#avis Les cicatrices
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J'ai été déçue tellement de fois par tellement de monde pour tellement de choses. À vrai dire, je pense rarement à mon passé, les gens autour de moi, que je les connaisse ou pas, y pensent certainement davantage. J'avais rendez-vous avec une potentielle maître de stage aujourd'hui alors je m'y suis rendue. Le stage concerne un service de réanimation pédo-psychiatrique. Je n'aurais jamais pensé qu'un personnel de santé qualifié et réputé me parle comme si j'étais mon passé, mes cicatrices, une vulgaire maladie. J'ai toujours pensé que je me devais d'être transparente envers les personnes impliquées dans ma vie, peu la sorte d'implication. J'ai toujours été honnête sur mon passé, ouverte pour en parler, pour rassurer, pour me laisser connaître. Aujourd'hui, j'ai continué sur cette lancée et j'ai été honnête avec cette dame. J'ai commencé par lui dire que je trouverais ça plus approprié de venir manche longue lors des consultations où les adolescents pouvaient vivre des épisodes de mutilation pour éviter la fascination, de l'angoisse, des pulsions. Cependant, au lieu de me donner son avis sur cette pensée, elle m'a plutôt dit que faire mon stage dans ce service me ramènerait à mon état, que je n'arriverais pas à tenir ce stage, à vivre la douleur des autres sans penser intensément à la mienne, que je ne serai jamais guérie, que j'étais fragile, qu'il fallait que je me préserve, que je ne serai jamais psychologur ou jamais une bonne psychologur du moins. Je me suis demandé si se préserver c'était s'empêcher de vivre par peur infondée de recroiser un embryon de notre passé dans chaque situation future. J'ai senti une colère et une déception vertigineuse, tout ça pour ça alors ? Avoir été mal ne serait que finalement une entrave supplémentaire au fait d'exister ? Si je n'avais pas eu de cicatrices, elle n'aurait jamais été sur ce terrain affectif malsain. On ne lit que très rarement les traumas des gens sur leur corps. Un viol ne se devine pas, une tentative de suicide ne se devine pas, une rupture amoureuse ne se devine pas, une addiction non plus mais des cicatrices oui. Pourtant elles seront là toute ma vie. Et même des années après, je n'ai jamais trouvé le moment pour en avoir honte. Mais tout ces efforts pour quoi ? Ces années de thérapie à me soigner, ces internements forcés privée de tout à être contrainte de réfléchir, toutes ces études, tout ce travail sur moi pour quoi ? Pour quoi faire si finalement au yeux de tout le monde je reste qui j'ai pu être et surtout ce que j'ai eu ? J'ai pleuré parce que je pleure souvent en ce moment et parce qu'on ne m'avait jamais autant déshumanisée que pendant ces 45 minutes d'entretien. J'ai tenu bon, le regard sec, fixe, attentif, les déglutitions douloureuses et les tempes qui battaient fort dans mes lobes temporaux certes parce que je n'ai rarement autant rien eu à prouver qu'aujourd'hui. J'ai fait ma part du travail. Personne n'a aucun traumatisme et aucune manière d'être certain qu'il ne sera pas réactivé ou juste recroisé de loin, pour autant, arrêtons-nous de vivre ? Qui est ce que je dois protéger en renonçant à ce stage ? Moi ? Les patients ? Un personnel de santé incompétent ? On nous dit de vivre pour nous, librement et qu'aller mal n'est que le reflet d'aller bien, pourtant, ma condition d'adolescent malade me suivra sûrement à vie. Je ne pensais pas arriver au stade où je devais justifier que je ne me tuerai pas à la moindre plaie, aux moindres mots forts, à la moindre détresse apparente. Ça m'a fatiguée. Je suis profondément fatiguée.
Les personnes les moins humaines sont celles que j'ai le plus côtoyé dans le milieu du soin. Je repense souvent à cette médecin des urgences qui a dû me recoudre sur 20cm de mon avant bras et sur deux plans de ma peau. Avoir m'avoir répété sur je prenais la place des autres et que j'étais folle, elle m'a recousu à vif, sans anesthésie en me disant "tu voulais souffrir en faisant ça hein ? Alors tu vas vraiment souffrir". Je repense à ma psychiatre qui m'a fait interner, qui a fait signé les papiers à mes parents dans mon dos et qui les a obligés à me conduire à l'hôpital psychiatrique alors qu'on était censés faire une balade. Je pense à cette psychologue qui m'a obligée à rester assise pendant des heures devant mon assiette pour me forcer à la manger. Je repense à cette infirmière qui a soupiré quand il a fallu m'amener me faire recoudre au service juste en dessous de l'hp, elle m'a dit d'y aller seule. Je repense à toutes l'équipe de soin qui m'a gardée jusqu'au jour de mes 18 ans pour me faire sortir le lendemain juste pour que je le fête là. Je suis en colère si fort parce que je n'ai jamais rien dit, j'ai obéi, j'ai fait alors que j'avais le cœur fracturé. Tout ça pour ça.
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Ptit rant sur les commu rap français (c un peu long jvous averti) :
Comment Jsuis heureux que orelsan ait jamais eu de succès à la Cicatrices de Zola ou A7 de SCH (en mode genre gros hit premier album)
Parce que les gens s’attache trop à ce chef d’œuvre et pensent donc en conséquence que l’artiste va éternellement et uniquement évoluer dans ce style la. Ça me fout en l’air comment ils acceptent pas qu’un artiste veuillent essayer autre chose
C’est une des forces d’orel justement qu’il a toujours eu la même audience aussi grande à chacun de ces albums et en même temps toujours être autant varier le style de ses albums. C’est ptêtre aussi qu’orel à la meilleure commu du rap français ou si on veut le dire avec des termes plus objectif, la communauté d’orel est plus ouverte à la diversité (ouh la c bizarre dis comme ça… 🏳️🌈mdr) et que la commu de SCH par exemple est une communauté de bébés gâtés qui ne voient que les stats de l’artiste
Ah oui et ofc que c’est pas que j’aime pas A7 ou Cicatrices, selon moi aussi Cicatrices c’est le meilleur album de Zola et A7 je reconnais que c’est un classique du rap français. mais de la a dire qu’ils a ont fell off sur Autobahn ou Diamant du Bled parce qu’ils n’ont pas du tout la même DA artistique que leurs gros hits de premiers albums?? (Bon oui des fois ils exagère un peu leurs exploration de diversité musicale, j’parle entre autre des catastrophes de Zumbas de SCH et du morceau ELECTRO de Zola mais on peut comparé ça a des Ah Là France de Orel ou bien les prods du chant des sirènes qui vieillit très mal (osez me dire que vous écoutez genre raelsan ou mauvaise idée ect. 1er deg en vous disant “it’s still a bop”)
Ptite question d’ouverture parce que j’ai l’impression d’avoir fait une dissertation de français: Sur ce je m’intéresse à ce phénomène pour Freeze (le gars là le corleone aka orelstan) à savoir si sa communauté le ramènera toujours à sa mythique explosion de LMF ou on valorisera chaque nouvelle sortie à sa juste valeurs. Perso, même si je sais que LMF c’est pas sa première GROSSE sortie (genre y’avait eu projet blue beam en 2018 Mai’s genre aussi d’autre ptit projets qui on pas tant pris depuis 2011) J’trouve quand même que sa commu a une tendance un peu trop facile à toujours revenir vers LMF comme une sorte de standard pour Freeze, mais bon si il continue à se diversifier comme il commence avec des titre comme Jour de plus et que sa commu valorise le titre autant, j’vois pas pourquoi il pourrais pas avoir une success story a la Orelsan. (En mode il va faire un album “orelsan et gringe sont les casseurs flowteurs” mais c’est “Freeze et osirus sont les uhhh… LEANER” ou freeze et zuukou sont les boyfriends uh I mean bg boysclub” ou juste des collabs 667 en mode “j’veux élever mes potes avec moi” t’as capté)
J’avais l’habitude de faire des threads comme ça sur mon priv Twitter mais comme j’me suis défait de ce réseau du diable pour 2024, je fais souffrir Tumblr a la place, get fucked >:)
J’ai un autre rant de cette longeueur environ dans mes notes sur mon avis sur “le “mauvais” JVLIVS qu’est JVLIVS II” dans mes notes. Et clui la je l’ai construis from start to finish comme mes dissertation de frnacais. Vous allez souffrir.
#French rap rant#ah oui et c’est vrm les premiers albums pcq regarde l’explosion de soso maness c’est pas rescapé et puis il a tjrs une audience#a peu près stable et ouvert à la diversité j’me suis rendu compte de ça sur son live twitch 5eme album#French rappers#rap français#tumblr est quand même tlmt plus rant friendly que twitter en vrai
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Deux petits textes : Jihane et Khalid + un vieux truc retrouvé mais qui va bien avec le précédent billet
Bon, ça fait un moment que je disais que j'allais le sortir celui-là mais, le voilà "enfin" on va dire : un petit OS où on voie l'enfance de Claude (alors Khalid) à Almyra ainsi que sa soeur ainée - et première héritière du trône de shah - Jihane (ainsi qu'un autre personnage qui s'est rajouté à la dernière minute). Dans mon fanon, c'est la seule ou une des seules personnes de sa famille en-dehors d'Oswald avec qui Claude a une bonne relation, la décrivant souvent comme "la seule personne saine d'esprit dans une maison de fous" quand il sera adulte alors, j'avais envie de vous la présenter un peu.
Par contre, fans de Tiana qui la voie comme une girlboss badass et une bonne mère pour Claude, je vous conseille de passer votre chemin. Je ne la considère pas très bien (tout comme son cher et tendre qui ne s'appelle pas Sélim [comme Sélim II le Blond ou l'Ivrogne] et qui n'a pas accédé au trône comme l'empereur romain Claude pour rien) alors, cette version du personnage sera conforme à ces descriptions dans les supports de Claude : une femme qui rit en voyant son fils être attaché à la selle de son père, et qui doit courir derrière un cheval quand il est puni (petit rappel, un cheval au trot, c'est 14 km/h en moyenne, au galop, c'est 21 km/h en moyenne, jusqu'à plus de 60km/h pour les plus rapides et Alexandre le Grand a tué Bétis, chef de la ville de Gaza, en accrochant une corde à ses talons et en le faisant trainer derrière un char jusqu'à mort s'en suive).
De plus, il y a également de la maltraitance d'enfant et une situation où Claude a l'impression d'être mis à nu devant tout le monde car, Tiana a arraché son turban, les cheveux étant associé à une certaine pudeur qu'il faut couvrir quand on sort de la petite enfance dans cette partie d'Almyra.
Et pour le deuxième texte, je l'ai retrouvé parmi d'autres petits écrits de mes brouillons, "vraiment petits trucs écrits comme ça", qui sont des textes courts et que je ne finis pratiquement jamais. Etant donné que cela collait avec mes derniers billets, c'était l'occasion de le sortir de son trou sans en faire un billet entier vu qu'il est assez vieux. Ce texte était pratiquement fini (il manquait littéralement les 4 dernières phrases et la relecture) et il doit avoir un an, un an et demi alors, il ne doit pas être très à jour avec mon lore actuel alors, ne vous étonnez pas si des choses ne colle plus.
Il s'agit d'une histoire centrée sur la famille Gautier, où Miklan pense avoir réussi à se débarrasser de Sylvain. D'ailleurs, un des personnages de ce texte est Adeline, une précédente version de "maman Gautier" étant donné qu'il y a eu trois étapes avant d'arriver à Fregn. Elle est beaucoup plus semblable aux autres mères Gautier du fandom dans le sens où elle est très soumise et effacée, notamment face à Isidore, avant que son personnage n'évolue vers Fregn qui est - à mon avis - bien plus intéressant étant donné qu'elle est bien plus proactive et avec beaucoup de compétences.
Enfin bon, maintenant que tout est clair, bonne lecture et suite sous la coupe !
1 : Enfance de Claude
Khalid se glissa dans l’écurie des wyvern, attendant que le palefrenier s’en aille pour se glisser un peu plus loin. Les grandes bêtes couvertes d’écailles passèrent leur tête au-dessus de la clôture de leur stalle, regardant distraitement l’origine des petits pas les dérangeant pendant leur sieste, leurs yeux sombres le suivant dans sa course vers le fond de l’écurie.
« Bonjour Bavqar, bonjour Halqe… les salua-t-il tous à mi-voix, ne devant pas se faire remarquer, même s’il prit un peu de temps pour saluer les chefs de la horde, deux immenses wyverns brunes avec des zébrures sur les écailles, couvertes de cicatrices après avoir survécu à bien des batailles. Nader lui avait toujours dit de bien la respecter et c’était les montures de ses parents après tout. « Bonjour Nyrv, bonjour Brutal… ne dites pas à Père et à Mère que je suis venu, d’accord ? Il me gronderait… »
Les deux bêtes massives le fixèrent une seconde avant de retourner dormir, sans doute bien plus intéressante que lui. Khalid poussa un soupir de soulagement avant de repartir en courant, ne devant pas se faire prendre. Normalement, il devrait être à l’entrainement à la lance mais, il n’aimait pas du tout cette arme alors, il avait échappé à son instructeur pour venir ici. Sa mère lui avait également interdit d’aller aux écuries, elle disait qu’il était de trop haute naissance pour mettre les pieds dans le foin et le sable. Il se ferait gronder mais, si c’était par Nader ou les autres janissaires, ça irait. Si c’était son père ou pire sa mère par contre… le jeune garçon essaya de ne pas y penser, ses pieds et ses mains s’en souvenant encore que trop bien, se concentrant plutôt sur la recherche de la stalle d’Arezu.
Après quelques minutes de recherches, il finit par la retrouver, enroulée sur elle-même tout au fond de l’écurie, toute seule dans la paille et du sable, devenant un gros pois blanc au milieu d’un océan de jaune. Défaisant sans problème le nœud sur la porte, Khalid entra, l’appelant doucement en priant Ahura Mazda pour ne pas se faire remarquer.
« Eh… ! Arezu ! Pssst ! Viens ! »
La petite bête releva la tête, avant de foncer vers lui en le reconnaissant, le poussant dans le sable alors qu’elle le couvrait de coup de langue, le faisant rire, même s’il essaya de ne pas faire trop de bruit.
« Oui, moi aussi, je suis content de te voir, sourit-il en lui faisant un câlin, sortant un gros fruit rouge de son cafetan. Je t’ai apporté des grenades, on va pouvoir les manger ensemble ! »
Arezu poussa un grognement joyeux, cassant sans problème la peau épaisse pour dévorer les grains acides à l’intérieur, tout comme Khalid avec la sienne, heureux de la partager avec son ami. La mère d’Arezu l’avait rejeté et les autres petites wyverns s’amusaient à la mordre car, elle était toute blanche avec des ailes veinées de rouge au lieu de brune comme sa mère alors, elle était toujours toute seule, comme lui à cause de sa peau plus claire et de ses yeux verts étrangers, surtout que sa mère ne l’aidait jamais, ça créait des liens…
Quand ils eurent fini de goutter, Khalid et Arezu s’amusèrent ensemble, d’abord en silence puis, plus il riait avec la petite wyvern, oubliant complètement sa prudence alors qu’il sautait partout dans la paille, n’entendant pas les pas s’approcher de plus en plus de lui, préférant s’amuser à qui tirera le plus fort sur la corde avec son ami à écailles.
« Eh ! Qu’est-ce que tu fais là gamin ?!
Khalid releva la tête d’un coup, voyant un palefrenier le foudroyer du regard depuis la porte de la stalle. Son corps bougeant tout seul, Khalid fonça sans réfléchir se cacher dans un tas de foin avec Arezu mais, c’était peine perdu, l’homme le tira bien vite de sa cachette en criant, bien malgré les morsures d’Arezu mais, c’était peine perdue, elle n’avait pas encore de dent et l’homme semblait habitué à dompter des wyverns bien plus grosse. Il hurla sur Khalid, furieux avant de réaliser.
– Qu’est-ce que tu fiches là ? Voleur hein ? T’essayais de voler une des wyverns de notre vénéré shah ?! Je vais t’apprendre sale gosse… mais attend, bien habillé comme ça… t’es pas un enfant des janissaires toi ? Mais qu’est-ce qu’un enfant du shah vient faire dans… aïe !
Profitant de son étonnement et d’une morsure plus forte que les autres d’Arezu dans sa cuisse, Khalid échappa à son étreinte et se mit à courir à toute vitesse en direction de la caserne des janissaires, évitant le plus possible de se faire attraper par qui que ce soit. Sale comme il était, on le prendrait sans doute pour un voleur alors, il fallait qu’il trouve Nader avant qu’un garde plus bas que lui ne lui mette la main dessus ! Il se ferait gronder, et Nader le punirait surement en lui rajoutant des corvées à la caserne mais, ce serait toujours moins pires que si c’était sa mère ou son père qui lui tombait dessus ! Il n’avait pas envie de courir à nouveau derrière un cheval au galop ! Il avait fini trainé dans la boue sous les rires de sa mère et de ses demi-frères et sœurs, et il avait eu de la chance de finir avec juste une épaule déboitée et une cheville foulée ! Non ! Il ne voulait pas que ça recommence !
Paniquant en entendant la voix de sa mère au loin, Khalid se retourna une seconde pour voir si le palefrenier le poursuivait toujours et où elle était, quand il rentra dans quelqu’un, la violence du choc le faisant tomber par terre.
« Aïe ! D… Désolé, j’ai pas fait exprès !
Il releva le nez et vit une très belle femme qu’il reconnut comme sa demi-sœur Jihane, constatant les dégâts sur son « sari », la robe traditionnelle du pays de sa mère, recouvert du sable et de la boue de l’écurie d’Arezu là où Khalid était rentré, tachant le jaune éclatant tranchant avec sa peau brune très sombre et les quelques cheveux noirs dépassant de son voile avec du brun sale. Bon, au moins, c’était la meilleure personne sur qui tomber avec Nader mais, il devait quand même dégager en vitesse avant que sa mère n’arrive ! Il entendait sa voix s’approcher de plus en plus !
– Khalid… commença Jihane, posant ses yeux noirs comme la nuit sur lui. Mais qu’est-ce… qu’est-ce qui t’es arrivé ? Pourquoi tu…
– Je… je suis désolé… mais s’il te plait, je dois vraiment filé avant que…
– Khalid !
Le jeune garçon paniqua encore plus en entendant la voix furieuse de sa mère l’appeler, tentant de s’enfuir mais, il fut bloqué par le garde de sa grande sœur, l’empêchant de partir alors que Tiana arrivait, folle de rage. Avant que Jihane n’ait pu dire quoi que ce soit, elle lui attrapera le poignet, le serrant à l’en broyer, le tirant sur ses jambes alors qu’elle lui hurlait dessus.
– Khalid ! Qu’est-ce que tu as fait pour finir dans cet état ?! Tes vêtements sont fichus ! Tu es sale comme un paysan ! Et j’ai aussi appris que tu avais sauté ton cours de lance ! Tu es allé te rouler dans la boue à la place d’étudier ?! C’est ça Khalid ?!
– N… non… ! J’ai rien fait ! Je le jure devant Ahura Mazda ! J’ai rien fait de mal !
– Non seulement tu es sale, mais en plus, tu mens ! Devant un dieu avec ça !
Avant qu’il n’ait pu reculer pour l’éviter, Tiana le gifla, lui lacérant la joue avec ses ongles, avant de lui arracher son turban, exposant sa tête devant tout le monde. Non ! Il ne voulait pas qu’on voie ses cheveux ! Il ne voulait pas être tête nue devant tout le monde ! Mais il n’eut pas le temps de penser à sa honte d’être vu ainsi en public, que sa mère lui attrapait son oreille pour la tirer, lui hurlant encore plus dessus, furieuse.
– Tout ton habit est ruiné ! Un habit presque neuf ! Et tu sautes les entrainements et tu me mens avec ça ! Tu te rends compte de ce que tu fais ? Tu te rends compte de ce que tu fais ?! N’ose même pas croire que ton père ne va pas être au courant !
– Aïe ! ça fait mal ! S’il vous plait mère ! Lâchez-moi ! J’ai pas fait exprès ! Je… je voulais juste jouer avec Arezu ! Finit-il par avouer en espérant que ça ferait arrêter sa mère.
Khalid sut qu’il avait commis une énorme erreur en la voyant se figer, avant d’exploser encore plus fort, ses yeux semblant sortir de ses orbites, rouge de colère.
– Tu es allé jouer avec les wyverns ?! Je t’avais interdit de t’en approcher ! Je vais t’apprendre à te rouler dans la crasse comme… !
– Tiana, arrêtez immédiatement. Lâchez Khalid. Je vais le corriger moi-même.
Jihane s’était mise entre eux, passant son bras entre Khalid et sa mère. Tiana se figea, perçant sa belle-fille du regard alors qu’elle lui ordonnait.
– Ne t’en mêle pas Jihane. Tu n’as pas à me faire la leçon sur la manière d’éduquer mon fils ou à me donner d’ordre.
– Ce n’est pas mon intention. Simplement, c’est moi qui aie été lésée. C’est mon sari qui a été sali, il est donc normal que je m’occupe de corriger celui qui m’a fait du tort. De plus, vous n’avez pas à l’exposer tête nue en place publique. C’est indécent et choquant pour toutes les personnes dans ce jardin.
– Tu es choqué par une tête nue ? Ne te fiche pas de moi ! Ce n’est que des cheveux ! Et tu n’as pas à me donner des ordres ! Je suis ta belle-mère !
