#et j'ai pas grand chose à dire... à part que j'espère que ce chapitre reste compréhensible malgré toutes les références...
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lilias42 · 3 years ago
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Retour de CF ! (pour changer des billets où je me plaints) : Chapitre 12 et 13 du canon, la maladie
Et voilà ! J'espère que ça te plaira @ladyniniane !
Petit retour à CF avec un chapitre un peu plus lourd que les précédents : à force de s'épuiser pour tenir le Royaume en un seul morceau, les jumeaux finissent par tomber malade d'épuisement, et Rodrigue est le plus sévèrement touché. Quand il l'apprend, Félix rentre chez lui pour s'occuper d'eux.
Comme toujours, "petit" point de contexte !
=> j'utilise ma version des Braves + 3nopes n'existe pas
=> Lachésis Charon a déjà été mentionné avant. C'est une des grandes soeurs de la mère de Dimitri, Héléna, et une des membres de la grande fratrie Charon qui sont douze (même s'ils ne sont plus que neuf après la mort d'Héléna, et de deux d'entres eux à Duscur). Avec les jumeaux, ce sont eux qui tiennent le Royaume mais, Rufus s'entend très mal avec sa première belle-famille donc, ça finit souvent avec les Charon chassé quelques temps alors, Rodrigue récupère leur travail... alors qu'il fait lui-même son travail, celui du régent, et le côté administratif du métier de chef de la garde (le remplaçant de Gustave est compétent et pas assoiffé de sang de duscurien mais, il a beaucoup de mal avec l'administration alors, il le remplace), ce qui lui met encore plus de boulot sur les bras, d'où ses journées de travail à rallonge qui lui usent la santé.
=>Rufus n'encadre plus non plus les jumeaux, et vu que Rodrigue est juste à côté et peut difficilement lui répondre vu qu'il est le régent, il en profite en le pourrissant tout le temps dans son ivresse. Il lui reproche de ne pas avoir empêché Lambert d'aller à Duscur (alors que Rufus lui-même n'a pas levé le petit doigt) alors, il l'attaque en lui disant qu'il devrait lui faire couper la tête pour incompétence, celle d'Alix pour savoir ce que ça fait de perdre un frère et il menace de plus en plus souvent de couper la tête de Félix quand il sera majeur. Rodrigue utilise souvent Vitalis pour le faire décuver d'un coup et l'endormir mais, il doit techniquement éviter d'utiliser un sort sur le régent alors, il doit subir plusieurs longues minutes d'insulte gratuite.
=>Grigri est introduit avant, c'est le chat que peut garder Rodrigue à Fhiridiad, même si Rufus lui a interdit d'en avoir d'autres sous couvert que sa maitresse ne les aime pas car, ça lui permet de lui enlever quelque chose qu'il aime et qui lui apporte un peu de réconfort. Ce n'est pas un petit de Fleurette (le chat de Félicia) mais, un chat gris minuscule (gabarit d'un singapour) alors, il est discret et Rodrigue peut le garder. C'est d'ailleurs un chat qui vient de Duscur qu'Ivy a ramené d'un de ses voyages.
=>Le fait qu'Alix lui manque énormément a également été introduit avant. Les jumeaux savent se séparer même s'ils sont fusionnels mais, quand c'est contraint et forcé dans ses conditions, ils ne le supportent pas et ça leur fait mal physiquement et surtout psychologiquement d'être séparés.
=>Bon... autant vous dire que c'est très dur pour Rodrigue de rester à Fhirdiad psychologiquement, vu que tout ce qui se passe là-bas lui mine un peu plus le moral et la santé (dans le premier chapitre du canon, il est pratiquement dans un état dépressif tellement il n'en peut plus). Il y reste par devoir, car il tient au Royaume et ne veut pas qu'il s'effondre ou que Dimitri trouve un champ de ruine (enfin, encore plus) en arrivant sur le trône mais, c'est une épreuve pour lui.
=>pour la phrase "comme si l’un ou l’autre des frères leur laissait le temps pour quoi que ce soit en politique", c'est une référence à ce qui s'est passé pour Duscur : en gros, Lambert a discuté de lui-même, tout seul de son côté avec le conseil de chef et la famille de prêtre qui règne sur Duscur sans passer l'administration car, il trouvait que cela irait plus vite et montrerait que le Royaume était de bonne volonté pour arranger les choses (surtout qu'il parle couramment leur langue alors, il n'a pas besoin de traducteur). Sauf que la rencontre de paix est prévu dans - quand il l'annonce au conseil - deux mois afin de coller à une fête religieuse duscurienne qui marque l'entente et le renouveau donc, à part rajouter des problèmes, ils ne peuvent pas déplacer la rencontre à cause de ce côté symbolique. Autant vous dire que c'est beaucoup trop court pour tout le monde et le convoi est préparé dans la précipitation. Personne n'a le temps de souffler, surtout que personne ne veut y aller comme ça en catastrophe (et Lambert s'est mis tout le corps des diplomates et de la chancellerie à dos en ne passant pas par eux, ce qui est pris comme une insulte à leur travail et leur compétence).
=>Toujours avant Duscur, Lambert se disputent assez violemment avec les jumeaux (plus de détail dans ce billet). Félix résume un peu ce qu'il a vu dans le chapitre 13 mais, en gros, Rodrigue est juste tétanisé en entendant son ami lui dire "C'est un garçon intelligent, Rodrigue. Même s'il devait perdre son père, je sais qu'il deviendrait un homme bon et respectable." Pour rappel : dans cette histoire, les jumeaux sont orphelins de père depuis qu'ils ont six ans, Guillaume a reçu un coup de poignard en pleine poitrine à la place du roi Ludovic et est mort à cause de ça, ce qui a été leur première confrontation direct avec la mort (vu que leurs grands-parents paternels sont aussi morts pour la couronne quand Guillaume avait trois ans), la seule image dont ils se souviennent de leur père à part les grandes lignes de sa personnalité est la "boite" où il a été enterré, et ils ont subi une régence, ce qui n'est jamais une partie de plaisir (heureusement qu'Aliénor était là et compétente). Evidemment, ils prennent très mal ce genre de phrase. Cela tétanise Rodrigue qui finit juste par éclater en pleurs car, ça fait des semaines qu'ils travaillent tous à s'en tuer, ils sont sous pression, il ne veut juste pas que cette rencontre ait lieu comme ça car c'est dangereux, et il veut encore moins que son fils soit dans le convoi alors, cette phrase, c'est le coup de grâce. Il se fige sur le coup puis, une fois qu'il a eu le temps de bien la faire tourner dans sa tête et qu'il est avec Alix, il craque (les pleurs sont sa manière d'évacuer, il pleure beaucoup pendant la partie académique du jeu et fait même des crises de larmes à Fhirdiad quand il est seul pour évacuer son mal-être et son stress). Alix est furieux quand il apprend ce qui s'est passé et va engueuler Lambert en lui envoyant dans la figure tout le mal qu'il pense de lui pour le coup et qu'il est un imbécile heureux en pensant que tout se passera toujours bien dans le meilleur des mondes. Il se retient même de le frapper par peur des conséquences sur sa famille, et se contente de taper du poing sur la table avec son emblème qui s'active tellement il est hors de lui.
=>ce n'est pas le premier signe de réconciliation dans cet histoire entre Félix et son père. Il a déjà envoyé une lettre de lui-même quand Rodrigue s'inquiète pour lui lors de son tour à GM, même s'il refuse de lui parler en face (c'est le contenu d'un des sachets de Rodrigue, cette lettre plus l'éclat de verre poli par l'eau qu'il lui a envoyé avec, alors que le deuxième contient une partie de la parure de sa femme Félicia et l'autre éperon de Glenn qu'il avait oublié chez eux avant de partir pour Duscur), et il s'est aussi inquiété pour lui lors de la scène qui rejoue leur paralogue, où Félix aide Rodrigue à soigné son bras brûlé de magie après le combat (chose qu'il fait avec d'autres personnes dont il est proche) et ils recommencent à vraiment s'écrire régulièrement et normalement à ce moment-là (avant, les lettres de Félix était très froide). Ils recommencent donc à se parler et le fait que Félix s'occupe de Rodrigue alors qu'il est malade ne sort pas de nulle part.
=>Pour les blessures des quatre amis, elles datent de la bataille du lion et de l'aigle, tous les cerfs et les lions ont fini au repos complet pendant un mois vu qu'Edelgard, Hubert et Byleth n'ont pas retenu leurs coups.
=>pour Gilbert, les personnes resté après Duscur le détestent pour les avoir laissé tomber. Rodrigue a déjà craqué et bien mordu quand il est allé à Fhirdiad pour prévenir de ce que prévoyait de faire l'Eglise après Lonato. En plus, je triche avec le canon car, au lieu d'un an, Gustave a filé au bout de quelques mois alors, tout le monde lui en veut encore plus.
=>tout ce dont parle Alix a été montré dans des chapitres précédents. Et ses sentiments vis-à-vis de Lambert sont compliqués vu tout ce qui s'est passé, d'où le fait qu'il le charge dans sa tête pendant le chapitre.
=>l'incohérence avec la vraie mort de Glenn dans le cauchemar de Rodrigue est volontaire : il sait qu'il est mort d'un sort en pleine poitrine et de ses blessures, mais dans son cauchemar, il se fait poignarder dans la poitrine avec une lance, à la manière de Guillaume qui est mort d'un coup de poignard (car la mort de Glenn, c'est grosso modo la mort de Guillaume en pire qui recommence dans sa tête). Les choses autour de sa mort ont aussi été instauré avant...
=> ...tout comme les chansons qui ont toute été chanté avant (la quatrième est notamment celle que Rodrigue a chanté pendant qu'il passait l'eau du lac sur les brûlures de Félix afin de le soigner, et il est de tradition que ce soit l'auditoire qui dise le nom de Fraldarius pour montrer qu'ils savent de qui ont parle)
=>pour l'emblème d'écaille dans le dos de Félix, c'est la marque laissé par la magie de son ancêtre Fraldarius quand les eaux du lac l'ont soigné de ses brûlures.
=>après Duscur, Rodrigue pense qu'il fait honte à sa famille pour ne pas avoir réussi à empêcher Lambert de faire une erreur monumental (le "c'est mon boulot de t'empêcher de faire des conneries" est notamment une phrase que disait souvent son père et qui illustre bien le rôle de leur famille pour les jumeaux), d'où ses mots à Félix
=> le "tu es en vie... tu es en vie..." a été dit peu de temps après Duscur. Rodrigue et Félix sont toujours à Fhirdiad en attendant qu'on retrouve le corps de Glenn mais, Dimitri se fait attaquer par un comploteur qui tente de le poignarder, et Félix se met entre lui et l'assassin pour le protéger. Rodrigue ne serait pas arriver pile à temps et ne les aurait pas protéger, Félix aurait été poignardé à mort et il en est conscient alors, il ne peut que répéter ses mots tout en se jurant de protéger son louveteau, notamment en l'éloignant de Fhirdiad qui est un vrai coupe-gorge. C'est quand Félix doit repartir sans Rodrigue (car il est tellement débordé qu'il ne peut même pas aller enterrer Glenn) que la dispute qui va les séparer arrive.. le coup de poing est plus tard par contre, cela arrive après la révolte que Dimitri et Félix ont réprimé deux ans avant l'histoire.
=>le coup de la cape où Rodrigue a l'impression de dormir quand il se calme vient aussi de Guillaume : son père prenait les jumeaux dans sa cape pour les garder près de lui (dans l'introduction de l'histoire, Rodrigue repense au fait qu'il dit souvent à son père qu'il portera les mêmes grandes capes que lui quand il sera grand, ce qui le fait toujours rire, même s'il a oublié entre temps qu'il le disait)
Bon... je crois que j'ai rien oublié... désolé pour les notes de 10km de long, c'est que ces chapitres sont bourrées de références à ce qui s'est passé avant alors, faut bien faire le point ! Si j'en ai oublié une, n'hésitez pas à me demander et je corrigerais ça ! Sur ce, je vous laisse tranquille et bonne lecture !
(évidemment, suite sous la coupe)
**************Chapitre 12**************
Rodrigue était encore plus débordé que d’habitude. Rufus se reposait encore plus sur lui en ce moment, lui envoyant presque directement les textes que le régent devait lire et signer lui-même. Il s’était encore pris le bec avec Lachésis Charon mais cette fois, il avait renvoyé la femme de loi dans son fief avec ses frères et sœurs présents à la capitale, lui ordonnant d’y rester jusqu’à ce qu’il les autorise à revenir alors, il avait récupéré une partie de leur travail, même si les assistants Charon en envoyaient autant que possible à leurs supérieurs…
Bon, ça lui permettait de trier les ordres et d’en « perdre » certains à cause de la surcharge de travail, comme cet ordre d’envoyer des troupes à Kleiman pour réprimer des duscuriens qui se seraient soulever, alors qu’ils tentaient de se réorganiser de manière traditionnelle chez eux. Bon, la demande d’aide s’était tellement perdue dans la montagne de papier qu’il l’avait fait passer avec deux mois de retard – tellement que la nouvelle avait pu passer dans les mains d’Alix puis dans le courrier de Dimitri et Dedue – les mouvements de foules qui avaient pu y avoir s’étaient calmé d’eux-mêmes. Mais ça, le duc ne pouvait pas le faire à chaque fois. Il était un conseiller, pas le régent, il faisait déjà bien plus que ces fonctions ne lui en demandaient, voir l’autorisaient comme pour cette fois-là… Rufus le saurait, il risquait de mettre ses menaces à exécution… il lui rappelait presque toutes les semaines… il était si fatigué… même dormir ne lui semblait pas reposant… il n’avait pas la capacité de travail de ses parents… mais bon, il avait encore du boulot. Pas le temps de se poser.
Ces journées se rythmaient ainsi, en se calant sur les offices des moines pour avoir de bons repères dans la journée : levée un peu avant les laudes, entrainement pour ne pas perdre la main pendant une heure jusqu’à prime, travail jusqu’aux prières de sexte. Puis, après avoir mangé et lu son courrier personnel avec Grigri qui ronronnait sur ses genoux, dévorant les lettres d’Alix et Félix autant de fois qu’il pouvait pour avoir l’impression qu’ils étaient là, il retournait travail jusqu’à après les vêpres, jusqu’à ce que le soleil commence à se coucher pour pouvoir aller prier aux complies avant de dormir puis, il recommençait le lendemain. La routine la plus aléatoire, c’était quand Rufus venait « briser sa routine » pour le traiter d’incompétent, en insultant toute sa famille au passage et dire qu’ils méritaient tous d’être décapité, vite endormi par un Vitalis quand sa patience cédait. Le tout en essayant d’ignorer son dos qui lui faisait mal à force de rester assis dans la même position et ses maux de ventre vu qu’il mangeait assez peu. Il n’avait jamais été un gros mangeur de toute façon mais, il prenait à peine le temps de picorer son repas avant de retourner au travail… il n’avait même pas faim et tout semblait fade de toute façon… son esprit lui rappelant à chaque fois que les aliments retrouveraient leur bon gout à Egua avec Alix mais, ses obligations l’empêchaient de rentrer chez lui et d’enfin revoir son frère. Il évitait d’y penser… à chaque fois qu’il rêvassait de retourner chez lui, il devait se retenir d’hurler qu’il voulait retrouver son jumeau tellement il lui manquait… même si les deux options étaient aussi douloureuses l’une que l’autre… C’était un rythme éreintant et Rodrigue sentait que son organisme se vengeait en étant tout le temps fatigué et douloureux mais, ce n’était pas comme s’il avait d’autre choix que de lui imposer ça.
« Pardonne-moi… il faut que tu tiennes… au moins jusqu’à la fin de l’année… »
Il ne sut même pas comment prendre le soulagement de son corps à l’idée de pouvoir dormir un peu plus quand, en pleine lune du Loup Rouge, il reçut une lettre lui annonçant qu’Alix était malade et alité. Il maudit son propre organisme de se réjouir de cela, prenant même la mauvaise santé de son propre frère comme une occasion de se reposer. Le duc prit les dispositions qu’il pouvait avec Rufus en le tirant d’il ne savait quel bordel (si Oncle Sa Majesté Ludovic le voyait… ou même Lambert… il n’était pas comme ça de leur vivant…), puis rentra chez lui dès que possible avec Grigri, même s’il fut monstrueusement en retard.
Le temps d’arriver, Alix s’était remis un peu, encore heureux. Il put même quitter son lit pour aller s’asseoir au bord du lac, profitant du bon air de leur fief et de la vue familière. Le simple fait de revoir sa surface lisse et calme comme un miroir l’apaisait… et être avec Alix après tout ce temps à ne se voir qu’en coup de vent, c’était comme une libération… l’impression d’épuisement semblant diminuer un peu maintenant qu’il l’avait retrouvé… même si c’était pour trop peu de temps… il avait pu rentrer si tard…
« Je suis désolé de ne pas être arrivé avant… s’excusa l’ainé, son épaule contre la sienne en buvant la brise saine et rassurante survolant l’étendue d’eau.
– T’inquiètes, je sais que tu es surmené aussi. Je veux dire… t’as vu ta tête ? Lui demanda son frère, posant un pan de sa couverture sur son épaule.
– Oui, en te regardant, je voie ma propre tête.
– Alors, je suis encore malade, t’as des cernes de trois cordées de long et les joues creusées, rétorqua-t-il. Faut dire, déjà que t’es toujours débordé, avec les Charon forcés de rester piaffer dans leur fief, ça doit être encore pire… Avec Rufus qui continue de te vomir des horreurs dessus je parie, alors que tu fais tout son travail à sa place histoire que son foutu Royaume tienne encore debout…
– Vu l’endroit où j’ai dû aller le chercher… j’ai bien cru que c’était un bordel… marmonna-t-il. Déesse, j’aurais préféré ne jamais voir une chose pareille.
– Eh bien, je n’ose même pas imaginé… que la Déesse te nettoie les yeux pour ça. Enfin, tu vas pouvoir te poser un peu… et comme dirait maman, il n’y a rien de meilleur que l’air du lac…
– Elle avait bien raison… Hum… » Il prit une grande aspiration, goutant l’odeur fraiche de l’eau scintillante, chargé des parfums des environs, se sentant vraiment bien pour la première fois depuis longtemps en étant aux côtés d’Alix. « Ça fait du bien… ça fait longtemps…
– Trop… » souffla-t-il en posa sa tête sur son épaule, le premier-né calant un peu la sienne contre celle de son frère.
Ils restèrent encore un peu mais, ils durent s’endormirent à un moment ou un autre car, leur médecin vient les secouer pour leur dire de rentrer avant qu’Alix ne retombe malade. L’homme les réprimanda un peu, habitué à le faire depuis qu’ils étaient des jeunes adultes.
« Faites attention vous deux ! Surtout vous Rodrigue ! À chaque fois, c’est la même chose ! Si vous ne tombez pas malade en même temps, l’autre va suivre ! Faites gaffe !
– On fait attention. On va pouvoir dormir un peu en plus, ça devrait aller, lui assura Alix.
– Hun… faites tout de même très attention… vous êtes bien comme votre père tient… d’après mon maitre, les seules fois où Guillaume tombait malade, c’était à cause du surmenage… ce n’est même pas une maladie, c’est juste que votre corps a lâché à cause de la fatigue… faites attention vous deux…
– On fait ce qu’on peut Pierrick, lui assura Rodrigue. On a simplement beaucoup de travail aussi à faire et que nous ne sommes pas aussi endurants à la tâche que lui ou notre mère…
– Les dignes fils de leur père… enfin, dormez et manger bien. Vous êtes bien maigres… »
Les jumeaux essayèrent de le rassurer tout en lui promettant de lever un peu le pied. Rodrigue ne demandait que ça, même s’il devrait rentrer dès demain vu qu’Alix allait mieux, il ne pouvait pas vraiment se permettre de rester loin de Fhirdiad. Rufus pourrait mettre le feu au Royaume à n’importe quel moment dans son ivrognerie… même si ça faisait mal de juste penser à la séparation… les jumeaux restèrent ensemble pour rattraper tous les mois où ils ne se voyaient pas, puis allèrent se coucher.
En se réveillant un peu tard, Rodrigue se maudit en voyant le soleil se lever en même temps que lui, croyant même sur le coup qu’il était midi tellement il brillait fort pour la saison… il devait repartir au plus vite, même s’il aurait préféré rester chez lui. Il lui manquait déjà une main et un bout de cœur avant même de partir. En se mettant sur ses pieds, sa tête tourna un peu, lourde comme du plomb alors qu’il se préparait pour la route. Peut-être qu’il devrait rester plus longtemps… puis le duc se rappela la montagne organisée de travail sur son bureau, ayant encore grossi avec une autre pile de parchemin que Rufus lui avait laissé pile avant son départ pour Fort Egua en lui disant bien de prendre son temps… comme s’il en avait… comme si l’un ou l’autre des frères leur laissait le temps pour quoi que ce soit en politique…
L’homme rangea soigneusement ses sachets dans la poche sur son cœur, retrouva Grigri qui était une de ses seules compagnies en plus de ses hommes à Fhirdiad puis, alla rejoindre en vitesse Alix pour le saluer et lui parler encore un peu avant son départ. Sa tête tournait de plus en plus… il avait l’impression que chaque pas le sortait de son propre corps… il voudrait tellement rester ici…
« Tu es sûr que tout va bien ? Lui demanda son frère à peine levé en le voyant, posant sa main sur son épaule.
– J’ai connu mieux mais, pas vraiment le choix… j’ai mal à la tête…
– T’es brûlant… eh ! Rod ! »
Les jambes de l’ainé des jumeaux cédèrent sous son poids, alors que le monde autour de lui devient de plus en plus flous et tournait de plus en plus vite. Il garda seulement le visage de son frère clair avant de s’évanouir de fatigue, vidé de ses forces…
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Félix reçut une lettre d’Alix le vendredi quatorze de la lune du Loup Rouge lui annonçant que son vieux était alité, et partit le quinze au petit matin avec l’autorisation d’Hanneman et l’aval de Manuela. Enfin, il serait parti quand même avec ou sans de toute façon, sa blessure à la tête ne lui faisait plus mal depuis quelques jours. Ce n’était pas qu’il était vraiment inquiet, Rodrigue était solide mais, quand un des jumeaux était souffrant, fallait toujours surveiller l’autre pour qu’il ne fasse pas de connerie… genre coller son frère contagieux… Visiblement, c’était plus dû à la surcharge de travail et à l’épuisement qu’à une maladie mais, on ne savait jamais.
En plus, l’épéiste n’était pas parti seul. Évidemment, le phacochère avait suivi, tout comme Sylvain et Ingrid, morts d’inquiétude, ainsi que Gilbert qui les chaperonnait sur ordre de Seteth. Le vieux préférerait surement voir le double assoiffé de sang de Dimitri que lui de toute façon alors, quitte à ce qu’ils soient deux sur les routes avec l’ancien chevalier, autant à ce qu’ils y aillent tous les quatre, surtout qu’Hanneman avait été compréhensif. Dedue n’aurait pas pensé qu’il aurait été de trop et n’aurait pas encore deux côtes, une épaule et une jambe en train de cicatriser à cause de la bataille du Lion et de l’Aigle, il aurait aussi pu suivre sans problème.
Le groupe d’ami arriva à Fort Egua le samedi en milieu d’après-midi, et fut accueilli par Pierrick, qui leur expliqua la situation.
« Il est très fatigué avec pas mal de fièvre qui le fait délirer et des douleurs musculaires. Ce sont des syndromes typiques du surmenage, et les deux ont toujours eu du mal à rester lucide quand ils ont de la fièvre. Il n’est pas vraiment malade, il est juste épuisé et son corps l’a lâché. Alix a eu exactement la même chose… quand je leur disais que quand l’un est malade, l’autre suivait… Ce n’est pas les fils du seigneur Guillaume pour rien… leur père faisait souvent des phases de « maladies » comme celle-ci car, il travaillait trop. C’est juste qu’à force de s’épuiser, le corps craque, c’est normal. Ils doivent aussi plus manger, ils sont bien trop maigres, surtout Rodrigue. Je leur avais dit que leur appétit de moineau leur jouerait des tours un jour… avec le stress et séparés, ils devaient encore moins manger…
– Et il va se remettre ? Demanda le phacochère sans cacher à quel point il était inquiet.
