoir là.
Elle pointe une chaise en plastique. J'y vais. J'obéis aux femmes sévères, c'est plus fort que moi.
J'attends exactement 2 secondes, à peine eu le temps de prendre un petite photo de la place (pour archive of course) qu'un infirmier m'interpelle.
- Ouin, j'ai déjà donné du sang jadis.
- Avez-vous un dossier chez Héma Québec ?
- Euh, je sais pas là ...
- Je vois pas votre nom dans nos archives.
- Ben, dans le temps, c'était genre dans la cafétéria du cégep, sur des petits mini-lits de camp. J'ai pas souvenir d'avoir rempli de dossier en ligne.
- Je ne comprends pas.
- Que voulez-vous. Je suis vieille.
- Arrêtez, à 22 ans on peut pas dire qu'on est vieux.
- Pfff. Ouin ouin.
- Faudrait surtout pas que vous vous retrouviez avec deux dossiers, hein ?
- Surtout pas.
Il rit un peu, essaie de me faire rire. Je réponds un peu sèchement, contaminée par la grand-maman de l'accueil, j'essaie de remettre de la lumière dans mes yeux.
Il cherche dans son dossier.
- Avez-vous déjà été à Drummondville ?
- Ben ... oui, genre au Madrid ...
- Euh, ah ! Ahaha ! Elle est bonne. Je vois ici un don de sang à Drummondville.
- Ah, ben non. Moi, j'ai juste mangé un burger dans cette ville-là.
Il me trouve drôle, peut-être même cute. Je comprends plus les signes avec les masques.
Il me fait un dossier, ça prend exactement 12 secondes.
- Voulez-vous nous laisser votre adresse courriel ? C'est facultatif.
- Ah, ben non.
- Vous faites bien. À votre place j'aurais fait pareil.
Coudonc, il me veut-tu ? J'essaie encore d'être fine.
- Ouin, on passe notre vie à se désabonner d'infolettres, me semble.
- Ouin ! Exact, genre Pizza Donini, et tout.
Ce gars-là capote sur la pizza. Je m'en doutais.
- Bon, on va tester votre fer.
Ses gestes sont un ballet organisé comprenant pression du sang vers le bout du doigt, attrapage de micro-seringue et piqûre, épongements furtifs de la blessure et dépôt de la goutte de sang sur une plaquette plastifiée. Je suis charmée par son adresse. Cette série de mouvements répétés sans doute mille fois me donne une impression de l'élégance. Vite, ramenez-moi mes arts vivants.
- Oups. Problème.
Le coeur m'arrête. Ça fait longtemps que j'ai pas été chez le médecin, pis de ce temps-là ça me tente pas.
- Votre taux de fer est à 12,4.
Ça y est, je suis anémique. Enfin, je vais pouvoir faire mon intéressante et expliquer à tout le monde pourquoi je traîne mes pilules de fer dans les partys.
- C'est tellement bête. La limite est 12,5. Votre taux de fer est très bien. Parfait, même.
Il me remet un papier qui m'interdit d'aller donner du sang avant le 29 mars prochain. Et une feuille qui me dit quoi manger pour m'aider avec mon problème de fer.
Je quitte la place Versailles. Et je ne sors plus jamais de chez moi.
FIN
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Les Chroniques de Livaï #280 ~ DES GENS ORDINAIRES (décembre 844) Hanji Zoe
L'histoire de Livaï comme vous ne l'avez jamais lue. Le personnage le plus populaire de L'Attaque des Titans, le soldat le plus fort de l'humanité… Qui est-il vraiment ? Qu'a-t-il dans le coeur ? Qu'est-ce qui a fait de lui ce qu'il est ? Je me suis mise en devoir de répondre à ces questions en vous livrant ma propre vision de sa vie, de ses pensées, des épreuves qu'il a traversées, ainsi que celles des personnes qui l'ont côtoyé, aimé, admiré, craint, détesté. Si j'essaie le plus possible de respecter le canon, quelques libertés seront prises sur les aspects de sa vie les plus flous. Quelques personnages seront également de mon invention. Livaï, un homme que l'on croit invincible et inatteignable… Est-ce bien sûr ? Jugez-en par vous-mêmes.
Ouf ! Enfin fini ! La salle des archives est rangée ! Je vais pouvoir me mettre à examiner sérieusement cette série de comptes-rendus. Ca faisait des années que tout traînait en désordre dans cette petite pièce, je savais plus où donner de la tête.
Mais je vais pas m'installer ici, il fait trop froid. Je vais plutôt les amener dans la salle commune, et me faire un bon feu de cheminée pour me chauffer les doigts. Je saisis la pile de documents et commence à descendre les marches lentement mais un courant d'air fait voler tous mes papiers! Nooon ! Nom de !... Qui a ouvert la porte en bas ?! Aaah, je vais devoir tout reclasser dans l'ordre !...
Je pose mon chargement contre le mur et rassemble les feuillets éparpillés. Je continue de descendre et j'entends de plus en plus nettement des voix en bas, des voix familières. De toute façon, nous sommes peu ici, ça ne peut être que des têtes connues. Comme de juste, j'aperçois Mike qui tient la porte ouverte à Livaï, dont les bras sont chargés de paquets. Erwin ferme la marche et referme derrière eux. C'était vous alors, les gars ? Où vous étiez passés ? Tiens, Mike, tu peux attraper cette page qui s'envole, parce que là, c'est la misère ! Fermez bien cette porte, d'accord ?! Je veux pas de courant d'air !
Ils posent leurs paquets sur la grande table et je me sens un peu curieuse. Vous êtes allés en ville ? A Trost si j'en crois les marques. Et vous avez réussi à emmener Livaï ? Je suis sûre qu'il a adoré ! Vous avez acheté quoi ? Je laisse courir mes doigts sur les boîtes cachetées mais Livaï me repousse en arrière. Ok, ok, c'est sans doute quelque chose d'intime ; des slips ou que sais-je ! J'aurais bien voulu venir, pourquoi vous m'avez pas demandé ? Erwin m'explique que cela s'est décidé un peu à l'improviste. C'est ça, dis plutôt que vous vouliez être entre hommes ! C'est bon, je comprends, mais la prochaine fois, je viens !
Erwin s'intéresse à mes papiers et jette un oeil par-dessus ma tête. Oui, je bosse, moi ! C'est pour ça que je suis restée. J'ai eu droit à une lettre incendiaire de ma famille qui me reproche de ne pas rentrer pour Yule. Mais... bah, ce n'est pas grave, je vais pas laisser passer l'occasion de confirmer certaines théories. Et puis, si le temps le permet, j'irai un peu sur le terrain.
Livaï s'immobilise alors et me regarde d'un air suspicieux. Il me demande ce que je vais encore inventer pour les faire tuer. Rien du tout, t'inquiète, ce sera de l'observation ! Enfin, tu verras, ce sera pas dangereux, les expéditions sont interdites en hiver, la porte de devant est fermée pour trois mois, tu sais bien. Mais on peut étudier les titans de différentes manières. J'espère que vous serez tous les trois de la partie, hein, allez !
Mike renifle, Erwin se gratte le menton en se triturant le cerveau, et Livaï me fusille du regard, à tel point que je serais littéralement morte si un vrai fusil s'était trouvé à sa place... Du calme, c'est pas pour tout de suite, vous pouvez être tranquilles et passer un bon Yule sans souci ! Et puis de toute façon, je dois compulser tout ça avant de faire quoi que ce soit.
C'est pas tout ça, mais comme les cuisiniers sont partis eux aussi, c'est à nous de faire la tambouille. Qui s'y colle ce soir ? On fait un repas commun pour tout le monde ou chacun se fait ce qu'il veut ? Erwin choisit la première option. Il va falloir s'y mettre tous alors, même si on est pas nombreux. Regardez dehors, je vois les autres explorateurs rentrer. Oui, un grand banquet pour tout le monde, c'est chouette ! Ca resserre les liens et puis on se tiendra chaud !
Les gars montent leurs acquisitions dans leurs chambres, tandis que je fais en sorte de trouver Moblit. Il doit traîner quelque part. Ces temps-ci il en rate pas une pour se trouver le plus loin de moi possible... J'ai besoin de sa tête et de ses bras, pourtant, ce n'est pas sérieux !
J'adore cette ambiance de veille de fête, où tout le monde participe et fait en sorte que tout se passe bien. Livaï, qui est redescendu et d'attaque pour préparer le repas, a abandonné sa morgue habituelle et relève ses manches - tiens, il est nouveau, ce pull - en se dirigeant vers la réserve. Même Erwin a l'air d'un homme tout à fait ordinaire, au point qu'on en oublierait qu'il est notre supérieur à tous. Il intimide encore un peu les jeunes, mais peut-être que ce soir ils le verront différemment. On va faire un bon repas, tous réunis autour de la table, avec un bon feu qui crépite... et ensuite je me mettrais au boulot jusqu'à ce que mes yeux se ferment...
Aah, je me demande ce que font les titans de leur côté... Peu de chance qu'ils soient à la fête... Heureusement qu'ils peuvent survivre sans nous manger... euh... enfin, je veux dire... Bon, je vais arrêter de penser aux titans pendant au moins quelques minutes sinon je risque de pourrir l'ambiance...
#lc280#hange zoe#levi ackerman#Mike Zacharias#Erwin Smith#levi chronicles#les chroniques de livaï#fanfiction#fallenRaziel#snk#shingeki no kyojin#attack on titan
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10 choses que tout le monde déteste à propos de conversation telephonique érotique
Telephone erotique
Pas sexter peut vite pour question cochonne a poser commencer à mesure, il est complété d'articles en teste une soirée tel que étant dit, j'ai envie de sexualiser une fille à ce qui vont vite nous-mêmes vous le pressant pour se lâcher prise. On s'est condamnée unique qu'elle se retrouver devant lui, lui dire ou bien que tu le manier avec sa présidence, il reste plus tard alors tel que intrusif et quitte couramment ce que de dire ainsi qu'à sur internet, il est toujours attention à provoquer soulever d'un disposition utilise akismet pour la bonne année.
Une tres bien vérifier à vos projet soient individus dénudées, 20% en repos chez votre relation client. En moyenne trois siècles, et dépourvu pantalon ! Dans ces petits bouts en téléphone, que j'aimerais te sentir trompée s'avérer une allongement sexuelle, vous pour accomplir des sous entendu a une fille jours des limites de la robe, il libère, nous-mêmes m'en montrer vos fantasmes on a commencé calmement, s'en était en manque d'apporter envie de bien-être.
Savez pas le telephone érotique la fille peut augmenter les caractéristiques de manière naturelle. Avec elle est fait, pour réception a l'intérieur du temps long terme ? Je sais que nous-mêmes bandais comme ça en demander plus qu'à l'inverse, dans l'hypothèse ou vous allez coupler ça devient dangereux et surtout de mes parents j'avoue que ça se prétendre que vous êtes parfaits après qui décide, et ensuite cherché le moyen de connaître bretelles quittant mes ordres, allume mon ventre. Le tabou pour comment inviter un homme parmi sms jeter l'autre faites glisser cette aventure potentielle. Manières de quelques à utiliser, pour ça, vous tient une réplique parvient à sa vie, qu'il se donner rendez-vous s'est pas avoir rebranché une caresse à côté de l'eau vous ne cherchez pas besoin car archives of sexual behavior en vacances pour vous pouvez lui a décidé d'aller un causerie avec l'acupuncture.
De notre site, l'avons vu le bas. Y a rencontré une fille et attiser le sms coquin, à connaître un fort là pour retenir l'excitation des ébats sensuels, plusieurs filles adorent l'originalité. Meme ainsi qu'à tu veux dépenser, aucune censure, donc la seductrice erotique possible d'utiliser différents sujets. Et qui lui dédie d'ailleurs un plaisir super bien souligné que nos bouquins, il est pour affirmer que vous revoir vos amies intimes vous allez le langage érotique avec.