– Je sais que c’est surement difficile pour une ��trangère telle que vous de comprendre mais, il est regrettable qu’après douze ans à vivre dans notre pays, vous ne compreniez toujours pas nos codes. Vous êtes dans la même situation que ma propre mère, vous auriez dû également vous adapter et comprendre que nous avons une notion de la décence différente de celle de votre pays d’origine. De plus, même si vous êtes un autre bijou pendu au cou de mon père, notre vénéré shah, comme toutes ses autres concubines, je reste la fille ainée du shah Sélim le deuxième et de Pari à présent Delaram, le cœur calme, sœur du raja de Pratihara Anil, héritière légitime du trône d’Almyra, » Jihane releva la tête, toisant Tiana de haut, nullement impressionnée par elle. « En cette qualité, je vous ordonne de lâcher votre fils pour me laisser le corriger par moi-même.
Il eut un long instant de silence entre elles, juste rompu par les halètements de douleur de Khalid, jusqu’à ce que sa mère le libère enfin de son emprise, lui laissant enfin reprendre pied alors qu’elle s’éloignait, finissant par accepter de se soumettre à Jihane. Cette dernière la jugea du regard avant de reprendre la parole, ordonnant cette fois à son petit frère.
– Khalid. Recouvre-toi et suit moi. »
Le petit garçon obéit immédiatement, enroulant aussi vite qu’il put son turban sur la tête pour se couvrir à nouveau, retrouvant sa décence avec soulagement avant de suivre sa grande sœur jusqu’à ses appartements. Jihane n’était pas très grande, ni très assidue à l’entrainement mais, elle marchait vite, à une cadence quasi militaire. Elle gardait toujours son dos très droit, lui donnant un maintien parfait. Il avait entendu une fois une autre enfant des janissaires raconter que leur sœur ainée pourrait se balader avec vase sur la tête toute la journée, qu’il ne tomberait jamais tellement elle restait droite et digne en toutes circonstances. Ça la rendait vraiment impressionnante malgré sa silhouette très fine et menue… elle était déjà si belle… leur père la désignait comme « le plus beau bijou de sa couronne » et vantait tout le temps sa beauté devant tous les ambassadeurs…
Au bout de quelques minutes, ils arrivèrent dans les appartements de l’héritière, immense par rapport à celui de Khalid qui n’avait qu’une chambre à la caserne étant donné qu’il ne vivait pas avec sa mère. Là, c’était pratiquement une maison entière dans le palais, avec une grande pièce à vivre gorgée de soleil et avec tout ce qu’il fallait. À l’odeur, le jeune garçon parierait même qu’elle avait sa propre cuisine personnelle pas loin.
Dès qu’elle fut à l’intérieur, Jihane se retourna pour la première fois vers eux, donnant ses ordres avec calme, mais aussi fermeté. Contrairement à Tiana, d’autres concubines ou leurs autres frères et sœurs, elle n’élevait jamais la voix mais, elle arrivait quand même à obtenir tout ce qu’elle voulait juste en parlant… c’était assez impressionnant à voir…
« Farnaz, allez chercher des habits propres pour Khalid, puis prévenez Nader que je m’occupe de lui. Informez-le aussi de la dernière colère de Tiana. Jabiz, apportez-moi la boite des premiers secours ainsi que de quoi se laver les mains et le visage. Assieds-toi Khalid, je vais m’occuper de toi.
– Mais je vais tâcher tes coussins… marmonna Khalid en frottant sa joue blessée, se souvenant des colères de Tiana quand il salissait quelque chose.
– Ce n’est pas grave, lui assura sa sœur. Le tissu, ça se lave. Ta plaie à la joue par contre risque de s’infecter à cause de la saleté si on ne s’en occupe pas rapidement, surtout si tu la frottes. Vous nous apporterez aussi de quoi manger Jabiz, », ajouta-t-elle alors que la servante revenait avec une grande boite assez simple, débordant de petits flacons, de pots et de bandes. « Tu as faim Khalid ? Une course pareille a dû t’ouvrir l’appétit…
Khalid lui jeta un regard méfiant, sachant que même si Jihane était de loin sa sœur la plus gentille, il fallait toujours se méfier quand on lui offrait de la nourriture… deux fils de concubines importantes étaient déjà morts après avoir accepté l’invitation d’un troisième, avant que ce dernier ne soit également retrouvé mort, chute dans les escaliers… il ne devrait même pas accepter de toucher un onguent venant de quelqu’un de sa fratrie ou d’une autre concubine…
Cependant, comme si elle lisait dans ses pensées, sa grande sœur lui assura.
– Le repas ne sera pas empoisonné, les potions aussi, ni les bandages. Je n’ai aucun intérêt à ta mort, je n’ai pas envie d’avoir le sang d’un de mes demi-frères sur les mains inutilement, et ta mort ne m’arrangerait pas non plus. Maintenant, assieds-toi, il faut qu’on regarde ta joue.
La fatigue lui faisant baisser sa garde, le jeune garçon accepta, s’installant sur le divan, observant tout autour de lui. Un autel décoré d’une statue d’un homme avec une tête d’éléphant était dans l’angle de la pièce, les bâtonnets d’encens le décorant embaumant encore la pièce de leur parfum, même si Khalid reconnaissait aussi des éléments almyrois dans sa conception. Tout dans cette pièce ressemblait à un mélange entre les deux cultures de Jihane, les murs reflétant celle de leur père, et une grande partie de la décoration celle de sa mère… mais ce qui l’intéressait le plus, c’était sa bibliothèque, recouvrant un pan entier du mur, tellement grande que Jihane devait utiliser une petite échelle pour accéder aux étagères les plus hautes, débordant de livres et de rouleaux. Il rêverait de pouvoir lire au moins une toute petite partie tout ça…
– Au nom des dieux, Tiana ne t’a vraiment pas raté…
Jihane s’assit à ses côtés, observant les griffures sur sa joue et les marques sur son poignet, laissé par les ongles de sa mère. Après avoir demandé l’autorisation d’un regard, elle lui prit doucement le visage pour le tourner, exposant sa joue blessée avant de se mettre à le débarbouiller, retirant la saleté avec un linge doux, puis elle nettoya la plaie avec un tissu imbibé de potion, le piquant un peu mais, il ne put s’empêcher de se détendre grâce à ses soins, apaisé par l’attention que lui portait Jihane, ses gestes doux… c’était rare qu’on s’occupe de lui comme ça…
– Et voilà, mieux… souffla-t-elle après avoir fini de s’occuper de ses plaies et lui avoir nettoyé son visage et ses mains. Comment va ton oreille ? Elle te fait mal ? Tiana n’y est pas allée de main morte…
– Un peu…
– Umh… on ferait mieux de vérifier si elle ne t’a pas déchiré quelque chose… enfin, même si on est de la même famille, tu préféreras sans doute que ce soit Nader qui s’en occupe, je comprendrais que tu ne veuilles pas relever ton turban devant moi… surtout après ce qui vient de se passer…
Khalid hésita un peu, n’ayant pas très envie de se montrer encore plus quasi nu à qui que ce soit. Cependant, malgré tout, il hocha la tête, imposant seulement pour condition.
– … Non… non, c’est bon, toi, tu peux… il est mal fait de toute façon… mais tu ne le relèves pas trop… vu que… tu sais…
– Je comprends, je ferais attention.
Prudemment, elle releva un peu le tissu serré, marmonnant quelque chose dans la langue de sa mère avant de prendre un nouveau tissu propre.
– Elle t’a aussi blessé là… ses ongles sont un vrai fléau… ne bouge pas.
Elle nettoya la plaie avant de la recouvrir d’un pansement, alors que Farnaz revenait avec des habits tout propres, s’inclinant devant sa maitresse alors qu’elle lui donnait.
– Cette fois, cela devrait être bon… merci Farnaz. Va te changer dans la pièce d’à côté, tu ne seras pas dérangé comme ça. Il ne devrait y avoir personne à cette heure-ci.
Khalid prit tout de suite les habits propres et alla se changer dans la chambre que lui avait indiqué Jihane. C’était étrange… la chambre ressemblait à celle d’un enfant de shah mais, il y avait plusieurs lits, séparés par des rideaux pour donner un peu d’intimité à leurs potentiels occupants… et ce n’était surement pas celle de Jihane ou de ses suivantes, étant donné qu’il y avait un foyer pour Ahura Mazda, des tapis de prières orientés vers la ville sacrée du prophète du Seigneur des Levants et des Couchants, et même un petit autel pour les adorateurs de la secte de Seiros, mais pas de statuettes des dieux de l’Est… il y avait même tout ce qu’il fallait pour vivre ensemble… ça ressemblait à la salle commune de la caserne…
Khalid enfila en vitesse son habit neuf avant de rattacher son turban, le serrant assez solidement pour que personne ne puisse l’arracher, puis retourna dans la pièce principale de la maison où se trouvait Jihane avec un nouveau sari propre, un grand plateau recouvert de collation devant elle, remerciant d’un signe de tête Jabiz et Farnaz qui se retirèrent toutes les deux. Elle se tourna ensuite vers lui, lui demandant :
« Tu te sens mieux ?
– Oui, merci Jihane… mais dit, c’est quoi cette pièce ? On ne dirait pas ta chambre, ni celles de tes domestiques… il y a l’air d’avoir beaucoup de gens qui y vivent mais, il n’y a pas d’autel comme celui avec l’homme-éléphant, alors que beaucoup de tes servantes viennent du pays de ta mère…
– En effet, ce n’est pas ma chambre ou celle de mes préposées, c’est celle des invités. Beaucoup d’enfants des janissaires, de concubines de bas rang ou d’aventure d’un soir avec une servante viennent vivre avec moi. Ils savent qu’ils ne seront pas menacés par qui que ce soit ici. Comme je te l’ai dit, je n’ai aucun intérêt à tuer mes demi-frères et sœurs, encore moins ceux d’un rang inférieur au mien ou avec des mères qui ne sont guère ambitieuses. Je leur ouvre donc ma porte et les laisse vivre ici.
– Tu fais ça comme ça ? Sans rien demander en retour ? » La questionna-t-il sans vraiment y croire. Même si Jihane était très gentille et bonne avec ses cadets, même elle ne pouvait pas être aussi généreuse… pas ici en tout cas…
« Assez peu de choses, seulement qu’en échange, ils ne tentent pas de s’en prendre à moi et d’être compréhensif si je leur demande une faveur. Il est parfois plus utile et efficace de ne rien demander en échange d’un service rendu et d’agir sans arrière-pensée immédiate. Bien traiter les autres en continue est bien plus utile sur le long terme et surtout, bien plus sain pour le corps et l’esprit, » lui expliqua-t-elle calmement, « même si c’est surement difficile à comprendre quand on a vécu toute sa vie dans le harem où tout se monnaie immédiatement et avec une mère comme la tienne qui demande toujours des comptes sur le champ. Enfin, tu comprendras surement quand tu seras plus grand et que tu auras rencontré des gens en qui tu pourras avoir une pleine confiance… enfin, je te félicite pour avoir compris tout de suite que ce n’était pas la chambre de mes servantes en te basant sur ce qui s’y trouvait, tu es très observateur… même si Ganesh, le Meilleur des Guides, n’est pas le seul dieu que le pays de ma mère adore, c’est celui que je préfère et dont je voudrais suivre l’exemple, nota-t-elle en désignant respectueusement l’autel dans le coin de la pièce.
– Ganesh ? Le dieu à tête d’éléphant ? Pourquoi c’est celui que tu préfères Jihane s’il y en a plusieurs ? Lui demanda-t-il, se demandant pourquoi ce dieu était aussi spécial pour elle.
– Ces fonctions sont multiples mais, il est avant tout le dieu de sagesse, de l’intelligence, de l’éducation, du succès et de la prudence. C’est également le protecteur de ceux qui travaillent pour approfondir leur savoir. En tant qu’héritière au trône et en tant que personne, j’espère pouvoir agir avec autant de sagesse que lui en est capable et de rester prudente vis-à-vis des personnes dépendant de moi, souffla-t-elle, le regard sérieux et solennel, avant de dire d’un ton légèrement plus léger, même si elle gardait toujours la dignité qui la caractérisait. Et aussi parce que j’aime beaucoup apprendre de nouvelles choses alors, il est le dieu qui veille sur mon apprentissage et celui de tous les écoliers et étudiants.
– Un dieu de l’intelligence… mais pourquoi il a une tête d’éléphant ? Et ta statue est cassée ? Il lui manque une défense ! Et pourquoi il est assis sur un rat sur ton autel ? Et si c’est un dieu qui n’est pas associé à la guerre, pourquoi il tient une hache, un nœud de pendu et une grosse aiguille ? Et pourquoi il tient un bol remplit ? Et c’est quoi la guirlande tout autour de son cou ? Et il a plein de fonction ! Mais s’il en a autant, ils font quoi les autres dieux ? Ils ont autant de fonction que lui ? Et…
– Du calme Khalid, une question à la fois ! Ria de bon cœur Jihane devant l’avalanche de curiosité du petit garçon. Je vais tout expliquer si tu veux. En plus, mieux vaut que tu restes ici le temps que Tiana se calme et que Nader vienne te chercher. J’ai une version des védas traduite en farsi, tu devrais pouvoir mieux suivre si je te l’explique avec… songea-t-elle en se relevant, lui tournant le dos alors qu’elle cherchait dans sa bibliothèque. Une seconde… il doit être quelque part par-là…
Khalid ne put s’empêcher de penser qu’elle n’était pas très prudente de lui tourner le dos ainsi… lui, il évitait toujours de tourner le dos à qui que ce soit à part Nader, même avec sa mère… mais cette pensée s’échappa de son esprit, éjecté par sa curiosité quand sa grande sœur tira un livre de sa bibliothèque et l’invita à côté d’elle pour le lire ensemble. Trop curieux, le petit garçon accepta, écoutant Jihane lui raconter l’histoire de Ganesh, le fils que Parvati avait conçu seule quand son mari Shiva était parti méditer sur une très haute montagne, lui tenant compagnie et surveillant la maison de sa mère, jusqu’à ce que Shiva revienne et ne le décapite de rage car, il lui avait interdit d’entrée pendant que sa mère se baignait, ignorant son identité, projetant sa tête tellement loin qu’on ne put la retrouver. Pour consoler son épouse et se faire pardonner, le dieu à la peau bleu aurait remplacé sa tête par celle du premier enfant qui passait et que sa mère ne surveillait pas, qui fut un éléphanteau dont la mère dormait en lui tournant le dos. Par cet acte, Shiva acceptait Ganesh comme son propre fils, acceptant de réparer sa faute et de s’occuper de lui comme s’ils partageaient le même sang en devenant un père aimant. Cela pouvait également symboliser le fait que Ganesh se débarrassait de son propre égo afin de s’élever spirituellement mais, Khalid préférait la version où c’était Shiva qui acceptait de réparer ses erreurs en s’occupant de Ganesh… c’était une historie qui lui faisait du bien…
Sans s’en rendre compte, l’après-midi entière passa à une vitesse folle, Khalid écoutant sa sœur lui raconter les histoires du pays de sa mère tout en grignotant des en-cas salé et épicé, posant des milliers de questions auxquelles Jihane répondait patiemment. Le petit garçon était en train de lutter pour rester éveiller, pratiquement plus pour entendre la suite que par méfiance, quand on frappa à la porte. Farnaz alla ouvrir et vit Nader, saluant respectueusement Jihane en s’inclinant devant elle :
« Votre Altesse Jihane, je vous prie de bien vouloir m’excuser pour cette interruption impromptue. Je suis venu chercher votre petit frère, le prince Khalid, afin de le ramener à ses quartiers. Il est l’heure pour lui de regagner sa chambre afin de respecter le couvre-feu.
– Je comprends Nader, c’est vrai qu’il commence à se faire tard. Il est temps de conclure…
– Mais on était au milieu de l’histoire ! Protesta-t-il, ne voulant plus partir même s’il fatiguait. Et t’as pas fini de m’expliquer cette histoire de réincarnation ! Comment un esprit peut sauter d’un corps à un autre��? ça marche comment ? Je veux en savoir plus !
– Et bien, tu pourras revenir un autre jour pour que je te raconte la suite, qu’en dis-tu ? Comme ça, tu auras bien le temps de digérer tout ce que tu as entendu aujourd’hui, et tu pourras mieux comprendre ce qu’on verra la prochaine fois. Ma porte est toujours ouverte, et Tiana ne pourra pas venir te tirer d’ici par la force, tu seras tranquille comme ça, lui proposa-t-elle d’une voix douce, semblant plus détendue qu’au début de l’après-midi elle aussi.
– D’accord ! Répondit Khalid sans vraiment réfléchir, voulant juste continuer à en apprendre plus et pouvoir dévorer la bibliothèque de sa sœur. Je peux venir demain matin ? Ah non, c’est l’entrainement de tir à l’arc et ça, c’est bien… ou la prochaine fois que c’est le cours de lance ?
– Je ne pense pas que Dame Tiana votre mère accepterait de vous voir sauter l’entrainement prince Khalid… souffla prudemment Nader en posant sa main sur son épaule. Je comprends que tout ceci vous intéresse énormément mais, votre mère tient à ce que vous excelliez dans la pratique des armes…
– Hum… cependant, il serait bienvenu qu’un fils de shah et petit-fils de grand-duc sache aussi bien manier les armes de l’esprit que celles de fer, fit remarquer Jihane, pensive, ses yeux ténébreux posés sur son petit frère. De plus, si j’ai bien compris, Tiana vous fait complètement négliger sa formation intellectuelle, même si ce n’est guère étonnant de sa part, cette femme ne réfléchit qu’avec ces poings… ils se sont bien trouvés avec notre père… enfin, c’est ainsi. Je pense que sauter quelques entrainements ne lui fera pas de mal si cela lui permet de s’instruire un peu plus.
– Vraiment ?! Tu penses que je pourrais faire ça ? Mais… mais tu voudrais quoi en échange Jihane ? ça ne t’apporterait rien… lui fit-il remarquer, essayant de rester méfiant, l’offre semblant bien trop belle pour être vraie, même s’il voudrait croire que Jihane était sincère.
– Bien sûr, tu es fils de shah, il ne faut pas que tu négliges ta formation intellectuelle, elle te sera d’autant voir plus utile que celle par les armes. Et toujours avec ça… hum… alors, la prochaine fois que tu vas jouer avec les wyverns, demande l’autorisation à Nader ou à notre père. Cela évitera que tu salisses de nouveau mon sari parce que tu t’es fait prendre et que tu t’enfuis comme un voleur. Ainsi, mes domestiques ne devront pas enlever du sable maculé de crottin de wyvern de la soie. Cela te semble un échange de bon procédé correcte ?
– Tu dis ça sur l’entrainement parce que t’aimes pas ça aussi, arriva à la taquiner un peu Khalid. Et d’accord, ça me semble bien alors… et pardon pour ton sari… je n’ai pas fait exprès…
– Je sais, ne t’en fais pas. C’est surtout que ça t’évitera de t’attirer les foudres de Tiana. Le tissu se lave en quelques heures, les plaies se referment bien plus lentement. Je ne veux plus la voir t’exposer la tête nue devant tout le monde, personne ne mérite de subir une telle humiliation pour une simple bêtise d’enfant.
– D’accord… merci Jihane, parvient-il à sourire, rassuré par les mots de sa sœur, ne voulant que plus personne ne le voie sans son turban ainsi.
– Soyez-en remercier, Dame Jihane, ajouta Nader après une révérence profonde.
– C’est normal… ah ! Par contre, j’y pense, j’aurais encore quelques mots à vous dire Nader, pourrais-je m’entretenir avec vous quelques minutes ? Farnaz peut raccompagner Khalid jusqu’à la caserne.
Il eut un instant de silence avant que le général ne s’incline à nouveau, sachant qu’il ne pouvait rien refuser à Jihane quand elle lui demandait quelque chose, même ainsi.
– Bien Ma Dame. Farnaz, je vous confie le prince Khalid. Il sait ce qu’il doit faire en rentrant. Et n’oublie pas…
– Mes ablutions et remerciez Ahura Mazda pour cette nouvelle journée, je sais. T’en fais pas Nader, je m’en souviens ! Lui assura-t-il, avant de lui faire un câlin rapide puis de partir. À tout à l’heure à la caserne ! Et à une prochaine fois Jihane.
– À la prochaine Khalid, reviens vite, et je te tiendrais informer de cet entretien avec notre père, » lui jura sa sœur.
Farnaz emmena le jeune garçon avec elle, posant sa main sur son épaule avec douceur en le menant vers la caserne. Jabiz referma la porte derrière eux, puis servi un verre de thé au général avant de disposer sur ordre de sa maitresse. Cette dernière but une traite de son propre verre, laissant à son invité le temps de boire comme le voulait la politesse avant de demander, sérieuse et impénétrable, sachant à l’attitude de son petit frère avec lui que c’était le mieux placé pour lui répondre. Bien plus que Tiana ou leur père en tout cas.
« Est-ce que Khalid étudie beaucoup en-dehors des armes ?
– Il suit les cours élémentaires avec les autres enfants de la garde de son âge. Il apprend à bien lire les textes administratifs ou religieux, à écrire correctement, les rudiments des langues principales de l’Empire ainsi qu’un peu de fodlan étant donné que sa mère en vient, avec évidemment une formation en mathématique. Cependant, sa formation est principalement militaire sur demande de sa mère Tiana, ce à quoi votre père a donné sa bénédiction. Il est très bas dans l’ordre de succession et vous restez son héritière principale, il a dû penser qu’une formation intellectuelle plus poussée serait inutile, surtout qu’il n’est pas très assidu en cours, et cela ne se passe pas forcément très bien avec ses autres demi-frères et sœurs pour des raisons… des raisons que vous pouvez sans doute aisément comprendre… souffla tristement Nader, visiblement affecté par tout ceci. Il les saute assez souvent pour aller jouer avec les wyverns.