– Oui… ! Il est solide. Par contre, repos complet pendant un mois, minimum, il a besoin de dormir et de manger un peu plus pour se remettre. De ce que j’ai compris, Rufus lui laisse tout son travail pour qu’il le fasse à sa place donc, le régent va devoir se faire violence et aller bosser un peu. Ça changera que ce ne soit pas les gens de chez nous qui fassions tout le boulot…
– Pfff… mon père ne sait vraiment pas dire non ou s’occuper de lui… grogna Félix. Je parie qu’Alix est avec lui. Il est dans un meilleur état ?
– Oui, il en sort de son épisode de fièvre alors, ça devrait aller, même s’il était dans un état moins pire que son frère. Ils sont tous les deux dans la chambre de Rodrigue. Étant donné que ce n’est « que » de la fatigue, vous pouvez aller le voir sans risque. Par contre, allez tous prendre un bon bain avant. Vous en avez tous besoin après une telle chevauchée et dans un état de fatigue pareil, on a les défenses naturelles d’un nouveau-né. Il risque d’attraper tout ce qui passe, il faut faire très attention.
Les quatre amis se plièrent aux demandes de Pierrick sans problème, ayant tous besoin de se rincer, surtout que la chevauché avait réveillé la douleur de leurs blessures de la bataille du Lion et de l’Aigle. Ils prirent une grande bassine chacun et se lavèrent dans la salle d’eau. La forteresse était bien aménagée et moderne, tout comme toute la ville afin d’éviter les épidémies, en particulier le paludisme qui faisait des ravages dans les zones humides comme Fraldarius. Il fallait faire très attention à garder les installations en état pour éviter ces fléaux, même si l’eau toujours pure du lac aidait beaucoup à garder la ville propre et saine. En tout cas, ils allaient se désinfecter en vitesse puis, ils iraient voir comment le vieux allait, et si Alix n’était pas sur le point de retomber malade en s’occupant de lui.
« Faut les surveiller comme le lait sur le feu ces deux-là… » songea Félix en plongeant l’éponge dans l’eau clair.
Remettant le linge dans sa bassine d’eau froide, enveloppé dans une couverture bien chaude, Alix veillait sur Rodrigue alors que son frère dormait, assis à côté de lui sur son lit. S’il avait bien entendu et se fiait à l’agitation dehors, Félix devait être arriver, il ne tarderait surement pas à les rejoindre. Il ferait peut-être mieux de filer quand il rentrerait… son neveu n’aimait pas vraiment s’inquiéter en public alors, il ne voulait pas faire de trop… il préférerait qu’on lui coupe une jambe plutôt que de s’éloigner de son jumeau mais, le cadet savait aussi que ce serait mieux pour son frère s’il pouvait rester un peu avec son fils, même inconscient.
Rodrigue se mit à s’agiter dans son sommeil, les lèvres tremblantes alors qu’il hachait, brûlant de fièvre.
« Fe… Félix… Félix… ou… où es-tu…
– Chuuut… ça va aller, lui souffla-t-il en passant un chiffon frais sur son front en feu, en espérant que cela l’apaiserait un peu. Ton petit va vite arriver, ne t’inquiète pas.
– Alix… le reconnut-il à sa voix, même s’il dormait toujours, ou ce qui devait être une sorte de sommeil à cause de la fièvre. Félix… Je… je ne te voie plus… où es-tu… je ne le voie plus… où est-il… Félix… je ne le retrouve plus… je ne voulais pas… il a disparu… où est-il… mon louveteau a disparu… il… non… non… non… les feux follets… les brûlures violettes… les mages noirs… non ! Non ! Félix ! Mon fils a disparu ! Ils me l’ont arraché cette fois ! Ils le brûlent vif ! Félix ! Félix ! Où es-tu ?!
Il se mit à se tordre sous l’effet de la fièvre et du cauchemar, s’agitant comme un possédé qui voulait se lever, récupérer Aegis et Moralta, puis aller chercher son louveteau qui semblait aux mains des mages noirs. Il devait se souvenir de cette nuit-là sauf que dans sa tête, l’intrus avait réussi à enlever Félix, et mélangeaient avec ce diable d’Arundel en prime. Des mages noirs semblable à cet intrus accompagnaient Lonato, et ils semblaient rôder autour de Garreg Mach, Rodrigue avait dû y repenser dernièrement et s’inquiéter pour son louveteau. Dans les lettres qu’il lui avait écrit au moment de la rébellion, il donnait l’impression d’être terrifier à l’idée même que ces mages noirs s’approchent de son fils.
Prit de court, Alix se releva et maintient son frère comme il put en place. Pierrick lui avait dit qu’il n’aurait surement pas assez de force pour se redresser et il devait impérativement rester couché. Hors de question qu’il se blesse encore plus !
– Rod ! Rodrigue ! Calme-toi !
– Lâche-moi ! Ils ont Félix ! Ils vont le brûler à nouveau ! Ils vont le tuer ! Il faut que j’aille le retrouver ! Mon fils est en danger ! Il est loin du lac ! Je refuse de le perdre ! Pas lui aussi ! Je dois…
– Ce n’est qu’un cauchemar ! C’est la fièvre qui te fait délirer ! Du calme… » il prit la tête de son frère contre sa poitrine, la main dans ses cheveux et l’autre dans son dos pour tenter de le garder en place et de l’apaiser un peu, répétant les mots que disait toujours Aliénor pour les calmer, même si son jumeau le griffait pour se libérer de son étreinte et retrouver son fils. « Ça va aller… ça va aller… Félix va bien, j’en suis sûr… il est devenu très fort maintenant, il pourra se défendre… il en fait du chemin le louveteau minuscule pressé d’arriver. Ça va aller… il est aussi avec ses amis, ça va aller… il va s’en sortir… tu le sais… chut… ça va aller… ça va aller…
– Alix… » son frère s’agrippa à lui, des larmes coulant sur ses joues alors qu’il marmonnait. Il n’avait aucune idée s’il était réveillé ou non, ou même à qui il pensait parler… ce n’était pas le plus important. « J’ai tout gâché… j’a… j’avais promis… Félicia… son nom… Glenn… Félix… je devais… mais j’ai tout gâché… Félix… je… je suis désolé… je suis désolé… j’aimerais… j’aurais voulu… je suis désolé…
– Chuuut… tu as encore du temps… il vit encore donc, vous pouvez encore, souffla-t-il, sachant que son frère saurait où il voulait en venir s’il comprenait les mots qu’il lui disait, et pas juste le ton et la voix. T’essaye, c’est déjà plus que beaucoup… ça s’améliore un peu en ce moment… il a encore le temps de bien porter son nom, j’en suis sûr… et Félicia, elle ne pouvait pas deviner que vous alliez finir dans la pire des situations… t’as fait ce que tu as pu… ça aurait pu être mieux mais, personne ne pouvait prévoir que ça allait tourner comme ça quand tu as promis… personne… on a fait tout ce qu’on a pu pour empêcher ce merdier mais, ce n’est pas notre faute si ce chien idiot s’est encore bouché les oreilles en hurlant que ça allait bien se passer, et en nous insultant au passage… et tu peux t’autoriser à pleurer si tu en as besoin… répéta-t-il. Pleure encore si ça te fait du bien… tu ne peux pas tenir tout le temps… si quelqu’un vient te dire quelque chose, je le coupe en tranche… ça, ça ne change pas… aussi sûr que je serais toujours toi, et que tu seras toujours moi… ça va aller… ça va aller…
– Je suis désolé… je suis désolé… Félix…
Le cadet le garda dans ses bras jusqu’à ce que son jumeau se calme et le lâche de lui-même, replongeant dans un sommeil aussi profond que le lac. Il le rallongea dans son lit et remit ses couvertures correctement, soulagé que le délire de fièvre soit passé assez vite. Ce n’était pas la première fois qu’ils en faisaient quand ils étaient malades.
« Enfin, la dernière fois qu’on en a fait des pareils, papa devait avoir quitté ce monde depuis pas longtemps… »
Est-ce que leur père en avait aussi quand il s’épuisait au travail ? Est-ce qu’il avait aussi peur pour eux dans ses cauchemars ? Est-ce qu’il les prenait dans ses bras quand ils en faisaient ? Pour la dernière question, il en était sûr… sûr qu’il venait aussi les calmer quand ils étaient malades… peut-être qu’il chantait… surement… c’était trop flou et perdu dans le flot de leur mémoire pour qu’Alix puisse en être vraiment sûr… ce n’était pas vraiment le plus important pour le moment… ils savaient comment agissait Aliénor et c’était le principal…
Il redressa la tête en entendant la porte grincer sur ses gonds, le mouvement furtif pour essayer de la fermer sans les déranger. Échec cuisant.
Le cadet soupira à l’idée qu’il ait pu voir Rodrigue comme ça, en se levant pour aller à leur rencontre, ils ne le feraient pas d’eux-mêmes.
« Vous êtes là depuis quand ? Demanda-t-il en découvrant bien Félix, Dimitri, Sylvain et Ingrid dans le couloir. Ah, et Gustave – oh pardon, « Gilbert » – aussi… comme s’il avait envie de le subir celui-là…
– On va dire depuis qu’il a dit qu’il avait perdu Félix de vue… répondit Sylvain, un peu gêné.
Le prince déclara, mal à l’aise de ne pas être venu l’aider.
– Pardonne-nous… on est… on est resté figé sur place…
– Pour vous quatre, ce n’est rien, c’est normal d’être tétanisé quand quelqu’un est comme ça, surtout à vos âges. Pour Gust… Gilbert, » se trompa-t-il exprès, n’en ayant juste rien à foutre de griller la vraie identité de ce lâcheur, « je ne suis pas étonné par contre. À force, on connait. Enfin, je ne pense pas que Rodrigue aurait voulu que quelqu’un le voie comme ça. Moi, ça passe mais, c’est parce qu’il est moi et je suis lui. Une vie commune entière et neuf mois de colocation dans le ventre de notre mère, ça aide.
Le déserteur baissa les yeux devant l’insinuation – il devait se souvenir de la colère de Rodrigue et deviné que la sienne serait surement du même acabit – alors qu’Ingrid demandait, surement pour calmer un peu les esprits.
– Vous voulez qu’on revienne plus tard ? Vous devez vouloir rester avec le Seigneur Rodrigue…
– Pas la peine de me vouvoyer et d’être aussi grave Ingrid. On n’est pas à la cour, je vous connais tous depuis que vous étiez des gros poupons tout rouges, et je suis trop fatigué pour être pointilleux sur la politesse… déjà que c’est pas mon fort…
– Ça se voie, tu tiens à peine debout, grommela son neveu. Y en a pas un pour rattraper l’autre. Va te poser avant qu’on ait deux fiévreux sur les bras, je surveillerais le vieux.
– C’est pas de refus… » ne nia-t-il pas, épuisé. Il avait plus dormi ces derniers jours que ces derniers mois – voir ces dernières années – mais, il était encore fatigué et avait du mal à tenir sur ses jambes sans avoir la tête qui tourne au bout de cinq minutes.
Félix se glissa dans la chambre de son père sans un mot ou un regard, mais qu’il y aille sans hésité une seconde fit plaisir à Alix. C’était important à ses yeux… aidé par Dimitri, il arriva à aller jusque dans une pièce à vivre où on leur servit du thé. Épines de pin d’Almyra… ça faisait du bien… il vida une tasse d’une traite en la tenant à deux mains pour se réchauffer un peu avant de déclarer.
« Excusez-moi de ne pas avoir pu venir vous accueillir, pas vraiment en état de le faire. J’espère que le voyage s’est bien passé…
– Oui, nous n’avons eu aucun problème et ce n’est pas grave, lui assura Dimitri, tu dois te ménager. Comment te sens-tu ?
– Fatiguée comme jamais mais, ça va un peu mieux. Je n’ai plus de fièvre, ce qui est pas mal mais, je dois faire attention pendant au moins un mois selon Pierrick. Je travaille trop et ça m’a rattrapé, c’est tout. Ça fait un moment qu’on tire sur la corde avec Rod, fallait que ça nous tombe dessus un jour ou l’autre.
– D’accord. Au moins, vous allez lever un peu le pied tous les deux. Ça vous fera du bien et vous pourrez rester ici tranquille, arriva à sourire un peu Sylvain en le resservant.
– Merci, et il faudra juste qu’on trouve le moyen de s’assurer que personne ne refile la clé des coffres du trésor à Rufus, histoire qu’il ne dilapide pas ce qui reste en alcool et en femme mais ouais, on ne va pas refuser ça… c’est reculer pour mieux sauter après mais, pas vraiment le choix…
– Ne vous tuez pas à la tâche… lui demanda le prince. J’aimerais pouvoir vous aider… si je peux faire quoi que ce soit…
– Merci, mais t’es trop jeune pour ça, et il faut du plomb dans la tête pour être un bon roi. C’est pour ça qu’il y a un âge minimum pour l’être, ça permet d’être à peu près sûr que le gars n’est pas un idiot fini, le coupa-t-il tout de suite, chassant la remarque désagréable sur Lambert qu’il avait sur le bout de la langue, Dimitri n’avait pas besoin d’entendre ça. Normalement. Et ça empêche pas de tomber sur des connards bornés.
– Si je me souviens bien, votre père est devenu duc très jeune pourtant, et il a toujours régné d’une main de maitre, fit remarquer Ingrid.
– Là, c’est un cas un peu particulier. Il n’y avait plus de duchesse depuis douze ans, Guillaume était devenu duc à trois ans avec le roi pour tuteur et les vassaux commençaient à prendre leurs aises, voir à lorgner sur sa place. Clovis n’était pas bien compétent en plus, ça n’aidait pas. Et si on a bien compris ce qu’on nous a raconté, notre père n’était pas le genre de caractère à rester dans son coin à se faire plumer. Alors, il est rentré de Garreg Mach après y être allé à quatorze ans, s’est marié avec notre mère et ils ont calmé tout le monde dans le fief pour rappeler qui était le couple ducal légitime. Faut dire, il a fallu mettre une raclée à plusieurs d’entre eux avant qu’ils ne rentrent dans le rang… Mais, notez qu’il a fait ses études en premier, et d’après Aliénor, il a continué à étudier toute sa vie. Nous aussi, on est techniquement duc depuis qu’on est enfant mais, on a pris le pouvoir officiellement qu’après notre majorité ainsi que nos études. La régence aurait été aussi difficile que celle de Guillaume si Aliénor n’était pas la femme la plus compétente du nord et elle a toujours mis notre éducation en premier. Donc, fait toi une bonne tête avant de te faire une couronne. Ça te sera toujours utile Dimitri. Surtout que tu pars avec une longueur d’avance comparé à ce chien idiot. T’as hérité tes neurones d’Héléna.
– C’est vrai que le seigneur Guillaume était une très forte personnalité. Même la margravine Gautier craignait ses colères, elles étaient légendaires… et il n’hésitait pas non plus à insulter le roi s’il faisait quelque chose de mal… ça a été reproché à Ludovic au début de son règne d’ailleurs », se remémora Gilbert – et heureusement pour lui qu’Alix était trop à plat pour le jeter dehors. Il luttait déjà assez pour rester éveiller et ne pas échapper son opinion de Lambert devant Dimitri… enfin pas plus que tout à l’heure avec Rodrigue. « Plusieurs critiques le trouvaient bien trop effacé par rapport à son conseiller et disait que c’était Guillaume qui faisait la pluie et le beau temps dans le Royaume.
– Encore cette histoire… sa politique n’a pas changé d’un pouce de tout son règne je te signale, dont son idée de faire une monarchie élective qu’il avait dès son accession au trône, t’es mieux placé pour t’en souvenir que nous vu que pendant une bonne partie, on était encore à l’école alors que toi, t’étais écuyer… Et c’est difficile de dire en toute bonne foi que Ludovic était effacé, il a fomenté un quasi coup d’État à quatorze, quinze ans pour chasser son père du pouvoir ! Clovis serait resté plus longtemps, le Royaume aurait sombré bien avant ! Et t’es mieux placé pour le savoir que nous vu qu’à ce moment-là, on était à peine né ! Avec ça, c’est notre boulot d’empêcher le roi de faire des conneries dans la famille. Il n’a jamais quitté le roi Ludovic ! Clovis pouvait bien aller se faire foutre vu que c’était un incapable assoiffé de guerre mais, Ludovic avait su gagné son respect ! Hein… de toute façon, on ne se souvient clairement que de deux choses sur notre père, ce qu’a dit Ludovic pour nous consoler vu qu’on nous l’a répété ad nauseam, et la boite où il est enterré, ainsi que la dernière chanson qu’il a chanté dont Rodrigue s’est souvenu après avoir été blessé, il en a rêvé. Tout le reste, c’est du grand vague… et il était assez différent avec nous qu’avec les gens qu’il n’appréciait pas. Donc bon, à part les mots d’un gamin de six ans qui adorait son père, je n’aurais pas grand-chose à dire sur lui.
– D’accord… mais, est-ce que tu as compris ce que Rodrigue racontait à cause de la fièvre ? Demanda la jeune femme blonde. Il parlait de feu follet et de mages noirs… pour les brûlures, on voie tous de quoi il parle mais, pour le reste… je me doute que c’est la fièvre qui le faisait délirer mais, c’est trop précis pour que ce ne soit que ça.
– Pour les mages noirs, c’est à cause d’un incident qui s’est produit à Fhirdiad quand vous aviez un et quasi quatre ans. Un type avec un poignard et un masque de médecin de la peste est entré on ne sait comment dans le palais. Il a tué quelqu’un et il a enfoncé la porte de Félix. Rodrigue ne l’aurait pas arrêté, il l’aurait surement enlevé. Il y avait eu une tentative d’enlèvement du même genre sur Cassandra Charon l’année précédente alors, on pense qu’il en avait après leur emblème majeur. On n’a jamais su, il est mort trop vite et l’agresseur de Cassandra aussi. Vu que des mages avec des masques semblables sont réapparus depuis Lonato, ça l’a beaucoup inquiété.
– Je ne m’en souviens pas trop mais après, j’étais pas bien vieux… je crois que la seule chose dont je me rappelle, c’est de l’agitation quand on était à Fhirdiad… et pour les feux follets ?
– C’était à cause des histoires qu’on raconte autour du lac pour que les gens ne s’en approche pas de nuit ? Le questionna Ingrid. Comme pour le Cheval Mallet ?
– Ah ! Mais les feux follets existent, on en a vu quand on était petits… souffla-t-il, les paupières lourdes en se remémorant ces maudites boules de feu sur l’eau. Ils étaient sur le lac…
– Je crois que votre fièvre vous reprend Alix, marmonna Gilbert, le piquant au vif. Les feux follets n’ont jamais existé…
– Ferme-là toi ! S’écria le malade avec l’énergie qui lui restait. Je pourrais bouger sans m’évanouir, je t’aurais déjà foutu à la porte ! Je n’ai pas envie de subir quelqu’un qui nous a tous laissé dans la merde jusqu’au cou pour aller se planquer ! T’as fait que déserter le poste après que… rha ! »
Il grogna comme il put malgré sa fatigue, tout en mordant tout ce qu’il rêvait de hurler depuis des années et encore plus depuis qu’il était séparé à ce point de son frère. Une fois sûr et certain qu’il ne vomirait pas tout le mal qu’il pensait de ce chien idiot devant son gamin, il reprit, ayant l’impression d’être sur le point de se rendormir.
« Les feux follets, ça existe, on les a vus avec Rodrigue ! On s’en souvient bien car, on les a pris pour notre père et ils ont failli réussir à nous attirer dans le lac… c’était quelques semaines après sa mort et notre mère devait partir pour le nord sans nous… on devait être des proies faciles… Aliénor ne serait pas arrivé, on serait sans doute mort noyés dans le lac en voulant le rejoindre… on était persuadé que c’était Guillaume, alors… ... ... les feux follets, c’est vraiment les feux de la mort… hein… il s’affaissa un peu plus dans sa couverture et son siège, sentant le sommeil le gagner à nouveau. De belles saloperies ces trucs… et vicieux… on n’avait pas encore compris… qu’il ne reviendrait pas… on voulait juste le revoir… au moins une fois… même si Ludovic a dit qu’il était mort… comme un vrai chevalier…
– Attends… quoi ?! C’est de là que ça vient ?!
– Bein oui… on ne vous l’avait jamais dit ? Enfin bon… vu ce qui s’est passé la dernière fois… mieux vaut pas le redire… ça fait trop mal de le redire… c’est juste une canne… souffla-t-il en sombrant dans le sommeil.
– Non… c’est la première fois que… Alix !
Dimitri se redressa un peu mais, l’homme aux cheveux noirs s’était endormi sur sa chaise à bras, épuisé. Gilbert soupira un peu en voyant cela, même s’il n’avait pas l’air étonné.
– Le digne fils de son père en tout point… Guillaume pouvait dormir n’importe où pour rattraper son sommeil à gauche à droite… Il vaudrait mieux le ramener dans sa chambre avant qu’il ne se fasse mal à dormir assis ainsi… et s’il ressemble encore plus à Guillaume, il sera d’humeur massacrante si ça le réveille pour quelque chose qui n’est pas urgent.
– Gilbert… vous étiez au courant qu’on leur avait dit que leur père était mort comme un vrai chevalier ? Le questionna le prince, éberlué.
– Oui, c’était une phrase qu’on a dû beaucoup leur répéter. Je n’étais pas à l’enterrement mais, on m’a rapporté que c'était dans l'oraison funèbre, et que Sa Majesté Ludovic l’aurait dit pour rendre sa mort moins violente. Il s’était fait un devoir de leur annoncer la mort de leur père, vu qu’il avait pris un coup de poignard à sa place. Il avait pris sur lui la responsabilité d’expliquer à des enfants de six ans la mort alors, il devait trouver une solution pour rendre cela un peu moins… cruel… surtout que les derniers mots de Guillaume, c’était qu’il ne voulait pas mourir et qu’il voulait retrouver sa famille… on le disait aussi pour la mort de leurs grands-parents aussi maintenant que j’y pense… pourquoi ?
– Si Félix ne s’entend plus avec Rodrigue, c’était au départ parce qu’il avait dit que Glenn était mort comme un vrai chevalier, avant que ça n’empire après la rébellion d’il y a deux ans… c’est à cause de ça et du fait qu’il ait nié le penser que Félix l’a rejeté… oh bordel… lâcha Sylvain. C’est encore un plus gros malentendu qu’on ne le pensait…
– Je parie qu’ils n’en ont jamais parlé à personne depuis des années alors, personne n’a pu lui expliquer, surtout une aussi vieille histoire… toutes les personnes adultes qui étaient avec eux à cette époque était soit mortes, soit en phase de l’être de vieillesse, soit n’avait surement pas envie d’en parler comme Nicola, ajouta Ingrid. Et Félix étant Félix, il a surement dû essayer de les repousser s’ils ont essayé de lui expliquer, que ce soit l’un ou l’autre… déjà qu’à sa tête, il ne savait pas comment gérer que Rodrigue s’inquiète plus pour lui que pour Dimitri…
Gilbert ne cacha pas son étonnement, n’étant pas au courant de ce qui s’était passé alors, Sylvain ferma la question avant qu’elle ne soit posée. Ils avaient juste la tête un peu trop pleine pour lui expliquer tout ce qui s’était passé d’une traite.
– On vous expliquera plus tard. C’est trop long pour être résumé en cinq minutes. Là, on n’a pas le temps.
– Par contre, on ferait mieux d’aller le voir pour lui expliquer… souffla Dimitri en resserrant doucement la couverture d’Alix autour de lui, il grelottait un peu de froid.
– Ça n’arrangera rien, il demandera juste pourquoi ils ne leur ont jamais parlés ou alors, comment ils pouvaient encore croire à la chevalerie alors qu’on leur a aussi dit que c’était par devoir chevaleresque que leur père était mort, encore moins si ça vient de toi ou moi Dimitri, le reprit la jeune femme. Sylvain à la rigueur mais, il n’est clairement pas en état de se rappeler que des enfants de six ans ont beaucoup moins de recul sur les choses, surtout si on leur rabâche tout le temps. Plus tard, surement mais là, non. Ça ferait beaucoup trop d’un coup.
– Ramenons Alix dans son lit et, attendons un peu de voir comment Félix gère ce qu’il a entendu tout à l’heure, proposa Sylvain. On avisera à ce moment-là. Si on se précipite et qu’on met les pieds dans le plat, on va juste arriver à empirer les choses et ce n’est vraiment pas le moment.
