#j'adore cette pièce c'est visible là non
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lectures-sur-le-bateau-ivre · 11 months ago
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Sur Tartuffe : adaptations
Commençons donc avec ce qui a le moins à voir avec la pièce, une version écourtée de la pièce, mise en scène par Maurice Béjart en 1981.
Casting : Cléante - Bernard Dhéran, Mme Pernelle - Catherine Samie, Orgon - Michel Aumont, Elmire - Geneviève Casile, Tartuffe - Michel Duchaussoy, Dorine - Virginie Pradal, Valère - Raymond Acquaviva, Damis - Guy Michel, Mariane - Marcelline Collard
Mise en scène classique, mais saupoudrée de Béjart (donc décors un peu spéciaux, maquillage très marqué pour les personnages doubles comme Tartuffe). Super performance de Michel Aumont, qui donne à voir un Orgon complètement hypnotisé par Tartuffe (et c’est là qu’@aramielles me dit que c’est normal d’être hypnotisé par le talent de Michel Duchaussoy). J’avoue que je n’arrivais pas à déterminer si Elmire était un peu intéressée par lui ou si elle était juste extrêmement saoulée (merci m’dame Casile). Une déclaration d’amour à l’acte III qui est désespérée comme je les aime. Oh nevermind ??? Elmire intéressée ??? OH MY GOD. Orgon qui s’agenouille devant Tartuffe et lui baise la main rien que pour lui dire bonjour. Béjart I love you. Imagerie chrétienne homoérotique, on apprécie. Globalement le Tartuffe de Duchaussoy est un bon petit connard manipulateur, il jette un regard méprisant sur Orgon à ses genoux, franchement une excellente pétasse qui sied bien pour le rôle.
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Deuxième version, celle de 1975, mise en scène de Jacques Charon.
Casting : Orgon - Jacques Charon, Robert Hirsch - Tartuffe, Jacques Toja - Cléante, Michel Duchaussoy - Monsieur Loyal, François Beaulieu - L’Exempt, Jean-Noël Sissia - Damis, Bernard Alane - Valère, Denise Gence - Mme Pernelle, Claude Winter - Elmire, Françoise Seigner - Dorine, Catherine Salviat - Mariane, Denise Pezzani - Flipote
Encore une mise en scène classique, on aime. Cet Orgon a l’air un peu con (spécialité de Charon). Tartuffe, coupe au bol absolument ridicule (la laideur comme laideur de l’âme ? C'est un lieu commun que je repère parfois dans Tartuffe, où un Tartuffe moche est souvent joué comme ridicule, alors qu’un Tartuffe qu’on embellit physiquement est joué comme plutôt charmeur). Légèrement précieux, doucereux, on est carrément dans la première façon de jouer le rôle, c’est-à-dire en gros cliché, et on ne comprend presque pas comment Orgon peut être à ce point aveugle pour ne pas voir qu’il est double. Il est aussi carrément graveleux lors de la déclaration d’amour, et franchement il m’évoque plus une espèce de cancrelat qu’on a envie d’écraser qu’un manipulateur de génie (super performance d’Hirsch cependant). Une Elmire magnifique (merci m’dame Winter) et oh ! Un François Beaulieu sauvage apparaît en fin de pièce pour faire L’Exempt.
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Troisième version, de 1960, mise en scène de Louis Seigner (encore une classique).
Casting : Tartuffe - Louis Seigner, André Falcon - Damis, Paul-Emile Deiber - Orgon, Louis Eymond - L’Exempt, Henri Rollan - Cléante, Jean-Louis Jemma - Valère, René Arrieu - Monsieur Loyal, Berthe Bovy - Mme Pernelle, Andrée de Chauveron - Dorine, Annie Ducaux - Elmire, Nagali de Vendeuil - Mariane, Janine Dehelly - Flipote
L’Orgon de Deiber a l’air un peu neurasthénique, sans avoir l’air con il n’a pas l’air complètement dépendant, ça me donne l’impression bizarre que cet Orgon aurait pu se défendre de tout s’il avait prêté un peu plus attention à ce qu’il se passe chez lui (même si Tartuffe, quand on l’accuse une première fois, use énormément d’ironie pour se qualifier de pécheur, et Orgon prend ça premier degré). Tartuffe-Seigner est parfaitement jouissif à regarder, mais on reste exactement dans le schéma classique d’un personnage ridicule. Succulente Elmire, drôle à souhait (merci Annie Ducaux). Bref, ici la bonne vieille pièce familiale, quoi.
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Quatrième version, de 1971, mise en scène de Marcel Cravenne (une autre mise en scène classique)
Casting : Michel Bouquet - Tartuffe, Delphine Seyrig - Elmire, Jacques Debary - Orgon, Luce Garcia-Ville - Dorine, Madeleine Clervanne - Mme Pernelle, Claude Giraud - Cléante, Edith Garnier - Mariane, Bernard Alane - Valère, Jacques Weber (ô surprise) - Damis, Paul Le Person - Monsieur Loyal, Robert Party - L’Exempt, Christine Chicoine - Flipote
C’est marrant, cet Orgon là a plus l’air amusé en début de pièce de Tartuffe, plutôt que de dépendre de lui. Quand on accuse Tartuffe, il réagit plutôt comme si on avait donné un coup de pied dans son chiot préféré. (grmrgmrmg le Cléante de Giraud. Cet homme me rend fou depuis Les Rois Maudits). Petiot Weber, il est pitchoune. Ah, Delphine Seyrig…La fée des lilas à jamais pour moi, mais quelle bonne Elmire (et quelle belle femme jésus seigneur). Un Tartuffe très intéressant, puisqu’il n’est pas ridicule car il n’a pas l’air faux lors de sa déclaration, il a juste l’air un peu dégueulasse ; mais surtout, il brise l’apparent fil rouge de l’interprétation de ce rôle en étant enlaidi par le costume et les postiches, mais en étant totalement manipulateur. 
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Cinquième version, de 1980, mise en scène de Jean Pignol (encore et toujours une mise en scène classique)
Casting : Tartuffe - Michel Galabru, Orgon - Bernard Fresson, Elmire - Yolande Folliot, Dorine - Micheline Dax, Cléante - Pierre Gallon, Mme Pernelle - Germaine Delbat, Mariane - Nathalie Serrault, Valère - Eric Legrand, Damis - Jean-Renaud Garcia, Monsieur Loyal - Georges Montillier, L’Exempt - Pierre Negre, Laurent - Georges Sayad, Flipote - Sonia Laurent
Wow un opening directement sur la petite famille en train de prier avec Tartuffe ? Innovative ! On dirait que Tartuffe est d’abord le dealer d’Orgon parce qu’il est très, très calme au début. Ou alors il est homosexuel, au vu de la façon dont il dit “il venait d’un air doux tout vis-à-vis de moi se mettre à deux genoux”. Le Tartuffe de Galabru est bon mais grâce à l’acteur plutôt qu’au rôle lui-même, parce qu’il lui donne justement ce côté double et ridicule (les cheveux bien gras, on pourrait utiliser la moumoute comme friteuse). Opinion tout à fait personnelle, j’aime pas le jeu de Fresson . Et définitivement, Galabru joue beaucoup sur le côté dégueu et graveleux qu’on peut facilement donner à Tartuffe. Une version, ma foi, pas la meilleure, mais pas un échec non plus. 
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Sixième version, de 1997 (retour au Français !), mise en scène de Georges Bensoussan (à quand autre chose qu’une mise en scène classique ?)
Casting : Dorine - Catherine Ferran, Orgon - Jean Dautremay, Mariane - Anne Kessler, Tartuffe - Philippe Torreton, Monsieur Loyal - Igor Tycska, Elmire - Cécile Brune, Mme Pernelle - Nathalie Nerval, Cléante - Christian Blanc, Valère - Olivier Dautrey, Damis - Eric Ruf, L’Exempt - Bruno Raffaelli, Flipote - Stéphanie Labbé, Laurent - Patrick Olivier
Décors blancs, un peu art contemporain, innovative ! Chaque costume est une couleur vive (sauf Tartuffe et Orgon, en noir, et Cléante, en marron), mais qui permet d’identifier immédiatement les personnages et surtout les fait ressortir sur le fond blanc. Jumpscare de Ruf avec une perruque absolument horrible. Aww, mini Anne Kessler, elle est pitchoune. Ô surprise, Ruf a un jeu décent ? (je le respecte en tant que metteur en scène, et je ne m’y connais pas assez en histoire du Français pour dire si c’est un bon administrateur, mais comme comédien…Il m’excusera mais je ne supporte pas son jeu). Je trouve qu’on revient à l’Orgon soit con, soit qui s’en fout un peu en début de pièce. Quoique, on pourrait dire que c’est un Orgon qui commence à développer un autre courant d’interprétation du personnage, celui de la dépendance affective forte (Tartuffe qui lui fait des petites caresses sur l’épaule ???). Dépendance affective de fou ou homosexualité cachée, c’est vous qui voyez. Torreton est jouissif, pétasse à souhait, ironique quand on l’accuse, au physique affreux avec sa perruque graisseuse (leitmotiv chez les costumiers ?). Chose intéressante, la confession de Tartuffe semble désespérée, mais elle est tellement teintée de fausseté qu’on n’y croit pas du tout. Cécile Brune (dieu quelle femme) fait une Elmire hautaine devant Tartuffe que j’A-DORE. Nouveau jumpscare de Ruf qui sort d’une fenêtre cachée haut dans le mur au lieu de sortir d’un cabinet. Bon dieu Cécile Brune, quelle femme, Elmire joue la carte séduction à fond pour l’acte IV. Tartuffe qui commence à se foutre à oilp ??? Ok why not. Costume très très très pailleté pour Tartuffe en fin de pièce. Écoutez, une mise en scène intéressante, des comédiens pas trop tartes, moi je dis que ça fait une bonne pièce.
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Septième version, de 2022, mise en scène Ivo van Hove (youpi ! une mise en scène moderne, histoire de changer un peu)
Casting : Cléante - Loïc Corbery, Orgon - Denis Podalydès, Mme Pernelle - Claude Mathieu, Damis - Julien Frison, Dorine - Dominique Blanc, Tartuffe - Christophe Montenez, Elmire - Marina Hands, Flipote - Héloïse Cholley, et pas de M. Loyal ou d’Exempt ni de Laurent, apparemment ?
Peut-on vraiment dire que je l’ai vue ? Non, je n’ai pas vu cette pièce au cinéma. Mais j’ai des photos et des extraits, de là je pose mon jugement. J’aime beaucoup les mises en scène de van Hove, qui sont souvent minimalistes et font ressortir tout le jeu des comédiens, aussi en posant une sorte de centre de scène où tout se passe. Les costumes noirs tranchent avec la pâleur des comédiens, et le carré blanc en plein milieu de la scène ressemble à un ring où les personnages s’affrontent. Autre lieu commun chez van Hove, on relève la brutalité et la violence et du texte et des personnages en eux-mêmes : tout le monde s’empoigne, se bat, se hurle dessus, c’est une famille complètement disloquée qu’on nous présente. Dominique Blanc en Dorine est parfaite. Corbery est un Cléante désillusionné, à la limite du désespéré de voir son beau-frère comme ça. Julien Frison, lui, campe un Damis qui semble moins furieux, plus un petit garçon qui voit son père s’éloigner de lui. Ma seule question est : comment envisagent-ils la pièce sans Mariane ? Est-elle juste citée ? Le moment très comique entre Orgon et Dorine serait simplement coupé ? Je n’aurais sûrement jamais la réponse, à moins que cette pièce vienne un jour sur le site de l’INA. Marina Hands est une Elmire qui floute complètement la ligne séparant deux interprétations : Elmire qui joue un rôle pour empêcher le mariage entre Tartuffe et Mariane et  confondre Tartuffe à l’acte IV, ou une Elmire véritablement intéressée par Tartuffe. Une scène assez éloquente est visible dans la bande-annonce, qu’on peut replacer justement à l’acte IV, et Elmire ne semble pas beaucoup se défendre d’un Tartuffe qui lui embrasse la nuque. Mais les deux personnages les plus intéressants sont ici Orgon et Tartuffe. Pour Orgon, Podalydès joue complètement sur l’ambiguïté constante entre Tartuffe et Orgon : apparemment complètement dépendant affectif, le “il en va de ma vie” semble très vrai ; et certaines images donnent à penser que van Hove introduit dans sa mise en scène un certain homoérotisme malsain entre ces deux personnages (et encore de l’imagerie chrétienne mise au service de l’homoérotisme, merci m’sieur van Hove). Mais pour moi, le personnage le plus fascinant est Tartuffe (Christophe Montenez mon dieu quel talent incroyable). Si il est dans “le modèle Jouvet”, c’est-à-dire un Tartuffe charmant, séduisant même, et surtout très sincère dans sa déclaration à Elmire, et qui pense croire à tout ce qu’il dit sur le Ciel, Montenez a une approche différente du personnage. Il est malsain ; quand il rentre dans une pièce, on a comme un frisson de gêne : le costume (chemise blanche, cravate blanche, mais veste noire à certains moments), la coiffure (des cheveux coupés très ras) et le maquillage (qui lui donne une pâleur mortelle et un visage émacié) n’aident pas à nous le rendre sympathique. Le ton doucereux (méprisant lorsqu’il parle à Dorine) contribue à cette impression. Surtout, c’est un Tartuffe violent, qui arrive à l’Acte III la chemise tachée de sang, due à la mortification qu’il s’est imposé (en début de pièce, apparemment ? la bande-annonce ne permet pas de le situer). Bref, une mise en scène brutale et légèrement subversive, typique du metteur en scène, qui je crois serait très intéressante à voir.
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Je vous ai réservé ma mise en scène préférée pour la fin, huitième version, de 2021, théâtre à la table, direction artistique d’Eric Ruf (qui compte comme une mise en scène moderne ?)