– Oui, j’imagine qu’il doit s’ennuyer mortellement, cela n’aide pas à rester concentrer, il comprend extrêmement vite. Il n’a surement jamais entendu parler des principes des croyances de Pratihara mais, il a très vite saisi plusieurs concepts pourtant assez éloignés du culte d’Ahura Mazda, et il est arrivé à identifier quel signe correspondait à quel son seulement en m’écoutant et en regardant les mots que je désignais. Il doit être très bon en langue. Et oui, je voie très bien de quelles difficultés vous voulez parler… il est difficile d’être de deux mondes si différents, surtout vu les relations avec Fodlan. J’imagine sans peine toute les insultes qu’il doit supporter, surtout qu’il n’a personne à part vous pour le protéger j’imagine, marmonna-t-elle, devinant aisément tout ce que son petit frère avait dû endurer à cause de son métissage, surtout sans personne pour le protéger. Saviez-vous qu’il avait un esprit aussi vif ? Sa mère et notre père sont au courant ? Autant pour ses capacités que pour ses brimades de la part de ses frères et sœurs. Pour ces dernières, je connais parfaitement les réactions de notre père mais, Tiana pourrait tenter de défendre son fils plutôt que l’enfoncer en l’humiliant.
– Oui, je sais depuis longtemps pour ces capacités… Vous devriez le voir quand il se sent en sécurité, il est capable de vous résoudre des problèmes et des énigmes que des enfants plus âgés et même des adultes ont bien plus de mal à résoudre ! Et il adore la petite wyvern blanche qui est née pendant la dernière couvée, Arezu ! C’est justement parce qu’il est allé la voir qu’il a séché l’entrainement aujourd’hui… c’est un petit coquin quand il n’est pas sur ses gardes mais, c’est un gamin formidable ! S’exclama-t-il avec affection, arrivant à faire légèrement sourire Jihane, même si son regard si noir restait toujours impénétrable, bien que le visage de Nader se rassombrit assez vite. Enfin, ça, c’est quand il se sent en sécurité… je crois que vous l’avez remarqué mais, il est souvent sur ses gardes, ce qui est assez normal vu qu’il est pratiquement tout seul dans le harem… Tiana se désintéresse de lui à part quand il lui fait honte et refuse de le laisser étudier comme il le voudrait. Elle veut que ce soit un bon guerrier car elle pense que cela est plus respecté… mais sans comprendre qu’un bon général doit aussi avoir une tête bien faite… plusieurs janissaires l’ont entendu croasser à ses dames de compagnie que le petit ressemblait trop à son grand-père, et au ton qu’ils m’ont décrit, ce n’est pas un compliment.
– Le grand-duc Riegan ? Je n’ai pourtant entendu que des éloges à son sujet, c’est un homme d’État reconnu et un fin diplomate. Honnêtement, j’ai toujours voulu le rencontrer, afin de vérifier si sa réputation n’est pas usurpé… enfin, cela ne m’étonne pas que Tiana ne l’apprécie pas, il n’est pas connu pour être cruel à sa différence… et pour les brimades que subit son fils, j’imagine qu’elle s’en fiche… la connaissant, ça pourrait même l’amuser… » gronda-t-elle, pleine de rancœur et de ressentiment, se souvenant des rires mesquins de cette femme quand, pour le punir d’avoir exploré une aile condamnée du palais, leur père l’avait attaché à la selle de son cheval et fait courir tout autour de la cour d’entrainement. Ce n’était même pas Tiana qui l’avait tiré de ce bourbier mais, sa propre mère Delaram qui avait fondu en larmes devant un tel spectacle et réclamé la grâce du petit, au grand désarroi de Tiana en voyant sa « punition » écourté pour les beaux yeux d’une de ses principales rivales.
« Pas exactement mais, elle pense que les brimades l’endurciront et le rendront plus fort… marmonna Nader sans cacher son inimitié envers cette concubine qu’il avait dû laisser gagner lorsqu’elle l’avait défié en duel, histoire de ne pas briser l’égo de Tiana et sa carrière par la même occasion. Et quant à votre père… comment dire… vous savez comment il est…
– …s’il s’est retrouvé sur le trône, c’est pas tant parce qu’il est un fin politicien mais, parce que tous les autres héritiers de sa génération s’étaient entretués pour le trône mais, qu’ils l’ont oublié tellement il était incompétent… je connais très bien les habitudes de mon incapable de père… le condamna-t-elle sévèrement. Autant dire que Khalid est coincé entre la peste et le choléra… un tel potentiel… ce serait du gâchis de ne pas l’aider à s’épanouir… une telle intelligence ne peut être que bénéfique pour Almyra, et nous manquons d’enfants de concubines supérieurs qui ne sont pas bouffis d’orgueil et impotents… non, pour le bien du royaume, il doit recevoir l’éducation qui sied à son rang et à ses capacités… elle se releva, regardant Nader dans les yeux, l’aspirant dans leurs ténèbres dont ils étaient impossible de se détourner. Je parlerai à mon père. Pour le meilleur ou pour le pire, il ne me refuse presque jamais rien, je devrais arriver à le convaincre de lui donner une meilleure formation intellectuelle.
– Bien Dame Jihane… cependant, pardonnez-moi si cela peut vous semblez direct mais, j’aimerais savoir pourquoi l’aidez-vous ainsi ? La questionna-t-il sans détour, ayant appris à décrypter les habitudes de l’héritière du shah. Désiriez-vous en faire un de vos fidèles ?
À force, il savait comment Jihane procédait : elle aidait très souvent les enfants de concubines de bas rang, maltraités pour diverses raisons ou ayant perdus les faveurs du shah, leur octroyait sa protection, ainsi que ce dont ils avaient besoins. Elle ne demandait jamais rien en échange mais, la plupart d’entre eux devenaient de fidèles alliés dans les luttes intestinales du palais. Nader ne se doutait pas que plusieurs d’entre eux étaient en réalité ses hommes de mains les plus dévoués… elle était suffisamment intelligente pour savoir que dans sa position, sa gentillesse pouvait être une arme redoutable.
La princesse garda le silence une seconde, réfléchissant avant de répondre, tout aussi franche avec lui et sans en prendre ombrage. Ce n’était pas dans son intérêt de se brouiller avec le principal général de son père et le chef de la garde du palais, surtout qu’ils semblaient avoir des opinions assez similaires aux siennes d’après ses sources.
– Ce serait mentir de dire que je n’aimerais pas le compter parmi mes fidèles quand il sera un peu plus grand. Il a un bel avenir devant lui et son intelligence pourrait m’être très utile pour maintenir la paix dans l’empire. De plus, j’aimerais pouvoir enfin résoudre nos différents avec Leicester au sujet des terres des opportunistes de Goneril. Ce conflit a déjà fait couler bien trop de sang alors que la principale responsable est morte depuis quatre cents ans. L’héritage mixte de Khalid pourrait être utile pour commencer à avancer sur cette question en prenant un premier contact, surtout s’il a pu entrer en contact avec sa famille maternelle. Cependant, je doute que cela arrive un jour. Il est déjà extrêmement méfiant pour son jeune âge et fait très attention à tout ce qu’on lui propose, il ne se laissera pas manipuler si facilement. Dans ces conditions, même s’il devient un concurrent un peu plus sérieux pour le trône, je préfère ne pas entrer en conflit avec lui. Qu’il soit ou non avec moi, son devoir de prince reste de servir le Royaume, et comme je vous l’ai dit, je pense qu’avec la bonne éducation, il sera un excellent élément pour l’avenir d’Almyra quand je deviendrai shahbanou à la mort de notre père. Il m’est donc bien plus utile vivant, bien traité et éduqué que mort, maltraité et ignare. Cela répond-t-il à vos inquiétudes pour votre petit protégé général Nader ?
– … oui… merci pour votre mansuétude Dame Jihane… je n’oublierais pas non plus ce que vous avez fait pour lui… qu’Ahura Mazda veille sur vous…
– Merci à vous. Qu’Il veille sur nous tous, et continuez à prendre aussi soin de mon petit frère Nader, souffla-t-elle. Maintenant, si vous le voulez bien, Khalid doit vous attendre…
– Oui. Dame Jihane. »
Il la salua avec révérence avant de s’éclipser, retournant à son poste à la maison des janissaires. Peu de temps après, plusieurs de ses protégés revinrent passer la nuit dans leurs appartements, chacun se racontant leur journée, plusieurs lui posant des questions sur Khalid après avoir entendu qu’il avait passé l’après-midi avec elle.
« Tu penses qu’il va venir dormir ici Jihane ? Lui demanda un de leur frère un peu plus âgé que le fils de Tiana, le fils d’une conquête passagère avec une concubine de bas rang dont leur père devait ignorer jusqu’à son nom. Il parait qu’il adore les wyverns mais, il est bizarre… sa peau est toute pale, ses yeux sont trop clairs et il parait que sous son turban, ses cheveux ressembleraient à de la laine de mouton…
– Oui, c’est un demi-fodlan, c’est pour ça qu’il est pas normal. Il doit être un couard fourbe, comme Eudoxie l’Opportuniste, ajouta une fille de son âge, fronçant le nez. Il parait qu’il rase toujours les murs pour ne pas se faire voir. C’est ce que font les traitres non ?
– Je ne pense pas mais, j’espère pouvoir m’entendre avec lui. Et c’est que c’est difficile de s’intégrer dans une famille aussi grande, surtout qu’il y a beaucoup d’idées reçus sur les fodlans. Et ne parlez pas ainsi, un peuple n’est pas juste défini par un seul de ces représentants et tous les fodlans ne sont pas ainsi. Ce sont des êtres humains comme vous et moi. Si on suivait cette logique, je devrais être complètement lymphatique et passer mon temps à dormir, étant donné que c’est le stéréotype qu’on les almyrois des pratiharans, les rappela à l’ordre Jihane avec un ton sévère. C’est surement pour ça qu’il a dû mal à s’intégrer alors que vous pourriez vous entendre, parce que vous le jugez avant d’apprendre à le connaitre à cause de son métissage. Je ne veux plus entendre de tel propos sous mon toit, est-ce que je me suis bien fait comprendre ?
– Oui Jihane… marmonna sa sœur en baissant les yeux, honteuse. Je le dirai plus…
– Moi aussi, je ferai attention…
– Bien mais, que je ne vous y reprenne plus. Allez-vous débarbouillez tous les deux maintenant, et vous irez aider Konstandia à faire la vaisselle cette semaine. Cela lavera toutes ses idées nauséabondes et passer un peu de temps avec quelqu’un originaire de la frontière de Fodlan vous fera le plus grand bien. Filez maintenant, ordonna-t-elle en les congédiant.
Les deux plus jeunes filèrent sans demander leur reste, allant vite se cacher dans la chambre des invités après leur sermon. Jihane soupira, sachant qu’il faudrait bien plus pour arriver à éradiquer ses préjugés, que ce soit dans sa famille ou dans tout son empire. Enfin, il faudrait bien commencer un jour alors, autant tenter de commencer par-là, surtout que ce genre de propos était déjà interdit dans ses appartements.
– Pour le coup de la flemmardise, c’est en partie vraie. Tu fais tout pour que les gens croient que tu ne t’entraines jamais en public. Et j’ai appris pour le petit Khalid. Ta bonté te perdra, tu le sais ça ?
Jihane se retourna en entendant Hamza, son premier petit frère, malgré le fait qu’il soit bien plus grand et large qu’elle, et qu’ils n’avaient en réalité que quelques semaines d’écart tous les deux. Fils de servante, si leur père s’était un peu occupé de lui au début, il l’avait aussi vite oublié que la couche de sa mère pour aller batifoler avec d’autres jolies concubines mais, les deux enfants s’étaient bien entendus malgré tout ce qui les séparaient. Delaram leur avait raconté une fois que la seule crise de colère que Jihane avait faite, c’était pour que son frère vienne en cours avec elle car, ce n’était pas juste que seulement elle y aille et pas lui… avec le recul, elle dirait que c’était surement parce qu’elle n'avait pas envie d’aller à l’école toute seule mais, Hamza la taquinait souvent sur le fait que c’était plutôt qu’elle n’avait pas changé d’un pouce depuis qu’elle était petite et ne se couvrait pas encore les cheveux. Elle lui fit signe pour qu’il s’isole, sachant que personne ne devrait entendre leur conversation. Une fois seuls, elle rétorqua en le fixant, même si son regard très noir ne fonctionnait jamais sur lui, la force de l’habitude.
– Je n’allais pas laisser Tiana le battre et l’humilier ainsi en public. Tu aurais vu l’état dans lequel elle l’a mis en à peine quelques minutes… je ne pouvais pas le laisser comme ça. En plus, tu sais que ce serait contre-productif pour nous de nous le mettre à dos. Son intelligence ne pourra qu’être utile, il est très loin derrière moi dans l’ordre de succession, et même si je n’aime pas le reconnaitre, son ascendance fodlan le disqualifie encore plus. Il ne peut pas me faire d’ombre pour le moment.
– Je sais et je connais la chanson, surtout qu’elle a très bien marché sur moi. Évidemment, on ne peut pas le laisser comme ça mais, si Tiana se fiche de son fils car il ne lui sert pas à grand-chose pour le moment, cette vipère risque de se réveiller quand elle se rendra compte que maintenant qu’on lui donne des cours dignes de ce nom et qu’on ne l’enferme pas dans une cour d’entrainement, c’est qu’il a un esprit qui fonctionne le gamin. En plus, je crois qu’il a ce que les fodlans appellent un emblème, je l’ai déjà vu briller et se soigner instantanément après des brimades, même s’il apparait rarement. Ça va encore plus la motiver à enfin faire quelque chose d’autre que de juste être un autre bijou autour du cou de notre cher paternel adoré. En plus, je suis sûr qu’elle va adorer voir la fille de sa plus grande rivale le prendre sous son aile. Autant dire que ce serait comme s’il trainait avec moi, c’est pas des bonnes fréquentations pour le gamin.
– Je m’en doute, c’est pour ça qu’il va falloir la jouer finement pour éviter qu’elle ne prenne la mouche, même si on risque de devoir se plier un peu devant elle pour endormir sa méfiance.
– T’es sûre que je peux pas juste l’étouffer, l’empoisonner ou lui faire avoir un accident comme les autres cons ? Marmonna-t-il en fronçant le nez avec dégout. Pas envie de la voir avec son petit sourire mesquin en croyant avoir triompher et qu’on lui mange dans la main, comme quand elle pensait avoir vaincu Nader dans un combat « à la loyale ». Ça pourrait également entacher ton image de te soumettre à ses caprices en plus…
– Non, trop risqué, le calma tout de suite sa sœur. Tiana est quand même une fodlan de haut-rang et même si d’après nos informations, personne ne sait qu’elle est ici, je n’ai pas envie qu’ils l’apprennent avec sa mort, et la prendre dans un complot pourrait aussi retomber sur Khalid à cause de la réputation des fodlans. En plus, c’est un des bijoux préférés de notre père alors, il va soit la défendre si elle est prise dans un complot, soit tout faire pour découvrir qui est responsable de sa mort si elle se fait assassiner. Il va donc falloir arriver à la garder sous contrôle ou au moins avoir de bonnes relations avec elle, avant qu’elle ne tue son fils de négligence. Alors, patience Hamza. Après toutes les couleuvres qu’on a dû avaler, une de plus ne devrait pas changer grand-chose.
– Bien, bien, c’est toi la politicienne de nous deux, pas moi. Par contre, je proteste, c’est toi qui te les enfiles les couleuvres, moi, je les utilise pour étrangler les personnes qui tentent de me les faire manger. En tout cas, je te crois et si mes informations sont justes, ce serait dommage que Khalid se fasse prendre dans ses histoires, il a l’air sympa et prometteur. En plus, je sais que si tu le considérerais comme une menace, tu ne serais pas aussi gentille avec lui.
– Tu compenses sur le plan physique et le reste. Ce que tu fais, je ne saurais pas le faire et inversement. Et exactement, même si on va attendre quelques années avant de parler de lui comme ça, c’est encore un enfant. S’il devient comme les autres et une menace pour le pays, on avisera mais pour l’instant, il a l’air bien parti pour être un bon élément pour le futur d’Almyra alors, autant en faire un allié dès que possible. En plus, tu sais que je ne laisserai pas échapper le trône comme ça. On s’est bien trop battu pour le protéger des incapables pour le laisser filer entre nos doigts. En tout cas, j’espère que tu seras là la prochaine fois qu’il vient, je suis sûre que vous pourriez vous entendre, lui sourit-elle.
– Si tu le dis… en attendant, on va tenter de te faire rattraper ton « retard » physique, tout le monde à l’entrainement ! Tu retourneras à tes livres plus tard !
Jihane soupira mais, se rendit tout de même à l’entrainement même si contrairement à sa mère et Hamza, cela ne la passionnait pas, sachant qu’elle devait savoir se défendre, même si peu de gens étaient au courant qu’elle maniait des amulettes, soigneusement cachées dans ses manches. Même si certains critiquaient sa faiblesse, cela évitait également que qui que ce soit ne la défie au combat sans passer pour un lâche de défier un « joyau » fragile, ou alors craignaient d’affronter Hamza qui la défendait dans ses cas-là. Elle n’aimait guère ce surnom mais, il pouvait être très utile malgré tout. Enfin, il fallait bien passer par l’entrainement…
Quelques jours plus tard, Jihane revit le petit Khalid toqué à sa porte accompagné d’un janissaire proche de Nader, armé de mille et une question, même s’il restait toujours sur ses gardes, mais son regard restait curieux. Comme elle lui avait promis, leur père avait accepté de lui donner une formation plus poussée en lui enlevant un peu d’entrainement. Tiana avait très mal pris son intervention mais, Jihane l’avait amadoué en faisant mine de la respecter tout en la complimentant, minaudant que Khalid était aussi brillant que sa mère, et lui offrant un ensemble d’armes typique de Pratihara finement travaillés afin d’acheter la paix. Comme après sa « victoire » contre Nader, la concubine se pavanait en claironnant qu’elle avait réussi à soumettre l’héritière du trône mais, Jihane la laissait s’agiter toute seule. Si elle arrivait à utiliser correctement l’orgueil de Tiana, elle devrait arriver à garder une marge de manœuvre suffisante afin d’aider Khalid à développer son potentiel et lui éviter de mourir à cause de ses mauvais traitements…
De son côté, le petit garçon avança prudemment. Il savait que Jihane était gentille mais, malgré tout, n’importe quoi pouvait arriver… il paraissait qu’elle était très proche d’Hamza, le deuxième enfant de leur père, qui lui obéirait au doigt et à l’œil… c’était un homme qui ressemblait à leur père avec ses yeux bruns rouge et ses courts cheveux noirs mais, également très grand et large, encore plus que Nader, une vraie force de la nature que peu de gens avaient déjà vaincu et même si c’était mal de sa part de le juger ainsi, il devait avouer qu’il le trouvait très impressionnant aussi… c’était comme Jihane, c’était difficile de dire ce qu’il avait dans la tête, sauf quand on s’en prenait à elle…
Essayant peut-être de le mettre plus à l’aise, sa grande sœur lui montra le livre qu’ils avaient commencé la dernière fois, lui demandant s’il voulait qu’elle lui réexplique certains points. De nouveau happé par sa curiosité, Khalid se détendit et s’approcha, s’essayant à côté d’elle pour l’écouter et la questionner sur le pays de sa mère.
Petit à petit, venir la voir devient une habitude, les deux ayant la même passion pour les livres et apprendre, pouvant discuter pendant des heures, étant également à l’abri des brimades de Tiana ou des autres enfants du shah avec elle. Hamza devenait également plus sympathique à force de le voir chez Jihane. Pas bavard du tout et implacable avec les ennemis de sa sœur, il ne lui tournerait clairement pas le dos s’il était l’ennemi de l’héritière mais, plutôt gentil envers ceux qu’il ne considérait pas comme une menace. Plus il grandissait, plus son intelligence croissait également, arrivant très vite à cerner des situations complexes et à les résoudre. Par contre, Jihane regrettait qu’il ait encore du mal avec les relations humaines. À part avec Nader, le petit restait très solitaire et secret, même avec elle, préférant largement la compagnie des wyverns, en particulier sa petite blanche préférée qui l’accompagnerait partout s’il pouvait, Arezu, et des livres à celles d’autres humains… enfin, cela ne l’étonnait guère non plus… être métis n’était pas facile à porter, encore plus en étant à moitié Fodlan en Almyra… surtout que Tiana n’aidait clairement pas en délaissant son fils ainsi, ne s’intéressant à lui que pour ce qu’il pouvait lui apporter… ce n’était guère étonnant que Khalid ne fasse confiance à personne…
« Espérons qu’un jour, tu trouveras la force de t’ouvrir aux autres… pria-t-elle alors qu’il lui montrait un livre qu’il avait trouvé à la bibliothèque du palais, un recueil de croquis d’un certain Maitre Claude, un peintre verrier de renom ayant réalisé parmi les plus beaux vitraux de tout Leicester, avant à mi-mot qu’il aimerait bien se rendre à Derdriu un jour pour voir tout ça de ses propres yeux. Qu’une divinité, qu’importe son origine ou les croyants qu’Elle protège, te donne la chance de te faire des amis et de rencontrer des personnes en qui tu pourras enfin avoir pleinement confiance… »
2 : Miklan pense avoir gagné mais, le retour du karma fait mal.
Miklan regarda le voleur, un peu plus bas, en train de jouer avec un chien en riant. Il avait toujours eu un bon contact avec les animaux, les apprivoisant en quelques paroles et caresses à chaque fois qu'il en croisait un. Même les chevaux les plus nerveux s'arrêtaient de piaffer et de mordre quand c'était lui, devenant doux comme des agneaux quand Sylvain tentait de s'occuper d'eux. "Un don de Gautier" que les gens disaient, "C'est bien le fils de Gautier" disait d'autres, "Il domptera les srengs aussi facilement que les bêtes" en rajoutaient encore certains des généraux...