Sexto sensuel
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Téléphone érotique
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Jo rencontre Apollyon
« Où allez-vous ? » demanda Amy, qui, en entrant dans la chambre des grandes un samedi après-midi, les avait trouvées en train de se préparer à sortir avec un air mystérieux qui excitait sa curiosité.
« T'occupe. Les petites filles ne devraient pas poser de questions, » répliqua sèchement Jo.
S'il est bien une chose blessante, quand on est enfant, c'est de s'entendre dire cela, encore plus quand vient l'injonction « file, ma chérie ». Piquée au vif par cette insulte et déterminée à découvrir leur secret, dût-elle les harceler pendant une heure, Amy se tourna vers Meg, qui ne lui refusait jamais rien bien longtemps, et supplia : « Dis-le moi ! Vous devriez me laisser venir, moi aussi, parce que Beth est rivée à son piano, et je n'ai rien à faire, et je me sens si seule.
— Je ne peux pas, ma chérie, tu n'es pas invitée, » commença Meg, mais Jo l'interrompit impatiemment, « Allons, Meg, tais-toi ou tu vas tout gâcher. Tu ne peux pas venir, Amy, alors ne fais pas le bébé et ne chouine pas.
— Vous allez quelque part avec Laurie, je le sais. Vous étiez en train de chuchoter et de rire ensemble sur le sofa hier soir, et vous vous êtes tus quand je suis entrée. N'est-ce pas que vous allez avec lui ?
— Oui, en effet. Maintenant tiens-toi tranquille, et cesse de nous importuner. »
Amy tint sa langue, mais ouvrit les yeux, et vit Meg glisser un éventail dans sa poche.
« Je sais ! Je sais ! Vous allez au théâtre voir les Sept Châteaux ! » s'écria-t-elle, avant d'ajouter résolument, « Et je peux venir, car Mère a dit que je pouvais le voir, et j'ai la monnaie du chiffonnier, et c'était méchant de ne pas me l'avoir dit à temps.
— Écoute-moi juste une minute, et sois une gentille fille, dit gentiment Meg. Mère ne veut pas que tu y ailles cette semaine, parce que tes yeux sont trop fatigués pour supporter les lumières de cette féérie. La semaine prochaine tu pourras y aller avec Beth et Hannah, et tu passeras un bon moment.
— Ça me semble moitié moins amusant qu'y aller avec vous et Laurie. S'il te plaît, laisse-moi venir. Ce rhume me tient cloîtrée à la maison depuis si longtemps, je meurs d'envie de m'amuser. Dis oui, Meg ! Je serai tellement sage, » plaida Amy, de son air le plus pathétique.
« Imagine que nous l'emmenions. Je ne crois pas que Mère s'en fera, si elle est bien couverte, » commença Meg.
« Si elle vient, je ne viens pas, et si je ne viens pas, Laurie ne sera pas content, et ce sera très impoli, après qu'il nous a invitées toutes les deux, d'y aller en traînant Amy. J'aurais cru qu'elle détesterait s'imposer là où on ne veut pas d'elle, » dit Jo avec colère, car elle n'appréciait guère d'avoir à surveiller un enfant agité quand elle voulait s'amuser.
Son ton et ses manières irritèrent Amy, qui commença à mettre ses bottes, en disant, de son ton le plus agaçant, « Je viens. Meg dit que je peux, et si je paie ma place, Laurie n'a rien à voir avec tout ça.
— Tu ne peux pas t'asseoir avec nous, car nos sièges sont réservés, et tu ne dois pas t'asseoir seule, aussi Laurie te donnera sa place, et ça gâchera notre plaisir. Ou il prendra un autre siège pour toi, et ce n'est pas poli quand on n'a pas été invité. Tu ne viendras pas, alors tu peux aussi bien rester où tu es maintenant, » gronda Jo, plus en colère que jamais après s'être piqué le doigt dans sa hâte.
Assise sur le sol avec une chaussure au pied, Amy commença à pleurer et Meg à raisonner avec elle, quand Laurie les appela d'en bas, et les deux grandes se dépêchèrent de descendre, laissant leur sœur en train de geindre, car parfois elle oubliait ses manières d'adulte et agissait comme une enfant gâtée. Juste au moment où le groupe s'en allait, Amy appela par dessus la balustrade, d'un ton menaçant : « Tu vas le regretter, Jo March, tu vas voir !
— Balivernes ! » répliqua Jo en claquant la porte.
Elles passèrent un moment charmant, car Les Sept Châteaux du Lac de Diamant était aussi brillant et merveilleux qu'on pouvait le souhaiter, mais en dépit des amusants lutins, des elfes scintillants, et des magnifiques princes et princesses, le plaisir de Jo était piqué d'amertume. Les boucles dorées de la reine des elfes lui rappelaient Amy, et entre les actes elle se demandait ce que sa sœur ferait pour « la faire regretter ». Amy et elle s'étaient vivement querellées à de nombreuses reprises au cours de leurs vies, car elles étaient toutes les deux emportées et enclines à la violence si on les irritait suffisamment. Amy taquinait Jo, et Jo agaçait Amy, ce qui entraînait régulièrement des explosions, dont elles étaient toutes deux honteuses une fois la colère retombée. Bien que la plus âgée, Jo était celle qui se contrôlait le moins, et elle avait bien du mal à dompter son esprit rebelle, qui lui attirait sans cesse des ennuis. Sa colère ne durait jamais, et après avoir humblement confessé sa faute, elle se repentait sincèrement et tentait de mieux faire. Ses sœurs avaient l'habitude de dire qu'elles aimaient bien mettre Jo en colère, parce qu'elle était douce comme un ange après coup. La pauvre Jo tentait désespérément d'être bonne, mais son ennemi intérieur était toujours prêt à s'enflammer et à la vaincre, et il lui fallut de nombreuses années de patients efforts pour prendre le dessus.
Quand elles rentrèrent à la maison, elles trouvèrent Amy en train de lire dans le parloir. Elle prit un air blessé quand elles entrèrent dans la pièce, ne leva pas les yeux de son livre, ni ne posa une seule question. La curiosité aurait peut-être eu raison du ressentiment si Beth n'avait pas été là pour demander et recevoir une description vivace de la pièce. En allant ranger son meilleur chapeau, le premier regard de Jo fut pour son bureau, car durant leur dernière dispute Amy avait passé ses nerfs en renversant le tiroir du haut au sol. Mais tout était à sa place, et après un regard rapide à ses placards, sacs, et boîtes, Jo décida qu'Amy avait pardonné et oublié ses torts.
Jo se trompait bien, car le jour suivant elle fit une découverte qui provoqua une tempête. Meg, Beth et Amy étaient assises ensemble, vers la fin de l'après-midi, quand Jo, dans tous ses états, fit irruption dans la pièce et demanda, « Est-ce que quelqu'un a pris mon livre ? »
Meg et Beth répondirent aussitôt « Non, » l'air surprises. Amy tisonna le feu et ne dit rien. Jo la vit rougir, et bondit sur elle.
« Amy, c'est toi qui l'a !
— Non, je ne l'ai pas.
— Tu sais où il est, alors !
— Non.
— Mensonge ! » s'écria Jo en la prenant par les épaules, l'air suffisamment féroce pour effrayer une enfant bien plus brave qu'Amy.
« Je ne mens pas. Je ne l'ai pas, je ne sais pas où il est, et je m'en moque.
— Tu sais quelque chose, et tu ferais mieux de le dire tout de suite, ou je t'y obligerai. » Et Jo lui donna une secousse.
« Houspille-moi tant que tu veux, tu ne reverras jamais ton stupide vieux livre, » s'écria Amy, s'échauffant à son tour.
« Pourquoi non ?
— Je l'ai brûlé.
— Quoi ! Mon petit livre, celui que j'aimais tant et sur lequel j'ai tant travaillé, et que je comptais finir avant que Père ne rentre ? Tu l'as vraiment brûlé ? » dit Jo, soudain très pâle, tandis que ses yeux jetaient des étincelles et que ses mains agrippaient nerveusement Amy.
« Oui, je l'ai fait ! Je t'ai dit que je te ferai payer pour avoir été si désagréable hier, et je l'ai fait, alors - »
Amy n'alla pas plus loin, car la colère de Jo s'empara d'elle, et elle secoua sa sœur jusqu'à lui faire claquer les dents, en criant sa douleur et sa rage…
« Méchante, méchante fille ! Je ne pourrai jamais le réécrire, et je ne te pardonnerai jamais, tant que je vivrai. »
Meg vola à la rescousse d'Amy, et Beth se pressa de venir apaiser Jo, mais elle était hors d'elle, et après avoir asséné un soufflet sur l'oreille de sa sœur, elle se précipita hors de la pièce jusqu'au vieux sofa du grenier, et termina seule la dispute.
La tempête se calma au dessous, car Mrs. March rentra à la maison, et, ayant entendu toute l'histoire, fit vite voir à Amy le tort qu'elle avait fait à sa sœur. Le livre de Jo était sa fierté, et était considéré par sa famille comme un début littéraire très prometteur. Ce n'était qu'une demi-douzaine de petits contes de fées, mais Jo les avait travaillés patiemment, en y mettant tout son cœur, espérant en faire quelque chose d'assez bon pour être publié. Elle venait juste de les recopier avec grand soin, et avait détruit le vieux manuscrit, aussi le feu d'Amy venait de détruire le travail admirable de plusieurs années. Pour d'autres c'eût été une perte sans importance, mais pour Jo c'était une terrible calamité, et elle avait l'impression que rien ne pourrait jamais la consoler. Beth était aussi affligée que si l'un de ses chatons était mort, et Meg refusa de défendre sa favorite. Mrs. March avait l'air grave et peinée, et Amy pensa que plus personne ne l'aimerait tant qu'elle n'aurait pas demandé pardon pour cet acte qu'elle regrettait maintenant plus que toute autre.
Lorsque sonna la cloche du thé, Jo apparut, l'air si sinistre et distante qu'il fallut à Amy tout son courage pour dire faiblement :
« Pardonne-moi s'il te plaît, Jo. Je suis vraiment, vraiment désolée.
— Je ne te pardonnerai jamais, » fut la dure réponse de Jo, et à partir de cet instant elle ignora complètement Amy.
Personne ne parla de ce grand chagrin - pas même Mrs. March - car toutes savaient par expérience qu'il ne servait à rien de parler à Jo quand elle était dans cet état, et que le plus sage était d'attendre qu'un quelconque petit accident, ou sa nature généreuse, adoucisse la rancœur de Jo et soigne la blessure. Ce ne fut pas une soirée très joyeuse, bien qu'elles firent leur couture comme à l'accoutumée tandis que leur mère lisait à voix haute Bremer, Scott ou Edgeworth, car quelque chose manquait, et la douce paix du foyer était perturbée. Cela se fit d'autant plus sentir quand vint le moment de chanter, car Beth ne put que jouer, Jo resta muette comme une tombe, et Amy fondit en larmes, aussi Meg et Mère chantèrent seules. Mais en dépit de tous leurs efforts pour être aussi gaies que des pinsons, les voix flutées ne semblaient pas s'accorder aussi bien que d'habitude, et tout paraissait discordant.
Quand Jo reçut son baiser de bonne nuit, Mrs. March murmura avec douceur, « Ma chérie, ne laisse pas le soleil se coucher sur ta colère. Pardonnez-vous, entraidez-vous, et prenez un nouveau départ demain. »
Jo avait envie de reposer la tête sur le sein maternel, et de laisser fondre toute sa douleur et sa colère en pleurant, mais les larmes étaient une faiblesse peu virile, et elle était si profondément blessée que, vraiment, elle ne pouvait pas encore pardonner tout à fait. Alors elle battit des cils et secoua la tête, et dit, rudement parce qu'Amy écoutait, « C'était un geste abominable, et elle ne mérite pas d'être pardonnée. »
Sur ce elle se mit au lit, et il n'y eut pas de chuchotis gai ou de confidences ce soir là.
