#et j'avais ultra peur qu'il me suive
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wolfsnape · 15 days ago
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Du coup même faire ses courses tranquillement, c'est pas possible pour une femme en 2024 ?
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revuedepresse30 · 6 years ago
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Dosseh : "Je n'ai plus aucun tabou"
Il est dans le game depuis plus de dix ans mais c'est en 2018 que le grand public a véritablement appris à le connaître. Après un premier album réussi (Yuri) avec plusieurs feats prestigieux (Young Thug, Booba, Nekfeu...), Dosseh est de retour avec un nouveau projet (Vidalo$$a).
Dans l’ombre des deux bastions du rap hexagonal, Paris et Marseille, le MC reste fidèle de longues années à la ville d’Orléans afin d’aiguiser une plume déjà incisive et percutante. Entre 2008 et 2015, Dosseh lâche plusieurs mixtapes et force le destin : il rencontre Oumar Samaké, qui devient son manager et lui permet d'affiner sa vision musicale. En mars 2015,  sa mixtape Perestroïka rencontre un succès critique. Les progrès impressionnent, frappent, comme les saillies lyriques du rappeur et les basses rageuses de ses instrumentales.
Deux ans plus tard, la suite s’intitule Vidalo$$a, portée par le puissant Habitué, émouvante introspection qui reprend les codes de la chanson française et cumule à plus de 29 millions de vues sur YouTube. Lors d’un après-midi ensoleillé au cœur du mois de juin sur un rooftop d'un immeuble parisien du XIeme arrondissement, nous avons retrouvé le rappeur pour revenir sur une carrière qu'il résume comme "tumultueuse".
Ce nouvel album comprend plusieurs titres davantage de titres chantés et intimistes que par le passé. Tu le vois comme une prolongation de ce que tu as fait ou comme un nouveau cap ?
Dosseh - Je vois chaque projet comme une nouvelle étape mais j’espère que ce disque me fera passer un cap. C'est l'objectif. Le précédent,Yuri, m’a confirmé en tant qu’artiste. Vidalossa doit me permettre de vraiment percer. J'ai simplifié mon flow et mon écriture pour être le plus efficace et agréable à écouter et j’ai essayé au fil des titres de montrer d’autres versants de ma personnalité.
Comment est né ton tube “Habitué” qui caracole depuis quelques semaines en tête de tous les classements de streaming ?
J'avais sans doute jamais fait de morceaux aussi mélodique et intimiste que celui-ci. Ce titre reflète des épisodes de ma vie personnelle mais aussi une vraie aspiration musicale. Ca fait longtemps que je voulais faire un piano-voix. La première fois que j’ai entendu cette instru, des paroles me sont venues. Je n'avais pas prévu de parler de ma famille, tout est venu naturellement avec la musique. Ça m’a porté.
Tu n’as pas eu peur que ton public ne te suive pas lorsque tu l'as sorti ?
Non, je n’ai pas eu cette crainte car ce morceau me correspond totalement. J’espérais simplement qu’il comprenne pleinement le message. Je peux être un rappeur hardcore et me permettre ce genre de morceaux s’il est excellent et bien fait. Si c’était moyen ou surfait, c’est clair que les gens m’auraient sauté dessus.
Durant longtemps, les rappeurs se sont interdits de poser sur ce genre de prod’ et aujourd’hui on a le sentiment qu’il n’existe plus ce genre de tabous...
J'ai moins de barrières qu’à mes débuts, je n'ai plus aucun tabou. Bien sûr, tu trouveras toujours des gens pour dire que “le rap c’était mieux avant” mais la vérité c’est que le rap n’a jamais été aussi varié. Il y a à boire et à manger pour tout le monde. Les rappeurs se sont décomplexés. Du moment que c'est bien et que ça reste cohérent avec ta personnalité, tu peux tout te permettre. Quand je fais le morceau Habitué, je n'ai pas l'impression de me trahir et je pense que c’est pour ça que ça fonctionne. Je dévoile juste une autre part de moi-même.
As-tu ressenti une forme de pression dans l’élaboration de ce disque après le succès du premier ?
Je pense que la pression est inhérente au métier de rappeur. Je me mets moi-même la pression car j'essaie toujours de faire mieux que le projet précédent, artistiquement et musicalement. Ensuite, plus tu as du succès, plus plus l'attente augmente car les exigences redoublent.
Ta carrière a connu des hauts et des bats. Quel rôle a joué ton manager Oumar Samaké dans les moments les plus difficiles ?
Il m'a fait comprendre qu'un rappeur, c'est comme une marque et il faut savoir la rafraîchir avant que les gens te perçoivent comme un mec has been. J’ai compris que le plus important c’était de savoir se réinventer.
C’est la raison pour laquelle tu dis “pendant des piges j'ai attendu que ma vie change, puis j'ai fini par comprendre que c'était elle qui attendait que je change” sur "Habitué" ?
Cette phrase résume ma vie. A chaque fois que j'ai connu un échec, je me suis toujours remis en question. Je me disais que si ça avait merdé, c'était que je m'étais loupé ou que je n’étais pas à la hauteur. C’est comme ça que j’ai progressé.