Dimitri hocha la tête en prenant Alix dans ses bras sans difficulté. Il faisait sa taille après tout à présent et il était tout léger, personne n’était bien épais dans leur famille. Il se rappela de ces mots… « il est mort comme un vrai chevalier »… ils décrivaient d’abord leur père mais, aussi leurs grands-parents… eux aussi étaient morts pour la couronne et Faerghus… ils étaient tous mort pour les Blaiddyd…
« On va finir par en faire une mort naturelle dans la famille… à se demander comment notre lignée survie… »
Dimitri vit Glenn traverser le mur pour voir comment allait son oncle, lui lança un regard mauvais puis, fila à nouveau rejoindre son père et son frère. Il ne les lâchait jamais quand ils n’étaient pas loin…
« Je suis désolé… ça ne devrait pas arriver… je suis désolé… au moins, je pourrais te venger toi… c’est promis… ce n’est pas grand-chose comme dédommagement pour une lignée quasiment sacrifiée pour la nôtre mais, au moins, tu seras vengé… »
En entrant dans la chambre d’Alix, le jeune homme blond regarda le portrait qui y tronait, représentant une femme à la chevelure blonde avec des reflets roux, ainsi qu’un homme aux longs cheveux noirs liés en tresse désordonnée, comme celle de Glenn et de Félix autrefois, les mèches qui s’en échappaient révélant qu’ils étaient bouclés. Aliénor et Guillaume… ce que les jumeaux pouvaient ressembler à leur père…
« Je me demande ce qui se serait passé si vous étiez encore en vie, il y a quatre ans… si vous auriez réussi à empêcher mon père de se rendre directement en Duscur…
– Évidemment, si je ne m’étais pas fait éventrer pour ton grand-père, lui répondit le tableau en fronçant les sourcils, la peinture figée dans une expression de fureur qu’il n’avait jamais vu au visage de ses fils… il était terrifiant ainsi. Que le roi aille se faire décoller la tête des épaules tout seul en Duscur s’il y tient mais, j’aurais au moins sauvé mon petit-fils et mon meilleur ami ! Glenn est mort à cause de vous ! Encore ! Ma mort et celle de mes parents ne vous ont pas suffi ?! Mes fils ont survécu alors, il vous a fallu prendre et mon petit-fils même pas majeur partout, et l’unité de ma famille avec ?! Rends-les-nous ! Et maintenant, ils se tuent à la tâche pour faire ton travail à ta place ! Comment osez-vous exploiter mes louveteaux jusqu’à la mort ?! Ce sont des êtres humains ! Pas des machines ! T’as intérêt à payer pour ça !
– Je suis désolé… je suis désolé surtout que je m’attache encore à eux ou à Félix… je sais que je devrais les repousser pour… mais j’en suis incapable… je ne veux pas les perdre eux aussi… je vengerais au moins Glenn, c’est promis… c’est promis Guillaume… »
************** Chapitre 13 **************
Rodrigue ne savait pas vraiment où il était… il avait si peur… Félix avait disparu ! Il avait eu beau chercher de partout, c’était impossible de le retrouver ! Il avait cherché dans tous les coins, pas une seule trace de son fils ! Aucune ! La seule chose qu’il avait trouvé, c’était du sang, scintillant comme dans le vase d’Aegis, à côté du masque de médecin de la peste de ce voleur d’enfant… rien d’autre… où était-il ? Qu’avait-il fait à son fils ?! Il devait bien être quelque part !
« Rendez-le-moi ! Félix ! »
Le père avait continué à tout retourner autour de lui, chaque pierre sentant de plus en plus le brulé, le fer, le sang et la putréfaction. Non… non… non ! Pas lui ! Pas lui aussi !
Il vit alors de longs cheveux noirs lié dans une tresse ruinée devant lui, une peau pale recouverte d’écarlate, un œil aussi bleu que les siens fixés dans le vide, le visage à moitié picoré, griffé par les serres d’un corbeau qui prenait appui dessus. L’oiseau de malheur avait le deuxième globe dans son énorme bec, après l’avoir retiré de l’orbite de Glenn. Tout son corps était recouvert de charognard en train de lui dévorer les tripes, une grande lance le clouant au sol après lui avoir éclaté la poitrine. Le corbeau eut le temps de l’avaler avant que Rodrigue ne les chasse du corps de son fils. C’était encore pire que dans ses cauchemars !
« Glenn ! Argh !
Une de ses mains lui empoigna la gorge avec les doigts qui lui restaient, une voix semblable à un gargouillis de sang grondant dans ses oreilles.
– Je ne te pardonnerais jamais… tu n’as pas empêché Lambert de faire des conneries… je suis mort par ta faute… c’est ta faute…
– Je… j’ai essayé… Glenn…
– En plus, t’a abandonné Félix et tu lui as fait du mal… grogna-t-il alors que les os s’enfonçaient de plus en plus dans sa gorge. Je te le pardonnerais encore moins…
– Je ne voulais pas… j’ai essayé… j’ai fait une énorme erreur… je sais…
– Non seulement une erreur… des doigts froids s’enroulèrent dans les siens, tirant sur son alliance. Mais tu as aussi trahi ta promesse… tu m’avais promis Rodrigue ! Tu m’avais promis qu’ils seraient aussi heureux que moi ! Tu lui as même donné mon nom pour me le jurer ! Et regardes où ils en sont !
– Félicia ! Je…
– Tu croyais quoi ? Demanda sa propre voix en enlaçant ses épaules. Il n’est même pas capable de tenir celle qu’il se fait à lui-même. Il n’allait pas tenir celle envers les autres. On était censé être toujours ensemble je te signale !
– Al… non… non… c’est un cauchemar… » se força-t-il à réaliser. « C’est un cauchemar… c’est la fièvre… Alix ne dirait jamais ça ! Je le sais ! Félicia et Glenn aussi !
– Tu es sûr d’encore assez nous connaitre pour en être certain ? Demandèrent-ils en chœur, se serrant de plus en plus près de lui, l’étouffant dans leur étreinte.
– J’en suis sûr ! Malgré tout, je pourrais toujours reconnaitre mon propre jumeau ! Même si le monde s’effondrait, ça resterait gravé en nous que nous sommes identiques ! Alix ne… non ! Félix ! Félix !
Son cadet venait de réapparaitre, lui tournant le dos, ses cheveux remontés en chignon dévoilant son dos nu. Sa marque, l’emblème de leur famille, le recouvrait entièrement, gravé à l’intérieur de lui mais au lieu d’écailles sarcelles, elle était faite de brûlures noires et violacées… il marchait au bord du lac, comme il l’avait fait mille fois, les pieds dans l’eau… des petites lumières pourpres et visqueuses glissaient devant lui… lui montraient le chemin vers les profondeurs… Non ! Non ! Ne les suis pas ! …
– …Félix ! Ne les suis surtout pas ! S’écria-t-il en se débattant pour se libérer de leur étreinte. C’est des feux follets ! Les feux de la mort ! Ils vont te noyer ! Félix !
Les flammèches hantées se mirent à se moquer de lui, guidant son fils vers l’eau. Rodrigue savait qu’il était un excellent nageur mais, face à un feu follet, la fascination pouvait faire oublier jusqu’à comment respirer… il ne fallait surtout pas qu’il le suive ! Il fallait qu’il le rejoigne ! Qu’il l’empêche d’avancer ! Le tirer loin de l’eau ! Comme l’avait fait Aliénor ! Il devait le tirer de là !
– Tu n’es jamais arrivé à le suivre ou à le rejoindre à temps… susurra Glenn en enfonçant encore plus ses doigts dévorés dans sa gorge. Qu’est-ce qui te fait croire que t’y arrivera cette fois ?
– Lâchez-moi ! Vous n’êtes pas réel ! Félix ! Félix !
Son fils lui jeta un coup d’œil avant de reprendre sa route, refusant de l’entendre… même là, ils n’y arrivaient pas…
Les ombres grandissaient, s’étalaient de partout à part sur la surface du lac, brillant à la lumière de la Lune et des feux follets qui riaient de plus en plus fort. Des lames sortirent de l’ombre avec des masques, ceux des médecins de la peste, grouillant comme des rats dans l’obscurité, prêt à lui sauter dans le dos. Il fallait absolument qu’il se libère ! Félix ! Il fallait qu’ils le lâchent !
– Félix ! Félix ! Attention ! Derrière toi !
L’emblème brûlé se mit à saigner.
L’écarlate recouvra sa peau si pale, comblant les trous là où elle n’était pas calcinée. Félix allait mourir exsangue si ça continuait ! Félix ! Lâchez-moi ! Il devait le soigner !
– Félix ! S’écria-t-il en réussissant à se débarrasser de l’emprise de celui qui se faisait passer pour son jumeau. Félix !
Rodrigue essaya de le guérir mais, ça ne fonctionna pas, la magie ne venait pas dans ses mains, faisant ricaner tous les cauchemars présents, le sang et les brûlures maudites dévoreuses de cœur.
Une silhouette se forma et s’enroula autour de son fils alors que ses traits se précisait. Ses contours d’eau se précisait, son interminable tresse s’échappant de son chignon pour entourer le benjamin de leur famille à qui il ressemblait tant… encore plus maintenant… ses yeux bleus en amande ancrés sur lui, rempli de reproche, alors qu’il serrait de plus en plus Félix près de lui, ses mains palmées sur sa tête et son dos, les mages noirs se rapprochant de plus en plus, leur masque se tordant pour sourire cruellement.
– Fraldarius !
Par pitié ! Sauve-le !
– Protège-le de ces mages !
Comme tu l’as déjà fait !
– Comme tu l’as toujours fait !
Mieux que je ne le fais !
– Ne les laisses pas tuer Félix aussi !
Ils se rapprochent ! Ils sont armés !
– Félix ! Attention !
Félix ! Prenez mon sang si vous voulez ! Mais pas le sien !
– Ne le touchez pas ! Ne lui faites pas de mal !
Pas Félix ! Pas lui ! Pas lui aussi ! Félix !
– Félix !
« Le petit bateau flotte sur le lac bleu azur…
Son fond est tout plat, sans fioritures…
Tu te demandes s’ils ont des jambes…
Je te réponds alors en riant,
Tu te demandes s’ils ont des jambes…
Ils ne pourraient nager sans. »
Tout se figea alors que des notes maladroites et hésitantes arrivaient… il serait incapable de dire d’où elle venait… elles comme celles qui suivirent…
« Au clair de la lune, le vent chante
Tu pleures dans cette forêt de cendres,
Les nuages vont alors tous descendre,
Pour que plus jamais, le mal te hante
Au clair de la lune, les loups murmurent,
Sans un bruit, ils s’approchent de tes blessures,
Ils t’entourent, te réchauffent avec leur fourrure,
Cette protection douce, elle te rassure.
Au clair de la lune, la forêt te protègera toujours ici,
Aux hurlements des loups, la brise te réconforte
Tous pansent tes blessures et au loin les emporte,
Dans leur rassurante étreinte, enfin tu t’endors guéri. »
Tout craqua autour de lui, le mauvais rêve se fendillant de toute part, comme un œuf sous les efforts du poussin à l’intérieur voulant connaitre le monde, comme si les toutes petites notes avaient autant de force qu’un géant. À chaque nouveau son, c’était une nouvelle fêlure… à chaque mot, c’était une partie du cauchemar qui tombait en morceau… laissant de plus en plus passer la lumière à travers la coquille…
« Je pars ce matin avec les chants des laudes,
Mes pieds vont d’un côté,
Mais mon cœur reste figé
Il reste ici dans vos petites mains chaudes
Ne pleurez pas mes tous petits,
Je reviendrais sans être meurtri
Je pars à reculons, je pars sans jamais vous oublier
Je pars en ce jour en pensant toujours à vous,
Je parcours toujours ce chemin mais, je l’avoue,
Je vous voie derrière moi et souhaite m’en retourner.
Ne pleurez pas mes tous petits,
Je reviendrais sans être meurtri
Je vous promets de revenir un soir,
Je reviendrais à vous un jour,
Cette promesse de velours
Je ne la laisserais jamais choir,
Ne pleurez pas mes tous petits,
Je reviendrais sans être meurtri
Et quand nous nous serons retrouvés
Ce sera pour ne plus jamais se lâcher. »
Comme les vagues effaçant les pas dans le sable, le flot du chant maladroit balaya toutes les illusions, le laissant en paix dans un espace flou, alors qu’une bande de tissu frais était posé sur son front et ses yeux. Rodrigue savait qui s’était… il était incapable de reconnaitre sa voix, trop déformé par le cauchemar et le temps mais, c’était forcément lui… un chant de l’armée… quelqu’un qui chantait pour l’apaiser… son dernier chant… ça ne pouvait être que…
« Papa… »
Félix sursauta en entendant la voix de Rodrigue. Il le veillait depuis un moment et à part quelques gémissements où il l’appelait, il n’avait pas eu d’autres crises de spasmes comme tout à l’heure. Enfin… il disait ça mais, c’était clair qu’il faisait un autre cauchemar et que la seule raison pour laquelle il ne se réveillait pas, c’était que la fatigue était plus forte. La déesse savait ce qu’il voyait…
Même s’il ne l’admettrait jamais à voix haute, le jeune homme s’était mis à l’imiter… faisait la même chose que son père quand Glenn ou lui était malade et qu’ils étaient petits. Il restait autant qu’il pouvait avec eux, les tenaient quand ça faisait trop mal et chantait pour les apaiser. Ça marchait toujours… surtout avec ces maudites brûlures. Les jumeaux avaient toujours eu une belle voix, fluide et claire, qui s’élevait facilement, parfaite pour chanter des hymnes religieux ou des berceuses… celle de Glenn aussi sonnait très juste en plus énergique… celle de Félix par contre était beaucoup plus craquante, sonnait souvent faux et il avait du mal à se synchroniser avec les autres… un héritage tardif de sa grand-mère Aliénor qui chantait très mal, surtout comparée à son mari, connu pour chantonner tout le temps. Enfin, quand il était seul, ça pouvait passer et pour une fois, il n’avait pas fait trop de fausse note… ne sachant pas trop quoi chanter, et n’ayant clairement pas autant d’inspiration qu’Annette ou Rodrigue pour improviser, ou la voix pour le faire, le jeune homme avait repris des chansons qu’il connaissait : une comptine entendue mille fois, un cantique rassurant promettant guérison et protection, une chanson de l’armée, un dernier souvenir de leur père que les jumeaux fredonnaient souvent. Même s’il n’aimait pas ce chant militaire qui était juste un ramassis de mensonge, cela semblait mieux que le silence. Il préférait ce dernier d’habitude, sauf dans ce genre de situation où le bruit était bien moins angoissant.
Mais Félix ne pensait pas que son père comprendrait ce qu’il disait ! Ni qu’il le prendrait pour Guillaume ! Comment il était censé gérer ça ?! Il aurait eu les yeux découverts, Félix aurait accusé sa natte – il n’avait pas pris le temps la peine de les remonter en chignon, et ça tirait moins, son bandage était déjà assez gênant – d’être la responsable de la confusion à cause de sa vue surement trouble. Mais il devait se rendre à l’évidence, Rodrigue l’avait reconnu à la voix, ou plutôt à la chanson. Aucune chance qu’il se souvienne de la voix de son père.
– Papa… gémit encore Rodrigue. Papa… est-ce que c’est toi ? Papa…
Il avait l’air à moitié désespéré, et l’autre moitié soulagé, sa main tremblant dans sa direction… son vieux était toujours incompréhensible pour quelqu’un d’autre qu’Alix ! Il était censé gérer ça comment ?!
– Ne t’agite pas, t’es déjà épuisé, grogna-t-il en appuyant peu plus le chiffon sur sa tête, il en avait besoin pour refroidir un peu avec une fièvre pareille. Que de la fatigue… tu parles ! Qu’il ait choppé une grippe que ça ne m’étonnerait pas ! Faut toujours les surveiller ces deux-là !
– C’est toi… soupira de soulagement son père en l’entendant. Tu m’as manqué…
– Tu m’étonnes… » marmonna-t-il. Au moins, ça confirmait qu’il était réveillé et plus ou moins conscient, c’était déjà ça.
« Je suis désolé de te faire honte…
Félix allait lui dire d’arrêter de s’excuser quand il tiqua. Pourquoi Rodrigue disait qu’il faisait honte à Guillaume ? La fièvre et la fatigue n’aidaient clairement pas mais, ce n’était sans doute pas sorti de nulle part. Il demanda alors, à peu près sûr qu’il n’aurait pas des mensonges en réponses dans l’état où il était.
– Pourquoi tu lui ferais honte ?
– J’ai échoué… j’ai échoué de partout… je ne suis pas arrivé à convaincre Lambert de ne pas aller en Duscur… deux mois pour tout préparer… ce n’était pas suffisant… on n’a pas eu le temps… toi, tu aurais pu l’arrêter… c'est notre boulot de l'empêcher de faire des conneries... c'est toi qui le disait... résultat, ça l’a tué et surtout… ça a tué Glenn… et ça a tué tant de gens… trop… même Nicola… alors qu’il était aussi fort que toi… c’était un vrai bain de sang… j’ai trahi ma promesse envers Félicia… je lui avais promis de les protéger… qu’ils soient heureux… comme elle… et j’ai tout gâché avec Félix… je ne suis pas arrivé à le protéger… je ne lui ai fait que du mal… je ne voulais pas… j’étais triste… j’étais épuisé… j’avais peur… j’avais peur pour sa vie… j’ai lâché les mots de Ludovic… ils me tenaient à peu près entier avec lui mais, je savais que je n’aurais pas dû lui dire… puis j’ai encore plus tout gâché en ne le croyant pas… je savais qu’il était honnête, même si je ne voie toujours pas ce phacochère… je sais qu’il était honnête mais, je n’arrive pas à le croire… j’ai encore plus tout gâché… je ne sais même pas comment faire pour lui dire… j’ai… j’ai si peur de le perdre… c’est arrivé si souvent… je ne veux pas le perdre alors qu’il est encore vivant…
Il gémit encore plus faiblement que le reste, la voix remplie de désespoir malgré la fatigue. Le jeune homme était sûr qu��il était sur le point de pleurer à nouveau…
– Je ne sais plus quoi faire…
Félix était complètement perdu. Il ne savait pas si Rodrigue était conscient de ce qu’il disait en croyant parler à son père, ou s’il délirait à nouveau à cause de la fièvre mais, sans spasme cette fois. Il n’osait même pas enlever le linge sur sa figure, de croiser des yeux aussi lucides qu’ils pouvaient l’être dans la fièvre plutôt que des paupières fermées et juste des mots débités au hasard dans un délire… il n’avait pas envie de savoir… le jeune homme refusait d’admettre qu’il avait peur de savoir…
Il essaya de récapituler ce que son vieux avait dit pour s’y retrouver. Il avait commencé sur le fait qu’il n’était pas arrivé à empêcher Lambert à aller en Duscur… bon, c’était vrai, même s’il avait essayé de le nier après coup…
Son père et son oncle effondrés… Glenn en colère… Nicola affligé… tout le monde qui courre partout pour tout préparer… le nombre de jour avant ce qui semblait être la fin du monde compté avec appréhension… tout le monde de perdu… les « deux mois » et les « pas assez de temps » sur toute les lèvres… son père qui s’effondre en pleurs après une discussion avec Lambert… son oncle qui revient avec un poing en sang et avoue s’être retenu de frapper leur ami qu’il traitait à présent de connard… Estelle, Bernard et une bonne partie de leurs hommes qui ne cachaient plus tout le mépris qu’ils ressentaient à l’égard du roi… Glenn qui le cache devant eux mais l’hostilité qui émanait toujours de lui, les « chien idiot » qui lui échappaient de temps en temps quand il parlait du roi… … … lui-même qui va disputer Lambert pour avoir fait pleurer son père et l’inquiéter à ce point, de pousser les jumeaux jusqu’à l’épuisement… son grand frère qui souffle qu’il rentrera bientôt définitivement à la maison, avouant à mi-mot qu’il abandonnait son rôle de chevalier du roi… son père qui semble plus que soulager à cela… les débats pour savoir qui des trois sera envoyé à Duscur… Glenn qui insiste pour que ce soit lui qui aille protéger Dimitri, afin qu’en cas de problème, Faerghus ait toujours une tête… que lui ait toujours… un père… le visage mortifié de tout le monde quand le convoi part pour l’abattoir… comme si le glas était déjà sonné pour tout le monde avant même que le sifflement des épées ne brise le silence de mort…
Ensuite, il avait parlé de sa promesse envers Félicia de les protéger et qu’ils soient heureux… échec total sur toute la ligne, effectivement… c’était dur d’échouer encore plus… mais une petite voix étranglée et noyée au fond de son esprit lui rappela les mots d’Alix, quelques heures auparavant… « elle ne pouvait pas deviner que vous alliez finir dans la pire des situations », « personne ne pouvait prévoir que ça allait tourner comme ça ». Bon, s’il avait bien compris, pas si imprévisible que ça pour Duscur mais, il était forcé d’admettre que Félicia n’aurait jamais pu imaginer tout ça… c’était une inconsciente de première, avec sa propre maladie en particulier alors, pour les autres, Félix n’osait même pas imaginer… mais ça n’empêchait pas l’échec total pour tenir sa promesse…
« Tu es en vie… tu es en vie… »
Il n’arriva pas à chasser ses mots de sa tête, même en faisant hurler tous ses reproches. Rodrigue venait d’avouer qu’il avait menti, et même s’il avait peur de le perdre, qu’il n’aurait jamais dû parler de Glenn ainsi, dire ce qu’il appelait « les mots de Ludovic » auxquels il penserait après, il s’entêtait quand même à ne pas le croire alors qu’il savait que le jeune homme disait la vérité…
Sa main lui faisait encore mal… brulait… il sentait encore ses ongles rentrés dans sa chair, ses articulations se tendre au maximum pour former un poing serré… la lumière de son emblème enflammant ses veines à cause de sa rage… le bruit de l’os qui craque… pas les siens… malgré la douleur, il n’avait rien…
Il avait frappé son père en plein visage…
Félix n’avait pas réfléchi… crut sur l’instant qu’il se sentirait mieux après… qu’il le méritait…
Il n’en fut rien… il se sentait encore plus mal qu’avant…
Le jeune homme essaya de se persuader qu’il n’avait rien à se reprocher, que son vieux méritait ce coup de poing… il n’arrêtait pas de mentir, il le méritait… il lui mentait même s’il le croyait, tout ça pour ne pas voir que son fils préféré était un phacochère assoiffé de sang… son emblème était intervenu quand il l’avait frappé… c’était un signe non ? Ça voulait dire qu’il avait bien fait ? Il ne croyait pas assez pour savoir…
Sa marque le lançait dans son dos… le picotait de partout en répétant qu’il s’était mal comporté… de faire demi-tour, de retourner voir son vieux et de s’excuser… ça recommençait… dès qu’il disait la vérité en jurant haïr son père, sa marque semblait dire qu’il mentait… c’était la seule interprétation possible de son énergie qui se diffusait ainsi dans son corps… il avait beau tenté de l’ignorer et de la faire taire mais, elle revenait toujours à la charge, son énergie insupportable tellement elle était rassurante et trop semblable à celle du pire menteur de leur famille coulant en lui pour le rappeler à l’ordre… la seule chose qui la faisait taire, c’était quand il acceptait de retourner au lac, de plonger, de récupérer des bibelots dans la vase jusqu’au soir puis, de rentrer à la maison pour en discuter avec son père car, soi-disant, il lui manquait… même cette maudite marque mentait tout le temps… ce qu’il ne donnerait pas pour arracher ses écailles pour qu’elles se taisent enfin ! Pourquoi cette marque était restée dans son dos ?!
Une fois rentrée chez lui, il retrouva Alix et se maudit… il n’avait jamais confondu les deux jumeaux, jamais… pas une fois, ils n’avaient pu le tromper… mais là, en voyant le visage de son oncle identique à celui de son père… il faillit… il se rappela Rodrigue… il se rappela ses cernes dû à l’épuisement à force de travailler sans s’arrêter, il se rappela la marque rouge de son poing sur sa joue… se rappela son visage choqué, son corps figé de stupeur… lui qui avait tout fait pour oublier sur le trajet !