Casting : Mme Pernelle - Claude Mathieu, Tartuffe - Eric Génovèse, Elmire - Clotilde de Bayser, Cléante - Hervé Pierre, Monsieur Loyal, Un Sergent, et L’Exempt - Nicolas Lormeau, Orgon - Didier Sandre, Damis - Laurent Lafitte, Dorine - Anna Cervinka, Mariane - Clémentine Billy, Valère - Antoine de Foucauld
C’est pas ma version préférée pour rien : la proximité de la table permet de transformer la pièce en huis clos, les vêtements des comédiens, sombres pour la plupart, permettent de relever leurs visages, et la caméra capture d’autant mieux leurs visages qu’elle est proche. Anna Cervinka est une Dorine hilarante qui tranche avec le sérieux des autres ; le Damis de Lafitte est très abrasif ; Cléante par Hervé Pierre use toujours d’un ton extrêmement raisonnable ; les deux petits jeunes sont un couple prometteur. Comme d’habitude, je me suis concentré sur les trois personnages centraux : Elmire, Orgon, Tartuffe. Didier Sandre, trônant en bout de table en patriarche, est un Orgon qui joue sur son âge pour apparaître peut-être plus fragile, qui s’il est moins dépendant que l’Orgon de Podalydès, lui semble extrêmement attaché ; sa colère à l’accusation de Tartuffe est assez violente. Elmire, elle, si elle n’est absolument pas intéressée par Tartuffe (madame moi je veux bien prendre votre place si vous ne voulez pas de lui), aime jouer la carte de la séduction pour parvenir à ses fins, et disons-le, Clotilde de Bayser est charmante. Et Tartuffe…Là encore, pas mon Tartuffe préféré pour rien. Eric Génovèse reprend un Tartuffe qu’il avait déjà joué de cette manière (je donnerai TOUT pour voir la mise en scène de 2005 de Marcel Bozonnet). Il est tout en douceur, la déclaration à Elmire est MAGNIFIQUE et DÉSESPÉRÉE comme il sait les faire, et il est totalement dans le modèle Jouvet d’un Tartuffe qui croit à 90% ce qu’il dit. Chose que je n’avais jamais vu faire avant, le “je tâte votre habit” et ce qui s’ensuit est joué comme une excuse en mousse, comme s’il n’avait vraiment pas fait exprès de poser la main sur le genou d’Elmire, et qu’il tente de rattraper une bourde faite dans l’émotion de l’instant. Tartuffe mis en opposition d’Orgon dans le placement autour de la table le pose en second maître de maison ; sa réponse à son accusation à l’air tellement sincère qu’on y croirait presque. Retournement de comportement à l’acte IV, regard de braise et scène un peu olé-olé (si sage comparée à la mise en scène de Bozonnet où lui et Florence Viala ont failli faire leur affaire sur scène) ; c’est un autre Tartuffe qui retire son masque, celui d’un homme extrêmement froid et calculateur. Bref, pour moi l’interprétation la plus intéressante (sans prendre en compte mon admiration personnelle pour ce comédien). Une pièce que je trouve “redécouverte” par le biais du théâtre à la table qui donne toujours un éclairage autre. 
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mrsines · 1 month ago
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Destinée Ensorcelée
Chapitre 12 : Ce n’est qu’un au revoir
⚝──⭒─⭑─⭒──⚝
Le doux parfum du café fraîchement préparé flottait dans l'air lorsque Ivana et Agatha entrèrent chez Granny, suivies de près par Regina et Henry. L'ambiance était animée, les conversations des habitués remplissant la pièce d'un brouhaha chaleureux.
Ivana, toujours aussi élégante, se dirigea vers le comptoir pour passer leur commande. Alors qu'elle discutait avec Ruby, un léger sourire sur ses lèvres, Agatha s'approcha silencieusement.
Dans un mouvement fluide, elle se pencha près d'Ivana, déposant un baiser délicat juste sous son oreille, là où la peau était la plus sensible.
Ivana sursauta légèrement, un frisson évident parcourant son corps. Elle tourna la tête, ses joues légèrement rosées, et croisa le regard espiègle d'Agatha.
« Je n'aurais jamais pensé que tu serais aussi sensible, » murmura Agatha d'une voix douce mais taquine, un sourire en coin. « Mais j'adore ça. »
Elle recula lentement, laissant Ivana cligner des yeux, visiblement prise de court. Agatha se contenta de lui lancer un dernier regard malicieux avant de se diriger vers la table où Regina et Henry les attendaient.
Ivana, encore troublée, passa une main nerveuse dans ses cheveux, essayant de reprendre contenance. Ruby, qui avait assisté à la scène, haussa un sourcil amusé, mais se contenta de lui tendre les boissons avec un sourire.
En rejoignant finalement la table, Ivana s'assit à côté d'Agatha, ses joues toujours légèrement rougies. Regina, qui n'était jamais dupe, arqua un sourcil en les observant, mais choisit de ne pas commenter pour le moment.
Henry, lui, se contenta de lever les yeux au ciel.
 « Vous savez que c'est censé être un petit déjeuner tranquille, pas une scène de flirt, non ? » lança-t-il, faussement exaspéré.
Agatha éclata de rire, tandis qu'Ivana, prise au dépourvu, se contenta de cacher son sourire derrière sa tasse de café, Regina, toujours pragmatique et attentive, brisa le silence en regardant Agatha.
« Est-ce que Rio est apparu ? » demanda-t-elle d'une voix posée, mais avec une pointe de gravité.
Agatha secoua lentement la tête, ses yeux s'assombrissant légèrement à la mention du nom. 
« Non... pas encore, » murmura-t-elle, sa voix teintée d'inquiétude.
Instinctivement, sa main chercha celle d'Ivana, trouvant un réconfort silencieux dans ce simple contact. Ses doigts se refermèrent sur ceux d'Ivana, et elle refusa de la lâcher, comme si ce lien pouvait éloigner ses peurs.
Ivana, resserra doucement sa prise, offrant un sourire réconfortant à Agatha.Henry, toujours optimiste, posa son regard bienveillant sur le duo. 
« Tout va bien se passer, » déclara-t-il avec assurance. « Je le sais. On a traversé des choses bien pires, et on a toujours trouvé un moyen. »
Regina hocha lentement la tête, bien que son expression restât soucieuse. « Peut-être, mais Rio n'est pas une menace ordinaire. Elle est imprévisible... et dangereux. Nous devons être prêts. »
Agatha serra un peu plus fort la main d'Ivana, cherchant à se raccrocher à cette chaleur et à cette présence. « Tant que je l'ai elle, » murmura-t-elle presque imperceptiblement, son regard glissant brièvement vers Ivana, « je peux tout affronter. »
Ivana tourna la tête vers Agatha, ses yeux pétillant d'une émotion qu'elle essayait de dissimuler. Elle serra encore plus fort sa main, comme pour lui répondre silencieusement : Moi aussi.
Henry, observant cette interaction, échangea un regard complice avec Regina, qui leva les yeux au ciel mais laissa un petit sourire adoucir ses traits. Malgré les nuages qui planaient sur eux, il y avait toujours ces petits moments de lumière.
Le petit déjeuner se poursuivait dans une ambiance à la fois tendue et pleine d'échanges silencieux. Regina, les bras croisés et un sourire en coin, ne pouvait s'empêcher de remarquer le changement d'attitude chez Agatha.
« Je dois dire, » commença Regina avec son ton habituel de taquinerie, « que depuis qu'Ivana et toi êtes... eh bien, ensemble, tu es devenue un véritable agneau, Agatha. Qui aurait cru que tu avais ce côté doux en toi ? »
Agatha releva la tête, arquant un sourcil, mais un sourire narquois se forma rapidement sur ses lèvres. « Et toi, Regina, qui aurait cru que tu avais un côté drôle ? Oh, attends... tu ne l'as pas. »
Regina éclata d'un rire moqueur, secouant légèrement la tête. « Touché, » admit-elle, bien que son sourire persiste.
Henry, qui observait l'échange avec amusement, leva les yeux de son assiette et fixa sa mère. « Tu vois, maman ? Si Agatha a pu avoir sa fin heureuse, toi aussi tu l'auras un jour. »
Le sourire de Regina vacilla légèrement, remplacé par une expression plus sérieuse. Elle jeta un bref regard vers Henry, puis détourna les yeux en soupirant légèrement. 
« Peut-être, » murmura-t-elle, comme pour elle-même, avant de reprendre une gorgée de café.
Ivana, toujours à côté d'Agatha, glissa un regard complice vers cette dernière, puis se tourna vers Regina. 
« Tu sais, il n'est jamais trop tard pour trouver le bonheur, Regina. »
Regina leva un sourcil, mais son sourire s'adoucit. « Vous êtes tous devenus des philosophes ce matin, apparemment. Mais merci pour vos... encouragements. »
Henry hocha la tête avec un sourire rassurant, tandis qu'Agatha échangeait un regard amusé avec Ivana. Même dans l'incertitude qui pesait sur eux, ces moments de légèreté leur rappelaient qu'ils avaient encore de l'espoir, et surtout, les uns les autres.
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Dans l'arrière-boutique de son magasin, un lieu empli d'objets mystérieux et de reliques magiques, Gold s'affairait avec une concentration intense. Devant lui, un chaudron dégageait une légère fumée violette, et sur la table à côté, il avait posé une vieille couverture usée par le temps. Elle était douce et portait encore des traces de broderie, des initiales presque effacées : celles de sa fille perdue.
Gold tenait une mèche de cheveux de Lucillia entre ses doigts tremblants. Il n'avait jamais pensé que cette quête l'amènerait si près de la vérité. Pourtant, les indices s'étaient accumulés. Il devait en avoir le cœur net.
Il ferma les yeux un instant, murmurant une incantation ancienne. La mèche de cheveux et la couverture commencèrent à s'élever lentement dans les airs, entourées d'une lueur dorée. Le chaudron bouillonna davantage, projetant des étincelles magiques.
« Montre-moi la vérité, » murmura Gold, sa voix empreinte d'une émotion qu'il ne laissait que rarement transparaître.
La lumière dorée devint plus vive, et dans un éclair, elle se condensa en une image claire : un bébé emmailloté dans cette même couverture, ses yeux brillants et son sourire innocent. Puis, la vision évolua, montrant Lucillia telle qu'elle était aujourd'hui. Les deux images fusionnèrent, confirmant ce qu'il redoutait et espérait tout à la fois.
Gold recula d'un pas, une main se posant sur son cœur, submergé par l'émotion. « C'est... elle, » murmura-t-il, sa voix à peine audible.
Il fixait le vide, ses pensées tourbillonnant. Des souvenirs enfouis, des regrets anciens, et un amour qu'il avait cru perdu à jamais remontaient à la surface. Lucillia, cette femme forte et intrépide, était sa fille. Il serra les poings, mêlant joie et angoisse. Comment lui dire ? Comment lui avouer cette vérité après toutes ces années ?
Mais une chose était sûre : il ne pouvait plus ignorer la réalité. Lucillia était sa fille, et il ferait tout pour la protéger, peu importe ce que cela impliquerait.
Le poids de la révélation pesait lourd sur les épaules de Gold alors qu'il quittait son magasin. Chaque pas qu'il faisait en direction de la bibliothèque était imprégné d'un mélange de peur, de doute et d'espoir. Les rues de Storybrooke semblaient floues autour de lui, son esprit étant entièrement concentré sur la conversation qu'il s'apprêtait à avoir.
Lorsqu'il arriva à la bibliothèque, il resta un moment immobile devant la porte, rassemblant son courage. Il ouvrit finalement la porte et entra, ses yeux cherchant instinctivement Belle parmi les étagères remplies de livres.
Elle était là, comme toujours, une lueur paisible sur son visage, absorbée dans un livre. Cette vision fit monter une vague d'émotion en lui. Belle avait toujours été son ancre, la lumière dans son obscurité.
« Belle, » murmura-t-il doucement, mais avec une intensité qui attira immédiatement son attention.
Elle leva les yeux, surprise de le voir. Son visage s'adoucit instantanément en le voyant, mais son expression se changea en inquiétude en remarquant l'agitation dans ses yeux. 
«  Gold ? Qu'est-ce qui ne va pas ? » demanda-t-elle en refermant doucement son livre et en s'approchant de lui.
Il baissa les yeux un instant, cherchant les mots. Mais comment expliquer l'inexplicable ?
« J'ai découvert quelque chose... quelque chose que je n'aurais jamais cru possible, » commença-t-il, sa voix tremblante. Il releva enfin son regard pour croiser celui de Belle.
« C'est à propos de Lucillia. »
Belle fronça les sourcils, intriguée. « Lucillia ? »
Il hocha la tête, la gorge serrée. « Elle est... » Il s'arrêta, prenant une profonde inspiration pour contenir l'émotion qui menaçait de l'envahir. « Elle est ma fille, Belle. »
Les mots laissèrent Belle sans voix. Elle ouvrit la bouche pour parler, mais aucun son ne sortit.
Gold poursuivit, sa voix cassée par l'émotion. « J'ai utilisé une mèche de ses cheveux et cette couverture... celle que ma fille portait quand je l'ai perdue. La magie a confirmé ce que je refusais de croire : Lucillia est ma fille. »
Belle posa une main sur son bras, comme pour le stabiliser. « Mais... Gold, comment est-ce possible ? Tu m'avais dit qu'Héla t'avait assuré que ta fille était morte. »
Il hocha la tête, le regard hanté. « C'est ce que je ne comprends pas. Héla a juré qu'elle était morte, que je ne la reverrais jamais. Mais elle a menti. Ou peut-être qu'elle... » Il secoua la tête, submergé par les hypothèses.
Sa voix se brisa alors qu'il ajouta : « Tout ce que je sais, c'est que ma fille est vivante, Belle. Et c'est Lucillia. »
Belle le regarda, voyant à quel point cette révélation le bouleversait. Elle posa ses mains sur ses joues, le forçant à la regarder. « Gold... c'est une bénédiction. Une seconde chance. Peu importe ce qu'Héla a dit ou fait, ta fille est là, vivante. Et maintenant, tu as l'opportunité de faire ce que tu n'as jamais pu faire avant. D'être son père. »
Ses mots firent briller les yeux de Gold de larmes qu'il ne put retenir. Il posa une main sur celle de Belle, cherchant un soutien qu'elle lui offrit sans hésitation.
« Et si elle me rejette ? » murmura-t-il, exprimant sa peur la plus profonde.