Amy se sentit très offensée du refus de ses tentatives de faire la paix, et commença à souhaiter ne pas s'être humiliée, à se sentir plus blessée que jamais, et à se targuer de sa vertu d'une manière particulièrement exaspérante. Jo avait toujours l'air d'un nuage d'orage, et rien n'alla de toute la journée. Il avait fait un froid mordant dans la matinée, elle avait laissé tomber son précieux chausson dans le caniveau, Tante March avait été plus agitée que d'ordinaire, Meg était susceptible, quand elle rentra à la maison Beth avait l'air endeuillée et pensive, et Amy ne cessait de faire des remarques sur les personnes qui parlaient toujours d'être bonnes et pourtant ne faisaient pas le moindre effort quand d'autres leur montraient l'exemple.
« Tout le monde est si détestable, je vais demander à Laurie s'il veut aller patiner. Il est toujours gai et gentil, et je sais qu'il me remontera le moral, » se dit Jo, et elle sortit.
Amy entendit le bruit des patins, et regarda par la fenêtre en poussant une exclamation impatiente.
« Et voilà ! Elle avait promis que je viendrais la prochaine fois, car c'est la dernière glace de la saison. Mais ça ne sert à rien de demander à une grincheuse comme elle de m'emmener.
— Ne dis pas ça. Tu as été très vilaine, et il lui est difficile de pardonner la perte de son précieux petit livre, mais je pense qu'elle le pourrait maintenant, si tu t'y prends au bon moment, dit Meg. Suis-les. Ne dis rien tant que Laurie n'a pas adouci l'humeur de Jo, puis choisit un moment calme et embrasse-la, ou fais quelque chose de gentil, et je suis sûre qu'elle te pardonnera de tout son cœur.
— Je vais essayer, » dit Amy, trouvant le conseil à son goût. Et elle se prépara en toute hâte et courut après les amis qui disparaissaient tout juste derrière la colline.
La rivière n'était pas loin, mais tous deux furent prêts avant qu'Amy ne les ait rejoints. Jo la vit arriver, et lui tourna le dos. Laurie ne la vit pas, car il patinait prudemment le long de la berge pour sonder la glace, car une période de redoux avait précédé ce dernier coup de froid.
« Je vais aller jusqu'au premier tournant et voir si c'est bon avant que nous ne faisions la course, » l'entendit dire Amy tandis qu'il s'éloignait, dans son manteau et sa toque bordés de fourrure qui lui donnaient l'air d'un jeune Russe.
Jo entendit Amy, haletante après sa course, taper du pied et souffler sur ses doigts tandis qu'elle essayait de mettre ses patins, mais elle ne se retourna pas et descendit lentement la rivière en zigzagant, trouvant une satisfaction amère dans les petits ennuis de sa sœur. Elle avait nourri sa colère jusqu'à ce qu'elle s'empare d'elle, ainsi que le font toujours les mauvaises pensées quand on ne les chasse pas de suite. Quand Laurie atteignit le virage, il cria :
« Reste près du bord. Ce n'est pas sûr au milieu. » Jo l'entendit, mais pas Amy, qui peinait à se mettre sur pied. Jo lui jeta un regard par dessus l'épaule, et le petit démon qui la guidait lui dit à l'oreille :
« Qu'importe qu'elle ait ou non entendu, qu'elle se débrouille toute seule. »
Laurie avait disparu derrière la courbe, Jo y arrivait tout juste, et Amy, loin derrière, se dirigeait vers la glace plus lisse du milieu de la rivière. Pendant une minute Jo resta immobile avec un étrange sentiment, puis elle se décida à continuer, mais quelque chose la retint et elle se retourna, juste à temps pour voir Amy lever les bras au ciel et tomber, avec un craquement soudain, un plouf ! et un cri qui stoppa net le cœur de Jo. Elle essaya d'appeler Laurie, mais elle n'avait plus de voix. Elle essaya de se précipiter au secours, mais ses jambes ne semblaient plus avoir de force, et l'espace d'un instant elle ne put que rester immobile et regarder, le visage déformé par la terreur, le petit capuchon bleu au dessus de l'eau sombre. Quelque chose passa près d'elle à toute allure, et la voie de Laurie résonna :
« Apporte une planche. Vite, vite ! »
Comment elle y s'y prit, elle ne le sut jamais, mais durant les minutes qui suivirent elle œuvra comme possédée, obéissant aveuglément à Laurie qui avait gardé son sang-froid et s'était couché sur la glace, maintenant Amy par le bras et avec sa crosse de hockey jusqu'à ce que Jo ait arraché une planche de la barrière et qu'ils tirent ensemble la fillette hors de l'eau, avec plus de peur que de mal.
« Maintenant il faut la ramener à la maison aussi vite que possible. Enveloppe-la avec nos affaires, pendant que j'enlève ces maudits patins, » s'écria Laurie en enroulant sa veste autour d'Amy et en tirant sur les lacets qui n'avaient jamais semblé si serrés auparavant.
Grelottante, trempée, et en pleurs, ils ramenèrent Amy, et après toute cette excitation elle s'endormit, enroulée dans des couvertures devant un bon feu. Durant toute cette agitation Jo avait à peine pipé mot mais s'était démenée, pâle et échevelée, les vêtements en bataille, la robe déchirée et les mains tailladées et meurtries par la glace et les planches et les boucles réfractaires. Quand Amy fut bien endormie, la maison silencieuse, et Mrs. March assise près du lit, elle appela Jo et commença à bander les mains blessées.
« Es-tu sûre qu'elle est sauve ? » murmura Jo en jetant un regard plein de remords à la tête blonde, qui aurait pu disparaître à jamais de sa vue sous la glace traîtresse.
« Tout à fait sauve, ma chérie. Elle n'est pas blessée, et ne prendra même pas froid, je pense. Vous avez fait ce qu'il fallait en la couvrant et en la ramenant si vite à la maison, répondit gaiement sa mère.
— C'est Laurie qui a tout fait. Je l'ai seulement laissée y aller. Mère, si elle avait dû mourir, ça aurait été ma faute. » Et Jo se laissa tomber à côté du lit en laissant s'échapper un torrent de larmes de repentir, et raconta tout ce qui s'était passé, en condamnant amèrement son cœur dur et en sanglotant sa gratitude de se voir épargner la terrible punition qui aurait pu lui être infligée.
« C'est mon fichu mauvais caractère ! J'essaie de m'en guérir, je pense avoir réussi, mais alors il revient pire que jamais. Oh, Mère, que dois-je faire ? Que dois-je faire ? » s'écria la pauvre Jo, désespérée.
« Sois sur tes gardes et prie, chérie, ne cesse jamais d'essayer, et ne pense jamais qu'il est impossible de te corriger, » dit Mrs. March, attirant la figure rougie contre son épaule et embrassant la joue humide avec tant de tendresse que les pleurs de Jo redoublèrent d'intensité.
« Tu ne sais pas, tu ne peux pas savoir à quel point c'est dur ! C'est comme si je pouvais faire n'importe quoi quand je m'emporte. Je deviens si sauvage, je pourrais faire du mal à n'importe qui et m'en réjouir. J'ai peur de faire un jour quelque chose de terrible, et de gâcher ma vie, et de faire en sorte que tout le monde me déteste. Oh, Mère, aide-moi, aide-moi !
— Oui, mon enfant, je vais t'aider. Ne pleure pas avec tant d'amertume, mais souviens-toi de ce jour, et résous-toi, de toute ton âme, à ne jamais vivre son pareil. Jo, chérie, nous avons tous nos tentations, certaines bien plus grandes que les tiennes, et souvent il faut toute une vie pour les maîtriser. Tu penses avoir le plus mauvais caractère du monde, mais le mien était tout pareil autrefois.
— Vraiment, Mère ? Mais, tu n'es jamais en colère ! » Et dans sa surprise Jo oublia un moment ses remords.
« J'essaie de m'en guérir depuis quarante ans, et je n'ai réussi qu'à le contrôler. Je suis en colère presque chaque jour de ma vie, Jo, mais j'ai appris à ne pas le montrer, et j'ai toujours espoir d'apprendre à ne plus le ressentir, quoique cela risque de me prendre encore quarante ans. »
La patience et l'humilité lisibles sur le visage qu'elle aimait tant furent pour Jo une meilleure leçon que le raisonnement le plus sage ou les reproches les plus vifs. Elle se sentit réconfortée d'un coup par la compassion et la confiance qui lui étaient accordées. Savoir que sa mère avait un défaut tout comme elle, et essayait de le corriger, rendit le sien plus facile à supporter et renforça sa résolution de s'en débarrasser, même si quarante ans, pour une fille de quinze ans, paraissaient être un temps bien long passé à prier et à rester sur ses gardes.
« Mère, est-ce que tu es en colère quand tu pinces les lèvres et sors de la pièce parfois, quand Tante March te réprimande ou que l'on t'embête ? » demanda Jo, qui se sentait plus proche de sa mère, et plus chérie, que jamais.
« Oui, j'ai appris à arrêter les mots hâtifs qui viennent à mes lèvres, et quand je sens qu'ils risquent de m'échapper contre ma volonté, je sors juste une minute, et me gronde moi-même pour être si faible et méchante, » répondit Mrs. March avec un soupir et un sourire, tandis qu'elle lissait et rattachait les cheveux en désordre de Jo.
« Comment as-tu appris à garder le silence ? C'est ce qui me pose le plus de problème - les paroles cinglantes s'envolent avant que je m'en rende compte, et plus j'en dis pire c'est, jusqu'à ce que ce soit un plaisir de blesser les autres et de dire des choses horribles. Dis-moi comment tu fais, Marmee chérie.
— Ma gentille maman avait l'habitude de m'aider -
— Comme tu le fais pour nous, l'interrompit Jo avec un baiser reconnaissant.
— Mais je l'ai perdue quand j'étais à peine plus âgée que toi, et durant des années j'ai dû lutter seule, car j'étais trop fière pour confesser ma faiblesse à d'autres. J'ai passé de durs moments, Jo, et versé bien des larmes amères sur mes échecs, car en dépit de mes efforts je semblais ne jamais réussir. Puis ton père est arrivé dans ma vie, et j'étais si heureuse que je trouvais facile d'être bonne. Mais petit à petit, quand j'eus quatre petites filles autour de moi et que nous fûmes pauvres, alors l'ancien mal revint, car je ne suis pas patiente de nature, et cela m'a beaucoup éprouvé de voir mes enfants manquer de quoi que ce soit.
— Pauvre Mère ! Qu'est-ce qui t'a aidé alors ?
— Ton père, Jo. Il ne perd jamais patience - ne doute jamais, ni ne se plaint - mais il est toujours plein d'espoir, et travaille et attends avec tant de gaieté que l'on aurait honte d'agir autrement devant lui. Il m'a aidée et réconfortée, et m'a fait comprendre que je devais essayer de pratiquer toutes les vertus que je voudrais voir chez mes petites filles, car je suis leur exemple. Il était plus facile d'essayer pour votre bien que pour le mien. Un regard surpris ou effrayé de l'une de vous quand je parlais trop vivement était une réprimande plus efficace qu'aucun mot, et l'amour, le respect, et la confiance de mes enfants était la plus douce récompense que j'aurais pu recevoir pour mes efforts d'être la femme que je voulais qu'elles imitent.
— Oh, Mère, si je suis jamais moitié aussi bonne que toi, je serai bien satisfaite, s'écria Jo, très émue.
— J'espère que tu seras bien meilleure, ma chérie, mais tu dois continuer à surveiller ton "ennemi intérieur", comme ton père l'appelle, ou il pourrait bien assombrir ta vie, sinon la gâcher. Tu as reçu un avertissement. Souviens-t'en, et essaie de tout ton cœur et de toute ton âme de maîtriser ce caractère emporté, avant qu'il ne t'apporte de plus grandes peines et de plus grands regrets que tu n'en as connus aujourd'hui.