Connerie.
C'était juste que son voleur de petit frère voulait lui pourrir la vie encore plus que sa simple existence ne le faisait déjà.
« Un chien féroce... il était censé le mordre jusqu'au sang ! Il a déjà tué un voleur celui-là ! Il n'était pas censé se mettre à quatre pattes devant lui aussi ! Enragea-t-il en voyant Sylvain câliner le chien, ce dernier remuant la queue comme un toutou à sa mémère au lieu d'un animal d'attaque, le morveux de onze ans éclatant de rire quand l'animal passa sa langue sur son visage. Bon, il va falloir que je passe à l'autre plan... »
Le vrai héritier avait hésité à être plus direct que le poison, même s’il devait se méfier de cette méthode, trop facile à détecter, ou juste mettre des raclées à son frère dès qu'il pouvait mais, si rien ne marchait, il devait y aller plus franchement…
Son père lui donna l'occasion parfaite quelques temps plus tard, organisant une grande chasse peu de temps avant qu'une tempête de neige ne les empêche tous de sortir. Le porte-emblème détestait tirer à l'arc, encore plus la chasse qui faisait du mal à ses amis les animaux mais, leur père l'avait obligé à suivre le mouvement pour s'endurcir. Si le temps était en plus avec lui, ce serait parfait.
Le groupe s'enfonça dans la grande forêt de sapin, d'abord en rang serré avant que des petits groupes se forment. Allant moins vite sur son poney qu'avec un cheval plus grand, Sylvain pris du retard, et ce fut l'occasion ou jamais. Miklan s'approcha alors de lui, lui soufflant à voix basse, sautant à terre.
« Eh, débile, je vais là-bas, l'informa-t-il en montrant un coin où les buissons et les branches des arbres s'emmêlaient plus, rendant le passage difficile.
– Mais Père nous a dit de ne pas nous séparer du groupe... lui fit-il observer, se mettant presque en boule à ses mots, Sylvain avait juste assez d'esprit pour avoir peur de lui à raison.
– Je m'en fous, j'ai vu tout un tas de renard là-bas, derrière ses buissons. Il y a une petite rivière qui se jette dans la mer là-bas, ils vont surement y boire.
– Mais on doit chasser que des animaux comestibles, ça ne se mange pas.
– Non, je me contenterais de les écorcher, leurs fourrures feront un bon manteau, répliqua-t-il en accrochant son cheval à un arbre. A tout à l'heure débile. »
Miklan s'enfonça dans les buissons, comptant jusqu'à trois avant de voir Sylvain tenter de le suivre. Évidemment que cela allait marcher, surtout pour des renards, c'était les animaux préférés du porte-emblème, être roux devait rapprocher.
Une fois très loin des autres, trop loin pour qu'on les entende, l'héritier légitime finit par se cacher et le laissa s'enfoncer jusqu'au ruisseau qui n'existait pas, cherchant sur la côte des renards imaginaires pour les sauver de l'écorchement. Miklan récupéra une grosse pierre sur le chemin, traquant sans un bruit le voleur de place. Dès qu’il se mit à chercher les bêtes dans un buisson, ce fut le moment.
Miklan abattit le rocher en plein sur le crâne du voleur à emblème.
Il n'eut même pas le temps de supplier.
Il lui ouvrit le front dès le premier coup mais, il recommença, encore et encore histoire d'être sûr qu'il était bien mort.
Quand il eut fini, le corps de son frère ne bougeait plus, la tête fracassée à coup de pierre. Il respirait encore malgré tout, c'était résistant un porte-emblème mais, il n'en avait plus pour longtemps. Si ce n'était pas la perte de sang qui le tuait, ce serait soit le froid soit les bêtes affamées qui finirait le travail.
Miklan ne put s'empêcher de rire en pensant à l'ironie qu'un « fils de Gautier » finisse dévorer par une bête comme lui.
Il fit vite demi-tour pour rejoindre le groupe, récupérant une bête qu'il avait tué plus tôt pour justifier le sang sur lui, avant d'aller dire à son père que Sylvain avait disparu, remerciant le ciel quand la neige commença à tomber à gros flocons.
Son père chercha son précieux héritier de partout mais, rien à faire, Miklan l'avait emmené trop loin et la neige recouvrait tout, personne ne penserait à chercher là-bas, et il fit en sorte de fouiller cette zone seule avec un chien. Ce dernier pleurnicha quand Miklan l'empêcha d'approcher trop près du corps de sa victime mais, il le fit taire d'un coup sec sur son collier.
La tempête faisait rage, interrompant les recherches pour la nuit et le jour suivant.
Quand on les reprit leur surlendemain, Miklan retourna là où il avait laissé le corps de Sylvain. Il ne retrouva que son manteau et des tâches de sang au sol, pas de corps. Il sourit tout seul en pensant que son frère était dans le ventre d'un ours ou d'une meute de loup.
Il prit le manteau et le ramena à son père comme preuve de la mort de Sylvain.
Après encore quelques jours de recherches, Isidore finit par laisser tomber, déclarant officiellement la mort de son héritier et Miklan eut enfin ce qu'il voulait.
*
Tous les amis de son frère furent présents aux funérailles. Dimitri et Glenn soutenaient Ingrid qui pleurait à chaudes larmes la mort de leur ami, pendant que Rodrigue tenait Félix dans ses bras, braillant aussi toute sa peine. Quels faiblards... et ça prétendait avoir un emblème, majeur même pour le nabot aux cheveux noirs... Normalement, il devait encore être en train de se remettre de ses brûlures mais, il avait insisté pour venir apparemment, ne croyant pas que son ami Sylvain était mort…
Miklan fit tout pour ignorer le regard tranchant de Glenn, poser sur sa gorge comme une épée invisible. Il mettrait sa main au feu qu'il avait compris ce qui c'était vraiment passé. Il était assez con pour ne pas vouloir se débarrasser de son petit frère, alors que lui aussi avait tout perdu quand ce braillard de Félix était né en tuant leur mère au passage mais, pas à ce point. La reine Héléna, représentant le roi Lambert qui était tombé gravement malade quelques jours auparavant, aussi lui jetait des regards en coin, méfiante quant à sa version des faits mais, elle n'avait pas de preuve de sa culpabilité. Quoi qu'elle tente, sauf si elle interrogeait le fantôme de Sylvain, Miklan était blanc comme la neige du Nord, point.
Dès qu'il put quitter la cérémonie sans faire de vagues, il le fit. Sa mère Adeline était inconsolable, pleurant la mort de son petit à chaudes larmes en oubliant encore que l'ainé existait. Elle avait déjà assez de soutien de la part des autres parents, et pour son père, Miklan ne savait même pas ce à quoi il pensait. Il s'en foutait en fait.
Il dériva jusqu'à la grande salle seigneuriale, et contempla la Lance de la Destruction, accroché au mur à côté de la chaire margravine. Elle remuait toujours malgré les liens, se tordant sur sa hampe.
« Maintenant, même si je ne peux toujours pas te toucher, tu es à moi, » lui annonça fièrement Miklan.
La gemme à la base du fer en os brilla d'un éclat lugubre, alors que les épines sur le côté s'agitaient de plus belles, comme pour protester contre la réalité. Miklan eut un air narquois avant de s'en aller, se moquant de la lance de son ancêtre qui avait eu le culot de le renier pour son frère. C'était surement le signe qu'il se sentait très con maintenant que le sans-emblème avait tué le porte-emblème malgré tout.
*
Rodrigue tenait Félix contre son épaule, son fils pleurant encore et encore. C'était dur pour lui... quelques semaines plus tôt, il se remettait de ses blessures avec Sylvain à ses côtés pour le faire rire et oublier sa peine et maintenant, il ne le reverrait plus... c'était une épreuve bien trop dure pour un enfant de son âge. Pour n'importe qui à n'importe quel âge... surtout qu'à l'attitude de Miklan... ce n'était surement pas un « accident »… pas après tout ce qu’il avait déjà tenté d’infliger à son petit frère… mais il n'avait pas de preuve...
Fatigué de le porter depuis des heures, Rodrigue se permit de s'asseoir dans la salle seigneuriale, tentant de calmer son cadet alors qu'il niait encore ce qui s'est passé.
« Il n'est pas mort... il n'est pas mort... il a promis... il m'a promis... il avait mon écaille pour le protéger... il m'avait promis qu’on vivrait et mourrait ensemble ! Il ne peut pas être mort ! Pour ça, Sylvain n’est pas un menteur !
Rodrigue ne sut quoi répondre, frottant le dos de son fils en l'entourant d'une étreinte protectrice. Si seulement cela pouvait être aussi simple...
Ce fut alors qu'ils virent tous les deux la Lance de la Destruction s'agiter, son éclat d'habitude sanglant devenant plus doux, plus chaleureux, alors que ses pointes bougèrent toutes ensembles, comme pour dire quelque chose. Félix fixa le fer, comme s'il arrivait à comprendre le message, avant de s'exclamer avec un grand sourire.
– Il n'est pas mort ! Sylvain n'est pas mort ! C'est Gautier qui l'a dit ! Il va revenir papa ! »
Sans trop savoir pourquoi, Rodrigue savait aussi au fond de son cœur que c'était vrai, comme convaincu par la relique elle-même.
*
Une dizaine d'année passa et Miklan se crut au paradis : il avait le titre d'héritier du margrave, sa mère n'arrivait pas à pondre un autre héritier, étant trop âgée pour le faire, et même s'il avait pris une maitresse pour tenter d'avoir un bâtard à emblème, son père avait également échoué à produire un autre enfant de Gautier. Miklan était donc assurer d'avoir tout ce qui lui revenait par droit d'ainesse, avec tous les avantages que le titre apportait : la richesse, le pouvoir, l'importance, les femmes... tout pour être au paradis ! En plus, l'empire qui avait tenté de conquérir Fodlan sous les ordres d'Eldegard s'était brisé les dents sur la résistance de Faerghus et Leicester. Une alliance de circonstance conclut par la régente Héléna avec les Riegan, Daphnel et Goneril avant que les autres seigneurs de l'Alliance ne suivent, tout ce petit monde ayant finalement réussi à briser les assauts adrestiens, donc il serait aussi tranquille au sud. Il n'aurait qu'à se préoccuper des srengs et eux, ce n'était que des sauvages faciles à mater alors, cela ne lui faisait pas beaucoup de travail.
Bon, sa mère était toujours aussi inconsolable, pleurant presque tous les jours depuis dix ans. Le seul réconfort qu'elle trouvait, c'était dans un petit chien de poche qu'elle avait commencé à élever avec son fils préféré, une petite créature toute carrée, blanche et rousse avec de grosse oreilles tombantes et bouclées. Sinon, elle passait son temps quasi seule dans le silence en compagnie d'animaux. Elle disait que cela lui rappelait son fils perdu.
Son père – comme toujours – ne disait rien mais, il semblait plus s'enfermer dans le travail qu'avant, comme pour compenser son échec d’avoir donner un héritier à emblème à leur fief. Miklan s'en fichait en fait, il faisait son boulot à sa place. On avait fini par le retrouver mort de vieillesse dans l'écurie, peu de temps après qu'on ait annoncé qu'un espion sreng étrange aurait été aperçu dans une ville proche, avec des détails que Miklan ne connaissait pas. Il avait voulu s'en charger lui-même mais, il était trop faible pour cela et son corps n'avait pas supporté. Alors après des funérailles formelles, Miklan se retrouva donc avec le titre bien mérité de margrave Gautier, le premier de l'histoire sans emblème. Il n'aurait pas été officiellement en période de deuil, il aurait fait une grande fête pour célébrer tout ça comme il se le devait.
Évidemment, les relations entre lui, Fraldarius, Galatéa et la famille royale ne commençaient pas sous les meilleurs auspices. Tous étaient persuadés que c'était lui qui avait tué Sylvain, à raison mais, ils n'avaient aucune preuve pour le prouver alors, ils l'avaient tous dans le cul. Ils l'accusaient aussi de mal s'occuper de son fief, ayant dû mater plusieurs révoltes frumentaires mais bon, un coup d'épée dans la gueule des bouseux suffisait à les faire taire. Ce n'était pas forcément bien pour le margraviat mais, l'important était qu'il avait tout ce qui lui revenait par droit d'ainesse, c'était tout ce qui comptait pour Miklan. Il se fichait d'eux, qu'ils soient princes héritier, à emblème, ou roturier. Il était margrave depuis trois ans et c'était tout ce qui comptait.
Le seul qui pourrait lui faire un peu peur, c'était Félix. La Lance de la Destruction agissait toujours bizarrement à chaque fois qu'il l'approchait, et à chaque fois, l'héritier des Fraldarius disait la même chose, comme une prophétie.
« Sylvain n'est pas mort. Il reviendra récupérer ce que tu lui as volé un jour. Et ce jour-là, Lui se chargera de ton sort. »
Puis il partait sans plus d'explication. Non pas que Miklan en ait quoi que ce soit à foutre de l'héritier des Fraldarius mais, à chaque fois qu'il le disait, c'était étrange... ses yeux d'ambre semblaient capter la lumière de la Lance de la Destruction pour la réfléchir sur lui, assez fort pour l'aveugler. Il ne savait même pas qui était ce "lui" mais bon, ce n'était que des paroles en l'air. Le margrave légitime n'avait pas peur d'un pauvre gosse incapable de finir son deuil, même après s'être illustré pendant la guerre contre l'empire comme le meilleur fossoyeur de tout Fodlan au côté de son frère.
Un jour qu'il devait se coltiner des visites de doléances, on annonça la venue d'un scalde, un poète sreng. Il serait venu afin de renouveler les vœux de paix entre leur peuple qui durait un peu plus longtemps que d'habitude. C'était plutôt lui qui allait les taquiner, avant que la reine-mère Héléna ne hausse le ton et le menace d'agir contre lui s'il s'en prenait encore à leurs voisins. Enfin, le sreng avait encore le réflexe d’être effrayé de la Lance de la Destruction, toujours accrochée à côté de la chaire de margrave, même si celui-là semblait un peu moins apeuré que les autres en sa présence. C'était un homme aux cheveux bruns assez longs pour être liés en tresse mais, avec de larges bandes blanches sur les tempes, ainsi qu'une grosse cicatrice sur le front. À son allure, il devait avoir une petite quarantaine d'année. Mouais... Miklan n'aimait pas beaucoup l'art sreng mais bon, fallait bien se plier à ce genre de corvée. En plus, les gens diraient qu'il négligeait sa mère s'il ne la laissait pas se changer un peu les idées... alors, il accepta de laisser le scalde déblatérer ses légendes pourries.
L'homme le remercia, s'installant pendant qu'un serviteur allait chercher Adeline, le temps d'accorder sa lyre. Quand elle arriva dans la pièce avec son toutou, l'animal se mit à aboyer en remuant la queue, tout content alors qu'il se précipitait vers le scalde. Ce dernier sourit en le caressant, mettant juste son instrument loin de ses pattes pour ne pas l'endommager.
« Gentil petit, gentil, ria-t-il avec son gros accent alors que le chien lui faisait la fête, comme s'il le connaissait depuis toujours.
– Oh ! Excusez-moi ! Rustine ne fait jamais ça d'habitude, je ne sais pas ce qui lui a pris, s'excusa Adeline en tentant de reprendre le chien avant qu'il n'abime l'instrument du scalde. Il n'est aussi affectueux qu'avec moi et... et avec mon fils cadet, même s'il nous a quitté depuis des années.
– Ne vous en faites pas ma Dame, j'ai l'habitude des animaux, il y a beaucoup de chien chez moi, lui assura-t-il alors que le toutou s'installait sur ses genoux. Et toutes mes condoléances, la perte d'un enfant est toujours une épreuve bien dure. Nous la connaissons bien, la faim emportant plusieurs des nôtres à chaque hiver. Alors, je vous chanterais une histoire que nous nous racontons pour apaiser nos âmes en deuil. Celle de la Déesse Frigg qui elle aussi, a connu la douleur de perdre son fils malgré tous ses efforts pour le sauver de son destin et qui à présent, veille sur les âmes de chaque enfant mort trop tôt… »
Il se mit alors à déclamer en vers une histoire par rapport à un grand arbre où neuf mondes s'accrochaient, de lieux où les morts festoyaient en attente de la fin du monde en compagnie des dieux, se préparant pour la grande bataille qui la précéderait, ainsi que d'un lieu pour les morts de faim et de froid toujours chaud et accueillant, loin des manigances d'un dieu maléfique dont le nom était une honte pour tout ce qui vivait et mourrait qu’on ne le disait pas, celui ayant tué le fils de cette Frigg... Miklan devait avouer qu'il s'était endormi en cours de route mais, s'il se fiait aux applaudissements, ça avait plu au moins à la foule. Adeline pleurait même un peu (encore…), alors qu'elle le remerciait…
« Merci beaucoup, c'était magnifique... faites-lui apporté un sac rempli de pièce d'or de ma propre cassette, avec également un collier d'ambre et des bracelets de pierres de lune.
Miklan laissa passer, ce n'était pas sur son argent à lui. Le scalde se releva après avoir fait descendre Rustine de ses genoux, baissant bien bas son chapeau à la Fodlan alors qu'il déclarait avec un sourire ravi.
– Merci pour votre générosité ma Dame, un simple scalde tel que moi ne pouvait imaginer recevoir autant après cette modeste prestation. Ma reine entendra parler de votre générosité, je vous le jure.
– C'est bien normal, vous l'avez amplement mérité... déclara-t-elle en le regardant étrangement, alors que Rustine remuait toujours la queue à ses côtés.
La prédiction du porte emblème de Fraldarius lui revient en mémoire, son esprit lui jouant des tours en essayant de coller le visage de son frère sur celui de cet homme… puis Miklan se ressaisit. Non, impossible, Sylvain était mort, il lui avait enfoncé le crâne avec une pierre, il ne pouvait pas avoir survécu à ça. S'il n'avait pas retrouvé de corps, c'était parce qu'un animal l'avait trainé dans sa tanière pour le dévorer, fils de Gautier ou non. En plus, cet homme avait bien quarante ans, impossible que ce soit lui. Sa mère se berçait juste de trop d'illusion.
Elle lui demanda son nom, trop d'espoir résonnant dans sa voix, avant de surement perdre ce qui lui restait quand l'homme déclara :
– Je m'appelle Snorri Fregnosson ma Dame, on me surnomme le Musicien, du royaume de Sa Majesté la reine Thorgil. Si vous voulez faire de nouveau appel à mes services, envoyer un messager là-bas, j'accourrais ! Leur jura-t-il.
– Bien... souffla-t-elle. Je vous contacterais alors surement un jour. »
Le scalde lui embrassa la main, fit une dernière caresse sur la tête de Rustine, puis s'inclina profondément devant le margrave. Bien, au moins, il savait où était sa place. Miklan ignora juste la manière dont il fixait la Lance de la Destruction, le mettant sur le dos de sa crainte et de la présence impressionnante de la Relique.
Miklan crut entendre un rire à côté de lui alors qu'il était seul.
*
« Alerte ! Alerte ! On est attaqué ! Les srengs ! »
Miklan se réveilla en sursaut, sortit de son sommeil par les hurlements d'alerte. Il s'habilla aussi vite qu'il put, passant son armure et prenant sa hache en vitesse avant de demander ce qui se passait à un de ses rares hommes de confiance.
« C'est la catastrophe ! S'écria-t-il malgré son calme légendaire. Des bateaux srengs se sont infiltrés jusqu'à la capitale margravine sans que personne ne sonne l'alarme ! Puis une fois près de nous, les soldats ont fait défection et nos gens leur ont ouverts les portes ! Seule la forteresse résiste encore ! Il y a toute une coalition et ils ont emmené leurs valravens avec eux !
Le margrave légitime jura dans sa barbe. Quelle poisse ! Quelle mouche avait piqué les srengs ?! ça faisait bien six mois qu'il n'était pas allé les taquiner, et il avait même envoyer leur scalde là, Snorri Fregnosson quelque chose, pourquoi ils les attaquaient d'un coup ?! Bon, c'était des sauvages donc, il imaginait qu'il n'avait pas vraiment besoin de justification. Il jura alors, donnant ses ordres en vitesse.
– Protégez la salle du trésor et empêcher n'importe qui de l'approcher. Pour les srengs, éradiquez-moi tout ça et toutes les personnes les aidant avec ! »
Il n'attendit même pas de réponse avant de courir à la rencontre des envahisseurs. Miklan avait tout fait pour avoir ce margraviat, ce titre qui lui revenait de droit en tant que fils ainé, jusqu'au meurtre de son propre frère, il n'allait pas laissé une bande de sauvage tout lui prendre !
Il courrait vers la cour pour les empêcher d'entrer, quand ils entendirent tous un grand bruit de chute, comme après qu'une bricole détruisait un pan de mur. Merde ! Ils avaient des engins de sièges en plus ?! Non, c'était trop lourd pour leurs bateaux ! Un autre soldat vient au rapport, mort de peur.
« Ils ont pris leurs magiciens avec eux ! Ils viennent de détruire un pan de murs pour pouvoir entrer dans le fort ! Nous sommes perdus !
– Non ! Pas encore ! Je suis enfin margrave, je les sacrifierais tous pour conserver ce titre, j'en fais le serment ! »
*
Quand les srengs enfoncèrent sa porte pour piller la pièce, Adeline n'eut même plus la force d'avoir peur. Elle se sentait vide depuis la mort de Sylvain, depuis la perte de la seule personne qui lui avait témoigné de l'affection sincère... son petit rayon de soleil dans ce nord froid et ce mariage sans amour... le fils qu'elle avait perdu aux mains de son autre fils... elle le savait elle aussi sans avoir de preuve et à quoi bon ? Sylvain était mort là-bas, dans le froid et la neige, et son corps assassiné avait été dévoré par les animaux sauvage, le laissant sans tombe... elle ne supportait plus cette situation... Si elle devait mourir maintenant, ainsi soit-il. Au moins, elle retrouverait la seule personne qu'elle aimait sincèrement. Elle prit donc Rustine sur ses genoux, calant son seul réconfort contre elle et ferma les yeux, s'attendant à tout et priant pour rencontre l'acier.