Il esquiva alors son oncle, s’enfuit de lui et de son jumeau. Félix fila sur la berge, trouva l’amas de rocher et le ponton de pierre, courut dessus puis plongea tout habillé dans le lac, restant sous la surface là où personne ne pourrait le voir. L’eau était glacée… quelqu’un le verrait, il lui dirait qu’il allait attraper la mort… jamais… l’eau ne lui avait jamais fait de mal… il avait juste besoin de rester au calme à l’intérieur, habitué à rester longtemps sans respirer… noyer encore et encore ces souvenirs, faire taire cette marque et s’obliger à se rappeler qu’il n’avait plus de père depuis deux ans, comme il n’avait plus de frère ni de meilleur ami…
« Tu peux regretter tout ce que tu veux, tu n’en as que pour Dimitri… »
L’épéiste allait lui dire, il voulait le dire, l’envoyer en pleine figure de Rodrigue, tant pis s’il était cruel. Tant pis s’il croyait que c’était Guillaume qui le sermonnait. Tant pis si une des choses qui revenait le plus à propos de lui, c’était qu’il mordait tout le monde sauf ses fils. Que sa famille fût le plus important à ses yeux, qu’il aurait été prêt à tout pour protéger sa meute et ses louveteaux. Tant pis s’il devait lui briser le cœur…
Mais Félix n’y arriva pas. Les mots s’obstinèrent à rester dans sa gorge et à ne pas à tous sortir… seuls trois acceptèrent de passer ses lèvres…
– Tu as Dimitri…
– Hum… c’est vrai que j’aime beaucoup Dimitri… il avait besoin de moi après Duscur… Rufus lui aurait fait du mal… il ne pouvait pas quitter Fhirdiad… ça aurait provoqué une autre émeute… même si j’aurais préféré… surtout après… j’ai bien cru perdre Félix ce jour-là… il a failli se faire éventrer… comme toi… il avait failli mourir comme toi… et même avec les mots de Ludovic… j’avais l’impression de… de devenir fou… je voulais juste le protéger… je ne voulais pas le quitter… mais le chaos… les émeutes… c’était trop dangereux… je ne pensais pas que… je ne voulais pas que… que mon fils reste dans ce coupe-gorge… j’avais peur… sans lui…
– Sans lui quoi ? Le pressa sans le vouloir le jeune homme, les mots allant aussi vite que les poings.
– Je n’aurais pas tenu… sans lui… sans Glenn… après que Félicia… mais Glenn et Alix étaient là… Félix aussi… il était si fort… j’avais l’impression qu’il me répétait… de toujours me battre aussi… même quand il pleurait… le gémissement fut remplacé par un sourire. Il s’est toujours battu… même aux portes de la mort… tu dois être… fier de ton petit-fils…
Le principal concerné allait mordre qu’il le confondait avec Glenn, ce ne serait pas le premier à le faire… même si ça serait la première fois pour Rodrigue… l’habitude de vivre avec son propre reflet surement… c’était tout ce qu’il acceptait comme explication logique… mais il savait que c’était faux, savait que son père ne confondait toujours pas ses fils. Les portes de la mort… il devait parler de la peste… même si les deux frères l’avaient eu, Glenn s’en était vite remis et lui avait failli mourir, trop prématuré pour pouvoir y résister aussi bien… ou alors, il parlait de ces maudites brûlures qui lui avait rongé le cœur… Félix chassa encore plus fort que le reste une conversation avec son grand frère au sujet de sa peste, ou ses souvenirs sur le moment où il avait enfin pu rouvrir les yeux grâce à ce qui était honnêtement un miracle de leur Ancêtre.
« Tu t’accrochais toujours à… »
« Fraldarius chantait… il ressemblait beaucoup et avait la voix de… »
Lui donnant doucement à boire pour se donner une seconde de plus afin de réfléchir, le jeune homme préféra détourner la conversation sur un point qui l’intriguait, se bouchant surement les oreilles dessus.
– Tu parles des mots du roi Ludovic depuis tout à l’heure… c’est quoi ?
– Tu ne le sais pas… tout le monde nous les disait… mais c’est lui qui nous les a dits le premier… ça nous a fait tenir quand… tu es revenu dans ta boite… souffla-t-il alors que le cœur de Félix commençait à battre à toute vitesse, remplissant le silence de la chambre avec son rythme erratique. Ludovic disait que tu… étais mort… comme un vrai chevalier… pour le protéger…
Le monde entier aurait pu voler en éclat à l’instant que Félix aurait été moins ébranlé. C’était comme se prendre un coup d’Épée du Créateur en pleine tête, il avait l’impression qu’on tentait de le couper en deux ! Même ses jambes tremblaient, tellement qu’il fut obligé de s’affaisser au sol, comme un gosse à qui ont tordait le bras pour lui apprendre à ne pas frapper ses camarades… et il était incapable de dire si ça faisait mal ou non… c’était… impossible à décrire… son esprit était trop vide pour le faire…
« Il est mort comme un vrai chevalier »… le roi Ludovic l’avait dit aux jumeaux quand leur père était mort ?! Bordel ! Il n’était même pas au courant ! Le jeune homme savait juste qu’ils adoraient Guillaume, les rares brides de souvenirs qu’ils avaient et connaissait les histoires que le vieux Nicola racontait avant d’être aussi massacré à Duscur mais, c’était tout ! Ils ne parlaient jamais de sa mort ! Et ils continuaient à être aveuglé par la chevalerie ?! Alix moins mais, Rodrigue y croyait dur comme fer alors que ça avait tué son père ! Ça avait tué son père avant même de tuer son fils ! Il était aussi stupide que ça ?!
Non… ils avaient six ans… Félix était bien obligé de s’en souvenir… ça gobait tout à cet âge… si tout le monde leur disait, c’était facile de leur bourrer le crâne avec…
– Merde… gronda-t-il en croisant les bras sur le matelas pour cacher sa figure au monde entier, sentant une énergie qu’il ne prit pas la peine de décrypter se déverser de sa marque. Comment je gère ça ? Tu ne me l’avais jamais dit…
– Dans ta lettre…
Bon, là au moins, il connaissait. Son père lui avait montré deux boites en bois enterré dans le jardin, sous les fleurs de potentilles, une pour Guillaume et l’autre pour Aliénor… elles contenaient des souvenirs d’eux et une lettre… il lui avait dit qu’il les déterrait peut-être un jour avec Alix, peut-être pas mais, il lui avait demandé de ne jamais les rouvrir à leur place. Au moins, ça faisait un truc dont le jeune homme était au courant….
– Ça me faisait… tenir… tous les deux… tu n’étais pas… parti… sans raison… continua-t-il plus faiblement. Même si je ne sais pas… de moi-même… comment tu… aurais réagi… je ne sais plus… maman disait que… tu serais en… en colère… je voulais… le garder pour moi… je ne voulais pas…
– Tu aurais pu me le dire avant… mordit-il malgré tout. Si tu ne voulais pas me le dire, pourquoi tu ne me l’as jamais expliqué ?! Ça n’aurait pas arrangé ton cas mais, ça aurait eu une logique !
– Je voulais lui dire… mais il y avait… tant de chose à faire… des morts dans tous les coins… Nicola mort… Gustave envolé… tout détruit… hacha-t-il de plus en plus difficilement comme s’il allait à nouveau sombrer dans le sommeil. Je l’ai manqué… puis… pas trouvé… l’occasion sans… encore plus gâcher… quand je pouvais lui parler… le lac… puis jamais… j’ai tout gâché… et je l’ai perdu… alors que… papa…
Le jeune homme leva le nez de ses bras en entendant le froissement faible de la couverture, vit la main de son père s’agiter autant qu’il pouvait, comme s’il cherchait quelque chose… sans trop réfléchir, il la prit dans la sienne, tout aussi perdu que Rodrigue devait l’être dans sa fièvre.
– Comment faire… ? Les doigts se serrèrent dans sa paume. Comment faire pour le retrouver… ?
– Qu’est-ce que j’en sais… murmura-t-il si bas que personne n’aurait pu l’entendre.
La main devient un peu plus molle de sommeil. Il aurait pu la repousser que Rodrigue n’aurait surement rien sentit… il semblait dormir comme une souche… après s’être tué à ce point au travail, pas étonnant…
Félix s’accrocha à la grande main, incapable de la lâcher…
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Rodrigue frémit dans son sommeil, sortant doucement des pans de la cape où il avait l’impression d’être. Pourquoi une cape… et pourquoi il était dedans ? Il ne savait plus… c’était juste une impression familière gravé au fond de sa mémoire… Guillaume ? Peut-être… il avait rêvé de lui après tout, peut-être que cela avait fait ressortir de vieilles brides du passé enfouies tout au fond de sa mémoire… comme pour sa dernière chanson… il ne pouvait plus s’en souvenir vraiment…
En entrouvrant les yeux, il vit une silhouette pale et aux cheveux noirs, calme et immobile dans un coin de la pièce, le bruit du fer qu’on entretenait occupant le silence avec quelques notes maladroites, qu’il reconnut tout de suite. Une chanson qui semblait faite pour les éveiller après un long sommeil…
« Sur le lac, le savais-tu ?
Un être a marché dessus.
Dans le lac, le savais-tu ?
Cet être y a respiré en sus.
Cet être sans peur le parcourt,
Pour protéger tout son peuple et son sang,
Le lac, il parcourt à tout bout de champ,
Tout trajet lui semble court.
Un grand bouclier incassable au bras,
Une douce épée brillante dans sa main,
Il est petit mais c’est un défaut bénin,
Dans le lac, jamais il ne sombrera,
Il est fier et têtu, insaisissable comme l’eau
Il s’entraine sans fin, en fait toujours plus,
Tu connais le nom de cet épéiste, ce héros,
Le nom de ce grand sorcier est…
– Fraldarius… Félix…
Le jeune homme redressa la tête de la côte de maille qu’il graissait, croisant le regard de Rodrigue, bien plus lucide qu’il ne l’avait été ces derniers jours. Au moins, il avait l’impression qu’il le regardait vraiment au lieu de fixer le vide.
– T… ta tête va mieux ?
– J’aurais dû parier… Penses à toi pour une fois, le réprimanda-t-il un peu car, il le méritait. Ça fait quatre jours que tu dors quasi sans t’arrêter.
– Quatre jours… alors on est…
– Lundi, oui. Le phacochère, Sylvain et Ingrid sont repartis hier après-midi.
– Mais tu es resté…
– Évidemment. Sinon, Alix se serait aussi évanoui à force de s’occuper de toi. On n’a pas besoin de deux fiévreux. Pierrick n’aurait pas tenu le coup.
– Alix va bien ? S’inquiéta-t-il à sa voix.
– Oui, il reste couché de son côté car, vous avez oublié de dormir ! Comment tu as fait pour te foutre dans un état pareil ?! S’écria-t-il en se rapprochant de lui. Il m’a donné son explication fumeuse, à toi maintenant ! Que je sache si vous êtes aussi stupide l’un que l’autre ?!
– Levée avant le soleil, puis suivre les heures des prières pour ne pas se perdre sans m’arrêter… ma table aurait craqué sous le poids du travail que me laisse Rufus… hein… on a tous les mêmes défauts dans la famille… souffla-t-il en frémissant un peu, surement pour aller retrouver son jumeau.
– Tu parles. Et n’essaye même pas de te lever ! Pierrick t’interdit de quitter ton lit pendant au moins une semaine ! Et repos complet pendant un mois ! Tu t’es évanoui de fatigue je te rappelle ! Tu restes ici jusqu’à nouvel ordre !
– Il faudra qu’on trouve un moyen pour que personne ne donne la clé des coffres à Rufus… il aurait le temps de ruiner le Royaume en alcool et en femmes…
– Alix a dit exactement la même chose. Il fera son travail lui-même pour une fois, ça le changera. On n’est pas des chiens dans la famille. T’es un bon toutou obéissant au lieu d’un loup mais, faut pas exagéré non plus.
Félix mordait comme qu’il pouvait, essayant de cacher ce qu’il pensait autant que possible sous l’agressivité. Cependant, Rodrigue dut voir à travers car, il arriva à rire un peu malgré la fatigue en ajoutant.
– Le digne petit-fils de Guillaume…
– Tu ne t’en souviens même pas toi-même.
– Peut-être… même si j’ai cru qu’il était là… je crois que je lui ai parlé… avoua-t-il vaguement. Je ne sais plus de quoi… juste d’un cauchemar puis, il était là… même s’il doit être réincarné depuis longtemps…
– Vu l’état où tu t’es mis, tu as du te l’imaginer… t’as pas arrêté de parler samedi.
– J’espère juste que je n’ai rien dit de mal…
– Pas grand-chose de cohérent, mentit Félix, son père n’était pas assez réveillé pour le remarquer de toute façon. Faudra que tu me le dises en étant lucide pour que je te crois vraiment.
C’était ce qu’il avait décidé. Les mots de la fièvre ne comptaient pas, c’était juste la fièvre. Son père pouvait bien dire tout et n’importe quoi à cause de ça. Même si pour « les mots de Ludovic », ils étaient vrais… il s’était bien gardé de leur dire ce qui s’était passé quand Sylvain, Ingrid et le phacochère étaient venus les voir, même si à leur tête, ils allaient le faire passer aux aveux une fois qu’il serait rentré à Garreg Mach. Rodrigue hocha autant que possible la tête, tout en fixant le bandage autour de celle du jeune homme qui marmonna en posant une main dessus.
– Ce n’est rien. Juste pour bien maintenir un peu la pommade. Ça n’a rien tranché, le plat de l’épée m’a seulement enfoncé le crâne.
– Fait attention… les blessures à la tête sont les plus vicieuses… lui souffla son père, visiblement inquiet.
– Je te dis que je n’ai rien ! Ça fait deux semaines, ça a pratiquement fini de cicatriser ! Et Manuela m’a déjà remis l’os correctement ! Hum… j’ai pas le droit de m’entrainer jusqu’à la fin de la lune mais sinon, ça va.
– Tant mieux… l’hôpital se moque surement de la charité mais, respecte bien la consigne… tu risquerais d’avoir des séquelles ou de gros maux de tête.
Félix fuit son regard, ne voulant pas admettre que c’était exactement ce qui s’était passé durant le chemin, même s’il l’avait gardé pour lui. Il détourna plutôt la conversation, ne voulant pas continuer dessus et devant bien lui dire.
– Hum. De toute façon, je reste ici jusqu’à la fin de la semaine, histoire que tu appliques tes propres conseils.
Le jeune homme jeta un coup d’œil à son père. Il s’attendait à une réprimande pour sauter une semaine de cours, qu’il devrait rentrer à Garreg Mach, que ce n’était pas raisonnable, qu’il devrait prendre plus au sérieux le côté intellectuel de sa formation et pas seulement le côté physique, qu’il était le prochain duc et qu’il devait apprendre à gérer son fief ou quelque chose du genre…
Cependant, rien de tout cela ne vient. Félix vit juste un petit sourire qu’il ne décrirait pas se dessiner sur le visage encore endormi de son père. Ce dernier souffla avant de fermer à nouveau les yeux et de replonger dans le sommeil.
– Je suis content que tu sois là…
Félix ne répondit pas, se justifiant à lui-même que cela ne servait à rien, Rodrigue ronflait à nouveau… et personne n’avait à savoir quel sentiment cela lui faisait ressentir malgré lui. Il remonta la couverture jusqu’à ces épaules, juste pour ne pas devoir rester plus longtemps car, le vieux avait attrapé une grippe.
Le jeune homme ne quitta pas beaucoup son père de la semaine, à part quand Alix trouvait assez de force pour venir le voir ou parce qu’il lui manquait trop. La Déesse seule savait comment ils restaient séparer aussi longtemps ces deux-là… et comment ils arrivaient à le vivre… surement pas bien… vivement la fin de l’année qu’ils puissent se retrouver plus souvent, ils s’empêcheraient mutuellement de s’épuiser comme ça. Ils mangèrent aussi tous les trois, les jumeaux semblaient retrouver tous leur appétit quand c’était le cas, et assez d’énergie pour qu’Alix propose d’échanger leurs assiettes quand son neveu se retournait, avec les aliments qu’ils n’aimaient pas. Sur certains points, son oncle ne grandirait jamais. Ça faisait aussi rire Rodrigue quand Félix le disputait comme un gamin. Son esprit stupide lui rappela que cela faisait des années qu’il n’avait plus entendu un rire aussi léger de sa part. Il ne trouva pas l’envie de noyer ses souvenirs… surement la fatigue, rien de plus.
Il resta jusqu’à dimanche midi, puis repartit pour Garreg Mach et effectivement, dès qu’il remit le pied au monastère, les trois pires amis d’enfance de l’Histoire de Fodlan lui firent passer un véritable interrogatoire. Félix ne voulait rien dire mais, en voyant ses mines de chiens battus ou sévère, il leur avoua ce que lui avait dit Rodrigue en croyant parler à Guillaume. L’épéiste ne pouvait même pas passer sur les moments où il parlait du phacochère, ils savaient tous quand il leur cachait quelque chose.
« …Ne vous étonnez pas si je deviens aussi sympathique qu’Alix avec Gilbert, grommela-t-il à la fin, après avoir mentionné qu’avec Gustave qui s’était enfui la queue entre les jambes, ils les avaient laissés à moitié écrasé sous le travail. Je crois que même Rodrigue lui a soufflé dans les bronches si j’ai bien saisi ce qu’ils se racontaient…
– Je crois qu’une bonne partie des personnes de l’administration et des gardes qui étaient contre le massacre sont dans ce cas… marmonna le phacochère, mal à l’aise. Évite simplement de l’être trop ouvertement devant Annette…
– C’est possible d’être énervé quand elle est là maintenant ?
– Enfin, au moins, tu sais pourquoi il a agi ainsi et son état d’esprit. Il le reconnait, il s’en veut, et il ne sait juste plus quoi faire pour tenter de te reparler. Et tu ne me feras pas croire que tu ne veux pas lui reparler aussi, trancha Ingrid.
– À t’écouter, tu lis dans ma tête.
– Que ça te plaise ou non, on n’a juste une quasi-vie ensemble en commun tous les quatre, rétorqua-t-elle. Ça aide un peu pour se lire les uns les autres. En plus, t’étais pas vraiment en bon état après l’avoir entendu.
– Ça, personne ne pourra dire le contraire. T’étais encore plus pale que tu ne l’es et on aurait dit que tu avais vu un fantôme, ajouta Sylvain.
– Hum… c’est la fièvre qui lui a fait dire ça, grogna Félix. Il aurait été lucide, il ne l’aurait jamais dit à voix haute.
– Car tu t’enfuis à chaque fois ? Et tu vas mettre tout ça sur le dos de la fièvre ? S’outragea Ingrid. Pourquoi pas le mensonge pendant que tu y es !
– Il pensait parler à Guillaume, Guillaume qui est mort et réincarné depuis longtemps. Il répondait plus ou moins aux questions mais, il était tout sauf lucide. Rodrigue ne se souvenait même pas de ce qu’il a dit quand il s’est réveillé. Il ne mentait surement pas mais, il ne l’a pas dit volontairement non plus. T’aurais été à ma place, tu ferais la même chose, ait le courage de l’admettre !
Ingrid prit la pique sur elle, puis soupira, visiblement fatiguée.
– Tu es impossible Félix.
– T’es pire. Je ne voie même pas pourquoi vous vous mêlez de ça.
– Car c’était évident que tu n’allais pas bien après l’avoir entendu et qu’on s’inquiète pour toi, déclara Sylvain. Enfin, si tu préfères attendre qu’il te le dise consciemment, ça se comprend. Au moins, tu sais un peu mieux d’où ça vient. Ça ne l’excuse pas mais, au moins, ça explique un peu sa réaction.
L’épéiste garda le silence mais, ne mordit pas non plus. Ça devrait suffire pour qu’ils comprennent, et heureusement, cela suffit. Après encore quelques mots, Ingrid et Sylvain le laissèrent tranquille et le phacochère semblait aussi bien partit pour le faire mais, il resta un peu plus. Il eut un instant de silence bien trop long avant qu’il finisse par hacher, essayant de paraitre timide et prudent comme l’aurait été le vrai Dimitri.
« Je… je sais que j’ai surement une part de responsabilité… Rodrigue ne m’a pas beaucoup lâché après la Tragédie… mais… mais je voudrais te dire que… je crois qu’il pensait tout le temps à toi… il essayait déjà… ou au moins il espérait avoir l’occasion de s’expliquer qui ne casserait pas tout… enfin, pas encore plus…
– Avoue ce à quoi tu penses seulement, qu’on n’y passe pas la nuit.
– Bon. Tu te souviens de notre cachette ? Tu sais, là où on allait tout le temps pour écouter les adultes chantés dans la cathédrale quand on était petit ?
– Ouais… dur à oublier les roustes qu’on se prenait pour aller là-bas. Tout ça pour écouter les grenouilles de bénitiers réciter les prières quand on ne pouvait pas y aller car, on était trop petit et que ce n’était pas notre office. Le rapport ?
– J’y viens. Je m’y rendais encore quand j’étais à Fhirdiad après la Tragédie. Je n’arrivais pas à dormir alors, j’y allais pour essayer de me calmer et trouver le sommeil…
– Je sais, tu nous réveilles à chaque fois avec Sylvain, et c’est toutes les nuits en ce moment. Pour la dernière fois, va voir Manuela ! Ce n’est pas normal de faire autant de cauchemar ! Je critique le vieux mais, t’es pas mieux !
– J’irais la voir mais, écoutes-moi. À chaque fois, j’entendais Rodrigue faire ses prières du soir. Il s’y rendait toujours très tard vu qu’il était débordé en journée. Je l’entendais prier Saint Cichol à chaque fois…
– Rodrigue prie toujours Saint Cichol. Il manipule tellement la breloque qui représente son emblème qu’il faudrait la changer, même s’il ne le fera jamais, ou pas avant qu’elle soit juste tombée toute seule. Où tu veux en venir ?
Les yeux d’ambre de Félix étaient plissés, le défiant de faire le moindre faux pas sous peine de le mordre à la gorge. Il se souvenait encore de la dispute entre leurs pères, quand Arundel l’avait blessé avec cette magie étrange. Il ne s’en rendait pas encore compte car, ils faisaient attention à enterrer la discorde devant eux mais, les nobles à la cour n’arrêtaient pas de dire que finalement, Rodrigue avait les yeux de son père… les yeux d’un loup féroce, toujours prêt à mordre tout ce qui s’approchait trop près de sa meute… et que Guillaume aurait été encore en vie, il ne se serait pas contenté de se retirer dans son fief avec sa famille pour marquer sa fureur… même si la couleur venait de sa mère, la forme était bien celle de toute sa famille paternelle… même si l’épéiste le nierait, c’était un Fraldarius jusqu’au plus profond de son sang… une famille qui avait choisi un loup pour blason…
Dimitri ne devait pas trembler ou faire de faux pas… il n’avait pas peur mais, à la moindre occasion, Félix le chasserait et se refermerait complètement, quitte à lui arracher la gorge pour le repousser. Après tout, les loups pouvaient tuer un sanglier alors, un phacochère, surement aussi…
– Et bien, la plupart du temps, quand il s’adressait au Père, ce n’était pas pour moi qu’il priait, ni pour mon père. Je crois… si je comprenais bien ses prières, je crois qu’il priait pour toi…
– Qu’est-ce que tu en sais ? Rétorqua-t-il. Le vieux est comme Annette avec ses chansons, il brode toujours ses prières. Il reprend la structure mais, il invente les paroles pour que ça colle mieux, et à moins de s’appeler Alix, personne à part la Déesse ne peut savoir ce qu’il avait dans la tête.
– Ce n’est pas faux, surtout qu’elles peuvent être assez cryptique pour toute personne qui n’est pas Alix… mais je suis sûr que c’est de toi dont il parlait. Moi, je n’ai jamais été bien loin, ou il ne parlerait pas d’avoir « perdu » quelqu’un, et pour les prières aux morts, il invoque toujours leurs noms.
– Car c’est comme ça qu’on prie pour les morts, rétorqua-t-il, clairement sur la défensive.
