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Mona Hatoum, Corps étranger, 1994
Mona Hatoum est née de parents palestiniens en exil à Beyrouth. En 1975, lors d'une visite à Londres, Hatoum elle-même est devenue exilée, la guerre éclata au Liban et Hatoum resta en Angleterre. Ce qui se situe entre ou à l'interface entre le corps et son environnement, l'espace dans lequel le corps fonctionne, est un thème récurrent dans l'œuvre de l'artiste.
Corps étranger est une installation assemblée à partir de matériaux vidéo enregistrés par l'artiste lors de performances réalisées dans les années 1980, puis jetées au sol. Ce sont des images extrêmement agrandies prises avec une caméra médicale sondant les trous et les cavités d'Hatoum elle-même ; cette caméra errait sur la surface du visage, de la tête et du corps, pénétrait à l'intérieur des ouvertures de ce corps, explorant la frontière entre l'intérieur et l'extérieur du corps et du sujet. Le corps auquel le titre fait référence est en fait la caméra, en tant que prolongement de l'œil scientifique, et un élément extérieur pénétrant le corps du patient. (1)
Le terme « corps étranger » fait également référence à la position du spectateur dans l'installation. L’œuvre est exposée en forme d’une cellule cylindrique, dans laquelle le spectateur est invité à entrer comme dans un corps symbolique reconstitué de fragments. Allant encore plus loin que l'idée de voyeurisme, Corps étranger renvoie à la notion de surveillance et au principe de corrélation entre l'œil et le pouvoir, développé par Michel Foucault. La rencontre au sein de l'espace architectural, entre le corps de l'artiste et le regard du spectateur se substituant à l'œil médical, fonctionne en réalité comme une spatialisation du pouvoir exercé, au sein de l'institution médicale, par l'œil scientifique sur le corps vulnérable du patient.
Christine Van Assche, cat. exh., Collection art contemporain - La collection du Centre Pompidou, Musée national d'art moderne , sous la direction de Sophie Duplaix, Paris, Centre Pompidou, 2007.
M.G.
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