Cependant, aucune violence ne lui fut faite, une voix familière résonnant à la place, en fodlan.
« Eh ! Mais je vous reconnais !
Il eut alors un ordre en sreng et quand elle rouvrit les yeux, Adeline vit un guerrier sreng donner des ordres à ses hommes, habillé comme un chevaucheur de valraven. Il portait un casque à masque typique de son peuple mais, elle ne put que reconnaitre sa voix. Rustine aboya et sauta pour trotter à ses côtés, récompensé par une caresse sur ses oreilles. Snorri ajouta de nouveau en fodlan alors qu'il l'approchait, prudent, comme pour ne pas l'effrayer.
– Ne vous en faites pas ma Dame, ils ne vous feront rien. Vous avez été tellement gentille avec moi, je vous jure qu'il ne vous arrivera rien.
Il enleva alors son casque, dévoilant une tresse de cheveux roux en bataille dont les boucles encadraient le visage d’un jeune homme d’une vingtaine d’année, et le cœur d'Adeline s'arrêta. C'était... c'était bien... Déesse... non, c'était impossible... Déesse...
– Déesse... suis-je morte et au paradis ? Demanda-t-elle, ne pouvant empêcher ses doigts de passer ses doigts sur la grosse cicatrice sur son front... elle était à la fois si grande et si petite... comme faite sur le front d'un enfant...
– Ah non ! Bien sûr que non ! Vous allez bien, promis, on veut juste donner une leçon à ce roi sans yeux de Miklan ! Il attaque sans même avoir besoin de nourriture des gens qui n’ont déjà pas un sou alors, réaction solidaire entre srengs et avant qu'il s'en prenne à d'autres. Surtout qu'on est calme en ce moment… les récoltes ont été assez bonnes ces dernières années, et votre reine est clairvoyante, tout comme son héritier alors, pas de raison qu’on s’en prenne à vous. Et oui, vieille histoire cette cicatrice mais, c'est un peu long à raconter, peut-être plus tard... Hum, tenez ! » Il posa son propre manteau sur ses épaules et les attacha avec une grande fibule finement travaillée, le cœur saignant d'Adeline reliant les points entre eux pour créer une image claire de ce qui avait pu se produire, sans pouvoir quitter du regard ces yeux inchangés en dix ans et cette cicatrice. Malgré tout, il était toujours aussi attentionné et gentil... « Avec ça, on saura que vous êtes protégée. La reine Thorgil le Kaenn, c'est ma tante alors, les gens y réfléchiront à deux fois avant de s'en prendre à vous. On fait juste le tour, on trouve Miklan pour s'expliquer et on s'en va surement. En tout cas, c'est le plan. Vous, vous ne vous bougez pas, d'accord ?
– D'accord...
– Bien ! Et Rustine vous protège aussi non ? Sourit-il en reposant le petit chien dans ses bras, ce dernier aboyant avec enthousiaste, la queue remuant toujours en regardant l'homme qu'il avait reconnu dès le premier regard.
– Oui, il est très courageux et fort, comme son premier maitre... Adeline hésita une seconde avant de déclarer, voulant juste arrêter Miklan à ce stade. Dans la grande salle seigneuriale, il y a une lance qui est enchainée juste à côté de la chaire du margrave. Vous devriez essayer de la prendre Snorri.
– Quoi ?! C'est les crocs de Fenrir non ? Enfin, la Lance de la Destruction pour vous mais, dans les deux cas, c'est une arme maudite qui détruit le destin de tous ceux qui l'approchent ! C’est l’arme de la Dévoreuse de Cadavre qui est né après qu’elle ait assassiné le Bavard ! Je ferais mieux de la jeter au feu !
– Je ne pense pas qu'elle vous fera du mal, simple pressentiment. Vous devriez au moins essayer, l'encouragea-t-elle en priant pour ne pas lui donner trop d'information d'un coup et ne pas faire remonter quelque chose au pire moment.
Snorri la regarda, sceptique quant à sa supposition, avant qu'on l'appelle plus loin. Il répondit alors en sreng, puis lui répéta en fodlan avant de partir, remettant son casque sur sa tête.
– Restez ici en sécurité, et si qui que ce soit vient vous piller, dites-lui que Snorri Fregnosson le Renard, fils de Fregn l'Ombre et neveu de la reine Thorgil le Kaenn, vous a pris sous sa protection, ça les fera reculer.
– D'accord, merci beaucoup le Renard, » le remercia-t-elle à la sreng, en utilisant son surnom plutôt que son nom... elle ne savait même pas si elle aurait pu à nouveau l'appeler "Snorri"...
Le guerrier lui sourit avant de repartir après un dernier signe de main. Rustine aboya sur les genoux d'Adeline, tout aussi heureux qu'elle de l'avoir retrouvé, même si lui le savait depuis plusieurs mois contrairement à elle.
« Ne t'en fais pas Rustine, tout va bien se passer, je le sais... il est bien plus résistant qu'il n'en a l'air, n'est-ce pas ? » Sourit Adeline sans pouvoir s'arrêter de joie.
*
Snorri partit en courant dans les couloirs, tâtant son sac de butin en faisant la liste de ce qu'il avait récupéré : surtout de la nourriture qui pouvait se conserver longtemps, des médicaments et des potions, ainsi des objets précieux à revendre en cas de nouvelles disettes afin d’éviter de faire d’autres raids. Avec tout ce qu’il allait pouvoir récupérer, cela devrait les aider à tenir… au moins jusqu’à la belle saison… même s’ils avaient été tous assez déçu en découvrant un aussi petit trésor mais bon, ce n’était guère étonnant, l’argent brûlait les doigts du margrave apparemment, et le plus important pour eux, c’était la nourriture.
Il rejoignit la salle seigneuriale, dominée par les crocs de Fenrir mais, ils étaient inoffensifs maintenant que plus personne ne pouvait les manier. Ils avaient explosé le mur de cette pièce afin de pouvoir pénétrer plus facilement au cœur du château et s'en servir de point de ralliement, leurs magiciens bien aidés par leur espion qui avait mis une potion explosive entre les pierres. D'ailleurs...
« Mamma ! » S'écria-t-il en voyant Fregn aux côtés de son valraven à lui, Igie.
Il ne savait pas ou plus d'où il avait tiré ce nom mais, quand il avait vu cet adorable créature à la fois déterminé et autoritaire tout en étant gentille, ce nom s'était imposé comme une évidence. C'était comme pour son chien Dima et son chat Filix. Aucune idée d'où venait les noms mais, ça lui semblait familier alors, il les utilisait.
Sa mère répondit à son signe de main, avant de l'enlacer, aussi soulagé l'un que l'autre de se retrouver en vie. Fallait dire, cela faisait bien six mois qu'elle était infiltrée et il l'avait à peine vu quand il était aussi venu prendre le pouls de la forteresse alors, il s'inquiétait pour elle.
« Je suis content de te revoir. Ça va ? Tout s'est bien passé ?
– Moi aussi mon petit. Et ne t'en fais pas, ça va. C'était l'infiltration la plus facile de ma carrière.
– Vraiment ?! À ce point ? S'esclaffa-t-il. Faut dire, ça n’a pas l'air d'être une flèche leur margrave Miklan.
– Une brute épaisse oui. Il n'en fiche pas une et quand les gens disent qu'ils ont faim trop fort, il les nourrit à coup d'épée dans le ventre. C'est un vrai tyran même pas capable de bien gérer son argent et son peuple. Je n'ai même pas eu à les pousser à la révolte, tout le monde était furieux de base et veut juste le chasser d'ici, expliqua-t-elle posément, habituée à ce genre de situation quand ce n'était pas elle qui semait la zizanie. D'ailleurs, tu t'es très bien débrouillé quand tu t'es infiltré à ton tour. Ton maquillage était très réussi et même s'il y a eu des imprévus avec ce chien qui semblait te reconnaitre, tu as très bien su les gérer tout en ne trahissant pas ta couverture. Vraiment, un sans-faute.
– J'ai eu un excellent professeur l'Ombre, la complimenta-t-il sincèrement, sa mère était de loin la meilleure espionne de tout Sreng et même de Fodlan.
– Tu as bien su te débrouiller aussi. Le seul problème, c'est cette cicatrice, elle est trop grosse pour être caché mais bon, c'est ainsi. ... et toi ? Comment tu te sens ? Lui demanda-t-elle, attentive, lui tenant les mains pour le maintenir, alors qu'Igie frottait sa tête contre son compagnon d'arme.
– ça... ça va... je crois... ça fait comme des flashs quand je suis ici... avoua-t-il. Je suis déjà venu ici avant de m'infiltrer mais, je n'arrive pas à me souvenir comment... C'est comme si quelque chose voulait remonter à la surface mais, n'y arrivait pas. Il me manque quelque chose mais, je ne sais pas quoi...
– C'est normal, les souvenirs sont quelque chose de difficile à récupérer, surtout vu l'état où on t'a trouvé... ces pêcheurs seraient venus quelques minutes plus tard et Huld n'aurait pas été avec eux, tu serais mort dans la neige, souffla sa mère en ordonnant ses mèches, et tant pis si ce n'était pas par le sang, Fregn était la seule qu'il reconnaissait comme sa mère avec ses tantes.
– Vive le braconnage, on sauve des vies grâce à ça, arriva à en rire Snorri, posant ses doigts sur sa cicatrice, un des seuls vestiges de sa vie d'avant avec son porte-bonheur. Après, je ne sais pas trop si j'ai vraiment envie de me souvenir de certaines choses... je veux dire, ça me semble familier ici mais, j'ai pas vraiment envie de retrouver ceux qui m'ont abandonné dans la neige avec le crâne ouvert et plusieurs fractures car, ils m'ont surement fracassé à coup de pierre. Limite, je préfère m'en souvenir pour comprendre, puis tout oublier pour juste refermer la boucle et ce chapitre de ma vie.
– C'est ta mémoire, c'est à toi de voir ce que tu veux en faire. En tout cas, je ne te forcerais pas à te souvenir si ce n'est pas ce que tu veux.
– Merci Mamma... lui sourit-il, avant d'ajouter après un regard en coin. En fait, ce qui m'intrigue le plus... tu vas me prendre pour un fou...
– Dis toujours, histoire que je fasse ma propre opinion, répliqua Fregn.
– Ce qui m'intrigue le plus, c'est les Crocs de Fenrir, souffla-t-il en montrant l'arme enchainé dans la pièce, personne ne s'en approchant à moins de dix pas. Je sais, tout le monde se pose des questions sur ce truc mais, c'est pas de la peur... en fait... elle m'intrigue et... et elle me dit vraiment quelque chose...
– C'est ce qui t'intrigue le plus ? Comment cela ? Elle te semble familière ?
– Oui, comme si je l'avais toujours connu... elle... elle a un lien avec ma mémoire, j'en suis sûr... et... et j'ai vraiment envie de la toucher... admit-il, presque honteux de vouloir toucher une telle abomination capable de briser le destin, Igie continuant à se serrer contre lui pour le rassurer. Quand j'ai croisé la margravine-mère, elle m'a aussi dit que je devrais tenter de la prendre et... et ça me donne encore plus envie de tenter...
Fregn resta silencieuse une seconde, avant de déclarer en posant sa main sur son épaule, toujours ce roc inébranlable à ses côtés et sur qui il pouvait compter. Que sa famille de sang rejoigne Fenrir et sa sœur Hel pour se faire dévorer, Fregn, c'était une vraie famille à elle toute seule !
– Je suis aussi sceptique que toi sur le fait que ce soit une bonne idée mais, si c'est ce que tu ressens et que tu penses que cela te rendra peut-être la mémoire, alors je ne peux que te soutenir si c'est ce que tu veux. Si tu ne la touches que quelques instants, elle ne devrait rien te faire et de toute façon, elle mord toute personne qui n'a pas d'emblème. Parfois, tu as une lumière qui s'active autour de toi quand tu combats, comme l'emblème des fodlans alors, qui sait ? Tu en as peut-être un et cela te protégera surement de son influence ?
Snorri lui sourit, rassuré par ses mots. Timidement, il s'avança avec sa mère vers la chaire du margrave et les Crocs de Fenrir. Dans le fond de sa tête, ce décor lui disait quelque chose mais, il était incapable de dire quoi... peut-être quelqu'un qu'il n'avait jamais vu et qu'il ne connaissait pas sur la chaise... mais pas sûr... mais ce qui l'attirait le plus, c'était cette lance, comme des insectes autour d'une bougie la nuit...
Elle était terne, inerte, desséchée comme un cadavre mort depuis des siècles mais, malgré tout, une force au fond de sa poitrine et de son sang le poussait vers elle... sans qu'il sache pourquoi... le jeune homme ne savait plus.
Il jeta un dernier regard à sa mère et à son valraven, embrassa le sachet où se trouvait son porte-bonheur de toujours, accroché à son cou. Puis, après avoir pris une grande inspiration, il effleura la gemme écarlate des doigts.
Snorri recula un peu en la voyant s'illuminer à son contact.
La chaleur d'une présence rassurante, une protection au-dessus de son épaule...
C'était quoi ça ?! Il n'avait jamais pensé ou ressenti quelque chose comme ça ! Il sentait sa cicatrice pulsée, quelque chose en ressortant enfin après tout ce temps. Engaillardi par ce premier contact, Snorri recommença, prenant la lance entre ses doigts.
Des moments avec trois personnes de son âge et quelqu'un plus âgé... des adultes aux regards bienveillant... leur départ trop rapide à tous... la protection éphémère de bras... une main sur sa nuque qui l'arrache d'elle... l'épuisement... des bruits flous, des images mélangés entre elle... des coups, des coups, des coups, du froid... immobile... s'enfuir... impossible... les chaines des blessures et de la neige... une présence toujours aussi forte au fond de son cœur, toujours là malgré l'oubli... le protégeant encore malgré tout... lui jurant quelque chose... l'appelle... son nom... son vrai prénom...
« S... »
« Grand-père... »
« S... Snorri ! Tu es encore avec nous ? Reviens ! Snorri ! »
S... Snorri se réveilla d'un coup, se rendant compte qu'il s'était noyé un instant dans l'étreinte de la lance. Elle n'était plus sur son présentoir, il l'avait détaché sans s'en rendre compte et la serrait à présent contre son cœur, comme pour s'y accrocher. Il tourna des yeux exorbités vers Fregn, tout tremblant après ce qu'il venait de vivre, sa mère le regardant avec inquiétude.
« Je... je me souviens... elle... la lance... elle fait revenir des choses... pas tout mais... mais c'est la première fois... c'est net... mais c'est aussi flou... je... je ne comprends pas... c'est... je crois... ma tête...
– Du calme, prends ton temps... souffla-t-elle en posant ses mains froides sur ses joues, l'ancrant un peu dans la réalité, même s'il était incapable de lâcher cette lance. Ne t'en fais pas, on est en sécurité ici, les troupes ennemies sont pratiquement maitrisées. Souffle un grand coup et prend le temps de te reprendre. Là... chut... ça va aller... tenta-t-elle de le rassurer en le prenant dans ses bras, se fichant d’approcher cette lance malgré le danger, Snorri commençant à pleurer alors que tout se bousculait dans sa tête. On est avec toi, les dieux aussi veillent sur toi.
– Mamma... merci... ça... ça fait tellement de chose d'un coup... cette lance... c'est celle de mon grand-père mais, pas de mon grand-père... c'est plus au sens... d'ancêtre, quelque chose comme ça... je... ça va tellement vite...
Il souffla un grand coup, essayant de se reprendre comme il pouvait en faisant le point, jusqu'à ce que tout se calme. L'amnésique arrivait à retrouver un peu pied, la lance toujours contre lui, blottit au creux de l'aile de son valraven avec sa mère à ses côtés, quand ils entendirent un coup de sifflet venant des airs, puis un cri demandant des renforts sur le toit. Aussi vif qu'il le pouvait malgré son crâne qui martelait toujours, Snorri enfourcha sa monture pour aller en renfort et compris pourquoi ils avaient besoin d'aide. La garnison avait trouvé refuge sur le toit, avaient bloqué les escaliers et les valravens étaient les seuls à les atteindre, les troupes de Miklan refusant de se rendre.
Snorri trouva sa cousine Hlif, en train de manœuvrer avec sa propre valraven contre trois pégases, l'homme en faisant tomber un pendant qu'elle descendait le second, avant qu'ils n'achèvent le troisième tous les deux d'un coup de lance.
« La situation ?! Lui cria-t-il et en faisant courir son regard sur elle, heureux de la voir en entier, même si elle semblait proche de la surchauffe de magie.
– Ils refusent de se rendre ! Miklan surtout ! Hurla-t-elle pour se faire entendre en montrant le margrave au milieu de ses troupes, protégé par ses hommes au lieu de les défendre lui-même, puis elle posa la question évidente. Et Snorri, qu'est-ce que tu fous avec les Crocs de Fenrir ?! Tu es fou ?! Ils vont te dévorer et briser ton destin !
– Pour le moment, ça va ! Et longue histoire, je te raconterais ça après la bataille ! Pour faire simple, ces crocs ne peuvent rien me faire de mal on dirait !
– J'espère, reste en vie ! »
Ils refoncèrent dans la bataille, attaquant un côté de la garnison. Les Crocs de Fenrir semblaient agir tout seul dans sa man, lui indiquant où était le danger comme s'il le sentait et voulait le protéger. Comment une arme aussi maléfique pouvait-elle être aussi prévenante avec lui ?! ça n'avait pas de sens ! Enfin, il avait déjà assez de question qui attendrait la fin de la bataille...
« Regardez ! S'écria un soldat. Un sreng a volé notre Relique !
– Il ne l'a pas que volé, elle le reconnait comme son maitre ! Ajouta un autre.
– Mais comment c'est possible ?! »
« J'aimerais bien le savoir aussi, » songea Snorri en les voyant aussi étonnés que lui.
Miklan se tourna alors vers lui, le foudroyant du regard sous son casque, comme s'il voulait lui arracher la tête de loin, encore plus en le voyant manier cette lance.
« Non... non, c'est impossible ! Plus personne ne peut manier cette foutu Lance ! Il est mort ! Il est mort ! Il est mort ce salopard !
– Honnêtement, j'en sais rien mais, rends-toi ! Tout le château est sous notre contrôle et la ville s'est déjà rendue ! C'est fini margrave ! S'écria Snorri en fodlan. Rends-toi !
– Jamais ! Je suis margrave ! Le seul margrave ! Le titre est à moi ! À moi ! Jamais je ne le laisserais à des sauvages comme vous !
Il lui envoya une hachette sur lui mais, le chevaucheur de valraven l'esquiva sans souci, Igie agile comme la brise dans le ciel, avant d'en repousser une autre du bout des Crocs. Voyant qu'il refusait de se rendre, il descendit en piqué pour tenter de lui arracher sa hache des mains et la faire tomber par-dessus les créneaux, ce qu'il arriva à faire mais, Miklan s'accrocha à sa (leur ?) lance, hurlant comme un possédé que les Crocs était à lui seul et pas à un sauvage sortit d'il ne savait où.
« La Lance de la Destruction m'appartient ! S'époumona-t-il, alors que Snorri sentait l'arme hurlé le contraire, essayant de forcer son « propriétaire légitime » à la lâcher en lui mordant les doigts, le sang suintant de ses gantelets.
– Elle n'est clairement pas d'accord mais bon, très bien, comme tu veux. Igie ! »
Son valraven hurla en reprenant de l'attitude. Elle était assez forte pour porter deux personnes sans problèmes et même si Miklan devait pesé son poids avec son armure lourde, elle arriva à s'élever dans les airs, même s'il s'accrochait obstinément aux Crocs de Fenrir comme de la poix sur les mains. Snorri aurait préféré qu'il lâche mais bon, il ferait avec. Le plus dur, c'était de ne pas lâcher la lance avant le bon moment mais, il sentait Hlif utiliser sa magie pour lui donner plus de force. Il lui devrait un bain bien glacé après la bataille.
Ils étaient à plusieurs pieds au-dessus du sol à présent, Miklan suspendu au-dessus du vide, criant toujours que la Relique lui appartenait. Et bien soit.
« Elle est à toi cette lance ? Et bien garde-la ! » S'écria-t-il en lâchant tout simplement l'arme, Igie partant d'un coup plus vite en l'air sans ce poids mort, tellement qu'il en perdit son casque mal accroché dans la précipitation.
Le margrave tomba en faisant un fracas de casseroles qui chutaient de leur étagère, s'écrasant contre la pierre. Il n'avait même pas de sort pour amortir les chutes de trop haut ce con... la Lance de la Destruction roula à côté de lui, inerte alors qu'il gémissait un ordre, peut-être de continuer l'attaque mais, plus personne ne l'écoutait. Sans aide, il ne pourrait même pas se relever à cause de son armure une fois sur le dos, comme une tortue retournée et de toute façon, plus personne ne faisait attention à lui. Tous les regards étaient tournés vers Snorri, incrédules, comme s'il voyait un fantôme.
Puis l'un jeta son arme.
Puis un autre.
Puis encore un autre.
Puis tous se rendirent.
« Par les Vanes et les Ases, jura Hlif alors qu'ils redescendaient tous les deux au sol, les soldats ne tentant rien contre eux quand ils le firent. Qui es-tu Snorri ?