– Oui… mais dans ses prières, il demandait toujours à retrouver quelqu’un… il priait pour retrouver quelqu’un… il demandait à Cichol le Père de l’aider à retrouver quelqu’un et à réparer ses erreurs, car il était dans la même situation que lui…
Félix détourna le regard à ses mots, soit sa manière de nier quelque chose, même quand il savait que c’était vrai… surtout quand il savait que c’était vrai. Dimitri n’oserait plus lui dire en face mais, c’était un tic qu’il avait pris de Rodrigue. Quand son père niait quelque chose qu’il ne pouvait pas accepter, il fermait souvent les yeux ou les détournait pour rompre le contact visuel, comme son fils…
« Tu lui ressembles plus que tu ne le penses… »
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luma-az · 6 years ago
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Fanfic My Hero Academia : Ambition masquée #3
Début de la fic ici, ici ou ici.
Résumé : Bakugo Kastuki, né Sans-Alter, déteste les héros et leur arrogance. Devenu policier, il met un point d'honneur à arrêter les vilains avant eux, même si les risques qu'il prend lui valent des reproches de sa hiérarchie. Malgré son sale caractère, il n'effraie pas le héros Red Riot, qui le séduit peu à peu... mais leur relation ne sera pas si simple.
Pairing : Bakugo Katsuki x Kirishima Eijirou
Avertissement : jurons. Beaucoup.
Taille : 20k mots
Publication d'un nouveau chapitre tous les mercredis
Chapitre 3 : bon, peut-être que le timing n'était si bon que ça
  Bakugo n'essaye pas de se cacher lorsqu'il débarque à l'hôpital en furie. Non, il fait plutôt un mini-scandale, plaque de policier à l'appui, et rapidement il a le numéro de la chambre de Kirishima, son dossier médical complet et la promesse qu'aucun soignant ne viendra le déranger, alors que l'heure des visites est dépassée depuis longtemps. D'ailleurs, quelque part au fond de lui l'officier sait très bien qu'il paiera cher ces heures de sommeil manquantes alors qu'il attaque la suite de son enquête dès le lendemain à l'aube. Mais pour l'instant, porté par son habituelle colère bouillonnante, Bakugo n'en a rien à faire.
Ce n'est que devant la porte de la chambre qu'il se calme. Une pointe d'anxiété vient faire légèrement vaciller son assurance. Et si Kirishima n'avait aucune envie qu'il vienne ?
Et merde, depuis quand il se soucie de ce que veulent les autres ? Lui a envie de venir, point final. Sa propre hésitation ne fait que l'énerver encore plus, lui qui méprise tellement les gens qui ne savent pas ce qu'ils veulent, et il déboule dans la pièce comme un boulet de canon.
Kirishima, allongé sur le lit d'hôpital et en train de regarder tranquillement la télé, sursaute et s'écrit :
« Bakugo ! Qu'est-ce que tu fais là ?
— Comment ça, qu'est-ce que je fais là ? C'est bien toi qui m'as invité à dîner, non ?
— Hein ? Heu, oui, mais tu ne m'as jamais répondu, alors...
— Alors tant que tu es coincé ici, il va falloir que tu te contentes de ça.
Bakugo pose agressivement son sac sur la table à côté du blessé, et commence à déballer son contenu. C'est un peu improvisé et nettement en dessous de son talent habituel, mais il fait confiance à sa cuisine et il est sûr que ses plats plairont nettement plus à Kirishima que la nourriture de l'hôpital. Celui-ci ouvre de grands yeux en le voyant sortir les tupperwares et les couverts, puis pense à éteindre la  télévision, avant de se lever et de s'installer avec le policier :
— C'est... c'est pour moi tout ça ?
— C'est pour nous. À moins que tu aies déjà envie de me virer de ta chambre ?
— Ah, non, non ! C'est super gentil de venir me voir ! Et d'amener tout ça ! J'aurais jamais cru que...
— Arrête de bavasser et sers-toi. Comment tu te sens ?
— Franchement, après une surprise pareille, je me sens super heureux !
Le héros a son plus beau sourire, et lui qui sourit tout le temps, il est à présent encore un cran au-dessus de sa joie de vivre habituelle. Bakugo a l'impression que son cœur a raté un battement. Comment est-ce que Kirishima fait ça. Il a les dents pointues, pourtant, un sourire de requin, il devrait être effrayant, monstrueux. Et au contraire, il est magnifique et lumineux, un pur distributeur de bonheur ambulant.
En plus, il n'a pas mis l'horrible gel qui lui fait une tête d'ortie rouge en temps normal, ses cheveux sont lâchés et lui frôlent les épaules. Il porte un simple pyjama, orné d'une photo de Crimson Riot, un vieux héros. Son visage est libéré de la mentonnière bizarre qu'il porte d'habitude. Il parait plus jeune que Bakugo, alors qu'ils ont le même âge, avec son sourire et ses yeux brillants. Il est encore plus beau que d'habitude. Et il s'est rendu compte que Bakugo le scrutait, il lui rend son regard gentiment, l'air un peu surpris mais patient, et l'officier sent le rouge lui monter brusquement aux joues. Pour se donner une contenance, il commence à lire son dossier médical, en marmonnant des commentaires à propos de ses blessures et d'être un inconscient.
— Bakugo ? demande gentiment Kirishima.
— Quoi ?
— Lève un peu le nez de ce dossier. En plus, tu n'as le droit de le lire.
— La loi, c'est moi.
— C'est complètement de l'abus de pouvoir, tu sais ça ?
Kirishima rit en disant ça. Mais il n'arrête pas de le regarder, avec ce sourire idiot, comme s'il trouvait l'officier touchant, comme s'il le voyait en état de faiblesse, et Bakugo se reprend. Il n'a pas besoin de se cacher derrière quoi que ce soit, ce n'est pas son genre. Il pose le dossier et regarde Kirishima droit dans les yeux, tout en lui lançant d'un ton de défi :
— Et alors, tu vas me dénoncer ?
L'autre rit encore.
— Oh non, ne t'en fais pas ! De toute façon, je t'avais déjà tout raconté, non ?  En tous cas je crois. J'ai peut-être oublié des détails, j'ai du mal avec les noms médicaux.
— Tu veux manger oui ou non ?
— Oh oui, merci !
— Alors quoi, t'attends que je te serve en plus ? Je l'ai préparé, tu devrais déjà être content !
— C'est vrai ?
— Pourquoi je te mentirais ?
— C'est super, Bakugo ! C'est vraiment la classe de savoir cuisiner !
— Imbécile. N'importe qui sait cuisiner, ça n'a rien de difficile.»
Peut-être que Bakugo a encore un peu les joues qui cuisent sous le terrible combo des yeux admiratifs et des compliments. Ou peut-être qu'il fait juste trop chaud dans cet hôpital. Quoi qu'il en soit, il retire sa veste et la plie soigneusement, le temps que Kirishima ouvre toutes les bo��tes et s'enthousiasme pour tout ce qu'il y voit.
.
Leur premier repas ensemble a été un moment hors du temps, quelque chose d'inattendu, où Bakugo a vu chacun de ses préjugés sur le héros  roux disparaitre. Il en garde le souvenir un peu flou d'une bulle de tranquillité, un espace sûr où il peut enfin baisser les armes, se détendre et rire avec quelqu'un heureux de le voir. Depuis combien de temps ça ne lui était pas arrivé ? Il refuse de répondre à sa propre question.
Trop de détente pour pas assez de sommeil, il a même fini par s'endormir sur sa chaise, avant d'être réveillé par Kirishima qui commençait à s'inquiéter. Jamais il ne se serait permis de montrer autant de vulnérabilité devant quelqu'un d'autre. Même parmi ses collègues, seuls ceux qui ont partagé de longues planques avec lui peuvent se vanter de l'avoir déjà vu dormir. Tout ça pour un putain de héros, qui au final n'a même pas flirté avec lui un seul instant de la soirée.
Bakugo chasse ces pensées en reprenant son travail le lendemain. Il est épuisé et encore plus hargneux qu'à son habitude, il a bien l'intention de n'en faire qu'une bouchée, de cet interrogatoire !
Et c'est ce qu'il fait. Il connait trop bien le dossier pour se laisser avoir par les failles dans le récit de Tsuyo, le yakuza qu'il a arrêté. L'homme est un dur qui n'a pas l'intention de collaborer, mais il commet une erreur très importante : il essaye de se jouer de la police. Autant dire qu'il trouve du répondant en face. Bakugo ment tout autant, il tend des pièges et maintient une pression d'enfer, des heures durant, jusqu'à obtenir ce qu'il voulait : une piste. Encore fragile, mais ça reste mieux que tout ce que les flics ont pu avoir depuis six mois. À ce stade-là, l'arrestation n'est plus une victoire, mais un véritable triomphe. Même le commissaire va lui foutre la paix pendant au moins un mois.
Lorsqu'il s'apprête enfin à rentrer chez lui, Bakugo s'aperçoit avec surprise qu'il a un message de Kirishima. Il sent son cœur manquer un battement, et s'engueule lui-même de cette réaction de midinette.
Salut ! J'espère que ton interrogatoire s'est bien passé ! Je suis désolé de t'avoir retenu hier soir alors que tu étais fatigué, mais c'était super que tu sois passé me voir ! Hésite pas à me tenir au courant pour la suite de ton enquête, je trouve ça super intéressant ! À bientôt j'espère !
Le tout était suivi de smileys souriants. Pas de clin d'oeil, pas la moindre trace de flirt, pas même une proposition de se revoir, rien que ce vague "me tenir au courant"...
Merde. Bakugo se fait jeter, non ?
Il se repasse mentalement la soirée, cherchant où il s'est trompé. Kirishima était content de le voir, c'est certain. Il flirtait encore au téléphone. En face à face, il semblait heureux, mais plutôt amical. Il a beaucoup parlé. En y repensant, Bakugo a un peu parlé de son enquête, mais il a surtout écouté, et il a même fini par s'endormir...
Merde. Merde, merde, merde et merde. Il a laissé filer sa chance. Il avait tout, il était en position de se vanter, il avait fait un geste parfait avec ce dîner improvisé, et ensuite il s'était laissé aller et avait suivi le courant. Maintenant Kirishima doit penser qu'il est ennuyeux à mourir !
Quelque part au fond de sa tête, une petite voix lui rappelle qu'il n'avait aucune intention de sortir avec Kirishima, qui est un putain de héros et qu'il déteste donc, et qu'il n'en a donc rien à foutre de ce que le roux peut bien penser. Sauf que ne pas sortir avec Kirishima parce qu'il déteste les héros, ça n'a rien à voir avec ne pas sortir avec Kirishima parce que celui-ci l'a trouvé trop ennuyeux. Et puis quoi encore ? Pour qui il se prend, Tête d'ortie ? Qu'il aille se faire foutre. Il devrait ramper pour avoir une chance d'avoir un rendez-vous avec Bakugo Katsuki, et maintenant il le prend de haut ? Tu parles. Le blond rempoche le téléphone et change de direction, déterminé. Il va montrer à ce putain de héros qu'il est le meilleur parti dont un gars puisse rêver, et le faire supplier de lui accorder un nouveau rendez-vous !
Ou plus. Question de fierté.
.
Après coup, il se traitera de tous les noms pour ne pas y avoir pensé. Alors que c'est pourtant évident, vu le caractère de Kirishima, que si il se pointait à l'hôpital pendant les heures de visite il n'allait pas être seul avec le héros. Mais sur le coup, trop occupé à ruminer ses griefs et garder sa colère la plus forte possible, il n'anticipe absolument pas ce qui l'attend derrière dans la chambre de Kirishima, et il ouvre la porte sans hésiter ni frapper.
Après coup, il se dira qu'il aurait vraiment dû frapper.
Ou mieux encore, oublier cette idée stupide et ne pas venir du tout.
Derrière la porte, il y a bien sûr Kirishima, assis sur son lit, en train d'examiner son téléphone avec trois amis regardant par-dessus son épaule : le taser débile, la démone rose et le dérouleur de scotch. Visiblement en train de commenter ce qu'il était en train d'écrire. Ils le regardent tous avec de grands yeux ronds de crétins, comme s'ils n'arrivaient pas à comprendre ce qu'il venait faire là, mais avant qu'ils aient pu réagir Bakugo entend sur sa gauche :
" Kacchan ?
Il se fige. Oh non. Il est hors de question qu'il se tourne vers le propriétaire de cette voix. Jamais. Il a réussi à effacer ce type de son existence, en tout cas à faire tellement bien semblant qu'il n'existe pas que parfois, Bakugo l'oublie presque. Mais bien sûr, il existe, tout le petit monde des héros tourne presque exclusivement autour de lui d'ailleurs, c'est un ami de Red Riot, et il vient le voir à l'hôpital. Bakugo aurait dû le prévoir. Il n'aurait jamais dû venir.
Il entend à peine Kirishima qui s'exclame à son tour :
— Bakugo ! C'est gentil de venir me voir !
Il lui fait un grand sourire, à peine embarrassé, alors que toute la situation suinte la gêne. Le blond continue à ignorer l'autre, mais il doit fuir, et dire quelque chose pour qu'on ne se rende pas compte que c'est une fuite, il est hors de question qu'ils discutent comme deux vieux camarades d'école, ce que cette stupide tête de brocoli s'obstine à faire à chaque fois qu'ils ont le malheur de se croiser...
Au lieu de ça, c'est Deku lui-même, ce salopard traitre et hypocrite de Deku, qui dénoue la situation en ajoutant tranquillement :
— Désolé, moi je ne vais pas pouvoir rester, mais ça m'a fait plaisir de vous voir, les gars ! A plus !
Il s'en va sans insister davantage. Bakugo fait un pas de côté pour le laisser sortir, toujours sans lui adresser un regard, et c'est tout. Bien. Humiliation évitée, mais ce n'est pas passé loin.
Et tous les pièges ne sont pas encore déjoués. Il reste encore les trois autres, qui ont à peine salué le départ de Deku, pour mieux fixer Bakugo avec de grands sourires inquiétants. Il n'a toujours pas eu le temps de dire un mot avant de se retrouver coincé entre eux et bombardé de questions, malgré les protestations de Kirishima.
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cloeliberte · 6 years ago
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Chapitre 2
       Pap's est rentré hier soir du Japon, je suis super excitée de le revoir. Comme je sais qu'il va d'abord s'occuper du compte rendu de mission avant de passer nous voir chez Julia je décide de prendre les devant et d'aller le voir au bureau.
- Bien le bonjour, je lance en entrant. Comment c'est passé votre retour ?
- Mél, s'exclame Luis en me prenant dans ses bras. Ça fait un moment que l'on ne c'est pas vu.
- Depuis que je suis revenue du Kenya, je lui dit. Alors l'Iran ?
Luis dirige l'équipe C. Lorsque je suis revenue de mon stage, lui et son équipe partaient en Iran pour veiller sur des actionnaires et ensuite sur un site de construction.
- Pas de pertes et un gros bonus pour le retard, dit-il en souriant. Je rentre chez moi, je suis crevé.
- On se verra un de ces jours, je bosse chez Julia en ce moment, je lui dit. Si tu veut je peut jeter un coup d’œil à ton rapport de mission.
- Ça serai génial, dit-il en souriant. Tu crois que ....
- Ne l'encourage pas, lance une voix. Elle ne travaille plus pour nous, dit Pap's depuis le haut de l'escalier.
- C'est toi le boss, c'est toi qui décide, s'exclame Luis en levant les mains tout en me souriant. C'est bon de te revoir, me dit-il avant de partir.
Je monte les escaliers en courant pour me jeter dans les bras de Pap's.  
- Alors, travailler chez Julia, demande t-il en souriant.
- C'est cool, je répond. Je suis tellement contente de te revoir, je dit en le reprenant dans mes bras.
- Vient, j'ai encore du travail à faire, on va discuter dans mon bureau.
Pap's a aménagé l'espace de façon a ce que cet endroit contienne tous ce qu'il faut à son équipe. Le rez de chaussé a été transformé en salle de sport, le sous sol contient un gymnase, un stand de tir et l'armurerie. Le premier étage abrite tous ce que voit les clients, salle d'attente, bureaux, salle de réunion... Les deux autres étages sont réservés aux employés, s'y trouvent salle d'ops où sont préparé les missions et enfin un lieu de vie avec dortoirs, cuisine, douches etc.
I.P. emploie une vingtaine d'agent de sécurité. Tous d'anciens soldats, ils viennent de tous les coins de la planète, avec ce travail Pap's leur donne un coup de mains pour retrouver une vie normale après qu'ils aient été démobilisés. Repartie en quatre équipes ils couvrent tous les domaines de la protection privée. Personnes, biens, sur place ou en transport, à l'étranger le plus souvent.
- Salut Mél, lance Sergueï en entrant dans le bureau. Comment tu vas ? Ton père nous as dit pour la voiture.
- Vous avez trouvé quelques choses, je demande alors qu'il tend un dossier à mon père.
- Alex a fouillé partout mais rien, me dit le géant avec son accent russe.
- Voiture de location et identité qui sont aux normes, dit Pap's en feuilletant le dossier. Rien d'inquiétant. Si ça se prolonge on enquêtera plus mais sinon on laisse tomber. Ça te va ? me demande t-il.
- Pas de problème, je dit en soupirant. Je suis désolée que vous vous soyez inquiéter pour rien. Vous avez assez de travail sans que j'en rajoute.
Sergueï me rassure en me disant que ça a prit à Alex dix minutes pour constituer le dossier.
- Et en plus tu fait partie de la famille, dit-il gentiment. On veille les uns sur les autres.
Je le remercie et passe ma journée avec eux. Je donne un coup de main car leur secrétaire est en vacances.
- On m'a proposé un boulot, je m'exclame soudain. La société de management Modest! cherche du monde. J'ai postulé.
Je leur parle rapidement des garçons et du fait qu'ils m'aient proposé de glisser un mot pour moi.
- Pistonnée, toi ! Tu doit vraiment les apprécier car ça ne te ressemble pas, dit Sergueï.
- Ce n'est pas ça, je dit en soupirant. Depuis que je suis rentrée du Kenya j'ai du envoyer une centaine de CV et je n'ai eu aucune réponse positive quand j'ai eu une réponse. Un peu d'expérience dans le management ne me fera pas de mal.
- Tu as bien raison, dit Pap's avec fierté. Tu sauras quand si tu es prise ?
- Je sais pas, j'avoue. Les garçons ne sont pas passé au café depuis quelques jours. J'espère les voir ce soir pour leur demander.
Après une journée avec Pap's, je suis une peu déprimée à l'idée de retourner au café. Heureusement il n'y a pas grand monde et je m'occupe de ranger le café. Lorsque les garçons arrivent, j'ai tous fini et leur commande est prête à être lancé. Je suis surprise de les voir arriver accompagné.
- Mél, voici Paul, me dit Niall. Paul est notre manageur. Il est là pour ta candidature.
- Ravie de vous rencontrer, je dit en lui serrant la main.
- Je sais que c'est plutôt inhabituel mais je voulais vous rencontrez avant d'appuyer votre candidature. Les garçons disent beaucoup de bien de vous et ...
- Vous voulez vous assurer que je suis bien qui je prétend être, je fini pour lui.
- C'est ça.
- Je m'occupe de la commande des garçons et l'on pourra discuter, je lui dit en souriant. Vous voulez boire quelque chose ?
Il me demande un verre d'eau et après avoir servis les garçons, je nous installe à une table. On discute pendant une bonne demi heure. En fait c'est un vrai entretient d'embauche, il est juste dans un endroit différent.
- J'ai tous ce qu'il me faut, me dit Paul en se levant. Merci de m'avoir accordé de ton temps sur ton temps de travail.
- Pas de soucis. Ce n'est pas comme si on été débordé.
- Je te tient au courant, dit-il en me serrant la main.
Je le remercie et il s'en va, non s'en avoir salué les gars. A peine Paul a t-il passé la porte que les deux compères me sautent dessus pour savoir de quoi on a parlé.
- C'est génial, lance Niall lorsque j'ai fini de parler. Tu vas pouvoir rencontrer le reste du groupe.
- Il n'a pas dit que je bosserai avec vous, je lui dit en tentant de le calmer. Je pourrai très bien être affecté à un autre artiste.
On reste encore un moment à discuter avant qu'ils ne quittent le café. L'idée que je travaille avec eux semble emballer autant Niall que Zayn.
En arrivant dans le studio de Julia, je suis de bonne humeur. Je vais peut être avoir un nouveau travail et je n'ai pas été suivit en rentrant.
***
       Quelques jours après mon entretient avec Paul, je reçoit un appel de Modest! pour m'annoncer que ma candidature a été retenue et que je doit me présenter au siège de Modest! pour finaliser la procédure.
Je fais les cents pas dans la salle d'attente, hypernerveuse. Heureusement, je ne suis pas la seule dans ce cas. D'autres jeunes qui semblent sortir de la fac sont aussi présents.
Lorsque l'on m'appelle je suis la secrétaire dans une salle de réunion. Devant un comité, je répond au même questions que celle auxquelles j'ai répondu avec Paul, puis ils me font patienter presque une demi heure avant de revenir.
- Félicitation, vous êtes sélectionnées pour faire partie d'une équipe de management de Modest!, me dit une type dans un costume hors de prix.
Je remercie le commité et suis la secrétaire vers la sortie. Avant que je parte, elle me donne un contrat type pour les assistants et me conseil de le lire  et de voir les points qui ne me conviennent pas.
- Alors, chez Modest!, me demande Julia quand je pousse la porte du café. Si terrible, dit-elle lorsque je soupire.
- Pas terrible, je dit en . Juste inutile.
Je lui raconte et je voit qu'elle est aussi déçue que moi.
- Je pensais vraiment que tu partirais avec un contrat, dit-elle. Si il ne te prennes pas ce sont des idiots.
- Tu veut tant que ça que je parte, je demande en retrouvant mon sourire.
- Non, j'apprécie ta présence ici mais travailler pour Modest! va te permettre d'atteindre ton rêve. Diriger une équipe pour une ONG
- C'est vrai, je dit en souriant. Mais si je suis prise, être ici va me manquer.
- Ce n'est pas le cas pour le moment et tu as du travail, dit-elle avec un clin d’œil avant de partir dans la cuisine.
J'éclate de rire et je commence à ranger et nettoyer le café. Peu de temps après Julia s'en va est je me retrouve seule.
Je suis rappelée deux jours après mon entretient chez Modest!, une femme m'annonce que suite à un désistement je suis prise dans l'entreprise et que je doit me présenter le lendemain au siège avec le contrat qui m'a été remis le jour de l'entretient.
Je passe la reste de ma journée à chercher ce fichu contrat. Je fini par le retrouver chez Julia sur la table basse de son salon.
- Je suis prise, je lance à ma tante avec un grand sourire lorsque j'arrive au café.
Je lui explique ce qui vient de se passer et elle me prend dans ses bras en me félicitant.
- Je suis prise parce que quelqu'un d'autre ne voulais pas du poste, je lui dit en riant. Ce n'est pas vraiment un exploit d'être un deuxième choix.
- L'essentiel c'est que tu soit prise, réplique Julia en souriant. Ton père dois être tellement content. Tu lui as dit ?
- Je n'ai pas eu le temps, je l'appellerais après le service, je lui dit au moment ou la cloche tinte.
Je souhaite une bonne soirée à Julia et je me met au travail. Je suis de super bonne humeur toute la soirée malheureusement le café reste vide.
Ces derniers jours les clients sont revenus mais seulement le midi. Le soir est toujours aussi calme surtout depuis que Niall et Zayn ne viennent plus. Je ne les ai pas vu depuis un bon moment et ils me manquent un peu. J'aimais bien passer du temps avec eux.
Comme le café est désert, je décide d'appeler Luc pour lui annoncer la bonne nouvelle. Et le moins que l'on puisse dire c'est qu'il est ravi.
- Tu va donc bosser avec les One Direction, s'exclame Luc avec joie. Tu va bosser avec Liam ?!
- Aucune idée, je vais bosser pour leur société de management, donc théoriquement je pourrai bosser avec eux, je répond. Mais il y peu de chance.
- Tu es incroyable, dit Luc et je peut le voir secouer la tête en faisant la moue. Tu vas laisser passer ta chance avec Liam, encore !
- Arrête, je ne l'ai pas vu depuis que j'ai quitté Wolves, je réplique. Et qu'est ce qui te fais penser qu'il se rappelle de moi.