Booba signe un nouveau featuring sur ton album après "Infréquentables". Comment est née votre complicité artistique ?
Depuis que nous avons posé sur “Infréquentables”, on a noué une solide relation. Il me conseille souvent. Pour la petite histoire, le titre “Habitué”, c’est lui qui nous a conseillé de le sortir direct. On avait prévu de le caler comme un troisième ou quatrième single mais jamais on ne l’avait envisagé comme notre premier titre. Et une fois, lorsqu’il était de passage à Paris, il est passé au studio pour écouter l’album. Lorsqu’il a entendu, le titre, il s’est mangé une claque et il a demandé à le réécouter plus de 5 fois. Puis il s’est levé et il nous a dit : “Je ne sais pas pourquoi vous vous prenez la tête, vous le tenez votre premier son”. Puis : "Si vous arrivez avec ça, vous défoncez tout et vous prenez tout le monde à contre pied". Il insistait sur le fait que c’était la première fois que l’on m’entendait dans ce registre.
Et comment s’est décidée votre nouvelle collaboration ?
Quand il a écouté le titre MQTB initialement en solo, il balançait sa tête puis il nous a dit : “C’est lourd ! Les gars, si vous êtes chauds, je suis partant pour poser dessus". Un feat de Booba, ça ne se refuse pas (rires). Du coup, j’ai refait le morceau en ne gardant que le couplet et ça a donné ce titre.
Sur cet album, on sent que tu te rapproches davantage du rap mélodique de ton frère Pit Baccardi. Qu’est-ce qu’il a pensé de ce disque ?
Il a vraiment kiffé. Il a assisté à la seconde partie de l’enregistrement de l’album. Il passait souvent en studio pour écouter tout ce que l'on faisait. Il a fait partie des premières personnes qui ont écouté le titre “Habitué”. Il a même écouté l'instru et le yaourt avant que je pose. Il a direct été conquis, ça lui a rappelé "Si loin de toi" au niveau de l'ADN musical.
Alors qu’il produit aujourd’hui de nombreux artistes africains, est-ce que Pit te pousse à davantage t'implanter en Afrique ?
Il m'avait conseillé de faire un feat avec le rappeur camerounais Magasco et il m’informe sur les artistes qui percent là-bas. Dans nos discussions, il est souvent question de s'implanter là-bas. Je reste encore marqué par le concert que j’ai fait avec Booba à Yaoundé en mai 2017. Le stade était rempli à ras bord et le public connaissait toutes les paroles. C’est vraiment des connaisseurs pointus.
Avec Maahlox, Tenor ou bien encore Franko, la scène hip hop camerounaise a le vent en poupe. Tu envisages de faire des feats avec des artistes camerounais ?
Je pense que ce sont des trucs qui vont se faire à un moment. Il y a vraiment du talent là-bas. Depuis ces deux ou trois dernières années, pour moi, ils tuent le game. Ce qu'ils envoient c'est ultra qualitatif. Les clips sont bien faits. Les rappeurs camerounais sont vraiment en pointe tout en conservant leur identité. Ce n'est pas une pâle copie du rap français ou américain comme on peut le voir ici ou là.
Globalement ton propos est très dur tout au long de l’album, notamment avec la gente féminine sur le titre "Ma S à moi". 
Je n’ai pas durci le discours mais c’est juste que je suis plus franc du collier. Aujourd’hui je me mets moins de barrières lorsque j’écris, j’ai toujours eu un phrasé assez tranchant mais la parole s’est libérée sur certains sujets.
Certains pourraient te taxer de misogynie... 
Si l’on parle de Ma S à moi, en effet des associations féministes pourraient m’attaquer, mais le morceau est une fiction. On retrouve un mec qui exprime son ressenti à propos d’une fille qu’il aime et qui a des mœurs légères, il le sait mais il l’aime. Ce qui donne un combat intérieur et sentimental. De quoi peut-on m’accuser finalement ?
Malheureusement certaines personnes ne chercheront pas à comprendre la nature du morceau.
Si elles ne font pas ce travail, je leur expliquerais, tout simplement. Et si elles ne comprennent toujours pas, c’est parce qu’elles ne veulent pas comprendre. Quand j’écris ce genre de morceaux, je suis conscient des possibles risques et j’essaie de faire en sorte que je puisse expliquer n’importe quelle phrase sortie de son contexte. Je me prends vraiment la tête là-dessus pour que je puisse assumer en plateau télé ou en interview tous mes propos. Par contre, on peut bien évidemment avoir un point de vue différent du mien et trouver mes textes violents, mais je tiens à préciser que je ne fais jamais de généralités. Pour Ma S à moi, je me mets dans la peau d’un personnage, comme Orelsan a pu le faire sur son morceau Saint-Valentin.
Le titre Prince de la ville est-il un hommage au groupe 113 ?
Oui, ce morceau du 113 est dans mon top 10 du rap français, c’est un énorme classique, une claque intemporelle, et la prod’ de DJ Mehdi est incroyable. J’ai toujours voulu faire un morceau qui s’appellerait Prince de la ville et j’ai invité Vegedream, un gars d’Orléans, pour l’occasion.