Belle sourit doucement. « Alors, tu trouveras un moyen. Tu es peut-être Rumpelstiltskin, mais tu es aussi un homme qui aime profondément. Elle verra ça. »
Il hocha la tête, la gratitude et l'amour pour Belle rayonnant dans son regard. « Merci, Belle. Pour toujours me voir... pour toujours croire en moi. »
Elle hocha la tête en retour. « Va lui parler, Gold. Elle mérite de savoir. Et toi, tu mérites d'avoir ta fille. »
Lucillia se tenait là, dans l'ombre des étagères, derrière une pile de livres qu'elle avait fait tomber sans le vouloir. Le bruit du livre frappant le sol résonna dans la bibliothèque silencieuse, un bruit qui brisa l'instant fragile entre Gold et Belle.
Gold tourna la tête, ses yeux s'ouvrant en grand en voyant Lucillia debout, figée, l'expression marquée par la confusion, la douleur et la surprise. Elle avait entendu.
Le silence se fit lourd, et Lucillia se contenta de regarder Gold avec un mélange d'incrédulité et de colère. Elle n'eut pas besoin de mots pour comprendre. Tout était clair.
« Quoi ? » sa voix trembla légèrement, son regard se durcissant alors qu'elle chercha des réponses, cherchant à comprendre ce qu'elle venait d'entendre.
Gold, encore sous le choc d'avoir été découvert, s'approcha lentement d'elle, une main tendue, comme pour apaiser la situation. « Lucillia, écoute... je suis désolé, je ne voulais pas que tu l'apprennes de cette manière. »
Lucillia secoua la tête, reculant de quelques pas, son regard s'assombrissant. « Non. » 
Elle s'interrompit un instant, fermant les yeux avant de les rouvrir, pleins de douleur. Elle tourna brusquement les talons, se dirigeant vers la porte. 
Gold sentit son cœur se serrer en la voyant partir, un sentiment de perte s'emparant de lui. « Lucillia, attends ! » cria-t-il, mais elle était déjà loin, la porte se fermant violemment derrière elle.
Il resta là, immobile, les mots coincés dans sa gorge. Belle s'approcha lentement, posant une main réconfortante sur son épaule.
« Elle a besoin de temps, Gold, » murmura-t-elle doucement. « Tu ne peux pas la forcer à accepter tout ça d'un coup. Mais il est important que tu sois là pour elle, quand elle sera prête. »
Gold regarda la porte fermée, un poids lourd sur son cœur. 
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Dans le bureau de la mairie, David se tenait debout, le visage grave. Son ton était urgent alors qu'il s'adressait à Regina, Emma et Mary-Margarette, décrivant ce qu'il avait vu près de la limite de la ville.
« C'était une créature... ou une ombre, je ne sais pas 
vraiment, » expliqua-t-il, croisant les bras comme pour contenir l'inquiétude qui le rongeait. « Elle était étrange, presque irréelle. Comme si elle absorbait la lumière autour d'elle. Elle se tenait là, à la frontière, et elle me regardait. »
Regina, assise derrière son bureau, fronça les sourcils. « Une ombre ? Tu es sûr que ce n'était pas simplement un effet de lumière ou un sortillage résiduel ? » demanda-t-elle, sceptique mais intriguée.
David secoua la tête avec conviction. « Non, c'était réel. Et ça n'avait rien de naturel. J'ai senti... quelque chose. Un froid. Comme si cette chose n'avait pas seulement une présence, mais une intention. »
Emma, qui écoutait attentivement, croisa les bras à son tour. « Et elle n'a pas essayé de te faire quoi que ce soit ? Elle est restée à la limite ? »
« Oui, » confirma David, « mais elle m'a observé. Je suis certain qu'elle savait que je la voyais. C'était comme si elle attendait... quelque chose. »
Mary-Margarette posa une main réconfortante sur le bras de David, bien qu'elle-même soit troublée. « Si elle est restée à la limite, peut-être qu'elle ne peut pas entrer dans la ville. Peut-être qu'elle est bloquée par quelque chose. »
Regina se leva, ajustant son manteau d'un geste rapide. « Ou peut-être qu'elle ne veut pas entrer. Peut-être qu'elle essaie de nous pousser à venir vers elle. »
Emma acquiesça, son instinct de shérif s'activant. « On ne peut pas ignorer ça. Si cette chose est liée à tout ce qu'on a traversé récemment, il faut en apprendre plus avant qu'elle ne devienne une menace. »
Regina hocha la tête. « Très bien. Je vais vérifier mes grimoires pour voir si quelque chose correspond à cette description. David, tu devrais montrer l'endroit exact où tu l'as vue. Peut-être qu'il y a des traces ou des résidus magiques. »
David approuva. « D'accord. Mais on ne peut pas y aller seuls. On ne sait pas ce dont elle est capable. »
Mary-Margarette serra les mains, une lueur de détermination dans les yeux. « Alors on ira ensemble. Si cette créature représente un danger, on doit être prêts. »
Emma ajouta : « Et on doit prévenir les autres. Gold pourrait savoir quelque chose, et si cette chose est magique, il faudra qu'il aide. »
Regina plissa les yeux en réfléchissant. « Très bien. Prévenons Gold. Mais restons prudents. Si cette ombre attend quelque chose... elle pourrait aussi chercher à nous manipuler. »
David acquiesça, se sentant légèrement soulagé d'avoir partagé ce qu'il avait vu. Mais au fond de lui, il ne pouvait s'empêcher de ressentir une inquiétude grandissante. Quoi que cette chose soit, il savait qu'elle n'était pas venue par hasard.
« C'est sûrement à cause de Rio, » déclara- Regina froidement, son regard perçant balayant la pièce.
Mary-Margarette détourna immédiatement les yeux, son malaise palpable. Emma, qui observait sa mère, fronça les sourcils.
« Maman ? » dit-elle d'un ton prudent. « Qu'est-ce qui se passe ? Tu es bizarre depuis qu'on parle de Rio. »
Mary-Margarette hésita, ses mains tremblantes, avant de finalement lever les yeux. Elle inspira profondément, sa voix cassée par la culpabilité. 
« C'est moi... C'est moi qui ai fait venir Rio. »
Le silence qui suivit fut assourdissant. Tous la fixaient, incrédules.
David fut le premier à réagir. « Quoi ? » demanda-t-il, abasourdi. « Mary-Margarette, dis-moi que tu plaisantes. »
Emma, choquée, recula légèrement. « Attends, attends... Tu veux dire que tout ça, les cauchemars, les ombres, tout ce qu'on traverse, c'est à cause de toi ? Pourquoi tu aurais fait une chose pareille ? »
Les larmes commencèrent à monter aux yeux de Mary-Margarette. Elle baissa la tête, murmurant : « Je ne voulais pas... Je voulais juste me débarrasser d'Ivana. »
Regina, jusqu'alors silencieuse, explosa. « Te débarrasser d'Ivana ?! » Sa voix résonna comme un coup de tonnerre. « Tu as invoqué une entité comme Rio, la mort incarnée, juste parce que tu étais jalouse ?! »
David secoua la tête, le visage marqué par la déception. « Mary-Margarette, c'est horrible. Qu'est-ce qui t'a pris ? »
Mary-Margarette serra les poings, les larmes coulant sur ses joues. « Je sais que c'est terrible, mais je n'ai jamais voulu que ça aille si loin ! » cria-t-elle. « David, tu ne comprends pas ce que c'est... La jalousie. Voir quelqu'un que tu aimes, tomber pour quelqu'un d'autre... »
Emma leva une main pour l'interrompre. « Non, maman. On peut comprendre la jalousie, mais ce que tu as fait va au-delà. Tu savais à quel point Rio est dangereux. Tu savais ce que ça pourrait coûter. Et tu l'as fait quand même ?! »
Regina, de plus en plus en colère, sentit les ténèbres qu'elle avait tant essayé de contenir s'agiter en elle. Ses mains tremblaient légèrement, une lueur sombre s'allumant dans ses yeux.
« Tu n'as aucune idée du danger que tu as libéré ! » hurla-t-elle, sa magie crépitant autour d'elle. « Tu n'as pas seulement mis Ivana en danger, tu as mis toute la ville en péril ! »
Mary-Margarette recula, effrayée par l'intensité de la rage de Regina.
« Regina, calme-toi, » tenta d'intervenir David, mais Regina fit un pas en avant, son regard brûlant de colère.
« Calme-toi ?! » gronda-t-elle. « Tu veux que je reste calme alors qu'elle a littéralement ouvert les portes des enfers ?! » Sa voix se brisa légèrement, sa magie commençant à s'échapper de son contrôle.
Les ténèbres autour d'elle devinrent palpables, l'air s'épaississant dans la pièce. Emma, voyant l'état de Regina, fit un pas vers elle.
« Regina, regarde-moi, » dit-elle d'une voix ferme mais calme. « Ce n'est pas le moment. Tu ne veux pas redevenir celle que tu étais, n'est-ce pas ? »
La pièce sembla s'assombrir alors que la colère de Regina atteignait son paroxysme. Ses poings tremblaient, et une aura noire ondulait autour d'elle. La haine qu'elle avait toujours enfouie refaisait surface, incontrôlable.
« Après Daniel... ma mère... maintenant toi, Mary-Margarette ! Tu veux tuer Ivana ? » hurla-t-elle, sa voix empreinte de douleur et de rage.
Mary-Margarette tenta de reculer, le souffle court. « Regina... je suis désolée... » murmura-t-elle, mais ses mots furent coupés par le grondement de Regina.
« Des excuses ?! » s'écria Regina, son regard noir brûlant de rancune. « Tu as détruit ma vie, volé tout ce que j'aimais. Et maintenant, tu oses jouer avec la vie des autres ?! Tu es pire que ma mère ! »
Emma s'interposa, levant les mains dans un geste de paix. « Regina, écoute-moi ! Ce n'est pas toi. Ce n'est pas celle que tu es maintenant. Ne fais pas ça, je t'en supplie. »
Mais les paroles d'Emma étaient comme des murmures dans une tempête. Regina avança d'un pas, et d'un geste vif, sa main s'enfonça dans la poitrine de Mary-Margarette.
Mary-Margarette poussa un cri de douleur tandis que Regina tirait son cœur, brillant d'une lumière vacillante, hors de sa poitrine. La femme était encore en vie, les yeux écarquillés de terreur.
« Tu ne mérites pas de vivre après tout ce que tu as fait, » murmura Regina, ses doigts se resserrant autour du cœur battant.
David cria, se précipitant en avant, mais un mur de magie noire l'envoya valser contre un mur. Emma, horrifiée, se tourna vers Regina.
« Regina, non ! Si tu fais ça, il n'y aura pas de retour en arrière ! » hurla-t-elle, désespérée.
Mais Regina n'entendait rien. Les ténèbres avaient pris le dessus, et avec un cri de rage, elle écrasa le cœur entre ses doigts.
Mary-Margarette s'effondra, son corps s'écroulant au sol sans vie.Un silence de mort s'installa dans la pièce.
Regina resta immobile, le souffle haletant, ses mains tremblantes couvertes de cendres noires. Les ténèbres autour d'elle semblaient la dévorer.
Emma avança lentement, ses yeux remplis de tristesse et de peur. « Regina... qu'est-ce que tu as fait ? »
Regina releva les yeux, des larmes mêlées à la colère brillant sur son visage. « Ce que j'aurais dû faire depuis longtemps... » murmura-t-elle.
David, effondré, se traîna jusqu'au corps de Mary-Margarette, le secouant désespérément. « Mary-Margarette ! Non, non... » sanglota-t-il, mais il était déjà trop tard.
Regina tourna les talons, sa magie noire tourbillonnant autour d'elle alors qu'elle quittait la pièce. Sa voix résonna dans un murmure glacé avant qu'elle ne disparaisse :
« Vous devriez me remercier. Elle n'a que ce qu'elle mérite. »
Emma resta figée, regardant la silhouette de Regina disparaître. Elle savait que quelque chose venait de se briser, quelque chose qui ne pourrait peut-être jamais être réparé.
☆○o。  。o○☆
Lilia traversait le couloir, son intuition lui disant que quelque chose n'allait pas. Elle s'arrêta devant la porte de Lucillia et frappa doucement.
« Lucillia ? C'est moi, Lilia. Je peux entrer ? »
Aucune réponse, mais Lilia sentit une agitation derrière la porte. Sans attendre davantage, elle ouvrit la porte et trouva Lucillia assise au bord de son lit, la respiration saccadée, les mains tremblantes.
« Lucillia ?! » Lilia se précipita vers elle, s'agenouillant pour être à sa hauteur. « Qu'est-ce qui se passe ? Parle-moi. »
Lucillia releva les yeux vers Lilia, ses pupilles dilatées par la panique. « Je... je ne peux pas... » murmura-t-elle, la voix brisée. « C'est trop. »
Lilia posa ses mains sur celles de Lucillia, essayant de calmer ses tremblements. « Hé, respire. Je suis là. Qu'est-ce qui est trop ? »
Lucillia ferma les yeux, ses larmes coulant librement. « Gold... Il est mon père, Lilia. Mon père ! »
Lilia resta un instant immobile, le choc passant dans ses yeux, mais elle se reprit rapidement. « Lucillia... je suis là. Respire avec moi. Inspire, expire. Doucement, d'accord ? »
Lucillia secoua la tête. « Non, je ne peux pas ! Je ne peux pas gérer ça ! Pourquoi maintenant ? Pourquoi lui ? Et pourquoi je ne savais rien ?! »
Lilia serra doucement ses mains et s'assit à côté d'elle, passant un bras autour de ses épaules. « C'est beaucoup, je sais. Mais tu n'es pas seule. Regarde-moi. »
Lucillia ouvrit les yeux, croisant le regard de Lilia.
« Tu n'es pas seule, » répéta Lilia doucement. « Je suis là. Toujours. On va gérer ça ensemble, une étape à la fois. »
Lucillia hoqueta, sa respiration se calmant légèrement. Lilia posa une main sur sa joue, essuyant une larme du pouce.
« Tu n'es pas obligée d'affronter ça tout de suite, » dit Lilia d'une voix douce mais ferme. « Tu as le droit d'être bouleversée. Mais je veux que tu te souviennes de quelque chose : tu es forte. Tu as survécu à tellement de choses. Et maintenant que je suis là, je ne te laisserai jamais tomber. »
Lucillia éclata en sanglots, se blottissant contre Lilia. « Je ne sais pas quoi faire... » murmura-t-elle.