Liam et moi avons grandit dans la même rue. On faisait souvent le trajet ensemble pour aller à l'école. En grandissant j'ai eu le béguin pour lui mais ça n'a jamais mené nul part probablement parce que j'avais bien trop peur qu'il me dise non. Je ne regrette pas de ne pas avoir essayé, juste d'avoir perdu contact.
- Mél, vraiment ? Même pour toi cette excuse craint, dit Luc en riant. Vous étiez super amis, tu crois vraiment qu'il a oublié la fille avec qui il a fait exploser le parc.
- Bien sur que non, je soupire. C'est juste que ça va être un peu bizarre. J'ai envie de le revoir et en même temps pas vraiment.
Luc passe un bon moment à m'expliquer que c'est le stress. Comme si j'avais besoin qu'il me le dise. Je ne suis pas stupide, je sait bien que je flippe totalement à l'idée de le revoir.
- Sinon j'ai une bonne nouvelle, dit-il. L'état de Nana s'arrange selon les docteurs, elle a pu quitter l'hôpital.
Je saute de joie au milieu de la rue. Cette journée est géniale. J'ai un travail qui va m'aider à accomplir mon rêve et Nana va mieux.
On passe le reste de la soirée à discuter de tout et de rien. On rattrape le temps perdu. Et j'oublie complètement de mettre mon père au courant.
***
       En arrivant devant chez Modest! je prend une grande inspiration et pousse la porte d'entrée. La salle d'attente est exactement comme je m'y attendais, immense, luxueuse, qui crie regardez j'ai de l'argent. Elle est en accord avec l'immeuble dans lequel se trouve les bureaux.
- Mademoiselle Clayton, dit la secrétaire. On va vous recevoir.
Je me lève et époussette la jupe quand je voit arriver avec une femme avec un grand sourire, tout de suite je me détends et me dit que ça va bien se passer.
- Merci d'être venue si rapidement, dit-elle avec un grand sourire. Je suis Anna, m'occupe de superviser le recrutement, entre autre tâche, ajoute t-elle en riant.
Elle me conduit dans une salle et l'on passe la matinée à mettre au point le contrat.
- Tu ne commenceras que lundi, dit-elle alors que l'on a presque arrivé au bout du contrat. La personne qui tu vas remplacer nous quitte vendredi. Tu prendras sa place.
Je suis étonnée, je pensais qu'un candidat avait laissé sa place pas que quelqu'un quittait son travail. Ça ne change pas grand chose, c'est juste que j'aurai aimer être au courant avant de venir.
-  D'accord, quel est son poste, je demande en soupirant.
- Il est assistant auprès d'un de nos manageurs, dit-elle en soupirant. Tu verras tout va bien se passer.
Cette dernière phrase me fait comprendre tout l'inverse. Je pensais que tu se passerai bien avant qu'elle insiste sur ce point.
On discute encore un peu et après m'avoir dit de me présenter lundi à 8h30 à l’accueil, je la salue et je quitte le bâtiment.
J'arrive un peu déçu au café. Julia me sert un café et je lui raconte ma journée.
- Entre ça et le fait que ton père soit de nouveau en mission, je comprend mieux ton état dépité, dit-elle en me souriant gentiment.
- C'est juste que ... On aurai pu faire tous ça lundi matin, je lui dit. Et en plus je crois que mon boss ne va pas être sympa.
Je lui explique qu'Ana a beaucoup insisté sur le fait que ça allé bien se passer comme si elle cherchait à se rassurer, à se convaincre.
On discute encore un peu, je lui avoue que je suis déçue de ne pas commencer tout de suite et elle me taquine.
- C'est toi qui es perdante et qui doit encore me supporter, je lui dit avec un sourire.  
Elle soupire et lève les yeux en signe d'exaspération. J'éclate de rire et passe derrière pour aller me changer et prendre sa place.
***
       Finalement je me retrouve plus rapidement que prévue à pousser la porte de Modest! .
Pour mon premier jour de travail, je suis levée de bonne heure, avant même mon réveil. Je suis tellement nerveuse que je n'arrive pas à manger. Je passe un long moment devant ma penderie, j'ai complètement oublié de demander ce que je devais porter. Après tergiversions je me décide pour une jupe et un chemisier, simple mais élégant.
En arrivant à 8h15, je patiente un peu mais Ana arrive rapidement pour me dire que je serai l'assistante de Maven, une manageur junior qui pour le moment n'a pas de poste permanent.
Comme la dernière fois, on s'installe dans une salle de réunion. Elle me tend le contrat en plusieurs exemplaires tout en me disant en quoi consistera mon travail.
Alors que je signe le contrat, une jeune fille avec des airs supérieurs entre dans la salle de réunion. Elle nous dévisage, Ana et moi, avant de dire :
- C'est elle. J'espère qu'elle sera plus compétente que celui d'avant.
Je regarde Ana qui soupire alors que Maven s'assoie sur une chaise et se met à pianoter sur son téléphone. C'est donc pour ça qu'Ana espérait que tout se passe bien. Il va falloir que je m'accroche mais pas question de laisser tomber.
- Ravie de vous rencontrer, je suis Mél, je lui dit avec un grand sourire.
Elle m'ignore totalement et Ana me fait un sourire contrit. Je comprend maintenant pourquoi son dernier assistant n'est pas resté longtemps.
Une fois les papiers signé, Maven part sans un mot. Je salue et remercie rapidement Ana avant de courir après mon nouveau boss.
Arrivé dans un open space, Maven me désigne un bureau près du sien et me dit me de mettre au travail. Je ne suis qu'à moitié surprise d'y trouver une énorme piles de papiers à trier.
- Bienvenue à Modest!, me glisse le type dans le box a côté du mien. On espère que tu vas t'y plaire.
- Arrête tes conneries Timmy ! lui lance la fille d'en face. Ton poste est une bombe à retardement, me dit-elle. A la fin de la journée au va aller prendre un verre avec les collègues et faire des paris sur combien de temps tu vas tenir.
- Ravie d'être au courant, je dit en souriant. Combien de temps est resté mon prédécesseur, je demande un peu inquiète de la réponse.
- Tu as raison de faire cette tête, dit Timmy. Il n'est resté que 12 jours, c'est Claire qui as gagné, ajoute t-il en désignant la jeune femme qui lui fait face.
- Je veut savoir de combien est le recors ? je demande tout en me mettant au travail.
Devant la grimace que font mes deux collègues, je comprend que je vais regretter cette question. Ils m'apprennent que l'assistant le plus coriace est resté 8 mois.
- Depuis qu'elle est la les assistants ce succèdent à une vitesse incroyable, dit Claire. Ça va faire trois ans qu'elle est là et elle doit en avoir passé au moins une dizaine.
A la pause de midi, j'ai un mal de crâne pas possible. J'avais à peine fini de trier les papiers que Maven m'a trouvé d'autre à trier. Puis toute la matinée elle a déposé des dossiers sur mon bureau. A chaque fois qu'un coursier lui apporté un dossier, il finissait sur mon bureau. J'ai découvert qu'en plus de devoir trier ses papiers je devais faire son travail. Heureusement que je suis bosseuse sinon j'aurai laisser tomber.
Claire et Timmy me proposent de les accompagner à la cafétéria mais je décline. J'ai bien trop de travail pour faire une pause. Lorsqu'ils remontent de leur déjeuner, je vois qu'ils sont surpris de me voir encore là.
- Voilà quelqu'un qui va peut être exploser le record, dit Timmy en s'asseyant à côté de moi.
- Au fait, on ne t'as pas demandé ton nom, dit Claire en me déposant une part de gâteau. On t'a prit un truc.
- Mél, je lui dit en lui tendant la mains. Merci mais je sais que vous êtes étonnés de me voir encore ici.
- Tu as raison, dit Claire après un léger silence. On est surpris, on pensait que tu allais raccrocher. Le gâteau était censé être un gâteau de départ.  Mais maintenant tu peut le voir comme un cadeau de bienvenue.
Je rie et les remercie encore avant de me remettre au travail.
Lorsque je quitte Modest! il fait presque nuit et je suis épuisée. Je pensais aller voir Julia au café mais finalement je décide de rentrer me coucher.
    Ma première semaine ce passe comme ma première journée. Je travaille comme une folle, je fais tous, les emplois du temps, les réservations, les demandes en tous genres. Je me demande bien ce que fais Maven pendant que je bosse, à part se plaindre que je ne bosse pas assez vite. J'ai enfin pris le rythme du travail et lorsque Claire et Timmy me proposent d'aller prendre un verre à la fin de la semaine j'accepte.
- Les gars voici Mél, annonce Claire lorsque l'on rejoint un groupe dans le pub au bout de la rue. Elle bosse pour Maven.
Je vois leurs expressions changer et tous me saluent et s'excusent pour mon travail. Ça me fait bien rire. Ils sont tous étonnés quand je leur dit que j'apprécie mon travail.
- Tu croules sous le travail, dit Timmy. Je ne te vois même plus derrière tes piles immenses.
- Arrêtes tu en rajoute, je lui dit en riant. D'accord j'ai trop de travail mais il n'empêche que j'apprécie ce que je fais.
On change rapidement de sujet malheureusement à part le travail, ces gens ne semblent avoir rien en commun. Le point positif c'est que j'en apprend plus sur l'entreprise, le point négatif c'est que plus j'en apprend sur Maven plus je suis déprimée.
- Ne fais pas cette tête, me dit Claire lorsque l'on quitte le pub. Tout va bien se passer.
- Je suis déprimée mais je vais m'accrocher, je lui répond en souriant. Il n'est pas question que j'abandonne. C'est peu être une garce qui me noie de travail mais je l'aime ce travail. C'est bien le seul point positif.
    Lorsque j'arrive après le week-end Maven semble m'attendre, accoudé à l’accueil. Elle me lance un regard noir et me fait signe de la suivre. Sans un mot, je la suis au sous sol.
- Tu va trier les lettres que nous recevons, dit-elle en ouvrant une porte.
J'ouvre de grand yeux quand je vois la petite pièce remplie que boites que je devine être pleine de courrier. Les boites s'empilent du sol au plafond.
- La pause est de midi à midi et demi, dit-elle avant de partir.
Elle part et je soupire. Je suis sure d'être maudite, ce n'est pas possible autrement. Vendredi je l'ai traité de garce et aujourd'hui je suis punie. Elle m'a enlevé la seule chose que j'appréciais en bossant pour Modest!, le travail en lui même.
Je ferme le porte, pousse les meubles dans un coin et me retrousse les manches. Je monte sur la table pour attraper plusieurs boites en haute de la pile. Je les vides sur le sol et je commence à trier.  
Je passe toute ma journée enfermé dans la petite salle. Je ne suis sortie que pour aller faire pipi. Lorsque j'arrête il est plus de 18 heures. Je suis surprise de croiser Claire et Timmy dans le hall. Ils sont aussi surpris que moi et l'on reste un petit moment a discuter. Je leur raconte ma journée et ils m'apprennent que Maven a passé sa journée à "travailler".
- Au moins maintenant tu es tranquille, me dit Claire. Personne pour te dire que tu fais mal leur boulot.
- Peut être mais je ne sais pas pourquoi mais je sens que ça va me retomber dessus.
On discute encore un peu avant qu'ils ne quittent le bâtiment, je vais les suivre quand je me rend compte que j'ai oublié mon écharpe en bas. Je les salue et redescend chercher mon vêtement. A la sortie de l'ascenseur dans le hall, je manque de percuter quelqu'un.
- Mél, s'exclame Niall en me voyant. Comment tu vas ?
Toutes les têtes se tournent vers moi et je me fige. Je suis surprise de voir tant de regards noirs. Celui qui m'étonne le plus vient de Liam, il me regarde comme si j'étais coupable d'un crime terrible.
- Qu'est ce que tu fais là ? demande le blond toujours aussi heureux de me voir sans faire attention à la réaction des autres.
- J'ai été prise, je lui dit en souriant. Je bosse ici depuis lundi dernier. Et vous comment vous allez ?
- La tournée arrive alors on est débordé, me dit Zayn. On va ...
- Qu'est ce que tu fais là, me lance Maven avec un regard noir. Tu ...
- Je rentre chez moi, je dit doucement. J'avais juste oublié mon écharpe. Ravie de vous avoir revue, je lance aux garçons avant de quitter le bâtiment.
Dans le métro je suis tellement fatiguée que je n'ai pas la force de m'interroger sur ce qui c'est passé.
Je bosse au service courrier jusqu'à vendredi après midi lorsque je suis demandé dans les bureaux de la direction. Lorsque j'arrive, Maven fait les cents pas devant un bureau et me lance un regard noir.
- Mesdemoiselles, dit un homme en ouvrant une porte.
Il s'efface pour nous laisser entrer et tout de suite Maven se jette l'unique fauteuil. Je reste debout à côté d'elle en attendant que l'homme nous donne la raison de notre présence.
- Mademoiselle Clayton, je suis Benjamin Rich, dit-il en s'asseyant dans son fauteuil. Vous êtes ici parce que Maven m'a dit que vous étiez responsables des erreurs dans ces dossiers, dit-il en me montrant une pile de dossier posé sur son bureau.
J'en prend un sur le dessus et en l'ouvrant je ne reconnait pas ce qu'il y a dedans.
- Je suis désolée monsieur Rich mais je n'ai pas fait ces dossiers, je dit doucement.
- Tu ... Vous voyez, elle ment, s'exclame Maven. Je vous l'avez dit, je savais qu'elle ne prendrait pas ces responsabilités.
- Mademoiselle nous savons que vous êtes fautive, vous n'avez pas besoin de mentir, c'est juste un avertissement, dit-il.
Je vais pour parler mais il me coupe la parole et dit :
- Un avertissement certes mais sachez qu'une autre faute aussi grave que celle là est vous devrez nous quitter. Vous pouvez retournez travailler maintenant, Maven restez nous devons encore discuter.
Je les salue et je quitte le bureau. Alors que je vais prendre l'ascenseur, Maven arrive et me dit de retourner à mon bureau parce que j'ai du travail à rattraper.
Heureusement que c'est la pause, je ne me sens pas d'avoir à expliquer ma situation à Claire et Timmy. Je n'en revient pas qu'elle m'aie accusé de ses erreurs. Je suis tellement en colère que j'en ai les larmes aux yeux. Lorsque je vois mon bureau noyé sous les papiers, je désespère. Je met mes écouteurs et je me met au travail.
Pendant le week-end je décide que faire seulement ce qui est demandé dans mon contrat. Malheureusement ce n'est pas possible. Des artistes dépendent de ces dossiers pour avoir une carrière et je me sens mal de les laisser tomber alors je bosse comme une folle.
J'arrive à l'ouverture et je quitte les bureaux que lorsque je m'endors presque sur mes papiers. Je ne retourne chez Julia que pour me doucher et me changer. Et comme les mauvaises nouvelles n'arrivent jamais seuls Nana est de nouveau malade et Pap's n'est toujours pas rentré de sa mission au Moyen-Orient.
Plus le temps passe plus je regrette d'avoir accepté ce poste. Un soir dans le hall, je croise les gars de One Direction. Personne ne me souri, Niall et Zayn évitent mon regard alors que Louis, Liam et Harry me fusillent avec le leurs. Même Paul semble m'en vouloir. Le lendemain, les bruits de couloirs disent que quelqu'un a merdé et que cette personne à presque annulé la tournée des One Direction.
Je ne n'ai pas besoin d'être un génie pour relier les points et comprendre que Maven m'a fais porter le chapeau pour ses fautes. Je n'en revient pas, je me fais crucifier pour ses erreurs.
***  
- On part dans 2 semaines, dit Paul. Ça devrait être prêt.
L'homme commence à s'énerver. Je vois que Maven comment à paniquer. Depuis ma chaise je savoure la situation. Le dossier qu'il lui faut est sur mon bureau. Si elle veut le lui donner, elle va devoir me le demander. 3... 2... 1...
- MEL, hurle mon boss. Le dossier des extras du Where We Are Tour ?
Je fouille dans ma pile de dossier et quitte ma chaise avec un grand sourire victorieux.
- Celui-ci ? je demande innocemment en lui tendant les papiers. Il était sur mon bureau, je l'ai fini hier soir.
Elle me jette un regard noir et donne le dossier à Paul sans même y avoir jeté un coup d’œil.
- Regardez et dîtes moi laquelle de nous deux n'a pas sa place ici, je glisse à Paul lorsque je quitte le bureau.
Depuis "l'incident 1D", Paul pense que je suis une fraude. Que je suis ici avec un agenda et que ce n'est qu'une étape. C'est l'occasion de lui prouver ce que je vaut vraiment. Le problème c'est que les garçons le pensent aussi et que les faire changer d'avis ne va pas être aussi facile que de leur prouver que je peut faire mon travail.
Alors que tous quittent leurs bureaux pour allez déjeuner, je reste bosser. Comme d'habitude Claire et Timmy me proposent mais je décline, j'ai bien trop à faire.
Les écouteurs visés sur mes oreilles et le volume à fond, je fini un dossier quand on me met une tape sur l'épaule. Je sursaute et fait tomber mes papiers.
- Ça va pas, je m'exclame en enlevant mes écouteurs et en me tournant en même temps.
Je me fige quand je voit qu'il s'agit de Paul.
- Excusez moi, je pensais qu'il s'agissait que mes collègues, je lui dit mal à l'aise.
- Pas de soucis, dit-il en s'asseyant dans la chaise de Timmy. Vous avez vraiment fais ce dossier vous même ? demande t-il en me montrant le dossier de ce matin.
Je soupire et répond :
- Bien sur, je ne suis pas soudainement devenue incapable après avoir été embauché ici, je lui dit en me remettant au travail.
- Ce dossier est parfait pas une seule faute, ajoute t-il.
- Je sais, je l'ai fait moi même et j'ai tous vérifié deux fois.
- Comment pouvez vous avoir fait de telles erreurs dans le dossier de gestion ?
- Il ne vous vient pas à l'idée que peut être je n'ai rien fait, je lui demande. Que peut être quelqu'un d'autre a fait ce dossier.
Il me regarde sans comprendre et je décide de laisser tomber les insinuations pour lui dire ce qui c'est vraiment passé.
- Vous êtes entrain d'accuser Maven de vous avoir piégé, dit-il lorsque j'ai fini. C'est grave.
Je soupire désespérée, je pensais qu'après mon récit il serait de mon côté mais apparemment j'avais tord.
- Elle est incapable de faire un dossier par elle même, je lui dit alors qu'il se lève. Pourquoi pensez vous que je passe tant de temps ici ? Je suis obligée de tout faire.
Il me jette un dernier regard avant de partir.
- A peine un mois et j'ai déjà envie de me barrer, je soupire en regardant mon calendrier.
Heureusement que le week-end arrive parce que je suis à bout. A la maison Julia s'inquiète mais heureusement elle n'a rien dit à Pap's. Il est rentré du Moyen -Orient mais il se prépare à agrandir I.P est il est débordé. Grâce aux suggestion de Maya la secrétaire de l'entreprise, il a décidé d'ouvrir une section "tourisme". Concrètement il va proposer des excursions entre stage de survie et de découverte des zones les plus incroyable de la planète comme la forêt amazonienne ou le Sahara. Ce projet l'occupe entièrement et je suis ravie qu'il s'investisse autant surtout qu'au début il n'était pas très chaud.
Je passe mon week-end à dormir et a zoner dans le studio. Je n'ai même pas la force de regarder la télé. J'envoie un SMS à Luc et il me répond qu'il est dans le même état que moi. Il bosse autant que moi pour augmenter ses chances d'entrer au MIT.
   Lundi arrive beaucoup trop vite à mon gout. Comme d'habitude une pile impressionnante de papiers m'attend sur mon bureau et je me met tout de suite au travail, je n'ai pas vraiment de temps à perdre.
- Tu vient avec moi, me dit Maven lorsqu'elle quitte son bureau peu avant midi. Tout de suite!, crie t-elle quand elle voit que je ne suis pas derrière elle.
Je me lève et la rejoint en courant. On se rend à l'étage dans une salle de réunion déjà pleine. Je suis étonnée que voir que les gars de One Direction sont là. Aux regards qu'ils me lancent je comprend qu'ils me considèrent toujours coupables des fautes de Maven. Ça ne me surprend pas que Paul ne leur ai pas dit mais ça m'embête quand même.
- Merci de nous avoir rejoins, dit Paul en souriant. Malheureusement Ana ne pourra pas se joindre à nous pour la tournée. Avec l'accord de la direction Maven viendra avec nous.
Je la regarde se décomposer en me retenant de sourire. Elle est dans le pétrin, tous le monde va rapidement se rendre compte qu'elle ne sait rien faire.
- Ce serai bien que ton assistante soit aussi du voyage, ajoute Paul et là c'est moi qui perd mon sourire.
Alors que le reste de l'assemblé est sous le choc ou me lance des regards noir, je fusille le tour manageur du regard et je me retient de l'envoyer se faire voir.
- Pas de discussion possible, annonce Paul alors que Liam va parler. Elles viennent toutes les deux avec nous.
Je passe le reste de la réunion à ruminer. Je suis furieuse non seulement je vais devoir continuer de travailler pour Maven mais en plus je vais travailler pour One Direction. Comme si un seul boss qui vous déteste ce n'est pas assez.
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lucianprincess · 7 years ago
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Chapitre 7 : Violente dispute
E.M.751
A la rentrée scolaire de l'an 751 de l’Ère Moderne, Noctis et Aurora entrèrent tous deux au lycée et firent la connaissance de Prompto Argentum avec qui ils sympathisèrent. Le garçon venait de la même école qu'eux mais n'avait jamais osé les aborder auparavant.
Noctis avait choisi de s'installer dans un appartement en ville, loin de la Citadelle et avait proposé à sa sœur de venir habiter avec lui. La jeune fille hésita mais finit par accepter, aussi bien par commodité avec la proximité de leur lycée, mais également pour veiller sur son frère. Si les premiers mois se passèrent sans encombre, ce fut moins le cas à l'approche des examens du premier trimestre. Noctis avait tendance à sortir en ville avec Prompto et passait son temps libre dans les salles d'arcade au lieu de réviser, ce qui agaçait particulièrement sa soeur.
Un après midi, alors qu'elle relisait tranquillement ses cours dans le canapé, Ignis entra dans l'appartement. Le jeune homme avait un double des clés et venait de temps à autre voir si tout allait bien. Depuis peu, il assistait aux réunions stratégiques afin de parfaire sa formation, et il avait pris pour habitude de rédiger des comptes rendus clairs et concis pour que Noctis puisse les lire et se tenir informer de la situation géopolitique du Lucis. Chose bien sûr qu'il ne faisait pas. A défaut, Aurora s'était penchée sur les résumés à sa place. En tant que cadette, elle savait qu'elle n'était pas vouée à régner mais elle se devait d'être là pour conseiller son frère et parer à toute éventualité s'il devait lui arriver quelque chose. La jeune Princesse sourit à son ami d'enfance en le voyant.
— Bonjour Iggy. Comment vas-tu?
— Bien, merci. Et toi? Je vois que Noct est encore de sortie?
— Ça va également, merci. Et oui... Que veux-tu... Enfin... Tu nous apportes un nouveau compte rendu?
— Absolument. Sais-tu si ton frère a eu le temps de lire le précédent?
— Le temps de quoi? De lire? On parle de Noct là, Iggy. Tu sais bien qu'il s'en fiche pas mal.
Ignis soupira, remettant ses lunettes correctement sur son nez.
— J'espère qu'il finira par y accorder un peu d'attention quand même. Tu en as pensé quoi de ton côté?
Ils s'installèrent autour d'un café et commencèrent à éplucher les différents points évoqués, comme ils le faisaient très souvent. Ils appréciaient tous deux ces moments d'échange et de discussion car même s'il s'agissait d'un aspect professionnel de leur relation, cela avait eu tendance à les rapprocher.
Le soir, pendant le repas, Aurora aborda le sujet des affaires du Lucis avec son frère.
— Ne recommence pas avec ça, Aurora. S'il te plaît...
— Tu crois peut être que je vais les lire pour toi et t'en faire un résumé à l'oral? Je suis ta soeur, pas ta servante!
— J'ai pas envie de me prendre la tête avec ces histoires. Pas tant que je n'en ai pas l'extrême obligation.
La jeune fille manqua de s'étouffer avec une gorgée d'eau. Elle reposa violemment son verre avant de se redresser, renversant sa chaise, et plaquant ses mains sur la table brutalement sous l'effet de la colère.