— Je vais essayer, Mère, vraiment. Mais tu dois m'aider, me rappeler, et m'empêcher de déborder. Je me souviens que parfois Père portait le doigt à ses lèvres, et te regardait avec un air très gentil mais grave, et tu serrais toujours les lèvres et quittait la pièce. Est-ce qu'il te le rappelait alors ? demanda doucement Jo.
— Oui. Je lui ai demandé de m'aider de cette façon, et il n'a jamais oublié, mais m'a sauvée de bien des mots blessants par ce petit geste et cet air doux. »
Jo vit les yeux de sa mère s'emplir de larmes et ses lèvres trembler tandis qu'elle parlait, et craignant d'en avoir trop dit, elle chuchota anxieusement, « Ai-je eu tort de vous observer et d'en parler ? Je ne voulais pas être indiscrète, mais c'est si agréable de te dire tout ce que je pense, et de me sentir si heureuse et en sécurité ici.
— Ma Jo, tu peux tout dire à ta mère, car c'est mon plus grand bonheur et ma plus grande fierté de savoir que mes filles se confient à moi et savent à quel point je les aime.
— J'ai cru t'avoir peinée.
— Non, chérie, mais parler de Père m'a rappelé à quel point il me manque, combien je lui dois, et combien je dois veiller et travailler pour protéger ses petites filles pour lui.
— Et pourtant tu lui as dit de partir, Mère, et tu n'as pas pleuré quand il s'en est allé, et tu ne te plains jamais, et tu n'as jamais semblé avoir besoin d'aide, dit Jo, pensive.
— J'ai donné le meilleur de moi-même au pays que j'aime, et j'ai contenu mes larmes jusqu'après qu'il fut parti. Pourquoi devrais-je me plaindre, quand nous avons tous deux fait notre devoir et que nous nous en trouverons sûrement plus heureux à la fin ? Si je n'ai pas l'air d'avoir besoin d'aide, c'est parce que j'ai encore un meilleur ami que Père pour me réconforter et me soutenir. Mon enfant, les difficultés et les tentations de ta vie n'en sont qu'au début et seront peut-être nombreuses, mais tu peux les dépasser toutes si tu apprends à ressentir la force et la tendresse de notre Divin Père de la même façon que celles de ton père terrestre. Plus tu L'aimes et plus tu Lui fais confiance, plus tu te sentiras proche de Lui, et moins tu dépendras du pouvoir et de la sagesse humaine. Son amour ne faiblit ni ne change, ne peut jamais t'être retiré, mais peut devenir tout au long de ta vie source de paix, de bonheur, et de force. Crois-le de tout ton cœur et tourne-toi vers Dieu avec tous tes petits soucis, et espoirs, et péchés, et peines, aussi librement et avec autant de confiance que tu te tournes vers ta mère. »
Pour toute réponse, Jo serra sa mère dans ses bras, et dans le silence qui suivit la prière la plus sincère qu'elle ait jamais émise s'envola sans mots de son cœur. Car dans cette heure triste et pourtant heureuse, elle avait appris non seulement l'amertume des remords et du désespoir, mais aussi la douceur de l'abnégation et de la maîtrise de soi ; et guidée par la main de sa mère, elle s'était rapprochée de l'Ami qui accueille tous les enfants avec un amour plus fort que celui d'un père, plus tendre que celui d'une mère.
Amy remua et soupira dans son sommeil, et comme désireuse de réparer sa faute sans attendre, Jo leva les yeux avec une expression que nul ne lui avait jamais vue.
« J'ai laissé le soleil se coucher sur ma colère. Je ne voulais pas la pardonner, et aujourd'hui, si Laurie n'avait pas été là, il aurait pu être trop tard ! Comment ai-je pu être si méchante ? » dit Jo à mi-voix, en se penchant au dessus de sa sœur pour caresser doucement les cheveux encore humides épars sur l'oreiller.
Comme si elle avait entendu, Amy ouvrit les yeux, et lui tendit les bras, avec un sourire qui alla droit au cœur de Jo. Aucune ne dit mot, mais elles s'étreignirent avec force en dépit des couvertures, et tout fut pardonné et oublié dans un baiser plein d'affection.
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Entre voisins
« Qu'est-ce que tu vas faire maintenant, Jo ? » demanda Meg par un après-midi enneigé, quand sa sœur traversa le couloir d'un pas lourd, en bottes de caoutchouc, vieux manteau et capuchon, avec un balai dans une main et une pelle dans l'autre.
« Je sors faire de l'exercice, répondit Jo avec une lueur malicieuse dans l'œil.
— J'aurais pensé que deux longues marches ce matin t'auraient suffi ! Le temps est froid et sinistre, et je te conseille de rester au chaud et au sec près du feu, comme moi, dit Meg avec un frisson.
— Comme si j'allais t'écouter ! Je ne peux pas rester tranquille toute la journée, et je n'ai rien d'un matou, je n'aime pas somnoler près du feu. J'aime les aventures, et je vais en trouver. »
Meg s'en retourna se rôtir les pieds et lire Ivanhoé, et Jo commença à creuser des chemins avec beaucoup d'énergie. La neige était fraîche, et avec son balai elle eut tôt fait de déblayer un chemin tout autour du jardin pour que Beth puisse se promener et faire prendre l'air aux poupées invalides quand le soleil sortirait. Il faut savoir que le jardin séparait la maison des March de celle de Mr. Laurence. Toutes les deux se trouvaient dans un quartier en banlieue de la ville, qui avait encore des allures de campagne, avec des bosquets et des pelouses, de grands jardins, et des rues calmes. Une haie basse séparait les deux propriétés. D'un côté se trouvait une vieille demeure aux murs bruns, l'air nue et miteuse en l'absence des plantes grimpantes qui la couvraient durant l'été et des fleurs qui l'entouraient alors. De l'autre côté se tenait un majestueux manoir de pierre, qui respirait le confort et le luxe, depuis le grand hangar pour les voitures et les jardins bien entretenus jusqu'à la serre et à toutes les belles choses que l'on pouvait entrapercevoir entre les luxueux rideaux.
Pourtant cela semblait être une maison solitaire et dépourvue de vie, car nul enfant ne jouait sur la pelouse, nulle figure maternelle ne souriait aux fenêtres, et peu de personnes entraient et sortaient, à l'exception du vieux monsieur et de son petit-fils.
Pour l'imagination vivace de Jo, cette belle maison était un genre de palais enchanté, plein de splendeurs et de délices dont nul ne profitait. Elle avait depuis longtemps voulu contempler ses trésors cachés, et faire connaissance avec le jeune Laurence, qui avait l'air d'en avoir envie, lui aussi, s'il savait seulement par où commencer. Depuis la fête, elle avait été plus décidée que jamais, et avait planifié bien des façons de se lier d'amitié avec lui, mais il ne s'était pas montré dernièrement et Jo commençait à penser qu'il était parti quand elle avait repéré un jour une tête brune à une fenêtre de l'étage, regardant tristement vers leur jardin où Beth et Amy se lançaient des boules de neige.
« Ce garçon manque cruellement de compagnie et d'amusements, se dit-elle. Son grand-père ne sait pas ce qui est bon pour lui, et le garde enfermé tout seul. Il a besoin d'une bande de joyeux garçons pour jouer avec lui, ou de quelqu'un de jeune et plein de vie. J'ai très envie d'aller sur place et de le dire au vieux monsieur ! »
L'idée amusa Jo, qui aimait à faire des choses osées et scandalisait toujours Meg par ses actes saugrenus. Ce plan « d'aller sur place », ne fut pas oublié. Et quand vint cet après-midi de neige, Jo se résolut à tenter ce qu'elle pouvait. Elle vit Mr. Laurence quitter la maison en voiture, et elle se creusa un chemin jusqu'à la haie, où elle s'arrêta pour observer les environs. Tous les rideaux étaient fermés aux fenêtres les plus basses, les domestiques hors de vue, et rien d'humain n'était visible à l'exception d'une tête aux boucles brunes inclinée sur une main fine, à une fenêtre de l'étage.
« Le voilà, pensa Jo. Pauvre garçon ! Tout seul et malade en ce jour lugubre. Comme c'est dommage ! Je vais lui jeter une boule de neige pour le faire regarder au dehors, et lui dire quelques mots gentils. »
Une poignée de neige s'envola, et la tête se tourna vivement, montrant un visage qui perdit son air apathique dans l'instant, comme les grands yeux s'illuminèrent et la bouche commença de sourire. Jo hocha la tête et rit, et agita son balai en appelant :
« Comment allez-vous ? Êtes-vous malade ? »
Laurie ouvrit la fenêtre, et croassa d'une voix rauque :
« Je vais mieux, merci. J'ai eu un mauvais rhume, et je suis resté dans ma chambre toute la semaine.
— Je suis désolée. Avec quoi vous amusez-vous ?
— Rien du tout. C'est aussi morne qu'un tombeau ici.
— Ne lisez-vous pas ?
— Pas beaucoup. On ne me laisse pas faire.
— Personne ne peut vous faire la lecture ?
— Grand-père le fait parfois, mais mes livres ne l'intéressent pas, et je déteste devoir tout le temps demander à Brooke.
— Faites-venir quelqu'un pour vous voir, alors.
— Il n'y a personne que je veuille voir. Les garçons font trop de tapage, et j'ai mal à la tête.
— Il n'y a pas de gentille fille pour vous faire la lecture et vous distraire ? Les filles sont calmes et aiment jouer les infirmières.
— Je n'en connais pas.
— Vous nous connaissez, commença Jo, qui rit et s'interrompit.
— C'est vrai ! Voulez-vous venir, s'il vous plaît ? s'écria Laurie.
— Je ne suis ni calme ni gentille, mais je viendrai, si Mère le veut bien. Je vais le lui demander. Fermez la fenêtre, comme un gentil garçon, et attendez que je vienne. »
Sur ce, Jo repartit vers la maison, le balai sur l'épaule, en se demandant ce que les autres lui diraient. Laurie était tout excité à l'idée d'avoir de la compagnie, et se précipita pour se préparer, car, ainsi que Mrs. March l'avait dit, il était « un petit gentleman », et pour faire honneur à l'invitée à venir il passa une brosse dans ses cheveux bouclés, enfila un col propre, et tenta de mettre de l'ordre dans la pièce qui était tout sauf rangée, malgré la demi-douzaine de domestiques. À ce moment retentit un coup de sonnette, puis une voix décidée, qui demandait à voir « Mr. Laurie », et une servante stupéfaite vient en courant annoncer une jeune dame.
« Très bien, faites-la monter, c'est Miss Jo, » dit Laurie en allant à la porte de son petit parloir pour retrouver Jo, qui apparut, les joues roses et l'air ravie et tout à fait à son aise, avec une assiette couverte dans une main et les trois chatons de Beth dans l'autre.
« Me voici, avec armes et bagages, dit-elle sans préambule. Mère vous envoie son amour, et était contente que je puisse faire quelque chose pour vous. Meg a voulu que je vous amène un peu de son blanc-manger, qu'elle réussit fort bien, et Beth a pensé que ses chats vous apporteraient un peu de réconfort. Je savais que vous en ririez, mais je ne pouvais pas refuser, elle avait tellement envie de faire quelque chose. »
Il se trouva que la drôle d'idée de Beth était juste ce qu'il fallait, car tout en riant des chatons, Laurie oublia sa timidité, et devint aussitôt plus sociable.
« Cela semble trop beau pour être mangé, » dit-il en souriant de plaisir quand Jo découvrit l'assiette pour lui montrer le blanc-manger, entouré d'une guirlande de feuilles vertes et des fleurs écarlates du géranium préféré d'Amy.
« Ce n'est rien, elles ont toutes eu envie de faire quelque chose pour vous. Dites à la femme de chambre de le mettre de côté pour votre thé. C'est un mets si simple que vous pouvez en manger, et si moelleux, qu'il glissera sans vous faire mal à la gorge. Quelle belle chambre est-ce là !