Lilia passa ses doigts dans les cheveux de Lucillia, la berçant doucement. « Pour l'instant, tu n'as rien à faire. Laisse-toi respirer. »
Lucillia resta contre Lilia, sentant la chaleur rassurante de ses bras et sa présence solide. Les battements de son cœur ralentirent peu à peu, et pour la première fois depuis des heures, elle se sentit en sécurité.
Lilia releva doucement la tête, son sourire tendre illuminant son visage alors qu'elle regardait Lucillia.
« Te voir sourire... » murmura Lucillia, ses yeux encore brillants de larmes, « ...me donne de l'espoir. »
Lilia sentit son cœur se serrer. Ces mots, si simples mais si profonds, la touchèrent au plus profond de son être. Elle tendit une main, hésitante, avant de la passer doucement dans les cheveux de Lucillia. Ses doigts glissèrent avec douceur, apaisant chaque fibre de tension qui restait en elle.
« Lucillia... » murmura-t-elle, son ton chargé de douceur et de sincérité. « Je serai toujours là pour toi, peu importe ce qui arrive. Tu n'as pas à tout porter seule. »
Lucillia ferma les yeux un instant, se laissant emporter par la sensation rassurante des doigts de Lilia dans ses cheveux. Elle inspira profondément, cherchant un ancrage dans la proximité de celle qui l'apaisait tant.
Lilia hésita, mais le regard vulnérable de Lucillia l'encouragea. Elle ouvrit ses bras, et Lucillia, sans réfléchir, s'y glissa.
Leurs corps se trouvèrent dans une étreinte douce, naturelle. Lilia resserra doucement ses bras autour de Lucillia, la maintenant contre elle avec une chaleur protectrice.
« Je suis là, Lucillia, » murmura Lilia, son souffle effleurant les cheveux de la jeune femme. « Et je ne vais nulle part. »
Lucillia s'accrocha un peu plus à Lilia, nichant son visage contre son épaule. Les battements réguliers du cœur de Lilia semblaient une mélodie rassurante, apaisant chaque panique qui l'avait envahie plus tôt.
« Tu sais... » commença Lucillia, sa voix tremblante mais empreinte d'une douce sincérité, « ...je ne sais pas comment je ferais sans toi. »
Lilia sourit, posant son menton sur le sommet de la tête de Lucillia. « Eh bien, heureusement, tu n'as pas besoin de le découvrir. Je suis là. Toujours. »
Lucillia releva légèrement la tête, leurs visages si proches que Lilia pouvait sentir le souffle de Lucillia contre sa peau. Un instant suspendu passa entre elles, rempli d'une émotion palpable.
Lucillia murmura, presque pour elle-même : « Avec toi, je me sens en sécurité. »
Lilia baissa les yeux vers elle, un doux éclat dans son regard. « Et c'est exactement ce que je veux. Que tu sois en sécurité. Que tu sois heureuse. »
Elles restèrent là, dans cette étreinte pleine de tendresse, les ténèbres du monde semblant loin, juste pour un moment. Pour Lucillia, c'était plus qu'un réconfort. C'était une promesse silencieuse que, peu importe ce qui arriverait, elle ne serait jamais seule.
☆○o。  。o○☆
La grande bataille finale éclata dans les rues de Storybrooke, les tensions palpables entre les deux forces opposées. Rio Vidal, la figure sinistre de la mort, s'avançait lentement vers Ivana, ses yeux remplis de rage. Les éclats de lumière et d'ombre s'entremêlaient dans l'air alors que Rio activait ses pouvoirs, créant une aura d'énergie sombre autour d'elle.
Ivana se tenait prête, ses pouvoirs à leur apogée, et sa détermination évidente sur son visage. Un vent glacé soufflait autour d'elles, tandis que les deux femmes se faisaient face, prêtes à s'affronter pour la vie ou la mort. Les éclats de lumière frappaient le sol avec une violence aveugle, les éclats d'énergie magique se heurtant avec fracas.
Rio, dans un cri de rage, lança une vague d'énergie noire en direction d'Ivana. Mais Ivana, concentrée, contre-attaqua avec une décharge d'énergie dorée, créant une explosion de lumière qui fit vaciller Rio quelques instants. La lutte entre elles se poursuivit, aussi intense que le vent qui soufflait dans les rues de Storybrooke.
Mais tout à coup, Rio dégaina son couteau. L'acier brillant scintillait sous la lumière du soleil qui se frayait un chemin à travers les nuages. Elle s'avança vers Ivana avec une lenteur menaçante. Le silence tomba, alors qu'un frisson d'horreur parcourait la rue. Rio, dans sa folie, était prête à tuer Ivana.
C'est alors qu'une voix pleine d'urgence éclata dans l'air.
« NON ! » hurla Agatha, son visage déformé par la peur et la colère. Elle courut vers la scène, son regard fixé sur Rio. « Il est hors de question que tu la tue, Rio ! »
Rio s'arrêta, son regard se braquant sur Agatha, un sourire cruel se formant sur ses lèvres. La jalousie, aussi noire que ses pouvoirs, se lisait dans ses yeux.
« Et pourquoi ça, Agatha ? » Rio siffla, sa voix remplie d'un mélange de rage et de frustration. « Qu'est-ce qu'Ivana a de plus que moi , hein ? Pourquoi la protéger à ce point ? »
Le silence s'étira alors que tous les regards se tournèrent vers Agatha. Elle n'hésita pas, son regard se durcissant, son cœur battant plus fort dans sa poitrine.
« Ce qu'Ivana a de plus, c'est son amour pour moi, Rio, » répondit Agatha, sa voix ferme et pleine de conviction. « Ce n'est pas juste une question de pouvoirs ou de forces. C'est l'amour, la loyauté, la connexion. Elle est là pour moi, tout comme je suis là pour elle. Et toi, Rio, tu as sacrifié ça tout en poursuivant cette jalousie aveugle. »
Les mots d'Agatha semblaient percuter Rio de plein fouet. Elle vacilla légèrement, une ombre de doute passant dans ses yeux, mais elle resta figée, prête à tout pour obtenir ce qu'elle voulait.
Mais Agatha, les yeux pleins de détermination, s'avança, prête à tout sacrifier pour Ivana. Elle savait qu'elle ne pouvait pas laisser Rio détruire ce qu'elle avait construit.
« Tu n'as aucune idée de ce qu'est l'amour, Rio. » Agatha plongea son regard dans celui de l'ombre incarnée. « Mais sache une chose : rien ni personne ne te permettra de détruire ce que nous avons. »
Le vent soufflait fort, emportant avec lui les dernières traces d'ombres. Le combat entre l'amour et la haine, la lumière et les ténèbres, atteignait son apogée.
La bataille faisait rage dans les rues de Storybrooke, l'air chargé de tension, d'énergie magique et de haine. Rio Vidal, furieuse et déchaînée, attaquait tout ce qui se trouvait sur son chemin, concentrant ses attaques sur Ivana, mais aussi sur les autres membres du groupe. Lucillia et Lilia étaient en première ligne, prêtes à défendre ceux qu'elles aimaient, mais la situation devenait de plus en plus désespérée.
Alors que Lucillia se battait avec une énergie féroce, protégeant ceux qu'elle pouvait, Rio, avec un sourire cruel, lança un coup brutal en direction de Lilia. Elle n'avait pas prévu de l'atteindre, mais dans le chaos, son attaque heurta Lilia de plein fouet.
Lilia s'effondra sur le sol, un cri de douleur échappant de ses lèvres, tandis que Lucillia se tournait brusquement, horrifiée par la scène.
« Lilia ! » cria Lucillia, son cœur battant à tout rompre. 
Elle se précipita vers elle, mais il était trop tard. Lilia était déjà gravement blessée, son souffle s'affaiblissant à mesure que le sang s'écoulait de ses blessures.
L'émotion de Lucillia la submergea. Elle n'avait jamais imaginé vivre un tel moment, perdre celle qui avait été sa lumière dans l'obscurité.
Mais Rio, implacable et immonde, souriait de plus en plus alors que la douleur et la panique envahissaient Lucillia. « Tu vois, Lucillia, l'amour n'est rien face à la mort. »
Le désespoir s'empara de Lucillia, mais dans ce moment de terreur, quelque chose de profond et de puissant s'éveilla en elle. Elle ferma les yeux un instant, la douleur de la perte de Lilia pesant lourdement sur son cœur. C'était comme si tout son être se brisait.
Et alors, dans un éclat de lumière pure, Lucillia sentit une énergie sacrée se diffuser en elle. Elle cria, une lumière intense jaillissant de son corps comme une explosion d'énergie divine. Un cri d'agonie, de rage, mais aussi de sacrifice. Lucillia se tourna une dernière fois vers Lilia, son cœur brisé.
La lumière qui émanait d'elle se concentra sur son propre être. Dans ce moment d'extrême douleur, Lucillia fit un choix ultime : échanger sa propre vie contre celle de Lilia.
La lumière de Lucillia enveloppa son corps, et, dans un instant suspendu dans le temps, elle sentit sa propre vie s'échapper, laissant place à la résurrection de Lilia.
Lilia, sur le point de rendre son dernier souffle, fut soudainement remplie d'une chaleur étrange. Elle inspira profondément, comme si elle retrouvait la vie elle-même. Son corps se régénérait, et l'obscurité qui l'avait engloutie se dissipait, laissant place à la lumière éclatante de l'amour.
Lilia ouvrit lentement les yeux, un souffle de vie nouveau l'envahissant. Elle regarda autour d'elle, ne comprenant pas d'abord ce qui venait de se passer. Puis, son regard se posa sur Lucillia, allongée sur le sol, les yeux fermés, comme si elle avait sombré dans un profond sommeil.
Mais Lilia sentit immédiatement une connexion. Elle comprit ce qui venait de se passer, et son cœur se serra.
« Non... » murmura-t-elle, s'approchant de Lucillia, les mains tremblantes.
Rio, maintenant témoin de ce sacrifice, se figea, ses yeux remplis de confusion et de frustration. Elle n'avait pas anticipé cette issue. La vie de Lucillia avait été échangée pour la sienne, un acte d'amour incommensurable.
Lilia, les yeux remplis de larmes, prit Lucillia dans ses bras, son souffle court et lourd. Elle la secoua doucement, espérant qu'elle reviendrait à la vie, qu'il était encore possible de sauver l'âme qui venait de s'éteindre.
Mais Lucillia ne répondit pas. Le prix avait été payé, et c'était le sacrifice ultime.
Dans un cri déchirant, Lilia hurla la douleur de la perte, mais aussi celle d'avoir vu l'amour triompher dans les ténèbres. Elle savait que, même dans la mort, Lucillia vivrait à jamais dans son cœur.
Et la bataille faisait rage autour d'elles, mais pour Lilia, la guerre était déjà perdue.
Le vent soufflait fort, emportant avec lui la tension palpable dans les rues de Storybrooke. Rio, ses yeux remplis de haine, se tourna lentement vers Ivana. Elle brandit son couteau, un sourire cruel sur les lèvres. 
« À ton tour, Ivana », dit-elle d'une voix glaciale, prête à mettre fin à la vie de celle qu'elle haïssait.
Ivana, bloquée, ne savait pas quoi faire, le sentiment d'impuissance envahissant son cœur. Elle savait qu'elle ne pourrait pas esquiver la lame, mais avant qu'elle puisse réagir, une silhouette se dressa devant elle.
C'était Agatha. Son regard déterminé, empli d'une violence intérieure, fixait Rio. Sans hésitation, elle se saisit du couteau de Rio, le regardant une dernière fois avant de le planter dans le cœur de Rio avec une force impitoyable. La créature d'ombre laissa échapper un cri de douleur avant de s'effondrer au sol, morte.
Le silence envahit la scène, et tous les regards se tournèrent vers Agatha. Elle se tenait là, le couteau dans la main, son visage marqué par la décision qu'elle venait de prendre. Mais, comme un dernier souffle de vengeance, les ténèbres s'échappèrent du corps de Rio. Elles s'élancèrent, noirs et enragés, directement vers Agatha. La puissance des ténèbres semblait vouloir l'engloutir, l'aspirer dans un abîme sans fin.
Agatha tomba à genoux sous la pression, son corps tremblant sous la force des ténèbres qui envahissaient son âme. « Non... non, je ne... » murmura-t-elle faiblement, se sentant submergée. Elle savait qu'elle ne pourrait pas lutter contre cette obscurité qui voulait la détruire.
Mais avant qu'elle ne puisse sombrer dans les ténèbres, un rayon de lumière, une magie pure, déchira l'air. Ivana, les yeux remplis de détermination, tendit les mains vers Agatha. Une explosion d'énergie magique jaillit de son corps, ses pouvoirs se concentrant sur Agatha, comme un bouclier protecteur.
Les ténèbres, voyant la lumière d'Ivana, se mirent à s'agiter frénétiquement, mais Ivana ne fléchit pas. Elle repoussa la malédiction de Rio avec toute la force de son amour pour Agatha. Les ténèbres, qui tentaient d'envahir Agatha, commencèrent à se dissiper lentement, se dissolvant dans l'air comme de la brume sous un soleil éclatant.
Finalement, après ce qui sembla être une éternité, les ténèbres se dissipèrent entièrement. Agatha se sentit soudainement libérée, son corps se détendant dans un souffle de soulagement. Les ténèbres n'étaient plus en elle.
Elle se tourna vers Ivana, son regard rempli de gratitude. Ivana la soutint, prenant ses mains dans les siennes. « Tu es en sécurité maintenant », lui dit-elle doucement, le cœur battant.
Agatha, les yeux embués de larmes, murmura : « Tu m'as sauvée... »
Ivana hocha la tête, un faible sourire sur ses lèvres. « Je ne laisserai rien ni personne te prendre, Agatha. Pas même les ténèbres. »
Le monde autour d'elles semblait s'être calmé. Le combat était terminé, mais la bataille intérieure que chacune d'elles avait menée restait gravée dans leur cœur. Elles s'étaient retrouvées, et ensemble, elles avaient surmonté l'impensable.