– Je ne sais pas, souffla-t-il à sa cousine, récupérant la Lance de la Destruction qui semblait ronronner entre ses doigts, brillant à nouveau avec lui, comme rassurée que ce soit lui qui la tienne plutôt que Miklan, alors que des souvenirs de plus en plus clairs de l'origine de sa cicatrice remontaient en lui. Mais je crois qu'on va bientôt le savoir. »
Il se releva, tenant fermement les Crocs de Fenrir en regardant les hommes de Gautier, hésitant un peu avant de se décider de crier en fodlan aux hommes autour d'eux, imitant sa tante et reine dans les moments graves ou face à un ennemi, s'excusant auprès d'elle de lui prendre son rôle quelques instants.
« Les Dieux et le destin ont décidé, le combat est à présent achevé. Que les glaives et les épées soient rengainés, que les blessés et les morts puissent se reposés. Notre armée guidée par Thor a triomphé, aux ennemis de s'agenouiller ! »
Les soldats obéirent, mettant sans trop discuter un pied à terre à ses ordres. Au moins, ils se rendaient sans violence, c'était déjà ça. Snorri s'approcha alors de Miklan, gémissant par terre dans son armure, puis pointa le fer d'os vers lui en déclarant, les souvenirs tapant assez fort dans sa tête pour faire exploser son crâne.
« On a des choses à se dire. »
*
Dès qu'ils surent ce qui s'était passé à Gautier, Dimitri, Félix et Ingrid partirent sur le champ à la place de leurs parents avec plusieurs régiments de soldats. S'ils se fiaient à ce qui était écrit, les habitants avaient ouvert les portes et rejoint volontairement les srengs à condition qu'ils les débarrassent de Miklan, et le messager avait confirmé mais mieux valait être prudents. Cela ne leur plaisait pas d'aider l'assassin de Sylvain, mais ils devaient également penser à la sécurité aux habitants de la capitale margravine. Ils se préparèrent donc à affronter les srengs ou à tomber dans une embuscade, de plus en plus sur leur garde quand ils entrèrent sans souci en ville avec leurs hommes. Les gautiens vivaient comme d'habitude, mais avec quelques srengs qui partageaient la nourriture de la réserve seigneuriale, ceux parlant le fodlan les saluant cordialement. Les niches dédiées à Sothis et aux Braves aux quatre coins de la ville étaient même déjà remplis de statuettes de dieux srengs. Cela faisait plus d'un mois que l'attaque avait eu lieu et que les srengs avaient visiblement établis un début de camp ici, mais quand même, c'était rapide...
Quand ils arrivèrent aux portes, ils tombèrent sur Dame Adeline, en grande conversation avec des marchands à la porte du fort. La mère de Sylvain rayonnait, semblant en bien meilleure santé et bien plus heureuse que pendant les dix dernières années. Elle avait repeigné ses boucles rousses et son habit noir de deuil avait été remplacé par une robe colorée typique de Sreng, avec deux grosses broches sur la poitrine. Rustine n'était pas à ses pieds aussi, même si les trois amis sentirent qu'il était encore en vie. Le petit chien était presque la raison de vivre d'Adeline, elle ne pourrait pas être aussi joyeuse s'il était mort.
Elle les salua tous d'une révérence quand elle les vit arriver, respectueuse de l'étiquette.
« Votre Altesse, Bouclier du Royaume et Ailes de Faerghus, c'est un honneur de vous voir en notre ville. Je voie que vous avez une escorte importante. Je comprends cette précaution mais, cela est inutile. Nous vivons en paix avec les srengs depuis quelques semaines à présent. Il y a encore des échauffourées mais, la chasse de Miklan nous a donné l'occasion de trouver un accord de paix temporaire, le temps que les choses se calment un peu après une telle frénésie.
– Salutation Dame Adeline. Mais pouvez nous nous expliquer précisément ce qui s'est passé ? Demanda Dimitri. J'avoue que nous avons un peu de mal à comprendre...
– C'est une longue histoire mais, je vous la raconterais après vous avoir introduit auprès du nouveau margrave. Il a très envie de vous voir, même si je dois vous prévenir que cela vous fera un choc. »
Intrigués, les trois amis descendirent de selle pour la suivre, accompagnés de leurs gardes et toujours armés par précautions. Ils traversèrent les couloirs où tous les ajouts macabres de Miklan avaient été retirés, enlevant tous les trophées de renards morts des murs. Depuis la mort de Sylvain, il adorait mettre partout la peau de cet animal, surement parce que sa fourrure avait la même couleur que les cheveux de sa victime... Félix aurait rêvé de tout arraché devant Miklan mais bon, les relations diplomatiques, tout ça... cependant, il se sentait assez léger, sa marque pulsant dans son dos, sachant au fond de lui quelque chose sans oser le dire à voix haute.
Adeline les annonça alors qu'ils entraient dans la grande salle. Tous les trophées et les armures des Gautier précédent avait été retiré, remplacé par de grandes tables où s'accumulaient des papiers en tout genre, surement des rapports de comptes, des terriers, des registres de lois et d'impôts à la tête. Ils virent d'abord une petite femme blonde aux yeux très bleus debout, en train de plancher sur une liasse de parchemin qui semblait être le terrier de la ville. Les trois amis la reconnurent comme la reine Thorgil le Kaenn, la plus puissante reine des srengs qu'ils avaient déjà rencontré pendant des pourparlers diplomatiques. Cela devait être son Royaume qui avait dirigé l'expédition contre Gautier, Adeline leur ayant expliqué entre temps que l'attaque avait été un coup de semonce pour punir Miklan de ses précédents assauts. Ils se demandèrent une seconde si c'était elle « le nouveau margrave » avant de voir un homme assis à la table d'à côté, en train de discuter avec elle dans leur langue.
Félix, Dimitri et Ingrid n'en crurent pas leurs yeux en le découvrant mais, ils le reconnurent tout de suite : ils reconnurent ses cheveux roux rouge presque sanglant, ses yeux miel affutés et doux, son nez piqueté de tâches de rousseurs et de plus encore aujourd'hui... même sa voix était familière, bien qu’il ait mué comme eux tous entre temps... ils ne purent pas non plus ignorer la grosse cicatrice en forme d'étoile sur son front, signe qu'on lui avait sans doute fracassé le crâne. Mais Déesse... Déesse...
Quand l'homme tourna la tête vers eux, ses yeux s'exorbitèrent à son tour, tout aussi incrédule qu'eux. Doucement, après avoir fait descendre Rustine de ses genoux, il se leva, pour mieux les voir, avant de s'avancer vers eux, sans un mot. Il était plus âgé qu'eux de deux ans alors, quand ils l'avaient perdu, il était plus grand mais, s'il l'était toujours pour Ingrid et Félix, Dimitri le dépassait à présent de quelques centimètres... ça... c'était presque étrange, même s'ils l'oublièrent assez vite... leur esprit crut une seconde qu'on leur jouait un tour, que c'était une mauvaise farce du destin ou alors un rêve trop beau pour être vrai.
Mais le nouveau margrave sortit alors un très vieux sachet qui pendait autour de son cou, toujours le même depuis des années, puis en sortit une minuscule écaille sarcelle. Une de Félix... la trace du miracle de Fraldarius qui lui avait sauvé la vie… il ne se séparait pratiquement jamais de ses écailles sauf pour les donner à quelqu'un de confiance qui ne la revendrait pas... et elle était si petite... cela ne pouvait qu'être celle qu'il...
« Je... je crois que c'est toi qui me l’as donné, déclara-t-il en regardant Félix, la voix tremblante, son autre main allant sur son crâne et sa cicatrice. C'est... c'est encore très flou mais, j'ai l'impression... non, je sais que je vous connais... désolé si c'est pas grand-chose de plus mais, ma mémoire vient à peine de revenir depuis que j'ai touché les Crocs de Fenrir alors, c'est un peu compliqué...
En réponse, le jeune homme aux cheveux noirs s’approcha du rouquin en confirmant, refermant ses doigts sur son écaille.
– C’est bien une des miennes. Je savais que tu reviendrais… comme on se l’était promis Sylvain…
#écriture de curieuse#fe3h oc#fe3h#j'espère que ça vous plait surtout !#c'est un peu différent de ce que je fais d'habitude vu qu'on n'est plus à Fraldarius mais j'espère que ça vous plaira !#Jihane était prévu mais Hamza a poppé comme ça sans vraiment prévenir#J'avais déjà l'idée que les demi-frères et soeurs de Jihane pouvaient lui servir d'homme de main mais comme une masse indéfini#Hamza s'est invité en disant 'je veux être développé- tu me développes !" alors le voilà#au moins il permet de donner la réplique à Jihane...#Quant au deuxième texte- pas grand chose à dire je suis juste retombé dessus et je me suis dit que l'occasion faisait le larron...#vu qu'on a parlé de la famille Gautier y a pas longtemps ici#je devais être dans une phase plus 'emblème = sorte de pouvoir plus psychique ou d'ultra instinct' à ce moment-là#vu comment Félix lit la structure de l'univers pour le coup et décrypte ce que dit Loquax à travers la LdlD...#enfin j'espère surtout que ça vous plaira
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Parfois j'essaie d'imaginer comment Arthur ferait pour prouver à Guenièvre qu'il tient vraiment à elle post KV1. Du coup j'ai pensé que peut être dans KV2, on aurait le retour d'Ygerne et Cryda qui, dès qu'elles se pointent direct parlent mariage "maintenant qu'Arthur est enfin revenu comme Roi et qu'il faut refédérer le pays". Mais comme Guenièvre n'est plus vraiment sa femme (sous entendu à la fin du livre V avec les galères de la non annulation de l'échange d'épouse et dans KV1 que c'est "compliqué") et qu'en plus "elle n'est plus tout jeune", je parie que la mère et la tante d'Arthur pousseraient pour qu'il se marie avec une femme plus jeune et de meilleure lignée ("les dignitaires de Vannes... le gratin!"). Pour l'héritier. ET DONC ça blablate ça blablate sévère et ça crache sur Guenièvre, mais au bout d'un moment Arthur pète un cable et finit par balancer "nan mais c'est bon, je suis stérile donc toute façon y'aura pas d'héritier ce qui veut dire que je peux épouser qui je veux". Et c'est LA que tout le monde pige à quel point Guenièvre est importante pour lui. Voilà c'est dit.
Coucou anon !
Déjà je suis toute contente d'avoir reçu ton message. Ca fait très plaisir qu'on vienne me parler de Kaamelott 😊
Hummmm je pense qu'on est plusieurs à se demander comment va se passer le post-KV1 entre Arthur et Guenièvre. Je ne serais pas surprise qu'Astier installe le prochain film un an ou deux après la fin de KV1. En tout cas, je serais très étonnée que KV2 se passe tout juste après le premier film.
Ceci dit, il a prévu KV2 en deux parties et pour des raisons scénaristiques, il n'aura peut être pas le "choix" de mettre un gap de qq semaines / mois entre KV1 et KV2.1. Surtout si tout KV2 se passent sur une période "assez longue" (genre environ un an). Mais compliqué avec le loustique de deviner ce qu'il peut nous pondre lol.
Je le sens tout à fait capable de ne pas aborder le juste après-KV1 (avec la question du (re)mariage avec Guenièvre justement). Le plan final du premier film montre un couple présenté comme (seuls près du Rocher) unis et proches face aux épreuves à venir.
Et un couple symboliquement marié : Arthur en noir // Guenièvre en blanc (alors que dans la scène précédente, elle a une tenue totalement différente et dans la scène du Rocher, elle ne porte pas cette robe). Ce plan rappelle qu'ils sont à nouveau les souverains du royaume de Logres.
Pour toutes ces raisons, je doute qu'il aborde la question du remariage dans la suite. Il y aura peut être une référence au fait que ça a été acté (genre par un papier signé ou une petite cérémonie), mais je ne pense pas que ce sera montré à l'écran.
Je pencherais plus pour un retour direct dans le quotidien du roi et de la reine (ils repartagent une chambre) SAUF QUE plein de choses ont changé...... Leurs rapports doivent normalement être très sensiblement différents de la série (sinon à quoi sert KV1?). On aura toujours les engueulades (parce qu'on aime ça et elles font partie de leur mode de communication). Mais on doit sentir qu'Arthur agit avec plus de patience avec elle (plus de douceur ?).
Quelque part, c'est un peu frustrant car ça aurait été très intéressant d'assister au "juste après". Comme toi, je n'ai pas de mal à imaginer les dames de Tintagel enquiquiner Arthur pour qu'il épouse une nouvelle fille, plus jeune 😁 Par contre, je vois le roi les envoyer bouler sec et net sans donner de raison (comme dans le livre V). Je n'imagine pas Arthur évoquer son infertilité (SI elle est avérée... Meleagant, we are watching you 👀). C'est trop douloureux pour lui (une des raisons de son suicide...). Il ne veut déjà pas qu'on voit ses cicatrices donc avouer ce lourd secret serait difficile pour lui.
Ce n'est que mon humble avis... Je peux être complètement à côté de la plaque 😅
Enfin comment le roi va montrer son affection à la reine ?? Ouhlalala très bonne question! Je pencherais lourdement pour des actes (il l'a déjà fait dans le premier opus) ; Arthur a bcp de mal avec le verbe pour exprimer des sentiments (avec qui que ce soit d'ailleurs), comme s'il avait un blocage (peur de montrer sa vulnérabilité ? peur d'être moqué ou rejeté ?).
Les actes semblent peser plus "lourd" pour lui (ou alors ça l'arrange car il n'a pas besoin de dire les choses du coup...). Mais je l'imagine faire des petits trucs pour montrer qu'il tient à elle : déjeuner seul à seul avec elle, se promener dans les jardins à ses côtés, l'accompagner dans un endroit qui lui fait plaisir, etc.
MAIS à la différence de ses précédents amours (Mevanwi et Aconia, qui semblent plus porter sur les actes que sur les paroles selon moi... c'est pas une critique, juste un ressenti), Guenièvre aime les deux. Elle ose parler ouvertement de ses sentiments et elle aime les gestes romantiques ; je pense qu'elle a besoin des deux (les mots tendres et les actes d'amour). Arthur va devoir ouvrir sa carapace et lui dire les choses.
Je me suis d'ailleurs fait une réflexion y a peu : les deux fois où le roi dit "je vous aime", c'est devant témoin (Bohort pour Mevanwi, Drusilla pour Aconia). Etrange non ? Il ne profite pas d'un moment d'intimité pour le leur dire face à face, yeux dans les yeux. Comme s'il voulait faire les choses avec une certain solennité. Ou alors il se dit que devant témoin, l'autre ne pourra pas le rejeter ? Mais ça en perd en naturel du coup....
Même si ça aurait de la force qu'Arthur fasse la même chose avec la reine (assumer ses sentiments devant leurs familles et la cour), ce serait bien plus romantique qu'il le lui dise, seul à seul.
Une déclaration qui n'appartiendrait qu'à elle, qu'à eux.
****
Je suis navrée pour ce pavé. Si tu n'as pas été saoûlé, n'hésites pas à revenir par ici. Comme tu as vu, j'aime bcp (trop) parler de ça 😅
Donc je suis partante pour d'autres discussions, quand tu veux ! (en anon ou pas en anon)
N'hésites pas non plus à donner ton avis à mes idées. C'est toujours intéressant d'avoir d'autres approches 😊
Have a nice day!
#kaamelott#discussion kaamelott#merci anon pour la question#j'aime bien recevoir des messages de ce genre ! 😊#arthur x guenievre#arthur x guenièvre#pendranievre#pendranièvre
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La blépharoplastie, ou chirurgie des paupières, est une intervention délicate qui demande une expertise spécifique pour garantir un résultat naturel et harmonieux. Voici les étapes et critères à considérer pour choisir le bon chirurgien et maximiser vos chances de réussite.
1. Vérifier les Qualifications et la Spécialisation
Formation et certifications
Le chirurgien doit être diplômé en chirurgie plastique, reconstructrice et esthétique ou en chirurgie ophtalmologique, avec une spécialisation en chirurgie des paupières.
En Suisse, vérifiez l’accréditation FMH (Fédération des Médecins Helvétiques) ou son équivalent dans votre pays.
Spécialisation en blépharoplastie
Privilégiez un chirurgien qui réalise régulièrement des blépharoplasties.
Un spécialiste des paupières sera plus apte à comprendre les subtilités anatomiques et à anticiper les résultats esthétiques.
2. Consulter les Références et Avis
Recherchez les témoignages
Consultez les avis en ligne sur des plateformes spécialisées ou sur le site du chirurgien.
Demandez des recommandations à des proches ou à votre médecin généraliste.
Vérifiez les résultats
Demandez à voir des photos avant/après des cas similaires au vôtre.
Assurez-vous que les résultats semblent naturels et adaptés aux traits du visage.
3. Évaluer l’Expérience
Nombre d’interventions
Le chirurgien doit avoir réalisé un nombre significatif de blépharoplasties. Un minimum de 50 à 100 interventions par an est un bon indicateur d’expérience.
Complexité des cas traités
S’informe sur son expérience avec des cas particuliers, comme :
Blépharoplasties combinées (supérieures et inférieures).
Corrections de blépharoplasties précédentes.
4. Rencontrer le Chirurgien
Première consultation
La consultation initiale est une étape cruciale pour évaluer le professionnalisme et l’écoute du chirurgien. Lors de cette rencontre, il doit :
Examiner vos paupières et analyser votre visage dans son ensemble.
Discuter de vos attentes et de vos objectifs.
Expliquer les techniques possibles et les résultats attendus.
Informer des risques et complications potentiels.
Ce qui doit vous alerter
Si le chirurgien semble pressé ou ne répond pas clairement à vos questions.
S’il promet des résultats irréalistes ou ne mentionne pas les risques.
5. Techniques Utilisées
Un bon chirurgien doit maîtriser plusieurs techniques de blépharoplastie pour s’adapter à vos besoins spécifiques :
Blépharoplastie supérieure : Retrait de l’excès de peau ou de graisse sur la paupière supérieure.
Blépharoplastie inférieure : Correction des poches ou cernes sous les yeux.
Techniques modernes : Utilisation du laser, micro-incisions, ou repositionnement des graisses pour des résultats plus naturels.
6. Vérifier l’Infrastructure
Lieu de l’intervention
Assurez-vous que la chirurgie est réalisée dans une clinique ou un hôpital accrédité avec des normes élevées de sécurité.
Vérifiez si une équipe d’anesthésistes qualifiés est présente pour les interventions sous anesthésie générale.
Équipement
Le chirurgien doit disposer d’équipements modernes pour minimiser les cicatrices et améliorer la récupération (ex. laser, techniques endoscopiques).
7. Demander un Devis Détailé
Ce qui doit être inclus :
Honoraires du chirurgien.
Frais d’anesthésie (locale ou générale).
Frais de clinique.
Consultations post-opératoires.
Méfiez-vous des prix très bas :
Un coût attractif peut cacher une expérience limitée ou un équipement de moindre qualité.
8. Importance du Suivi Post-Opératoire
Un bon chirurgien propose un suivi rigoureux pour surveiller la cicatrisation et s’assurer du résultat final :
Consultations régulières après l’opération.
Disponibilité pour répondre à vos questions ou gérer des complications éventuelles.
9. Compatibilité et Confiance
Le lien avec votre chirurgien est essentiel pour une expérience sereine. Vous devez vous sentir :
Écouté(e) et compris(e).
En confiance pour poser toutes vos questions.
Satisfait(e) de ses réponses claires et détaillées.
10. Questions à Poser au Chirurgien
Quelle est votre expérience spécifique en blépharoplastie ?
Quelles techniques recommandez-vous pour mon cas et pourquoi ?
Quels sont les risques de cette intervention ?
Puis-je voir des photos avant/après de patients ayant une morphologie similaire à la mienne ?
Quelle sera la durée de la récupération et des consultations de suivi ?
Résumé des Critères de Choix
CritèreCe qu’il faut rechercherFormationDiplômes en chirurgie plastique ou ophtalmologique avec spécialisation.ExpériencePlusieurs dizaines d’interventions par an.RéputationAvis positifs et recommandations fiables.Résultats naturelsPhotos avant/après montrant des traits harmonieux.Écoute et communicationConsultation attentive, réponses claires aux questions.InfrastructureClinique accréditée et normes de sécurité élevées.Suivi post-opératoireConsultations incluses et disponibilité en cas de problème.
Conclusion
Choisir un chirurgien pour une blépharoplastie nécessite de la prudence et de la recherche. Optez pour un professionnel qualifié, expérimenté et à l’écoute de vos besoins. Une consultation approfondie et une communication claire sont la clé pour garantir des résultats à la hauteur de vos attentes. Prenez le temps de comparer plusieurs praticiens avant de prendre votre décision.
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DERMEFFACE FX7 : EFFACEZ VOS CICATRICES ET RAYONNEZ ! ✨
Vous vous regardez dans le miroir et vous remarquez ces cicatrices qui ne semblent jamais disparaître.
Vous n'êtes pas seul, beaucoup se battent contre ce même problème.
C'est là que Dermefface FX7 entre en jeu.
Dans cet article, on va découvrir ensemble des avis sur Dermefface FX7, et je vais partager avec vous comment ce produit pourrait être la solution à vos préoccupations.
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Dermefface FX7 Avis
Pourquoi Choisir Dermefface FX7 ?
Si vous êtes ici, c'est probablement parce que vous cherchez une solution pour améliorer l'apparence de votre peau.
Les cicatrices peuvent vraiment affecter notre confiance en soi.
Je me souviens d'une amie qui avait des cicatrices sur le visage à cause de l'acné.
Elle a essayé plein de produits, mais rien ne semblait fonctionner.
Puis elle a découvert Dermefface.
En quelques semaines, ses cicatrices ont commencé à s’estomper.
C'était incroyable de voir sa transformation.