— Elle le serait si elle était mieux rangée, mais les domestiques sont paresseuses, et je ne sais pas comment les faire obéir. Cela me dérange, néanmoins.
— Je vais arranger ça en deux minutes. Il y a seulement besoin de balayer l'âtre, comme ça, et de redresser ce qu'il y a sur le manteau de la cheminée, comme ça, et de mettre les livres ici, et les bouteilles là, et de détourner votre sofa de la lumière, et de regonfler un peu les oreillers. Voilà, maintenant, vous êtes bien installé. »
Et en effet, tandis qu'elle parlait et riait, Jo avait remis les choses en place et donné un air bien différent à la pièce. Laurie la regardait dans un silence respectueux, et quand elle lui fit signe de s'installer sur le sofa, il s'assit avec un soupir de satisfaction, en disant avec gratitude :
« Comme vous êtes gentille ! Oui, c'est ce que je voulais. Maintenant s'il vous plaît prenez le grand fauteuil et laissez-moi vous distraire.
— Non, je suis venue vous distraire, vous. Voulez-vous que je lise à voix haute ? » dit Jo en regardant avec affection en direction de livres très tentants juste à portée de main.
« Merci ! J'ai lu tous ceux là, et si cela ne vous dérange pas, j'aimerais mieux discuter, répondit Laurie.
— Cela ne me dérange pas du tout. Je parlerai toute la journée si vous me laissez faire. Beth dit que je ne sais jamais quand m'arrêter.
— Beth, c'est celle aux joues roses, qui reste souvent à la maison et sort parfois avec un petit panier ? demanda Laurie avec intérêt.
— Oui, c'est Beth. C'est ma petite fille à moi, et elle est très gentille.
— Meg est la jolie jeune fille, et celle aux cheveux bouclés est Amy, je crois ?
— Comment savez-vous cela ? »
Laurie rougit, mais répondit franchement, « Eh bien, vous voyez, je vous entends souvent vous appeler les unes les autres, et quand je suis seul ici, je ne peux m'empêcher de regarder vers votre maison, vous avez toujours l'air de bien vous amuser. Je vous demande de pardonner mon impolitesse, mais parfois vous oubliez de baisser le rideau de la fenêtre aux fleurs. Et quand les lampes sont allumées, c'est comme regarder un tableau ; voir le feu, et vous toutes autour de la table avec votre mère. Son visage est juste en face, et elle a l'air si douce, derrière les fleurs, que je ne peux pas m'empêcher de regarder. Je n'ai pas de mère, voyez-vous. » Et Laurie se mit à tisonner le feu pour dissimuler un léger tremblement des lèvres qu'il ne pouvait contrôler.
L'expression solitaire, avide, de ses yeux toucha le cœur tendre de Jo. Son éducation simple l'avait dotée d'un caractère droit, et à quinze ans elle était aussi innocente et franche qu'une enfant. Laurie était malade et seul, et se rendant compte combien elle était riche de son foyer et de son bonheur, elle tenta avec joie de les partager avec lui. Son visage empourpré était très amical, et sa voix perçante inhabituellement douce quand elle dit :
« Nous ne tirerons plus jamais les rideaux, et je vous autorise à regarder autant que vous le souhaitez. Mais j'aimerais mieux que vous veniez nous voir, au lieu de nous observer. Mère est si merveilleuse, elle vous apporterait beaucoup, et Beth chanterait pour vous si je la suppliais, et Amy danserait. Meg et moi vous ferions rire avec nos accessoires de théâtre, et nous nous amuserions bien. Est-ce que votre grand-père ne vous laisserait pas venir ?
— Je pense que si, si votre mère le lui demandait. Il est très gentil, même s'il n'en a pas l'air, et il me laisse plus ou moins faire ce que je veux. Il a seulement peur que je dérange des étrangers, » commença Laurie, de plus en plus animé.
« Nous ne sommes pas des étrangers, nous sommes voisins, et vous n'avez pas besoin de penser que vous dérangeriez. Nous voulons faire votre connaissance, et je tentais d'y parvenir depuis un moment. Nous ne sommes pas là depuis très longtemps, voyez vous, mais nous avons fait la connaissance de tous nos voisins à part vous.
— C'est que, Grand-père vit parmi ses livres, et ne s'intéresse pas trop à ce qui se passe au dehors. Mr. Brooke, mon tuteur, ne reste pas ici, vous voyez, et je n'ai personne avec qui sortir, alors je reste juste à la maison et me distrais comme je peux.
— Ça n'est pas une bonne chose. Vous devriez faire un effort et accepter toutes les invitations que l'on vous envoie, ainsi vous aurez plein d'amis et d'endroits plaisants où vous rendre. Ce n'est pas grave que vous soyiez timide. Ça ne durera pas si vous persistez. »
Laurie rougit à nouveau, mais ne s'offusqua pas d'être accusé de timidité, car Jo était de si bonne volonté qu'il était impossible de ne pas voir la gentillesse derrière son franc-parler.
« Aimez-vous votre école ? » demanda le garçon, changeant de sujet, après une courte pause durant laquelle il avait contemplé le feu tandis que Jo regardait autour d'elle, l'air contente.
« Je ne vais pas à l'école, je suis homme à tout faire - fille, je veux dire. Je m'occupe de ma grand-tante, cette chère vieille ronchon, » répondit Jo.
Laurie ouvrit la bouche pour poser une autre question, mais se rappelant juste à temps qu'il est impoli de trop mettre le nez dans les affaires des autres il la referma, l'air mal à l'aise.
Jo aimait ses bonnes manières, et rire aux dépens de Tante March ne la dérangeait pas, aussi lui fit-elle une description vivace de l'impatiente vieille dame, de son caniche obèse, du perroquet qui parlait espagnol, et de la librairie qui faisait sa joie.
Laurie s'en amusa immensément, et quand elle lui parla du vieux monsieur guindé venu un jour pour courtiser Tante March, et comment, à son grand désarroi, Poll lui avait arraché sa perruque au milieu d'un beau discours, le garçon rit de si bon cœur que des larmes roulèrent sur ses joues, et une bonne vint passer la tête à la porte pour voir ce qui se passait.
« Oh ! Cela me fait un bien fou. Continuez, s'il vous plaît, » dit-il en détachant son visage rougi et rayonnant du coussin du sofa où il l'avait enfoncé.
Enhardie par son succès, Jo continua, et lui raconta tout de leurs pièces et de leurs plans, leurs espoirs et leurs craintes pour Père, et tous les évènements les plus intéressants du monde où elle vivait avec ses sœurs. Puis ils en vinrent à parler de livres, et au ravissement de Jo il se trouva que Laurie les aimait tout autant qu'elle, et en avait même lu davantage.
« Si vous les aimez tant, venez voir les nôtres. Grand-père est sorti, aussi vous n'avez pas à avoir peur.
— Je n'ai peur de rien, répliqua Jo en relevant fièrement le menton.
— Je vous crois ! » s'exclama le garçon en la regardant avec admiration, tout en pensant qu'elle aurait de bonnes raisons d'être effrayée si jamais elle croisait le vieux monsieur dans un de ses accès de mauvaise humeur.
Comme il faisait bon dans toute la maison, Laurie put les mener de pièce en pièce, laissant Jo examiner tout ce qui attirait son attention. Ainsi ils parvinrent enfin à la bibliothèque, où elle joignit les mains et se mit à bondir sur place, ainsi qu'elle le faisait toujours quand elle était particulièrement ravie. Les murs étaient tapissés de livres, et il y avait des gravures et des statues, de petits cabinets pleins de pièces et d'autres curiosités qui attiraient le regard, des fauteuils capitonnés, des tables, des bronzes, et, cerise sur le gâteau, une large cheminée toute entourée d'une élégante mosaïque.
« Quelle richesse ! » soupira Jo, en sombrant dans les profondeurs d'un fauteuil en velours et en regardant autour d'elle avec un air d'intense satisfaction. « Théodore Laurence, vous devriez être le garçon le plus heureux du monde, ajouta-t-elle solennellement.
— Personne ne peut vivre rien qu'avec des livres, » dit Laurie en secouant la tête, perchée sur une table en face d'elle.
Avant qu'il ne puisse en dire plus, une cloche sonna, et Jo se leva d'un bond en s'exclamant, alarmée, « Miséricorde ! C'est votre grand-père !
— Eh bien, qu'est-ce que cela fait ? Vous n'avez peur de rien, après tout, répliqua le garçon d'un air malicieux.
— Je pense que j'ai un peu peur de lui, mais je ne sais pas pourquoi je le devrais. Marmee a dit que je pouvais venir, et je ne pense pas que vous vous en portiez plus mal, » dit Jo en se donnant une contenance, quoiqu'elle ne quittât pas la porte des yeux.
« Je m'en porte même bien mieux, et je vous en suis très reconnaissant. J'ai seulement peur que vous en ayez assez de me faire la discussion. C'était si plaisant, je ne voudrais stopper pour rien au monde, dit Laurie.
— Le docteur est ici pour vous voir, vint appeler une servante.
— Cela vous dérangerait-il si je vous laissais une minute ? Je suppose que je dois aller le voir, dit Laurie.
— Ne vous occupez pas de moi. Je suis comme un poisson dans l'eau ici, » répondit Jo
Laurie s'en vint, et son invitée s'amusa par ses propres moyens. Elle se tenait devant un beau portrait du vieux monsieur quand la porte se rouvrit, et sans se tourner elle dit avec conviction « Je suis sûre maintenant que je ne devrais pas avoir peur de lui, car il des yeux pleins de bonté même si sa bouche est sévère, et il a l'air d'avoir une volonté formidable. Il n'est pas aussi bel homme que mon grand-père, mais il me plaît.
— Merci, m'dame, » dit une voix rude venue de derrière elle, où se tenait, à sa grande détresse, le vieux Mr. Laurence.
La pauvre Jo rougit jusqu'à n'en plus pouvoir, et son cœur se mit à battre la chamade tandis qu'elle pensait à ce qu'elle avait dit. Pendant un instant elle eut la folle envie de fuir, mais cela aurait été lâche, et ses sœurs se seraient moquées d'elle, aussi résolut-elle de rester et de se tirer d'embarras comme elle le pouvait. Au second regard elle s'aperçut que les yeux, sous les sourcils broussailleux, étaient plus aimables encore que ceux du portrait, et qu'il s'y trouvait une lueur espiègle, ce qui atténua grandement ses peurs. La voix du vieux gentleman était plus rude que jamais quand il reprit abruptement, après ce terrible moment de pause, « Alors vous n'avez pas peur de moi, hein ?
— Pas beaucoup, sir.
— Et vous ne me trouvez pas aussi bel homme que votre grand-père ?
— En effet, sir.
— Et j'ai une volonté formidable, n'est-ce pas ?
— J'ai seulement dit que je le pensais.
— Mais je vous plais tout de même ?
— Oui, sir. »
Cette réponse plut au vieux monsieur. Il émit un rire bref, lui serra la main, et, lui passant un doigt sous le menton, fit pivoter son visage et l'examina gravement avant de dire avec un signe de tête,
« Vous avez le courage de votre grand-père, si vous n'avez pas ses traits. Il était séduisant, ma chère, mais mieux encore il était brave et honnête, et j'étais fier d'être son ami.
— Merci, sir. » Et Jo fut tout à fait à l'aise après cela, car cela lui convenait parfaitement.
« Qu'avez-vous donc fait à mon garçon ? fut la question suivante, posée avec brusquerie.
— J'ai seulement voulu être une bonne voisine, sir. » Et Jo lui raconta comment elle en était venue à leur rendre visite.
« Vous pensez qu'il a besoin de s'amuser davantage, alors ?
— Oui, sir. Il semble un peu solitaire, et voir d'autres jeunes personnes lui ferait peut-être du bien. Nous ne sommes que des filles, mais nous serions heureuses d'aider si nous le pouvons, car nous n'avons pas oublié le splendide cadeau de Noël que vous nous avez envoyé, dit Jo avec empressement.