C’était galère de faire du rap à Orléans à tes débuts ?
Aujourd’hui grâce à Internet, il n’y plus de débat entre ville et province, mais à l’époque on faisait partie des premiers rappeurs provinciaux. C’était soit Paris, soit Marseille, et les artistes issus d’autres villes étaient rares, il y avait donc ce léger a priori. Aujourd’hui il y a beaucoup plus de rappeurs donc beaucoup plus de possibilités, tout est plus accessible. Il y a une scène orléanaise qui grandit.
L’enchaînement des morceaux Le sommet, Le toit du monde et Prince de la ville révèle tes ambitions. Qu'est-ce qui les nourrit ?
J’ai toujours été ambitieux. En 2008 sur mon projet Bolide 2, un morceau s’intitulait déjà Pharaonique. “Mec de tess sans limite, ambition pharaonique”, c’était déjà la devise si tu regardes bien. 
Tu t'en prends beaucoup aux "traitres" aussi sur cet album. Tu crois encore en ton prochain ?
Quand tu es impliqué dans tes projets et que tu consacres une bonne partie de ton quotidien à essayer de t’élever, sans le vouloir tu as moins de temps pour les parasites qui t’empoisonnent la vie. Ce n’est même plus un choix ou une volonté, mais tu es tellement occupé à avancer que tu ne t’en préoccupes pas. Puis, quand, grâce à Dieu, les projets se concrétisent, tu te focalises sur le positif, il y a tellement de belles choses qui sont en train de m’arriver que je passerais pour un fou si je me concentrais sur les traitres et les jaloux.
Tu es dans le rap depuis plus de 10 ans, quel regard portes-tu sur ta carrière jusqu’ici ?
Elle a été tumultueuse, pleine de péripéties, de rebondissements, d’obstacles…
Tu as pensé à arrêter ?
Comme tout le monde je pense. À un moment donné je me le suis demandé mais ça n’a duré que 30 secondes, je n’ai jamais traversé de longues phases de doute. Je ne voulais pas arrêter parce que je savais que je n’avais pas encore hérité des conditions optimales pour m’épanouir complètement artistiquement. J’ai donc persévéré en indépendant et continué de travailler sans relâche pour payer les enregistrements, les clips et la promotion. Avec mes proches on charbonnait vraiment, et c’est aussi pour cette raison que j’en parle autant dans mes morceaux. Pour revenir à la première question, j’ai une carrière de charbon total, c'est ce qui me définit.
Après avoir intégré le label Golden Eye, tes projet n'ont sans doute pas rencontré le succès que tu espérais. Tu as peur de stagner ?
Non pas du tout, parce qu’à chaque échéance l’engouement est monté d’un cran. Quand je sors Karma, en première semaine je fais 500 ventes, ensuite je commence à travailler avec Oumar et on s’organise pour préparer au mieux la suite. Puis je sors Perestroïka, je fais 5000 ventes en première semaine, et plus tard avec Yuri je fais 10 000 environ. Il n’y a donc pas eu de stagnation, on a juste pris notre temps pour passer les paliers comme il fallait. Pour Vidalo$$a j’espère pouvoir faire encore mieux.
Tu as vu et traversé les plus grandes mutations du rap français actuel. As-tu le sentiment qu'il évolue dans le bon sens ?
Certaines choses qui sortent aujourd’hui n’auraient pas passé la douane il y a quelques années, mais en parallèle il y a énormément de sorties qui tuent. Et finalement c’est plus dur d’être un bon rappeur actuellement qu’il y a 10 ans. Quand tu étais un bon rappeur, tu étais simplement un bon rappeur, avec une certaine plume et un certain flow, mais aujourd’hui tu ne peux plus te contenter de ce schéma. Il faut désormais savoir rapper mais aussi choisir de bonnes instrus, trouver de bonnes mélodies et avoir une bonne image. La concurrence est beaucoup plus rude : un rappeur émerge tous les deux jours et chaque vendredi de nombreux albums sortent.
Aujourd’hui quel bilan tires-tu de ta collaboration avec Young Thug sur "Milliers d’euros" ? Contrairement à ce que l'on aurait pu présager, ce morceau n’a pas fait partie des titres qui ont le mieux marché....
Je suis content de l’avoir fait et je n’ai pas de regrets, mais effectivement, il ne fait pas partie des morceaux qui ont porté l’album. Les featurings avec les américains fonctionnent rarement en France, mais de toute manière le rap français est tellement installé qu’il n’a plus besoin de ce genre de collaborations pour exister. Le public français s’en fout au final, sauf si le morceau est extraordinaire et incontournable comme Lacrim avec French Montana par exemple. J'ai eu cette opportunité de travailler avec Young Thug et Tory Lanez à l’époque de Def Jam, et si l’occasion se présente à nouveau, je collaborerais volontiers avec un artiste américain ou étranger, mais ce n’est plus un passage obligé.
Propos recueillis par Osain Vichi et David Doucet
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