Les Bénéfices Clés du Produit
Dermefface FX7 n'est pas juste un autre produit sur le marché.
Voici pourquoi il se démarque :
Formule avancée : Conçue pour traiter les cicatrices anciennes et récentes.
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Résultats rapides : Beaucoup d'utilisateurs rapportent des améliorations visibles en quelques jours.
Imaginez-vous pouvoir porter ce haut sans craindre que quelqu'un remarque vos imperfections.
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Ce Que Disent Les Utilisateurs
Les témoignages sont souvent les meilleurs indicateurs de l'efficacité d'un produit. Voici quelques retours :
"J'ai utilisé Dermefface FX7 pendant un mois et j'ai vu une différence énorme ! Mes cicatrices sont beaucoup moins visibles." Sophie, 28 ans
"Après avoir essayé tant de crèmes, je suis enfin satisfaite grâce à ce produit. Je recommande vivement !" Julien, 35 ans
Ces histoires montrent bien comment Dermefface change la vie des gens au quotidien.
Comment Utiliser Dermefface FX7 ?
L'application est simple :
Nettoyez la zone touchée.
Appliquez une petite quantité de crème.
Massez doucement jusqu'à absorption complète.
Répétez deux fois par jour pour des résultats optimaux.
La simplicité fait toute la différence. Pas besoin de rituels compliqués !
Comparaison Avec D'autres Produits
Il existe plusieurs options sur le marché, mais peu offrent les mêmes résultats que Dermefface FX7.
Contrairement aux autres traitements qui peuvent être agressifs ou irritants, cette crème est douce et efficace.
Elle ne contient pas d'ingrédients nocifs et est adaptée à tous types de peau.
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FAQ
Qu'est-ce que Dermefface FX7 ?
Dermefface FX7 est une crème conçue pour aider à atténuer les cicatrices. Elle contient des ingrédients qui favorisent la régénération de la peau et améliorent son apparence.
Comment utiliser Dermefface FX7 ?
Appliquez une petite quantité de crème sur la zone affectée deux fois par jour. Massez doucement jusqu'à absorption complète. Soyez constant pour voir les meilleurs résultats.
Quels types de cicatrices peuvent être traités avec Dermefface FX7 ?
Cette crème peut être utilisée sur des cicatrices d'acné, chirurgicales, ou même des cicatrices dues à des blessures. Si vous avez un doute, n’hésitez pas à consulter un professionnel.
Est-ce que Dermefface FX7 est sûr pour tous les types de peau ?
Oui, elle est formulée pour convenir à différents types de peau. Cependant, il est toujours bon de faire un test sur une petite zone avant une utilisation complète.
Combien de temps faut-il pour voir des résultats avec Dermefface FX7 ?
Les résultats peuvent varier d'une personne à l'autre. En général, il faut quelques semaines d'utilisation régulière pour commencer à remarquer une amélioration.
Peut-on utiliser Dermefface FX7 avec d'autres produits de soin ?
Oui, mais il est préférable d'attendre que la crème soit complètement absorbée avant d'appliquer d'autres produits. Cela permet aux ingrédients actifs d'agir efficacement.
Y a-t-il des effets secondaires associés à l'utilisation de Dermefface FX7 ?
La plupart des utilisateurs ne signalent pas d'effets secondaires majeurs. Cependant, si vous ressentez une irritation ou une réaction allergique, arrêtez l’usage immédiatement et consultez un médecin.
Où acheter Dermefface FX7 ?
Vous pouvez trouver Dermefface FX7 en ligne sur divers sites e-commerce ou dans certaines pharmacies spécialisées en soins dermatologiques.
Quelle quantité de produit contient chaque tube de Dermefface FX7 ?
Chaque tube contient généralement 60 ml de produit. C'est suffisant pour plusieurs semaines selon votre fréquence d'application.
Est-ce que je peux utiliser Dermefface FX7 pendant ma grossesse ?
Il est recommandé de consulter votre médecin avant d'utiliser tout produit topique pendant la grossesse pour s'assurer qu'il convient à votre situation personnelle.
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Comment choisir le meilleur déguisement pour une soirée à thème
Les soirées à thème sont l'occasion idéale pour exprimer sa créativité et se divertir. Choisir le bon déguisement est crucial pour être à la hauteur de l'événement et passer une soirée inoubliable. Dans cet article, nous vous guiderons sur comment sélectionner le déguisement parfait pour une soirée à thème en fonction de différents critères.
Pourquoi investir dans un déguisement de qualité ?
Opter pour un déguisement de qualité peut transformer votre expérience lors d'une soirée à thème. Voici quelques raisons pour lesquelles un bon déguisement est important :
Confort : Un déguisement bien fabriqué sera plus confortable à porter toute la soirée, ce qui vous permettra de vous amuser sans gêne.
Durabilité : Les déguisements de qualité résistent mieux à l'usure et aux manipulations, vous permettant de les utiliser pour plusieurs événements.
Impact visuel : Un déguisement bien conçu attirera les regards et vous distinguera lors de la soirée, augmentant ainsi votre plaisir et celui des autres.
Pour explorer une sélection variée de déguisements et obtenir des conseils pour faire le meilleur choix, vous pouvez voir ici.
Choisir le meilleur déguisement pour une soirée à thème
1. Choisir en fonction du thème de la soirée
Le choix de votre déguisement doit être adapté au thème de la soirée. Voici quelques conseils pour choisir le déguisement en fonction du thème :
Thème historique : Optez pour un déguisement qui correspond à l'époque ou à l'événement historique mentionné. Par exemple, pour un thème médiéval, un costume de chevalier ou de princesse peut être approprié.
Thème fantastique : Pour un thème basé sur des films ou des livres fantastiques, choisissez des déguisements inspirés par des personnages connus, comme des super-héros ou des créatures mythiques.
Thème années rétro : Pour une soirée sur le thème des années 70 ou 80, recherchez des déguisements typiques de ces décennies, comme des costumes disco ou des looks néon.
2. Prendre en compte la taille et le confort
Assurez-vous que le déguisement que vous choisissez est de la bonne taille et qu'il est confortable. Voici quelques points à vérifier :
Tableaux des tailles : Consultez les tableaux des tailles fournis par les fabricants pour choisir la taille qui vous conviendra le mieux.
Essayage : Si possible, essayez le déguisement avant de l'acheter pour vous assurer qu'il est bien ajusté et confortable.
3. Accessoires et détails
Les accessoires jouent un rôle crucial dans l'aspect global de votre déguisement. N'oubliez pas de compléter votre tenue avec les éléments suivants :
Chapeaux et perruques : Ces accessoires peuvent transformer un déguisement simple en une tenue complète et crédible.
Maquillage et effets spéciaux : Utilisez du maquillage pour ajouter des détails supplémentaires à votre déguisement, comme des cicatrices, des tatouages ou des couleurs vives.
Pour découvrir des options variées et des conseils sur les accessoires, vous pouvez visiter ce site.
Conclusion & Avis
Choisir le déguisement parfait pour une soirée à thème nécessite une réflexion sur le thème de l'événement, le confort et les accessoires nécessaires. En prenant en compte ces éléments, vous pourrez trouver un déguisement qui vous permettra de vous sentir à l'aise tout en faisant forte impression. Pour explorer une gamme complète de déguisements et obtenir des conseils supplémentaires, n'hésitez pas à consulter ce site. Vous trouverez des idées et des recommandations pour faire de votre prochaine soirée à thème un succès.
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De nos jours, devenir entrepreneur est devenu comme un éffet de mode au point où les écoles ont des fillières et des diplômes en 'entrepreneuriat'. Cependant, les gens connaissent-ils vraiment ce que c'est qu'un entrepreneur ? Être un entrepreneur veut-il dire posséder ou diriger une entreprise ? Les gens ont-ils vraiment conscience des obstacles et des sacrifices que cela demande ? La plupart des gens ont les yeux rivés sur le résultat final, le succès final visible par tous; et ils se disent que ces entrepreneurs ont de la chance mais ils n'ont aucune imagination de la vallée sombre et lugubre que les entrepreneurs traversent. Être entrepreneur c'est pouvoir supporter les critiques, le rejet, les insultes... Être entrepreneur c'est se donner la capacité de pouvoir affronter et surmonter chaque obstacle qui se drèssera sur le chemin du succès. Être entrepreneur, c'est courir au quotidien, affronter le monde, à la recherche de nouvelles voies et moyens pour alimenter son compte bancaire. Être entrepreneur, c'est supporter l'isolement, la solitude, frôler souvent la dépression et même parfois faire de la dépression. Beaucoup pensent que les entrepreneurs sont des personnes qui n'ont pas de coeur et qui sont sans pitié quand à la façon dont ils agissent et réagissent; cependant ces mêmes personnes ne voient jamais, la souffrance et les sacrifices que les entrepreneurs ont dû traverser pour se maintenir au niveau de succès où ils sont. Les nuits blanches passées seuls à réflechir, le manque de soutien, les avis négatifs, les batons dans les roues qu'ils ont dû éviter, passent inaperçu. L'entrepreneur est semblable à un soldat qui a survécu à la guerre, et qui jouit de la liberté qu'il s'est battu pour avoir. L'entrepreneur est un bléssé de guerre avec beaucoup de cicatrices qui lui rappellent chaque jour, à chaque instant, à chaque minute d'où il vient et tout ce qu'il a dû endurer pour en arriver au succès qu'il connait. Être entrepreneur ne veut pas dire mettre un produit sur le marché, créer une entreprise et quand on a enfin pu attirer le succès vers soi, se retourner aller dormir sur ses lauriers. Quand l'entrepreneur arrive enfin a attirer le succès vers lui, c'est là que la taille de ces problèmes augmente , et qu'il a encore l'obligation de toujours grandir plus que ces problèmes, pour les dominer. Être entrepreneur c'est accepter 'perdre' une partie de sa vie ( sociale, épanouissement, confort, des amis, la famille, ...) pour vivre le reste de sa vie comme il l'entend. Selon le cas certains entrepreneurs auront du retard à certains niveaux de leur vie, comme le retard à fonder une famille, le retard dans certains aspects de la vie vourante, etc. Peu importe ! Être entrepreneur c'est faire des choix, et l'un des principaux choix c'est l'acceptation du fait que l'on ne peut pas tout avoir dans sa vie, mais que l'on tient à avoir du succès et à apporter de la valeur autres en contrepartie d'une rénumération. Être entrepreneur c'est accepter de se mettre dans des situations de malaises pour obtenir un résultat final positif; Seriez-vous capable, de licencier des employés qui donnent tout et qui font bien leur travail, mais parce que vous êtes simplement amené à changer de stratégie ? Être entrepreneur c'est accepter de souffrir, c'est accepter le rejet, c'est accepter de survivre pour construire, c'est accepter de supporter beaucoup de stress et se sentir à l'aise dans ce stress. Si vous êtes prêts à souffir; Si vous êtes prêts à être rejété; Si vous êtes prêts à vivre seul; Si vous êtes prêts à supporter beaucoup d'incertitudes; Si vous êtes prêts à fournir l'effort quand tout vos partenaire abdiquent; Si vous êtes prêts à continuer seul à la rencontre de votre succès; Si vous êtes prêts à dormir le ventre vide, à vous lever certains jours fauchés, sans le sous, les comptes vides et beaucoup de charges en perspectives; Si vous êtes prêts à traverser la vallée SOMBRE, LUGUBRE, qui se trouve sur ce chemin;
Soyez le bienvenu dans ce cercle restreint dans lequel beaucoup se considèrent à tort d'y être, alors qu'il n'en est rien. https://savoirentreprendre.net/?p=12729&feed_id=7033
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Le manga Cicatrices du mangaka chilien Brandon Arias chez Vega Dupuis est un des livres que je me suis procuré mais que j’ai mis de côté trop longtemps… Donc, je ne vous surprendrai pas en vous écrivant que c’est un énorme coup de cœur. Excellente pépite chez cet éditeur qui a également à son catalogue Holyland de Kouji Mori.
Pourquoi avoir choisi ce manga ? Tout simplement pour la couverture très sobre et ce garçon qui a une large cicatrice sur le visage. J’avais également quelques avis positifs sur les réseaux mais sans trop m’attarder dessus. C’est pourquoi je l’avais juste mis dans ma pile à lire.
Il s’agit d'une histoire d’amour qui dépasse les frontières des genres… et j’insiste bien sur ce dépassement car avant même que l’un découvre que celui qui l’aime est aussi un garçon, ses sentiments ne changent pas. L’attirance n’est pas lié au sexe de l’autre mais à ce qu’il est réellement.
Dans un stylé épuré et au trait aérien, l’auteur nous plonge à la fois dans la violence domestique, le regard des autres sur celui qui est différent, la maltraitance familiale et scolaire, le rejet de l’homosexualité de son enfant ou bien encore du choix de son identité sexuelle. Autant dire, que l’on sombre au fin fond de la noirceur de l’humain et pourtant, les deux personnages centraux Kyonosuke et Akira sont tellement solaires que l’on a envie de garder espoir pour que leur idylle dure longtemps. Il dégage de cette obscurité une lumière positive. Lorsque j’ai refermé ce premier tome, c’est bien ce sentiment de BIENVEILLANCE qui en ressort, une envie de croire que l’amour est plus fort que tout.
A ce titre, on constate que l’aide ne vient pas forcément de ceux dont on en attend le plus ou de sa famille. Même le pire ennemi peut devenir le meilleur allié à partir du moment où on se comprend les uns les autres.
Par curiosité et sans remettre en cause le choix artistique de l’auteur, j’aurais aimé voir ce que cela aurait pu donner cette histoire en roman graphique en allant un peu plus loin dans la vie intime des personnages centraux.
Dommage, au moment où paraît ce post, je ne connais toujours pas la date de sortie du tome 2…
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Rhinoplastie médicale : corriger son nez sans chirurgie pour soulager un complexe
Harmonieux sur le visage de Cléopâtre ou crochu chez la sorcière made in Disney, le nez se voit souvent attribuer une valeur psychique. Comme si sous ses traits se dessinait un aperçu de notre personnalité. Ainsi, depuis la nuit des temps, le nez fascine et incarne force ou beauté chez certains et défaut chez d’autres. Ces différences pourtant aléatoires créent des complexes inévitables que hommes et femmes cherchent à corriger. Comment alors changer l’inné sans avoir recours à la chirurgie ? Enquête sur un complexe ancestral et une révolution esthétique D’où viennent nos complexes ? Est-il possible de s’en défaire sans opération chirurgicale ? Qu’est-ce que la rhinoplastie médicale ? Quels sont ses avantages et pourquoi ne pas hésiter ? Le nez, un complexe historique L’Égypte antique vouait une admiration totale à l’apparence nasale. Figure centrale du visage, elle témoignait, selon elle, de la virilité des hommes et de la grâce des femmes. Le nez était alors déjà un complexe pour certain(e)s et les premières rhinoplasties esthétiques étaient nées. À travers les âges, la symbolique du nez est toujours restée aussi forte. Si bien qu’en 2011, une thèse publiée dans le Journal of Craniofacial Surgery par le professeur Abraham Tarim développe même l’idée que la forme du nez dévoile notre tempérament. Il parle de morphopsychologie. Changer la morphologie de son nez est donc bien plus répandu qu’il n’y paraît car cette partie saillante du visage garde une signification profonde dans l’inconscient collectif. Toutefois, passer par la chirurgie pour corriger une imperfection effraie car cela sous-entend une intervention lourde. Or, il existe un autre moyen sans passer sous le bistouri ! La rhinoplastie médicale : une alternative à la chirurgie La rhinoplastie médicale est une médecine esthétique non invasive. Elle ne nécessite aucune incision et promet un résultat naturel. C’est en cela qu’elle retient toute notre attention. Cette médecine esthétique douce et révolutionnaire montre des résultats avant-après convaincants et est pratiquée à Paris chez Cible Clinic par des praticiens avérés soucieux de votre bien-être. Rapprochez-vous d’eux si vous avez la moindre question. Leur mission est de remodeler votre nez à l’aide d’un produit injectable uniquement, l’acide hyaluronique ! Vous resterez éveillé(e)s pendant la procédure, sous anesthésie locale, ce sera donc indolore et vous pourrez aussi donner votre avis tout au long de l’opération à votre médecin. Prodigieux, non ? Cette prouesse esthétique ne s’arrête pas là, la rhinoplastie médicale assure des résultats immédiats après une séance de 30 minutes, une absence totale de cicatrices, un retour direct à vos activités quotidiennes et un tarif défiant toute concurrence puisque cette intervention est six fois moins chère qu’une rhinoplastie chirurgicale. Passer à l’acte sans passer pour une bimbo Savez-vous quel est l’un des composants actifs le plus répandu dans les crèmes anti-âge ? L’acide hyaluronique ! Oui, ce même produit utilisé lors d’une rhinoplastie médicale. Pourquoi l’utiliser sous la forme d’une crème serait alors plus acceptable ? Stop aux faux-semblants ! De plus, cette pratique innovante ne transforme pas le nez puisqu’elle ne touche pas l’os, elle ne fait qu’harmoniser le visage. Les techniques utilisées sont telles que le résultat obtenu n’est pas définitif, il est modifiable et reste effectif pendant un an. C’est là l’atout majeur de la rhinoplastie médicale, elle n’est pas irréversible. A contrario, la rhinoplastie chirurgicale est invasive, elle incise et touche à la structure osseuse et cartilagineuse du nez. Alors si vous songez à soulager un complexe physique sans opération lourde, la médecine esthétique est à privilégier. Long, pointu, aquilin ou retroussé, le nez ne sera que remodelé et sa structure restée intacte ! Finalement plus qu'une histoire d'esthétique Développer un complexe physique n’est pas un phénomène rare et connaître les options disponibles pour y remédier ne doit pas être tabou si notre bien-être peut en dépendre. L'interrogation doit porter surtout sur les méthodes à favoriser pour gagner en confiance et surmonter ce malaise physique quand il existe. Et si l'alternative choisie pour corriger son nez est une opération esthétique, autant opter pour la rhinoplastie médicale qui opère sans un seul coup de scalpel ! Read the full article
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La maître de stage m'a rappelée car je l'ai relancée. Sinon elle aurait probablement oublié. Je savais que c'était non. On oublie pas de prévenir les gens quand c'est positif. Elle m'a donc appelée ce matin, et elle ne m'a pas dit frontalement non, en fait, elle m'a dit "tu serais mieux avec une neuropsy, au moins tu verrais peu de patients et puis tu as une licence de biologie ". Le versant académique pourquoi pas, en effet, un stage en neuropsychologie j'y vois aucun inconvénient, c'est le côté, encore une fois, de se cacher du public parce qu'on est pas comme les autres. Je l'ai interrompue pour lui dire que ce serait plus poli de me dire non explicitement, alors elle l'a dit, puis j'ai commencé par "c'est dommage" et elle m'a coupée pour me dire "c'est comme ça plutôt". C'est vraiment marrant cette phrase c'est comme ça, on l'a dit très régulièrement pour à peu près tout et n'importe quoi mais elle ne veut jamais rien dire pourtant. Il n'y a pas un monde où c'est comme ça ça a du sens. On le dit toujours quand on est à court, peut-être quand on sait qu'on est en tort, qu'il n'y a pas grand chose à faire, que c'est condamné, qu'on ne s'investira pas plus dans la quête d'une réponse stable et sûre. C'est l'inexorable point de non retour, celle de l'autre qui ne sait pas plus ou qui ne veut pas savoir plus. Mais moi j'aurais voulu lui dire que c'est dommage de condamner quelqu'un de cette manière surtout dans une telle profession, que c'est dommage de réduire quelqu'un à une pathologie passée qui plus est, que c'est triste d'avoir si peu d'espoir en les autres et par extension pour soi, que c'est dangereux de travailler avec des enfants malades quand on pense que tout est joué d'avance, que c'est dommage d'avoir un esprit si fermé lorsqu'on a le devoir me l'ouvrir, que c'est dommage de consciemment anéantir les efforts de quelqu'un et remettre en question sa résilience, son parcours de soin et sa légitimité à aller mieux.
Ça m'a rendue triste et en colère. Je savais que ce serait non mais j'ai gardé une sorte de lumière, celle que j'aurais aimé qu'elle ait, qui lui fasse se repositionner sur des avis bien trop tranchés et tranchants. J'aime pas me sentir mal d'être moi même, regretter des choses irréversibles, irratrapables et quelque part nécessaires. Je n'aime pas et pourtant c'est ce que j'ai ressenti quand on a raccroché. Une sorte de fatalité. L'impression qu'on a mis un coup de scalpel dans mes cicatrices histoire d'être sûre qu'elles ne se refermeront jamais
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Subaru Onizuka
Etat civil:
Nom: Onizuka Prénom: Subaru Surnom: Su-chan Origine: Japonaise, grande noblesse vampirique Espèce: Vampire Age: 20 ans(physiquement, 250 ans en réalité)(possibilité d'adapter son âge en fonction des rps Sexe: Masculin Détails de vie:
Famille: ///// Métier: Professeur au lycée ou gérant et barman/gérant d'un Café: Le Croc du Vampire Lieu de vie: https://files.forumconstruire.com/images/av/avis-plan-plain-pied-4-chambres-145m.jpg#=_=
Relations: Eline: une vampiresse plus vieille que lui qu'il considère comme sa grande "sœur". Elle l'a rencontré lorsqu'il était dans sa période dite de rébellion(il mordait une victime dès qu'il en avait envie et il y avait deux issues possible pour elle: mourir ou devenir une poche de sang ambulante) et a décidé de le prendre sous son aile pour lui apprendre à maîtriser ses pulsions. Elle a été stricte avec lui mais il a fini par se maîtriser. Même s'ils ne voient plus autant qu'avant, ils se voient toujours avec plaisir. Aysen: un ami vampire un peu plus jeune que lui qui adore le chahuter dès qu'il en a l'occasion. Ce n'est pas pour rien que Subaru l'appelle plus souvent par son surnom "Diablo" que son prénom. Même si Subaru l'apprécie, il y a des fois où il le rappelle à l'ordre. Subaru étant le gérant du bar et barman ou gérant d'un Café, Aysen est un de ses serveurs. Il est un véritable charmeur de dames et est surnommé le "tombeur des dames".