Le vent soufflait violemment autour de la scène où le chaos avait laissé ses marques. Lilia était accroupie près de Lucillia, le visage baigné de larmes. Elle caressait doucement les cheveux de la jeune femme, son cœur brisé par la perte de l'être qu'elle aimait. Les pleurs de Lilia résonnaient dans l'air lourd de tristesse, tandis que Gold, son père, se tenait derrière elle, les mains tendues vers Lucillia, essayant désespérément de sauver sa fille, d'inverser ce qui était irréversible. Mais rien ne fonctionnait. Ses pouvoirs, qui d'habitude faisaient des miracles, semblaient impuissants face à la tragédie qui frappait sa famille. Lucillia ne réagissait plus. Elle était froide et silencieuse, un vide total.
Agatha, à l'autre bout, serrait Ivana contre elle, son corps secoué par des sanglots. Elle avait vu la lumière quitter Lucillia, et avec elle, une partie d'elle-même. La douleur de la perte s'ajoutait à la terreur qu'elle avait ressentie en voyant son amie et bien-aimée se sacrifier ainsi. Elle ne voulait pas lâcher Ivana, de peur de perdre aussi cette partie de son âme. Ivana, les bras autour d'Agatha, tremblait mais se montrait aussi ferme, ne voulant pas voir l'angoisse envahir Agatha davantage. Ensemble, elles se tenaient, s'ancrant l'une à l'autre comme si leur union pouvait empêcher le monde de s'effondrer autour d'elles.
Puis, dans un souffle froid, l'air se troubla. Une lumière verte apparut, intense et vibrante, semblant jaillir des ténèbres elles-mêmes. Héla fit son entrée 
sa silhouette s'imposant avec une autorité glaciale. Ses yeux brillaient d'une lueur menaçante alors qu'elle observait la scène, son regard se fixant d'abord sur Gold, puis sur le corps sans vie de sa fille.
« Éloignez-vous de ma fille », ordonna Héla d'une voix glaciale, pleine de menace.
Gold, dont la douleur était encore plus vive que la rage qui bouillonnait en lui, se tourna vers Héla, les poings serrés. Il ne pouvait pas la laisser emporter Lucillia ainsi, ne pas laisser partir la seule famille qu'il avait retrouvée après tant d'années de souffrance.
« Tu n'as pas le droit de la prendre ! » cria-t-il, sa voix brisée par l'émotion. 
Il fit un pas en avant, mais sa magie semblait être impuissante contre la force de la mère.
Héla le regarda avec une froideur implacable. « Si je ne te l'avais pas laissée, c'est que je savais que tu causerais sa mort. »
D'un geste rapide et sinistre, Héla tendit sa main. Une lumière verte émanait d'elle, envahissant l'air autour d'eux, et dans un éclat de magie, elle s'empara du corps de Lucillia, l'élevant lentement dans les airs.
« Laisse-la partir ! » hurla Gold, mais Héla ne l'entendait plus
. Dans un souffle, elle s'éteignit dans un tourbillon magique, disparaissant avec le corps de sa fille. Laissant derrière elle un silence de mort.
Lilia, accroupie au sol, regarda en silence l'endroit où Lucillia avait disparu. Un vide immense se créa en elle. Le corps de la jeune femme n'était plus là. Il ne restait que la douleur, l'angoisse, et l'incompréhension. Ses larmes coulaient à flots, son cœur se brisant sous le poids de la perte.
Agatha serra Ivana encore plus fort, sentant son cœur se briser un peu plus avec chaque seconde qui passait. Elles ne pouvaient pas comprendre. Elles ne pouvaient pas accepter ce qui venait de se passer. Mais la réalité était là, froide et cruelle. Lucillia, leur amie, leur sœur, avait donné sa vie pour sauver Lilia. Et tout cela semblait maintenant être effacé par la magie d'Héla.
Mais dans l'ombre, une promesse se faisait silencieuse : cette guerre n'était pas finie.
‿︵‿︵ʚɞ『FIN』ʚɞ‿︵‿︵
Merci à tous d'avoir pris le temps de lire ce chapitre. Si vous avez des idée pour le prochain je prend !
6 notes · View notes
borisdunand · 3 years ago
Text
Je suis perdu. Ce que j'ai contacté hier. J'y ai encore été attentif. Et je suis avec ces questions : pourquoi je fais ce que je fais ? Pour qui ?Qu'est-ce qui me pousse à les partager ? En ai-je vraiment besoin ? A quel besoin ça répond ? Est-ce que ma façon de les partager peut répondre à ce besoin ? Comment j'ai envie de partager en fait ? Où ? Et je ne sais plus trop. J'ai des bribes. Est-ce que c'est satisfaisant ? Non, oui, parfois. De très rares fois il me semble. Mais quelles autres options ?
Et est-ce que j'aurais parfois envie de monter une vidéo brut, souvenir, de ne rien chercher dedans, bric brac broc, les sons, pas de musique, la vie en brut, et voilà, c'est fait… Comme ces "crêpes en famille"... sans doute, mais est-ce que je peux me permettre de sentir ça ? Je ne crois pas, je devine qu'il y a quelque chose de cet ordre autour des vidéos des vacances, sans en être sûr. Je devine aussi que l'intensité des exigences font que le jeu de construire quelque chose est ruiné, transformé en tâche pénible. Les deux se mélangent.
Et je panique ? Un peu. Tous mes repères s'effondrent. Je dirais que le mot panique est fort, dans le sens où je n'ai pas d'angoisse ou d'anxiété au premier front, mais en fait si je suis très attentif et que je me tourne vers l'intérieur, le non visible, il y a bien de la panique. C'est le coeur de ma vie, ces créations, ma raison d'être. Quand je ne sais plus qu'en faire, comment m'y prendre, c'est assez violent.
Tumblr media
Je sens et sais une chose, une ou deux choses : le plaisir est accessible. Le plaisir de faire, d'avoir un appareil dans les mains, une feuille devant moi, la vibration du chant dans la gorge (même si je ne joue plus). Mais oui, il me vient quelque chose : même ma vidéo que j'estime comme la plus jolie de mes récentes, « la disparition des couleurs », ne passe pas la rampe : j'ai eu pendant, à la fin et encore maintenant, une voix qui me dit : si tu y mettais 3 mois de boulot, si tu prenais le temps, si tu prenais le temps de bien choisir le développement des plans, d'être 100 % sûr des mots que tu as choisi, si tu enlevais chaque plan qui n'est pas absolument impeccable et le remplaçait par un autre plus réussi, ce film serait une perle à présenter de façon plus sérieuse, une pièce à succès, à reconnaissance, une pièce sérieuse. Et je ne sais pas quoi lui répondre à cette voix. Je suis à la fois d'accord et pas d'accord. Encore une fois : j'ai reçu un prix, une troisième place, pour un film infiniment moins abouti en terme de visuels et d'écriture. La valeur n'est pas seulement là où moi je la vois. Je repense à « Le filmeur » d'Alain Cavalier, et je me dis que je suis à côté de la plaque, complètement à côté de la plaque quand je n'élis comme digne de valeur que la qualité des images, le choix des musiques, la qualité du son, la profondeur et la justesse du texte – rien de tout cela n'est au premier plan dans ce film de Cavalier, pourtant il vient me toucher dans une intimité, un lien à l'autre, un cocon à soi, une conscience de la famille, une poésie de chaque instant… Et au fond, est-ce que ce n'est pas exactement cela qui moi m'intéresse aussi, que je trouve beau, important, précieux. Qu'est-ce que j'en ai à foutre du piqué de mon image, sérieux ?! Ce n'est pas mon propos, et c'est comme s'il fallait sans arrêt que je me le rappelle.
(hier, j'ai posté ma diatribe sur tumblr, juste pour voir, je crois que je sais que ça n'intéresse personne, mais moi quand je lis le journal créatif et réflexif du mec de la radio : Jean-Guy Coulange (« je descends la rue de Siam »), je trouve ça passionnant, j'adore, et hormis le fait qu'il soit en train de réaliser des mandats professionnels, que son ouvrage est édité, rassemblé, compact, cohérent, je ne vois pas la différence d'avec ce que je produis en terme d'interrogations sur l'acte créatif.)
J'ai l'impression de faire toujours la même chose.
J'aimerais qu'on m'interroge, qu'on m'oblige à articuler tout ça en parole. Pour que je me rende compte que j'ai des compétences, j'ai une réflexion, j'ai une démarche. Tout seul dans ma bulle, je n'en sais rien. Seul le grand castrateur est là pour me donner des informations sur ce que je fais.
Est-ce un travail que je réalise ? Est-ce que je participe au monde à ma façon ? Est-ce que j'apporte quelque-chose, et si oui, quoi ?
Tumblr media
Sans doute que c'est très très niche. Qui connaît Alain Cavalier, Ross McElwee ? Pas grand monde. Déjà que c'est compliqué d'octroyer de la valeur à ce que je fais, quand je dois en plus en faire la présentation sur les vitrines du web, ça me fout dans une sale position, sérieux. Même si c'est évidemment intéressant, mes tripes ne sont pas ravies.
Je me demande si la perspective de partager ces réflexions (sur tumblr), toute fraîche du moment (je n'ai pas commencé à écrire en pensant le refaire)… en fait non, je ne me demande pas, je découvre que ça me permet de les prendre au sérieux, de les considérer comme quelque chose.. comme quelque chose !! C'est dingue, de les considérer quoi… Et comme quelque chose de... (oh c'est complexe, j'ai plusieurs pensées en parallèle là)… du coup je trouve intéressant, du coup ce n'est plus du temps volé à ma créativité, du coup ça ne sert plus à rien, du coup ça déjoue l'exigence qui veut que chaque minute de cette matinée soit rentabilisée pour avancer mes petites œuvres : ça rendre dans le cadre, ça devient une petite œuvre, du coup ça m'ouvre la voie, du coup besoin, plaisir, envie d'être là-dedans se nourrissent mutuellement et nourrissent ma pensée, mon écriture, ma logorrhée que sans doute entre zéro et 3 personnes liront. Partager, montrer, rendre visible, donne existence. Je dirais quelque chose comme ça.
(il y a sans doute des fautes d'orthographe dans ces textes, je prends le risque de les partager sans en faire une relecture attentive)
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dylan--richardson · 7 years ago
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It feels like love | Addison&Dylan
Où?: Chez Dylan, petit appartement au centre de Seattle.
Quand?: Vers 20h30, ce vendredi soir.
Qui?: Addison Berlinsky et Dylan Richardson (et évidemment son petit chien Myk).
"Myk, assis!" Une voix autoritaire retentit de la gorge de Dylan, à qui on ne connaissait pas ce côté imposant. Visiblement, son chien, Myk avait l'air content d’accueillir une nouvelle personne dans le petit appartement qu'il occupait avec sa maîtresse. Maîtresse qui avait d'ailleurs mit le paquet ce soir. Elle avait rangé l'appartement de sorte à ce qu'il soit impeccable. Addison était habituée au luxe, et déjà qu'elle allait avoir un choc face à cet espace, il fallait au moins qu'elle lui donne l'air bien entretenu. Des bougies parfumées senteur violette étaient répandues sur la petite table qu'elle avait disposé dans son "salon" qui en fait était tout: chambre, pièce à vivre, cuisine, bureau... Elle avait remis droit le paravent qui lui permettait d'avoir une once d'intimité dans son "espace chambre", la multitude de livres qui traînait avait finalement retrouvée une place dans sa bibliothèque. Et les plans de travail de sa cuisine était recouverts d'entrées servies joliment dans des assiettes dorées. Elle n'attendait que la tourte au poulet (qui, elle le savait, était le plat préféré de la belle blonde), qui finissait de cuire dans le four, pour mettre la table. Myk sautait dans tous les sens quand Addison passa la porte. Plaçant timidement une mèche de cheveux derrière son oreille, Dylan dit avec un sourire un peu crispé: "Bienvenue chez moi!" Ne sachant pas vraiment ce qu'Addison allait penser.
Après avoir passé l'après midi à choisir comment s'habiller, Addison avait parcouru la moitié de la ville à la recherche de la bouteille de vin parfaite pour cette soirée. Un vin de France, blanc et doux. C'est au bout d'une heure et demie de recherche qu'elle avait trouvé son bonheur. Le prix importait peu, elle en avait pris donc trois. C'était la première fois qu'elle était invitée chez quelqu'un pour qui elle avait de l'estime, et elle voulait que tout se passe bien. En bas de l'immeuble de la jeune maladroite, Addy ne pouvait plus contenir son stress et elle s'assit sur les marches, en profitant pour griller sa dernière cigarette de la soirée. Elle n'avait qu'une hâte c'était de rencontrer Myk, mais Addison le savait l'appartement de Dylan était exiguë et bien que la taille ne gênait pas, la proximité avec la belle brune risquait de la gêner. La blonde jeta sa cigarette et rentra dans l'immeuble. Appartement 24, Dylan Richardson. La blonde toqua poliment, puis ouvrit la porte. "Myk! Viens par là mon beau!” Addison adorait les animaux, mais son père avait toujours refusé qu'elle en ait un. La blonde s'accroupit, et elle tendait la main afin de se faire accepter sur le territoire du jeune mâle. L'acceptation fût rapide et Addison se releva faisant face à la belle brune. Elle s'approcha et déposa un tendre baiser sur la joue de celle ci. "Merci de ton invitation" dit Addy avant de reprendre "Ton appartement est très charmant". La blonde tendit le sac contenant les bouteilles et une petite surprise. "J'ai pensé que ça lui ferait plaisir, c'est un os à rogner" dit Addison avec un large sourire.
Un sourire tendre prit place sur les lèvres de Dylan, regardant son chien sympathiser de manière si adorable avec son amie. Elle reçut le baiser sur la joue avec un nouveau sourire, mais ses yeux s'écarquillèrent quand elle entrevit les bouteilles de vin qu'Addison avait ramené. Dylan ne s'y connaissait pas beaucoup, mais à en juger par la date sur les bouteilles qu'elle apercevait à l'intérieur du petit sac, ça lui avait l'air hors de prix. Mais elle savait qu'Addison était du genre à faire ces folies, alors elle se contenta de la remercier vivement sans ne rien redire sur le prix. "Wow, c'est génial Addison, merci beaucoup. Ce vin a l'air délicieux." Addison avait l'air honnête, l'appartement n'avait pas l'air de lui déplaire, et il faut avouer que Dylan qui appréhendait en était ravie. "Merci, ça me fait vraiment plaisir." Myk avait l'air aussi ravi qu'elle de la venue de la blonde finalement, il se saisit de son os et partit en courant s'installer dans son panier le grignoter. "Et merci pour lui, il a l'air ravi." Son sourire ne s'estompant pas, elle partit se saisir de son ouvre bouteille. "Et si on se servait un verre? Je ramène l'apéritif sur la table en même temps." Elle posa les trois assiettes, chacune contenant un apéritif différent: pain de campagne grillé recouvert de tapenade provinciale, pain toasté recouvert de caviar d'aubergine, et le dernier étant des amuses bouches feuilletés saucisses. Une fois le tout apporté, elle déboucha ensuite la bouteille pour servir deux verres. "Le plat est dans le four, j'ai fait une tourte au poulet. Tu m'as dis que c'était ton plat préféré la dernière fois."