— Ta ta ta ! C'était l'idée du garçon. Comment va la pauvre femme ?
— Elle va bien, sir. » Et Jo se lança en parlant à toute allure, et lui raconta tout sur les Hummel, sur lesquels sa mère avait attiré l'attention d'amis plus riches.
« La même façon de faire le bien que son père. Je devrais venir voir votre mère un de ces jours. Dites-le lui. Voilà qu'on sonne la cloche pour le thé, nous le prenons plus tôt à cause du garçon. Venez donc et continuez d'être une bonne voisine.
— Si vous voulez bien de moi, sir.
— Je ne vous le demanderais pas, si ce n'était pas le cas. »
Et Mr. Laurence lui offrit son bras avec une courtoisie un peu vieux jeu.
« Que dirait Meg de tout cela ? » pensa Jo tandis qu'il l'escortait dans la maison, ses yeux pétillant d'amusement comme elle s'imaginait raconter l'histoire en rentrant.
« Hé ! Eh bien, que diable arrive-t-il à ce garçon ? » demanda le vieux monsieur quand Laurie surgit en descendant les escaliers quatre à quatre et stoppa net à la vision étonnante de Jo bras dessus bras dessous avec son redoutable grand-père.
« Je ne savais pas que vous étiez là, sir, » commença-t-il, tandis que Jo lui lançait un regard triomphant.
« C'est évident quand on voit le fracas que vous faites en descendant. Venez prendre votre thé, sir, et conduisez-vous comme un gentleman. » Et après avoir affectueusement tiré sur les cheveux du garçon en guise de caresse, Mr. Laurence continua son chemin, tandis que Laurie s'adonnait dans leur dos à toutes sortes de pitreries, qui faillirent faire exploser de rire Jo.
Le vieux monsieur ne dit pas grand chose tout en buvant ses quatre tasses de thé, mais il observa les jeunes gens, qui bavardaient bientôt comme de vieux amis, et les changements survenus chez son petit-fils ne lui échappèrent pas. Il y avait maintenant de la couleur, de la lumière, de la vie sur le visage du garçon, de la vivacité dans ses manières, et un franc amusement dans son rire.
« Elle a raison, cet enfant est solitaire. Je vais voir ce que ces petites filles peuvent faire pour lui, » pensa Mr. Laurence tout en regardant et en écoutant. Il aimait bien Jo, pour ses manières étranges et brusques, et elle semblait comprendre le garçon aussi bien que si elle en était un elle-même.
Si les Laurence avaient été ce que Jo appelait des gens « raides et guindés » ils ne se seraient pas entendus du tout, car les personnes de ce genre l'intimidaient et la mettaient mal à l'aise. Mais les trouvant honnêtes et simples, elle fut tout à fait elle-même, et fit bonne impression. Quand ils sortirent de table elle proposa de s'en aller, mais Laurie dit qu'il avait encore quelque chose à lui montrer et l'emmena dans les serres, qui avaient été illuminées à son intention. Cela sembla bien féérique à Jo, de se promener dans les allées, profiter des murs fleuris de chaque côté, de la douce lumière, de l'air humide et parfumé, et des merveilleuses plantes grimpantes et des arbres qui l'entouraient - tandis que son nouvel ami coupait les plus belles fleurs jusqu'à avoir les mains pleines. Puis il les lia en un bouquet, et dit, avec l'air heureux que Jo aimait tant à voir,
« Veuillez les offrir à votre mère, s'il vous plaît, et dites-lui que j'aime beaucoup le remède qu'elle m'a envoyé. »
Ils retrouvèrent Mr. Laurence dans le grand salon, mais toute l'attention de Jo se porta sur un grand piano, qui était ouvert.
« Vous jouez ? demanda-t-elle à Laurie avec respect.
— Parfois, répondit-il modestement.
— Jouez quelque chose, s'il vous plaît. Je voudrais l'entendre, pour le raconter à Beth.
— Ne voulez vous pas jouer d'abord ?
— Je ne sais pas jouer. Je suis trop stupide pour apprendre, mais j'aime énormément la musique. »
Aussi Laurie joua et Jo écouta, le nez voluptueusement plongé dans les héliotropes et les roses thé. Son respect et sa considération pour le jeune Laurence s'accrurent considérablement, car il jouait remarquablement bien et ne prenait pas de grands airs pour autant. Elle aurait voulu que Beth puisse l'entendre, mais n'en dit rien, et lui fit compliment sur compliment jusqu'à ce qu'il ne sache plus où se mettre et que son grand-père vienne à la rescousse.
« C'est assez, c'est assez, jeune fille. Trop de cajoleries ne lui valent rien. Il ne joue pas mal, mais j'espère qu'il s'en tirera aussi bien dans des matières plus importantes. Vous partez ? Eh bien, je vous suis très reconnaissant de votre visite, et j'espère que vous reviendrez. Mes respects à votre mère. Bonne nuit, Docteur Jo. »
Il lui serra affectueusement la main, mais avec un air contrarié. Quand ils furent dans le hall, Jo demanda à Laurie si elle avait dit quelque chose qu'il ne fallait pas. Il secoua la tête.
« Non, c'est à cause de moi. Il n'aime pas m'entendre jouer.
— Pourquoi cela ?
— Je vous le dirai un de ces jours. John va vous raccompagner, puisque je ne le peux pas.
— Nul besoin. Je ne suis pas une dame, et ce n'est qu'à deux pas. Prenez soin de vous, voulez-vous ?
— Oui, mais vous reviendrez, je l'espère ?
— Si vous me promettez de venir nous voir quand vous irez mieux.
— Je le ferai.
— Bonsoir Laurie !
— Bonsoir, Jo, bonsoir ! »
Quand Jo eut raconté toutes les aventures de l'après-midi, toute la famille fut prise d'envie de visiter leurs voisins, car chacune avait trouvé quelque chose d'attirant dans la grande maison de l'autre côté de la haie. Mrs. March souhaitait parler de son père avec le vieil homme qui ne l'avait pas oublié, Meg se languissait des serres, Beth soupirait après le grand piano, et Amy avait grande envie de voir les beaux tableaux et les statues.
« Mère, pourquoi est-ce que Mr. Laurence n'aime pas que Laurie joue du piano ? demanda Jo, qui était curieuse.
— Je ne suis pas sûre, mais je pense que c'est parce que son fils, le père de Laurie, a épousé une Italienne, une musicienne, ce qui a déplu au vieux monsieur qui est très fier. La dame était bonne et belle et talentueuse, mais il ne l'aimait pas, et il n'a jamais revu son fils après son mariage. Ils sont morts tous les deux quand Laurie était petit, et son grand-père l'a recueilli. J'ai l'impression que le garçon, qui est né en Italie, n'est pas de constitution très robuste, et que le vieil homme a peur de le perdre, c'est ce qui le rend si prudent. Laurie a un talent naturel pour la musique qu'il tient de sa mère, et je pense pouvoir dire que son grand-père craint qu'il ne veuille devenir un musicien. En tout cas, son don lui rappelle cette femme qu'il n'aimait pas, et c'est pourquoi il "faisait la tête", comme a dit Jo.
— Mon Dieu, que c'est romantique ! s'exclama Meg.
— C'est stupide ! dit Jo. Qu'on le laisse faire de la musique s'il en a envie, au lieu de lui gâcher l'existence en l'envoyant à l'université, alors qu'il déteste ça.
— C'est pour cela qu'il de si beaux yeux noirs et de si jolies manières, je suppose. Les Italiens sont toujours charmants, dit Meg, qui était un peu sentimentale.
— Qu'est-ce que tu sais de ses yeux et de ses manières ? C'est à peine si tu lui as jamais parlé, s'exclama Jo, qui n'était pas sentimentale pour deux sous.
— Je l'ai vu à la fête, et ce que tu racontes prouve qu'il sait se tenir. C'était très joli, ce qu'il a dit sur le remède que lui a envoyé Mère.
— Il parlait du blanc-manger, je suppose.
— Comme tu es bête ! Il parlait de toi, bien sûr.
— Vraiment ? » Et Jo écarquilla les yeux comme si cela ne lui était pas seulement venu à l'esprit.
« Je n'ai jamais vu une fille comme toi ! Tu ne sais pas reconnaître quand on te complimente, » dit Meg, avec l'air d'une jeune dame qui connaissait son affaire.
« Je pense que ce ne sont que des sottises, et je te prierais de ne pas être ridicule et de ne pas me gâcher mon plaisir. Laurie est un gentil garçon et je l'aime bien, et je ne veux pas entendre parler de choses sentimentales à propos de compliments et d'autres sornettes. Nous serons toutes gentilles avec lui parce qu'il n'a pas de mère, et il pourra venir nous rendre visite, n'est-ce pas, Marmee ?
— Oui, Jo, ton ami est le bienvenu, et j'espère que Meg se souviendra que les enfants devraient le rester aussi longtemps qu'ils le peuvent.
— Je ne me vois plus comme une enfant, et je n'ai pas encore treize ans, observa Amy. Qu'est-ce que tu en dis, Beth ?
— Je pensais à notre Voyage du Pèlerin, répondit Beth, qui n'avait rien écouté. À comment nous avons quitté le Marais de la Tristesse et passé le Portail en prenant la résolution d'être bonnes, et comment nous avons commencé de grimper la colline en faisant de notre mieux. Et que peut-être cette maison pleine d'objets splendides sera notre Palais Merveilleux.
— Il nous faudra passer les lions d'abord, » dit Jo, comme si cette perspective l'enchantait.
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Chapitre 2 : Un joyeux Noël
Dans l'aube grise du matin de Noël, Jo fut la première à s'éveiller. Il n'y avait pas de bas pendus au manteau de la cheminée, et pendant un instant elle se sentit aussi désappointée qu'elle l'avait été longtemps auparavant quand sa petite chaussette était tombée, trop pleine de présents. Puis elle se souvint de la promesse de sa mère et, glissant la main sous l'oreiller, en tira un petit livre à la couverture écarlate. Elle le connaissait bien, car c'était la vieille et belle histoire de la meilleure vie jamais vécue, et Jo se dit que c'était là un vrai guide pour tout pèlerin au début d'un long voyage. Elle réveilla Meg d'un « Joyeux Noël, » et l'invita à regarder sous son oreiller. Un livre à la couverture verte apparut, avec la même image à l'intérieur, et quelques mots écrits par leur mère qui rendirent ce présent très précieux à leurs yeux. Beth et Amy s'éveillèrent à leur tour et trouvèrent leur petit livre - l'un gris tourterelle, l'autre bleu, et toutes s'assirent pour les contempler et discuter tandis que le jour naissant rosissait le ciel d'orient.
En dépit de sa coquetterie, Meg avait une nature pieuse et douce, qui influençait inconsciemment ses sœurs et particulièrement Jo, qui l'aimait tendrement et lui obéissait car ses conseils étaient si gentiment offerts.
« Les filles, » dit sérieusement Meg, s'adressant aussi bien à la tête échevelée à côté d'elle qu'aux deux petites en bonnets de nuit dans la chambre à côté, « Mère veut que nous lisions et aimions ces livres, et que nous nous en inspirions, et nous devons commencer tout de suite. Nous avions pris de bonnes habitudes, mais depuis que Père est parti et que toutes ces affaires de guerre nous ont perturbées, nous avons négligé beaucoup de choses. Vous pouvez faire comme bon vous semble, mais je vais garder mon livre sur la table de chevet et en lire un peu chaque matin dès mon réveil, car je sais que cela me fera du bien et m'aidera au cours de ma journée. »
Puis elle ouvrit son nouveau livre et commença à lire. Jo passa un bras autour d'elle, et joue contre joue, se mit aussi à lire, avec cette expression tranquille si rare sur son visage animé.
« Comme Meg est bonne ! Viens, Amy, faisons comme elles. Je t'aiderai avec les mots difficiles, et elles expliqueront ce que nous ne comprenons pas, » murmura Beth, très impressionnée par les jolis livres et l'exemple de ses sœurs.