— L'extrême obligation?! C'est pas à la mort de Papa que tu dois t'y mettre! Ouvre un peu les yeux, bon sang, et arrête de fuir tes responsabilités!
— Lâche-moi avec ça!
— Tu voulais de l'indépendance en t'installant ici. Personnellement, j'ai surtout l'impression que tu veux éviter de voir la vérité en face, comme tu l'as toujours fait.
— Fous-moi la paix! D’accord ?!
— Oh mais... je vais te foutre la paix, Noct! Mais ne va pas te plaindre plus tard que tu ne connais rien aux affaires du Royaume! Tes conseillers ne prendront pas les décisions à ta place!
Aurora alla s’enfermer dans sa chambre en claquant la porte au point d’en faire vibrer les murs de l'appartement, furibonde. Son comportement l'avait mise hors d'elle si bien qu'elle se demandait qui d'eux deux était l’aîné et devait montrer l'exemple à l'autre. Elle avait conscience du fardeau qui pesait sur les épaules de Noctis. Devenir le prochain Roi, et qui plus est d'être le Roi Elu, n'avait rien de simple ni d'agréable. Mais ce n'était pas en restant ainsi à s’apitoyer sur son sort qu'il allait grandir.
Le lendemain, quand Noctis se leva, il remarqua l'absence de sa soeur avec qui il déjeunait pourtant tous les matins. Il se dirigea vers sa chambre entrouverte et constata que la pièce était vide. Aurora avait fait ses bagages, emportant toutes ses affaires, et avait quitté l'appartement. Quand il l’aperçut à l'école, elle ne lui adressa ni un bonjour, ni même un regard. Prompto, surpris par ce changement soudain de comportement, questionna le jeune Prince.
— J’ai raté quelque chose ou quoi?
— On s'est disputé hier soir...
— Disputé? Vous deux?! T'es sérieux là?
— Parce que j'ai l'air de blaguer peut-être?
— Désolé… J'espère juste que ça s'arrangera entre vous…
La journée se passa dans le même climat tendu et glacial. A la fin des cours, Aurora quitta l'établissement à peine la sonnerie retentit et se dirigea vers la bouche de métro la plus proche, sac sur l'épaule. Une fois ses affaires déposées dans sa chambre à la Citadelle, elle se changea et se rendit à la salle d’entraînement de la Garde Royale. Elle savait qu'il n'y avait personne à ce moment-là et elle avait grandement besoin de se changer les idées. Écouteurs sur les oreilles et musique à fond, elle attrapa l'une des épées en bois posées sur un râtelier et se mit à fendre l'air de plusieurs coups, enchaînant les moulinets et autres mouvements d'attaques qu'elle avait pu observer depuis des années. Les larmes coulaient sur les joues de la jeune Princesse. Dépit. Exaspération. Rage. Tristesse. Autant d'émotions qui la traversaient et qu'elle devait extérioriser pour retrouver un peu de sérénité. Mais alors qu'elle effectuait une volte-face pour poursuivre son enchaînement, sa lame fut arrêtée nette par celle de quelqu'un d'autre. Portée par la musique, elle ne s'était pas rendu compte de l'heure tardive et sa présence discrète en ces lieux venait d'être compromise. Aurora sortit de sa transe, portant son regard vers la personne qui se tenait devant elle en retirant vivement ses écouteurs. Ignis.
— Iggy ? Mais qu'est-ce que tu fais ici?
— C’est plutôt à moi de te retourner la question.
— Je... J'avais besoin de me défouler...
— Avec une épée? Tu sais très bien que ton père ne souhaite pas te voir avec une arme à la main.
— Tu aurais préféré que j'aille à la grande tour des Lames Royales pour m’entrainer à sauter dans le vide ?
Le ton de la jeune fille était légèrement cinglant. Elle n'avait rien contre lui mais elle était tellement à fleur de peau qu’elle avait du mal à se contrôler. Ignis déglutit, blêmissant quelque peu à ses dires en songeant à la hauteur de la tour, puis fronça les sourcils en reprenant son sérieux.
— Ne me dit pas que tu sais te servir de la magie royale?
— Depuis déjà plus d’un an, oui.
— Et dire que Noct commence tout juste à la découvrir...
Aurora serra la mâchoire en entendant le nom de son frère et se renfrogna, ce qui n'échappa pas au jeune homme.
— Toi, tu t'es disputée avec ton frère. Et visiblement pas qu'un peu. Je me trompe?
Elle détourna la tête, fuyant son ami d'enfance du regard, percée à jour. Il soupira, connaissant pertinemment le sujet qu'ils avaient dû aborder pour qu'elle soit remontée de la sorte, et vint poser une main douce et réconfortante sur son épaule. Son geste eut l'effet d'apaiser la jeune fille.
— Il finira bien par l'accepter. Ne t'en fais pas. En attendant, nous devons nous préparer de notre côté et endosser les responsabilités qui nous sont propres.
— Celui de Bouclier du Roi pour Gladio et d'Intendant pour toi?
— Absolument. Et toi celui de Conseillère, qui soit dit en passant, va sagement me rendre son épée.
Alors qu’il tenta d’attraper l’arme en bois, elle esquiva habilement son geste.
— Et pourquoi ne m'aiderais-tu pas à me former au combat plutôt?
— Pour recevoir les foudres de ton père? Certainement pas.
— Dans ce cas... Je vais peut-être aller demander aux Lames Royales... Je connais une personne qui serait ravie de m'aider...
On pouvait sentir une petite pointe de taquinerie dans la voix d'Aurora, comme si elle  cherchait délibérément à jouer avec le côté protecteur d’Ignis et le faire céder. Ce dernier grimaça en imaginant ce que pourrait donner des cours particuliers avec les hommes du Capitaine Drautos et il se résigna en soupirant une fois de plus tout en ajustant ses lunettes.
— Je préfère encore m'occuper moi-même de ton entraînement plutôt que de te savoir avec eux... Mais ça reste entre nous, d'accord?
— Promis. Merci mon Iggy adoré.
Elle se rapprocha du jeune homme, venant lui déposer un doux baiser sur la joue, souriante. Il arqua un sourcil, étonné, peu habitué à ce genre de marque d'affection venant de sa part. Aurora rangea l'épée sur le râtelier et quitta le gymnase pour aller se changer et rejoindre son père pour le dîner. Ignis l'observa jusqu'à ce qu’elle ne passe la porte puis commença son échauffement. Il souffla du nez, repensant à la discussion qu’il venait d’avoir, et esquissa un léger sourire en secouant la tête.
—  Ce que tu ne me fais pas faire quand même Aurora...
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nightmareiscoming · 8 years ago
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PETITS MEURTRES ENTRE CAMPEURS.
Alors là mes chéris... je suis particulièrement déçue de vous. Déçue, mais pas surprise, et je finirai par bien rire de toute façon. J'ai toujours su que vous étiez fades et que sans un petit coup de main de ma part, vous n'êtes vraiment rien. Mon XIII adoré a pourtant gaspillé de l'énergie pour vous sortir de votre état léthargique, mais rien à faire, on dirait qu'il va falloir employer la manière forte. Ca risque peut-être de vous déplaire un peu, mais c'est pour notre bien à tous. Il faut s'amuser dans la vie après tout, et avec ce dont vous êtes capables, je suis convaincue que je vais pouvoir faire de grandes choses.
Vous n'êtes pas très joueurs, les enfants. Et pourtant, j'aurais pensé l'inverse de certains d'entre vous. Ceux qui se vantent de toujours sauter à pieds joints dès qu'on leur lance un défi, qui prétendent n'avoir peur de rien, ceux qui soi-disant aiment jouer. Et subitement, il n'y avait plus personne. Je ris. Brooke, par exemple, je te pensais un peu plus joueuse. C'était attendu tout de même, de la part d'une nympho dans ton genre, quand ce n'est pas une queue que tu as en toi, il faut que tu combles le manque avec toutes sortes de jouets. Tu as une addiction, et il faudrait peut-être penser à te soigner. Ce n'est pas tout à fait normal de toujours avoir besoin de quelque chose dans la chatte, surtout quand on est prêt à voler pour ça. Parce que je sais bien ce que tu fais, Brookie, à visiter les sex-shops de la ville sans jamais passer à la caisse. Petite cochonne, va. Dans le clan de ceux qui cachent bien leur jeu, on peut mentionner Matt. Toi aussi, je te pensais un peu plus joueur, j'ai été bien déçue de toi. Tout de même, tu devrais faire attention, avec ce casier judiciaire bien chargé que tu caches. La drogue, le vol... bientôt le meurtre ? A moins que ça ne soit déjà d'actualité. Rassure-toi, une de ces jours, tu trouveras ta place derrière les barreaux. Et si on passait à la catégorie des sages qui ne le sont pas vraiment. Il y a là Sasha, par exemple. Quelle gentille fille, c'est assez épatant à quel point tu te transformes une fois la nuit tombée. Mademoiselle entre par effraction dans les locaux de diverses entreprises pour sauver des animaux. Si c'est pas mignon comme tout. Enfin, ce fut aussi un échec renversant qui l'envoya direct au poste. Bizarrement, ses amis sont restés derrière les barreaux alors qu'elle a été libérée rapidement. Comme quoi, en suçant, on obtient tout ce qu'on veut ! Et là, je me dois de conclure ce petit chapitre en évoquant notre papa number one, James Mayer. Je l'aime bien James, même après qu'il ait tenté d'empoisonner son fils. Faut dire qu'il a donné beaucoup pour subvenir aux besoins de son môme. Comme ses vêtements, par exemple. Et oui, accrchez-vous bien, James est un pro de l'effeuillage. Il se déssapait devant des dizaines de spectatrices (et spectateurs, il n'y a pas de sexe imposé pour apprécier ces choses-là) jusqu'à finir en string à paillettes aux couleurs du drapeau canadien, avec une feuille d'érable devant le sexe. Puis, évidemment, il faut être innocent pour croire que ça s'arrêtait là. Il parait que ça finissait la plupart du temps à poils, que ça se prolongeait même en privé avec certaines clientes. Il parait aussi qu'il en a une grosse. Reste à séparer le mythe de la réalité...
Poursuivons notre grand inventaire avec la catégorie du meurtrier de l'année ! Catégorie dans laquelle s'opposent Sixtine et le bon vieux Clyde. Disons que Sixtine part avec pas mal de points d'avance, en tant que tueuse d'enfant. Les circonstances n'ont rien de très intéressant, accident de la route, tout ce qu'il y a de plus banal. Droguée et saoule, elle a envoyé dans le ravin la voiture qu'elle croisait. Un bébé est mort, quel drame, c'est fragile après tout, ces choses-là. On plaint tout de même l'autre gamin qui a perdu l'usage de sa main droite, tout ça parce que Sixtine était trop high pour différencier le vert du rouge. Circonstances aggravantes : le gamin était droitier. Quand à Clyde, disons qu'il n'a jamais été très doué pour... quoique ce soit. S'il avait voulu tuer le type, il se serait surement raté. Pas vrai Clydounet ? Mais non, le meurtre n'était pas ton but, c'est d'ailleurs pour ça que tu as fini par tuer ce mec. C'était juste une petite bagarre, qui a fini en drame et fait de toi un tueur. Au moins, ça fait de toi quelque chose, tu devrais en être fier. Même si tu t'es enfui comme le faible que tu es. Un faible aux mains sales. Comme quoi, tu as toutes les raisons du monde de te détester. Alooors ? Qui est le meurtrier de l'année à votre avis ? N'hésitez pas à commenter mes chéris.
En attendant, je passe à une catégorie que j'affectionne tout particulièrement : les précoces. Et non, je ne parle pas de cul. Quoique. Peut-être bien. Miami en tous cas est peuplé de jeunes filles qui aiment s'y prendre tôt, se lancer dans la vie adulte dès leur plus jeune âge. Joe, par exemple, qui passait des moments privilégiés avec son oncle quand elle était enfant. Est-ce que ça te plaisait quand il te touchait ? J'imagine que tu as toujours eu un faible pour les hommes plus vieux. Et de ta famille. Dis-moi, comment était ta relation avec ton papa ? Lui aussi il te tripotait ? C'est une bonne question, pas vrai. Enfin, ton cher oncle n'a au final jamais eu ce qu'il voulait par-dessus tout, puisqu'il fut assommé juste au moment où il défaisait sa braguette. Par ton voisin, le sauveur. J'espère que tu l'as remercié comme il se doit. Pour compléter le duo, je vais m'adresser à Anteynara. Meurtre avec préméditation, à l'âge de quinze ans à peine. C'est assez grandiose il faut l'avouer. Si jeune, déjà tant de talent. Ta victime n'avait rien d'innocent, certes, disons que c'était un bon choix pour s'essayer à l'assassinat. Tu voulais juste tester, le couteau dans sa gorge pour voir ce que ça faisait. Un coup d'essai. C'était assez sale comme travail, tout de même, heureusement que tu as pris la main depuis. Ca mérite peut-être des félicitations pour le sang-froid, et le talent. Si jeune et déjà apte à faire tes saloperies sans attirer l'attention.
Pour finir, voilà un petit podium des plus jubilatoires. Je nomme fils de l'année : Owen. Ta très chère mère n'est plus à plaindre : elle est morte. Certes, tu n'es pas le premier à t'être débarrassé de ta génitrice, il faut dire qu'elles ont une fâcheuse tendance à le chercher. Mais de là à mentir en prétendant que c'est elle qui t'a abandonné, c'est plutôt vache quand même. Je me demande bien si tu te sens coupable, ou si ta première préoccupation est surtout de faire en sorte que personne ne sache que ton imprudence a coûté la vie à celle qui t'as élevé.
Pour le titre d'ami de l'année, je sacre Colton. Déjà que tu n'as pas énormément d'amis, l'idée serait d'au moins être honnête avec ceux que tu as. On fait beaucoup de choses idiotes à quinze ans, comme des pactes de suicide avec nos amis. Tout ça est très amusant, jusqu'à ce que l'un s'y tienne, et pas l'autre. Si tu avais été quelqu'un d'honorable, tu te serais ôté la vie toi aussi, parce que c'est important, la loyauté. Mais visiblement tu n'es qu'un sale traître. Enfin, il n'est pas trop tard pour rectifier le tir, tu devrais y penser.
Et enfiiiiin, un beau duo féminin. Les Mamans de l'année. Alysse, et Chanel. Introduisons avec la plus blonde des deux, qui aurait d'ailleurs trouvé sa place dans la catégorie des meurtriers. Quoique, c'était un homicide volontaire dans ton cas, Alysse. Tuer le père de ta fille, c'est sale quand même. J'ai envie de dire que ça ne se fait pas. Mais bon, tu avais peut-être de bonnes raisons. En tous cas, tu peux te cacher comme tu veux, les enquêteurs finiront par voir clair dans ton jeu, ne t'inquiète pas. La suivante c'est toi, Chanel. Complice du meurtre de ton bébé, faut être dérangée quand même. Tu me diras que ce n'était pas de ta faute, que tu ne cautionnes pas, que c'est ton petit ami de l'époque qui a tout fait et que tu ne savais même pas. Mais tu l'as su ensuite, et tu t'es tue. Voilà un sale secret qui pourrait t'envoyer en prison pour le restant de tes jours. Conseil à tous : ne confiez pas votre gosse à Chanel Delacroix, on ne sait jamais quand la simple complice se décidera à passer à l'acte cette fois-ci.
Comme quoi, c'est toujours une bonne idée de partir en camping ! Vous pourrez me remercier pour cette merveilleuse idée, vous en savez désormais un peu plus sur vos voisins et pourrez vous équiper en fonction (alarmes, pièges en tous genres, armes... la vie à Miami est dangereuse). Mais dites-vous bien, vous qui y avez échappé cette fois-ci, qu'à l'avenir ce sera une très mauvaise idée de me défier. Je n'épargne personne, et tôt ou tard, au premier manquement, ce sera votre nom mentionné dans mes articles. Quant à vous qui avez refusé de jouer, vous payez aujourd'hui le prix de votre arrogance. J'ai été douce, je ne le serai pas une seconde fois. Un jour ou l'autre, vous comprendrez que votre seul salut est de vous plier à mes volontés. En attendant ce jour fatidique, je vous souhaite de vivre dans la crainte. A très bientôt.
N.
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brevesdenatlyn · 8 years ago
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INSEPARABLES
Tome : 1.
Nombre de chapitres: 7 / 21.
Pairings: Nick Jonas & Katlyn Itachi.
Synopsis: "Il avait été très surpris d'avoir des nouvelles de son amie alors qu'elle lui avait explicitement dit de ne pas revenir. Cette lettre lui apprenait seulement qu'il ne devait pas approcher Tony et qu'il devait attendre qu'elle le contacte pour avoir de ses nouvelles. Ça l'inquiétait. Il n'aimait pas cette nouvelle relation qu'ils étaient en train de bâtir."
CHAPITRE 7 : VOYAGE
Jerry,
  Je pense que je dois commencer par te présenter des excuses pour l'étrange comportement dont j'ai fait preuve avec toi il y a quelques jours. Tony est extrêmement jaloux lorsqu'un autre que lui tourne autour de moi. Après ce qui s'est passé trois ans auparavant, il se méfie de toi. J'ai bien senti la tension qu'il y avait entre vous la dernière fois que vous vous êtes retrouvés face à face. En plus d'être jaloux, Tony est tout ce qu'il y a de plus possessif. Je n'ose pas imaginer ce qu'il aurait pu te faire s'il avait appris que c'était à ta porte que j'avais frappé.
Quoique tu penses de mon comportement actuel, je tiens toujours énormément à toi. Je sais que tu as remarqué que j'avais changé et que je prenais mes distances par rapport à toi. C'est pour ton bien que je le fais. S'il te plait, reste à distance de Tony et n'essaie pas de me contacter. Je te le demande pour ton bien, Jerry. Laisse-moi le soin de te contacter quand je voudrais te voir. Je te promets qu'on se reverra bientôt.
En attendant, je dois te remercier de m'avoir ouvert ta porte en pleine nuit alors que j'étais en difficulté. J'ai été agréablement surprise d'apprendre par Amber que c'était toi qui m'avait donné les premiers soins. Toi qui as toujours eu une sainte horreur du sang, je me demande comment tu as fait. Il faudra que tu m'expliques ça un jour.
Nous avons tous évolués, Jerry. C'est pourquoi j'espère que tu comprendras et que tu garderas tes distances jusqu'à ce que je te contacte.
  Tu m'as beaucoup manqué,
  Kathy.
  Nicholas soupira. Il ne cessait de relire ces quelques lignes que Katlyn lui avait adressé. C'était Amber qui lui avait transmis cette petite lettre. Il avait été très surpris d'avoir des nouvelles de son amie alors qu'elle lui avait explicitement dit de ne pas revenir. Cette lettre lui apprenait seulement qu'il ne devait pas approcher Tony et qu'il devait attendre qu'elle le contacte pour avoir de ses nouvelles. Ça l'inquiétait. Il n'aimait pas cette nouvelle relation qu'ils étaient en train de bâtir. Auparavant, ils étaient inséparables, ne passant pas plus d'un jour loin de l'autre. Nicholas n'hésitait jamais à aller frapper à la porte de Katlyn lorsqu'il savait qu'elle n'allait pas bien. Il n'hésitait pas à la consigner chez elle, à l'obliger à se reposer. Ils avaient fait les quatre-cent coups ensemble. Ils n'étaient plus de simples amis. Ils étaient devenus comme frères et sœurs. Nicholas appréciait énormément cette relation qu'ils avaient. Il la regrettait. Aujourd'hui, il était relégué au rang de simple ami, sans importance aucune ; un ami de seconde zone, laissé au second plan. Il se sentait délaissé mais ne pouvait pas lui en vouloir. Il avait disparu de sa vie bien trop longtemps pour espérer mieux. Nicholas soupira une nouvelle fois et se redressa. Il était assis sur son lit, le dos appuyé contre son oreiller. Devant lui étaient étalées des feuilles de cours, petites coupures de journaux et autres post-its recouverts de notes. Il était en train de réviser. L'examen n'était que dans trois semaines mais il voulait être au point. Il voulait absolument réussir. D'un autre côté, il consultait les petites annonces. Il souhaitait se trouver un appartement et un travail. Il ne voulait pas rester chez ses parents. Non pas parce qu'il ne les aimait pas mais parce qu'il avait besoin de son indépendance. Ça lui manquait. Il en avait besoin. Il faisait donc des recherches. Cependant, rien n'avançait. Que ce soit ses révisions ou ses recherches, tout restait au point mort. Tout ça parce que Katlyn le hantait. Il n'arrivait pas à comprendre cette nouvelle « relation » qu'ils avaient et ça le frustrait grandement. Il soupira encore une fois et consulta son portable pour la énième fois de la journée. Aucun message, aucun appel. Personne n'avait tenté de le joindre. Il attrapa son iPod, enfila ses écouteurs et mit la musique en route. Il ferma les yeux un instant et s'immergea dans un monde à part. Il se laissa bercer par les douces notes de Kiss the rain de Yiruma. Il aimait beaucoup le piano. Ça l'aidait à se vider la tête. Aujourd'hui ne faisait pas exception. Il jeta un coup d'œil dehors. Voyant qu'il faisait beau, il se leva et décida d'aller se promener. L'air frais lui ferait du bien.
  ×
  Joseph se gara devant la résidence de son frère Kevin. Il avait pris ses fonctions de directeur du personnel plus tôt dans la semaine et avait découvert - non sans joie - qu'il avait désormais un emploi du temps flexible. Il en était donc le seul responsable. Il pouvait ajouter ou supprimer des heures au gré de ses disponibilités. Cela l'arrangeait bien. Après avoir passé de nombreux jours à ruminer la question qui le taraudait, il s'était enfin décidé à aller voir Amber. Il avait remarqué son ton quand il lui avait parlé de l'état de Katlyn la nuit où cette dernière avait frappé chez eux. Son inquiétude était poussée, comme celle qu'on a lorsqu'un proche a des ennuis. Joseph n'avait pas compris. Aucun membre de la famille Jonas n'avait conservé de liens avec Katlyn. C'était la raison pour laquelle Joseph se posait des questions. Il savait qu'Amber n'était pas de garde de tout le week end. Il avait pris son après-midi pour venir lui parler. Kevin, lui, travaillait. Joseph descendit de voiture et se dirigea vers la petite maison. C'était un quartier résidentiel tranquille. Joseph aimait bien le calme qui régnait ici. Lui-même habitait en centre-ville dans un logement de fonction qu'on lui avait assigné. L'appartement n'était peut-être pas très grand mais il s'y sentait bien et c'était le principal. Il sonna à la porte de sa belle-sœur, songeant qu'il devrait peut-être déménager s'il trouvait sa perle rare.
  — Joseph ? Qu'est-ce que tu fais là ?
  Joseph releva la tête en entendant la voix de sa belle-sœur.
  — Salut, Amber. Je peux te parler ?
  Amber le fit entrer, surprise. Ils se firent la bise et s'installèrent dans le salon. Keith était assis dans son parc et semblait attendre quelque chose. Amber le souleva et le prit contre elle.
  — Tu veux quelque chose à boire ?
— Non, merci.
  Amber s'installa dans un fauteuil en face de Joseph qui avait investi le divan. Elle se demandait ce qu'il voulait lui dire. Ça ne lui ressemblait pas de débarquer à l'improviste. Il était sérieux. Amber remarqua qu'il semblait préoccupé. Une question le taraudait. Qu'est-ce que cela pouvait bien être ?
  — Je t'écoute. Qu'est-ce que tu veux ?
  Joseph choisit la carte de la franchise. Inutile de tourner autour du pot.
  — Je voudrais savoir quel lien tu as avec Katlyn.
  Amber fut surprise de cette franchise mais trouva la question légitime.
  — Explique-toi.
— Lorsque je t'ai appelée la dernière fois, j'ai senti que tu étais inquiète. Ce n'était pas une inquiétude polie comme lorsqu'on fait preuve de sollicitude. Tu t'inquiétais comme si tu la connaissais personnellement. Bien sûr, tu la connaissais avant mais... J'ai toujours pensé que tu avais fait comme tout le monde et que tu t'étais peu à peu éloignée d'elle.
— A cause du ton que j'ai employé, tu penses donc que je suis proche de Katlyn d'une manière ou d'une autre.