"Avec plaisir, j'ai passé l'après midi pour trouver ces bouteilles, je pense que ce vin va te plaire" dit Addison en allant s'asseoir. Du coin de l’œil, Addison tout sourire observait Myk grignoter son os. Les yeux de la blonde s'arrondirent en voyant arriver les trois assiettes d'apéritif. "Tu t'es vraiment surpassée, tu n'étais pas obligée de faire autant. Mais je suis heureuse que tu l'aies fait, j'ai vraiment très faim " dit la blonde avec un large sourire, qui s'estompa dès l'annonce du plat. "Merci beaucoup, ça me touche que tu aies préparé ce plat, que tu m'aies écouté." dit-elle en se forçant à sourire. Ce plat avait une grande valeur sentimentale pour Addison. "Oui tu as raison, c'est mon plat préféré à vrai dire, c'est le plat que me préparait ma mère quand j'étais enfant, c'était une sorte de rituel, quand j'étais triste, j'avais droit à une tourte au poulet..." Addison récupéra son verre de vin et le leva "A cette soirée qui ne fait que commencer!"
"Il fallait pas te casser la tête comme ça!" Autant dire que Dylan trouvait plus qu'adorables les efforts qu'avait fait Addison pour lui faire plaisir. Elle avait fait de même à dire vrai, et voir qu'Addison aussi était contente lui faisait encore plus plaisir. "Ca tombe bien alors! J'espère que ça te plaira." Elle rajouta en prenant un amuse bouche en totalité dans sa bouche. En sentant le ton d'Addison devenir un peu frêle, elle avala son roulé-saucisse à peine mâché. Elle sentait que quelque chose n'allait pas et elle pensait trop bien deviner quoi. "Elle le faisait... C'est à dire...? Que?..." Elle demanda hésitante, ne sachant pas trop dans quoi elle mettait les pieds, ayant un peu peur d'éveiller quelque chose de particulièrement difficile. Elle sentait qu'Addison changeait de sujet et esquivait. Mais elle n'arrivait pas à faire comme elle, ignorer ce qu'elle avait dit avant. Alors elle se contenta de trinquer son verre contre le sien sans rien dire de plus.
Addison n'avait pas l'envie de répondre à la question de Dylan. D'une part parce qu'elle savait que ça amènerait d'autres questions, et d'autre part parce qu'elle ne voulait pas que des blessures du passé viennent interférer avec son bonheur présent. Se mordillant les lèvres, Addison regarda Dylan dans les yeux, et acquiesça. Elle savait que la brune comprendrait. "Je crois que Myk a fini son os?" dit la blonde en sentant le chien se coller contre elle. Elle le caressa avant de relever la tête vers sa jeune amie. "Tu as dû mettre un temps fou pour tout préparer... non?" dit Addy avant de prendre une gorgée de vin. Voyant la brune boire sa première gorgée elle s'inquiéta "Alors il te plaît?". Tout en attendant la réponse, Addy prit une tranche pain toasté recouvert de caviar d'aubergine et croqua à pleines dents. Les yeux de la blonde s'élargirent et elle lança: "Mais c'est vraiment trop bon!"
Voyant la réaction d'Addison; qui était trop importante pour qu'elle tente d'en savoir plus, Dylan s'abaissa encore pour cette fois. Si jamais elle devait en savoir plus au sujet de la mère de la belle, ce serait parce que cette dernière le décidait. Elle se contenta de lui lancer un regard compatissant. Elle comprenait mieux maintenant le comportement d'Addison. Au fur et à mesure qu'elle en apprenait sur elle, elle voyait se dessiner les traits d'une jeune femme effrayée par l'amour, parce qu’elle avait du en manquer. Les traits d'une jeune femme qui avait du passer une part de sa vie bien seule. Tout comme Dylan. Mais à la différence, Dylan était restée seule par choix. Addison, elle, n'avait rien choisi. Dylan décida alors de lui laisser l'opportunité de changer de sujet sans subir ses remontrances. Myk venait de tendre la perche parfaite à la belle blonde. "Ca a l'air de lui avoir plu. Et il a l'air de beaucoup t'apprécier." Le chien s'étala un peu plus sur l'amie de Dylan, et un rire s'échappa de cette dernière. "Non c'était pas très long à vrai dire. Puis, vu que je faisais ça pour toi, j'ai pas compté." Elle dit avec un sourire entendu. Buvant une gorgée de vin, ses yeux se mirent à pétiller. Comment ne pas aimer? Le vin était doux, fruité, sucré, et faisait en bouche comme une sorte de caresse. "Mon dieu, oui. J'adore. C'est vraiment délicieux. Merci Addy." Elle dit à la fois très reconnaissante et un peu gênée d'imaginer le prix de la merveille qu'elle venait de boire. Elle allait le savourer, ce vin... Au moins, ça lui éviterait d'être ivre trop vite. Elle prit le compliment qu'envoya Addison avec une certaine fierté, c'est pourquoi elle s'empressa de renchérir: "Meilleur que tes lasagnes, ça c'est sûr." Elle ria, et puis ses pensées repartirent vers une de leur précédente conversation: "Bon et si on commençait le jeu dont on a parlé hier? Tu sais? Celui des questions. On commence sur des trucs basiques évidemment."
Addison était reconnaissante que Dylan accepte de ne pas poser de question sur sa mère. La blonde ne pouvait s’empêcher de sourire. Elle était heureuse que la brune prenne de son temps pour lui faire plaisir et c'est aussi pour ça qu'elle redoutait tant la réaction de la maladroite face à ce vin. Elle l’apprécie, merci seigneur, pensa la blonde. “Tu as bien raison. Rien n’est pire que ma cuisine, je crois.” dit Addy en riant. "Tu ne veux pas perdre de temps ça me plaît. On a qu'à commencer de suite alors". Addison piocha dans une autre entrée et dégusta avec un certain plaisir le met qu'avait préparé Dylan. "Je commence alors Dylan.. Qui est ton chanteur ou groupe préféré?", un sourire se dessina sur la bouche de la jeune blonde qui appréciait le fait d'en apprendre plus sur la maladroite, pour qui elle était prête à plus qu'elle ne l'avait été envers quiconque.
"Ce jeu pourrait durer très longtemps, alors il vaut mieux." Elle dit avec un léger rire. Dylan s'installa un peu mieux sur le canapé. Elle reprit de quoi grignoter, sirotant en même temps son verre en essayant de ne pas boire trop vite. La question la fit sourire, et bien qu'elle n'ait pas honte de ses goûts, elle le dit avec une petite crainte. "Chanteur j'ai pas. Mais chanteuse oui, sans hésitation Halsey. Et groupe je dirais... Cigarettes After Sex?" Elle rajouta un peu gênée. "Je suis super romantique, d'accord." Elle réfléchit un instant pour la question qu'elle va poser à Addison, question importante pour elle parce que la littérature et la lecture étaient part importantes de sa vie: "Dis moi ton livre préféré."
Addison buvait son vin et à la réponse de Dylan, elle se mit à sourire. "Tu as de très bons goûts." reprit-elle avec un clin d’œil. Elle se replaça afin d'être face à Dylan. “Oui, tu m’as l’air d’être quelqu’un de romantique.” souffla la blonde avec un léger rire. Elle piocha dans la dernière entrée et dégustait chaque bouchée de ce dernier met. Mon livre préféré.. pensa Addy en se mordillant la lèvre. "Eh bien.. je pense que c'est.. La princesse de Clèves de Mme La Fayette" ajouta t-elle avec un sourire. "Ca te surprend?" dit la blonde. Addison réfléchissait à sa prochaine question, "Si tu pouvais vivre n'importe où sur Terre, ce serait où?".
"Ne te moque pas d'accord? Je suis une fleur bleue qu'est-ce-que tu veux!" Elle dit avec les joues légèrement roses. A la réponse d'Addison ensuite, les yeux de Dylan s'ouvrent un peu plus. Addison devait remarquer sa surprise, vu la question qu'elle avait posé. "Oui j'avoue un peu. C'est de très bon goût et j'adore ce roman. Mais je savais pas que tu connaissais un peu la littérature française." Elle dit avec un air très étonné. Mais c'est comme si la réponse la faisait aimer un peu plus Addison, parce qu'elle affectionnait ce roman elle aussi. Le sentiment de partage était agréable, qu'elles avaient quelque chose en commun en plus, qu'elles avaient déjà partagées quelque chose, oui. "Hmm... Actuellement, j'aimerais être en italie, dans un restaurant en bord de mer, en train de manger une énorme pizza." Elle dit en rêvassant. Le téléphone de Dylan vibra 3 fois d'affilées dans la poche arrière de son jean, assez pour la déranger. Elle regarda alors ce qu'il y avait dessus. Trois messages de Michael. "OMG on vient de me dire que ta copine trop canon était en couple" / "Avec une meuf aussi canon qu'elle" / "Mon dieu est-ce-que t'as déjà vu sa copine?? Elle est vraiment trop trop belle! Alexis Miller!! Elle est dans ma filière!" ... Hop! Un quatrième message! "Je suis gay mais sérieux même moi j'aimerais me la faire." Les dents de Dylan se serrèrent très fort ensemble, quand elle tentait de contenir la violente vague de colère qui était montée. Elle avait suivi une vague d'une demie seconde appelée tristesse. Et allait suivre maintenant une vague plus violente qu'on appelait vengeance. Putain, quand est-ce-qu'elle comptait me le dire, Dylan pensa encore plus énervée. Elle ne savait pas si c'était ce qui l'énervait le plus, ou alors le fait que finalement la fille qui ne s'engageait pas s'était engagée avec quelqu'un d'autre qu'elle. Non, ça, ça la rendait surtout affreusement déprimée. "Ma question maintenant, Addison. A combien de filles tu as brisé le coeur?" Son ton était devenu sec maintenant, son énervement était perceptible bien qu'elle le cachait derrière un sourire.
"Je ne me moque pas! Promis." ajouta Addison en souriant. "Un jour tu iras en Italie, et tu mangeras tellement de pizzas que tu pourras même plus y penser." dit la bonde en riant. Le téléphone de Dylan vibra à de nombreuses reprises, et celle-ci sembla étrange après en avoir vu la raison. Addison vit la mâchoire de Dylan se contracter et à l'écoute de sa question elle en avait le cœur net, quelque chose n'allait pas. "Je ne suis pas sûre de bien comprendre la question... Tout va bien?" s’inquiéta la blonde tendrement, elle déposa sa main sur celle de Dylan la serrant pour la réconforter. Dylan semblait lui en vouloir mais la blonde ne comprenait pas pourquoi... "J'ai dit ou fait quelque chose de mal?"
Dylan se contenta de répondre par un hochement de tête froid aux remarques bienveillantes d'Addison. Quant à ses questions... Elles éveillaient encore plus la colère de Dylan, qui tentait de ne pas perdre son calme. Elle jeta un œil noir à la main que la blonde avait posé sur elle. "Répond à la question et après on parlera de ça, d'accord?" Elle dit en tentant d'être un peu moins froide, saisissant la main de son amie gentiment bien qu'au fond elle n'en avait pas envie.
Le regard noir de Dylan n'échappa pas à la belle blonde. Mais Addison décida de laisser sa main où elle était, elle voulait prouver qu'elle était là pour la maladroite quoi qu'il arrive. "Et bien... A vrai dire je ne sais pas... Je ne tiens pas de compte." La froideur dans la voix de Dylan donnait des frissons à la blonde. Elle regarda Dylan: "Ma puce... qu'est-ce-qu'il se passe...?"
C'était en train de bouillir et Dylan était prête à exploser. Tu n'as pas tenu de compte... Mais quelle garce, elle pensa à cet instant. Elle savait bien qu'Addison était manipulatrice avec les filles, mais quand ça lui retombait dessus c'était autre chose. Et pas ce surnom par pitié... Dylan allait sérieusement devenir folle. Et ça commençait maintenant. "Allez, une autre question pour toi Addison. Quand est-ce-que tu comptais me dire que t'étais en couple?" Elle allait la laisser s'expliquer, mais si la réponse qu'elle recevait ne convenait pas, elle allait attaquer. Même si la réponse était recevable, d’ailleurs. En fait, elle allait attaquer quoi qu'il en soit.
La réponse qu'avait donné Addy rendait furieuse la brune, elle le voyait et s'en voulait déjà. La jeune blonde se décomposa quand elle comprit que Dylan savait pour sa relation avec Alexis... Les joies de la popularité, pensa-t’elle. Elle lâcha la main de Dylan et ne sachant plus où se mettre, elle se leva et se rendit vers la cuisine. Elle chercha son sac à main et l'ouvrit en quête d'une cigarette tout en disant: "Je... J'attendais le bon moment pour t'en parler..." Elle se sentait terriblement mal, elle culpabilisait autant que si elle avait trompé la maladroite.