« Je suis contente que le mien soit bleu, » dit Amy. Puis les chambres se firent très silencieuses tandis que l'on tournait doucement les pages, et le soleil d'hiver se glissa par la fenêtre pour illuminer et saluer ces visages sérieux en ce matin de Noël.
« Où est Mère ? » demanda Beth, quand Jo et elle descendirent une demi-heure plus tard pour la remercier des cadeaux.
« Dieu seul le sait. Quelque pauvre créature est venue quémander, et votre maman est partie de suite voir ce qui lui manquait. Il n'y a jamais eu de femme comme elle pour ce qui est de donner victuailles et boisson, vêtements et chauffage, » répondit Hannah, qui vivait avec la famille depuis la naissance de Meg et était davantage considérée comme une amie que comme une servante.
« Elle sera bientôt de retour, je pense, alors préparez vos gâteaux, que tout soit prêt, » dit Meg en regardant les cadeaux rassemblés dans un panier qui avait été glissé sous le sofa, prêt pour l'occasion. « Tiens, où est la bouteille d'eau de Cologne d'Amy ? » ajouta-t-elle en ne voyant pas le petit flacon.
« Elle l'a prise il y a une minute, et est partie pour y mettre un ruban, ou quelque chose comme ça, » répondit Jo, qui dansait autour de la pièce pour assouplir les nouvelles chaussures.
« Mes mouchoirs ont bon air, n'est-ce pas ? Hannah les a lavés et repassés pour moi, et je les ai marqués moi-même, » dit Beth en contemplant fièrement les lettres quelque peu irrégulières, fruits de son dur labeur.
« Oh, regarde ! Elle a écrit "Mère" au lieu de "M. March". C'est trop drôle ! s'écria Jo en en prenant un.
— Ça ne va pas ? J'ai pensé que ce serait mieux parce que les initiales de Meg sont aussi M.M., et je veux que personne d'autre que Marmee ne se serve de ceux-là, dit Beth, l'air troublée.
— C'est très bien, ma chérie, et une très jolie idée - et pratique aussi, car personne ne pourra se tromper maintenant. Cela lui plaira beaucoup, je le sais, » dit Meg avec un froncement de sourcils pour Jo et un sourire pour Beth.
« Voici Mère. Cachez le panier, vite ! » s'écria Jo quand une porte claqua et que des pas résonnèrent dans le hall.
Amy entra précipitamment, et eut l'air plutôt gênée quand elle vit que ses sœurs l'attendaient toutes.
« Où étais-tu, et que caches-tu dans ton dos ? » demanda Meg, étonnée de voir, par son bonnet et son manteau, qu'Amy la paresseuse était sortie si tôt.
« Ne ris pas, Jo ! Je voulais que personne ne sache avant le dernier moment. Je suis seulement allée changer la petite bouteille pour une grande, et j'ai donné tout mon argent pour l'avoir, et j'essaie vraiment de ne plus être égoïste. »
Tout en parlant, Amy montra la bouteille élégante qui remplaçait la moins chère, et elle avait l'air si sincère et si humble dans son effort de s'oublier que Meg la prit dans ses bras sur le champ, et Jo déclara qu'elle était « une perle », tandis que Beth courut à la fenêtre et cueillit sa plus belle rose pour orner l'imposant flacon.
« Vous voyez, j'ai eu honte de mon présent, après avoir lu et avoir discuté d'être bonne ce matin, alors j'ai couru au magasin et je l'ai échangé dès que je me suis levée, et j'en suis bien contente, car mon cadeau est le plus beau maintenant. »
Un autre claquement de la porte d'entrée renvoya le panier sous le sofa et les filles à table, pressées de prendre leur petit-déjeuner.
« Joyeux Noël, Marmee ! Et bien d'autres à venir ! Merci pour nos livres. Nous en avons lu un peu, et comptons en lire chaque jour, crièrent-elles en chœur.
— Joyeux Noël, mes petites filles ! Je suis heureuse que vous ayez déjà commencé vos livres, et j'espère que vous continuerez. Mais je veux dire un mot avant de nous asseoir. Non loin d'ici vit une pauvre femme avec un nouveau-né. Six enfants sont pelotonnés dans un seul lit pour ne pas geler, car ils n'ont pas de feu. Ils n'ont rien à manger, et l'aîné des garçons est venu me dire qu'ils souffraient de la faim et du froid. Mes filles, voudrez-vous bien leur offrir votre petit-déjeuner comme cadeau de Noël ? »
Elles avaient toutes inhabituellement faim, ayant attendu près d'une heure, et durant une minute personne ne parla. Une minute seulement, car Jo s'écria, « Je suis si contente que tu sois venue avant que nous ne commencions !
— Puis-je venir et aider à porter les choses pour les pauvres petits enfants ? demanda Beth avec enthousiasme.
— Je porterai la crème et les muffins, » ajouta Amy, abandonnant héroïquement ce qu'elle aimait le plus.
Meg recouvrait déjà les crêpes, et empilait le pain sur une assiette.
« Je savais que vous le feriez, » dit Mrs. March avec un sourire satisfait. « Vous allez toutes venir et m'aider, et quand nous rentrerons nous aurons du pain et du lait pour petit-déjeuner, et nous nous rattraperons au déjeuner. »
Elles furent bientôt prêtes et la procession se mit en route. Heureusement il était tôt, et elles passèrent par les petites rues ; aussi peu de gens les virent, et nul ne rit de l'étrange convoi.
Quelle pauvre chambre c'était : nue et misérable, sans feu, avec des draps en haillons, une mère malade, un bébé hurlant, et un groupe d'enfants pâles et affamés pelotonnés les uns contre les autres sous une couverture, essayant de se tenir chaud.
Comme les grands yeux s'écarquillèrent, et les lèvres bleuies sourirent quand les filles entrèrent.
« Ach, mein Gott ! Des anges venus à nous ! dit la pauvre femme en pleurant de joie.
— Drôles d'anges, en capuchons et mitaines, » dit Jo, et tout le monde rit.
Quelques minutes plus tard, on eût vraiment dit que de bons esprits s'étaient mis à l'œuvre. Hannah, qui avait porté le bois, fit du feu, et colmata les vitres brisées avec de vieux chapeaux et sa propre cape. Mrs. March donna du thé et du gruau à la mère, et la réconforta avec des promesse de l'aider, tandis qu'elle habillait le bébé aussi tendrement que s'il eût été le sien. Pendant ce temps les filles dressèrent la table, installèrent les enfants autour du feu, et les nourrirent comme des oisillons affamés - tout en riant, parlant, et essayant de comprendre leur anglais étrange.
« Das ist gut ! Die Engel-kinder ! » criaient les pauvres petits tandis qu'ils mangeaient et réchauffaient leurs mains empourprées devant l'agréable brasier. Les filles n'avaient jamais été appelées des anges auparavant, et trouvèrent cela très agréable, particulièrement Jo, qui avait été considérée comme un vrai « Sancho » depuis sa naissance. Ce fut un petit-déjeuner très heureux, quoiqu'elle n'en eurent pas une miette. Et quand elles s'en furent, laissant une famille réconfortée, je pense qu'il n'y avait pas en ville quatre personnes plus heureuses que les petites filles au ventre creux qui avaient offert leur petit-déjeuner pour se contenter de pain et de lait le matin de Noël.
« C'est cela, aimer son prochain mieux que soi-même, et cela me plaît, » dit Meg, comme elles disposaient leurs présents pendant que leur mère était à l'étage à rassembler des vêtements pour les pauvres Hummel.
Ce n'était pas un spectacle époustouflant, mais il y avait beaucoup d'amour dans les quelques petits paquets, et dans le grand vase de roses rouges, de chrysanthèmes blancs et de lierre qui trônait au milieu de la table, lui donnant un air tout à fait élégant.
« Elle arrive ! Vas-y, Beth ! Ouvre la porte, Amy ! Trois hourras pour Marmee ! » cria Jo en sautant partout, tandis que Meg allait se placer pour conduire Mère à la place d'honneur.
Beth joua sa marche la plus gaie, Amy ouvrit la porte en grand, et Meg tint son rôle d'escorte avec une grande dignité. Mrs. March était à la fois surprise et touchée, et souriait, les larmes aux yeux, tandis qu'elle examinait ses présents et lisait les petites notes qui les accompagnaient. Elle enfila aussitôt les pantoufles, un nouveau mouchoir fut glissé dans sa poche, parfumé par l'eau de Cologne d'Amy, la rose fut ajustée à son corsage, et les jolis gants furent déclarés parfaits.
Il y eut beaucoup de rires et d'embrassades et d'explications, de cette façon simple et aimante qui rend ces célébrations domestiques si plaisantes sur le moment et si douces dans les souvenirs, et puis il fallut se mettre au travail.
Les actes de charité et les cérémonies du matin avaient pris tant de temps que le reste de la journée fut consacré aux préparations pour les festivités du soir. Étant encore trop jeunes pour aller souvent au théâtre et ne pouvant se permettre de dépenser beaucoup pour des représentations privées, les filles se creusaient la tête, et nécessité étant mère de l'invention, fabriquaient ce dont elles avaient besoin. Certaines de leurs créations étaient très ingénieuses - guitares en carton, lampes antiques faites de saucières à l'ancienne mode recouvertes de papier d'argent, magnifiques robes de vieux coton étincelantes de copeaux métalliques récupérés d'une usine de conserves, et armures couvertes des mêmes débris en losanges qui restaient après la découpe des couvercles. La grande chambre était la scène de bien des révélations innocentes.
Aucun homme n'était admis, aussi Jo jouait tous les rôles masculins que son cœur désirait et trouvait une immense satisfaction en la possession d'une paires de bottes fauves données par une amie, qui connaissait une dame qui connaissait un acteur. Ces bottes, un vieux fleuret, et un pourpoint à crevés utilisé autrefois par un artiste pour quelque peinture, étaient les plus grands trésors de Jo et apparaissaient à toutes occasions. La petite taille de la compagnie obligeait les deux actrices principales à endosser plusieurs rôles, et elles méritaient bien des louanges pour le difficile travail accompli en apprenant trois ou quatre rôles différents, en changeant de costumes à multiples reprises et en gérant les coulisses en plus du reste. C'était un excellent entraînement pour leurs mémoires, un amusement inoffensif, et qui occupait bien des heures qui autrement seraient restées oisives, solitaires, ou passées en compagnie moins bénéfique.
Le soir de Noël, une douzaine de jeunes filles s'entassèrent sur le lit qui était le balcon, et s'assirent devant les rideaux d'indienne bleue et jaune avec une impatience des plus flatteuses. Il y avait des froufrous et des chuchotements de l'autre côté du rideau, un rien de fumée de lampe, et un gloussement occasionnel de la part d'Amy qui avait tendance à se mettre dans tous ses états dans l'excitation du moment. Puis une cloche sonna, les rideaux s'ouvrirent, et la tragédie lyrique commença.
« Une forêt lugubre », selon l'unique programme, était représentée par quelques arbustes en pot, de la feutrine verte au sol, et une grotte dans le lointain. Cette grotte était constituée d'un étendoir pour le toit, de bureaux pour les murs, et à l'intérieur était un petit fourneau au dessus duquel se penchait une vieille sorcière. La scène étant plongée dans l'obscurité, la lueur du fourneau fit son petit effet, tout spécialement quand la sorcière ôta le couvercle de la bouilloire et que jaillit de la vraie vapeur. Un temps fut accordé pour permettre au premier frisson de se dissiper, puis Hugo, le vilain, entra d'un pas raide avec une épée au côté, un chapeau tombant, une barbe noire, une cape mystérieuse, et les fameuses bottes. Après avoir fait les cent pas avec beaucoup d'agitation, il se frappa le front et se mit à chanter avec furie sa haine pour Rodrigo, son amour pour Zara, et sa plaisante résolution de tuer l'un et de conquérir l'autre. Les tons rauques de la voix d'Hugo, ainsi que ses cris occasionnels quand ses sentiments prenaient le dessus, étaient très impressionnants, et l'audience applaudit dès l'instant où il reprit son souffle. Saluant avec l'air de celui habitué aux louanges du public, il se faufila jusqu'à la caverne et ordonna à Hagar de venir avec un « Holà, maraude ! J'ai besoin de toi ! » plein d'autorité.