— C'est exactement ça.
— Et tu veux que je t'explique la raison de cette inquiétude poussée.
— J'aimerais bien, oui.
  Amber croisa les jambes et s'enfonça un peu plus profondément dans son fauteuil. Le regard noisette de Joseph était fixé sur elle, comme s'il cherchait à sonder son esprit. Chose qu'il ne pouvait point faire. Amber décida de lui dire la vérité ou, du moins, une partie de celle-ci. Il lui était inutile de la cacher de toute façon. Le retour de Nicholas dans leurs vies impliquait celui de Katlyn, l'un n'allant jamais sans l'autre.
  — Tu savais qu'elle se destinait à des études de médecine, n'est-ce pas ?
— Nicholas m'en avait parlé.
— Katlyn est une jeune femme très intelligente. Elle a obtenu tous ses diplômes en peu de temps.
— Où veux-tu en venir ?
— Elle vise le service pédiatrique de l'hôpital.
— Et alors ?
— Ça va faire quasiment un an qu'elle est en internat à l'hôpital.
— ...
— Je suis sa supérieure directe ou, plutôt, son résident.
— Ce qui veut dire ?
— Je suis une sorte de prof, si tu veux. C'est moi qui leur enseigne, à elle et à sa promo, ce qu'ils doivent savoir.
— Depuis quand tu sais que Katlyn l'interne et Katlyn l'amie de Nicholas ne sont qu'une seule et même personne ?
— Depuis le début. J'ai eu un peu de mal à la reconnaitre de prime abord. Elle a beaucoup changé d'une certaine façon.
— Même si elle avait changé physiquement, Nicholas l'aurait reconnue n'importe où, sans se tromper. A part la teinture et les quelques formes qu'elle a prises en grandissant, elle n'a pas changé des masses.
— Son regard et sa façon d'agir étaient différentes. C'est ce qui m'a fait douter. Seulement, lorsque j'ai eu son dossier en main, j'ai su que c'était bel et bien elle.
— Sacré coïncidence.
— Ouais. C'était peut-être pour nous dire qu'on ne devait pas couper les ponts avec elle malgré l'absence de Nicholas.
— Peut-être.
— ...
— Comment va-t-elle ?
  Joseph n'avait pas revu Katlyn depuis la nuit où elle avait frappé à la porte des parents Jonas. Il n'avait pas réussi à joindre Nicholas et sa mère ne savait rien. Il se demandait vraiment comment Katlyn se portait. La dernière fois qu'il l'avait vue, elle était dans un état lamentable.
  — Elle va beaucoup mieux. Elle est rentrée chez elle tout à l'heure. Elle devrait reprendre l'internat dans quelques jours.
— Elle n'a aucune séquelle ?! Elle était dans un sale état pourtant !
— Elle fait un peu de rééducation pour son coude. Sinon, hormis le choc, elle n'a aucune séquelle.
— On a trouvé qui l'a mise dans un état pareil ?
— Pas encore.
  Amber mentait. Elle savait parfaitement qui avait mis Katlyn dans cet état. Seulement, même si cela la révulsait au plus profond d'elle-même, elle ne pouvait rien dire. Elle était confinée au silence au même titre que Kevin. Ce dernier supportait mal de garder un tel secret et, surtout, de ne rien pouvoir faire alors que la meilleure amie de son frère se trouvait entre les mains d'un homme violent. Nicholas devait la pousser à parler. C'était la seule façon de la sauver. Cependant, Nicholas devait également découvrir son sombre secret et la tâche n'était pas aisée, d'autant plus qu'il devait s'en rendre compte rapidement. Keith enserra le doigt de sa mère avec ses petits doigts, la ramenant à la réalité. Joseph changea de sujet en ramenant la conversation sur son seul et unique neveu. Amber soupira intérieurement. Lorsqu'on abordait le sujet « Katlyn » en sa présence, elle se crispait. Elle se détendit en voyant Joseph s'approcher d'elle et prendre Keith dans ses bras. Le pire était passé, bien heureusement.
  ×
  Nicholas était heureux. La chance lui avait souri. Sa promenade en ville lui avait été bénéfique. Il avait emporté ses coupures de presse avec lui et s'était rendu sur les lieux des différentes annonces. Désormais, il avait un travail et un appartement qu'on avait mis à sa disposition non loin du journal qui allait l'employer. Le patron du journal le plus réputé de la ville lui avait accordé le travail dès que Nicholas avait parlé d'Afterlife Actuality. Le jeune homme devrait attendre d'avoir passé les examens et d'avoir sa licence avant d'y travailler officiellement. Il n'était pas inquiet. Il savait qu'il aurait sa licence américaine aussi sûrement qu'il avait eu la française. S'il était obligé d'attendre d'avoir sa licence pour travailler, l'appartement serait à lui dès la semaine suivante, juste le temps pour lui de préparer ses parents à son nouveau départ. Il pénétra dans la maison familiale en réfléchissant à la façon de leur annoncer. Ça n'allait pas être une tâche facile. Sa mère ne supporterait probablement pas cette décision. Accepter son départ une deuxième fois serait difficile mais, cette fois, il ne partirait pas à l'improviste. Il habiterait la même ville et le même pays. Il ne serait qu'à quelques kilomètres de la maison familiale. Il ne serait pas loin. Il avait besoin de son indépendance et ses parents devaient le comprendre. S'ils l'avaient accordée à Joseph et Kevin, il n'y avait pas de raison qu'ils ne lui accordent pas, même s'il avait commis une erreur en partant. Nicholas priait pour que ses parents ne le confinent pas dans la maison familiale.
  ×
  Anthony descendit précipitamment de voiture. Il avait quitté la clinique vétérinaire dans laquelle il travaillait immédiatement après l'appel de Katlyn. Il avait senti son inquiétude, sa peur et sa tristesse lorsqu'il avait décroché son portable. Elle ne l'appelait jamais lorsqu'il travaillait. C'était un de leurs principes. C'était la simple raison pour laquelle il s'était inquiété. Katlyn ne l'appelait qu'en cas d'urgence. Il ouvrit la porte d'entrée et jeta un œil dans la maison. Tout semblait en place. Que se passait-il ?
  — Katlyn ?
  Il s'aventura dans la maison, refermant la porte d'entrée derrière lui. Katlyn n'était plus dans le salon. Tony décida de jeter un œil dans leur chambre. A peine avait-il franchi le seuil que sa fiancée se jetait dans ses bras en dépit de ses côtes douloureuses. La surprise passée, il la serra doucement contre lui, lui laissant le temps de se calmer. Elle s'agrippait à lui comme si elle avait peur qu'il s'en aille et qu'il ne l'abandonne. Il la souleva doucement tandis qu'elle enroulait ses jambes autour de sa taille. Il la réconfortait en lui parlant lentement, comme lorsque l'on s'adresse à un enfant. Il lui caressait les cheveux. Peu à peu, il la sentit se détendre. Elle se calma mais ne se détacha pas de Tony. Elle avait besoin de soutien et de réconfort.
  — Je suis désolée. Je n'aurais pas dû t'appeler.
— Dis-moi ce qui se passe.
— J'ai reçu un appel de l'hôpital de Saint Louis tout à l'heure.
— Saint Louis ?
— Maman... Maman a été hospitalisée cette nuit. Elle a fait un AVC. C'est une chance qu'elle soit encore en vie mais... Son état est instable. Ils veulent que j'aille là-bas pour... Pour les dernières formalités.
— Désolé.
  C'était tout ce qu'il pouvait dire face à cette terrible nouvelle. Il comprenait que Katlyn soit dévastée. Elle tenait énormément à sa mère. C'était le seul parent qui lui restait. Son père était décédé quelques années plus tôt dans un accident de travail. Elle en avait été très affectée. Tony le savait. Elle lui avait raconté son histoire. Il voulait la rendre heureuse. Il l'aimait énormément. Malheureusement, elle ne souriait que peu et il s'en sentait terriblement coupable. C'était de sa faute si elle souffrait un peu plus chaque jour. Si seulement il pouvait se contrôler !
  — J'ai peur, Tony.
— Je sais.
  Tony s'assit lentement sur le lit, gardant Katlyn contre lui. Il lui déposa un baiser sur le front et resserra doucement son étreinte autour des frêles épaules de sa fiancée.
  — Il faut que j'aille là-bas mais...
— Je ne peux pas venir.
— Je le sais, bien malheureusement, soupira-t-elle.
— Je peux me décommander. Ce n'est pas grave.
— Tu as attendu ce moment toute ta vie, Tony. Je ne peux pas te laisser gâcher ce qui pourrait être ton unique chance de monter ta propre boite. Il faut que tu y ailles.
— Je ne peux pas te laisser partir seule dans cet état. J'ai bien trop peur de te perdre. S'il t'arrivait quelque chose alors que tu es toute seule là-bas, je ne sais pas ce que je ferais.
— Il ne m'arrivera rien.
— Je ne te laisserais pas partir seule. C'est pour cette raison que tu vas me donner le numéro de Nicholas.
  Surprise, Katlyn leva brusquement la tête vers Anthony.
  — Pardon ?!
— Ne joue pas les innocentes. Je sais très bien que tu l'as.
— Mais...
— Tu as confiance en lui et c'est le seul qui acceptera de t'accompagner pour ce voyage de dernière minute.
— Tu es sûr ?
— Je n'ai pas vraiment le choix.
  Anthony devait bien l'admettre. Il n'avait pas le choix. Il ne pouvait pas se résoudre à laisser Katlyn partir seule pour Saint Louis. Rien que l'idée de faire appel à Nicholas le répugnait mais il savait également qu'il pouvait compter sur lui pour la protéger. Il était fidèle à ses principes et l'amour interdit qu'il portait à Katlyn le poussait à la surprotéger. Anthony savait que Nicholas était trop bien élevé pour tenter de lui prendre Katlyn. Cependant, il se méfiait. Il ne fallait pas sous-estimer ses rivaux.
  — Il faut que tu appelles chez ses parents. Je n'ai pas son portable.
  Elle mentait. Elle possédait le numéro du portable de Nicholas. C'était Amber qui le lui avait donné le jour où son beau-frère avait fait l'acquisition d'un nouveau mobile. Cependant, elle ne pouvait pas prendre le risque de le communiquer à son fiancé. Le portable était le seul moyen de communication des deux amis. C'était également le plus sûr. Ils pouvaient couvrir leurs traces et Katlyn ne s'attirait pas d'ennuis. C'était un secret qu'elle se gardait bien de révéler. Tony n'hésiterait pas à la cogner s'il l'apprenait.
  — D'accord. Repose-toi. Je m'occupe de tout.
— Et le taf ?
— Je leur ai dit que tu venais de sortir de l'hôpital et que tu ne te sentais pas bien.
— Et alors ?
— Je n'ai pas attendu la réponse. Je suis parti.
— Tu es complètement fou.
— J'étais fou d'inquiétude pour toi.
  Il l'embrassa doucement et la serra contre lui, refusant de la lâcher.
  — Il faut que je fasse ma valise, Tony.
— Non, je vais m'en occuper. Je vais réserver les billets de train. Tu ne te préoccupes de rien. La seule chose que tu vas faire, c'est te reposer.
— D'accord.
  Elle se résigna à le laisser faire. Il lui était inutile de discuter. Tony ne changerait pas d'avis. Après un dernier baiser, il l'allongea délicatement sur le lit et la borda.
  — Appelle-moi si tu as besoin de quelque chose.
— Message reçu.
  Tony s'éclipsa en souriant alors qu'elle fermait les yeux. Il s'occupait de tout. Elle n'avait plus qu'à se détendre et se vider la tête. Chose qu'elle ne parvint à faire qu'en s'endormant. Tony ferma doucement la porte et s'aventura dans le salon. Il dénicha l'annuaire et le déposa sur la table. Il l'ouvrit et chercha le numéro de la résidence familiale Jonas. Il y avait bien longtemps qu'il n'avait pas appelé là-bas si bien que le numéro lui avait totalement échappé. Il espérait tomber directement sur Nicholas. Il se voyait mal expliquer à Denise ou à Kevin Senior qu'il voulait parler à leur fils alors que ça faisait trois ans qu'ils ne se parlaient plus. Anthony attrapa le téléphone sans fil et posa le doigt sur le numéro qu'il composa. Quelqu'un décrocha au bout de trois sonneries.
  — Allô ?
— ...
  Anthony ne répondit pas. Par chance, il était tombé sur Nicholas. Cependant, entendre la voix de celui qui avait été son meilleur ami des années durant au téléphone lui semblait étrange. Encore pis, cela lui apparaissait irréel, comme si la Terre avait soudainement décidé de tourner à l'envers. Ils étaient dans une autre dimension. Anthony était conscient d'avoir trahi Nicholas en révélant ses intentions à Katlyn. Les deux amis étaient devenus rivaux le jour où ils avaient déclaré avoir des sentiments pour la jeune femme. Anthony avait promis qu'il ne poserait pas la main sur Katlyn. Il avait rompu cette promesse lorsqu'il avait déclaré sa flamme à la demoiselle. La jalousie et la rage avaient poussé Nicholas à réagir et à révéler la véritable nature de ses sentiments à sa meilleure amie. Ce fut la goutte d'eau de trop. Prenant ses soudains sentiments pour de la jalousie, Katlyn avait rompu les liens qui la liaient à son ami et s'était enfuie en pleurant. Blessé et humilié, Nicholas avait fini par quitter la ville et même le pays, au plus grand bonheur de Tony. Malheureusement, il était revenu et cela ne lui plaisait pas du tout. Exaspéré par ce silence, Nicholas s'apprêta à raccrocher.
  — Crétin d’imbécile !
— On se demande bien qui est le plus idiot de nous deux, Nick.
— Tony.
  Nicholas était surpris mais tentait de le dissimuler. Sa voix était froide et distante. Il contenait sa colère. Pourtant, Tony était sûr que sa curiosité avait pris le dessus le temps d'un instant. « Quelles étaient les motivations de son rival ? » était la question que Nicholas devait se poser à l'instant même.
  — Qu'est-ce que je veux ?
— C'est la question que je me pose.
— J'ai besoin d'un service.
— Je ne vois pas pourquoi je te le rendrais.
— Parce qu'il s'agit de notre amie commune.
— Tu m'appelles pour m'incendier parce qu'elle a osé poser les mains sur moi ? Ça te dérange peut-être qu'elle ait pu avoir quelques contacts que ce soient avec moi.
— Ferme-là, tu veux ? Tu me donnes la migraine.
  Chacun tentait d'éviter les piques de l'autre, se retenant de s'insulter mutuellement. Ils contenaient la haine qu'ils s'inspiraient l'un l'autre.
  — Qu'est-ce que tu veux, Tony ?
— Katlyn doit partir pour Saint Louis. Je refuse qu'elle y aille seule.
— Va avec elle.
— Je ne peux pas. C'est la raison pour laquelle je veux que tu l'accompagnes. Crois-moi, je le fais à contrecœur mais tu es bien le seul à qui je peux demander de la protéger quoiqu'il advienne.
  Nicholas soupira. Il ne pouvait pas refuser. Ça lui permettrait de passer un peu de temps avec Katlyn sans craindre d'être surpris par Tony. La proposition était tentante.
  — Où ? Quand ? A quelle heure ?
— Je la dépose chez toi demain matin. Je m'occupe de vos billets allers. Vous partirez dans la journée de demain.
— Ça marche.
— Je te préviens que si tu oses ne serait-ce que penser retenter ta chance, je te le ferais payer, Nick.
— Bien noté.
  Nicholas raccrocha avant que Tony ne réponde. Ce dernier reposa le téléphone sur son socle. Il vérifia que Katlyn se reposait avant de se rendre à la gare. Il se procura les billets et profita du fait d'être en ville pour improviser le diner. Ainsi Katlyn n'aurait rien à faire. Il se hâta pour rentrer. Lorsque Katlyn se leva, il avait fini tout ce qu'il avait à faire. Il avait bouclé leurs deux valises et les avait déposées dans le coffre de sa voiture. Le diner était prêt. Elle n'eut qu'à passer les pieds sous la table. Ils passèrent ensuite une soirée tranquille à regarder la télévision. Katlyn ne parvint pas à dormir de la nuit. Non pas parce qu'elle avait dormi durant l'après-midi, ni même par inquiétude. Ce qui l'empêchait de dormir était la douleur. Elle s'était rendue compte bien trop tard qu'elle n'avait plus d'antidouleurs et elle ne pouvait pas se déplacer dans son état actuel. Tony dormait si profondément qu'elle n'osa pas le réveiller. Serrant les dents, elle attrapa son iPod et l'alluma. La musique la distrairait.
  → Le lendemain matin...
  Tony arrêta la voiture devant la résidence Jonas. Katlyn était épuisée et il s'en voulait de ne pas s'être réveillé alors qu'elle luttait contre la souffrance qui l'empêchait de dormir. Il était passé à la pharmacie juste avant afin qu'elle n'ait pas ce genre de problèmes durant son séjour à Saint Louis. Il descendit de voiture au moment où Katlyn ouvrait sa portière. Il attrapa la valise et la jeta presque dans les bras de Nicholas qui les attendait, vêtu d'un simple T-shirt et d'un survêtement. Il n'y avait pas longtemps qu'il était levé. Pas un mot ne fut échangé entre les deux jeunes hommes alors que Tony remettait Katlyn entre les mains de Nicholas. Les deux fiancés échangèrent un tendre baiser avant que Tony ne se rende à l'aéroport. Il devait se rendre à Los Angeles pour une réunion informative qui lui permettrait de monter sa propre clinique vétérinaire. Lorsque la voiture eut disparu de leur champ de vision, Nicholas fit entrer Katlyn dans la maison. Elle arrivait en plein petit-déjeuner.
  — En voilà une surprise ! s'exclama Denise.
— Maman, je t'ai prévenue hier qu'elle devait arriver ce matin.
— Si je ne t'avais pas réveillé, tu dormirais encore.
— Maman !
  Katlyn sourit brièvement. Elle retrouvait cette ambiance familiale que les Jonas lui avaient offerte des années durant. Les deux parents de Nicholas la saluèrent chaleureusement, visiblement heureux de la revoir. Denise l'invita à se joindre à eux et la força à manger, connaissant cette vieille habitude de la jeune femme qui consistait à ne jamais rien avaler le matin, habitude que Denise avait souvent réprimandée. Nicholas était hilare. Bien qu'ils soient adultes, sa mère avait toujours autorité sur eux. Peu de temps après, les parents Jonas partirent travailler, laissant les deux jeunes seuls, Franklin ayant dormi chez un ami. Katlyn expliqua à son ami les raisons de ce voyage de dernière minute et Nicholas en fut sincèrement désolé. Il la réconforta du mieux qu'il put. Ils passèrent la matinée à discuter de tout et de rien mais surtout de tout. Au fil des heures qui passaient, ils leur semblaient retrouver leur complicité d'antan. Ils se rendirent à la gare après le déjeuner. Leur train de connut pas de retard, ce qui constituait un exploit. Ils s'installèrent à leurs places en riant alors que Nicholas se lançait dans une imitation grossière d'un jeune qu'ils avaient croisé dans la gare et dont le comportement les avait rendus hilares.
  — Tu n'as vraiment pas changé, Jerry. Toujours en train de faire le pitre.
— C'est un reproche ?
— Non, pas vraiment, répondit-elle en baillant.
— Tu as vraiment l'air crevé.
— Je n'ai pas dormi de la nuit à cause de la douleur et j'étais en panne d'analgésiques.
— Ça va mieux ?
— Maintenant que je suis « droguée », oui.
— Ne dis pas de telles choses. La seule fois où tu y as touché, tu y avais été contrainte.
— Ne me rappelles pas cette horrible journée. Les cicatrices sont là pour le faire.
  Elle lui montra ses poignets où les brûlures infligées par le puissant adhésif qu'on avait utilisé se dessinaient. Nicholas pressa doucement la main de son amie, ignorant la soudaine bouffée de chaleur qui le saisissait ainsi que les papillons qui se répandaient dans son bas-ventre.
  — Repose-toi. Je te réveillerais si besoin est.
— Mais toi...
— Disons que j'ai pensé à prendre de quoi m'occuper.
  Pour illustrer ses propos, il sortit son iPod et un manuel de révisions. Il répondit à l'interrogation de Katlyn, lui expliquant brièvement qu'il était sur le point d'avoir sa licence. Elle le félicita avant de s'installer confortablement sur l'épaule de son ami. Elle s'endormit très rapidement et dormit tout le long du trajet. Comme promis, Nicholas la réveilla à leur arrivée. Ce fut lui qui porta leurs bagages. Ils se rendirent directement à l'hôpital où Katlyn demanda à voir sa mère. On lui donna le numéro de la chambre et les deux amis s'y rendirent après avoir laissé leurs valises à l'accueil. Katlyn pénétra dans la chambre avec appréhension. Elle détestait les hôpitaux, particulièrement aujourd'hui alors que son dernier parent encore en vie était sur le point d'y mourir.
  — Tu as fini par faire le bon choix.
— Non, maman. Je t'ai déjà dit que j'étais fiancée à Tony. Jerry est revenu il y a peu.
— Tu sais très bien ce que je pense de ton choix.
— Tu le désapprouves totalement.
— Tu as vu dans quel état tu es ?
— Mauvaise chute dans les escaliers.
  Ce n'était pas la vérité bien entendu mais Katlyn ne pouvait se résoudre à affoler sa mère qui, bien que faible, ne pouvait s'empêcher de lui faire savoir ce qu'elle pensait. Mandy Itachi n'approuvait pas le choix de sa fille quant à ses relations amoureuses. Anthony ne lui inspirait pas confiance mais elle s'y résignait. Nicholas s'éclipsa rapidement pour laisser la mère et la fille ensemble. Katlyn l'appellerait en cas de besoin. Cette dernière resta longtemps dans cette chambre d'hôpital, jusqu'à ce qu'on l'en déloge. Elle fut dans l'obligation de quitter l'hôpital. Elle ne se sentait pas bien et n'avait qu'une envie : pleurer. Cependant, elle devait se contenir. Ce n'était pas le moment de craquer. Nicholas passa délicatement un bras sur ses épaules. Elle ne dit rien alors qu'il la tenait contre lui. Ils prirent un taxi qui les mena à un hôtel. Le jeune homme récupéra la clé à l'accueil et les deux amis montèrent à la chambre qu'il avait réservé un peu plus tôt, une chambre dans laquelle trônait un lit de deux places sur lequel étaient posés leurs bagages.
  — Je suis désolé. C'était la dernière. Tu n'as qu'à prendre le lit. Je me ferais un lit d'appoint dans la baignoire.
— Tu vas te ruiner le dos. Ne sois pas idiot. Ce n'est pas la première fois qu'on dormirait ensemble. Ça n'a jamais posé problème avant.
  Nicholas s'abstint de lui dire que les choses étaient largement différentes désormais et se chargea d'aller trouver de quoi diner tandis qu'elle se douchait et se changeait. Il fit de même en rentrant les bras chargés d'un sac de victuailles venant du fast food le plus proche. Ils s'assirent tous deux sur le lit et mangèrent. Katlyn ne mangea que peu, l'esprit préoccupé. La douche l'avait brièvement libérée de ses soucis qui étaient revenus aussi vite qu'elle avait quitté l'eau chaude. Nicholas respectait son silence. Ils se couchèrent tôt mais Nicholas décida de profiter de la télévision mise à leur disposition dans la chambre. Katlyn s'était endormie sitôt ses antidouleurs avalés mais lui ne parvenait pas à fermer l'œil. La présence de Katlyn si proche de lui le perturbait et faisait naitre des sensations qu'il ne parvenait pas à oublier. Il sentait même poindre son érection et eut peur, l'espace d'un instant, de devoir se soulager tout seul. Il finit par trouver le sommeil au beau milieu de la nuit. Il fut cependant réveillé à l'aube lorsque le portable de Katlyn sonna. Brusquement tirée du sommeil, cette dernière le décrocha en grognant. Son visage pâlissait au fil des informations que son interlocuteur lui prodiguait. Il se tramait quelque chose de grave mais le cerveau embrumé du jeune homme ne parvenait pas à savoir de quoi il s'agissait. Une seule question lui trottait dans la tête : Qui diable pouvait bien appeler à l'aube, heure à laquelle les gens normaux dormaient encore?
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