 Oh putain. C'était la seule pensée nette qui traversa le flot de pensées colériques du cerveau de Dylan. Elle allait parler. C'était son moment, et elle espérait qu'Addison allait s'en souvenir. "Non mais tu te fous de moi, Addison?" Elle regardait la blonde, en laissant un temps comme si elle allait lui laisser reprendre la parole. Mais non, elle allait continuer. "Dis, tu te fous de moi? Tu penses que ça me fait quoi déjà de savoir que tu es en couple? Imagine ensuite que je l'apprenne par quelqu'un d'autre." Elle se tut un instant, et finalement la colère s'estompa un peu pour laisser venir la réalité de la situation: qu'elle se sentait surtout très triste parce qu'elle n'avait pas envie qu'Addison puisse s'attacher à quelqu'un d'autre. "Ce qu'on a vécu t'as pas fait prendre conscience de l'ampleur de ce qu'on ressentait l'une pour l'autre? Enfin de ce que je ressens du moins parce que peut-être que je suis qu’un jouet de plus. Un autre truc que tu vas goûter puis jeter. Qu'est-ce-qui me prouve finalement ton honnêteté? Rien."  Elle dit ça tout en appuyant fermement sur le “rien”, regardant Addison  droit dans les yeux. Elle espérait lui avoir fait mal, parce que si Addison avait accordé sa confiance à Dylan, Dylan avait envie de lui montrer que pour l'instant elle n'avait aucune raison d'accorder la sienne. "J'ai presque trompé mon copain à cause de ce que tu provoques chez moi. J'ai passé peut-être la pire journée de ma vie après notre soirée la dernière fois. Et toi, quoi? Tu te mets en couple comme si tout ça était pas déjà assez difficile? Pourquoi bon sang? Tu ressens vraiment quelque chose pour cette fille? Parce que dans ce cas là tu jouerais avec moi donc autant me le dire."
La blonde reçut les paroles les unes après les autres, avec la même intensité. Elle essayait de répondre mais elle comprenait qu'elle n'avait aucune chance de parler avant que Dylan n'ait fini. Addison comprit qu'elle avait merdé et rejoignit la brune sur le canapé. Elle s'assit à ses côtés et l'écouta. Jusqu'à son dernier mot, encaissant chaque phrase sans broncher. Elle n'était sûre que d'une chose, elle avait blessé la seule personne pour qui elle avait jamais ressenti quelque chose. Et au vu de la réaction de Dylan, elle aussi ressentait quelque chose de bien plus fort qu'elle ne voulait l'admettre. Les phrases de Dylan étaient faites pour lui faire mal, elle le savait. Mais bien qu'elle le sache, cela l'affectait terriblement. Elle avait l'habitude d'être critiquée mais jamais par quelqu'un à qui elle tenait. "Dylan, écoute-moi.. je suis vraiment désolée.. S'il-te-plaît... Je sais que j'ai mal agi, mais c’est la première fois que je ressens des sentiments envers quelqu'un. Alors oui j'ai merdé, je suis terriblement désolée de t'avoir fait du mal, mais je ne sais pas comment il faut faire. Non évidemment je ne ressens rien pour elle, il n'y a que toi qui occupe mes pensées. Bien sûr que non, tu n'es un putain de jouet pour moi! Merde tu ne vois pas ce que je ressens pour toi? Je me suis mise en couple parce que tu l'es aussi et que ça me tue de savoir que tu embrasses quelqu'un d'autre et que cette personne te touche." Addy secoua la tête, marqua une courte pose avant de poser ses deux mains tremblantes sur celles de la jeune maladroite. Elle reprit:  "Je ne joue pas avec les sentiments, du moins je n'ai jamais joué avec les tiens.". La belle blonde plaqua ses lèvres contre celles de Dylan, elle n'attendait que cela depuis leur dernier baiser. Addison le savait elle était amoureuse de cette fille. Alors elle souffla à son oreille "Je ..." avant de l'embrasser de nouveau. S’il elle l’avait pu, Addison aurait continué. Mais ces mots n’étaient jamais sorti de sa bouche.
Elle essayait d’y croire, d’encaisser les excuses de la belle blonde, mais c’était difficile. La jalousie s’en mêlait, et même si Dylan voulait absolument croire qu’Addison ne ressentait rien pour cette fille: c’était quand même avec elle qu’elle était. Evidemment, elle voulait être la seule pour Addison. Mais Addison voulait aussi être la seule pour elle. Alors elle comprit quand même ses explications, et au fur et à mesure que les propos d’Addison avançaient, elle se disait qu’à sa place elle aurait fait pareil. Elle avait encore des choses à lui reprocher, et elle était encore méfiante, mais grâce à ses quelques mots Addison avait réussi à faire disparaître sa colère. Et grâce à un geste elle réussit presque à faire revenir une partie de la confiance que Dylan avait placé en elle. A ce baiser, elle s’abandonna. Elle savait pertinemment que c’était mal ce qu’elle faisait, mais ce qu’elle ressentait pour cette fille avait un pouvoir sur elle tellement puissant qu’elle n’arrivait pas à se résoudre à arrêter. Une fois que leurs lèvres se décollèrent elle fit une ultime requête, qui serait la seule réponse à tout ce qu’Addison lui avait dit précédemment. Une requête, qu’elle savait, allait absolument briser la totalité des règles qu’elle s’était fixées et briser la vision qu’elle avait d’elle-même. « Alors maintenant, prouve-le moi. »
Prouve le moi... se répéta Addison, elle n'était pas sûre de bien comprendre mais lorsqu'elle vit la lueur dans les yeux de Dylan, elle sut. Addison continuait d'embrasser la brune lorsqu'elle l'enjamba, se retrouvant à califourchon sur celle-ci. Dans cette position les baisers se firent plus intenses, plus provocateurs. Les vas-et-viens de son bassin contre celui de Dylan, firent pousser un gémissement à la brune. Addison caressait le visage de celle-ci, quand elle passa sa main sous son t-shirt. La belle blonde décrocha ses lèvres afin de regarder Dylan dans les yeux, elle devait savoir si elle était prête, si c'était ce qu'elle désirait. Dylan se cambrait de plaisir, alors Addison l'embrassa, encore et encore. Elle enleva le t-shirt de la jeune maladroite et embrassa son cou, son épaule et elle descendit jusqu'à sa poitrine. Elle l'embrassa et puis elle embrassa plus bas, puis encore plus bas jusqu'à se retrouver au bouton du jean de la brune. Elle le déboutonna, rapidement, aisément. Addison désirait Dylan plus que n'importe qui sur terre, et elle essayait de lui faire ressentir ce désir, ces sentiments qu'elle ressentait. Addison se releva soudain, elle avait envie de lui crier ses sentiments, mais elle en était incapable. La peau d'Addison frissonnait sous les caresses de la brune, et le plaisir unissait les deux corps.
C'était ce qu'elle voulait depuis l'instant où elle avait vu Addison. C'était elle, toute entière. Et même si pendant un instant ses pensées s'évaporèrent vers la culpabilité de l'infidélité qu'elle faisait à Noah, la blonde la ramena tout de suite à elle. Son toucher était comme électrique, plus excitant que ce qu'elle avait jamais vécu, et elle en était presque tremblante. Elle lui laissa prendre les devants, et se laissa aller au plaisir que lui donnait Addison, plaisir qui se faisait croissant au fur et à mesure de ses caresses. Se redressant, elle saisit la main de la blonde pour la conduire jusqu'à son lit. Ses lèvres se retrouvèrent à nouveau sur les siennes, et leurs baisers se faisaient pressant, demandant. Comment quelque chose de mal pouvait-être aussi bon? Rapidement, ce fut au tour d'Addison de se débarrasser de ses vêtements. Les mains de Dylan vinrent faire les contours du corps de la belle blonde, pour le connaître, l'apprendre, le mémoriser. Leurs deux corps se joignirent maintenant sur le lit, pour Dylan les sensations étaient neuves, différentes, mais aussi meilleures. Et tout ça était tellement plein... d'amour. Et elle reconnut à cet instant que c'était ce qu'ils y avaient entre elles, de l'amour, elles s'aimaient, et c'est ce qui rendait tout ça aussi spécial, parce qu'elles faisaient l'amour, et elles s'aimaient. Désespérément, et quand elles se donnèrent l'une à l'autre, tout était désespéré, passionnel, vrai, pensa Dylan. Ce qu'elle ressentait était si réel, si tangible, si incroyable et vivant, qu'elle ne doutait plus maintenant de la nature de ce qu'elle éprouvait pour Addison.Je suis amoureuse de toi, elle pensa sans le dire, les yeux dans les yeux avec la belle blonde nue contre elle.
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somestoriessomewhereelse · 7 years ago
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Le Club
Ce devait être une soirée comme les autres. C'était loin d'être le premier dîner, et a priori ce ne sera pas le dernier.
« Nous sommes à présent au complet. Je suis le Docteur Lenoir, et je vous souhaite la bienvenue chez moi. Vous savez tous pourquoi vous êtes ici, alors profitez de l'excellent repas qui vous sera servi, et... de tout le reste, bien sûr. »
 Et pourtant, cette nuit là fut différente. Pourquoi ? Oh, à vous de deviner.
 ***
 La nuit tombe. C'est le seul point commun à tous les événements du genre : interdiction d'arriver avant le coucher du soleil, et interdiction de repartir après l'aube. Tout se passe la nuit et sur une seule nuit. Le club s'appelle ''Le Club" : inutile de donner plus d'information que cela. D'ailleurs, les membres ne seront pas plus loquaces – enfin, si : ils parleront beaucoup, mais diront peu. La vérité, rien que la vérité, et toute la vérité, on laisse ça sur le paillasson. Tous auront une fausse identité, à commencer par moi. Dame Bianca. Il n'y a qu'une chose à savoir sur moi : c'est moi qui ramène le petit nouveau. Je les aime jeunes, frais, innocents : tout ce que je ne suis plus.
 La recrue du soir, c'est le charmant rouquin au regard émeraude. Monsieur Sapin, à supposer qu'il soit assez vieux pour qu'on l'appelle ''Monsieur''. Il est en charge de nous divertir, de toutes les façons possibles. Et il y arrivera, je me suis chargée personnellement de son recrutement. « Sapin, mon chou, dépêchez-vous ! », et il acquiesce en pressant le pas. Il n'a pas l'air très éveillé, mais je crois en son potentiel.
 « Bienvenue, Madame, Monsieur. », nous accueille poliment un Nestor en gris et blanc. Majordome d'une autre époque, il sera parti après l'arrivée du dernier invité. « Merci mon brave. Monochrome, comme prévu. Je vous félicite. », il s'empare de ma fourrure sibérienne et du ridicule k-way verdâtre de l'apprenti pour les déposer au vestibule, et revient d'un pas pressé pour ouvrir la porte à la nouvelle venue.
 « - Bienvenue, Madame.
- Mademoiselle, je vous prie. », corrige la sublime nymphe d'une voix suave. Mademoiselle Azura, dans une somptueuse robe turquoise dont l'échancrure et le décolleté révèlent des atouts bien trop hâlés pour la saison. Si même leur physique est faux, où va le monde ?
« Dame Bianca, je vois que vous n'avez pas changé : il est à chaque fois de plus en plus jeune, c'est à se demander si c'est encore légal. », avec son petit rire amusé.
« Miss, ne me le gênez pas trop vite ; celui-ci est particulièrement fragile, mais il est plein de ressources. », je vois bien qu'elle est surprise, qu'elle doute. Elle ne doutera bientôt plus. Je ne me trompe jamais.
 « Bienvenue, Monsieur. », ponctué de pas frappant le carrelage d'un rythme endiablé. El Rojo, espagnol de la moustache au bout des orteils. « Ma Dame, quel honor ! Laissez-moi vous baiser la main como il se doit ! », homme à femmes, assurément. Il les fait toutes tomber, aussi sa place ici était amplement garantie. Il siffle déjà la blondasse, qui minaude sans aucune retenue. Le jeunot semble impressionné par tant de charisme. Il peut l'être, El Rojo sait faire son petit effet dans les soirées.
 « Bienvenue, Monsieur. », avec une pointe de surprise : ce bon vieux Professeur Lavande s'est incliné encore plus bas que Nestor. Quel excentrique, mais quelle élégance ! Oser associer un pantalon de velours pourpre avec un gilet indigo tout en restant des plus présentables demande un certain talent. Son haut-de-forme magenta rejoint le vestibule.
« - Professeur, vous ne prenez pas une ride, quel est votre secret ?
- Oh Madame, même si je vous le disais vous ne me croiriez pas. », toujours ce sourire mystérieux. À dire vrai, je connais son secret. Mais je ne le révélerai pas non plus.
 « Bienvenue, Madame. », et voilà la dernière. Orora, habillée de paillettes et de lumière dans un tailleur qui épouse parfaitement ses courbes ; elle brille tellement qu'on pourrait la confondre avec le décor.
« - Nous n'attendions plus que vous ma chère.
- La meilleure pour la fin, comme on dit ! », clame-t-elle en se faisant fusiller du regard par sa rivale. Il y a déjà des tensions, c'est parfait.
 Un grésillement de haut-parleur se fit entendre, et une voix sans âge ni genre retentit dans tout le hall.
« Nous sommes à présent au complet. Je suis le Docteur Lenoir, et je vous souhaite la bienvenue chez moi. Vous savez tous pourquoi vous êtes ici, alors profitez de l'excellent repas qui vous sera servi, et... de tout le reste, bien sûr. »
 Que le dîner commence.
 ***
 Conformément au protocole, Nestor nous conduisit jusqu'à la salle de réception, nous souhaita une agréable soirée, puis s'en alla. Désormais six et seuls, nous prîmes place autour de la gigantesque table ronde où nous attendait un banquet des plus abondants : n'ayant plus personne pour nous servir, tous les plats étaient déjà disposés. Une farandole de mini-bouchées s'étalait au milieu de nombreuses cloches sous lesquelles attendaient les mets les plus raffinés. La discussion s'engagea autour du nouveau : après tout, il était là pour ça.
 « - Alors, Monsieur Sapin, que faites-vous dans la vie ?
- Et bien… je suis biologiste, ma passion ce sont les conifères !
- Ooooh, dites m'en plus… !
- Les conifères, aussi appelés pinophytes, sont des plantes vasculaires dont les graines sont portées par des structures en forme de cônes, d'où leur nom. Elles sont apparues il y a 300 millions d'années, bien avant les feuillus ! J'adore étudier les pommes de pin, elles sont fabuleuses ! J'en ai d'ailleurs toute une collection chez moi, où chacune possède un petit nom qui m'évoque le souvenir de sa découverte.
- Fabuloso !
- Racontez-nous encore quelque chose !
- Les pommes de pin sont des témoins de la suite de Fibonacci, vous savez cette suite mathématique où chaque terme est la somme des deux précédents : 1, 1, 2, 3, 5, 8, et ainsi de suite. Et bien leurs écailles sont organisées en spirales, vers la gauche ou vers la droite, et si on compte ces spirales, quelque soit le sens ou la pomme de pin on tombe toujours sur un terme de cette suite magique !