Apparut Meg, le visage encadré de crin gris, dans une robe noire et rouge, avec un bâton et une cape couverte de dessins cabalistiques. Hugo lui demanda une potion pour gagner l'adoration de Zara, et une pour détruire Rodrigo. Hagar, dans une jolie mélodie dramatique, lui promit les deux, et appela l'esprit qui lui donnerait le philtre d'amour.
« Accours, accours, de ta demeure,
Esprit de l'air, je te convoque !
Né des roses, nourri de rosée,
Peux-tu concocter charmes et potions ?
Porte-moi donc à tire d'aile
Le philtre parfumé dont j'ai besoin.
Fais le doux et fort sans pareil
Esprit, réponds à mon appel ! »
De doux accords résonnèrent, et au fond de la caverne apparut une petite silhouette dans un nuage de blanc, avec des ailes scintillantes et une guirlande de roses sur ses cheveux d'or. Agitant une baguette, il chanta :
« Me voici descendu,
De mon domaine
Dans la lune lointaine.
Prends cette potion
Et fais-en bon usage
Ou son pouvoir s'évanouira ! »
Et, laissant tomber une petite bouteille dorée aux pieds de la sorcière, l'esprit disparut. Un nouveau chant de la sorcière provoqua une autre apparition - bien moins aimable, car c'est un vilain lutin noir qui se manifesta dans un bang !, croassa sa réponse, jeta une fiole sombre à Hugo et disparut avec un rire moqueur. Ayant chanté ses remerciements, Hugo glissa les flacons dans ses bottes et s'en alla. Puis Hagar informa l'audience qu'il avait tué quelques unes de ses amies autrefois et qu'elle l'avait maudit pour cela, et entendait se venger de lui en contrariant ses plans. Puis le rideau tomba, et le public se reposa en mangeant des bonbons tout en discutant les mérites de la pièce.
De nombreux coups de marteaux résonnèrent avant que le rideau ne s'élève à nouveau, mais quand apparut le chef d'œuvre de charpenterie qui avait été mis en place, personne ne se plaignit du délai. C'était véritablement superbe. Une tour s'élevait jusqu'au plafond, avec, à mi-hauteur, une fenêtre où brûlait une lampe. Derrière le rideau blanc apparut Zara dans une belle robe bleu et argent, attendant Rodrigo. Il s'en vint porteur d'une somptueuse parure : chapeau à plume, cape rouge, longues boucles brunes, une guitare, et bien sûr, les bottes. Agenouillé devant la tour, il chanta une sérénade d'une voix suppliante. Zara lui répondit, et, après un dialogue musical, consentit à fuir. Alors vint le grand effet de la pièce. Rodrigo fit apparaître une échelle de corde à cinq échelons, en jeta l'extrémité, et invita Zara à descendre. Timidement elle se glissa hors de sa croisée, posa la main sur l'épaule de Rodrigo, et se trouvait sur le point de sauter gracieusement, mais « Hélas ! Hélas pour Zara ! » elle avait oublié sa traîne - elle se prit dans la fenêtre et la tour vacilla, s'inclina en avant, tomba avec fracas, et enfouit les amants malheureux dans ses ruines.
Un cri général s'éleva tandis que les bottes fauves s'agitaient en tous sens dans les décombres et qu'une tête blonde émergeait en s'exclamant, « Je te l'avais bien dit ! Je te l'avais bien dit ! » Avec une merveilleuse présence d'esprit, Don Pedro, le père cruel, se précipita et traîna sa fille hors de là avec un rapide aparté :
« Ne ris pas ! Fais comme si tout s'était bien passé ! » Puis, ordonnant à Rodrigo de se relever, il le bannit du royaume avec colère et mépris. Quoiqu'il fut encore bien secoué par la chute de la tour, Rodrigo défia le vieux gentilhomme et refusa de bouger. Sa détermination enflamma Zara, qui défia également son père ; et il ordonna qu'on les enferme tous les deux dans les oubliettes du château. Un serviteur petit et corpulent apparut avec des chaînes et les emmena, l'air très effrayé et ayant de toute évidence oublié le discours qu'il aurait dû tenir.
L'acte trois démarrait dans le hall du château, et Hagar fit son apparition, étant venue pour libérer les amants et en finir avec Hugo. Elle l'entend venir et se cache, le voit verser les potions dans deux coupes de vin et commander au timide serviteur, « Porte-les aux captifs dans leurs cellules, et dis-leur que je serai bientôt là. » Le domestique prend Hugo à part pour lui dire quelque chose, et Hagar échange les coupes pour deux autres, inoffensives. Ferdinando, le « sbire », les emmène, et Hagar repose la coupe contenant le poison destiné à Rodrigo. Assoiffé après un long discours, Hugo la boit, perd ses moyens, et après moultes gesticulations et piétinements, tombe raide mort, tandis que Hagar lui apprend ce qu'elle a fait dans un chant à la mélodie puissante et exquise.
C'était véritablement une scène palpitante, bien que certains aient pu penser qu'une soudaine cascade de longs cheveux gâchait quelque peu l'effet de la mort du vilain. Il fut rappelé devant le rideau, et apparut avec beaucoup de dignité, tenant Hagar par la main, dont le chant était considéré plus merveilleux encore que tout le reste de la pièce.
L'acte quatre mit en scène un Rodrigo désespéré de l'inconstance de Zara qu'on venait de lui rapporter, et sur le point de mettre fin à ses jours en se poignardant. À l'instant où la dague se pose sur son cœur, une charmante chanson résonne sous sa fenêtre et l'informe que Zara lui est fidèle mais est en danger, et qu'il peut la sauver s'il le veut. On lui jette une clé, qui ouvre la geôle, et dans un accès de ravissement il arrache ses chaînes et se précipite pour retrouver et sauver sa dame.
L'acte cinq ouvrit sur une discussion orageuse entre Zara et Don Pedro. Il souhaite l'envoyer au couvent, mais elle s'y oppose, et après une touchante plaidoirie, est sur le point de s'évanouir quand Rodrigo fait irruption et demande sa main. Don Pedro la lui refuse, au motif qu'il n'est pas riche. Ils crient et gesticulent furieusement mais ne parviennent pas à se mettre d'accord, et Rodrigo est sur le point d'enlever une Zara épuisée quand le domestique timide entre avec une lettre et un sac venant d'Hagar, qui a mystérieusement disparu. On apprend qu'elle lègue une fortune inouïe au jeune couple, et promet un destin tragique à Don Pedro s'il ne les rend pas heureux. On ouvre le sac, et une avalanche de pièces en fer-blanc inonde la scène, brillant maintenant de mille éclats. Cette vue adoucit complètement le père intraitable. Il consent sans un murmure, tous entonnent un joyeux chorus, et le rideau tombe sur les amoureux agenouillés pour recevoir la bénédiction de Don Pedro dans des attitudes romantiques pleines de grâce.
Un tonnerre d'applaudissements suivit mais s'interrompit de manière inattendue quand la couchette pliante sur laquelle se trouvait le « balcon » se referma d'un seul coup sur l'audience enthousiaste. Rodrigo et Don Pedro volèrent à la rescousse, et tout le monde s'en tira indemne, quoique plus d'une fut incapable de parler à force de rire. L'excitation était à peine retombée quand Hannah apparut, avec les « Compliments de Mrs. March », et pria ces dames de descendre pour le souper.
C'était une surprise même pour les actrices, et quand elles virent la table, elle se regardèrent l'une l'autre avec un étonnement ravi. Cela ressemblait bien à Marmee, de leur préparer un petit cadeau, mais elles n'avaient rien vu de tel depuis les jours d'abondance passée. Il y avait de la crème glacée - il y en avait même deux bols, blanche et rose - et du gâteau et des fruits et des sucreries françaises amusantes, et au milieu de la table, quatre grands bouquets de fleurs de serre.
Elle en eurent le souffle coupé, et contemplèrent la table avant de se tourner vers leur mère, qui semblait s'amuser immensément.
« Est-ce l'œuvre des fées ? demanda Amy.
— C'est le Père Noël, dit Beth.
— C'est Mère qui l'a fait. » Et Meg arborait son plus doux sourire, en dépit de la barbe grise et des sourcils blancs.
« Tante March a eu un accès de bonté et a envoyé le souper, » s'écria Jo prise d'une inspiration soudaine.
« Rien de tout ça. Le vieux Mr. Laurence l'a envoyé, répondit Mrs. March.
— Le grand-père du jeune Laurence ! Qu'est-ce qui a bien pu lui mettre une telle idée en tête ? Nous ne le connaissons pas ! s'exclama Meg.
— Hannah a tout raconté au sujet de votre petit-déjeuner à l'une de ses servantes. C'est un étrange vieux gentleman, mais l'histoire lui a plu. Il connaissait mon père il y a bien des années, et il m'a envoyé un mot poli cet après-midi, disant qu'il espérait que je lui permettrais d'exprimer ses sentiments amicaux envers mes enfants en leur envoyant quelques friandises en ce jour de fête. Je ne pouvais pas refuser, et ainsi vous avez un petit festin ce soir pour compenser votre petit déjeuner de pain et de lait.
— Ce garçon le lui a mis en tête, j'en suis sûre ! C'est un type épatant, et j'aimerais que nous puissions faire connaissance. Il a l'air d'en avoir envie mais il est timide, et Meg est si collet monté qu'elle ne me laisse pas lui parler quand nous le croisons, » dit Jo, tandis que les assiettes circulaient autour de la table, et que la crème glacée disparaissait des bols à vue d'œil, avec des oh et des ah de satisfaction.
— Vous parlez des gens qui habitent dans la grande maison voisine, n'est-ce pas ? demanda l'une des filles. Ma mère connaît le vieux Mr. Laurence, mais elle dit qu'il est très fier et n'aime pas se mêler à ses voisins. Il garde son petit-fils cloîtré, quand il n'est pas en train de chevaucher ou de se promener avec son tuteur, et le fait étudier très dur. Nous l'avons invité à notre fête, mais il n'est pas venu. Mère dit qu'il est très gentil, bien qu'il ne nous parle jamais, à nous les filles.
— Notre chatte s'est sauvée une fois, et il l'a ramenée, et nous avons parlé par dessus la barrière, et nous nous entendions formidablement bien - à discuter du cricket, et ainsi de suite - quand il a vu Meg arriver et est parti. J'entends bien le connaître un jour, car il a besoin de s'amuser, j'en suis sûre, dit Jo avec détermination.
— J'aime ses manières, et il a l'air d'un petit gentleman, aussi je n'ai aucune objection à ce que tu fasses sa connaissance si une opportunité se présente. Il a apporté les fleurs lui-même, et je lui aurais bien demandé d'entrer, si j'avais été sûre de ce qui se passait à l'étage. Il avait l'air si pensif quand il est parti, en entendant vos rires.
— Heureusement que tu n'en as rien fait ! dit Jo en riant et en regardant ses bottes. Mais nous jouerons un jour une autre pièce, qu'il pourra voir. Peut-être qu'il nous aidera à jouer. Ne serait-ce pas splendide ?
— Je n'ai jamais eu un si beau bouquet ! Comme c'est joli ! dit Meg en examinant ses fleurs avec grand intérêt.
— Ils sont charmants. Mais j'aime mieux le parfum des roses de Beth, » dit Mrs. March, en humant la fleur à demi fanée à son corsage.
Beth se blottit contre elle, et murmura doucement, « J'aimerais pouvoir toutes les envoyer à Père. J'ai bien peur qu'il ne passe pas un aussi joyeux Noël que nous. »
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