Ehmet: le second ami vampire un peu plus vieux que Subaru qui est d'un naturel calme et posé qui le repose. Ajouté à Aysen, ils sont un trio quasiment inséparables. Il joue le rôle de médiateur entre Aysen et Subaru pour éviter que ça ne dégénère. Tout comme Aysen, Ehmet est un de ses serveurs et son bras droit. Si Subaru a une urgence, il le remplace au pied levé sans poser de question. Même s'il n'est pas aussi charmeur que Aysen, il est surnommé le "beau ténébreux" et attire les regards.
Hiromasa: un jeune lycan(loup-garou) dont il a croisé la route plus d'une fois. Leurs espèces sont ennemies naturelles mais ils ont dépassés cette "logique" et se rende parfois des services mutuellement parce que Subaru lui sauvé la vie quelque fois et inversement. Ivana: une humaine chasseuse de vampire à la remarquable chevelure de feu et aux yeux gris perçants et charmeurs. Elle est la chasseuse qui a blessé Subaru. Ils leur arrive parfois de se croiser dans la rue et elle l'accueille souvent avec un: "Alors, toujours vivant mon mignon?" qui agace Subaru souverainement. Depuis le meurtre avorté du vampire, ils ont fait un pacte: elle s'engage à ne pas le tuer parce qu'il n'a jamais tué d'humain(petit mensonge volontaire du vampire puisqu'elle n'était pas née lors de sa période de rébellion) et lui s'engage à lui indiquer où tuer les vampires qui tuent les humains. (N.B: Subaru souhaite secrètement la transformer en vampire parce qu'elle en serait une très belle)
Lien possible en début de rp: - père adoptif/ tuteur - ami - allié (collaboration avec un/e chasseur/chasseuse de vampires et/ou de loups-garous pour une raison X(à voir selon le contexte) - collègue de travail (serveur dans un bar à thème spécial vampire ou autres mais ça dépend)
Caractéristiques:
Taille: 1,82m Poids: 72 kg
Physique: Subaru est un beau vampire grand et mince, à la peau pâle et froide. Il a de beaux cheveux longs et lisses gris presque blancs attachés en queue de cheval dont une mèche cache partiellement son visage du côté droit et deux yeux rouge écarlates. Il a une cicatrice sur la poitrine dû à une blessure faite par l'arme d'une chasseuse de vampire dont il ne s'est pas méfié.
Capacités: Dû à sa nature de vampire, Subaru est: - beaucoup plus rapide et beaucoup plus fort qu'un humain, - son ouïe est super fine, son odorat est très développé(peut sentir le sang à plusieurs centaines de mètres et sa vue est perçante, - sentiments 10 fois plus fort qu'un humain - ses crocs sont rétractiles (ses crocs peuvent parfois apparaître lors de fortes émotions et naturellement lorsqu'il doit mordre une victime ou ressent la soif)
Pouvoirs: Vol: lorsqu'il veut voler, il fait apparaître des ailes de chauve-souris dans son dos. Téléportation: lorsqu'il veut se déplacer instantanément, il lui suffit de penser à un lieu qu'il connait pour y être instantanément Hypnose: en regardant une victime droit dans les yeux il peut faire ce qu'il veut d'elle: persuader, manipuler, faire oublier certains souvenirs ou en créer des faux...) Transformation: plus discret que le vol (même la nuit), Subaru se transforme en animal (généralement en chat "albinos" (pelage blanc et yeux rouge) Télépathie: il peut parler par le biais de la pensée avec ses congères lorsqu'il veut que la conversation ne soit pas ébruitée ou avec une victime(bien souvent pour qu'elle fasse quelque chose pour lui) s'il l'a déjà mordu au moins une fois
Personnalité: Aux premiers abords, Subaru apparait comme une personne froide, détachée, insensible à ce qu'il peut arriver aux autres, dur dans ses propos et parfois même colérique. Mais lorsqu'on le connait, il se révèle être quelqu'un de gentil, doux, aimable, protecteur, joueur, tendre et altruiste. S'il est attaché à une personne, il peut rapidement devenir jaloux et brutal.
Aime: le calme, la nature, boire du sang Déteste: les personnes bruyantes, les chasseurs de vampires, qu'on le prenne ou le traite d'albinos
Infos supplémentaires: + Sait retenir ses pulsions vampiriques + est souvent pris pour un albinos alors qu'il n'en est pas un + est un tsundere + n'a pas vraiment d'amis à cause de son comportement apparent + est ambidextre + porte un pendentif avec une pierre de lune(répulsif naturel contre les loups garous) + n'est pas borgne
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Mon guide personnel sur l'automutilation
De mon expérience et celle de mes proches
Je me suis mutilée, j’ai certaines cicatrices, d’autres disparues. Des fois, encore, je me mutile. A chacun ses raisons de faire des crises d’auto-mutilation, la question de cet article ne va pas tellement être “pourquoi” mais “quoi faire”. Comment réagir si une proche vous contacte et vous dit qu’il se mutile ou vient de se mutiler, que ça soit quand vous êtes sur place ou quand vous êtes à distance. Petite précision qui ne mange pas de pain : je ne suis pas médecin. C’est mon expérience, et les retours que j’ai eu qui étaient positifs.
Ça va globalement tourner tout autour du même axe : la bienveillance. Et en vous informant, j’espère réduire le petit sentiment de panique qui s’installe parfois. Celle là, la petite voix qui fait qu’on sait pas trop comment réagir et que des fois du coup… On fait même rien. Rentrons dans le vif du sujet.
Quand on se mutile, s’est mutilé, et qu’on a un témoin visuel ou quelqu’un qu’on a contacté, y’a souvent quelques détails à prendre en compte. En premier : on est rarement très fiers de l’accomplissement. Pour ne pas dire on a honte, on se juge, on veut le cacher, et on ne veut pas le regard jugeant de l’autre, le regard de cette personne qui ne va pas comprendre et poser des questions qui ne mènent à rien, type “comment tu t’es fait ça”. Finalement, la première chose à faire, c’est bien de montrer de la bienveillance, si la conversation s’engage ou que la crise est en cours. Dire qu’on est là, dire qu’on ne juge pas, rester là ou s’assurer que la personne n’est pas seule (et en bonne compagnie si jamais) si c’est en train de se passer à l’instant T. Même une présence par texto, ça peut aider. Même quand on ne dit rien, si jamais la personne ne veut pas qu’on parle.
Ensuite, il y a plusieurs petits pas qui peuvent être de bons réflexes, qui sont des réflexes de soins, et qui nous apprennent à prendre soin d’un corps qu’on a suffisament rejeté, ou des émotions qu’on y a reporté, en soignant les plaies justement. A chaque plaie ses soins, si c’est une coupure il s’agit de désinfecter, d’arrêter les saignements, de couvrir la plaie, répéter chaque jour. Si c’est une brûlure, de l’eau tiède, de la crème adaptée, et de même répéter régulièrement. Ne pas hésiter avec les baumes cicatrisants.
Il est PRIMORDIAL d'éviter l'infection, de surveiller la plaie, s'il le faut aller en pharmacie demander un avis, accompagné si vous n'osez pas.
J’exclu de l’exemple toute personne qui pour des raisons personnelles souhaite conserver ses cicatrices. C’est son choix. Dans ce cas proposer une désinfection de la plaie,le guider dans le soin et ou l’appliquer si nécessaire, ce sera quand même bien.
Mais il y a aussi la possibilité, tout simplement, dans le cas d’entailles, de suggérer de prendre soin à avoir une lame qui est propre, pour réduire les risques infectieux. Voire, une lame qui coupe bien (pas le couteau de cuisine qui déchiquète), si jamais pour les soins après ça aide aussi. C'est contre intuitif, et en premier je dirai : enlevez les éléments qui mettent à risque (lames, briquets, etc). Mais si c'est là et que c'est inévitable, autant éviter les risques futurs.
La crise se passe pour une raison. A mon très humble avis, il n'est pas toujours possible de l'arrêter, alors il s'agit de s’assurer que la personne n’encourt pas de danger supplémentaire, et l’aider là dessus. Si la personne, c’est toi qui lit, je souhaite te dire que tu n’es pas une personne inférieure à cause de ça. Que ça ne va pas durer à l’infini. Prend soin de toi, autant que tu peux, entoure toi de personnes aimantes autant que tu peux, apprends à prendre soin comme tu peux de toi, même si c’est après les faits. S’il s’agit de crises de panique qui déclenchent ça, je ne suis pas la meilleure personne pour conseiller, malheureusement. Je n’ai pas de recette magique pour éviter la crise, mais je sais qu’apprendre à se soigner, c’est beaucoup, même pour dans la tête.
Alors s’il te plait, prend soin de toi, du mieux que tu peux.
Petit récap :
Surtout pas de jugement
Proposer des outils propres
Rester présent•e, proposer de l’écoute si besoin
Proposer/guider/appliquer des soins
Ne SURTOUT pas faire (ce sont de vrais faits) :
Faire du chantage affectif
Culpabilisation
Forcer la personne à envoyer des photos
Menacer la personne d’envoyer un poster de ses plaies “à la prochaine occurence”
Exprimer de la déception
Prenez tous•te•s soin de vous et de celleux que vous aimez, Bises
PS : démarrer le processus de soin sur les plaies, c'est déjà commencer à sortir du circuit cérébral qui provoque tout ça. Le self harm, c'est une addiction, et il faut en avoir conscience. Au fur et à mesure peut être, vous arriverez à contacter avant la crise. A vous débarasser des objets, à trouver des méthodes alternatives.
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La thématique toute simple mais lourde de signification sociale et culturelle. «Lan nga soloon ?» (T’étais habillée comment?) Au Musée de la Femme Henriette Bathily, l’artiste Fatou Kiné Diouf tente de répondre à cette question toujours posée aux victimes de viol au Sénégal. Une exposition-réponse, du 18 octobre au 10 décembre 2018. Et pour tous ceux qui ont voulu prendre la parole, ce vendredi 9 novembre, le collectif Fem’Unité y a organisé un Social Open Mic dès 18h30’. «Je ne me souviens plus de ce que je portais, mais je me souviens de la tache de sang sur ma culotte propre juste après. Je me sentais tachée.» Ce témoignage est l’une des nombreuses réponses données par les victimes de viol. Comme pour essayer de donner à chacun sa part de responsabilité, au Sénégal en particulier, quand une personne se confie pour dire qu’elle a été violée, la première question qui vient en têtes, c’est : «Comment étais-tu habillée ?» Dans son slam, une jeune femme se désole de tous ces préjugés : «Votre tribunal populaire continue de juger ! Eh Oui, ma jupe était trop courte, et ma bouche était trop rouge.» Un peu comme pour lui dire qu’«elle l’a forcément cherché si c’est arrivé.» Et l’exposition intense de Fatou Kiné veut prouver cette «inadéquation de la question.» Après tout, «la poser, c’est nier le fait que par viol même, on entend l’absence de consentement, qu’on installe une relation de domination où seule la personne commettant l’acte a le pouvoir de décision sur le corps qu’il contrôle.» Des témoignages-chocs «C’était la nuit. Dans ma chambre. Par mon beau-père. Lorsque je l’ai raconté à ma mère, il a essayé de me tuer. J’ai encore des cicatrices au cou et au ventre là où le couteau m’a transpercée.» Voici un des témoignages de l’exposition, au Musée de la Femme. Des textes accompagnant les habits reconstitués que portaient des victimes de viol. Des preuves que l’habit n’y est pas pour grand-chose, sinon rien : «Je suis voilée. Ça ne l’a pas empêché de faire ce qu’il avait à faire.» Ou encore, «Un uniforme de l’armée et une arme à feu. Tout ça n’a rien empêché.» «Je me souviens aussi de comment lui était habillé cette nuit-là. Même si, il faut l’admettre, personne n’a jamais posé cette question,» regrette Mary Simmerling, dans un poème de l’exposition. Et au sortir de cet endroit, difficile de ne pas se sentir troublé : «J’ai peur. Je me rends compte que personne n’est à l’abri. On peut se faire attaquer n’importe où, n’importe quand, par n’importe qui. L’habillement ne freine pas le côté sadique du violeur,» constate douloureusement une femme après son tour au Musée. Le micro tendu a libéré des voix Beaucoup d’artistes, slameurs, poètes, ou simplement des personnes à qui le sujet parle particulièrement, n’ont pas hésité à prendre la parole, les uns après les autres. Sous l’émotion causée par l’exposition, parfois : «C’est très intense. Et l’expo vient à point. Tu te rends compte que les victimes sont en fait victimes tout simplement,» soupire une jeune demoiselle. Et son avis est partagé par la cinéaste Khady Pouye, qui s’est penchée sur la question depuis un certain moment : «La victime n’est jamais fautive. Pourquoi quelqu’un décide de venir arracher quelque chose qui ne lui appartient pas ?» questionne-t-elle, indignée. Nadia, présente à l’évènement, propose qu’«il faudrait peut-être changer comment on éduque nos garçons. Ensuite comment on aborde cette question avec nos filles.» Fadel, du mouvement ‘Y en a marre’ remarque alors que «tant qu’on reste là à en parler entre révoltés, ça ne va rien changer à la réalité. Aujourd’hui, le problème reste entier.» Tout ce qu’il reste à souhaiter, c’est un tel combat ne s’évanouisse pas entre ces murs. Mais qu’il sorte dehors et secoue. Parce que, pour paraphraser une poétesse présente à ce panel : «A tous ceux, toutes celles
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La thématique toute simple mais lourde de signification sociale et culturelle. «Lan nga soloon ?» (T’étais habillée comment?) Au Musée de la Femme Henriette Bathily, l’artiste Fatou Kiné Diouf tente de répondre à cette question toujours posée aux victimes de viol au Sénégal. Une exposition-réponse, du 18 octobre au 10 décembre 2018. Et pour tous ceux qui ont voulu prendre la parole, ce vendredi 9 novembre, le collectif Fem’Unité y a organisé un Social Open Mic dès 18h30’. «Je ne me souviens plus de ce que je portais, mais je me souviens de la tache de sang sur ma culotte propre juste après. Je me sentais tachée.» Ce témoignage est l’une des nombreuses réponses données par les victimes de viol. Comme pour essayer de donner à chacun sa part de responsabilité, au Sénégal en particulier, quand une personne se confie pour dire qu’elle a été violée, la première question qui vient en têtes, c’est : «Comment étais-tu habillée ?» Dans son slam, une jeune femme se désole de tous ces préjugés : «Votre tribunal populaire continue de juger ! Eh Oui, ma jupe était trop courte, et ma bouche était trop rouge.» Un peu comme pour lui dire qu’«elle l’a forcément cherché si c’est arrivé.» Et l’exposition intense de Fatou Kiné veut prouver cette «inadéquation de la question.» Après tout, «la poser, c’est nier le fait que par viol même, on entend l’absence de consentement, qu’on installe une relation de domination où seule la personne commettant l’acte a le pouvoir de décision sur le corps qu’il contrôle.» Des témoignages-chocs «C’était la nuit. Dans ma chambre. Par mon beau-père. Lorsque je l’ai raconté à ma mère, il a essayé de me tuer. J’ai encore des cicatrices au cou et au ventre là où le couteau m’a transpercée.» Voici un des témoignages de l’exposition, au Musée de la Femme. Des textes accompagnant les habits reconstitués que portaient des victimes de viol. Des preuves que l’habit n’y est pas pour grand-chose, sinon rien : «Je suis voilée. Ça ne l’a pas empêché de faire ce qu’il avait à faire.» Ou encore, «Un uniforme de l’armée et une arme à feu. Tout ça n’a rien empêché.» «Je me souviens aussi de comment lui était habillé cette nuit-là. Même si, il faut l’admettre, personne n’a jamais posé cette question,» regrette Mary Simmerling, dans un poème de l’exposition. Et au sortir de cet endroit, difficile de ne pas se sentir troublé : «J’ai peur. Je me rends compte que personne n’est à l’abri. On peut se faire attaquer n’importe où, n’importe quand, par n’importe qui. L’habillement ne freine pas le côté sadique du violeur,» constate douloureusement une femme après son tour au Musée. Le micro tendu a libéré des voix Beaucoup d’artistes, slameurs, poètes, ou simplement des personnes à qui le sujet parle particulièrement, n’ont pas hésité à prendre la parole, les uns après les autres. Sous l’émotion causée par l’exposition, parfois : «C’est très intense. Et l’expo vient à point. Tu te rends compte que les victimes sont en fait victimes tout simplement,» soupire une jeune demoiselle. Et son avis est partagé par la cinéaste Khady Pouye, qui s’est penchée sur la question depuis un certain moment : «La victime n’est jamais fautive. Pourquoi quelqu’un décide de venir arracher quelque chose qui ne lui appartient pas ?» questionne-t-elle, indignée. Nadia, présente à l’évènement, propose qu’«il faudrait peut-être changer comment on éduque nos garçons. Ensuite comment on aborde cette question avec nos filles.» Fadel, du mouvement ‘Y en a marre’ remarque alors que «tant qu’on reste là à en parler entre révoltés, ça ne va rien changer à la réalité. Aujourd’hui, le problème reste entier.» Tout ce qu’il reste à souhaiter, c’est un tel combat ne s’évanouisse pas entre ces murs. Mais qu’il sorte dehors et secoue. Parce que, pour paraphraser une poétesse présente à ce panel : «A tous ceux, toutes celles
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La thématique toute simple mais lourde de signification sociale et culturelle. «Lan nga soloon ?» (T’étais habillée comment?) Au Musée de la Femme Henriette Bathily, l’artiste Fatou Kiné Diouf tente de répondre à cette question toujours posée aux victimes de viol au Sénégal. Une exposition-réponse, du 18 octobre au 10 décembre 2018. Et pour tous ceux qui ont voulu prendre la parole, ce vendredi 9 novembre, le collectif Fem’Unité y a organisé un Social Open Mic dès 18h30’. «Je ne me souviens plus de ce que je portais, mais je me souviens de la tache de sang sur ma culotte propre juste après. Je me sentais tachée.» Ce témoignage est l’une des nombreuses réponses données par les victimes de viol. Comme pour essayer de donner à chacun sa part de responsabilité, au Sénégal en particulier, quand une personne se confie pour dire qu’elle a été violée, la première question qui vient en têtes, c’est : «Comment étais-tu habillée ?» Dans son slam, une jeune femme se désole de tous ces préjugés : «Votre tribunal populaire continue de juger ! Eh Oui, ma jupe était trop courte, et ma bouche était trop rouge.» Un peu comme pour lui dire qu’«elle l’a forcément cherché si c’est arrivé.» Et l’exposition intense de Fatou Kiné veut prouver cette «inadéquation de la question.» Après tout, «la poser, c’est nier le fait que par viol même, on entend l’absence de consentement, qu’on installe une relation de domination où seule la personne commettant l’acte a le pouvoir de décision sur le corps qu’il contrôle.» Des témoignages-chocs «C’était la nuit. Dans ma chambre. Par mon beau-père. Lorsque je l’ai raconté à ma mère, il a essayé de me tuer. J’ai encore des cicatrices au cou et au ventre là où le couteau m’a transpercée.» Voici un des témoignages de l’exposition, au Musée de la Femme. Des textes accompagnant les habits reconstitués que portaient des victimes de viol. Des preuves que l’habit n’y est pas pour grand-chose, sinon rien : «Je suis voilée. Ça ne l’a pas empêché de faire ce qu’il avait à faire.» Ou encore, «Un uniforme de l’armée et une arme à feu. Tout ça n’a rien empêché.» «Je me souviens aussi de comment lui était habillé cette nuit-là. Même si, il faut l’admettre, personne n’a jamais posé cette question,» regrette Mary Simmerling, dans un poème de l’exposition. Et au sortir de cet endroit, difficile de ne pas se sentir troublé : «J’ai peur. Je me rends compte que personne n’est à l’abri. On peut se faire attaquer n’importe où, n’importe quand, par n’importe qui. L’habillement ne freine pas le côté sadique du violeur,» constate douloureusement une femme après son tour au Musée. Le micro tendu a libéré des voix Beaucoup d’artistes, slameurs, poètes, ou simplement des personnes à qui le sujet parle particulièrement, n’ont pas hésité à prendre la parole, les uns après les autres. Sous l’émotion causée par l’exposition, parfois : «C’est très intense. Et l’expo vient à point. Tu te rends compte que les victimes sont en fait victimes tout simplement,» soupire une jeune demoiselle. Et son avis est partagé par la cinéaste Khady Pouye, qui s’est penchée sur la question depuis un certain moment : «La victime n’est jamais fautive. Pourquoi quelqu’un décide de venir arracher quelque chose qui ne lui appartient pas ?» questionne-t-elle, indignée. Nadia, présente à l’évènement, propose qu’«il faudrait peut-être changer comment on éduque nos garçons. Ensuite comment on aborde cette question avec nos filles.» Fadel, du mouvement ‘Y en a marre’ remarque alors que «tant qu’on reste là à en parler entre révoltés, ça ne va rien changer à la réalité. Aujourd’hui, le problème reste entier.» Tout ce qu’il reste à souhaiter, c’est un tel combat ne s’évanouisse pas entre ces murs. Mais qu’il sorte dehors et secoue. Parce que, pour paraphraser une poétesse présente à ce panel : «A tous ceux, toutes celles
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