- Extraordinario !
- Vous êtes génial vous alors !
- Je vous avais bien dit que j'en avais trouvé un bon.
- Mes excuses, Dame Bianca, pour le moment il est parfait. »
 Les anecdotes de Sapin épatent la galerie, mais le véritable centre d'attention est en réalité sous la table. Telle la veuve noire tissant sa toile prédatrice, les mains d'Azura se sont étendues de part et d'autre sous la table : le tailleur d'Orora est déjà remonté jusqu'à mi-cuisse, exacte hauteur où est descendu le pantalon d'El Rojo. Tous trois, aussi captivés qu'ils le laissent montrer, se livrent pourtant à un subtil déshabillage et échange de mille et une caresses bien haut placées. Malgré les infiltrations multiples de phalanges, aucun des trois ne trahit le moindre plaisir ; et c'est avant tout pour leur remarquable discrétion qu'ils ont obtenu leur droit d'entrée.
 De l'autre côté de la table, les autres protagonistes ne sont pas en reste. Dame Bianca a retiré ses souliers de verre pour aller effleurer les mollets du naturaliste, qui commence de plus en plus à bégayer face à ses assauts de plus en plus appuyés. Quant au Professeur, il n'a pour le moment besoin de personne d'autre pour jouir pleinement de ce fastueux dîner – et personne ne viendra lui rappeler que la bienséance exige que les deux mains doivent rester sur la table : ce n'est plus valable pour personne en ce moment précis.
 « - … et c'est ainsi que se reproduisent les conifères ! Oh mais la table s'est bien vidée ! Madame, voulez-vous bien m'aider à ramener les desserts s'il vous plaît ?
- Oh mais avec plaisir, mon enfant !
- Mesdames, Messieurs, nous revenons au plus vite. »
 ***
 « - Pourquoi une si grande cuisine alors qu'il n'y a que six invités ?
- Sapin, cette question a aussi peu de sens que de se demander pourquoi le luxe. La vraie question est : où sont les desserts ?
- Oui Madame, nous ne pouvons pas faire attendre les autres.
- En êtes-vous certain ?
- Qu'est-ce que… ? »
 Derrière lui, Dame Bianca avait défait son chemisier, laissant entrevoir un soutien-gorge de la dentelle la plus fine. Son teint de décembre semblait soudain se réchauffer lorsqu'elle plaqua la main de l'à-peine adulte sur sa poitrine. « Madame ! », tenta-t-il de protester, mais il était clairement visible que son corps ne protestait pas. « Sapin… j'ai si faim… ouvrez-le frigo ! », réclama l'impératrice du Nord en retirant le jean dont la braguette avait cédé depuis longtemps. Inventif, il trouva, en plus des gâteaux à servir, un bol de fraises et de la crème Chantilly. Le cliché a bon goût, décidément. « Oh oui, nourrissez-moi... », implora la gourmande à genoux. Plus sûr de lui qu'il ne l'aurait cru, il nappa les fraises de crème que sa bienfaitrice savoura à grandes bouchées. Un autre rempart de tissu tomba, « Il me faut plus de crème ! », supplia-t-elle en s'agrippant au tronc de son amant. « Je m'occupe de tout. », se résolut-elle en prenant la bombe à pleine mains, l'agitant avec vitesse et méthode. Et ce qui devait arriver arriva : la bombe explosa, aspergeant son visage d'une pluie épaisse et sucrée. « Hmmm… délicieux ! », soupira-t-elle, rassasiée.
« Euuuuuh… je euh, je vous laisse vous rendre présentable, je vais amener les gâteaux là-bas et euh… merci Madame ! », s'enfuit-il aussitôt s'être rhabillé, poussant confusément un chariot rempli de tartes et autres splendides pièces montées.
 ***
 « - Mesdames, Messieurs, nous revenons au plus vite. »
Les portes battantes ne claquent presque pas.
 « - C'est vrai qu'il est pas mal, ce petit. », entame Azura, tout en remontant un peu plus haut vers les objets de son désirs.
« - ¡ Claro que si ! Mais je trouve un peu… coincé.
- Ne t'en fais pas, Bianca va lui faire goûter aux délices de la chair.
- Nous sommes tranquilles pendant un bon moment.
- Vale, on s'éclipse, Azura ? », mais il n'obtient de la beauté qu'un index sur ses lèvres. Elle se lève et se tourne vers sa complice.
« - M'accorderiez-vous une danse ? Il me semble que la salle de bal est juste à côté ?
- Mais avec joie ! », s'exclame la méditerranéenne, en souriant plus de victoire que de plaisir, enlaçant sa partenaire sous le regard frustré de l'espagnol.
 On aurait pu croire que le manoir était le summum de la richesse : c'était sans compter sur la salle de bal. Des cristaux, des peintures, un immense mur rempli de disques en tous genres. Les demoiselles sont aussitôt sublimées chacune dans le cœur de l'autre.
« - Je vous propose une valse.
- J'accepte, à condition qu'elle soit suivie d'un tango. », conclut la brune du tac-au-tac – comme toujours –, tout en retirant son tailleur bien trop serré.
La musique emplit l'espace, pure comme un diamant. Sur le parquet ciré, les volants bleutés  virevoltent autour du corps ébène et or, avec grâce et légèreté. Leurs yeux pétillent comme le meilleur champagne, l'alchimie et là, toute en cambrures et en portés élevés. Avec souplesse, elles se rapprochent et s'emmêlent se respirent l'une l'autre jusqu'à ne respirer que le même air. Soudain, le tempo change, s'emballe. Leurs lèvres se décollent, leur corps devient sauvage. Chocs. Pulsations. Battements de cœur. Attaque. Félines. Le tango le plus chaud de l'histoire des tangos. Le plus intime, aussi. Leurs pupilles se dilatent. Les doigts agiles la blonde font un second round dans la lingerie de son amante. Habile, elle la met K.O. à la dernière mesure, la faisant vaciller au sol sur la dernière note. Malicieuse, elle avait prévu son coup, et une mélodie tribale les enveloppe. Ensemble, conjointes, elles décollent et font des tours du monde en accéléré. Elles visitent des sourires complices, des collines moelleuses et des gouffres humides. Elles surfent sur la vague les fait voyager, vite, toujours plus vite, vers ce soleil qui ne se couche pas sur la salle de bal. Et, synchronisées, elles deviennent la vague, et échouent leur écume sur la plage que forme l'entrecroisement de leurs cuisses. Fin de la musique. Silence.
 ***
 Celui qui s'est improvisé pâtissier entre en trombe dans la salle commune, où l'attend un macho aigri et un doux rêveur. « Où sont parties les dames ? », mais personne ne semble lui prêter attention, tous obnubilés par les effluves de chocolat, de fruits, de caramel. Et puis, les dites-dames rappliquèrent aussitôt, essoufflées mais portées par l'appel du sucré. Il faut attaquer les gâteaux, on ne laisse pas de tels chefs-d’œuvre impunément sur la table. Les coups de fourchette et de petite cuillère sont méthodiques, précis, assassins, et ne laissent aucune chances aux délices sans défense. La pièce montée est démontée sans foi ni loi. « Où est Bianca ? », glisse Lavande d'un air coquin. Il faut qu'on sache les ragots, l'ont-ils fait, ne l'ont-ils pas fait ? « Elle doit être aux toilettes, je vais la chercher ! », se propose Orora, qui s'est contentée d'un simple éclair au café. « Je t'accompagne… euh je dois chercher quelque chose ! », sa virginité, sûrement, se disent les autres.
 Le dessert se poursuit de façon très prévisible : le Professeur ne parle pas beaucoup, mais fixe intensément les deux bêtes lubriques jouer au chat et à la souris, alors que tout le monde sait que la chatte l'emportera sur le rat.
« Allez les tourtereaux, je vous laisse, je vais me balader. Et essayer de croiser l'autre gamin, voir si y a encore quelque chose à tirer de lui, si vous voyez ce que je veux dire. », aucune réponse, tout va bien.
 ***
 Le manoir a beau être éclairé de partout, ce silence, ce vide, c'est très obscur. Mais les hommes de science n'ont pas peur, oh ça non. Je dois rester calme. Et analyser les faits : ce dîner n'est pas comme les autres, je le sens. Et ce Sapin, ouhlà, ce Sapin il est très très suspect. Je vois clair dans son jeu de petit puceau, il joue la blancheur pour plaire à Bianca mais il a la couleur du mouton qui se roule dans la boue.
 Un bruit sourd se fait entendre.
 Hein ? Ça venait de juste à côté. La bibliothèque ?
« - Oh c'est vous Professeur ! Je suis si maladroit ! J'ai laissé tomber ce gros livre par terre.
- Qu'est-ce que vous faites là ?
- Oh euh… et bien, une fois avoir récupéré ma montre dans la cuisine, que j'avais enlevé pour… pour ne pas la salir… enfin vous voyez ! Et bien je suis reparti en direction des toilettes pour retrouver Mesdames Bianca et Orora, mais je ne les ai pas trouvées. Alors j'ai un peu erré jusqu'à trouver cette fabuleuse bibliothèque ! Regardez, plein d'encyclopédies sur les conifères c'est fabuleux !
- Je vois. »
Je vois surtout que c'est très louche. Je vais lui faire cracher le morceau.
« - Dis-moi, Sapin… on est seul, entouré des meilleurs compagnons possibles… on pourrait s'amuser un peu toi et moi.
- Oh ! À vrai dire… je ne suis pas très intéressé…
- Tu n'aimes p-
- Chut. Je sais ce que vous allez me demander. Ne vous embêtez pas, c'est plus compliqué. J'ai fait plaisir à Madame Bianca, mais je n'aime pas le contact physique… avec quiconque.
- Ah.
- Vous comprenez ?
- Ouais.
- Je vous sens déçu… Enfin… il y a quelque chose que j'adore par contre !
- Dis-moi. Dis-moi !
- J'adore attacher les gens ! », me décoche-t-il avec son plus grand sourire. C'est… profondément gênant. En temps normal j'aurai adoré. Mais là… avec lui… Non. Il me fait peur.
« - Je vois.
- Vous voyez beaucoup de choses, Professeur. Que voyez-vous quand vous me regardez ?
- Hein ?
- Est-ce que vous voyez le jeune étudiant timide qui ne sait parler que de nature, ou est-ce que vous voyez l'homme qui à la fois vous attire et vous terrifie ?
- Je… je…
- Si j'enlève mon t-shirt et que je m'en sers pour vous bander les yeux, vers quel organe ira votre sang ? Allez-vous vous gonfler de plaisir ou vous dégonfler et fuir ? 
- … Qui… qui es-tu ?
- Je sais pourquoi j'ai été invité. Sachez que vous m'avez grandement sous-estimé. Et maintenant je vais enlever mon t-shirt, Professeur. »
 ***
 « - Non, El Rojo, je ne veux pas ! Pas ici, pas maintenant !
- Bien. Tu as beau être muy caliente, je respecte les dames. Faisons un duel. Suis-moi. »
 Azura pratique la séduction. El Rojo pratique le sexe. Tous deux excellent dans leur discipline, qu'ils considèrent à juste titre comme les deux facettes du même sport : l'amour. Mais, à côté de ça, ils ont une autre activité en commun, un autre terrain sur lequel s'affronter.
« - Et voilà ! La salle de billard ! Une seule partie, si je gagne je te baise, si tu gagnes… boarf, tu ne gagneras pas.
- Ne sois pas si sûr de toi, El Macho. »
La partie se joue sans intérêt. El Rojo sait qu'il va gagner parce que la flamme du désir dans le regard d'Azura lui confirme qu'elle va faire exprès de perdre. La partie n'est qu'un prétexte pour se donner bonne conscience, et pour se chauffer à coups de maniement de queue et de tripotage de boules. Et puis, une table de billard, que ce soit penché à quatre-vingt-dix degrés ou bien complètement allongé, ça reste fort pratique et confortable. Sous la lumière tamisée, dans l'ambiance feutrée des tournois d'élite, avec du jazz en musique de fond, les bêtes sont lâchées.
« - ¡ Ay ay ay caramba ! Ça va être ta fête ! Mais tu vas devoir contenir un peu ma jolie.
- El Rojo, tu es si crueeeel…
- Héhéhé, tu ne sais pas encore à quel point, bonita. Mais ce ne sera pas long. Juste le temps de t'attacher un peu. Regarde les jolies cordes que m'a passées le gosse. Pratique hein ?
- Hmmm El Rojo, tant de surpriiiiises... »
Pas tant que ça, finalement. Après l'avoir ligotée comme la vulgaire dinde qu'il considère qu'elle est, il s'est empressé de la fourrer le plus possible sans ménagement. Et de finir dans un râle sauvage, sans aucune once d'humanité.
 Panne de courant.
 « Ceci est un message automatique. Veuillez tous vous rediriger vers le hall le plus rapidement possible. »
Docteur Lenoir, qui avait tout prévu.
 « Allez salut poulette ! El Rojo est comme le feu : quand on s'en approche, on en brûle. »
 À peine sorti de la salle de billard, El Rojo croise Sapin et sa lampe-torche.
« Gamin, tu sais revenir au hall ?
- Bien sûr Monsieur, j'avais tout prévu. »
Ils marchent d'un pas pressé, en silence, jusqu'au hall. Où la lumière revient. Où Sapin se retrouve seul. Il rigole, d'un rire étrange.
« Pfiouh, c'est enfin fini. Je me serai bien amusé moi ! »
Il s'étire. Un bruit venant du plafond attire son attention. Il lève les yeux. Le chandelier est en train de lui tomber dessus.
 ***
 La maison a retrouvé son calme. Dans l'intense lumière, une silhouette en noir se découpe.
« Alors. Madame Bianca, dans la cuisine, avec la fiole de poison. Madame Orora, dans la bibliothèque, avec le revolver. Le Professeur Lavande, dans la bibliothèque, avec un t-shirt. Mademoiselle Azura, dans la salle de billard, avec la corde. Monsieur Rojo, dans le couloir, avec le poignard. Et Monsieur Sapin, dans le hall, avec le chandelier. Et Docteur Lenoir… On a qu'à dire que maintenant, c'est moi. Je vais organiser plus souvent des dîners comme ça, pour assassiner dans le plaisir, il faut avouer que c'est très commode. »
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